Can you keep a secret ?Got a secret, can you keep it, swear this one you'll save. Better lock it in a pocket, taking this one to the grave.Octobre 1986 – Couloir de Poudlard,
La première année est parfois difficile, il faut prendre ses marques, suivre les cours, se faire des amis. Pour Eleonore, la tâche était un peu plus complexe que pour les autres élèves. La jeunette venait d'entrer à Poudlard et arborait fièrement les couleurs de Gryffondor, la maison des braves, des courageux. Le choixpeau avait vu en elle quelque chose que même elle ne décelait pas et elle tâchait en permanence de se montrer forte et courageuse. Son handicap l'isolait beaucoup des autres, mais ça ne l'empêchait pas d'aller vers certaines personnes, de chercher le contact. Les griffons sont agréables et elle n'imagine pas l'enfer que ça aurait été de rejoindre les Serpentard et de se faire railler par ses frères en permanence. Respectivement en troisième et cinquième année, les deux aînées Selwyn menaient la vie dure à leur petite sœur, lui en voulant de trop traîner avec leur cousin. Rhys était un sang mêlé, son père était un moldu et cela marquait le déshonneur. Eleonore n'a jamais partagé ce sentiment, profitant de la présence de Rhys chaque fois qu'elle le pouvait.
Si les aînés Selwyn étaient si méchants, c'était surtout envers Rhys, car ils le jugeaient fautif pour le handicap de leur cadette. Il est vrai que lors de sa première année, Rhys était heureux d'avoir sa cousine chez lui et désirait lui montrer des sortilèges. Les parents n'étaient pas là pour surveiller et le brun se sentait capable de tout. Le sortilège ne s'est pas passé correctement et Leo se rappellera toujours la peur qu'elle a eue ce jour-là, son cri de petite fille étant le dernier son qu'elle entendit. Surdité. Les médicomages ne comprenaient pas et ne parvenaient pas à inverser le sort, à réparer ses oreilles. Bran Selwyn était un homme de tradition, rêvant d'une famille forte pour le retour du Seigneur des Ténèbres auquel il croyait fortement. Un poids mort ne lui servait à rien, alors la jeune fille était autorisée à passer ses vacances dans le monde moldu, plus pour se débarrasser d'elle qu'autre chose. C'est là que depuis deux ans déjà Eleonore apprend à communiquer avec ses mains, son oncle connaissant un collègue avec une fille sourde.
À Poudlard, elle ne connaît personne dans sa situation et doit toujours se balader avec un carnet et une plume à papote pour comprendre ce que les gens disent en cours. Elle essaie de ne pas l'utiliser en dehors de ses cours, afin de se concentrer sur les gens et de lire sur leurs lèvres. Mais parfois, c'est trop difficile et très fatigant pour elle. Elle n'arrive pas encore à le faire avec Rhys qui s'entraîne avec elle pourtant. C'est un amour et malgré le fait qu'il soit chez les Jaunes, ils sont très proches. Il lui évite pas mal de galères.
Mais il n'aurait pas pu lui éviter celle-là... Alors que la brunette sortait de son cours de métamorphose, elle aperçut un plus vieux se faire agripper par un autre et disparaître au détour d'un couloir. Personne ne semblait avoir vu mais elle, elle observait beaucoup les alentours, les personnes. Le Serpentard avait peut-être des ennuis ! Ni une, ni deux, la griffonne avança doucement vers le bout de couloir o : elle avait vu l'autre se faire happer. Elle qui s'attendait à voir une bande de loubards rouer de coups un camarade, Eleonore eut la surprise de voir deux garçons s'embrasser à pleine bouche. Ses yeux s'écarquillèrent alors et la sang pur retint un cri de surprise. Le temps qu'elle rejoigne ce bout de couloir, les deux semblaient sur le point de se séparer et quand le grand balaise – qu'elle ne connaissait pas mais avait déjà vu Nathaniel, l'ami de son cousin – prit sur la gauche, elle fut soulagée qu'il ne l'ait pas vu.
Eleonore allait s'en aller discrètement, mais c'était sans compter sur l'autre élève qui sortit et décida de prendre à droite, la heurtant de plein fouet. Heureusement qu'il ne partait pas avec la même hâte que l'autre Vert et Argent, autrement elle se serait retrouver piétiné. Au lieu de ça, elle faisait face à celui qu'elle avait vu embrasser goulûment un autre homme dans le plus grand secret. Ses joues s’empourprèrent alors et elle ne put cacher son émotion à l'idée de s'être fait prendre. Elle aurait pu avoir l'air de passer l'air de rien, mais la surprise d'avoir vu pour la première fois deux hommes ensemble était grande. « Je.. Pardon... J'voulais... J'dois y aller ! » balbutia la griffonne, embarrassée sûrement autant que lui de la situation.
