Everyone wants the truth but no one wants to be honest • Cassie&Brooke

Amertume. Brûlure. Corsé. Le liquide brûlant glisse entre mes lèvres brûlant tout sur son passage. Je ressens le douce chaleur qui se répand en moi, qui vient enflammer mon être au plus profond de ses recoins cachés. Mon sang semble bouillonner, si intensément chaud. Il court dans mes veines alors que l'excitation monte. La caféine se dilue dans chaque molécule composant mon corps. C'est la sensation grisante que j'éprouve alors que de l'état comateux du réveil, il passe dans un éveil très acide. L'acuité de mes sens est accrue, mon esprit se met à fonctionner à une vitesse folle. Le café me donne un coup de fouet. Je connais cette sensation, je m'en grise chaque journée où la chance m'en est donnée. Je déteste les moldus mais mon âme souffre de quelques incohérences comme son goût pour la boisson aussi sombre que mes pensées ou pour le grésillement de la nicotine. Il y a quelques inventions de ces êtres sous-évolués qui savent se révéler avoir du bon, un petit côté qui vient édulcorer la vie, la pimenter quelque peu. Je doute d'un jour voir au-delà de ces quelques rares trouvailles captivantes pour mon esprit distordu et admettre qu'ils nous sont complémentaires. Tempérés le sont mes propos mais mes idées n'évoluent que peu. Éternellement, je reste la proie d'un désir indissociable de voir la vermine éradiquée de notre monde magique corrompu et en perdition. Les dérèglements de l'école sont à mes yeux autant de preuves que notre monde magique va mal. Il a besoin d'un grand nettoyage de printemps, de fond en comble. Mais parfois mon âme s'égare et se plie à une certaine évidence : cette guerre a mis notre monde à mal et si nous étions nous les instigateurs de ces luttes intestines devenus ceux amenés à devoir disparaître. La sélection naturelle est supposée s'opérer pour ne garder que les meilleurs spécimens mais parfois l'univers n'est pas prêt à avancer et les plus intelligents sont amenés à disparaître. Je pense aux peuples aztèques et incas, les mayas... Ils étaient en avant sur leur temps et aujourd'hui, il ne reste d'eux que des vestiges abandonnés dont le sens nous échappe. Mon esprit divague pendant quelques minutes alors que l'énergie se déverse trop intensément en moi.

La brûlure que je ressens s'évapore à la seconde gorgée et mon corps s'apaise quelque peu. Mes pensées deviennent plus rationnelles et moins affolées. Mon regard se reporte sur notre monde et ses petites réalités. Je reviens à des préoccupations plus immédiates comme cette impatience qui m'agite en permanence depuis que j'ai reçu la lettre. Je dois attendre encore et encore pour laisser la nouvelle devenir officielle. Je dois attendre un signe de celui qui semble se complaire à me faire languir indéfiniment. Je n'en peux plus et la frustration anime mon âme hantée de souvenirs douloureux, de démons tortionnaire d'une colère sourde. Je ressens la rage qui gagne en intensité comme un mal de tête lancinant qui finit par éclater et vous mettre à terre. Il suffit d'un petit détail souvent pour que les barrages s'effondrent, que les barrières tombent. Je me sens comme lors de ces journées où le ciel oscille entre deux mondes, entre deux opposés. Le soleil se fait timide, joue à cache-cache  derrière les nuages. Il lutte pour briller. Il gagne du terrain avant d'être à nouveau envahi. Il y a une première goutte, quelques autres isolées qui se perdent puis le ciel devient sombre et la pluie prend place. Une goutte unique et timide a annoncé une averse plus intense. Il y a eu de multiples petites signes de ma rage grandissante qui ont étayé cette semaine. Ce petit sourire timide quand mon regard a croisé celui qui est l'objet de mes tourments. Les regards appuyés en vue de capter l'attention. Le mot silence répété inlassablement alors que je tentais d'attirer vers moi le droit de pouvoir clamer l'officialisation d'un projet nourri longuement dans l'ombre. Je ressens maintenant une autre brûlure au plus profond de mes entrailles : celle de l'humiliation. Il y a cette sensation alors que j'ai l'impression qu'il se joue de moi.

Mon regard acéré se fixe sur le monde qui m'entoure. Je me mets en marche pour suivre la course inexorable du temps. Je ne laisse rien paraître de mes tourments. Je ne l'ai jamais fait et rien ne changera. Je garde pour moi le poids de certaines secrets qui me rongent et me torturent plus que les coups qui pourraient pleuvoir sur mon corps. Je voudrais procure à mon corps le réconfort qu'il réclame des bras du seul qui saura jamais assez bien. Mais non, je le repousse inlassablement lui qui est de mon sang : mon frère. Il est le seul qui n'a jamais eu assez de prise sur moi pour manipuler mes intentions les plus viles et les adoucir sous le poids d'une certaine raison. Il n'est pas là pour me rappeler à l'ordre tandis qu'au détour d'un couloir, mes yeux fixent la silhouette. Je sens un sourire carnassier étirer mes lèvres. J'ai besoin d'évacuer cette colère qui gronde. Je veux puiser dans la confrontation l'apaisement. Je regarde Cassandre Blackwood alors que de sombres desseins se profilent dans mon esprit. Mon sourire, faux bien évidemment, est la première vision que je veux lui imposer quand je me plante face à elle. L'innocence se peint sur mes traits. Je l'empêche de m'échapper bloquant une fois ou deux sa route. Je ne suis nullement menaçante, pas encore. Ma voix est douce comme du miel, elle coule sur elle pour l’envelopper dans une bienheureux malaise. « Bonjour Cassandre. » La politesse est une vertu essentielle quand on veut évoluer parmi les plus grands. Les apparences, trompeuses souvent, sont un bien à entretenir. « Je voulais prendre un peu de ton temps pour pouvoir faire connaissance. Je sais que j'aurais dû venir à toi et je m'excuse sincèrement de ne jamais l'avoir fait. Tu veux bien me pardonner? » Mon regard se fait implorant mais pourtant au fin fond de mes prunelles claires comme le cristal, on y lit l'hypocrisie. « Je sais que tu as longtemps été proche de Rowan, sa meilleure amie je crois? Je me trompe peut-être. Vous essayez de recoller les morceaux de votre amitié brisée selon ce que j'ai cru deviner, ou alors tu as finalement récolté les miettes de votre amitié. Quoiqu'il en soit, je voulais t'offrir mon aide comme nous sommes désormais fiancés lui et moi. Il est normal de tenter de tisser des liens avec les anciennes amies, délaissée faute d'être assez intéressante, finalement redevenue amie proche de notre fiancé n'est-ce pas? » Je feins de me rendre compte de mes mots. « Je ne voulais pas sembler te rabaisser. Rowan ne sait probablement pas ce qu'il perd. »

