run boy run (Lou)

“Run boy run! This world is not made for you. Run boy run! They're trying to catch you. Run boy run! Running is a victory. Run boy run! Beauty lays behind the hills − Atos & Lou

Atos était perturbé. Perturbé d’une rencontre improbable. Perturbé par son manque de contrôle. Perturbé par le monstre qu’il laissait entrevoir aux yeux de tous. Günter avait révélé ce qu’il y avait de plus mauvais en lui et Atos ne savait pas comment refermer la plaie. Il sortit prendre l’air, ses fioles à la main. Il devait se convaincre qu’il était quelqu’un de bien. Qu’il pouvait l’être tout du moins. Pour elle. Il voulait se persuader qu’il pouvait l’atteindre, Adélaïde, que malgré sa noirceur, il y avait une quelconque lumière qu’elle finirait par apercevoir. Atos avait réfléchi. Depuis sa toute première rencontre avec le mangemort, il n’y avait qu’une chose honorable qu’il avait pu faire : la bataille de Poudlard. Son esprit était mitigé alors qu’il repensait à l’événement. Il était vrai qu’Atos n’avait pas combattu si dignement. Il s’était retourné contre son propre camp aussi, des sortilèges de moindre importance, certes, mais sous les yeux de Günter il n’avait pu en faire autrement. Il avait fallu qu’il combatte les mangemorts pour sauver son honneur, et qu’il combatte les siens, pour sauver sa peau. Les sorts, il les avait fait fuser de toute part et il n’en était pas fier. Mais dans la mêlée, il devait bien avoir sauver une ou deux vies ? C’était ce qu’il voulait croire. Mais sa propre conviction n’était pas assez forte. Alors Atos voulait poser la question directement, la poser à quelqu’un qui avait été là, quelqu’un de mort, mais quelqu’un qui avait assisté au combat.

Il sortit la potion. Il n’en aurait presque plus eu besoin, Atos avait fini par bien maitriser la nécromancie. Parler avec des fantômes, c’était devenu un jeu d’enfant pour lui. Le liquide était là pour le rassurer, pour lui donner un semblant de maitrise en plus. Mais il savait qu’il ne pouvait jamais vraiment connaître l’identité de celui ou celle qu’il aurait en face de lui, dans tous les cas. Il repensa à la dernière fois, lorsqu’il était tombé sur d’anciens mangemorts. Il avait mis du temps à s’en remettre, bien qu’une certaine musique avait réussi à le calmer. Il allait porter la fiole à ses lèvres. Il risquait gros à faire ça en plein air, mais les âmes les plus nostalgiques revenaient souvent sur les lieux de leur mort, ou sur les lieux où on les honorait. C’était là qu’il se tenait. Devant la fontaine aux morts, érigée suite aux combats qui s’étaient déroulés à Poudlard. Il tourna autour de lui-même pour être sûr que personne n’était dans les parages : il fit bien. Il planqua la fiole juste à temps dans sa robe tandis qu’une demoiselle passait. Une serpentard. Il l’avait déjà vue, ne lui avait jamais parlée. S’il ne se trompait pas, elle avait quelques années de moins que lui et ne venait pas de Poudlard. La première fois qu’il l’avait rencontrée, Atos s’était un peu joué d’elle, elle semblait toute intimidée en sa présence. Il la comprenait un peu, lui aussi aurait eu peur s’il s’était retrouvé dans une pièce, seul, avec lui-même. C’était une situation un peu étrange à imaginer, mais c’était avant tout le rôle qu’il se prêtait à jouer. Et, sans se vanter, il pouvait avouer qu’il était bon comédien. Il la dévisagea alors que la jeune fille passait tout près de la fontaine. Soudain, il sentit quelques gouttes d’eau lui parvenir au niveau du cou. Il se retourna. L’eau du monument au mort sortait de son bassin et formait une énorme vague au dessus d’eux, prête à s’effondrer. Une telle masse d’eau serait violente à encaisser. Atos sortit tout de suite sa baguette et se précipita vers la demoiselle qui ne semblait pas regarder autre chose que ses pieds. « Attention ! » Il avait bien entendu dire que le château faisait des siennes, mais il n’y avait jamais été confronté. Il poussa la serpentard par les épaules et l’entraina dans la galerie. La vague continuait de prendre de l’ampleur.

