Je n'avais encore jamais mis les pieds dans cette partie du château, et pourtant j'avais visité pas mal de recoins du temps où j'y étais élève. Je savais que j'étais au bon endroit, car le visage du dit plaignant me fixait sur une étagère parmi les autres photographies présentes. J'avais pris l'un des passages que je connaissais pour entrer discrètement. Je m'étais arrangée pour le faire pendant le dîner ainsi techniquement je n'aurais à croiser personne. Les lieux étaient cependant remplis d'aurors et je crus ne jamais y parvenir sans me faire remarquer. Mes années d'escapades et d'exploration du château lorsque j'étais adolescente m'avaient cependant aidée à me faufiler en douce. J'aurais pu m'épargner tout ce cirque me direz-vous. Il suffisait d'attendre qu'il passe à Pré-au-Lard, il y allait souvent. Sauf qu'il fallait que ça tombe le bon soir, c'est-à-dire celui où ma super patronne m'aurait accordé un congé. Il fallait qu'il passe devant l'arbre où j'aurais choisi de me percher ou devant la ruelle où je serais planquée. Bon... Je n'étais clairement pas connue pour être patiente et franchement je n'avais pas que ça à faire que d'attendre que tout se présente comme je le souhaitais ? Je serais vieille et ridée avant que toutes les conditions soient réunies. Envoyer un hibou ? Ça ne va pas, vous voulez qu'il m'envoie un escadron d'aurors ou quoi ? Non, non, se faufiler jusqu'aux appartements de l'enseignant me semblait tout aussi efficace.
Un œil sur la pendule, l'éclat de la lune l'éclairait. Encore combien de temps avant que le dîner ne soit terminé ? Je m'installai négligemment en travers de l'un des fauteuils de la pièce et feuilletai un petit calepin. Je repensais à ce qui m'avait amenée jusque là.
Ça remontait à un petit moment déjà. Mon ancienne victime était un habitué des trois balais, vous savez mon travail officiel ? Bon bien sûr, je n'avais pas fait le lien tout de suite. Je ne mémorise pas vraiment le visage des gens que je détrousse. Je me souviens des lieux, des objets, de la manière dont je m'y suis prise, à qui j'ai revendu éventuellement, mais les victimes pas toujours. Alors quand le client a parlé de sa sculpture autrefois dérobée par mes soins, j'ai bien failli en lâcher la bouteille que je tenais. Je ne m'attendais jamais à recroiser mes proies, mais dans ces cas-là, la maxime « le monde est petit » prenait tout son sens. Bref j'étais restée discrète et j'avais prêté l'oreille comme j'en avais l'habitude dans ce genre de situation. Le bel homme n'avait pas tari d'éloges à mon sujet... Ahem, s'il avait su que j'étais à deux mètres de lui à ce moment, je n'aurais pas donné cher de ma peau...
Pour son œuvre, j'avais été payée pour la voler. Je me souvenais donc très bien où elle avait fini. J'avais chassé ce souvenir tentant de me concentrer à nouveau sur la préparation que j'étais en train de réaliser. Mais le Slovène n'avait pas terminé de se plaindre et j'avais fini par prendre pitié vu l'attachement qu'il y faisait. Bon sang, Maggie tu te ramollissais... Bon soit... Le client de l'époque n'était pas tendre et le paiement n'avait pas été à la hauteur de mes attentes.
Alors à mes heures perdues, j'avais commencé à établir un plan d'attaque pour récupérer la sculpture. Sauf que j'étais bien consciente, cette fois que je n'en retirerai aucun paiement en échange. Oh ça va dites ! Je n'étais pas cupide et fourbe à ce point. J'allais donc aller la lui récupérer sa statue, mais à une condition. Il allait être mon partenaire de cambriolage. Oui je trouvais l'idée très amusante... J'avais eu peu d'associés dans ma carrière, car dans ce milieu, personne n'est jamais animé de bonnes intentions et beaucoup sont prêts à vous planter un couteau dans le dos à la moindre occasion.
Un bruit de pas. J'esquissai un sourire. Je l'attendais plongée dans le noir, je n'allais quand même pas rameuter tout le secteur en allumant la lumière... Je réajustai mon masque et m'étirai comme un chat, enfin je fixai la porte d'entrée qui s'ouvrit sur le sorcier.
- Bonsoir, dis-je une fois qu'il fut entré et que la lumière eut révélé ma présence, je vous attendais.
Bon là j'espérais juste qu'il n'allait pas réagir stupidement. Il était rancunier, vous pensez ?