Elle se regarde dans les miroirs, et elle n’y voit que des reflets d’une femme vide. Vide d’ambition, vide de joie, vide de vie. Cela fait plusieurs heures qu’elle est entrée dans la mystérieuse salle de miroirs, une salle qui n’est apparue que cette année, sans doute suite à la reconstruction du château. Poudlard a toujours eu des secrets, et même pour sa renaissance, l’école a voulu jouer des tours à ceux qui pensaient la connaître comme leur poche. Cassandre en faisait partie. La jeune sorcière avait commencé à explorer le château dès sa première année, accompagnée de Fred et Georges Weasley, elle les avait suivis et ils lui avaient tout appris. Les passages secrets, les petits tuyaux pour échapper à Rusard, et même le point faible de Peeves. Avec les jumeaux, Cassandre s’étaient sentie invincible, et finalement elle suivait leur conseil encore aujourd’hui. Quand elle avait découvert cette nouvelle salle, elle avait aussitôt envoyé un hibou à la boutique Weasley, mais elle s’était rendue compte trop tard qu’il n’y aurait qu’un seul rouquin à ouvrir son enveloppe. Fred était mort, et s’il veillait sur elle aujourd’hui, il devait bien rire. Elle n’était plus que le fantôme d’elle-même. Les récents évènements l’avaient bouleversé. Ils avaient eu sur elle l’effet d’une décharge électrique. En se regardant dans le miroir, elle y voyait tout le dégoût, toute la colère qu’avait eue Belladona envers elle. Sa meilleure amie lui en voulait, atrocement. Pour son absence, pour son insouciance, pour ses conneries. Elle lui en voulait et elle le lui avait clairement dit, alors que Cassandre l’avait retrouvé dans la Tour d’Astronomie, là où elles avaient l’habitude d’aller. Seulement, le temps était passé, et il avait eu l’effet d’une bombe à retardement sur Cassandre et ceux qui l’entouraient. Il y avait eu tous ces morts, Fred, Zoella… Même si Cassandre ne connaissait pas cette fille, et qu’elle n’aimait pas l’idée que son meilleur ami lui ait caché son histoire d’amour, elle ne pouvait pas la haïr. Elle était triste pour elle. Mais Cassandre était triste pour beaucoup trop de gens. Pour les disparus de Poudlard, pour les évènements lors de la marche blanche, pour les évènements à Pré-au-Lard, pour les récents tests dans la grande salle… Elle se sentait désolée pour tout ça, parce qu’elle s’en voulait qu’une part d’elle ait évitée ces sujets, trop longtemps. Elle en avait pris conscience grâce à Belladona, mais c’était sans doute trop tard. Désormais, il fallait réussir à se regarder dans le miroir, en sachant qu’elle avait abandonné trop de ses amis, en sachant que finalement, la Guerre avait laissé beaucoup plus de notes sombres dans le monde magique, et que les choses n’allaient pas s’arranger toutes seules. Il fallait se regarder en face, et se demander de quoi serait fait demain.

« Non mais tu t’es vue ? Tu n’as pas du tout l’étoffe pour aller en GISIS de toute façon… Rends-toi à l’évidence, Poudlard c’est du passé ! » lui disait une petite voix dans sa tête. La fin d’année arrivait, et avec elle son lot d’examens et de questions stressantes sur l’avenir. Cassandre était complètement perdue. Elle avait déjà un an de retard, puisqu’elle n’avait pas obtenue ses ASPIC lorsque Rogue était directrice. Et il faudrait faire un choix. Poursuivre ses études, ou s’en aller. Encore une fois, Cassandre avait envie de fuir. Elle n’a jamais été douée à l’école, elle était tout le temps fourrée avec Bella ou Rowan, ou avec les jumeaux, pour faire des bêtises et inventer des aventures trépidantes. Elle sent que pour elle, c’est trop tard désormais. Mais elle ne veut pas se résoudre à quitter Poudlard, à quitter ses amis, encore une fois. Elle leur a promis. La jeune sorcière pousse un profond soupire, puis s’éloigne des miroirs qui l’oppressent. Elle sort de la salle, la tête prête à exploser. Elle marche, perdue dans ses pensées, quand soudain une silhouette se dessine devant elle et lui bloque le passage. A deux reprises elle veut esquiver l’inconnue, mais celle-ci insiste. Quand elle lève les yeux, Cassandre retient un profond soupire. « Bonjour Cassandre. Je voulais prendre un peu de ton temps pour pouvoir faire connaissance. Je sais que j'aurais dû venir à toi et je m'excuse sincèrement de ne jamais l'avoir fait. Tu veux bien me pardonner? » Cassandre lève les yeux au ciel. Elle n’est pas d’humeur à discuter avec Brooke. Cette fille qui déteste les moldus et qui est parfois trop proche de son frère. Cette fille qui traîne autour de Rowan alors qu’ils n’ont rien en commun. Cette fille qui pue l’hypocrisie et le sarcasme.  « Je sais que tu as longtemps été proche de Rowan, sa meilleure amie je crois? Je me trompe peut-être. Vous essayez de recoller les morceaux de votre amitié brisée selon ce que j'ai cru deviner, ou alors tu as finalement récolté les miettes de votre amitié. Quoiqu'il en soit, je voulais t'offrir mon aide comme nous sommes désormais fiancés lui et moi. Il est normal de tenter de tisser des liens avec les anciennes amies, délaissée faute d'être assez intéressante, finalement redevenue amie proche de notre fiancé n'est-ce pas? » Cassandre se retient, elle n’en croit pas ses oreilles. Elle pense aussitôt à un mensonge, à une ruse de la part de la Serpentard pour la faire flancher. Après tout, les serpentard adorent attirer des ennuis aux Gryffondor, sachant que la jeune Cassandre séjourne souvent en retenue, Brooke veut sans doute l’y renvoyer. Elle veut que Cassandre s’énerve et la frappe, pour appeler ensuite un Auror ou un professeur. Mais Cassandre regarde autour d’elle et elle ne voit aucun adulte dans les parages. Elle reste ébahie, incapable de parler. Rowan, fiancé ? Elle n’y croit pas, elle ne veut pas y croire. Pourquoi ne lui a-t-il rien dit ? Et pourquoi Brooke pense-t-elle qu’ils ne se sont pas réconciliés ? Les choses ne sont plus tendues entre eux, plus comme elles l’étaient. Pendant quelques temps, Cassandre a même cru qu’ils allaient enfin pouvoir être honnêtes l’un envers l’autre, pouvoir se dire les choses, celles qu’ils n’ont jamais osé s’avouer. Mais la jeune femme s’est trompée.  « Je ne voulais pas sembler te rabaisser. Rowan ne sait probablement pas ce qu'il perd. » A ce moment-là, Cassandre perd sa patience, et décide de fermer son clapet à ce serpent qui siffle des absurdités. Elle fait un pas en avant, pour montrer qu’elle n’a pas peur de la jeune Slughorn. « Non mais tu penses que je vais te croire ? Laisse-moi rire ! Si Rowan était fiancé, je le saurais, et sans doute avant toi ! Il n’y a aucun problème entre lui et moi, alors si tu t’entraînes pour faire carrière dans l’humour, je crois que ce n’est pas encore ça ! » Et Cassandre se met à rire. Nerveusement. Une partie d’elle est encore inquiète. Elle doute, elle a peur. « Clairement Brooke, ne prends pas tes désirs pour des réalités. Et cesse de prendre ce ton mielleux avec moi, je n’y crois pas du tout. » Cassandre est comme ça, franche, parfois un peu trop, mais au moins, les choses sont dites.