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Il s’était attendu à autre chose qu’à des reproches, autre chose qu’à ce ton accusateur. Mais à peine regarda-t-il la fille que celle-ci remarqua enfin la vague dangereuse qui planait au dessus de leur tête. Le bras accroché à celui de la serpentard, elle l’entrainait autant que lui et tous deux fuyaient la fontaine déchainée. Atos ignorait où ils allaient comme ça, jusqu’à ce qu’elle ne remarque une porte qu’ils franchirent tous deux du plus vite qu’ils purent. La porte se referma derrière eux mais entrainés dans leur course ils ne s’arrêtèrent pas en si bon chemin. C’est un mur qui les empêcha de faire un pas de plus, stoppant net les deux élèves. Seulement à ce moment, Atos prit conscience de l’endroit dans lequel ils se trouvaient. La lumière était très faible et ne leur permettait pas de voir quelque chose, mais ça semblait être l’un des nombreux couloirs de Poudlard qui abritaient toute sorte de choses étranges. Un coup de baguette et la pièce s’éclaira un peu plus. Atos connaissait à peu près quelle porte de Poudlard cachait quoi. Il savait que celle-ci amènerait à un couloir, mais de là à savoir ce qu’elle renfermait exactement, il l’ignorait totalement. Ils pouvaient bifurquer à gauche ou à droite. Atos pourtant s’arrêta un peu pour examiner l’endroit. Les murs étaient recouverts de vieux tableaux abimés. Par terre trainaient de vieilles reliques. On aurait dit un musée poussiéreux de l’école. Des toiles d’araignée étaient accrochées çà et là et, dans l’ombre de la lumière, on pouvait apercevoir quelques bestioles parcourir les murs où elles semblait avoir élu domicile. Ca sentait le renfermé et l’humidité aussi un peu, même si ce n’était pas tellement étonnant se dit-il, si la fontaine causait parfois des inondations…

L’autre serpentard, une slave s’il ne se méprenait pas, interrogea Atos. Il était vrai qu’il était là depuis longtemps au château, mais il n’aurait su lui répondre précisément. « On dirait… La décharge de Poudlard. » répondit-il, se permettant un ton ironique et un petit rire de fin de phrase pour détendre un peu l'atmosphère. Atos parcourut à nouveau le couloir jusqu’à la porte par laquelle ils étaient entrés, s’accroupit. De sa baguette, il éclaira le sol, il était humide. De l’eau commençait à passer par le jour de la porte. Il retourna vers la slave, passa sa baguette vers le couloir de gauche, puis de droite. L’un comme l’autre semblaient immenses et la faible lumière du Lumos ne permettait pas d’en voir le fond. « Il faut qu’on trouve une autre sortie, j’ai bien peur que le truc soit toujours là, dehors, en tout cas, il y a de l’eau partout, c’est pas bon signe. » Atos aurait bien proposé de se séparer, après tout, il se sortait souvent de toutes les situations malencontreuses seul, mais il avait bien peur que ce ne soit pas le cas de la brune et qu’elle reste collée à ses basques comme elle le faisait il y a quatre ans de cela. Mieux valait peut-être qu’elle le suive, il s’en voudrait si elle n’arrivait jamais à sortir d’ici. « Laissons jouer le hasard. » Bien que tourné vers le couloir de droite, il fit soudainement volte face et se dirigea vers la gauche. Ca l’inspirait mieux. Après tout, dans les légendes moldues, c’était la gauche, la main du sorcier. Il espérait que ça leur porterait chance. Ces murs là étaient dépourvus de toute décoration, c’était même presque perturbant. Le silence l’était tout autant, mis à part leurs pas discrets, rien ne venait perturber le mutisme des lieux. Les deux comparses avancèrent, tout ça pour venir se butter encore à un nouveau mur, une nouvelle bifurcation. Atos soupira longuement et finit par s’appuyer contre le mur. « Bon je compte pas moisir ici mais les labyrinthes c’est pas mon truc, tu connaitrais pas un sortilège capable de nous indiquer le chemin, par hasard ? » Après tout, quitte à être dans le même bateau, autant que les deux soient utiles. Elle aurait peut-être aussi de bonnes idées, il l’espérait, parce que pour sa part, il n’était pas en état de réfléchir correctement. Il y avait bien trop de choses qui lui remuaient les méninges. Et voilà qu’un nouveau problème lui tombait dessus, à croire qu’il les enchainait, pire, qu’il les attirait. Atos était une boule d’ennui.

