Save me, for once ☾ Hortense & Zoya

Ce matin-là, Hortense n’avait pas pu aller rendre visite à Zoya comme elle l’aurait voulu. Aujourd’hui, les cours avaient repris pour les élèves du château. Une nouvelle année scolaire commençait. C’était la deuxième rentrée d’Hortense dans cette école de sorcellerie, et encore une fois, le banquet avait donné lieu à des évènements pour le moins inattendus. Il y avait à Poudlard une épidémie magique et certains élèves et membres du personnel avaient été mis en quarantaine, dont Zoya. Hortense avait été choquée en entendant le nom de la lycanthrope. A la prochaine pleine lune, la Serpentard se transformerait, qu’elle soit toujours enfermée ou non. Elle ne pourrait pas lutter contre sa nature et si elle n’avait pas sa potion tue-loup, elle risquait de blesser, voire de tuer, les autres malades. La Poufsouffle avait regardé les aurors lui prendre Zoya avec beaucoup d’angoisse et de peine. C’était une rentrée qu’elle n’oublierait jamais. Les jours suivants, Hortense avait tenté de se renseigner sur les visites et sur les objets autorisés. Il fallait qu’elle trouve un moyen pour faire parvenir la potion à Zoya. Elle avait compris que les lettres étaient ouvertes et lues. C’est alors qu’elle fut surprise de recevoir une lettre de la part de son amie en ce dimanche soir. Zoya n’y disait rien d’alarmant, mais Hortense comprenait qu’elle comptait sur elle. La Poufsouffle passa la journée à penser à son amie dans les cachots au lieu de se concentrer sur ses cours, les premiers de l’année. Hortense était une jeune fille discrète et travailleuse, personne ne la dérangea dans ses réflexions. Elle se creuse la tête pour trouver une solution. La prochaine pleine lune était dans moins de dix jours, le 13 septembre. Il fallait à tout prix que Zoya l’ait avant si elle ne pouvait pas sortir. A la fin de la journée, elle n’était malheureusement pas encore tombée sur la solution idéale. Elle ne savait pas où placer la potion pour qu’elle ne soit pas détectée et enlevée par les aurors, qui étaient loin de s’imaginer à quoi elle pourrait servir s’ils n’identifiaient pas la potion. Hortense voulait que Zoya soit fier d’elle, alors elle s’en voulait terriblement de ne pas avoir eu tout de suite la bonne idée. Elle finirait par trouver, elle le savait, mais les délais étaient courts et il lui fallait encore un peu de temps. A la fin de sa journée de cours, elle n’avait pas encore la solution. Elle allait devoir affronter Zoya et le lui avouer. Mais la Poufsouffle ne comptait pas s’arrêter à une visite. Elle ferait tout pour la voir aussi souvent qu’elle le souhaitait et pour lui apporter toute l’aide nécessaire.

A l’heure des visites, Hortense prit la direction des cachots réservés à la quarantaine. Elle était très stressée sans trop savoir pourquoi. Zoya était une fille qu’elle appréciait beaucoup, mais parfois, la lycanthrope la rendait un peu nerveuse. Quand elle arriva face au cachot où se trouvait Zoya et que la Poufsouffle vit son amie derrière une vitre, elle eut un gros pincement au cœur, comme le soir où elle avait été emmenée vers cette même prison. Hortense prit le téléphone, ses mains tremblaient légèrement. Elle n’aimait vraiment pas cette atmosphère et avait beaucoup de peine pour Zoya, qui devait la supporter chaque jour depuis la rentrée et probablement encore pendant un moment. Elle avait presque les larmes aux yeux. « Tu ne peux même pas t'imaginer à quel point je suis heureuse que tu sois là. J'ai besoin de toi… » Lui dit Zoya tout en lui laissant sous-entendre ce qu’Hortense savait déjà. Cette fois, quelques larmes perlèrent sur ses joues. Hortense posa sa main sur la vitre. Elle ne savait pas si c’était autorisé, mais comme elle ne pouvait de toute façon pas toucher Zoya, ce ne devait pas être un problème. « Zoya, j’ai tellement mal au cœur… Pourquoi ils t’ont enfermée toi ? T’es malade ? Tu le saurais, si tu l’étais, non ? Tu me l’aurais dit ? Est-ce qu’ils t’ont dit quelque chose ? » A Poudlard, Hortense n’était pas proche de beaucoup de personnes, mais comme Zoya avait été là pour elle dès le début, à cause de sa lycanthropie, elle s’était beaucoup attachée à elle. Peut-être qu’elles passaient un peu moins de temps ensemble depuis quelques mois, mais cela ne voulait pas dire qu’elle était moins attachée à la Serpentard. « Zoya, je… je suis désolée. » Hortense tourna un instant la tête vers l’auror, elle ne pouvait pas parler de la potion, mais Zoya comprendrait ce qu’elle voulait dire. « Je vais trouver une solution, je te le promets… » Hortense ferait tout pour que Zoya puisse soit avoir sa potion, soit être relâchée. Et si la lycanthrope pouvait innocemment lui glisser une idée, elle ne serait pas contre non plus. Il lui restait moins de dix jours pour lui faire parvenir ce dont elle avait besoin. « Avec qui… avec qui tu es enfermée ? » Demanda la Poufsouffle à son amie. La louve en elle était inquiète, ce qui rendait Hortense deux fois plus nerveuse. Elle savait que Zoya tenait beaucoup à son secret, contrairement à elle. Si elle se transformait et qu’elle n’avait pas sa potion, ces personnes étaient en danger. Si elle l’avait, ces personnes finiraient par apprendre qui elle était vraiment, c’était inévitable.

