I took too many hits of this memory

Livia ∞ Clemens

C ette période-là de l’année était une période particulière pour moi. J’étais meurtri par le souvenir de la mort de ma femme, Aurora. Chaque année et ce depuis 3 ans c’était la même chose, je me sentais particulièrement affecté et déprimé. Je m’en voulais toujours terriblement de ne pas avoir pu protéger ma femme des griffes de ce détraqueur, non seulement je l’ai perdu elle mais j’ai aussi perdu mon fils qu’elle portait, rien que de repenser à tout ça me faisait plonger dans une tristesse  profonde. J’étais aspiré par mes pensées, j’en oubliais presque que j’étais en plein cours de vol avec des troisièmes années « Tiens ton balais correctement Lorens. » Disais-je histoire de me concentrer de nouveau sur ce que je faisais. Aujourd’hui, je devais les entrainer à jouer au Quidditch, certains avaient déjà des prédispositions à ce sport, cela me rappelait mes débuts qui avaient été si évident. « Tu perds du temps sur tes courbes Annie ! Un bon attrapeur doit savoir tourner rapidement et efficacement. » Cette petite n’était pas mauvaise mais il fallait la pousser un peu, peut-être une future championne ? « Ok revenez tous au Centre du terrain. » Les jeunes commençaient à maitriser un peu le but du jeu alors je voulais les faire jouer un petit match pour la fin du cours. Cependant je ne pouvais pas leur dire qu’ils étaient bons sinon ils allaient prendre la grosse tête. « OK. Vous êtes mauvais les gars, va falloir vous réveiller si il y en a parmi vous qui souhaite devenir des champions. Moi je n’entraine que les bons. » Ils m’écoutaient tous les yeux écarquillés, j’adorai provoqué ces réactions dans mes cours. « Mais qu’est-ce qu’on doit faire alors ? » lâcha un des élèves. « M’écoutez et vous taire. » un silence s’installa. Tous les élèves me fixaient en attendant la suite.  « Puisque votre camarade a décidé de ne pas comprendre aujourd’hui, mettez-vous en  position sur une des largeurs du terrain et faites-moi des allers-retours. » Quelques un soufflaient, d’autres riaient puis, ils se mirent en place rapidement avant que je ne dise « A mon coup de sifflet vous commencez, vous n’arrêtez pas tant que je n’ai pas de nouveau sifflé. »  Je sifflais alors pour les faire démarrer et regarder avec beaucoup de satisfaction mes élèves râler et se fatiguer. Il est vrai que j’avais une méthode de travail assez dur pour des jeunes. Je n’étais pas comme ça avant, j’étais bien plus pédagogique et patient, aujourd’hui je n’ai plus envie, et cela se sent dans mes cours. Ma raison de vivre est partie avec ma motivation.

Soudain, je vis une personne assise dans les gradins du stade où nous nous trouvions, je ne l’avais même pas vu arriver. Pendant que mes élèves exécutaient leur punition je m’approchai toujours sur mon balai pour aller voir la personne qui venait d’arriver. De plus près, je pus reconnaitre une amie, Livia, je me demandais ce qu’elle faisait là. Cela faisait un bon bout de temps que je ne l’avais pas vu. Au moins depuis l’été dernier. Livia a toujours été d’une grande aide pour moi depuis le décès d’Aurora. Elle sait écouter et rassurer. Si je ne pleure plus tous les jours c’est en partie grâce à elle. « Eh bonjour Miss Flume, quel bon vent vous amène ? » Disais-je à Livia tout en me posant à côté d’elle.  Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait un sourire à quelqu’un, Livia était une des seules personnes avec qui j’arrivais à être à peu près comme avant. J’arrivai à rire et à sourire et cela me faisait beaucoup de bien car depuis trois ans mon âme est triste. Je m’approchai de Livia pour l’enlacer en signe de bonjour. « Tu m’as manqué Livia. » Je savais que si j’avais besoin je pouvais aller la voir chez elle ou dans sa boutique cependant, je n’osais pas la déranger avec mes soucis, quel homme aurait encore du chagrin 3 ans après la perte d'un être cher… ?  