Je suis une garce ou en tout cas je tente très fortement d'y ressembler. Je pourrais lutter contre les rumeurs qui me prêtent des idées bien plus sombres qu'elles ne le sont en réalité. Certains ont prétendu que je n'avais pas de cœur, que j'étais tout simplement incapable d'aimer. J'aurais pu démentir et leur expliquer que j'aimais mal mais que oui j'étais capable d'éprouver ce sentiment. Certains avaient laissé entendre que je me tapais mon frère, que nous entretenions une relation totalement incestueuse. J'avais massacré leurs petites gueules pour leur faire ravaler leurs mots mais je n'avais pas nié. Je m'en foutais de ce que l'on disait de moi. Certains insinuaient que j'avais rejoint les Mangemorts, ils étaient proches de la vérité. Je laisse donc la rumeur gonfler. Je ne niais pas ma haine des nés moldus et pourtant j'en côtoyais certains. Je ne démentais pas. Je ne clamais pas que je changeais. Je n'essayais pas de redorer mon blason à tout prix. Pourtant, dans le fond, je n'étais plus la fille aussi extrême que dans le passé. Ce petit né moldu que je manipulais au gré des mes envies, j'avais fini par m'y attacher. Je l'appréciais, il savait se montrer attachant. Mais n'imaginez pas que je l'avoue. Plutôt me faire torturer que de laisser cette part de vérité vouée à me rendre plus humaine m'échapper. Je n'étais pas une fille qui prodigue de l'amour aux autres, ni même qui démontre de la compréhension. Je dispensais mes sourires qu'aux plus méritants et ils étaient rares. Enfin, je parle des sourires sincères qui viennent du cœur Je ne couvrais pas les autres de petites attentions charmantes comme Xander pouvait le faire. Pourtant, le jour de l'anniversaire de Sakura, je lui avais laissé voir une facette plus mignonne de ma personnalité. Je l'avais rejointe au petit matin avec un cupcake et un cadeau qui avait su faire naître dans son regard des milliers d'étoiles. Je crois que la japonaise faisait ressortir mes meilleurs aspects et je tenais sincèrement à son amitié. Je n'étais pas le monstre que tout le monde croyait mais j'aimais à laisser penser que j'étais pire que ce qu'il en est réellement. J'avais visiblement réussi vu l'exaspération que je décèle chez elle rien qu'en découvrant mes traits. Je sais qu'elle me juge à la première seconde. Si mes intentions avaient été louable, elle m'aurait fait changé d'avis en une minute même pas. Mais non je ne suis pas venue pour réellement faire amie-amie avec elle. Je ne suis pas un ange et j'allais fort probablement lui donner raison dans les minutes à venir. Autant lui en donner pour son argent et aller au bout du show.

Différentes émotions défilent sur son visage. Elle pense que je la provoque. Elle ne me croit pas mais je ne suis pas surprise. Je ne lui demande pas de me faire confiance mais elle n'aura qu'à aller vérifier auprès du principal intéressé pour avoir confirmation. Je veux quelque peu précipiter les choses. Je désire semer le doute dans son esprit et je souris amusée quand elle me fait face. Elle n'a pas peur, je n'en attendais pas moins de la part d'une rouge et or. Je hausse un sourcil amusé en lui faisant signe que je ne suis nullement touchée par sa bravoure. Elle n'espère pas que ces quelques mots vont m'amener à me taire? Ce serait bien trop simple. Elle n'a pas les griffes assez acérées le petit chaton. Il suffit de la gratter dans le sens du poil et elle sera balayée, éliminée du décor. Enfin, je l'espère. « Il n'y a aucun problème? Vraiment? Pourtant, je ne mens pas. Tu pourras lui poser la question et tu obtiendras confirmation. Si tu le désires, nous pouvons même aller le trouver ensemble toutes les deux là tout de suite. Je ne mens pas. J'ai beaucoup de défauts, des secrets mais je ne mens que très peu. J'ai tendance à assumer. » Mon ton n'est plus aussi mielleux mais toujours doux. Je n'essaie pas de la charmer aussi directement qu'en l'abordant mais étonnamment, je ne la provoque pas. La sincérité transparaît dans ma voix. Elle peut ne pas me croire tant qu'elle veut, je sais que le doute est semé et c'est exactement ce que je désirais. Je croise les bras sous ma poitrine. Je peux sentir la peur qui rampe sous la surface. « À ta place, je ne m'accuserais pas de rêver trop fort mais je me demanderais pour quelle raison, Rowan ne te juge pas assez digne pour partager cette vérité avec toi. Je trouve ça un peu triste si comme tu dis, votre amitié va aussi bien qu'avant. » Je suis compatissante. Je feins plutôt de l'être. Je la regarde avec une certaine tendresse osant venir caresser sa joue. « Je suis désolée d'être celle qui te l'apprend mais dis, on peut quand même être amie? Je veux faire des efforts pour mon futur mari. » Je bats des cils mais je n'ai pas vraiment envie de me battre avec elle. Je me la joue totalement bitch mais cela ne change en rien que je ne veux pas non plus lui briser le cœur Soudainement, je me demande s'il y aurait plus que de l'amitié entre les deux Gryffondor, entre les deux amis? Je compte bien tuer tout sentiment amoureux avant même qu'ils ne puissent exister. Je n'aime pas Rowan mais je ne le déteste pas non plus. Je voudrais qu'il me remarque et m'accorde un minimum d'attention. Et clairement, je ne gagnerai rien à provoquer Cassandre. Alors je lui souris un peu plus sincèrement. « Je ne venais pas en ennemie, il ne faut pas écouter tout ce qu'on raconte car il y a de drôles de rumeurs qui courent sur nous tous. » Je lui fais un clin d’œil. Je me demande si j'aurai foutu le bordel entre eux deux. Je crains que dans l'affirmative, cela ne m'attire des ennuis avec l'objet même de notre désaccord. Pousser à bout la jeune femme mais sans jamais aller trop loin. Je dois m'y tenir. Je veux pouvoir clamer mon innocence et qu'elle le soit réellement. Je dois mesurer chacun de mes mots. Et pour l'instant, on ne peut rien me reprocher sauf d'avoir dévoiler la vérité qu'elle aurait pourtant dû connaître. Je prends une moue totalement angélique en la fixant. Je ne cherche aucun contact entre nous, j'ai déjà trop poussé ma chance en caressant sa joue un peu plus tôt. Mais j'aimerais que la rouge et or perte le contrôle et me saute à la gorge, j'aurai alors une chance de prouver combien je n'avais rien fait pour mériter tel châtiment.

