The heart is an arrow. It demands aim to land true. (OS de Noël)

Helge,

Il neige sûrement à Poudlard, en tout cas, à la même époque de l’année, à Durmstrang, le château a déjà revêtu depuis longtemps son manteau d’hiver. Le blanc inonde les paysages, les plaines, les lacs gelés. Je me souviens encore quand j’y étais élève. J’ai l’impression qu’il s’est écoulé une éternité depuis que j’ai quitté l’école… et la maison. Te souviens-tu de moi ? As-tu toujours la réplique miniature du Nimbus 2000 que je t’avais prêté ? Et nos parties de bulles baveuses. J’y pense souvent tu sais. Mais je me dis que même si j’avais voulu faire autrement, l’issue aurait été la même.

Je n’étais pas fait pour cette vie là, pour être un voleur. Moi, les moldus, je les aimais, je ne pouvais pas les piller. Moi je voulais gagner ma vie de façon honnête, avoir une bonne situation. Etre plus riche que le roi de Norvège ne m’intéressait pas. Mais père ne l’a jamais compris. Les Petterson ont ça dans le sang. Alors je n’étais peut-être pas un Petterson. C’est ce que j’ai pensé au début. J’ai cherché une famille, pendant des années. Je n’avais toujours pas compris que j’avais quitté la mienne. Mais je n’aurais pas pu faire autrement. Tu connais ça toi ? Le fait de ne plus être que l’ombre de soi-même, d’être coincé dans une routine qui ne nous correspond pas, qui nous enferme ? J’espère que non, parce que c’est horrible. Je n’étais pas à la hauteur pour me battre, moi je préférais les livres. J’aimais laisser libre court à mon imagination. Je n’étais pas un homme d’action.

Je suis resté dans l’ombre trop longtemps. J’ai fait ma vie. J’ai apprécié les choses que j’ai construit, j’assume mes erreurs, mais il y a une chose que je regrette. Toi. Ne pas t’avoir vu grandir. Ne pas rire avec toi et t’entendre me raconter tes secrets. Je regrette tout cela. Mais je veux me rattraper.

J’ai su que tu étudiais à Poudlard, car comme tout le monde, j’ai appris pour la fermeture de Durmstrang, les nouvelles vont vite. Tu n’aurais jamais choisi Beauxbâtons. Alors pourquoi j’ai mis tant de temps ? Peut-être parce que j’avais peur. Est-ce que tu veux ouvrir la porte à un fantôme ? Est-ce que tu penses qu’on peut avoir un avenir ? Est-ce que les Petterson ne peuvent pas être qui ils souhaitent être ?

Je ne te souhaite pas un joyeux noël, dans notre famille, ça n’a jamais été une tradition. Ça au moins, je l’ai gardé.

Bien à toi,
Un frère.

Helge roule en boule le parchemin dans sa main. Il ne supporte pas cette écriture bien lisse, avec des pleins et des déliés. Il ne supporte pas le ton si protecteur et aimant que prend l’auteur de cette lettre. Il ne supporte pas cette blague. Un cadeau de noël ? Helge s’est toujours complètement moqué de noël, et cette année ça ne changerait pas. Il jette le parchemin du haut de la volière, espérant que le vent l’emmène loin, très loin. Comment a-t-on pu le duper ainsi ? Qui est coupable de ce canular ? Helge sent la colère monter en lui. Mais malgré tout, dans un coin sombre de son être, son cœur se serre. Et si son frère était vivant ? Depuis toujours, Helge a fait une croix sur cet être qui aurait du être son modèle et qui n’a été que déception et trahison pour sa famille. Mais, Helge mentirait si il disait qu’il ne pensait jamais à lui, qu’il l’avait oublié. Les liens du sang sont indélébiles. Alors avec le temps, ils se fragilisent, mais quand les vieilles blessures remontent à la surface… Helge descend doucement les escaliers gelés de la volière. Il faut retourner au château et ne plus penser à cette idiotie. Noël serait encore une fois bien terne cette année. Quand il le fêtait à Durmstrang, une grande fête était organisée par les jumeaux dans les catacombes du château. Parfois il rentrait chez lui, mais ce n’était pas un sapin ni un bon repas qui l’attendait, c’était plutôt un coup de voleur, un plan de brigand. Parfois, ça lui manque. Mais il avait réussi à surmonter cette époque l’an passé, grâce à Yassen. Mais cette année, son comparse était emprisonné…. Et lui aussi, d’une certaine façon. Pris aux pièges de ses démons. Arrivé en bas des escaliers, son pied cogna contre un objet léger. La boule chiffonnée de parchemin. La lettre. Helge poursuivit son chemin, il n’en avait rien à faire. Le voleur passerait son noël à boire, à remplacer Yassen et ses vices, à oublier. Qu’est-ce qu’il avait pu être con ! Pourquoi avait-il modifié les souvenirs de son meilleur ami ? Si il n’avait rien fait… Helge secoua la tête. Il s’arrêta et revint en arrière. Personne ne vit qu’il venait de ramasser une lettre déchirée, abimée. Personne ne vit qu’il la glissa dans sa poche. Personne ne sut qu’il avait au fond de lui, une dernière lueur d’espoir. La magie de noël.