Livia ∞ Clemens

«  Professeur Brown, toujours un plaisir de vous voir ! » je riais à ses mots avant de répondre « Pas de ça avec moi Miss Flume » Je l'adorais, elle était toujours à faire des blagues et à détendre l’atmosphère mais elle savait aussi parler sérieusement quand il le fallait mais moi parler sérieusement était quelque chose que je redoutais. Alors je pris Livia dans mes bras pour lui dire bonjour mais aussi pour lui signifier qu'elle me manquait. Notre étreinte se termina en douceur comme à l'habitude de Livia, tout était toujours en douceur avec elle. Rien que de la revoir me faisait chaud au cœur, et cela était opportun avec la mauvaise période que je traversais. Elle m'expliqua alors qu'elle était venue livrer l'infirmerie et que son chemin avait été malencontreusement détourné par le désir de revoir le stade de Quidditch. Enfin, ça elle ne me l’avait pas dit mais je l’avais bien deviné « Ah oui, par hasard ? Vraiment ? » disais-je un sourire en coin. Puis elle détourna son regard du mien pour observer mes élèves « Tu devrais y aller doucement avec eux, ce ne sont que des enfants, tu sais ! » je les regardais à mon tour, ils commençaient à bien ralentir le rythme et à ne plus tenir. « Je crois que le rythme que je leur impose n’est pas encore assez suffisant, je veux former de la graine de champion tu sais et ce n’est pas en se tournant les pouces qu’ils vont s’améliorer. Et puis, un peu de cardio ne fait pas de mal. » Lui répondis-je à mon tour.  

Je sifflais tout de même avant d’enfourcher mon balai. « Tu m’excuses une seconde je vais les faire jouer s’ils ont encore la force et je reviens. » disais-je sur un ton moqueur avant de partir dans leur direction. « Tenez-vous droit sur vos balais. Ceci n’était qu’un échauffement pour des joueurs professionnels. » Ils se redressèrent petit à petit avec difficulté. « Qui est fatigué ? » Je scrutais la vingtaine de jeunes devant moi. L’un leva la main et entraina avec lui cinq autres personnes. « Très bien, ceux qui ont levé la main, vous ne jouerez pas le match que j’avais prévu de vous faire faire. De toute façon ça tombe bien, je n’avais besoin que de 14 joueurs. Les autres, en place. » Les jeunes n’ayant pas levés la main étaient contents et motivés, les autres l’étaient un peu moins. Un joueur de Quidditch doit être capable de jouer en toute circonstance, qu’il soit fatigué ou non il doit assurer pour son équipe. « Bien, Mesdemoiselles, Messieurs. A vous de jouer ! » Disais-je avant de siffler l’engagement et de rejoindre mon amie. « Sinon comment vas-tu depuis tout ce temps ?  » Je réfléchissais, si je commençais à dire la vérité je risquerai de me ridiculiser devant mes élèves qui me verraient pleurer à chaux de larmes. « Ça va. J’essaye de me concentrer sur le Quidditch en ce moment, ça m’aide à évacuer. » lui dis-je en perdant mon sourire et en fermant mon visage. Je sais qu’elle va sentir que quelque chose ne va pas, mais là ce n’était pas vraiment le moment d’en parler, vraiment pas. Je fixais mon regard sans émotion sur les joueurs avant de lui dire « Alors tu as ramené des chocolats pour les malades mais même pas pour moi ? » Je voulais absolument changer de sujet et j’espérais qu’elle comprenne.

Livia ∞ Clemens

Livia me dit par politesse, plus qu’autre chose, que le Quidditch était effectivement une bonne distraction, comme je vous le disais, Livia sait, Livia sent. D’autant plus que depuis trois ans elle en sait plus sur moi que je n’en sais moi-même. Elle m’a poussé plusieurs fois à craquer devant elle à lui dire tout ce que j’avais sur le cœur. Ça a été dur évidemment, mais parler est un bon médicament. Rien d’autre ne peut me faire me sentir mieux. Heureusement qu’elle était là après la mort d’Aurora, sinon… Je serais déjà mort. Sa main frottant mon dos m’enleva de mes pensées. Je la regardai alors qu’elle me faisait un sourire, elle avait compris que si nous voulions discuter, il faudrait le faire plus tard, pour l’instant je n’étais pas prêt. Pour essayer de changer de sujet, j’avais lancé qu’elle n’emmenait que des chocolats pour les malades mais pas pour son Clemens adoré. Elle rit simplement et comme à son habitude. Elle m’égaya un peu, moi qui commençais à sombrer peu à peu dans de nouvelles pensées morbides. Je fis un sourire discret et succinct à son rire pourtant communicatif. Il y a une époque j’aurai ris aux éclats avec elle, tout ça a changé et j’ai l’impression que ça empire de jour en jour.

