« L'enfant est turbulent, égoïste, sans douceur et sans patience ; et il ne peut même pas, comme le pur animal, comme le chien et le chat, servir de confident aux douleurs solitaires. » - C. Beaudelaire
Une semaine. Une semaine qu'il est là. Une semaine qu'il se bat, pour sortir d'ici, avec une volonté telle qu'il s'est blessé à maintes reprises. Il va devenir fou. Il va finir en isolement, si les choses continuent ainsi. S'il ne se contrôle pas. En vérité, il a perdu le contrôle comme jamais il en l'a perdu. En même temps, jamais on ne l'a enfermé contre son gré, jamais on a sous-entendu qu'il était malade, jamais on lui a retiré sa baguette pour lui interdire de l'utiliser, jamais on ne l'a forcé à vivre cette vie là. Il se sent mal. Les journées sont longues, son corps ne suit plus. Peut-être qu'il malade, oui. Dans sa tête, surtout. Il ne dort quasiment plus, bien que fatigué par ses tentatives inutiles pour sortir, bien que fatigué par toutes ces pensées qui se ramènent dans son esprit. Le métamorphomage se voit changé par sa mise en quarantaine, changé parce qu'il se rend compte d'à quel point il est vulnérable. Il a juste fallu qu'on l'enferme pour que tout change. C'était donc ça ce qu'à ressenti Sabal en étant enfermé ? C'est la pire chose qui pouvait lui arriver, en fin de compte. C'est comme une mort lente et douce. Il est fatigué de se révolter. Il est fatigué de foncer sur ces murs en verre, croyant qu'il aurait la force nécessaire pour les briser. Il est fatigué d'espérer pour rien. Zephÿr sait très bien qu'il n'arrange personne en se comportant ainsi, mais il ne sait plus comment agir. Il est tombé de haut, en pensant qu'il serait capable de se libérer, et de retrouver sa liberté volée contre son gré. En se réveillant, Zephÿr ne se sentait plus apte à montrer ne serait-ce qu'une once de révolte. Il a trop donné de lui cette semaine. Suivre tous ces tests, ces horaires, suivre les règles est compliqué dans cet état. Combien de temps va-t-il réussir à tenir ici ? Il l'ignore. Il espère sortir le plus tôt possible, s'il sort un jour.
Zephÿr s'est donc réveillé presque soudainement, les yeux écarquillés. A force de ne pas dormir, sa tête est douloureuse, ses yeux aussi. Il frisonne, il a froid. Toujours couché, il s'enroule un peu plus encore dans la couverture, tout en fixant le plafond. Il pense, il pense au fait qu'il ne peut plus avoir un oeil sur ce gosse, qu'il ne peut plus parler à personne, que finalement, ce n'était pas si mal sa vie de garde-chasse. Il ignore qui va bien s'occuper de ses tâches. Il n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit, il a laissé ses clefs aux Aurors et il a été enfermé. Il fait encore bien sombre, il doit être affreusement tôt. Évidemment, les jours où veiller tard est autorisé, il ne le fait pas. Il se redresse, avec difficulté. Il ne s'est pas vraiment ménagé ces derniers temps, il a mal au dos. La couverture toujours autour de lui, il se colle au mur et rapproche ses jambes de lui, pour se réchauffer. Le garde-chasse lance un regard vers Keir, encore endormi. Égoïste comme il est, Zephÿr ne lui a pas prêté attention, n'a pas pensé une seconde au Poufsouffle qui partage ce cachot avec lui. Il a fait du bruit, beaucoup de bruit. Il a été con. Il se dit qu'à l'âge de Keir, les choses aurait été pires pour lui si on l'avait foutu là. Seul, sans personne, sans but, sans avenir. Il se demande bien comment celui qui partage son cachot voit les choses. Il soupire, puis regarde cette porte, cette seule porte qui l'empêche de s'enfuir loin, très loin. Sa place n'est pas ici.