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Sam 7 Avr - 20:21
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La soirée s'annonçait calme. Pas la moindre copie d'élève à corriger. Pas le moindre cours du soir à assurer. Pas de long repas entre collègues, pas de blagues à deux balles provenant de Tamara. Au moment où je posais ma main sur la poignée, j'avais néanmoins le souvenir de cette soirée très peu amusante à l'esprit. A peine la porte fut-elle ouverte que je balançai mon attaché-case sur le fauteuil le plus proche, me dirigeai machinalement vers une chandelle pour l'allumer, baguette pointée. Un lumos s'occupa de l'affaire. Un sursaut, un cri nerveux et la salutation de la demoiselle qui se tenait dans mes appartements m'arrêta net. Une voix et un corps de femme que je ne connaissais pas. Pourtant, son masque m'indiquait à lui seul tout de son identité, bien que je n'avais jamais eu à affaire à elle, Birdy était de ces sorciers tristement célèbres. Tristement, parce qu'il n'y avait rien de louable dans ses actes, même si on devait avouer qu'elle avait un certain talent, la voleuse. Je me rappelais encore cette sculpture qu'elle m'avait dérobée il y a quelques années. L'une de celles qui avaient d'ailleurs le plus de valeur à mes yeux, non pas en heures de travail, mais en sentiments. Nous l'avions laissée sur le buffet de notre cuisine, elle faisait partie de notre collection personnelle, incapables que nous étions à la vendre. Il y avait, dans ces colombes entremêlées, un peu de nous : d'Andreja, de moi. Je me plaisais à la contempler, souvent, elle était l'une de nos plus belles oeuvres. Et un matin, elle avait disparu, ne laissant à sa place qu'une signature, la sienne, celle de Birdy. N'importe qui aurait bien pu être à même de la reconnaître, cette trace, elle semblait avoir fait le tour du monde, suivant son auteure partout où elle se rendait, partout où ses crimes étaient perpétués. Elle était douée, la fille, et seul un fou aurait pu le nier. Personne n'avait jamais trouvé son identité, il devait bien y avoir une raison à cela, non ? Et voilà qu'elle se trouvait devant moi, dans mes appartements, à Poudlard.
Je n'osais pas demander comment elle avait bien pu pénétrer ici car ç'avait dû être un jeu d'enfant pour la sorcière aux multiples talents, à croire que la sécurité de l'établissement était défaillante mais ça ne m'étonnait pas, avec toute cette magie qui partait à vau-l'eau, toutes les bizarreries que nous subissions, il n'y avait là rien de bien extraordinaire. La question la plus raisonnée que j'aurais bien voulu lui poser c'était pourquoi être ici. Elle semblait attendre, m'attendre, il y avait donc quelque chose dont elle voulait m'entretenir et je me demandais bien quoi. Je n'avais rien à voir avec cette fille là, et j'espérais secrètement qu'elle n'avait pas fait le détour par l'école pour me dérober autre chose. Après tout, il n'y avait rien de valeur dans cette chambre, rien de rien, je n'avais même pas gardé une seule sculpture de nos temps anciens : ça me faisait désormais plus de mal qu'autre chose de les observer. « C'est marrant, j'ai pas le souvenir d'avoir pris un rendez-vous ce soir, de mon côté. » Au contraire, je venais seulement de me réjouir d'avoir enfin une soirée de libre et j'étais bien trop organisé pour avoir laissé passer un rendez-vous. Surtout avec elle, je m'en serais souvenu. Mais dans tous les cas, elle n'avait rien à faire là, ces appartements étaient privés, elle avait décemment violé mon espace personnel et je n'avais qu'une envie, la mettre dehors sans aucune autre forme de procès. « Vous n'avez rien à faire là, sortez avant que je ne prévienne un auror. Je parie qu'ils seraient contents de mettre la main sur vous une bonne fois pour toute, n'est-ce pas ? » Parce qu'il y avait bien longtemps que je n'avais pas entendu parler d'elle dans la gazette, en réalité, j'en étais même venu à oublier son existence. Mais maintenant qu'elle se tenait devant moi, les nombreux articles la concernant refaisaient surface dans ma mémoire. Je doutais que les autorités auraient fini par renoncer à mettre la main sur celle qui avait commis la plupart des plus grands vols de ce siècle. « Y a rien à prendre ici. Du balai ! » Mon ton montait peu à peu. Ma main vint alors chercher son bras pour la lever violemment. L'idée qu'elle vînt s'asseoir sur mes sièges, qu'elle prît place dans mon appartement, qu'elle se sentît à l'aise chez moi, me répugnait au plus haut point.
