junie aspinall - journal d'hirondelle

PREMIÈRE PARTIE - C’est l’histoire un peu ennuyeuse une jeune fille extraordinaire. Une enfant abandonnée par des parents inconnus, sûrement une mère seule qui était incapable de subvenir aux besoins d’un nouveau-née. C’est le cas pour 80% des accouchements sous X, d’après les recherches de la petite Junie.
Pourtant, même si sa biographie commence par une note un peu tristoune, il se trouva que la jolie blonde eut une enfance des plus belles et heureuses. Elle fut accueilli à peine quelques jours après sa naissance par le plus charmant des couples londonien. Ils étaient riches, instruits. Le père était professeur de littérature à l’université et la mère était responsable d’une maison d’édition. Ils étaient les heureux propriétaires d’un appartement victorien dans le centre de Londres, meublé par de jolis trésors chinés dans leurs brocantes favorites, et décoré avec le meilleur des goûts par des œuvres d’artistes alternatifs.
Une seule petite richesse manquait à leur tableau, et cette seule privation ternissait profondément leur vie. Après une dizaine d’années de déception et de peine, le couple se décida à adopter. Le chemin fut long avant que le projet aboutisse, mais il aboutit. Et de la plus belle des manières, puisque c’est ainsi qu’ils rencontrèrent un magnifique bébé au grand yeux. Ce bébé dont on ne voulait pas fut pour le couple Aspinall le trésor le plus prodigieux, et le coup de foudre fut immédiat. « Elle a quelque chose d’extraordinaire, tu ne trouves pas ? » murmurait la toute jeune maman à son mari lorsqu’on lui posa délicatement sa fille adoptive dans ses bras.


DEUXIÈME PARTIE - Le père de Junie regardait sa fille fixement. Elle était assise à l’autre bout du canapé, et à peine âgée de huit ans, feuilletait un énorme bouquin avec excitation. Il souriait avec fierté, les yeux rieurs au-dessus de ses lunettes de lecture. Il l’admirait beaucoup, parce-qu’elle était maigre avec de grands yeux et qu’elle appréhendait le monde comme une artiste. Pour lui, cette enfant avait plus de charisme qu’aucun adulte qu’il avait déjà côtoyé. Cette passion si particulière et unique que son père lui attribuait, était plutôt perçu comme une névrose, amusante mais obsessionnelle, par le reste de l’entourage de Junie. Cette caractéristique la rendait capable du pire comme du meilleur, puisqu’elle était tout bonnement imprévisible.
Junie était une enfant gâtée. Pas d’une manière matérielle non, mais elle était constamment mise sur un pied d’estale par ses deux parents. Peut-être ressentaient-ils en elle cette magie encore inavoué ? Toujours est-il que cette éducation lui procura un caractère impatient  et en perpétuel besoin d’attention, mais aussi et surtout une pression énorme pour ses petites épaules. Elle apprit à toujours être à la hauteur des attentes extraordinaires de ses parents, parce-qu’elle ne connaissait que ça. Elle murit très vite et fut la première de la classe à savoir lire parfaitement. Elle était très cultivée, charmante, mais putain qu’est-ce qu’elle était chiante.  
La petite sorcière en devenir eut donc une enfance des plus favorisée. Elle riait beaucoup,   et était très créative. Elle pouvait passer des journées entières à jouer seule si elle se savait au moins observé. « Sa vie nécessite un public » comme le disait son père.
Malheureusement, ses parents étaient les seules personnes à partager ce sentiment à son sujet. Les enseignants qui côtoyèrent la jeune Junie s’entendaient tous pour dire que cette jeune fille était plutôt étrange et mal élevée. Ses pouvoirs commencèrent d’ailleurs à se manifester à l’école, par des lévitations de crayons incontrôlées, ou encore des garçons qui se retrouvaient avec leurs habits devant-derrière après lui avoir tiré la langue.
Durant cette période, Junie se retrouva seule contre le monde. Ironie du sort, ses camarades de classe la surnommait sans affection « La Sorcière ». Tandis que les enseignants préféraient ne pas s’impliquer dans les chamailleries écolières, les parents ne Junie ne s’en inquiétèrent pas beaucoup non plus. « C’est parce-que ses camarades ressentent son aura exceptionnelle. Ils sont intimidés. » Ils n’en étaient que plus fière d’elle, parce-qu’elle semblait ne pas être touché par les railleries des autres élèves et assumait les critiques la tête haute. Pourtant, dès que ses parents ne regardaient plus, elle courrait pleurer dans sa chambre.