Zephÿr ne sait pas combien de temps il est resté là, comme un con, à fixer l'entrée du cachot comme un demeuré. Il a à peine senti Keir s'approcher, s'installer près de lui. Ce n'est que quand il a posé sa tête sur son épaule qu'il a remarqué sa présence. Il ne bouge pas, il le laisse faire. Il n'a pas envie de le brusquer. Il sent qu'il a du mal, lui aussi. Mais contrairement au Poufsouffle, Zephÿr s'est donné le droit de crier, de frapper les murs, de foncer dedans, de se plaindre. Lui, il ne l'a pas entendu. Il se plie aux règles, il fait ce qu'on lui demande. Il faut toujours que le garde-chasse complique les choses. Laissant la tête de Keir sur son épaule, il soupire doucement. « Ca va aller... » Il n'est pas doué pour réconforter les gens, même en faisant le plus d'efforts possible. « Ils vont... Ils vont bien finir par nous laisser sortir d'ici... » Il l'espère au fond. Le fil des jours avait beau avoir anéanti ses espérances au fur et à mesure, il ne peut pas lui montrer. Déjà, pour qu'ils sortent, il faudrait qu'ils ne soient pas malades. Il n'en sait rien pour Keir. Pour lui... Il a bien remarqué quelques changements ces derniers temps. Ces tâches étranges qui sont apparues, notamment. Est-ce un signe ? Ses cheveux semblent devenir fou, mélangeant les couleurs. Tout est étrange. Il a peur, Zephÿr.
(c) DΛNDELION
Keir D. Lowe
Consumed by the shadows
Maison/Métier : 1e année GISIS zoomagie en redoublement Célébrité : PJ Liguori Pseudo : Zire Âge : 30 Parchemins : 866 Gallions : 197 Date d'inscription : 01/05/2017
« L'enfant est turbulent, égoïste, sans douceur et sans patience ; et il ne peut même pas, comme le pur animal, comme le chien et le chat, servir de confident aux douleurs solitaires. » - C. Beaudelaire
Le temps passe à une lenteur qui rend Zephÿr dingue. Il a beaucoup de mal à s'imaginer rester encore longtemps ici. Qu'on le sorte de là, par pitié. Il sait très bien qu'il peut implorer autant qu'il veut, il ne sortira pas tant qu'ils ne l'auront pas décidé. La fatigue le tue, tout comme ce sentiment d'impuissance qui lui prend aux tripes. Il a cette impression horrible que les choses ne vont pas aller en s'arrangeant, mais pourtant, il a dit à Keir que les choses allaient bien se passer. Il lui a dit qu'ils vont sûrement les laisser sortir. Il n'y croit pas lui-même, alors pourquoi ment-il ? Sûrement pour faire passer les choses autrement, pour laisser cette lueur d'espoir. Il est complètement paumé. Comment en est-il arrivé là, exactement ? Lui qui a passé tant de temps à ignorer cette épidémie, en se pensant intouchable, le voilà qu'il est suspecté d'être atteint. Il le vit franchement mal, au fond. Le silence dans le cachot le pèse un peu. Il aimerait dire les choses, parler, mais il n'y arrive pas, pas comme il voudrait. Cette situation le dépasse complètement. Il lance un regard à Keir, qui ne dit rien. Déjà qu'il n'arrive pas à gérer lui-même, il ne sait pas quoi faire pour le Poufsouffle. Zephÿr voit bien que ça ne va pas. Ils ont beau ne pas passer les tests ensemble, il lui arrive de jeter un coup d'oeil vers lui lors des repas, et il ne mange pas plus que lui. Vu comment ils sont, ils ne vont pas tenir bien longtemps à vivre comme ça. « Qu'est-ce qui va nous arriver, à votre avis ? Ces examens, qu'on passe, est-ce qu'on va les passer en boucle, les mêmes toutes les semaines, jusqu'à ce qu'ils décident que ça leur suffit ? » Le métamorphomage soupire, lassé de se poser des questions, les mêmes que Keir, et de ne pas avoir de réponses. Il aimerait