Alors que quelques instants auparavant elle s’était trouvée des plus calmes, désormais, c'était une toute autre histoire. Histoire qui en ce jour aurait mieux valu ne pas être écrite, car elle allait en résulter des événements plutôt sombres. En effet, au fond de Cassandre commençait à se propager une vague de colère, qui telle une vipère faisait couler son venin dans son sang pour qu'il n'y ait finalement plus une seule parcelle de son esprit qui aux autres ne soit similaire. Oui...La colère était là...Présente en elle... Et elle n'attendait qu'un mot pour exploser en faisant fi des effets destructeurs qu'elle pourrait provoquer sur son passage. Son premier instinct était de fuir à toutes jambes et de se retirer dans sa salle commune. Quelque chose en Brooke lui faisait perdre tout son sang froid, et si elle l’évitait comme la peste il y avait une raison. Une confrontation n’était pas une bonne idée, pas en ce moment. La folie empirait, elle prenait plus possession d’elle chaque jour. Mais l’imbécile n’allait pas abandonner. « Il n'y a aucun problème? Vraiment? Pourtant, je ne mens pas. Tu pourras lui poser la question et tu obtiendras confirmation. Si tu le désires, nous pouvons même aller le trouver ensemble toutes les deux là tout de suite. Je ne mens pas. J'ai beaucoup de défauts, des secrets mais je ne mens que très peu. J'ai tendance à assumer. » Ces secrets dont elle parlait, était-ce sa relation incestueuse avec son frère ? Cassandre avait envie de le lui cracher à la gueule, mais elle était incapable de parler, incapable de bouger. Son sang bouillonnait et garder le contrôle lui prenait toute sa concentration et son énergie. Qui sait de quoi elle serait capable pour faire taire cette idiote. « À ta place, je ne m'accuserais pas de rêver trop fort mais je me demanderais pour quelle raison, Rowan ne te juge pas assez digne pour partager cette vérité avec toi. Je trouve ça un peu triste si comme tu dis, votre amitié va aussi bien qu'avant. » Elle continue à la provoquer, à la rendre dingue, et Cassandre tombe pile dans le panneau. Elle plonge la tête la première dans le chaudron de haine que fabrique Brooke devant elle. Elle l’écoute lui dire des âneries sur elle et Rowan, et elle ne comprend pas comment elle peut inventer tout cela. Est-elle aussi fêlée que la française qui se dit voyante à Gryffondor ? Cassandre secoue la tête pour faire sortir ces stupidités de ses pensées. Elle serre les poings, pour les empêcher de partir vers la serpentard, qui lui parle toujours d’un ton mielleux. Détestable.

A ce moment là, Brooke s’approche un peu plus, et ose venir frôler sa joue de sa main, pour une caresse hypocrite. Cassandre se retient, ignore comment, mais elle ne la frappe pas, alors qu’elle n’a que ça en tête. « Je suis désolée d'être celle qui te l'apprend mais dis, on peut quand même être amie? Je veux faire des efforts pour mon futur mari. » Amie ? Jamais elles ne pourraient devenir amies. Elles sont trop différentes, trop opposées, et surtout, si cette annonce est vraie, si Rowan est fiancé à Brooke, alors Cassandre préfère ne plus jamais lui adresser la parole plutôt que de les voir ensemble. La voyante n’arrive toujours pas à croire qu’elle n’a pas été mise au courant par son plus proche ami. Elle le voit tous les jours, elle le croise dans la salle commune, pourquoi ne lui a-t-il rien dit ? Est-ce pour cela qu’il est beaucoup plus violent dernièrement, ses excès de violence n’ont pas cessé, malgré les avertissements de Cassandre. Serait-ce du à l’annonce de ses fiançailles ? « Je ne venais pas en ennemie, il ne faut pas écouter tout ce qu'on raconte car il y a de drôles de rumeurs qui courent sur nous tous. » Les rumeurs, Cassandre les a toujours ignoré. Après tout, depuis sa première année, on parle d’elle comme la descendante des Blackwood, célèbre famille de médiums, mais on dit aussi d’elle qu’elle est complètement folle. Ce qu’on dit d’elle, elle s’en fout totalement, alors si Brooke veut lui dévoiler des secrets qui tournent sur elle en échange de son amitié, elle se trompe totalement. « Je ne marchande pas mon amitié, ce n’est pas parce qu’on a toutes les deux des ragots à nos sujets, que nous partageons quoi que ce soit. » Aussitôt, Cassandre pense à Rowan. L’image de son meilleur ami et de cette peste dans les bras l’un de l’autre la hante, et elle a envie de vomir. Elle ne peut pas le partager avec elle, pas encore. Alors Cassandre ne peut plus se retenir, dans un cri de rage, elle se rue sur Brooke et la fait tomber en arrière. « ROWAN NE T’APPARTIENT PAS ! Et ce ne sont pas des futiles fiançailles qui vont le faire tomber amoureux de toi ! » Cassandre lève le bras, prête à frapper Brooke au visage, pour démolir cette beauté superficielle et ce sourire narquois dessiné sur ses lèvres.

Une main tendue, suspendue dans le vide attendant que quelqu'un vienne s'en saisir. Je reste sur le bord oscillant face aux abysses. Mon corps ne semble pas savoir s'il va sombrer ou non, se laisser tomber ou au contraire reculer avant que la chute vertigineuse ne soit la seule option viable. À chaque seconde qui s'écoule, le sol s'effrite semblant précipiter le moment où mon corps balancera. Encore en suspension, je suis dangereusement sur le point de sombrer. La noirceur du gouffre semble aussi profonde que le désarroi dont je suis la victime. Tout cela semble bien symbolique mais c'est ce que je ressens au plus profond de moi. Tant de fois, je donnais la sensation de m'en foutre qu'on refuse d'accepter le fait que je puisse avoir changé. Je cultivais l'impression que rien ne puisse m'atteindre mais il n'y avait pas pire mensonge. J'avais un cœur et parfois il souffrait, plus que je ne pouvais réellement l'encaisser. Sous mes airs de gars, il y avait une petite fille qui avait souffert. J'étais toujours d'une certaine façon cet enfant qui crie en silence, qui porte en elle des maux sur lesquels elle ne peut mettre des mots. J'étais toujours aussi désarmée. J'étais toujours sans défense. J'avais même commencé un petit jeu où je mentais et manipulais. Je faisais croire que j'avais changé, je proférais des mensonges qui n'en sont pas vraiment pour amadouer les autres. Je distillais mon poison pour duper me mentant à moi-même. Je ne m'avouais pas que derrière les beaux discours se cachait mon cœur mis à nu. J'avais besoin que quelqu'un finisse par découvrir ce que mon regard dissimulait à la face du monde et ce, peu importe le but. Je voulais que quelqu'un comprenne pour soit raviver l'innocence et m'accorder sincèrement cette chance ou alors pour assassiner cette part d'espoir et me faire sombrer. Je ne supportais plus cette dualité dans mes propres aspirations. Je voulais cesser de jouer un rôle en permanence peu importe le camp devant lequel je me trouve. J'avais besoin de ne plus me sentir partagée peu importe ce que ça pourrait signifier. En cet instant précis, je voulais soit laisser la paix me gagner ou la rage. Peu importe quelle émotion l'emporter mais je voulais du blanc ou du noir et non ce gris terne. Je sais que rien n'est supposé jamais être un extrême ou l'autre mais souvent un mélange des deux. Mais parfois, il fallait forcer les choses à le devenir. J'attendais un simple signe pour savoir vers où mon cœur irait.