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Pourquoi a-t-il fallu que sa curiosité maladive l'emporte sur sa raison ? Dans une situation de danger immédiat, Eleonore n'aurait pas été en mesure de faire quoi que ce soit à part d'aller trouver un préfet, mais il serait trop tard le temps qu'ils reviennent à l'endroit du crime. Mais elle s'était jeté à corps perdu dans cette quête, avant de découvrir que personne n'allait se faire envoyer à l'infirmerie, au contraire. Son regard restait figé sur le visage des deux élèves, plus vieux qu'elle, sur leurs lèvres qui se cherchaient. L'émotion lui fit le même effet que si on lui avait lancé un sortilège de bloque-jambe et la première année resta clouée au sol, incapable de partir. Heureusement que le Serpentard n'avait pas jeté un regard dans sa direction, il avait l'air tellement fort et grand. Et puis, la réputation des Serpentard n'est plus à faire, elle le sait bien quand on voit ses deux frères qui arborent fièrement leurs couleurs. Le Avery doit être dans la même classe que l'un d'eux d'ailleurs...
Trop tard pour fuir, voilà que l'autre élève lui fonça dedans avant qu'elle ne puisse décider de son départ et de la direction à prendre. Leo ne trébucha heureusement pas sur la robe de son uniforme, elle aurait eu l'air bête en plus d’être coupable. Le rouge de ses joues ne pouvait sous-entendre qu'une issu et avant que l'autre ait pu dire quelque chose, la brunette tenta de s'enfuir. L'inconnu lui attrapa le poignet et la peur envahit son corps. Qu'allait-il lui faire ? Murmurant un « Non... » d'une voix plaintive, elle se mordit la lèvre alors que l'autre la ramenait vers lui pour lui parler. Il lui avait posé une question, mais elle ne l'avait pas entendu. Elle lui tournait le dos quand il l'a posé. Certainement qu'il prendrait son « non » pour une réponse à son interrogation alors qu'elle exprimait juste une peur primitive. Eleonore planta des yeux tremblants sur son camarade alors qu'il lui parlait. Immédiatement après qu'il ait ouvert la bouche, elle figea son regard sur celle-ci, cherchant à comprendre. Elle n'était parvenu à lire que « qu'a tu », le reste étant trop rapide et mal articulé. Mais ça semblait plutôt clair au vu du contexte que le jeune Serpent cherchait à savoir ce qu'elle avait vu. En revanche, elle était incapable de déterminer si le son de sa voix était féroce ou non, elle voyait juste une lueur d'inquiétude dans son regard.
« Je.. J'suis désolée. J'aurais pas... Lâch.. moi. » bégayait-elle. Son geste avait été si impulsif que l'élève ne se rendait pas compte qu'il lui faisait mal. Mais pourquoi ne pouvait-elle pas rester à sa place ? L'autre tentait de lui parler, mais rien ne sortait correctement. Il lâcha sa prise et la griffonne se sentit plus libre. Si un professeur passait par là et voyait la scène, il serait furieux contre le Vert et Argent pour avoir agressé une première année. « S'il te plaît... » C'était un mot qui était facile à comprendre même quand on ne sait pas encore bien lire sur les lèvres. Son air désolé faisait peine à voir, son débit de mots était toujours trop rapide pour elle mais l'ego de Leo était déjà bien grand et elle refusait d'avouer qu'elle n'avait rien compris de ce qu'il disait.
Chaque bout de mot mis bout à bout donnait une phrase du genre de « s'il te plaît... toi .. personne... pas ». Là, il fallait bien que la Gryffondor s'avoue vaincu. Ça n'avait aucun sens ! Sa surdité allait être une fois de plus remarquée et sa fierté en prenait un sacré coup mais la jeune fille mit la main à sa poche pour en sortir son carnet de notes ainsi que sa plume à papote. Si seulement ce satané machin pouvait suivre les conversations même quand elle ne l'active pas ! L'autre allait certainement perdre patience à force de la voir le regarder avec un air idiot sur le visage et il ne valait mieux pas énerver un serpent. « Est-ce que.. Est-ce que tu peux répéter ? » demanda Eleonore en accompagnant ses mots de la langue des signes, devenu la langue la plus facile à comprendre pour elle depuis deux ans. Au moins, il y avait Rhys qui la comprenait, il était au même niveau qu'elle sur ce point-là et les deux partageaient beaucoup. Lui la défendrait si quelqu'un lui faisait du mal. Elle allait sortir son carnet quand l'autre sembla comprendre et porta la main à sa poche en premier pour sortir un parchemin. Ouf !
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La peur se lisait dans les yeux de la première année, qui n'avait aucune idée de ce qui était en train de se passer. Elle ne comprenait pas les paroles du Serpentard, pire encore, sentir ses doigts sur son poignet l'inquiétait. Craignait-elle d'être blessée ? Les serpents ont une très mauvaise réputation et quand Eleonore voit comment se comportent ses frères et ce qu'ils disent sur son compte... Elle n'est pas bête et les deux aînés ont certainement appris quelques mauvais signes pour l'insulter en toute impunité, en plus de lui envoyer des mots blessants par hibou juste pour le plaisir de la voir pleurer. Alors celui-là, elle devait bien admettre en avoir peur, ne faisant pas honneur à sa maison pour le coup. Mais le grand brun finit par la relâcher en s'excusant, une expression de profonde surprise et de compassion presque dans son regard. Il n'avait pas voulu lui faire de mal. Reprenant son calme en respirant lentement pour que son cœur arrête de battre dans ses oreilles, la brunette qui avait tout juste onze ans releva les yeux vers son camarade.