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La situation ne l’amusait pas vraiment. Il avait autre chose à faire que d’être enfermé en cherchant la sortie tel un jeu de piste, aux côtés d’une fille de Durmstrang dont il ne savait absolument rien. Une chance au moins qu’il soit tombé sur une Serpentard. Tandis qu’il se tourna pour voir autour de lui, le tintement des fioles cachées sous ses vêtements lui rappela qu’il y avait des mystères qu’il n’avait pas encore élucidés et qu’il devrait très vite sortir d’ici pour se mettre au travail. De toute façon, c’était loupé il se dit. Lorsqu’ils sortiraient d’ici, il serait déjà tard, et étant donné qu’il y avait beaucoup de chance pour qu’ils ressortent sur le hall, la jeune fille se poserait probablement trop de questions si elle ne le voyait pas se diriger vers les cachots où se trouvait leur salle commune.

Il regarda la sorcière sortir sa baguette, curieux de savoir quel sortilège elle allait bien pouvoir trouver pour les sortir de là. "Pointe au nord" Il leva les yeux surpris tandis que la baguette s’agitait pour effectivement indiquer le nord. Il ignorait même où était le nord à Poudlard et où ça les dirigerait. Il ne s’était jamais posé la question. "Je sais ça nous montre pas la sortie mais, au moins on va vers le nord... On arrivera bien quelque part non?" Ses sourcils s’arquaient, il était sceptique. Mais soit. Il suivit l’idée de la jeune fille dont il ne connaissait toujours pas le nom. Ils commencèrent alors à déambuler de couloir en couloir. L’endroit était étrange. On aurait dit un souterrain secret de Poudlard, souterrain n’ayant pas servi depuis des années et se trouvant en réalité plutôt à la surface. Atos se demandait bien ce qu’un tel lieu faisait dans l’école. Finalement, ils arrivèrent sur un espace moins étroit où s’amoncelaient encore quelques babioles, en quantité plus raisonnable cela dit. Sa baguette toujours allumée, il tourna autour pour voir si cette apparente pièce n’était pas reliée à l’extérieur d’un quelconque moyen. Il ne vit rien. Mais un léger vent vint lui caresser les épaules et la nuque. Il frissonna. Il y avait un moyen de sortir d’ici, c’était évident. "Tu le sens toi aussi?" Il hocha la tête, ignorant même si elle avait pu le voir dans le noir. Il était déjà en train de chercher une idée lorsqu’elle lui demanda de trouver une solution. Echange de bon procédé, il avait compris, il ne s’en plaignit pas. Il avait bien quelque chose en tête, mais c'était peut-être un peu trop… Drastique. Il s’avança alors dans la pénombre de la pièce, se fichant bien de savoir si la fille le suivait, il en avait assez de tourner en rond, il voulait sortir de là. Avec sa maigre lumière, il ne voyait pas le fond de la pièce.