Hortense s’inquiétait pour Zoya. Elle avait peur pour son amie. Elle avait aussi peur pour elle-même. Elle ne savait pas comment ils avaient pu l’enfermer sans savoir ce qu’elle était. Ils ignoraient tout. Ils ne savaient pas à quel point ce qu’ils faisaient pouvait être dangereux. Mais Hortense respectait le choix de Zoya, celui de garder son secret pour elle. Zoya paraissait bien plus calme qu’elle. « Non, je ne sais pas pourquoi ils m'ont enfermé moi. Je ne suis pas malade, je n'ai même pas un foutu symptôme de leur soi-disant épidémie. C'est à cause des stupides tests qu'ils nous ont fait passer l'année dernière... » Hortense était soulagée d’entendre que Zoya n’avait aucun des symptômes de l’épidémie. C’était forcément une erreur et elle sortirait très vite. La Poufsouffle se souvenait des tests qu’ils avaient passé, à peine réveillés. Elle avait dû assez bien s’en sortir puisqu’elle n’était pas de l’autre côté de la vitre avec la Serpentard. Hortense ne se souvenait pas avoir vu la louve ce jour-là, elle était peut-être trop stressée pour y faire attention. Elle s’en voulait de ne pas avoir été à ses côtés. « Ils ont dû voir quelque chose qu'ils auraient pris pour un symptôme... » Ajouta-t-elle, faisant réfléchir Hortense sur ce que cela avait pu être. Ces tests, après les avoir passés, ils les avaient tous plus ou moins oubliés parce qu’on ne leur en avait pas reparlé. Grosse erreur. « Ils m'ont enfermée avec une Serdaigle, Hope Scott… et le prof de Zoomagie, Martell. Je ne les connais pas et je ne leur parle pas. Je ne veux pas leur parler. » Hortense ne les connaissait pas non plus. Elle soutenait son amie, si elle ne voulait pas leur parler, alors qu’elle ne leur parle pas. La Française se mordit la lèvre. Mais même si elle voulait soutenir Zoya jusqu’au bout, il y avait bien un moment où elle devrait leur en parler, surtout si elle devait rester jusqu’à la prochaine pleine lune. Elle ne dit rien parce que Zoya connaissait déjà son point de vue. Elles se retrouvaient dans cette situation pour la première fois, mais la Serpentard savait que la Poufsouffle était inquiète et qu’elle, elle avait moins de mal à dire aux autres ce qu’elle était. C’était Zoya, d’ailleurs, qui lui avait donné cette confiance, à son arrivée. Puis, la situation s’était inversée. Aujourd’hui, Hortense semblait mieux s’accepter que Zoya. « Je ne suis pas malade, mais ils ne veulent pas m'écouter. Il faut que quelqu'un de l'extérieur leur fasse comprendre. » Hortense hocha la tête. Elle essayerait. Elle ne pouvait rien promettre, mais elle allait faire tout son possible pour qu’ils comprennent que c’était une grosse erreur. Seulement, ses mots ne valaient probablement rien en comparaison des tests. « D'ici là... je crois que tu aurais le droit de m'apporter quelque chose pour me changer les idées... certains ont demandé à avoir leur instrument de musique. Tu pourrais me trouver quelque chose ? » Le regard de Zoya la mit sur la piste. Elle voulait qu’elle lui fasse parvenir la potion en la cachant dans un objet, un objet comme un instrument de musique, mais qui pourrait dissimuler la fiole sans qu’elle ne soit détectée lors de l’inspection.