répondre que tout irait bien, une seconde fois, mais il ne peut plus continuer à lui mentir, et à se mentir à lui-même. Alors il pense, sans savoir ce qu'il est censé répondre. « J'aimerais... J'aimerais pouvoir aller m'asseoir dehors. Même maintenant. Je sais que je n'aurais de toute façon pas le droit, pas à cette heure, mais j'aimerais... » Zephÿr lui lance un regard, presque peiné. Il aimerait, lui aussi, sentir l'air frais sur son visage, comme tous les jours. Limite, il préférerai avoir une montagne de travail plutôt que d'être là à attendre que le temps passe et que le verdict tombe. Il aimerait retrouver sa cabane, ses affaires, son violon. Depuis qu'il travaille ici, il n'a pas vraiment eu le temps de jouer. Il peut passer un mois sans jouer, mais là, ça lui manque vraiment. Ça le calme. Il entend Keir renifler, légèrement, et espère qu'il n'est pas entrain de pleurer parce qu'il n'arrivera pas à le consoler comme il le voudrait. « Quand on sortira, j'irai vous chercher... Je ne sais pas... Un gâteau, à Pré-au-Lard. On fêtera ça ensemble. Ou chacun tout seul, comme vous préférez. Je ne veux pas... Je ne veux pas m'imposer. » Le garde-chasse lâche un vieux sourire, discret. Il n'arrive plus à s'imaginer sortir d'ici. Habituellement, il déclinerai l'offre sans hésiter. Là, il se contente d'hocher la tête positivement, ignorant bien ce qu'il allait devenir si on le laisse sortir un jour. « Qu'est-ce que vous ferez, une fois dehors ? » Il n'a aucune réponse à ces questions, et cela le désole fortement.
Zephÿr se redresse doucement, histoire de ne pas brusquer Keir. C'est dans ce genre de moments où il se rend compte qu'il n'est pas seul, et qu'il ne peut pas agir comme un égoïste, ce qu'il fait depuis le début. Il s'éloigne un peu, le regarde un peu plus attentivement et soupire de nouveau, désemparé. « J'espère qu'ils vont en être très vite lassés, de leurs tests. Je pense pas pouvoir continuer à ingurgiter leurs potions encore longtemps, c'est elles qui vont me rendre malade à force. » Deux ou trois fois, il avait fini par vomir les potions qu'on leur donnait, et cela n'aide pas à lui donner envie de manger quoi que ce soit. « Je ne peux pas te dire combien de temps encore cela va durer... Le moins de temps possible, je l'espère. » Il s'enroule un peu plus dans sa couverture. « Je note ta proposition dans un coin de ma tête, j'oublierai pas. » Il oubliera sans doute, s'il sort d'ici, mais il tente d'apprécier le geste au maximum. Keir n'a jamais été un problème pour lui et il s'était surpris à l'apprécier un minimum. « Qu'est-ce que je ferais, une fois dehors... » Il réfléchit, histoire d'avoir une réponse à donner. Il lance un regard vers la porte. Il ignore quelle heure il peut bien être mais les Aurors s'agitent. « Hm... Je resterai un petit moment enfermé chez moi, à jouer du Beethoven. » Réponse improbable, mais c'est la seule qui ne débouche presque pas sur un isolement complet. Finalement, jouer du violon lui manque plus que prévu. Il ignore comment il va vivre les choses en sortant de la quarantaine. « Et toi, alors ? Tu comptes faire quoi en sortant d'ici ? En retournant en cours ? » Zephÿr tente de s'intéresser un minimum, histoire qu'ils ne restent pas tous deux muets, à broyer du noir. Au fond, il broie toujours du noir depuis qu'il est ici. C'est son caractère initial, celui du Zephÿr perdu, meurtri, qui prend le dessus dans ces moments là où rien ne va. Alors, il tente de se rattacher au peu de lumière qu'il reste. Est-ce qu'on l'attendra, dehors ?