En avançant, il se prit les pieds dans quelque chose d’assez volumineux, posé à terre, et manqua de se rompre le cou. Il pesta en retrouvant son équilibre. « Lumos Maxima » Il cria presque et la lumière eut alors une intensité beaucoup plus importante. Il avait le visage de ceux qui sont déjà bien trop irrités, à qui on a déjà pris trop de temps. Les murs semblaient tous dépourvus de portes ou de fenêtres. Il ne vit même pas ne serait-ce qu’une minuscule fente. « Ecoute on n'est pas venu ici pour perdre du temps mais pour vaincre un tsunami. Alors tu m’excuseras, mais pour ma part, j’ai pas que ça à faire. Et puis, c’est à mon tour d’avoir une idée, tu l’as dit. Pas de marche arrière. » Atos n’avait pas vraiment de scrupule à utiliser ce genre de sortilège. Il s’inquiétait non pas des conséquences pour lui-même, mais pour celles que ça pourrait avoir sur elle, il ne voulait pas lui faire de tort. Alors Atos longea les murs, et là où il sentit davantage un air frais, il s’éloigna de cinq ou dix mètres et pointa sa baguette en avant. « Bombarda Maxima. » Le mur vola en éclats, projetant de la poussière et des blocs de gravats sur les deux serpentards, mais surtout à l’extérieur de la pièce. Atos attendit que la fumée se dissipe pour enjamber le trou ainsi formé. Ils avaient débouché sur une cour intérieure. Il se demanda alors si un simple reparo pourrait arranger ça. Il attendit qu’elle sorte et jeta un regard désespéré face au mur. « Au moins on est dehors, c’est mieux que dedans. » Mais il ferait quand même mieux de réparer ça avant que Rosenberg, le concierge, leur tombe dessus. Voire même pire, un professeur mal luné. L’air de rien, et sans changer de ton, il glissa doucement : « Au fait, moi c’est Atos. »

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Faire dans la dentelle, c’était juste pas son truc. Mieux valait une grande explosion que le tic tac continuel de l’horloge, c’était ce qu’il se disait souvent pour se donner du courage lors de grandes décisions. Tout pouvait toujours être réparé. Tout. Alors un mur ? Ca allait être une réelle partie de plaisir. Au moins, il n’étouffait plus dans ce lieu lugubre et un peu humide qu’ils avaient arpenté pendant quelques minutes qui lui avaient paru des heures.  

Atos n’avait ni peur du noir, ni des endroits confinés. Seulement il avait eu cette horrible impression en se retrouvant dans un lieu inconnu de Poudlard. Il y avait plusieurs salles qu’il n’avait jamais voulu découvrir, et pour cause. Certaines lui fichaient vraiment la trouille, celle-ci en faisant bel et bien parti. Qu’étaient ces lieux au juste ? Juste un dépotoir ou la salle cachait-elle d’autres secrets ? Le noir omniprésent n’avait pas aidé à démasquer ce qu’il y avait entre les murs, mais Atos avait un drôle de pressentiment qu’il préféra ne pas partager avec Lou. Celle-ci était d’ailleurs en train de passer par l’ouverture qu’Atos avait créée lorsqu’elle se prit les pieds dans les gravats. Atos eut tout juste le temps de l’aider à se rattraper et la jeune fille se remit sur pied, murmura un pardon. Soudain, elle se mit à rire. Atos ne comprit pas vraiment ce qu’elle pouvait bien trouver de si drôle avant de se rendre compte que la situation était en effet risible. Il laissa s’échapper un sourire discret avant de glousser aussi un peu.

Il fut quelque peu surpris d’apprendre que la jeune fille avait pour surnom un prénom qui n’avait rien avoir avec Alexandra. Il se demanda si cela avait une signification, si le premier lui faisait rappeler trop de mauvaises choses. Après tout, lui ne se faisait appeler qu’Atos, trouvant Thanatos bien trop sinistre, on ne pouvait pas lui en vouloir. En tout cas, cette excursion avait eu le mérite de briser la glace entre deux personnes qui ne se connaissaient absolument pas de prime abord. Les idées reçues qu’il avait sur Lou se trouvaient complètement démenties, et il la trouvait finalement très sympathique, à l’opposée de cette personne timide qu’il avait pu apercevoir des années plus tôt. Après tout, c’était il y a longtemps. Il hocha légèrement la tête lorsqu’elle lui demanda s’il savait où ils étaient. Maintenant, il s’était à peu près retrouvé. Il était tout de même étonné de voir que le couloir les avait emmenés jusqu’ici, puis il fut surpris de voir que la cour était déserte. Les autres élèves devaient sûrement être en cours à l’heure qu’il était, et eux allaient sans doute sécher une heure de classe, contraints et forcés. Il y avait pourtant quelque chose qu’ils devaient faire avant de pouvoir enfin être débarrassé de ce mauvais pas. Atos remit sa baguette, qu’il n’avait toujours pas rangée, devant lui. Le mur mis du temps à se réparer, mais finalement le trou se reboucha, comme si de rien n’était.