Un rendez-vous ? Il ne s'imaginait quand même pas que j'étais du genre à tenir un agenda ? L'idée me fit sourire. Lundi, prise de contact avec le client. Mardi, repérage des lieux. Mercredi, négociation du tarif. Jeudi, élaboration de la tactique. Vendredi, achat du matériel manquant. Samedi cambriolage et dimanche repos. Ha ha, non, je plaisante. J'étais douée, mais organiser un cambriolage sur une semaine, ça relevait de l'utopie. Bref je ne tenais pas d'agenda, je prenais contact avec les gens quand ça me chantait et puis surtout je n'étais pas cambrioleuse à plein temps et je devais jongler avec ma vraie vie, mon boulot. Un rendez-vous... Tsss en plus j'étais du genre à ne jamais être à l'heure. Et l'enseignant en face de moi semblait être du genre à cheval sur la ponctualité. Ben c'était un prof quoi...
Si les aurors seraient contents de me mettre la main dessus ? Certes, mais Noël était passé depuis un moment déjà. Hors de question de leur faire ce cadeau.
- C'est fort probable, répondis-je amusée.
Oui bien sûr que j'avais un plan B s'il me collait un auror dans les pattes et non ce n'était pas de passer par la fenêtre. On était au troisième étage tout de même. Birdy c'était un nom de scène, je n'avais pas encore la faculté de voler... Et là, il voulait me mettre dehors ! Ha ça non, je ne m'étais pas donné tout ce mal pour venir jusqu'ici dans le but de me faire éconduire. Il n'y avait rien à prendre ici ? Je sais, j'avais déjà fait le tour avant qu'il n'arrive et puis je ne venais pas pour ça.
Lorsqu'il m’attrapa le bras pour me lever de son fauteuil, je réagis au quart de tour. Pardon, j'avais de bons réflexes, sinon je n'aurais pas survécu jusque là, ni ne me serait échappée de situations désespérées. Je retournai donc sa force contre lui, libérant mon bras d'un vif mouvement de rotation et je le repoussais contre le mur juste à côté ma baguette pointée sur son visage. Ma main gauche le maintenait, plus pour lui faire comprendre de ne pas bouger que pour l'immobiliser. Je ne doutais pas qu'il aurait pu renverser la situation aisément si ma baguette ne le menaçait pas à ce moment même.
- Je ne suis pas là pour vous voler, annonçai-je calmement mon visage proche du sien, j'ai une proposition à vous faire.
Assez plaisanté. Je savais bien qu'il n'allait pas m'accueillir à bras ouverts, mais je n'étais pas venue prendre le thé et je n'avais pas toute la nuit.
- Je vous demande juste de m'écouter jusqu'au bout, libre à vous de l'accepter ou de la refuser ensuite, et si votre choix est de la décliner alors je partirais et vous ne me reverrez plus jamais.
Bien que j'en serais extrêmement déçue. Je n'avais encore jamais travaillé avec un partenaire aussi séduisant... Je le relâchai et abaissai ma baguette.
- Et je n'ai jamais cambriolé Poudlard ou ses occupants... Il fut un temps où c'était ma maison, j'y attache de l'importance.
Encore un de mes principes de cambrioleuse auquel je n'avais encore jamais dérogé. Ça ne me rendait pas plus respectable, mais j'y tenais. Je m'éloignai de lui pensive, il n'allait peut-être pas être facile à convaincre.
- Il y a quelques années je vous ai dérobé une de vos œuvres, commençai-je.
Ce n'était peut-être pas la meilleure façon de commencer, mais je n'en voyais pas d'autres.
- Corrigez-moi si je me trompe, mais peut-être aimeriez-vous la récupérer ?
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Sam 21 Avr - 23:19
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Je n'eus pas le temps de réagir que la demoiselle s'était défendue. Son bras pivota pour se défaire de mon emprise, et c'est elle qui se retourna contre moi, me plaquant contre le mur, baguette sous le nez. Un bel accueil, en somme. J'ignorais pourquoi cette femme tenait tant à ce que je restasse tranquille mais il me semblait qu'elle était prête à tout pour que ce fût le cas. Elle avait visiblement à me parler, et quoi qu'elle eût à me dire, cela n'était sans doute pas du bavardage de routine. Je fus déjà rassuré de savoir qu'elle ne voulait rien me dérober, c'était là ma plus grande crainte, elle m'avait déjà pris suffisamment. Mais une proposition ? Je ne savais pas si ça me rassurait vraiment. Les accords avec des malfrats n'étaient pas ceux qui comportaient le moins de risque, j'en étais persuadé mais ce n'était pas comme si je pouvais refuser d'écouter celui-ci car son auteur semblait bien déterminée à aller jusqu'au bout de son affaire. Après tout qu'étaient quelques minutes de mon temps si ça pouvait m'assurer que Birdy ne reviendrait plus jamais à la charge et disparaitrait définitivement de ma vie ? Je semblai désormais plus disposé à entendre ce qu'elle avait à me dire, compte tenu des règles dont elle venait de me faire part.
