[Roulette] « Je voudrais un bonhomme de neige ♪ » / Sören & Capu

Silence. Epais, feutré. Etrange. J’ai l’habitude de me réveiller avec les bruits du village qui s’éveille. Des pas sous mes fenêtres. Des cris de hiboux. Des enfants qui jouent. Mais ce matin, rien. Comme si quelque chose absorbait le son. Les yeux à demi ouverts, j’écarte les rideaux pour me retrouver face à un monde tout blanc. La neige à tout recouvert. Les rues, les toits, les enseignes, tout est caché. L’enfant qui sommeille au fond de mon âme se réveille. J’ai l’impression d’avoir huit ans à nouveau. Petite, dès que je voyais un flocon, c’était la fête. Faut dire que j’en voyais pas beaucoup, dans une grande ville comme Paris, la neige, ça tiens pas bien et c’est vite de la gadoue. Et j’ai jamais eu l’occasion de partir en vacances à la montagne. Alors le moindre flocon, c’était la fête, j’étais intenable. Mes parents devenaient dingues. Imaginez maintenant le premier hiver que j’ai passé à Pré-au-Lard. Une vraie gamine. Si mon gamin fini comme moi, on finira par déménager quelque part où la neige est la en permanence. Mon gamin. J’ai toujours pas intégré la notion, je crois. Va falloir que je finisse par réaliser. Parce que pour l’instant, ça se voit pas encore des masses, surtout avec les fringues d’hiver, mais d’ici peu, j’aurais l’air d’une baleine échouée. Autant que je commence à me préparer psychologiquement tout de suite. Et puis. Noël. La neige, ça veut dire que c’est bientôt Noël. Mon dernier Noël sans avoir à me casser la tête pour les cadeaux. Juste mes parents à penser. L’année prochaine, j’aurais des jouets de tous les côtés, et je sens que mes vieux vont me le pourrir, mon môme. Quelqu’un peu me dire que je suis un peu folle ? Je sais, dans le fond, que j’exagère, mais laissez moi paniquer tant que c’est encore temps, après j’pourrais plus. C’est donc avec ces tendres pensées en têtes que je m’habille chaudement pour affronter le froid. Penser à Noël, ça m’a donné envie d’aller faire les magasins. Qui sait, je trouverais peut-être des idées, plus vite ce sera fait moins j’aurais à y penser. Pis, j’ai dans le fond de l’idée d’écrire un truc un peu caustique sur la frénésie d’avant Noël, autant me mettre dans l’ambiance tout de suite.

Bref, donc, me voilà dans les rues de Pré-au-Lard, à passer de vitrine en vitrine, de magasins en magasins, faisant du lèche-vitrine. C’est drôle, d’ailleurs, cette expression. Lèche vitrine. Je sais pas si ça vous renvoie là même image qu’a moi, mais ce que ça m’évoque est pas très hygiénique. Je me demande qui a eu l’idée de cette phrase quand même. Il devait pas être complètement fini le gars. Enfin, passons. Les expressions débiles, c’est pas l’objet du jour. On pourrait écrire un bouquin là-dessus, mais sincèrement, j’ai autre chose à faire. Je disais donc. Lèche-vitrine. Idées cadeaux. Le plus compliqué dans l’histoire, c’est de trouver des trucs qui même s’ils viennent du monde des sorciers, peuvent avoir une utilité, ou tout du moins un intérêt, pour des moldus. Raison de plus pour s’y atteler dès maintenant. Ce que j’aime bien aussi, avec la neige, c’est observer les gens. Entre ceux qui ont l’air assurés, ceux qui glissent dans tous les sens, ceux qui tiennent tout juste sur leurs jambes, ceux qui la jouent prudent … Moi je me marre bien. Bien que, chez les sorciers, c’est moins fun que chez les moldus. En vrai, c’est quand même tellement bien d’avoir un pied dans les deux mondes. On peut garder le meilleur des deux en évitant certains inconvénients, pratique non ? Bon, j’ai fait le tour de quasi toutes les boutiques. J’vais peut-être songer à me rentrer, où a me poser quelque part. Dans l’ensemble, la rue est plutôt calme, y’a plus grand monde. Juste quelques silhouettes emmitouflées jusqu’aux oreilles. Tiens, par contre, y’a une des silhouette qui m’a l’air vaguement familière. Ouais, enfin, je dis ça, comme si je reconnaissais les gens à leur silhouette … N’importe quoi. Mais on voit son visage, un peu. Bonjour Evie ! Comment ça va ?