Maintenant, tout n’allait être que jeu d’enfant. « Suis-moi. » lança-t-il à l’égard de la brunette tout en souriant. La seule chose qu’il fallait, c’était se rappeler des bonnes portes à prendre. Atos se rendit d’abord vers le mur d’en face. Un alohomora la déverrouilla facilement et ils marchaient désormais d’un pas tranquille au travers de couloirs qui, cette fois-ci, comportaient des fenêtres et semblaient à peu près normaux. « Je connais pas mal de raccourcis et d’endroits cachés de Poudlard. » dit-il comme pour briser le silence. Il en était désormais à sa huitième année à Poudlard, il semblait normal qu’il ait eu le temps d’explorer l’endroit maintes et maintes fois. Son exploration s’était amplifiée lorsqu’il avait commencé à vouloir expérimenter la nécromancie. D’ailleurs, il pensa que l’école et tous ses passages allaient lui manquer, plus tard. Il ignorait combien d’années dureraient les GISIS, il ignorait ce qu’il ferait l’an prochain si on lui annonçait brutalement qu’il lui fallait partir d’ici. Il était loin d’avoir le niveau encore nécessaire pour enseigner. « C’est l’avantage d’être resté ici plusieurs années. »

Atos ouvrit une seconde porte, puis une troisième. Ils étaient revenus sur l’un des couloirs principal. Tout au bout se trouvait la porte qui accédait normalement au palier du premier étage. Il se demandait encore comment ils avaient bien pu monter d’un étage sans s’en rendre compte, mais il était bien connu que ce château avait parfois bien des surprises à partager. « Tu te plais à Poudlard ? » Il aimait bien savoir ce que les autres pensaient de cet endroit qui devait être un peu déroutant pour les nouveaux arrivants, il pouvait le concevoir. Lui même se serait senti complètement dépassé en arrivant ici, lors de sa toute première année, s’il s’était retrouvé seul, s’il n’y avait pas eu Willa. Et puis les choses avaient bien évolué par la suite.

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Tout semblait presque normal. Une fontaine venait de les attaquer mais ça semblait être une bagatelle. Maintenant ils marchaient calmement dans les dédales du château qu’Atos connaissait si bien, discutant l’air de rien, apprenant à se connaître. La situation était cocasse bien sûr, mais elle était loin de déranger les deux comparses. Atos, pour sa part, profitait de ce moment de tranquillité comme si cela faisait longtemps qu’il n’en avait pas eu. Lou paraissait être une fille ordinaire, agréable et discrète. Pas le genre à s’attirer des ennuis ou à provoquer de fâcheuses histoires. Oui, il y avait un semblant de situation banale qui lui plaisait bien. Sans surprise, Atos avait envie de poursuivre l’échange et de profiter de cet instant de repos. La jeune fille comparait Poudlard et Durmstrang et l’allemand devait bien avouer que la Russie ne l’avait jamais trop attiré. Ca semblait être un pays lointain, presque irréel. En réalité, Atos n’avait jamais voyagé. Le monde restait un mystère entier pour lui, un univers à découvrir. Il connaissait Beelitz et Berlin. Il connaissait Pré-au-lard et Londres. Et son monde s’arrêtait là. Il n’avait pas l’esprit bien ouvert quand on y regardait bien, et il appréciait le cocon de confort qu’il s’était forgé et qui, il devait l’avouer, s’émiettait peu à peu cette année.

« Je n’ai jamais quitté mon Allemagne, à part quand je viens à Poudlard bien sûr. La Russie semble appartenir à une autre planète pour moi. » Il souriait, ces propos semblaient complètement vieux-jeu et dépassés. Il était rare de trouver aujourd’hui des gens qui ne rêvaient pas d’exotisme. Il passait sûrement là pour un conservateur pur et dur. « Mais je ne doute pas que ce doit être un pays riche et très intéressant. Du moins notre terre natale nous apparaît toujours ainsi. Je pourrais te faire un grand discours pour t’assurer que l’Allemagne est splendide, il suffit de bien chercher les lieux. » Oui, il y avait une part de beauté un peu partout, des choses extraordinaires éparpillées dans le monde. Lui choisissait d’appréhender le monde à travers les connaissances théoriques, le savoir, la connaissance de l’autre. Il était de ceux qui préfèrent lire un bouquin sur l’Afrique plutôt que de la voir de ses propres yeux. C’était une autre façon de voir les choses, une autre forme de découverte.