« Je ne dirais pas non à un peu de whisky, mais je doute qu'ils te laisseront me donner ça ! » Hortense en doutait fortement aussi, mais elle esquissa un sourire en même temps que Zoya. La Française ne buvait pas, en général, ou très peu. Elle avait déjà du mal à garder le contrôle de la louve en elle ces derniers temps, même en dehors des périodes de pleine lune. Elle était parfois trop lunatique, trop agressive alors qu’elle était douce en règle générale. Elle faisait tout pour garder l’esprit clair. Elle se demandait si Zoya cherchait à noyer ses problèmes dans l’alcool plutôt que d’y faire face. Peut-être qu’elle s’inquiétait trop, Hortense. Zoya ne voulait peut-être que faire la fête. « En effet… je doute que le whisky passe, mais il rendrait sûrement heureux l’auror qui récupèrerait la bouteille. » Répondit Hortense à voix basse pour que seule Zoya puisse l’entendre à travers le téléphone. Elle se doutait qu’ils n’apprécieraient que moyennement cette remarque s’ils venaient à l’entendre. « Je vais voir ce que je peux faire pour toi… pour te changer les idées. En attendant, tiens bon. C’est forcément une erreur. Je vais le signaler… Ils vont refaire des tests et ils le verront bien. J’espère. » S’ils mettaient autant de temps à vérifier les tests que la dernière fois, elle n’était pas prête de sortir de là. Mais cette fois, ils avaient beaucoup moins d’échantillons à analyser, de questions à corriger, de données à examiner. Elle avait un tout petit espoir. « Si jamais la situation s’éternise… tu devrais prévenir le professeur et l’autre fille… Je sais que tu ne veux vraiment pas en parler, mais… même avec… ils le verront. N’attends pas qu’ils aient la surprise… qui sait comment ils pourraient réagir… Et les aurors… Je ne veux pas qu’il t’arrive du mal… » Hortense s’inquiétait plus pour Zoya que pour ceux avec qui elle partageait la cellule. Au moins, ils n’avaient pas leurs baguettes pour la blesser. « Tu feras attention à toi ? » Elle attendait une promesse. Avec l’agitation autour d’eux, personne ne faisait vraiment attention à ce que les visiteurs et les patients se disaient. « Tu veux que je fasse quelque chose d’autre pour toi ? Tu veux que j’aille voir quelqu’un de ta part ? » La Poufsouffle était à l’extérieur, elle pouvait aider Zoya d’autres façons aussi, il n’y avait pas que la potion. Elle savait déjà que c’était une priorité, mais la Serpentard avait tellement fait pour elle qu’elle tenait à l’aider à son tour.

Apporter du whisky serait probablement impossible pour Hortense, avec les aurors. Si elle avait pu le faire, elle l’aurait fait pour Zoya. Elle ne la jugeait pas. Elle savait qu’elle avait une vie difficile, que parfois l’alcool permettait de tout oublier. Hortense aussi avait parfois recours à des moyens aussi dangereux pour se contrôler, pour se prouver qu’elle existait toujours. Aucun jugement de sa part, mais beaucoup d’inquiétude parce qu’elle tenait à son amie. La Poufsouffle ferait le nécessaire pour que Zoya puisse sortir, pour qu’on se rende compte qu’elle n’était pas malade. Il y avait une erreur, il fallait faire de nouveaux tests, ils comprendraient. « Des tests… c'est tout ce qu'ils savent faire, des tests. Toujours, sans cesse, et sans résultats. » Répondit Zoya à Hortense. Elle n’était pas dans ces cachots depuis très longtemps, mais elle semblait déjà penser qu’ils faisaient trop de tests pour que ce soit honnête. Ces résultats, ils finiraient forcément par tomber. Il ne fallait pas perdre espoir. Il ne leur restait que l’espoir. Hortense ne s’attendait pas à ce qu’ils découvrent ce qu’elle était avec ces tests, après tout, ils ne cherchaient pas la lycanthropie, ils cherchaient des traces de l’épidémie. La jeune Française conseilla à Zoya d’en parler à ses camarades de quarantaine, si la situation ne se résolvait pas. Elle avait peur qu’il arrive malheur à Zoya. Elle avait peur qu’on s’en prenne à elle, que ce soit le professeur Martell, Hope ou les aurors. Hortense vit Zoya ouvrir les yeux, elle en disait un peu trop, on pouvait les écouter, mais c’était nécessaire. Elle parlait avec son cœur, elle avait peur. Elle n’était pas aussi forte que la Serpentard. Et puis, elle était certaine que les aurors avaient déjà beaucoup à faire et qu’ils ne surveillaient pas forcément ce qu’il se disait ici. La sorcière demanda à Zoya de faire attention à elle. Cette dernière hocha la tête pour lui répondre positivement. « Je serai ici très peu de temps, ils vont vite comprendre qu'ils se sont trompés et tout ira bien. Je ne suis pas contagieuse, mais eux le sont peut-être, donc je veux me tenir loin. Je leur parlerai que si c'est nécessaire. » La Poufsouffle avait compris que dans un premier temps, la louve parlait de ceux qui avaient fait l’erreur de la mettre en quarantaine parmi les malades, puis ensuite, elle parlait de ceux qui partageaient sa cellule. Zoya avait raison, peut-être qu’eux, ils étaient réellement malades et qu’ils pouvaient la contaminer. Arriver en quarantaine par erreur, en bonne santé, et en ressortir malade serait vraiment horrible. Les aurors et ceux qui avaient pris cette décision hâtive seraient à blâmer. « Oui, si c’est nécessaire… » Répéta doucement Hortense pour indiquer ce c’était ce qu’elle pensait. A la place de Zoya, Hortense ne savait pas comment elle aurait réagi, ce qu’elle aurait fait. Elle n’était pas à l’abri d’une nouvelle vague d’enfermements, mais elle espérait ne jamais devoir se retrouver dans la même situation que son amie.