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Keir D. Lowe
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Maison/Métier : 1e année GISIS zoomagie en redoublement Célébrité : PJ Liguori Pseudo : Zire Âge : 30 Parchemins : 866 Gallions : 197 Date d'inscription : 01/05/2017
« L'enfant est turbulent, égoïste, sans douceur et sans patience ; et il ne peut même pas, comme le pur animal, comme le chien et le chat, servir de confident aux douleurs solitaires. » - C. Beaudelaire
Il a envie de jouer. De prendre son violon, de s'asseoir, et de jouer chaque note qui lui vient à l'esprit. S'apaiser, se calmer, de la meilleure manière possible. Jouer pour échapper à ce quotidien morose, à ce quotidien qui le rend malade. Il ne peut pas. Son violon est resté dans sa cabane, avec toutes ses affaires. Pourtant, c'est la seule chose qu'il aurait voulu avoir avec lui, s'il avait eu le choix, s'il avait pu récupérer des choses avant qu'on l'enferme ici. Il aurait pu demander à Sabal, quand il est venu, mais il croyait encore qu'il allait pouvoir sortir, c'était le cas de ses soucis. Alors là, oui, il en aurait vraiment besoin. D'un côté, il envie Keir d'avoir son instrument avec lui, parce qu'il donnerait n'importe quoi pour avoir des notes en tête plutôt que le brouhaha qu'il a actuellement. « Je ne sais pas trop... J'ai envie de beaucoup de choses, et de rien du tout à la fois.. » Il compatis. En dehors de jouer du violon pendant des heures et des heures, il n'a aucune idée de ce qu'il fera, s'il sort un jour. Il ira voir Sabal, ça c'est sûr et certain. Après, il a d'autres idées, mais elles sont hésitantes. « Je crois que j'aurais tendance à vouloir profiter des dortoirs, profiter de mon lit à moi, mais je doute qu'ils apprécient que je sèche les cours, même si mon professeur est ici avec nous, actuellement... Après tout, s'ils lui ont trouvé un remplaçant, c'est bien pour qu'on puisse continuer à étudier, non ? Je doute avoir un traitement de faveur, même s'ils m'ont gardé ici. » Zephÿr hoche doucement la tête. Il ne peut pas tout comprendre car il n'a jamais été en cours dans une école et les souvenirs qui lui restent en tête de cette période de sa vie sont globalement mauvais. Il espère quand même que Keir, s'il sort d'ici, sera traité correctement. Il doute que les personnes de l'extérieur savent comment se passent les choses ici. « J'aimerais bien aller voir ma famille, aussi... Ils me manquent, mais... On sait, vous comme moi, qu'ils me laisseront jamais faire non plus, pas vrai ? » Le métamorphomage soupire discrètement, regardant le Poufsouffle poser sa tête sur ses genoux. Cela non plus, il ne peut pas le comprendre, enfin pas autant qu'il le voudrait. En dehors de son frère, il ne considère plus personne dans sa famille, et encore pour son frère, rien n'est sûr. Il ne sait pas ce qu'il ressent à ce sujet, il ne sait pas si il lui reste quelqu'un, en fin de compte. Sa mère n'est plus, et il ne veut plus rien savoir de son père. En même temps, il est loin d'arranger les choses avec la seule personne qui est près de lui, actuellement.
Quand il regarde Keir, il a un peu l'impression de se voir quelques années plus tôt. C'est sans doute pour cela qu'il arrive plus à le supporter lui plutôt que d'autres élèves. « J'imagine que je vais... Je ne sais pas... Tenter de retrouver un rythme normal, avec les cours, les repas, les devoirs.. » Zephÿr regarde Keir. Sa tête est baissée, sa voix est beaucoup moins audible qu'au début. Il se sent incroyablement con à ne pouvoir rien faire pour tenter ne serait-ce que dire un truc qui pourrait améliorer le moral du Poufsouffle, mais vu son état à lui aussi, c'est compréhensible. Le garde-chasse n'est pas empathique, il ne l'a jamais été d'ailleurs. Pourtant, la situation fait qu'il ressent, ou du moins semble ressentir, ce que Keir ressent. Il se met à sa place, s'imagine à son âge, coincé ici. « Vous voulez... Vous voulez mon ukulele, pour jouer un peu ? » Zephÿr s'étonne de cette proposition. Est-ce que le Poufsouffle se sent coupable d'avoir son instrument alors que lui ne l'a pas ? « Non, ça ira, mais merci. » Il ne veut pas le blesser en refusant, mais il n'est pas franchement emballé à l'idée de jouer un autre instrument que son violon. Ce n'est pas la même chose, ça ne sera jamais la même chose. Puis, il n'est même pas sûr d'arriver à jouer quelque chose de correct. « Je suis sûr que quand tu sortiras d'ici, tout ira mieux... » Il ignore pourquoi il balance ça comme ça, d'un air blasé, fixant la couverture sur ses genoux. Il l'espère pour lui, au fond, même si y croire s'avère plus que compliqué. Il regarde Keir, et pose sa main sur son épaule. Il tremble un peu. « Tu voudrais pas jouer quelque chose ? Je sais pas.. Ce qui te vient à l'esprit ? » Il ne veut pas l'obliger, son ton est calme et s'il refuse, eh bien soit, il n'insistera pas, il n'en aura pas le courage. Zephÿr veut entendre autre chose que ce silence, autre chose que la voix des Aurors ou la sienne, dont les cris se sont renfermés au fond de lui, se heurtant à ses peurs et à son espoir qui n'est plus que vain.