Alors elle fouilla dans sa poche pour en sortir un objet non identifié qu’elle dissimula derrière son dos.  « Seulement si j’ai un bisou, sinon je garde la surprise pour moi ! » me dit-elle en me tendant la joue prête à recevoir un gros bisou bien baveux. Je l’embrassais alors sur cette joue avec un sourire qui ne put m’échapper. J’essayais alors, les lèvres toujours collées à sa pommette, de piquer l’objet qu’elle avait dissimulé dans sa main. Quand je fini par l’attraper de force je ne pus m’empêcher de m’exclamer « Je l’ai ! » avant de m’apercevoir que c’était un chocolat de sa boutique, il ne resta pas longtemps dans mes doigts et finit en toute logique dans ma bouche. « Mhhh…  Délicieux comme d’habitude » disais-je à Livia. « Tu n’en aurais pas d’autre par hasard, j’ai pas trop manger ce midi… » disais-je un sourire en coin. Vraiment, cette conversation me faisait du bien au moral, je me sentais mieux, je pouvais penser à autre chose, je venais de réaliser qu'en restant seul on ne peut pas libérer son mal. Faudrait-il alors que je sorte plus souvent ? Je ne sais pas. Pour l'instant je me contentais de parler à Livia et quelques autres personnes, le reste m'importait peu. Je n'avais pas l'envie de créer des amitiés et dévoiler mon mal-être à n'importe qui. Depuis la mort d'Aurora je me méfiais de tout le monde.

« Professeur ! » s’exclama un élève. « Que se passe-t-il ? » disais-je. « Ya faute là ! Gregor vient de faire un Boutenchoc à Annie ! » Je roulais des yeux. Ils m’interrompaient tout le temps pour n’importe quoi et cela commençait à m’agacer sérieusement. « Je perds patience parfois…  Je reviens. » disais-je à Livia. J’enfourchais mon balai de nouveau pour les rejoindre avant de leur dire « Gregor dehors pour deux minutes, ça t’apprendra.  Continuez à jouer. Il vous reste 5 minutes avant que vous partiez de mon terrain. » Les jeunes soufflaient « Jouez au lieu de perdre du temps à râler. » Je décidais de rester les cinq dernières minutes du match pour arbitrer au vue du niveau des élèves, laissant Livia quelques instants seule.

Livia ∞ Clemens

Livia grilla immédiatement mes intentions, elle savait quand je préparais un mauvais coup. « Tu ne vas pas faire ça Clem… » Je souriais les lèvres contre sa joue rougie « Je ne vois pas de quoi tu parles… » Pendant que mes mains cherchaient les siennes pour saisir la surprise. Une fois en main Liv s’exclama « Ce n’est pas juste ! Tu es bien plus fort que moi ! » Disait-elle en me tirant la langue alors que j’ouvrai le paquet magique. « Ce n’est pas une question de force mais de volonté Liv. » J’appréciais grandement le chocolat fondant sur ma langue, une explosion de saveur qui réchauffer un peu mon cœur glacial. Puis elle me dit quelques mots qui me firent du bien une nouvelle fois, elle se devait de faire gouter ce chocolat à son ami le plus cher. Même si j’étais une des personnes les moins apprécié de Poudlard et ses alentours, Livia était bien une des seule à me comprendre réellement. Je lui glissais alors que je n’avais pas mangé à midi pour éveiller sa pitié à me donner d’autres chocolats ce qui fonctionna puisqu’elle me dit « Il me reste le paquet de mon frère… » « Oh non ! Je rigolais Liv… » Disais-je avant qu’elle ajoute « Tiens prend le, je lui enverrai un hibou avec un autre colis. » Si ça ce n’est pas une preuve d’amitié franchement… « Merci Liv, fallait pas. » disais-je en dégustant déjà le présent de mon amie. C’était si doux… si appétissant… une chaleur entra dans mon corps, comme un soulagement c’est une sensation comme nulle autre pareille… Je crus me transporter sur un nuage à ce moment-là. Mais je fus vite rattrapé par la réalité… Réalité qui s’avérait être mes élèves indisciplinés.

