effet mer (erzsebet)

Dumstrang.
La famille Varga est une des familles les plus connus de Hongrie, principalement pour leur façon de penser et d'agir au sein du monde magique. Depuis des générations, ils avaient décidé de primer sur la qualité du sang que la quantité. C'est pourquoi les Varga ne comptent qu'au mieux sur deux enfants, une fille et un garçon. Dès que les deux sexes sont nés, ils arrêtent là. Ce que Lajos et Bianka respectèrent à la lettre. Dès la première grossesse, deux enfants, des faux jumeaux, un garçon et une fille. Les années avaient bien vite filé et les descendants de la famille Varga se retrouvaient déjà en dernière année d'étude. Erzsebet et István. Des jumeaux complètement différents. S'ils avaient tous les deux étaient envoyés à la fratrie des Trolls, on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils étaient proches. Aucun ami en commun, ne mangeant jamais ensembles, à peine un regard échangé dans la salle de la fratrie. Pour beaucoup, ils ne semblaient que partager le même nom de famille. Aux question pourquoi des jumeaux ne sont pas proches, ils répondaient qu'ils avaient déjà passé neuf mois ensembles, ils pouvaient profiter de la vie sans l'autre. Et pourtant, s'ils ne perpétuaient pas le stéréotype des jumeaux sangsues, mieux valait ne pas trop chercher le frère et la soeur Varga. Des élèves de la fratrie des Dragons s'en sont vite aperçus.

Assise au réfectoire, Erzsebet profitait de son petit déjeuner. Elle mangeait exceptionnellement seule, elle avait eu de la difficulté à dormir et s'était levée plutôt que d'habitude. Elle pouvait donc profiter d'un moment de calme, sans trop de parasites autour. Elle termina son thé et s'adonna à la tasséomancie. Elle finit tourner sa tasse avant de la retourner et la déposer sur son assiette. Elle n'avait pas fait attention que des garçons de la fratrie des Dragons s'étaient approchés d'elle et s'installèrent à côté. « C'est vrai ce qu'on dit sur ta famille Varga ? Que vous êtes proches des moldus ? » Ils avaient un air mi écoeuré mi amusé. Quoi de mieux pour se sentir fort d'aller chercher un autre élève. Erzsebet se mit à sourire. Si seulement ils connaissaient les Varga... Ils élevaient leur progéniture pour un pedigree pas pour les choyer et leur ouvrir l'esprit. S'ils avaient des sorciers à leur service, c'était des sang mêlé ou des nés moldus. Son père détestait le physique des elfes de maison, il décréta qu'avoir quelques impurs seraient plus utiles que ces créatures ignobles. Mise à part ça, non, les Varga n'étaient pas du genre à sympathiser avec les impurs... « Et franchement la divination, c'est pas un truc digne d'un sang pur ! Y a que ceux qui sont mauvais qui se réfugient derrière ces prévisions de bonne femme ! » Là, Erzsebet appréciait plus que moyennement la réflexion. Elle avait appris la divination seule car, effectivement, à Dumstrang on ne trouvait pas cela utile. Mais la sorcière s'était intéressée à cette partie de la magie et s'en découvrit même une passion. Elle sentait la pression montée en elle et d'un coup, elle sentit une main derrière elle se posait sur son épaule « Ca va, ça se passe bien ? » István s'assit à côté de sa soeur, posant son autre main sur la table, la baguette fermement tenue entre ses doigts. Si les Dragons étaient connus pour leur rapidité, István avait décidé de prendre un coup d'avance en sortant déjà sa baguette. S'ils devaient en venir aux mains, il serait le premier à pouvoir lancer un sort.

Les Dragons ne s'attendaient pas à ça et se retrouvèrent sur la défensive, sans échappatoire. Ces Varga avaient vraiment un grain... Autant ils pouvaient ne pas se parler pendant des semaines, voire des mois et d'un coup, on voit le jumeau débarquait, baguette à la main. Et ils avaient tous les deux cet air détaché, leurs yeux bleus glaçants, sans aucune émotion. Pour éviter que cela ne parte en bagarre et de tous se retrouver dans la salle de torture. Les Dragons partirent comme ils étaient venus, laissant les jumeaux seuls à la table. István se servit un jus de citrouille, comme si rien ne s'était passé, comme s'il avait commencé son petit déjeuner tout à fait normalement. Erzsebet releva sa tasse et regarda à l'intérieur. Les feuilles avaient formé une dague. Elle présenta la tasse à son frère qui avait des vagues notions de divination, les peu de choses que lui avait dites Erzsebet sur cette discipline. Danger. Tragédie. Complications dans les affaires. Ils avaient évité tout ça de peu.