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Keir D. Lowe
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Maison/Métier : 1e année GISIS zoomagie en redoublement Célébrité : PJ Liguori Pseudo : Zire Âge : 30 Parchemins : 866 Gallions : 197 Date d'inscription : 01/05/2017
« L'enfant est turbulent, égoïste, sans douceur et sans patience ; et il ne peut même pas, comme le pur animal, comme le chien et le chat, servir de confident aux douleurs solitaires. » - C. Beaudelaire
Il ne sait pas pourquoi il lui a demandé de jouer quelque chose. Peut-être que ça lui manque, au fond, d’entendre un instrument, n’importe lequel. Il aurait pu accepter l’offre de Keir et s’en donner à cœur joie. Problème, la joie n’y est pas. Peut-être que ça lui aurait fait du bien. Dans le doute, il a préféré refuser. Zephÿr se demande si Keir acceptera, de son côté. Si oui, il l’écoutera sans un mot. Il ne s’inquiète pas quant aux capacités du Poufsouffle à jouer du ukulélé. S’il refuse, il s’adaptera et respectera sa décision. Il n’aura pas vraiment le choix, il ne veut pas le brusquer. Puis, au fond, il n’a pas le moral à l’emmerder, à insister. Le garde-chasse ne se connaissait pas si raisonnable, mais visiblement, il apprend à se connaître un peu plus, enfermé ici, il se doit de le reconnaître. Sa soif de liberté était trop grande pour que les choses fonctionnent correctement, pour qu’il agisse moralement et de manière réfléchie. Il se sent idiot, et encore, le terme est sympathique étant donné ce qu’il pense là, tout de suite. Il regarde le Poufsouffle et voit sa surprise. Personne ne lui a jamais demandé de jouer quelque chose ? Est-ce que cette simple demande est trop compliquée pour lui ? Il ne sait pas, mais il s’attend à un refus, sur le coup. Peut-être qu’il aurait refusé, lui aussi, si les rôles étaient inversés, si c’était lui qui avait la chance d’avoir son violon. Il n’est même pas sûr qu’il pourrait jouer quelque chose, même en l’ayant. Cela n’empêche en rien que ça lui manque terriblement de l’avoir entre les mains. Le silence pèse un peu sur les épaules de Zephÿr, qui voit bien que Keir hésite. Il va sans doute refuser. « D’accord. » Le métamorphomage regarde le Poufsouffle, étonné. Il accepte. Très bien. Il est loin d’avoir l’air sûr de lui, cela s’entend à sa voix, mais il a donné son accord. Patient – pour une fois dans sa vie -, Zephÿr attend sagement, dans un calme loin d’être habituel, mais il ne veut rien manquer. Il a une attirance particulière pour les instruments à cordes, alors il a envie d’écouter Keir, même pour quelques secondes uniquement. Il le laisse prendre le temps de se préparer et même de revenir sur sa décision s’il en a envie. Quand les premières notes se font entendre, le garde-chasse ferme les yeux, adossé contre le mur, analysant le tout. Étrangement, malgré la tristesse du morceau, cela lui fait du bien. Ça l’apaise. Il laisse le Poufsouffle le transporter autre part, pendant quelques minutes. Zephÿr ne sait pas pourquoi il se trouve si sensible face au jeu de notes du jeune homme, mais il apprécie vraiment qu’il ait accepté En y réfléchissant, il n’aurait pas réussi à jouer quoi que ce soit, ses mains blessées par les coups précédemment donnés contre les murs de verre. Puis, plus rien. Le silence redevient maître du cachot. Il réouvre les yeux. Keir semble être dans un désarroi auquel il ne s’attendait pas. « Pardon ! Je… Pardon. » Le métamorphomage soupire. La voix tremblante de Keir lui fait comprendre qu’il a perdu le fil, qu’il s’est sans doute laissé submergé par un tas d’émotions qu’il ne prévoyait pas forcément. Et si Zephÿr a apprécié ce qu’a joué le Poufsouffle, il ne lui demandera pas de continuer s’il ne le peut pas.