Je repartais donc pour une tournée de sermons d’élèves et laissais quelques minutes mon amie seule, laquelle m’encouragea « Va champion ! C’est ça être professeur ! » « Oui malheureusement » disais-je sans vraiment le penser. J’aimais ce que je faisais malgré les apparences. Cependant il est vrai que je n’avais plus la même patience ni même la même motivation qu’avant. Je suis bien plus désintéressé. Alors je partais arbitrer le petit match de 5 min, je sifflais et les joueurs commençaient. Je décidais de lancer immédiatement le vif d’or histoire que les attrapeurs s’amusent un peu. Le match fut serrer quand je sifflais la fin, aucune équipe n’avait réussi à attraper le vif d’or. « Bien, je vous laisse là-dessus les enfants. Partez rejoindre le Professeur de potions  qui vous attend. Et surtout entrainez-vous, je ne veux plus voir un niveau si bas la prochaine fois. » Les élèves partirent peu à peu alors que je m’attelais à ranger les différentes balles. Le dernier cognard me posa quelques difficultés mais je finis par le coincer dans sa boite. Suite à cela je rejoignais mon amie qui était toujours en place.  

« Ca y est je suis libre pour cet après-midi si tu veux. » disais-je en me levant de mon balai. Il sera maintenant plus facile de discuter tranquillement maintenant que je n’ai plus les enfants sur les bras. Cependant, ce n’est pas pour autant que je serai plus à même de parler de ma tristesse constante et inépuisable à Livia.

Livia ∞ Clemens

J’entendais Livia qui applaudissait à la fin du match, elle était heureuse de revoir un match sans doute. Cela me faisait plaisir qu’elle y mette autant d’entrain. Je finissais par faire partir mes élèves du cours et commençais alors à me battre avec un cognard afin qu’il daigne regagner sa place. En revenant, j’annonçai à Livia que j’étais libre cet après-midi en suggérant que nous pouvions sortir ou faire quelque chose. Elle me dit alors « Ça tombe bien, j’ai délégué ma boutique à mon employé donc… Je suis aussi libre que l’air » Super, un point commun qui arrivait à pique alors que je me sentais l’âme à vouloir prendre l’air avec une amie. Je ne savais pas si j’allais avoir la langue pendue à dire tout ce que j’avais sur le cœur, même si ça me ferait beaucoup de bien mais, je sais que rien que la présence de Liv à mes côtés pour quelques heures me soulagerait d’un certain poids.  

« Tu aurais des idées ? Aujourd’hui, on fait ce qu’il te fait envie ! » J’avais bien une idée, pour vraiment prendre l’air quoi de mieux que d’aller dans les airs ? Elle ajouta avant que je ne dise quoi que ce soit « Mais avant, câlin ! » Elle ouvrit ses bras vers moi avant de m’entourer. Je n’eus pas le choix que de la serrer dans mes bras également, elle était si petite par rapport à moi, j’avais le sentiment de la protéger. J’avais ce sentiment avec Aurora également. A chaque fois que j’ai un geste amical de la part du peu d’amis que j’ai conservé je le compare toujours à un moment vécu avec Aurora. C’est pour ça que je n’arrive pas à m’en sortir… Je n’arrive pas à oublier Aurora, elle est dans ma peau, dans mes tripes, dans mon sang. Je l’aimais, je l’aime et je l’aimerai, elle restera à jamais la femme de ma vie.  Je lâchais une larme sans pouvoir la retenir. Elle coula le long de ma joue lentement et était pleine d’émotion.  Livia me dit alors que je lui avais manqué.  « Toi aussi Liv, ça a été dur depuis septembre tu sais. » lui avouais-je difficilement. Je me décrochais de son étreinte pour essuyer ma larme. Un silence s’installa alors que je regardais Liv dans les yeux, tristement.

Une fois encore, je voulais changer de sujet et surtout briser le silence. Je n’étais toujours pas prêt à parler, cela faisait si longtemps qu’on ne s’était pas vue que j’en étais devenu presque timide avec Livia. Je voulais au moins trouver un endroit calme, un endroit où aucune oreille ne pourrait trainer. J’enfourchai alors mon balai en lui disant « Dis-moi Liv, c’est quand la dernière fois que t’as volé ? » en l’emmenant faire un tour de balai autour de l’école je trouverai bien cet endroit tranquille.

