Oh simple thing where have you gone? I'm getting old and I need something to rely on. So tell me when you're gonna let me in, I'm getting tired and I need somewhere to begin. And if you have a minute why don't we go talk about it somewhere only we know? This could be the end of everything, so why don't we go somewhere only we know?
Kamen se tourne les pouces. Il est dans une cage qui l’enferme. Une cage qui l’empêche d’être près de Lou. Une cage qui le bloque et l’éloigne de ses espoirs, de la mission qu’il s’est donné. En quelques heures, en quelques minutes, tout a basculé. Lui qui pensait recommencer une année sur de bonnes bases, il s’est totalement trompé. On ne tire pas assez leçon de ses erreurs. Il aurait aimé avoir le temps de dire au revoir à Lou, de saluer Willa, de tenir la main de son frère. Mais il n’a pas pu. On les a enfermés comme des animaux, sans leur laisser le temps de comprendre ce qu’ils leur arrivaient. Lui, il se doutait de tout ça, de cette épidémie. Mais Yassen, Andreï, ils n’en savaient rien. Il s’est caché tout l’été, œuvrant avec Zirwya pour trouver un remède. Pour une fois qu’il n’essayait pas de s’empoisonner. Pour une fois qu’il voulait faire quelque chose de bien. Kamen ne veut pas voir la vérité en face. Jusqu’à maintenant, il savait qu’il perdait ses pouvoirs, mais désormais il sait qu’il pourrait ne jamais les retrouver. Si on les enferme en quarantaine, c’est sûrement pour ça. Parce que le mal est incurable. Alors faut-il abandonner ?
Kamen n’arrive pas à oublier le regard d’Ilia quand elle les a emmené lui et les autres infectés. Il n’arrive pas à effacer la phrase que Yassen lui a lancée au visage. « Traîtresse ». Elle les avait trahis. Elle n’avait pas essayé de les sauver. Depuis tout ce temps, elle savait, et elle ne lui avait rien dit. Elle ne leur avait rien dit, alors qu’ils sont son sang, sa chair. Zirwya a été beaucoup plus proche de lui, plus que Ilia ne l’a été durant cette année. Alors il essaie de relever la tête. Il croise le regard de la médicomage. Il imagine comme elle doit se sentir mal, comme elle doit être détruite. Elle ne peut rien faire, elle ne peut plus aider les malades. Toutes leur recherches sont vaines. Faut-il abandonner ? Faut-il oublier ?
Kamen ignore combien de temps ils resteront là. Pour l’instant, les visites sont rares, espacées. Les gens ne savent pas comment réagir. Il n’en veut pas à Lou de ne pas être venu. Il n’en veut pas à Oxana non plus, il sait qu’elle serait capable de tout pour les libérer. Mais ils sont impuissants face au Directeur, face au Ministère, face à la maladie. Qu’est-ce qui les attend ? Qu’est-ce qu’ils vont devenir ? Kamen dépose sa tête entre ses mains. Il pense à sa mère. Il veut la voir, la toucher, l’entendre. Il veut la voir une dernière fois. Mais quand il ouvre les yeux, ce n’est pas une femme qui se trouve derrière les portes du cachot. C’est un homme. Le dernier que Kamen pensait voir. L'inconnu le regarde, l’observe. Il a l’air d’un scientifique qui étudie un insecte. Il a l’air de jubiler de le voir là, enfermé, faible. Kamen ne veut pas se lever, il reste assis contre son lit. Si il est là pour lui, Kamen refuse de le rencontrer, de lui parler. Pourquoi viendrait-il le voir ? Kamen est bien heureux de ne pas pouvoir l’entendre. Mais, poussé par la curiosité, et par l’ennui, il finit par se lever et se dirige vers la porte. Il s’arrête devant la vitre, regarde le visiteur. Il finit par prendre le téléphone, et fait signe à son semblable de l’imiter. « Je t’écoute. » Il n’a que ça à faire après tout.