TROISIÈME PARTIE - Les pouvoirs de Junie se manifestaient de plus en plus fréquemment. Pour autant, ses parents refusaient d’y voir quelque chose de surnaturel. Tout avait une explication rationnelle ou au moins spirituelle.
Puis à l’aube de son onzième anniversaire, elle reçut une lettre pour Poudlard.
Il serait bien trop long pour vous décrire ce que le petite blonde ressentait à ce moment là. Un poids se levait de sa poitrine, elle respirait mieux. Elle cria de joie, dansa. Au fond d’elle, elle avait toujours su que quelque chose n’allait pas, qu’elle ne faisait pas partie du même monde.
Ses parents accueillirent la nouvelle avec beaucoup de difficulté et de désillusion. Ils crurent d’abord à un exercice créatif de Junie, puis après réflexion, en vinrent à la conclusion qu’elle n’aurait pas pu imiter une écriture si parfaite et dresser un hibou le même jour.
En tant que parents moldus, ils reçurent une assistance de la part de l’administration sorcière à laquelle Junie ne put participer. Elle ne sut jamais ce qui s’y fut dit, bien qu’elle se demanda de nombreuses fois pourquoi sa mère était rentrée les yeux rouges et gonflés. Ca ne la rendait pas jolie du tout.
Junie fut profondément déçue et triste de ne pas pouvoir partager sa joie avec ses parents qui semblaient accuser le coup comme une très mauvaise nouvelle. Pour autant, il n’y eut de discussion à ce sujet avant un petit moment. Cette annonce marqua une césure entre Junie et ses parents adoptifs, qui malgré tous leurs efforts pour la modeler à leur image, étaient incapables de lutter contre une génétique qui défiait tout bon sens.
Ils décidèrent alors de lui annoncer avant qu’elle ne s’en aille pour Poudlard. Assis sur le canapé du salon, le regard humide et fuyant, ils tenaient les deux petites mains de la blondinette. Ils parlèrent longtemps, mais Junie n’écoutait plus. Un seul mot résonnait à ses oreilles et pourtant, avait du mal à faire sens dans sa petite tête. Adoptée ? Ils lui expliquèrent tout ce qu’ils savaient, si bien qu’elle finit par comprendre, après quelques semaines de flous, de pleurs et de solitude.  
Poudlard devint alors son refuge, sa maison. C’était bien plus extraordinaire qu’elle n’avait osé l’imaginer. Ce fut pour elle des moments magiques, où elle pouvait un peu oublier qui elle était et qui elle n’était pas pour devenir qui elle voulait. Elle y découvrit les joies et les peines de l’amitié, loin du cocon malsain créé par ses deux parents adoptifs qu’elle aimait pourtant de tout son être.
La complicité familiale, après un temps, finit par revenir. Junie murit et pardonna.


QUATRIÈME PARTIE - La jeune sorcière grandit et devint une jolie petite adolescente. Petit à petit, elle faisait son bout de chemin. Sa scolarité à Poudlard la passionnait, si bien qu'elle y passait tout son temps et ses vacances. Quand elle rentrait dans la maison familiale du Lincolshire, elle était toujours heureuse de voir ses parents mais elle s'en sentait déconnectée. Incapable de leur raconter avec exactitude ce qu'elle vivait dans le monde des sorciers, elle finissait par occulter la plupart de ses aventures pour n'évoquer que ses notes. La seule notion que ses parents moldus maitrisaient comme il le fallait.

Une seule idée l'obsédait, si bien qu'elle ne pensait qu'à elle. Elle attendait avec une impatience dévorante d'avoir enfin 17 ans, et de pouvoir demander une audience au Ministère de la Magie pour retrouver ses parents biologiques.

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Cordialement,
Le Choixpeau Magique