Livia ∞ Clemens

Livia ne dit aucun mot face à ma réponse, bien sûr qu’elle savait que cela avait été dur depuis septembre. Aussi bien pour elle que moi d’ailleurs. Évidemment, nous ne subissions pas la même perte cependant Aurora était une grande amie de Livia avant sa mort, elles étaient tout le temps fourrées chez l’une ou l’autre, il faut dire que leurs boutiques se trouvaient l’une à côté de l’autre. Elles s’échangeaient presque les clients parfois. Je me souviens avoir connu Livia par le biais d’Aurora, nous étions tous si proches à cette époque. C’était simple, la vie était si belle. Je remuais sans cesse les mêmes pensées noires, à croire que je ne pouvais m’en empêcher. Je voudrais pourtant, pouvoir penser à quelque chose sans le rapprocher immédiatement à Aurora, mais mon cœur et mon âme lui appartenant cela était difficile. Même inconsciemment j’étais obligé de superposé chaque situation actuelle à une scène que j’ai déjà vécu avec ma défunte femme. Son souvenir étant douloureux aujourd’hui, ma déprime ne va que de plus en plus mal. C’est comme si j’avais une corde pendue devant moi et que cette corde n’avait pas de fin, que peu importait les efforts que je pouvais fournir je n’arriverai jamais à rien. Une larme m’échappa, Livia ne le vit pas immédiatement, c’est en terminant notre étreinte chaleureuse qu’elle remarqua que mes yeux larmoyants allés de nouveau verser une goutte. Alors, une autre larme coula sur ma joue, larme que Livia essuya délicatement avant de poser sa main sur ma joue. « Clem… » Dit-elle, je faisais pitié à voir, comme depuis trois années.

J’étais incapable de me relever de cet échec. Pour moi la mort d’Aurora n’était que de ma faute. J’aurais dû la protéger de ce détraqueur. J’aurais dû lancer un Patronus plus puissant. J’aurais dû voir qu’elle était en difficulté. J’aurais dû être l’homme sur lequel elle comptait. Evidemment je n’ai pas été à la hauteur et le destin me le fait payer aujourd’hui, de plus, je ne sais quand la faucheuse viendra me chercher mais peut-être bientôt, je suis en train de ruiner ma vie en attendant la mort. Mais comment vivre sans celle qui m’a tout donné depuis mon plus jeune âge… Je voulais arrêter cette tristesse qui montait de plus en plus en moi alors que je regardais tristement mon amie se tenant devant moi. Je me ressaisissais donc et lui demandais depuis quand elle n’avait pas volé avant de monter sur mon balai. Elle me répondit « Il y a un an, je crois, tu sais que je ne suis pas doué sur cet engin. Je suis très loin de ton talent.. » elle me sourit timidement avant que je lui prenne la main pour l’accompagner à monter sur le balai derrière moi. « Je vais te montrer tout ce qu’on peut faire sur un balai. » disais-je en décrochant un sourire discret avant de décoller à vive allure. Je virais de gauche à droite, effectuais quelques tours sur nous-mêmes en veillant bien que Livia soit accrochée, réalisais quelques figures de ma propre imagination. Ce petit tour me faisait du bien, je me sentais libre, comme un oiseau. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu cette sensation de liberté. Il faut dire que depuis trois ans je prenais le balai uniquement pour enseigner mes cours et arbitrer les matchs de Quidditch, le reste du temps et contrairement à avant, je ne l’utilisais jamais. J’avais oublié comme un envol en totale liberté pouvait faire du bien. Nous passâmes alors au-dessus du Lac de Poudlard où j’avais jeté la boite de pandore qui nous liés Aurora et moi, de nouveau je replongeais dans des pensées tristes et morose. Me revoyant jeter cette boite et me rappelant que la mort pouvait m’attraper n’importe quand. Je commençais d’ailleurs à me dire que cette boite m’avait peut-être jeté un sort pour que je ne puisse jamais faire mon deuil d’Aurora. Cela pourrait être possible.

Alors je vis une petite colline surplombant le lac, cette colline pourrait être parfaite pour discuter tranquillement à l’abri des regards et oreilles indiscrètes de Poudlard.