Je ne peux m'empêcher de rire aux mots de Cassandre. Elle se croit meilleure que moi mais sur quoi elle se base pour le prétendre. Je n'aime pas que l'on me toise. Mes idéaux ne sont sans doute pas les meilleurs mais les moyens employés pour les protéger, que ce soit de la défense ou de l'attaque, nous avons tous employé les mêmes. Nous n'avons épargné personne n'hésitant pas à ôter des vies peu importe pour quel côté nous nous battions. Alors elle pouvait se garder ses jugements. Je ne portais sur les mains le sang que d'une seule personne. Je devais assumer la responsabilité de nombreuses souffrances mais je n'avais pris qu'une vie. Un sombre accident. Je ne la voix pas venir quand elle se précipite sur moi. Je n'ai pas le temps d'essayer d'amortir le choc pour m'éviter de tomber mais aussi le lui éviter à elle. Mon dos heurte le sol et je ne peux retenir un grognement sous la douleur. Elle est devenue folle. Je la regarde incrédule alors que je ne l'ai même pas provoqué outre mesure. Elle a le sang chaud la rouge et or. Il lui en faut vraiment peu pour réagir. « Mais t'es devenue folle ma pauvre fille. Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi? » Je le sais pertinemment bien et je réalise la jalousie qui l'anime. Elle ne supporte pas l'idée que je touche à Rowan et je ne peux m'empêcher de siffler, perfide comme un serpent. « Ne me dis pas que tu en pinces pour lui? Regarde toi! T'es bien loin de ces filles qu'il a tendance à sauter. Tu es jalouse on dirait bien. Tu as tellement peur qu'il ne puisse me trouver à son goût que ça t'en rend incontrôlable. Non mais tu crois quoi? Tu es bien loin de ses critères. » Je viens attraper son poignet pour l'empêcher de me gifler et je serre fort. Je veux qu'elle aie mal mais je ne lui en veux pas suffisamment pour tenter de le lui briser. Je la foudroie du regard et je dis le souffle court. « Maintenant, tu as trois minuscules secondes pour te relever. » Je ne suis pas menaçante outre mesure mais je déteste qu'on s'en prenne à moi sans que mes foudres ne finissent par retomber sur la personne qui a osé. Il serait naïf de croire que je peux être indulgente et pardonner facilement. Je relâche son poignet et je serre les poings pour me retenir de commettre le moindre geste de violence contre sa petite personne, je sais que je risquerais fort bien de finir par le regretter.

Le poing est suspendu, instable, tout comme Cassandre l’est. Pendant une seconde, elle se fige, s’arrête. Elle se regarde menacer Brooke, et soudain elle se sent désespérée. Un excès de rage, de violence, et la voilà incontrôlable, prête à faire du mal pour obtenir vengeance. Elle est prête à tout pour se défendre, prête à commettre l’irréparable. Oh, la petite Serpentard mérite une bonne raclée, mais Cassandre ne veut pas être celle qui la lui mettra. Elle n’est pas violente Cassandre, du mal, elle s’en inflige à elle-même. La preuve en est que ses bras sont couverts de cicatrices qu’elle cache sous ses manches longues. Non, personne ne peut comprendre. Personne ne peut imaginer la douleur. Et elle ne veut pas que Brooke est une excuse pour obtenir ce qu’elle souhaite. Rowan lui dira la vérité, elle ne doit pas l’écouter, elle doit respirer.  « Mais t'es devenue folle ma pauvre fille. Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi? » Mais Cassandre ne l’écoute pas, Brooke n’est qu’une poussière. La verte lui attrape le bras, le serre au niveau du poignet, mais Cassandre ne sent rien, elle ne veut pas se laisser atteindre, la jeune femme a déjà trop réussie à se moquer d’elle. « Ne me dis pas que tu en pinces pour lui? Regarde toi! T'es bien loin de ces filles qu'il a tendance à sauter. Tu es jalouse on dirait bien. Tu as tellement peur qu'il ne puisse me trouver à son goût que ça t'en rend incontrôlable. Non mais tu crois quoi? Tu es bien loin de ses critères. » Brooke se raconte des histoires, et Cassandre la laisse faire, elle n’a pas à se justifier, surtout pas auprès d’une garce dans son genre. Les sentiments qu’elle éprouve pour Rowan sont indescriptibles, imprononçables, personne ne peut les comprendre. Et surtout pas Brooke. « Maintenant, tu as trois minuscules secondes pour te relever. » Cassandre ne se fait pas prier. Elle se relève, mais ne jette pas un regard à sa victime. Le temps que Brooke se redresse elle aussi, Cassandre a le temps de l’enjamber pour aller dans la direction que la Serpentard bloquait avant. Elle ne veut pas lui répondre, elle ne veut pas lui donner plus de pouvoir, alors elle s’en va, sans l’aider à se relever, sans lui cracher au visage tout ce qu’elle pense. Elle s’en va et elle ne veut plus jamais la revoir, car la prochaine fois, elle ne promet pas de ne pas lui casser la figure.

Alors qu’elle marche, elle se sent soudain fiévreuse. Quelque chose d’anormal se passe, le sol se dérobe sous ses pieds, les murs sont flous, la tête lui tourne. Avant qu’elle ne puisse réaliser ce qui lui arrive, elle se retrouve soudain dans un tout autre décor. Elle est dehors, dans le parc de Poudlard, et elle se voit elle, en compagnie de Rowan. Elle le pousse, et des cris s’élèvent. Ils se disputent. Mais Cassandre n’arrive pas à savoir pour quel sujet. Avant qu’elle ne puisse entendre un mot de plus, elle revient à elle, dans les couloirs. Elle reprend son souffle avec difficulté, ébahie par ce qu’elle vient de voir. Les autres finiront pas réussir à les séparer. Les promesses sont brisées.