Atos ne souhaitait pas discuter de ses convictions plus longtemps, il savait qu’il était marginal. Qu’elle n’approuverait certainement pas. Cette discussion était bien trop sympathique pour qu’elle se transforme en un débat infini sur la question et il ne sut pas bien si Lou l’avait remarqué ou si son changement de conversation était purement anodin, mais il la remercia intérieurement. Côté orientation, Atos s’était lui-même heurté à quelques murs et pouvait donc sûrement être de bon conseil. Même si ses choix seraient compliqués à expliquer sans donner trop de détails, il était ravi de pouvoir aider. « Je suis en GISIS oui, cursus sécurité magique. » lui répondit-il tout simplement, avant d’enchainer. « Mais j’ai longtemps hésité avec pédagogie magie. En fait, je voudrais enseigner la défense contre les forces du mal. Les deux cursus recoupaient donc ce choix. Mais on apprend davantage de choses qui pourraient m’être utiles en sécurité magique. » Lui qui était un fervent admirateur de la théorie se contredisait d’ailleurs dans ce choix, mais il lui était venu tout naturellement. Pour être un bon professeur, il lui fallait les deux, la théorie et la pratique. Lui qui avait déjà beaucoup d’acquis, il était primordial qu’il use un peu de la baguette. Il commençait seulement à se rendre compte que l’expérience était nécessaire, quoi que l’on veuille apprendre. Ca valait aussi pour la nécromancie. S’il voulait continuer à en découvrir plus, il lui fallait passer à l’action. Voilà bien trop de temps qu’il restait à ne rien faire, qu’il n’avançait plus. La faute à ce courage qui lui faisait parfois défaut. « Loin de moi l’idée de t’influencer, mais tu sembles pleine de ressources et plutôt habile avec ta baguette, de ce que j’ai pu voir dans ces couloirs. C’est quelque chose que tu ne devrais pas négliger. » Elle semblait toute fragile, un petit bout de femme. Et pourtant, elle semblait forte et indépendante. Quelque part, il avait presque l’impression de se voir. Un peu timide, un peu solitaire, cachant ses forces, dissimulant ce qu’il était véritablement capable de faire. Dans son cas, il cachait aussi une dangerosité certaine. Peut-être que ce n’était qu’une impression, peut-être qu’il se trompait sur toute la ligne à son sujet, mais il ne put s’empêcher de continuer. « Quand je te regarde, je vois davantage quelqu’un sur le terrain que quelqu’un assise derrière un bureau. Mais ça ne tient qu’à moi. » Il avait hâte de connaître ses véritables projets, histoire de savoir si son travail d’analyse était de qualité.

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La candeur de Lou le faisait sourire. Cette même candeur qu’elle avait des années plus tôt, lorsqu’elle se cachait presque en observant de loin Atos. Mais cette peur, néanmoins, avait disparu, pour laisser place à une jeune fille pleine de fraicheur et de joie. C’était drôle, comme les gens changeaient. En tout cas il semblait lui inspirer davantage une certaine confiance qu’une appréhension, désormais. Elle prenait chaque phrase d’Atos et trouvait un moyen d’approfondir la discussion, de la poursuivre, comme on fait avec un ami. Il avait l’impression qu’elle avait envie de rester là, à discuter, à ses côtés. Il était rare qu’Atos se lie avec un inconnu, comme ça. Habituellement, il aurait fini par prendre son propre chemin. Lou était différente. Tout dans sa mine le faisait rire, elle lui apportait un peu d’énergie, là tout de suite, un peu de gaieté dans une vie monotone. Et la voilà qui se tenait maintenant debout, le petit doigt levé, qui lui proposait de partir en voyage, d’aller explorer leurs mondes respectifs. N’était-ce pas un peu tôt pour qu’ils planifient déjà de connaître leurs univers personnels ? Il avait l’impression de faire un pari d’enfant, de ceux qu’on oublie facilement, mais l’idée le tentait bien. Et puis à quoi bon ? Si le pari ne se réalisait jamais, il n’y aurait pas mort d’homme après tout. Pris dans la conversation, Atos ne réfléchit pas plus longtemps, il accrocha son petit doigt dans celui de la slave.