Livia ∞ Clemens

Alors que je me sentais sombrer de nouveau dans des songes douloureux, je me rappelais que j’étais sur un balai et qu’en plus de ça j’avais une passagère. Mais heureusement elle était bien accrochée en entourant ses bras autour de ma taille. J’espérais que ce petit tour lui faisait plaisir et pour lui montrer qu’à Poudlard les paysages étaient plus beaux vue du ciel, je passais au-dessus du lac, ce qui me remémora des souvenirs douloureux une fois encore. Livia quant à elle était émerveillée de voir notre reflet dans l’eau, de se sentir libre de vivre tout simplement. Elle lâcha alors « Il faut vraiment que tu m'apprennes à voler Clemens. » Je riais doucement à son affirmation « Tu sais déjà voler Liv, tout est dans l’esprit et le désir de liberté. » je me surpris alors. J’avais dit ça sur un ton calme et serein, ton que je n’avais pas eu depuis des mois, voire même des années. Je ne pensais jamais pouvoir redire des choses aussi censées sans arrière-pensée. Car là, je n’avais vraiment aucun arrière pensé. Je me rendais à nouveau compte de l’importance pour moi de voler, cela faisait partie de ma vie tout comme Aurora avait fait partie de ma vie, et malgré sa mort, je n’aurais pas dû arrêter de voler, c’est ce qui me sauvera peut-être d’ailleurs. Je commençais à m’étonner de plus en plus, j’avais le cœur un peu moins lourd pendant cette virée à deux. Peut-être parce que je savais qu’à cet instant rien ne pouvait m’arriver. J’étais avec mon amie la plus proche et mon balai. J’étais juste parfaitement bien. J’avais comme l’impression de respirer un nouvel air et cela faisait tellement de bien.

Alors je repérais une petite bute en surplomb du lac, un endroit parfait pour se poser et discuter un peu de choses et d’autres avec Liv. « On se met là ? » demandais-je à Liv, ceci n’étant pas vraiment une question puisque je m’en approchais et commençais à ralentir progressivement pour assurer un atterrissage en douceur pour ma passagère. Une fois les pieds au sol, j’accompagnais une nouvelle fois madame pour qu’elle se lève du balai. Je m’asseyais finalement face au Lac, la vue était superbe, le soleil resplendissait et sa chaleur faisait du bien à nos peaux encore trop blanches. « Tu sais Liv, ça m’a fait du bien cette balade avec toi sur le balai, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi… Libre. » Je ressentais vraiment comme si on m’avait enlevé une enclume de mon cœur. Pour une fois j’avais vraiment le cœur léger, je n’avais plus de pensées noires, à vrai dire, je ne pensais plus du tout. J’avais juste l’impression d’être dans un rêve. Tout mon corps s’était détendu alors je m’allongeais sur l’herbe fraiche, nous étions sur un arbre qui nous protéger des rayons du soleil un peu trop vif, une brise soufflait doucement dans nos cheveux et les oiseaux chantaient. « J’aimerai rester là toute ma vie. Avec toi et mon balai. Rien que nous trois… » Quand ma bouche sortie ces mots, j’avais une fois encore l’impression que ce n’était plus moi qui parlait, et tout à coup je les regrettais. Non pas que je ne pensais pas ce que je disais mais, je les regrettais dans le sens où j’avais l’impression soudaine de remplacer Aurora. Alors mon cœur s’emballa de nouveau et ma tête se ré-remplissait de mauvais souvenirs. Deux minutes voilà le temps que j’avais tenu sans penser à Aurora.

Livia ∞ Clemens

La balade avec Livia me faisait un bien fou alors que je lui expliquais que voler était aussi simple que respirer que tout n’était que volonté. Livia serra l’étreinte de ses bras autour de ma taille avant de sourire et de dire « Sauf que je suis un vrai danger public, si bien que Newton m’a interdit de prendre un balai seule… » Je riais à cette réponse qui m’étonnait quelques peu, peut-on vraiment être mauvais à ce point sur un balai pour que son frère nous interdise de monter dessus ? Il faut croire, je ne me souvenais pas avoir déjà vu Liv sur un balai ceci dit donc je ne savais pas vraiment ce qu’elle valait à son bord. Nous décidions alors, enfin je décidais car après tout c’était moi le pilote, de m’arrêter sur une petite colline parfaite pour se reposer et parler tranquillement avec une amie. Liv ne semblait pas être contre donc cela était plutôt une bonne chose, j’accompagnais de ma main la jeune femme sur le sol afin qu’elle ne trébuche pas sur mon balai. « Très chevaleresque Monsieur Brown » « Je ne voudrai pas que votre visage s’écrase au sol Miss Flume. » disais-je en souriant.