Pendant un moment, mon esprit s'évade. Il quitte tout simplement mon corps alors que je me coupe de toutes les sensations allant du sol froid et dur sous moi au corps qui me domine. Je ne veux pas ce rappel que je suis une garce, la méchante qui a provoqué la pauvre et innocente Cassandre. Je ne veux pas être la pauvre fille forcée de contraindre un homme au mariage, un homme à qui elle a pris sa douce. Je ne veux pas m'avouer qu'en réalité je tente de racheter ma conscience en lui offrant une union parfaite et inespérée. Je ne voulais jamais à avoir à faire l'aveu de mon crime et de cette jalousie qui avait pu animer mon être. Je voulais Rowan pour une raison obscure et étrange que je ne m'expliquais pas vraiment à moi-même. C'était comme ça tout simplement. Je ne parvenais à lutter. Et cela m'amenait à jouer les pestes avec une fille qui m'indifférait pourtant. Je ne voulais pas rester dans cette réalité. Je m'échappe de ce couloir. « Xander lâche moi maintenant. » Je me débats essayant de déstabiliser mon frère pour qu'il me laisse à nouveau libre de mes mouvements. Je joue les anguilles essayant de glisser entre ses jambes. Mais il est plus rapide devinant mes vilaines intentions et ses mains viennent retenir mes poignets immobilisant mes bras au-dessus de ma tête. Je le fixe le souffle plus court en réalisant ma position. Mais le regard de mon frère exprime à la fois colère et amusement. Je sais que je l'ai provoqué mais je trouvais cela amusant. J'avais toujours adoré tester les limites de Xander. Je le provoquais et je jouais ce petit jeu jusqu'au moment où il craquait. Plus jeune, je testais surtout sa capacité à me pardonner avant de devoir me racheter. Je restais surprise qu'il n'en aie jamais eu marre de moi car je me trouverais presque moi-même totalement insupportable. Mais encore une fois, la colère laissait place à une complicité bien présente.

Ce souvenir se termine par nos éclats de rire mêlés. La main de Xander avait glissé sur mon flanc, l'autre immobilisant mes deux mains. Je ne tentais pas vraiment de fuir. Comme aujourd'hui en fait. Mais mon frère n'avait jamais eu envie de me frapper. Son seul châtiment avait été une attaque traître de chatouilles. Je les lui avais rendu avec plaisir et il était tombé sur moi à bout de souffle. Je ne ressens plus aucune pression sur mon corps quand j'ouvre les yeux. Je suis seule et je me relève. Je suis calme et un sourire paisible flotte sur mes lèvres. Ce sourire a su me rendre ma légèreté habituelle. Je regarde autour de moi cherchant la rouge et or. Je suis partagée entre la poursuivre pour la provoquer davantage ou passer mon chemin. Je crois avoir fait bien assez de mal. Mais je l'aperçois et je la vois s'effondrer. Je regarde autour de moi mais nous sommes seules. Je pourrais retourner vers ma salle commune et faire comme si je ne l'avais même jamais vue tomber. Je pourrais juste poursuivre mon chemin mais... Je ne sais pas très bien comment, je me retrouve à la secouer un peu. « Cassandre! Est-ce que tu vas bien? Ouvre les yeux bordel. » Elle ne semble pas consciente ou pas m'entendre si elle l'est. Je la gifle mais pas par plaisir pour ce coup. « Réveille toi, ça ne me tente pas du tout de te traîner jusque l'infirmerie surtout que tu dois peser lourd vu tes formes trop généreuses pour que ce soit pas juste un excès de graisse. Alors dis quelque chose ou je te balance de l'eau bien glacée au visage. » Mes mots sont brusques mais je la soutiens avec une certaine douceur essayant de lui éviter l'inconfort du sol froid. Je la secoue gentiment un peu inquiète quand même. Je m'adoucis un peu trop mais je ne veux pas vraiment la voir perdre connaissance à cause de moi. Je me sens coupable et je déteste cette sensation qui me conforte dans l'idée que je change malgré toute l'ardeur que je mets pour m'en défendre. Je nourris des espérances de pouvoir devenir une personne meilleure à l'avenir et ça m'effraie car si je devais cesser d'être une garce, je me demande bien ce que je serais d'autre. Au moins maintenant, les gens me détestaient mais si j'étais différente, je ne récolterais sans doute qu'indifférence. « Blackwood, tu me fais chier tu sais. »

Un bruit sonore réveilla Cassandre en sursaut. Commençant doucement à papillonner les paupières, essayant de se souvenir de ce qui s'était passée et où est-ce qu'elle était. Avec courage, elle se redressa et laissa un cri en plus d'être surprenant, de douleur s'échapper d'entre ses lèvres fines. Son bras avait craqué et elle remarqua avec étonnement que celui-ci semblait fêlé ou déboité. Qu'importe, il fallait qu'elle se relève, et au plus vite. Serrant les dents avec force, elle prit son bras endoloris avec l'autre et le fit craquer très rapidement et avec puissance. Un autre cri plus intense dans la douleur s'échappa d'entre sa gorge et une larme ne put s'empêcher de rouler contre une de ses joues froides et pâles. La douleur n'étant malgré tout pas partit, elle se sentait déjà plus à l'aise. Avec précaution et douceur, elle se releva et garda son bras fracturé collé contre sa poitrine, ne voulant pas que son état s'aggrave d'avantage. Puis, enfin, elle se mit à avancer. Car, c'était la seule issue possible, c'était la seule chose qui lui restait à faire. Une jambe devant l'autre, le même mouvement répété, inlassablement. Encore, et encore. Avancer, ne pas s'arrêter, sans aucuns prétextes, toujours et encore avancer, ne pas regarder derrière soit, passer au-dessus des erreurs de la vie, et continuer encore et encore et encore et encore. Un son qui ressemblait à un gyrophare la fit perdre pied. Un cri sortit de sa bouche et elle plaça ses deux mains de chaque côté de son visage, tout en fermant les paupières lourdement. Elle passa outre la douleur qu'elle ressentait au bras. Elle voulait rentrer chez elle. Un sanglot la prit de court et Cassandre dû l'étouffer, surprise. Des larmes salées coulèrent le long de ses joues.

« Blackwood, tu me fais chier tu sais. » Cassandre sortit de sa léthargie avec difficulté. Elle avait mal à la tête. Elle ignorait quelle était la réalité, la barrière entre songe et monde réel semblait infime, invisible. Mais quand elle ouvrit les yeux, elle reconnut le visage de son interlocutrice. Brooke. Celle-ci ne lui ficherait donc jamais la paix. Peu à peu, Cassandre se souvenait de leur altercation, elle se rappelait aussi de sa vision, concernant Rowan. Ils s’était disputés. A propos de Brooke. A propos de fiançailles. Ainsi, la serpentard ne lui avait pas menti. Cela ne changeait rien. Elle voulait les briser, la briser, et Cassandre ne la laisserait pas faire. Après avoir repris son souffle, suite aux récentes émotions, et à sa chute, Cassandre foudroya Brooke du regard en se redressant. « Je ne t’ai rien demandé ! Arrêtes de me pourchasser comme ça ! Si tu me détestes, pourquoi tu étais prête à m’aider ? » Cassandre grogna. Elle n’avait pas envie d’être aidé, surtout pas par celle qui passait son temps à lui cracher dessus. Elle n’avait pas entendu toutes ses remarques, mais elle était certaines qu’elles n’étaient pas flatteuses. L’état vaseux de la jeune voyante durerait encore quelques heures, c’était comme cela après chaque vision. Il en avait fallu du temps avant que celles-ci ne se déclenchent, mais désormais, même si elles n’étaient pas toujours très claires, Cassandre était une vraie voyante. L’infirmière n’y pourrait rien, Cassandre avait ses propres remèdes pour reprendre des forces. Elle regarda Brooke dans les yeux, elle se tenait encore là. « J’ai eu une vision à ton propos… Sur toi et ton frère… Je te conseille de garder un œil sur lui… » Cassandre mentait évidemment, elle n’avait rien vu concernant Xander, mais elle voulait faire peur à Brooke et c’était le meilleur moyen pour être tranquille. La serpentard avait voulu l’écraser, la lionne ne faisait que se défendre.