Budapest.
Dans son appartement, Erzsebet jouait l’OP.64 de Mendelssohn. Ses doigts glissaient sur la touche, pinçant avec précision les cordes. La mélodie raisonnait dans ce petit appartement de la capitale. La jeune femme jouait devant sa fenêtre, comme à son habitude, profitant ainsi de la vie qui défilait de l’autre côté de la vitre. Au loin, un hibou volait dans le ciel, prenant la direction de son appartement. Ces rapaces étaient plus que familiers pour elle. Depuis toujours, elle les voyait aller et venir d’un endroit à l’autre, déposant ce qu’on leur avait confié. Erzsebet s’arrêta un instant et entrouvrit la fenêtre avant de se remettre à jouer. Comme elle le pensait, l’oiseau s’arrêta sur le bord de la fenêtre. Elle attrapa la lettre qu’il tenait dans son bec et repartit aussi vite qu’il était venu. Un coup d’œil sur l’écriture et elle reconnut immédiatement qui lui envoyait. Elle déposa la lettre sur la table. Elle la lirait plus tard, ou pas. Quoiqu’il en soit, elle se remit à jouer, se laissant envoutée par cet instant éphémère qu’est la musique.

Durant plusieurs jours, Erzsebet reçut des lettres de la même personne, sans pour autant y prêter une attention particulière. Jusqu’à aujourd’hui. La couleur de l’encre avait changé. Elle était désormais rouge. Un code que les deux sorciers avaient mis en place. Rouge signifiait que le premier en avait assez d’attendre que le seconde lui réponde. Elle n’avait pas le choix que d’ouvrir celle-ci. Les autres étaient entassées sur la table basse du salon et elles seraient détruites dans peu de temps, sans avoir été lues ni même ouvertes. La jeune femme reconnut l’écriture de son frère, pressée, saccadées, il n’avait plus le temps pour ses enfantillages. Elle laissa la lettre rejoindre les autres et transplana, se retrouvant en un rien de temps au Ministère de la Magie.

Rien n’avait changé depuis la dernière fois qu’elle était venue, elle n’était pas sûre que cet endroit puisse changer un jour. Elle n’avait pas eu besoin de venir très souvent pour se souvenir du chemin pour trouver le bureau d’István. Dernier étage quand on prend l’ascenseur, celui où l’on trouve celui du Ministre. Malgré la mauvaise réputation des Varga et la chute de leur famille, István avait travaillé d’arrache-pied pour se faire une place et pour redorer son blason. Bien s’entendre avec le Premier Ministre est un sacré avantage et István avait toujours eu un don pour se faire les amis qu’il fallait. Il était en train de discuter avec sa secrétaire quand Erzsebet entra. Ils se saluèrent à peine et la jeune femme, à peine sortie de Dumstrang pensa Erzsebet, quitta le bureau. « Tu voulais me voir ? » Sans préambule, ni fioriture. Aucun des deux Varga n’avaient envie de perdre son temps. Son frère se leva et se mit à lui expliquer la situation « Tu as lu les journaux récemment ? Une épidémie se propage, laissant des sorciers sans pouvoirs. Et avant que cela devienne une pandémie, il faut agir. » Erzsebet ne comprit pas tout, elle n’était pas médicomage, elle n’y pouvait rien à cette histoire. Avant qu’elle ne puisse dire quoique ce soit, István enchaîna « Deux cas ont été recensé à Dumstrang. Il y en a d’autres ailleurs mais pas dans le même endroit. Avant que l’on pense que c’est nous qui sommes responsables, nous avons un plan. Cela touche tous les sorciers et pour comprendre mieux ce qu'il se passe, nous avons décidé de réunir les nouvelles générations de sorciers dans un même lieu. A Poudlard. » Encore une fois, Erzsebet ne comprenait pas bien toute l’histoire. En quoi cela la concernait ? « Nous avons besoin de personne de confiance pour aller là-bas et je t’ai proposé comme professeur de divination. Ne t’en fais pas, tout est déjà arrangé, là-bas comme ici. » Il lui afficha un sourire amusé, lui laissant deviner qu’il avait déjà mis un terme à son bail et déposer sa démission. Il ne lui laissait pas faire marche à arrière, il avait besoin d’elle, elle devait être disponible. Elle, son jouet préféré. Erzsebet s’offusqua de voir qu’il ne lui laissait aucun choix, qu’il menait sa vie comme il l’entendait et comme cela lui pouvait être profitable. Il acquiesça mais de toute façon, la machine était en marche, même lui ne pourrait pas l’arrêter. « Et il y a autre chose avant que tu ne partes en Angleterre… »

Elle ne serait pas la seule que Dumstrang envoie comme « représentant ». Avec elle, une certaine Anastasiya Vladoska. Son nom lui disait quelque chose et István devina qu’elle cherchait une information enfouie dans sa mémoire, information qu’il fut heureux de lui apporter. Elles avaient été ensemble à Dumstrang. Pas la même fratrie, ni le même âge mais elles s’étaient croisées à plusieurs reprises et désormais, Anastasiya était auror, une des meilleurs apparemment. Mais István n’était pas convaincu par la sincérité de la Vladoska. Il était sûr de son sixième sens, elle devait être surveillée ! C’est pourquoi le choix ne s’était pas porté sur sa sœur par hasard. Il avait besoin d’avoir des rapports réguliers sur son comportement. Erzsebet serait ses yeux et ses oreilles. Il savait qu’il pouvait avoir confiance en elle, après tout elle était sa jumelle. Encore une fois, tout avait été décidé, sans elle. « Un jour, ça serait pas mal que tu m’en parles avant… » C’est tout ce qu’elle avait à lui dire. De tout façon, elle aurait beau s’égosiller, le résultat serait le même. Alors à quoi bon. Elle était la marionnette qu’il disposait à sa guise. Pour le moment…