Il sentait que cette question d’orientation taraudait Lou, la jeune fille prenait un air beaucoup plus sérieux à l’approche de cette conversation. Cela signifiait aussi qu’elle ne prenait pas cette décision à la légère, qu’elle voulait y réfléchir, c’était une bonne chose. Atos avait toujours pensé que notre place dans la société devait mûrir dans notre esprit, jusqu’à ce qu’on se trouve cette idée, ce métier, qui ne pourra pas être autrement. Celui qui restera ancré en nous, qui nous correspondra parfaitement. Atos avait mis du temps à trouver ce qu’il voulait vraiment faire, mais il voulait continuer à découvrir ce que les forces du mal renfermaient, ce qu’elles pouvaient apporter de bénéfique. Peut-être pourrait-il finalement faire autre chose, on dit que les langues de plomb se chargent de recherches toutes plus incroyables les unes que les autres, mais il doutait que son goût pour le morbide les intéresse grandement. Et il avait tout de même cette envie de faire partager sa passion aux autres, de faire découvrir cette branche obscure. « Mon instinct peut se tromper, mais le fait est que tu ne paniques pas dans des situations compliquées et que tu raisonnes rapidement. » Le tout était que Lou fasse le bilan de tout ce qu’elle était capable de faire, mais aussi surtout, de tout ce qu’elle aimait faire, et qu’elle en tire certaines conclusions quant à son avenir. Elle était sans doute capable de grandes choses. Après tout, il ne s’était jamais intéressé à ses origines, mais maintenant qu’elle prononçait son nom de famille à voix haute, Atos se rendait compte qu’elle n’était pas une simple sorcière, être douée, perspicace, garder son sang-froid, elle avait tout ça dans le sang. Elle avait raison, les gens l’attendraient au tournant, curieux de voir ce que la fille de l’ancien ministre allait bien faire de sa vie. La plupart finissaient dans la politique, eux aussi, ou dans le droit tout du moins. Si c’était quelque chose qui lui plaisait, autant qu’elle se jette à l’eau, elle était sûrement née pour ça. Mais si cela la révulsait, inutile de se forcer et de craindre la parole des gens. Elle devait suivre sa voie avant tout, suivre ce que son cœur lui disait de faire. « Je pense qu’il y aura forcément là-bas quelque chose qui te conviendrait. Et puis rien ne t’empêchera jamais de retourner en arrière si, finalement, tu ne veux plus faire ça. »

Il pouvait comprendre son envie d’honorer leur mémoire, de reprendre le chemin là où ils l’avaient laissé. Serait-elle la prochaine ministre de Russie ? Elle en avait l’audace. Supporterait-elle la pression sur ses épaules ? Elle ne semblait pas si frêle, elle pourrait y arriver. Mais était-ce ce à quoi elle aspirait ? C’était là une toute autre question. « Tu as du Dashkova en toi, c’est normal de vouloir de vouloir reprendre le flambeau. Ils sont une part de toi, ils le seront toujours. » Atos, lui, n’avait jamais vraiment songé à ses parents. Ils étaient différents. Il les aimait, aussi fort qu’on puisse aimer sa famille, mais le fait était que le cœur d’Atos était rempli d’ambitions qu’ils n’avaient pas. « Tu dois suivre ce qui te semble être fait pour toi, et peut-être que tu te retrouveras finalement dans ce qu’ils ont été. En tout cas, personne ne pourra jamais te demander ou t’obliger à faire abstraction de tes origines. Elles influenceront toujours tes choix, quoi qu’il arrive. Et ce n’est pas une mauvaise chose. »