Certains diront de moi que je suis un monstre sans cœur Je me suis souvent demandée s'ils auraient raison de proférer une telle attaque ou non. En cet instant précis, je prends conscience que même si je le nie avec force et conviction, sous les apparences, oui il y a un cœur qui se cache. Je me demande qui je serais si je n'avais pas subi ce stupide traumatisme. J'aurais peut-être pris le même chemin ou au contraire, j'aurais appris à contrebalancer mes pires penchants. Je ne saurais le dire et la vie ne tient jamais à des si. Je ne pouvais rien changer à la vie qui avait été la mienne. Je ne pouvais revenir en arrière pour effacer le passé. Aujourd'hui, je ne ne pouvais qu’avancer avec le poids de tous ces choix que j'.avais fait. Certains étaient très mauvais. D'autres étaient animés par la douleur tout simplement. Je pourrais rendre tout tellement différent si j'osais avouer le poids des démons qui pèsent sur mon âme. Je pourrais changer l'image de certains à mon sujet mais est-ce que j'en serais vraiment mieux pour ma part? Je devrais me mettre à nu pour prouver ma valeur à des personnes dont je ne me souciais guère? Non je préférais de loin être un monstre et qu'on me laisse tout simplement vivre ma vie dans mon cœur à ma guise. Mais je savais que c'était sans doute le pire mensonge que je pouvais me raconter à moi-même. Je me mentais pour ne pas avoir à m'avouer que j'en souffrais. J'avais décidé très jeune que jamais plus je ne laisserais personne deviner que je pouvais avoir mal. Je la cacherais pour ne plus ressentir ce sentiment d'invisibilité. Je ne voulais plus compter sur personne d'autres que moi car au moment où j'aurais besoin d'une main tendue, où j'en serai dépendante, seule une chute dans les abysses ne m'attendraient à jamais. J'en avais fait l'expérience. Je l'avais vécu. J'en avais souffert. Mais j'étais une survivante et jamais personne ne m'enlèverait cela. Mais j'avais fait une erreur de me battre pour le Mage Noir, jamais plus je ne serai une suiveuse. Je me battrai uniquement pour moi-même à l'avenir. Je suivrai mon cœur J'avais des idéaux. Je saurai m'y tenir. J'allais changer mais pour personne d'autre que moi. J'avais déjà amorcé cette métamorphose.

Je regarde la rouge et or avec cette dose d'exaspération et d'inquiétude. Elle pouvait bien penser ce qu'elle voulait. Elle pouvait bien se croire mieux que moi. Elle s'était effondrée au milieu d'un couloir et moi j'étais venue à son aide. Elle avait une sorte de dette envers moi qu'elle l'accepte ou non. Je ne peux m’empêcher de rire quand elle me foudroie du regard sous la colère. Elle en serait presque mignonne et je pourrais presque comprendre ce que Rowan lui trouve. Mais ce n'est qu'un presque car dès qu'elle ouvre la bouche, sa voix m'insupporte et je hausse un sourcil, intriguée. « Premièrement, t'es qu'une petite peste ingrate Blackwood. Je suis venue t'aider car j'ai de l'éducation et plus que pitié pour toi que tu ne l'imagines probablement. Ensuite, qui te dit que je te déteste? Tu te donnes trop d'importance et crois-moi que si je te détestais, tu aurais eu à supporter plus souvent que je te pourchasses sois-disant. T'es un peu parano ma petite. Tu as conscience que c'est la première fois que je m'en prends à toi, enfin m'en prendre à toi étant un bien grand mot. T'es un peu pathétique ma petite. » Je n'ai pas été si horrible que cela avec elle mais elle s'est tout de suite emballée. Je me recule un peu la fixant avec un petit sourire, je la prends un peu de haut mais elle l'a bien mérité. J'allais lui foutre la paix et la laisser aller. Je voulais m'assurer qu'elle ne s'effondre pas deux mètres plus loin. Je ne voulais pas me battre avec elle, elle était insipide et m'ennuyait vraiment. Mais ses mains me firent froncer les sourcils. J'avais entendu beaucoup de choses sur son don qui serait plus défaillant que réellement fiable. Mais quand il s'agissait de Xander, je perdais tout bon sens. Je fonce sur elle et agrippe ses deux bras de mes mains plantant mes ongles à la manucure parfaite dans ses bras, je m'en foutais qu'elle en reste marquée. Je la secoue un peu alors que mon regard acier où il n'y a plus aucune humanité en cet instant précis se rive dans le sien. « Grosse erreur chérie si tu voulais que je te laisse tranquille. Tu mens! Dis-moi ce que tu insinues. » Je ne vais pas la lâcher et ma prise se resserre alors que je demande la voix cinglante avec une note d’avertissement. « Est-ce vrai ou une stupide manigance de ta part? » Elle n'avait qu'une chance de revenir sur ses mots.