La brunette demanda ensuite à Zoya si elle voulait qu’elle fasse autre chose pour elle, si elle voulait qu’elle aille voir quelqu’un de sa part. Elle souhaitait l’aider au mieux pour compenser le fait qu’elle ne puisse pas la faire sortir sur le champ. Elle était certaine qu’aucun élève n’avait ce pouvoir, même pas un préfet. D’ailleurs, un des meilleurs amis du préfet de Poufsouffle était lui aussi enfermé. « Euh, ouais peut-être bien. Je déteste déjà l'idée de te demander ça mais... Tu pourrais aller voir mon cousin, Skye. Je ne sais pas trop s'il va vouloir aider, mais je sais qu'il peut aider. » Hortense hocha doucement la tête tout en échangeant un regard pour être certaine de ce que Zoya voulait lui dire. Elle lui disait qu’il était au courant, n’est-ce pas ? Elle irait prudemment le voir, au cas où. Il devait aussi être inquiet pour elle, au fond. Ils ne s’entendaient pas à merveilles, mais il était de sa famille. Hortense n’avait encore jamais parlé à Skye. Elle se demandait comment il était, elle savait qui il était, mais elle ne connaissait pas ses réactions. Elle ne savait pas réellement quel genre de personne il était. « Bien sûr, je vais aller le voir… Je vais essayer de le convaincre de t’aider... » La Poufsouffle commençait déjà à réfléchir sur la façon dont elle allait aborder Skye. Il était à Gryffondor et ils n’étaient pas dans la même année, cela allait peut-être être un peu compliqué. Mais elle le ferait, elle trouverait un moyen. Peut-être qu’elle tomberait sur lui dans la grande salle, peut-être qu’elle le verrait à la bibliothèque, elle le chercherait, pour Zoya. Et s’il ne voulait pas l’entendre, elle insisterait. Elle ferait de son mieux pour vaincre ses propres peurs, pour Zoya. La Française se mordit la lèvre. Elle était déjà inquiète, elle espérait que Skye soit gentil avec elle, même quand il entendrait ce qu’elle venait lui demander. « Je vais y aller dès que possible. Je t’écrirai pour te dire ce qu’il m’a répondu… » Hortense comptait souvent rendre visite à Zoya et elle lui écrirait dès que possible, pour qu’elle se sente moins seule, pour qu’elle sache qu’elle était toujours soutenue par quelqu’un. « Je crois que je vais te laisser… Je vais faire de mon mieux pour t’apporter très vite les affaires dont tu pourrais avoir besoin. » La Française ne savait plus tellement quoi raconter à présent, surtout si elles étaient vraiment surveillées. Zoya lui avait fait part de ce dont elle avait besoin, il ne lui restait plus qu’à trouver un moyen de lui faire parvenir la potion et si possible de l’alcool ou autre chose qui pourrait lui mettre du baume au cœur. « C’est bête, mais ça me manque que tu sois pas à mes côtés. » Dit Hortense avec un faible sourire. Ce n’était pas comme si Zoya et Hortense traînaient toujours ensemble, ce n’était plus le cas depuis bien longtemps, cela n’avait peut-être même jamais été le cas, mais elle ressentait vraiment un manque de ne pas l’avoir avec elle de l’autre côté de la vitre.