Le silence se creuse entre les murs, marquant l'instant par l'absence de bruit caractéristique. Des échos étouffés résonnant cependant. Au loin, des pas dans les couloirs, des éclats de voix, des rires raisonnant contre les vieilles pierres du château écossais. Clignant des paupières, tu penches légèrement la tête sur le côté, enserrant le tissu au creux de ta paume. Le passant délicatement sur l'instrument maintenu entre tes doigts. Un couteau sur lequel est gravé les armoiries de ta famille. Un bien précieux dont tu ne te sépares que rarement. D'habitude tu le garde bien caché à l’abri des regards indiscrets, après tout tu doutes que ce genre d'outils soit autorisé à Poudlard, mais aujourd'hui tu ressens le besoin de le manier. Dans un geste précis, fluide et empreint d'un respect quasiment sacré. Tes iris accrochant l'arme, tandis que tu retires le chiffon, baissant la main jusqu'à tant qu'elle frôle ta cuisse. Élevant l'autre à hauteur de ton visage, bougeant l'outil entre tes phalanges, soupesant son poids. Contemplant la lame scintiller sous la lueur blafarde des bougies qui t'éclaires d'une lumière tamisée. L'éclat brillant atteignant tes iris, tu plisses soudainement les paupières. Un sourire étire le coin de tes lèvres, peignant tes traits marqués par ta concentration assidue. Parfait. Ta respiration contrôlée s'échappe alors de ta gorge, et résonne alentour. Caressant tes tympans, tandis que tu t'adosses contre le mur derrière toi, croisant les bras contre ta poitrine. Ton esprit s'épanchant, des images remontant à la surface, embuant tes pensées à la dérive. Les souvenirs de ce que tu as put infliger à Zahari à l'aide de cet outils s'inscrivant à l'arrière de tes paupières lorsque tu fermes les yeux. Tandis qu'une nouvelle scène va se jouer. Là. Prochainement. Tu en as besoin. Le manque est incontrôlable. La torture est la seule chose qui t'aide à te sentir vivante. Là où le monde ne voit que répulsion, toi, tu vois la beauté, l'art. La plupart des gens ne comprennent pas et ne le pourront malheureusement jamais. Ta langue passe doucement sur tes lèvres pintent de rouge, les humectes doucement alors que ton regard s'ancre aux alentours. Tes doigts caressant la lame alors que le temps semble s'écouler au ralentit. Tu n'as plus gout à rien, depuis la mort de ton petit jouet. Plus rien à quoi te raccrocher. Plus rien pour étancher ta soif de douleur. Plus rien pour t'occuper. Tu ne te l'avoue qu'à moitie mais il te manque. Lui et ses silences. Lui et son regard terrorisé. Lui et son acceptation. Zahari te manques et ça te répugnes.
Un frisson parcours ton échine alors que tu ranges le petit ustensile dans la poche de ta robe de sorcière. Ton corps se dresse avec difficulté et tes jambes flanchent légèrement alors que tu te relèves. La faiblesse est une chose que tu ne peux décidément pas accepter. Te mordillant la lèvre inférieure, tes pas martèlent le sol rugueux de l'école de magie. Bousculant de temps à autre un élève sur ton passage. Tu cherches de ton regard épineux une nouvelle occupation. Ton esprit tourne à plein régime, alors que ton palpitant joue des siennes. Depuis plusieurs mois tu grilles clopes sur clopes afin de calmer tes nerfs mais aujourd'hui cela ne te suffit plus. Parfois, tu trouves un élève seul dans un coin et tu joues avec lui, le manipule comme Dimka te l'a appris mais encore une fois le manque est toujours présent. La manipulation, la torture mentale ne vaut pas le crépitement d'un épiderme sous tes doigts et ça, tu en es malheureusement trop consciente. Tu marques un temps d'arrêt, passe la main dans tes cheveux alors que se dessine sous tes yeux les escaliers menant au sous-sols. Quand tu l’aperçois au détour d'un couloir. Ton visage s'illumine en voyant la tignasse brune se trouvant à terre, secouée par des soubresauts. Mathilde.
A pas de loup. Glissant sur le sol dans un silence infinie, tu te plantes devant ta proie. La zieute avec un sourire en coin. T'agenouilles face à elle et pause une main contre le mur d'en face. Dans un claquement sonore pour la prévenir de ta présence. Elle relève vers toi un visage empli de larmes ce qui te fascines d'autant plus. Tu la fixes. L'instant perdure, la tension alentour crépitant contre ton épiderme. Le poids sur tes épaules t'entraînant vers elle. Vers la chaleur dégagée par ce corps qui se dessine sous tes iris, si frêle, si triste, si fragile. Les contours de sa silhouette t'appelant à combler la distance. Ses formes, familières, s'inscrivant à l'arrière de tes paupières dès lors que tu fermes les yeux. S'imprimant contre tes paumes alors que tu poses tes mains sur la petite jaune et bronze. Cherchant le contact, la proximité avec la brune. Son corps contre le tiens, te tires un sourire carnassier. Sa chaleur t'empoigne et t'arrache un soupir d'aise. Tu redécouvre sa peur avec délectation. Bonjour Mathilde... ton visage s'approche du siens, ta main caresse sa joue pour y cueillir ses larmes alors que tu les observe avec intérêt Pourrais-je savoir qui d'autre que moi arrache des larmes à mon jouet préféré ?lâche-tu d'une voix purement innocente.