Nous nous allongions alors sur l’herbe, elle était d’ailleurs parfaitement coupée, ce qui m’étonnait pour un endroit aussi perdu et plus ou moins abandonné. J’évoquais alors à Liv que j’avais apprécié cette balade avec elle et que cela m’avait fait beaucoup de bien au moral. J’étais apaisé, serein, bref, des sentiments que je ne pensais plus vivre un jour. « Alors laisse-moi maîtriser cet engin de malheur et nous pourront faire des balades tous les deux. Et j’apporterais du chocolat avec moi à chaque fois ! » Disait alors Liv. Nous rions alors en cœur « Si tu apportes du chocolat ça m’intéresse forcément Liv. » Quelques secondes passèrent sans qu’aucun de nous deux ne parle, Liv s’était tournée vers moi sans que je sache réellement ce qu’elle regardait. Peut-être mes dents ? Elle devait se demander si j’en avais encore depuis le temps que je n’avais pas souri. Puis j’ajoutais une phrase qui me fit repasser du côté obscur de moi-même. Je ne voulais pas dire ces mots en réalité, enfin si mais, je les regrettais tout de suite, pensant trahir Aurora en ces mots. Je ne savais pas si Aurora était près de moi depuis sa mort, peut-être, en tout cas à défaut d’être présente physiquement elle l’était bien dans mon esprit et mes pensées et ça, ça ne risquerait pas de changer. Mon sourire et ma bonne humeur de courte venue s’arrêtèrent soudainement. Liv souffla avant de regarder vers le ciel elle devait en avoir marre sans doute que je n’ai plus de joie de vivre, que je sois triste tout le temps et que je sois devenu aigri voire méchant avec la plupart des autres personnes. Mais après tout si elle ne voulait pas être mon amie elle n’avait qu’à s’en aller. « Alors restons-la pour toujours… » Soufflait-elle doucement. Mon énervement montait de plus en plus et ce fut trop, je décidais de me lever et dire sur un ton agressif « Ecoutes Liv, si tu n’es pas contente d’être mon amie et que tu ne veux plus l’être je comprendrai, je suis quelqu’un de méprisable et tu le penses peut-être aussi. Je préfère que tu me le dises maintenant plutôt que tu te sentes obligée de faire semblant d’être ma confidente. » Chaque mot était plus lourd à dire les uns que les autres. Pourtant dans mon nouveau moi, tous ces mots étaient des plus normaux.

Cependant, je sentais que j’allais de plus en plus loin dans notre relation avec Liv et cela me faisait peur, elle n’était qu’une connaissance au début, puis c’est devenu une amie et maintenant c’était une confidente. Nous nous connaissions mutuellement si bien que l’on pouvait comparer notre relation à une relation fraternelle. J’avais peur de prendre trop d’importance pour elle, de la décevoir comme j’ai pu décevoir Aurora il y a trois ans. Les larmes vinrent à mes yeux, je commençais à basculer dans ma tristesse habituelle alors qu’elle s’était échappée le temps d’une balade.