Elle lui demanda de répéter, lui faisant comprendre qu'elle ne pouvait pas l'entendre. Tout le monde avait entendu parler de cette « pauvre » gamine sourde de première année et forcément, lui en savait un peu plus puisqu'il partageait sa salle commune avec les aînés Selwyn. Malgré ça, il sortit un bout de parchemin, ce qui lui évita de passer pour une idiote en dégainant sa plume à papote. Il lui écrivit afin de savoir ce qu'elle avait vu et les joues de Leo s'empourprèrent de nouveau. « Je... J'suis désolée, j'ai cru que.. que tu allais te faire agresser quand je l'ai vu t'attraper comme ça... » balbutie la sorcière en signant chaque mot, parce que c'est devenu un automatisme chez elle. Celui dont elle ignorait le nom reprit son papier et nota une nouvelle phrase. « Oh non ! Je te promets de ne rien dire ! Je n'veux pas que tu aie des ennuis ! » lui dit-elle, oubliant presque la peur qu'elle avait eu pour se rapprocher de lui et poser une main bienveillante sur le bras du Serpentard. « Ne t'inquiète pas. Je... Je sais ce que ça fait. » avoua la griffonne en faisant la moue.
Elle ne parlait certes pas d'homosexualité puisqu'elle était encore bien ignorante de sa propre sexualité, mais de cette sensation d'être différent et de devoir parfois faire profil bas pour ne pas avoir de problèmes, notamment quand on vient d'une famille de sang pur. Elle ne connaît pas encore Matthew mais elle sait que son petit-copain en est un, parce qu'elle connaît Nathaniel et qu'ils sont de la même branche. Ce serait en effet lourd de conséquences que d'avoir à affronter une famille comme la leur. « Je sais qu'à Serpentard, il y a des gens méchants, mais... de toute façon, mes frères ne prennent pas en considération mon existence pour écouter même si je leur disaient. Et je sais que ton... hum... ton copain ? Enfin je sais qu'il vient d'une famille compliquée... » C'est peu de le dire !! On connaît les Avery dans le milieu, ils ont des affaires communes avec les parents d'Eleonore, elle s'en doute bien... Mais elle est encore trop jeune pour véritablement prendre la mesure des conséquences.
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Garder un secret est une chose primordiale dans une relation, cela demande une certaine dose de confiance entre les deux parties. Alors que la Première année promet de ne rien dire au sujet de la relation de Matthew avec son camarade, elle n’imagine pas encore qu'elle vient de trouver en lui un allié, un ami pour la vie. Elle est si confuse et s'excuse presque d'avoir des frères aussi radicaux dans les rangs des Serpentard, faisant bien la réputation de leur maison en étant si étroit d'esprit. Être une famille de sang pur est une malédiction pour la brunette, parce qu'on ne laisse pas de place à la différence qui est trop souvent considérée comme une faiblesse. Pour le grand brun, ce serait son homosexualité qui pouvait faire basculer la suite de sa vie. Pour Eleonore, c'était son handicap qui causait sa perte et le rejet des siens. Alors oui, elle pouvait tout à fait comprendre les risques et les enjeux d'un tel secret entre ses mains.
Jamais elle n'a tenté de nuire à qui que ce soit et cela ne lui viendrait pas à l'idée. Elle est simplement vraie, avec tout son bagage émotionnel et sa vie de paria chez sa propre famille. La jeune fille porte à nouveau sa main sur le bras de son camarade, paraissant ridiculement petite à côté. « Tout ira bien. » lui dis-je en accompagnant mes mots de signes, notamment un que beaucoup d'entendants connaissent sans le savoir et qui représente si bien cette situation. Sans connaître toute l'histoire de Matthew, la gamine est touchée par son attitude et sa fragilité palpable. Elle tente de lui montrer du soutien, parce que c'est ce qu'elle aimerait avoir de la part des siens dans un moment pareil. Les deux ont beaucoup en commun, sans en avoir pleinement conscience.
D'un geste rapide, le brun griffonne quelque chose sur le papier pour remercier une fois de plus sa nouvelle amie. Il lui demande son nom et les deux peuvent alors prendre une identité qui leur permettra sans doute de se revoir dans le futur. Matthew en profite pour donner son nom et le nom Lynch se révèle être familier à ses yeux. La brunette plante son regard dans celui du Vert et Argent et lui sourit. « Eleonore C. Selwyn. Mes amis m'appellent Leo. Ou en signe, tu peux le dire comme ça. » dit-elle en imitant une vague qui ondule du haut de sa tête jusqu'à sa nuque, épousant presque trop bien les formes de sa chevelure qu'elle à naturellement ondulée. Plus rapide que d'épeler chaque lettre. Un jour, lui aussi aurait droit à ce « surnom » signé, mais il ne le sait pas encore.