La sculpture. Alors, elle n'avait pas oublié. Elle savait exactement qui j'étais, ce qu'elle m'avait dérobé. Sachant le nombre de grands objets qu'elle avait volés, j'étais étonné qu'elle s'en souvînt si bien, il fallait l'avouer. C'était donc pour ça qu'elle était là. Mais je ne comprenais toujours pas où elle voulait en venir. Si elle était là pour remuer le couteau dans la plaie, nul besoin de le faire, j'y parvenais déjà à merveille seul. Ses désirs ne mirent pas plus longtemps pour être dévoilés, cependant, et je découvris enfin de quoi il en retournait. Elle se doutait bien de ma réponse, la voleuse, j'aurais tout donné pour pouvoir récupérer cette oeuvre, il n'y avait là aucun doute. Elle avait pris ma plus belle pièce, mon plus beau souvenir. Je n'avais pour ainsi dire rien conservé de nos travaux, ayant jugé qu'il serait bien futile de se rappeler d'un temps révolu que je ne rattraperai jamais. Pourtant, si l'objet avait encore été en ma possession le jour où j'avais quitté la maison pour la dernière fois, il aurait sûrement été la seule relique que j'aurais conservé auprès de moi, comme on garde la plus infime poussière d'un tas de cendre qui nous est cher.
« Vous faites dans la charité maintenant ? » Il y avait quelque chose que je ne saisissais pas. Etait-elle là pour me narguer, ou pour me proposer de réellement récupérer ce qu'elle m'avait volé il y a des années ? Et si c'était la deuxième solution que je devais garder, qu'en tirerait-elle ? Ça me dépassait. Elle devait bien avoir quelque chose à en retirer, et je me demandais bien quoi. Quoi qu'il en retournât, il y aurait un prix à payer. Un voleur ne rendait pas son butin aussi facilement, surtout après des années. Il était tout de même risible de voir ce moment arriver tout en sachant que j'avais reparlé de cette statuette, pour la première fois depuis un long moment, quelques jours auparavant, aux trois balais. Faisait-elle partie de la clientèle à ce moment-là, se pouvait-il que je connusse le visage qui se cachait derrière ce masque ? « Me dites pas qu'en un tour de passe-passe elle va réapparaître sur ma table de chevet. » C'était bien trop beau. Si tel était son but, j'aurais largement préféré qu'elle déposât l'objet sans même s'annoncer. Il y aurait eu là bien plus de magie et de beauté dans le geste, mais tant de mystère, tant d'attente, tant de surprise ne présageait rien de bon. Finies les blagues, je voulais qu'elle allât droit au but pour que je comprît enfin ce qu'elle manigançait. « Plutôt que de tourner autour du pot, si vous me disiez pourquoi vous êtes venue et quelle est la vraie nature de votre proposition ? » Jusqu'ici, je n'avais entendu que des mots, quelque nostalgie, une question, mais rien qui ne ressemblait à un pacte.
La charité ? C'était qu'il avait de l'humour en plus. Je ne pus m'empêcher de rire à sa remarque. Je n'allais pas m'ennuyer, s'il acceptait de me suivre dans cette escapade. Mais bon charitable... En tant que Birdy ? Non jamais, le job ne collait pas avec ça. C'était un monde impitoyable ou rien ne se faisait gratuitement, au risque de le regretter amèrement. Mais je me rattrapais sans doute en tant que Maggie. Rendre service à mes proches ou mes voisins ? Je le faisais sans problème et je me mettais en quatre pour mon boulot, l'officiel, bien sûr. Alors peut-être que cette offre que je voulais lui proposer, c'était cette partie de moi qui l'avait suggérée à la cambrioleuse que j'étais. Lui faire réapparaître sa statue d'un tour de passe-passe ? À nouveau, un sourire amusé se dessina sur mes lèvres. Je m'appuyai contre un meuble et le fixai en croisant les bras.
- Non, ce n'est pas ce que je vais vous dire. Vous m'attribuez là, des capacités un peu trop exceptionnelles, même pour moi.
Si je m'amusais de la situation ? Oui, évidemment. Ce n'était pas parce que je faisais affaire, que je ne pouvais pas badiner en même temps. Et voilà qu'il me pressait maintenant...