Le métamorphomage pose se redresse doucement, pris d’un soudain vertige. Il pose sa main sur l’épaule de Keir, un peu tremblant. « Ne t’excuse pas. » Cela sonne comme un ordre, mais ce n’est pas de cette façon que Zephÿr voulait dire la chose. Il se mord la lèvre inférieure puis, retirant sa main de l’épaule de l’élève, il soupire. « Je veux dire... Ne t’excuse pas. C’était très bien. Merci, vraiment. » Il le remercie parce qu’il a pu oublier deux secondes où il était, transporté ailleurs, il ne sait pas où, mais pas en quarantaine, pas ici. Loin, très loin. Bon sang que ça lui a fait du bien sur le coup, juste d’entendre autre chose que ce silence, les bruits de pas ou encore les chuchotements des Aurors qui lui sont insupportables. Il regarde Keir un moment, pensif, avant de baisser la tête. Il aimerait pouvoir faire quelque chose, au fond, pour leur situation, mais il n’a plus la force de se lancer dans une énième bataille perdue d’avance. Il ressasse cette semaine passée, et se rend compte que oui, il s’est battu inutilement. Ses espoirs envolés, il se retrouve là, tombé de haut. Il relève la tête. « Navré pour le bruit, les cris. Tout ça. » Zephÿr s’excuse sans doute un peu tard, mais il doit avouer qu’il a agi par égoïsme. Il a complètement omis le fait qu’il n’était pas seul dans cette situation – et surtout pas le seul adulte – et il s’est permis de faire des choses que tout le monde aurait pu faire. Il se doute bien que certains avaient une folle envie de faire la même chose mais par pur respect, ne l’ont pas fait. Lui, le respect, il l’a envoyé directement pâtre. C’était sa liberté, et rien d’autre. Rien. « J’ai, disons, perdu le contrôle. Totalement. J’avais oublié que je n’étais pas tout seul en quarantaine… Tout seul dans le cachot. » Il ne sait pas vraiment ce qui le pousse à s’excuser, mais il se dit qu’il le lui doit bien, rien que pour avoir accepté sans broncher quand il lui a demandé de jouer quelque chose avec son ukulélé. Zephÿr se frotte les yeux, s’adosse de nouveau contre le mur, fixant pendant encore quelques secondes, cette porte de verre contre laquelle il a tant combattu.