Cassandre soupire. Elle voit bien que ses paroles atteignent et touchent en plein cœur la petite verte. Mais elle n’a pas l’intention de s’en réjouir. Pendant un bref instant, elle était prête à prendre plaisir de la douleur de son ennemie, mais elle n’en avait plus envie. A quoi bon ? Après tout, Brooke n’avait pas menti. Cassandre pense à sa vision, à sa dispute avec Rowan, et elle commence à comprendre que les vérités sont parfois dures à entendre. Son meilleur ami lui a menti, lui a caché ses fiançailles, et elle n’allait pas blâmer une autre personne, le seul coupable c’était lui. Mais Cassandre a déclenché l’ouragan, sans le voir. Et si elle pensait que Brooke la détestait, elle se trompait. « Premièrement, t'es qu'une petite peste ingrate Blackwood. Je suis venue t'aider car j'ai de l'éducation et plus que pitié pour toi que tu ne l'imagines probablement. Ensuite, qui te dit que je te déteste? Tu te donnes trop d'importance et crois-moi que si je te détestais, tu aurais eu à supporter plus souvent que je te pourchasses sois-disant. T'es un peu parano ma petite. Tu as conscience que c'est la première fois que je m'en prends à toi, enfin m'en prendre à toi étant un bien grand mot. T'es un peu pathétique ma petite. » Le discours de la jeune sorcière est incompréhensible. Elle lui répète qu’elle se moque d’elle, mais elle semble touchée par ce que lui dit Cassandre, comme si Brooke avait peur qu’on ne l’apprécie pas. Peut-être qu’au fond, elle n’est pas aussi garce qu’elle le montre. Mais quelques secondes suffisent pour la transformer. Elle devient enragée. Les paroles de Cassandre la transforment, elle n’en croit pas ses oreilles. Elle se jette une nouvelle fois sur la Gryffondor, mais cette fois ci Cassandre ne tombe pas en arrière. Elle étouffe un petit cri quand elle sent les ongles de Brooke se planter dans sa chair. Que va-t-elle lui faire ? « Grosse erreur chérie si tu voulais que je te laisse tranquille. Tu mens! Dis-moi ce que tu insinues. Est-ce vrai ou une stupide manigance de ta part? » Cassandre sait alors qu’elle a fait une terrible erreur. Jamais elle ne ment, c’est très rare, et elle a toujours détesté qu’on la traite de menteuse, surtout à propos de ses visions. Pour la première fois, elle joue au jeu de la petite Emérence, à mentir à propos de son pouvoir, pour arriver à ses fins.

Les paroles de sa grand-mère résonnent à ses oreilles. Cette dernière lui a formellement interdit d’utiliser ses pouvoirs pour elle. Mais Cassandre vient d’enfreindre cette règle. Trop fière pour l’avouer, mais pas assez folle pour s’enfoncer dans son mensonge, elle se relève et se dégage de l’emprise de Brooke, non sans mal. Elle regarde ses bras, tous les deux bien amochés par la parfaite manucure de l’anglaise. « Je n’ai pas envie d’une guerre, et je suis épuisée par ce que je viens de voir. » C’était vrai, le mal de crâne n’allait pas tarder à s’installer. « Ecoutes Brooke, j’ai peut-être un peu arrangé la vision que je viens d’avoir. Xander ira bien, ne t’en fais pas pour lui. Mais, fous moi la paix avec tes histoires avec Rowan. Fais ce que tu veux, cela ne me regarde plus. » Une défaite. Cassandre baisse les bras. A quoi bon l’affronter, lui faire face ? Elle ne peut pas mentir, pour une fois, la voyante n’a pas besoin d’une vision pour le confirmer. La trahison de son meilleur ami la tue, lui fait un mal de chien, mais elle n’a pas à s’en prendre à Brooke. Après tout, celle-ci lui a elle aussi montré ses faiblesses dans cette altercation. Et si, tout ce qu’elle voulait, c’était une amie ? Elle devait être jalouse de ce que Cassandre partageait avec Rowan. Après tout, ils étaient le plus beau duo de Poudlard. Non, Cassandre ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir une telle amitié. « On est quitte. » Cassandre n’attend pas de confirmation, elle s’éloigne déjà, le regard triste, en se promettant de ne plus parler à Rowan.

Xander est ma faiblesse. Je l'ai toujours su. Je n'ai jamais réellement tenté de le nier. Non loin de là. Même aux yeux des autres, je ne tente pas de cacher que j'éprouve réellement un amour profond pour lui. Certaines rumeurs prétendent que nous aurions une aventure, elles ne sont pas nées de nul part. Je pourrais tenter de briser cette vérité, de faire en sorte que personne ne puisse jamais deviner qu'il était la faille dans mon armure. Mais si je devais empêcher les autres de le penser, je prendrais alors le risque de finir par le perdre. J'étais tout simplement incapable de l'éloigner de moi. Il était une partie de moi. Il m'était plus vitale que quoique ce soit d'autre. J'avais besoin de lui et ce que Cassandre n'a pas compris c'est que je tuerais pour Xander. Je pourrais me sacrifier pour lui alors si elle a réellement vu en danger, j'ai besoin de savoir comment, où et quand. Je dois savoir et je ne la lâcherai pas sans connaître les moindres détails si sa vision est vraie. Je le protégerai car si un jour, Xander ne devait plus être de ce monde, ma propre existence n'aurait plus aucune raison d'être. Je la laisse entrevoir combien je pourrais m'effondrer si elle devait me confirmer que les jours de mon frère sont en danger. Elle n'a pas idée de ce que je donnerais pour lui. Elle n'a pas idée de combien la peur qu'elle vient d'instiller en moi me broie le cœur J'ai mal au plus profond de mon être rien qu'à la perspective. Je réagis avec colère, la menaçant alors que cette rage est la seule manière que je connaisse pour cacher ma terreur. Je sais que je mérite qu'elle soit cruelle avec moi mais cela ne rend en rien le doute plus supportable. Je sais que raisonnablement, je ne devrais pas le croire mais le doute aussi infime qu'il soit efface le tout. Je ne lutte pas pour maintenir ma prise. Je ne tente pas de la retenir de force alors que mes mains serrant ses bras furent plus une réaction instinctive que réellement une menace.

Je reste néanmoins surprise quand elle me dit ne pas vouloir d'une guerre. Je la fixe avec des yeux incrédules cherchant à savoir si elle ment ou non. J'ai l'habitude que l'on me déteste et je semble ne pas pouvoir envisager qu'elle ne veuille pas simplement me détruire. Pendant une fraction de seconde, je l'admire et j'aimerais pouvoir lui ressembler. Je chasse rapidement cette saugrenue idée, je n'ai rien à envier à personne même si c'est un doux mensonge que j'aime à me raconter. Je me rends compte que des larmes coulent sur mes joues quand elle me rassure. Je sens quelque chose s'effondrer en moi, des défenses qui cèdent. Chacune, nous avons vu les faiblesses de l'autre. Je la fixe se tenant droite devant moi et je finis par dire comme si je me rendais enfin alors que déjà elle s'éloigne. « Je ne viendrai plus t'ennuyer avec mes histoires ou te provoquer. Je ne voulais pas vraiment te provoquer. Je ne veux pas d'une guerre entre nous car au fond, je pense sincèrement ce que j'ai dit sur le fait de ne pas venir en ennemie. On est peut-être pas si différente que ce que tu crois. Tu es une personne forte, je respecte cela. Si jamais, tu veux un jour discuter... » Je laisse ma phrase en suspend songeant que notre discussion est bel et bien terminée. Je ne veux pas poursuivre dans cette voix de haine. Je chasse doucement les larmes de mes joues alors que je suis un peu tremblante. Je dois trouver Xander, j'ai besoin de le voir. J'ai besoin de m'assurer que tout ira bien pour lui alors que la peur palpite encore au plus profond de moi. Je dois prendre le temps de me calmer, de laisser retomber tout cela alors que je me sens à plat. Je me demande si elle et moi pourrons un jour nous entendre.