Livia ∞ Clemens

Mon esprit était désormais fermé, je ne voulais plus du tout passer un bon moment avec Liv mais au contraire régler mes comptes avec elle, même si je ne savais pas exactement ce que je lui reprochai puisqu'elle avait été une amie exemplaire depuis la perte d'Aurora. Bref, il fallait que je me défoule sur quelqu'un à ce moment là et pas de bol Livia m’énerva de trop et je dus par conséquent lui en faire part. Elle rétorqua alors « Alors, je vais tout de suite te calmer Clemens. » « Comment ça JE vais me calmer, c'est toi qui souffle et c'est moi qui me calme ? » alors oui, les raisons de mon énervement n'était pas du qu'au soufflement de ma belle amie, c'était surtout dû à mon esprit tordu qui croyait que Liv prenait la place d'Aurora dans mon cœur, bien sur que non, je ne pouvais nier que je ressentais énormément d'affection pour Livia mais je ne pourrais pas remplacer Aurora comme cela. Mon esprit étant tiraillé, la seule chose que j'arrivais à faire était de m’énerver pour fuir mes sentiments. « Je ne sais pas quelle mouche vient de te piquer, mais, comment peux-tu croire que je veux plus être ton amie, ou que je ne suis pas heureuse de l’être ? » « Aucune mouche ne m'a piqué c'est juste que tu m'as énervé. » disais-je toujours aussi à cran alors que je tournais le dos à Liv en croisant les bras. Je ne comprenais pas pourquoi elle s’énervait ainsi, elle haussait le ton petit à petit tandis que je faisais de même, alors quelques phrases passèrent entre nous sans même que l'on s'en aperçoive. Je voyais rarement Livia dans cet état là, nous nous étions déjà invectiver pour différentes choses cependant il s'agissait toujours de sujet parfaitement clair et justifié. Là, ce n'était pas véritablement mérité et il s'agissait simplement d'un énervement passif sans raison, gratuit et peut-être même méchant.

« Tu as si peut confiance en moi pour me sortir de telles paroles ? Tu te rends compte de ce que tu me racontes la ? » « Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi, c'est juste que j'ai l'impression que je t’emmerde avec mes problèmes, oui j'ai du mal à faire le deuil, oui je suis qu'un con qui n'arrive pas à ce sortir l'amour de sa vie de sa tête. » disais-je en hurlant, les larmes me montant de plus en plus. Je ne regardais plus Livia pourtant je sentais qu'elle s'était levée et qu'elle s'était dirigée vers mon balai. Voulait-elle que notre après-midi s'en finisse ? Tant mieux, chacun dans ses pénates et les cochons seront bien gardés. Je m’enfonçais de plus en plus dans une humeur noire et maussade. J'étais renfermé complétement sur moi-même je n'avais plus envie de rien, peut-être juste de sauter dans ce lac pour aller voir ce que les bêtes cachés en dessous pourraient me faire. « J’ai toujours été là pour toi, je t’ai soutenue à la mort d’Aurora alors que de mon côté, je devais aussi gérer le coma de mon frère ! Je suis venu tous les jours te voir, j’ai supporté toutes tes sautes d’humeur, mais jamais, mais jamais tu ne m’as dit ce genre de chose ! » « Je ne te l'ai jamais dit parce que je te faisais confiance et je savais que tu ne me jugeais pas, aujourd'hui je n'arrive plus à savoir. » Mes mots s'enchainaient mais cette fois j'avais un ton beaucoup plus calme. Il était froid mais calme. « Tu es un frère pour moi Clemens, et je ne lâcherais jamais ma famille, rentre toi ça dans ton crâne ! Et maintenant, ramène moi, je veux rentrer chez moi… » « Je te ramène. » Disais-je sur le même ton,  je montais sur le balai attendant que ma passagère fasse de même. Une fois en selle. Je partais rapidement vers chez elle. Aucun mot ne sortait de nos bouches, Livia était choquée, moi j’étais dans mon monde. Le masque de fer ne bougeait plus, l’esprit joyeux que j’avais pu reprendre quelques temps avant avait complétement disparu sous l’ombre de ma dépression. Nous arrivions enfin devant le pas de la porte. Livia descendit du balais, nos aux-revoirs furent bref, ne voulant pas tous les deux que cet après-midi, qui était pourtant bien partie, s’éternise. Alors je repartais vers Poudlard, ne voulant plus demeurer dans ma maison au Pré-Au-Lard suite au drame. J’étais triste mais par pour Aurora cette fois, je regrettais quelque peu la dispute que l’on venait d’avoir avec Livia. Puis je me remis en question, me disant que si tout le monde me détestait à Poudlard s’était peut-être pour une bonne raison. Maintenant, je venais de me mettre à dos ma meilleure amie, ma plus proche confidente, ma sœur de cœur.

En arrivant dans mon appartement, je ne pus m’empêcher d’exploser de tristesse, les larmes et remords m’envahirent, j’étais fatigué, fatigué d’être comme je l’étais. Je n’arrivais plus contenir mes maux, je criais et frappais les murs pour me calmer cependant rien n’y faisait. Ce que j’avais dit été dit maintenant, cela était trop tard. Jamais plus je ne pourrais rire avec Liv.

The End...