- Roh la la, vous n'êtes pas du genre patient, vous... Bien, bien... Il se trouve que je sais où se trouve votre statue actuellement et non désolée, ce n'est pas dans mon salon. Ne le prenez pas mal, elle était très chouette, mais ce n'est pas mon style...
Pour ainsi dire, mon salon était cosy, mais la décoration c'était le cadet de mes soucis. Et puis si j'avais gardé tout ce que j'avais dérobé depuis le début, il n'y aurait plus de place pour y mettre mon canapé. Qu'est-ce que vous croyez ? C'est petit chez moi...
- C'est un collectionneur qui la détient, et il se trouve que par le plus grand des hasards, il entrepose ses trésors dans une propriété qu'il possède sur Pré-au-Lard. Ma proposition est on ne peut plus simple, je vous propose d'aller récupérer votre bien.
Bon jusque là à priori, il n'avait pas dû avoir trop de mal à me suivre. Je crois même qu'il avait plus ou moins compris où je voulais en venir. Peut-être avais-je éveillé sa curiosité ? C'est ce qu'on allait voir, car la suite risquait peut-être de moins lui plaire.
- Je n'ai qu'une condition, une seule et je vous jure de ne rien exiger d'autre que cette seule condition.
Que valait ma parole de voleuse ? Beaucoup ! Je l'avais déjà dit, j'étais une cambrioleuse un peu particulière et j'avais pas mal de principes que je m'engageais à tenir. Mes promesses en faisaient partie.
- Soyez mon partenaire pour cette fois.
C'était assez clair, il me semblait. Si c'était une lubie ? Sans aucun doute, on trouvait de l'amusement comme on pouvait.
- Je vous laisse quelques minutes pour prendre votre décision. Soit vous acceptez ma proposition dans son entièreté, et je précise que rien n'est négociable. Soit vous refusez et vous ne me reverrez plus... Bon après, il vous faudra vivre avec l'idée que votre œuvre se trouve à quelques kilomètres d'ici sur l'étagère d'un type qui ne la mérite pas...
Quoi ? Évidemment que je jouais sur la corde sensible. Mon but c'était de le convaincre, pas de retourner dans mon lit lire le dernier numéro de Sorcière Hebdo que j'avais piqué à ma voisine. Ça faisait un petit moment que je n'avais pas eu ma dose d'adrénaline. Bien qu'à priori, la mission de cette nuit devrait être une promenade de santé...
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La soirée s'annonçait calme. Pas la moindre copie d'élève à corriger. Pas le moindre cours du soir à assurer. Pas de long repas entre collègues, pas de blagues à deux balles provenant de Tamara. Au moment où je posais ma main sur la poignée, j'avais néanmoins le souvenir de cette soirée très peu amusante à l'esprit. A peine la porte fut-elle ouverte que je balançai mon attaché-case sur le fauteuil le plus proche, me dirigeai machinalement vers une chandelle pour l'allumer, baguette pointée. Un lumos s'occupa de l'affaire. Un sursaut, un cri nerveux et la salutation de la demoiselle qui se tenait dans mes appartements m'arrêta net. Une voix et un corps de femme que je ne connaissais pas. Pourtant, son masque m'indiquait à lui seul tout de son identité, bien que je n'avais jamais eu à affaire à elle, Birdy était de ces sorciers tristement célèbres. Tristement, parce qu'il n'y avait rien de louable dans ses actes, même si on devait avouer qu'elle avait un certain talent, la voleuse. Je me rappelais encore cette sculpture qu'elle m'avait dérobée il y a quelques années. L'une de celles qui avaient d'ailleurs le plus de valeur à mes yeux, non pas en heures de travail, mais en sentiments. Nous l'avions laissée sur le buffet de notre cuisine, elle faisait partie de notre collection personnelle, incapables que nous étions à la vendre. Il y avait, dans ces colombes entremêlées, un peu de nous : d'Andreja, de moi. Je me plaisais à la contempler, souvent, elle était l'une de nos plus belles oeuvres. Et un matin, elle avait disparu, ne laissant à sa place qu'une signature, la sienne, celle de Birdy. N'importe qui aurait bien pu être à même de la reconnaître, cette trace, elle semblait avoir fait le tour du monde, suivant son auteure partout où elle se rendait, partout où ses crimes étaient perpétués. Elle était douée, la fille, et seul un fou aurait pu le nier. Personne n'avait jamais trouvé son identité, il devait bien y avoir une raison à cela, non ? Et voilà qu'elle se trouvait devant moi, dans mes appartements, à Poudlard.