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Keir D. Lowe
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« L'enfant est turbulent, égoïste, sans douceur et sans patience ; et il ne peut même pas, comme le pur animal, comme le chien et le chat, servir de confident aux douleurs solitaires. » - C. Beaudelaire
« Il n'y a pas de quoi. Ce n'est rien, vraiment. » Le simple sourire qui apparait sur le visage de Keir fait plaisir à voir sur le coup, même si Zephÿr sait bien qu’il ne durera pas. Tout est éphémère, ici, visiblement. La seule chose qui semble durer, c’est ce quotidien monotone, sans couleurs. Pourtant, cela ne fait pas si longtemps que ça qu’ils sont enfermés ici. La musique, ça l’apaise, le garde-chasse. Ça lui a toujours fait ça, même s’il a mis du temps à le comprendre. La musique classique, surtout. Les cordes, les doigts qui glissent dessus, délicatement. C’est beau, ça lui parle. Son violon est l’objet le plus important qu’il possède. Toutes ces années, il en a pris soin. Il n’a pas une éraflure, une marque. En dehors de la poussière qui doit le recouvrir dans la cabane, il n’a rien. Ses initiales sont gravées dessus. Sans doute Keir ne se rend-t-il pas forcément compte, mais il a vraiment apprécié de l’écouter. Le garde-chasse esquisse un sourire discret, tout en s’étirant. Cette situation n’est pas simple, que ce soit pour lui ou pour Keir. Rien ne peut être simple lorsque l’on est enfermé contre son gré, soupçonné d’être malade, atteint d’une maladie dont on ne sait pas grand-chose, quasiment rien. Le temps est déjà trop long. Son comportement n’est pas excusable, mais il a préféré prendre l’initiative de s’excuser auprès du Poufsouffle. Parce que oui, il a agi comme un con, et oui, il n’a clairement pensé qu’à lui. Keir aurait pu se plaindre, demander à changer de cachot. Pourtant, il n’a rien fait de tout cela. Il est resté là, silencieux, à l’entendre hurler. Insupportable. « Cette quarantaine, ça met tout le monde sur les nerfs, je crois. Il suffit de voir le visage de tous ceux qui sont là au petit-déjeuner. Il suffit de voir la quantité de nourriture qui reste au fond des assiettes quand on commence nos journées. Il suffit de voir la motivation qui manque pendant les différents examens qu'ils nous font passer. Sept jours... Sept jours qu'on est là, et ça semble être tellement plus long que ça... Alors vous n'avez pas à vous excuser. Vous avez tenté de faire bouger les choses à votre manière, ce qui est bien plus que ce que j'ai pu faire. Je suis désolé... Pour la façon dont on vous traite. Je.. » Le métamorphomage hausse un sourcil, et l’observe. Il est désolé de quoi, exactement ? En plus de ne pas pouvoir faire grand-chose face à la situation, il l’a vit aussi, autant que lui. Zephÿr a du mal à comprendre. « Si ça vous aide à supporter tout ça, vous pouvez continuer. Je comprendrai parfaitement. Il faudrait... Je ne sais pas, nous donner le moyen de nous défouler ? De vraiment lâcher tout ce qui s'accumule ? Ce serait une bonne chose, je pense. Je ne sais pas trop. Je n'en sais rien. Au moins, on serait fatigués. Ce serait une bonne chose, je crois, peut-être que là, on parviendrait à dormir un peu mieux. » Zephÿr soupire. Non, il ne continuera pas. La tempête semble terminée, bien qu’elle gronde au fond. Il ne sait pas vraiment comment se défouler ici. Les murs glacés ? Il s’en est lassé. Crier ? Il a arrêté, sauvant les oreilles de ceux qui l'entoure.
Le garde-chasse lance un regard vers la porte, et inspire lentement. Il sent que Keir se lève, et l’observe du coin de l’œil. « Autrement, on peut écrire une chanson, vous et moi. A propos de tout ça. Pour vous défouler. » Écrire une chanson… Il a toujours été très mauvais dans les exercices d’écriture. Écrire des notes, ça va, c’est simple, rapide. Écrire une chanson, il doute pouvoir faire quelque chose de bien. « Je te remercie mais je pense que vu l’heure, il faudrait peut-être qu’on tente de dormir... Un peu... Mais merci. » Il sait bien que trouver le sommeil risque d’être compliqué, pour lui comme pour le Poufsouffle. Ses yeux lui brûlent, et il veut essayer de les reposer un peu, ne serait-ce que dix ou quinze minutes. Zephÿr replace la couverture sur son lit, puis se couche, dos à Keir. Il ferme les yeux, soupire une nouvelle fois, et tente de ne pas laisser échapper ces larmes de frustration, de colère, qui menacent de frayer leur chemin sur ses joues. « Ne t’excuse pas. Nous sommes dans le même bateau, et j’imagine que nous n’avons pas le droit de couler. Alors, ne coule pas. Tiens bon. » Calme, le garde-chasse ne dit plus un mot. Il ne sait pas si lui pourra le faire, mais il espère vraiment que Keir pourra tenir le coup quelques temps encore, jusqu’à ce qu’il soit libre de ses faits et gestes. Bientôt, lui dit l’espoir.