Les premières neiges de l'hiver ! Sören en était folle ! Cela lui apportait du réconfort pendant cette période qui était plutôt difficile pour elle... La perte d'un être proche... Elle ne savait pas ce que c'était, elle n'avait jamais eu à gérer cela. Lors de la grande bataille, beaucoup de personnes étaient mortes, parfois des voisins, des clients mais personne qu'elle ne connaissait réellement... Qui aurait pu deviner qu'elle se serait attachée à Hadès ? Qui aurait pu croire qu'elle aurait pu commencer à éprouver des choses ? Et il ne faisait déjà plus partie de sa vie... Il n'était plus... Il ne respirait plus... Devant son regard totalement ailleurs et son teint pâle ce qui lui arrivait vraiment rarement, son boss lui avait donné son après-midi. Elle avait regardé la neige à travers la vitre pendant toute la matinée... Cela lui rappelait le Danemark... Cela était autant lié à de beaux souvenirs qu'à d'autres beaucoup plus douloureux, comme cette chute à cheval sur la glace... Cela avait été le jour de la découverte de ses pouvoirs, le jour où elle a sauvé son propre animal de la noyade... Mais, malgré tout, elle aimait la neige, c'était une période qui la ramenait chez elle en quelques sortes... Elle se baladait dans les rues, tandis que les passant étaient tous emmitouflées dans leur gros manteau, écharpes et gants, elle avait une tenue plus légère parce qu'elle était plus habituée au froid que les anglais, cela ne l'empêchait pas d'avoir les joues plus rouge à cause du froid, elle souriait doucement lorsqu'elle fût interpelée. Son regard cherchait un instant son interlocuteur avant de découvrir Capucine, une journaliste qu'elle voyait souvent à l'auberge, elle lui servait souvent de source pour ses questions, mais au fur et à mesure autre chose s'était glissée entre elle, une amitié ? Elle souriait davantage tandis qu'elle allait rejoindre l'autre jeune femme.

"Hey, Capucine ! Je vais bien et toi ?" Demandait-elle, passant sous silence qu'elle venait de perdre quelqu'un parce qu'elle n'avait vraiment pas envie d'en parler... Elle n'était pas prête et surtout elle ne voulait pas perdre ce sourire que la neige faisait naitre sur son visage. Elle regardait autour d'elle. "N'est-ce pas magnifique ?" Demandait-elle à la jeune femme. "J'ai grandi dans ce genre de décors." Confiait-elle alors à la journaliste. "Tu aimes la neige ?" Demandait-elle sans perdre une seconde. Cette période lui rappelait son enfance et en ce moment elle se sentait presque l'âme d'une enfant, cela lui donnait envie de retourner à cette époque où elle pensait ne rien avoir à craindre, même si malheureusement il lui manquait l'amour de ses parents... Mais vraiment, qui n'aimerait pas, au moins une fois, pouvoir retourner en enfance ?

On dirait que je ne suis pas la seule à être contente de voir la neige. J’ai jamais compris les gens qui n’aiment pas ça. Ok, je peux admettre que le froid, c’est parfois pénible, et que c’est pas cool de glisser sur les trottoirs, mais suffit de s’habiller correctement et de faire un peu attention, et c’est bon. J’veux dire, c’est tellement beau à voir, qu’on peut bien passer outre les quelques désagréments, non ? Je peux déjà imaginer dans quelques années, quand mon gamin se roulera dans la neige, et que très probablement je ferai pareil. Comment on fait pour élever un enfant quand dans le fond, on en est encore un ? C’est peut-être ça qui me fait le plus peur. J’ai l’impression que je serai pas tout à fait à la hauteur de la tâche qui m’attend. Ca va bien, merci. En même temps, c’est difficile d’être morose avec toute cette blancheur tout autour. Et si on y ajoute le fait que pour la première fois depuis des mois, les fameuses nausées matinales commencent à me lâcher, ça ne peut que bien aller. Magnifique. Oui, c’est bien le mot. Pur, aussi. Exactement ! T’as bien de la chance ! Chez moi, la neige y’en avait pas souvent, et elle restait pas blanche longtemps, crois moi. J’ai toujours aimé ma ville, mais plus ça va, plus je me rends compte que je suis plus faite pour des endroits un peu plus simples et moins grands. Moins pollué, aussi.

J’adore la neige ! Et pour une fois je vais pouvoir en profiter un peu, à Paris j’avais jamais le temps de jouer dans la neige avant que ça devienne de la boue. Et les batailles de boules de neiges étaient interdites à l’école. Du coup, maintenant, dès que je vois de la neige, j’ai envie de me rouler dedans. Bon, d’accord, étant en train de me transformer en baleine, je vais me rouler nulle part, mais c’est pas l’envie qui manque. C’est pas pratique, d’être enceinte en fait. J’dois tout le temps m’empêcher de faire des conneries, c’est pas simple. J’dois faire plus attention au boulot, à pas me mettre dans des situations impossibles et dangereuse, ce que j’ai tendance à faire. Je dois éviter de me rouler par terre quand j’en ai envie. Oui, ça m’arrive. Et si on ajoute à ça les envies chelous qui commencent à se pointer, je vous le dis, je suis pas sortie du sable. Mais au moins, j’ai trouvé quelqu’un qui semble aimer la neige autant que moi. Dis moi Evie. T’as déjà fait un bonhomme de neige toi ? Parce que oui, j’ai presque honte de le dire, j’en ai jamais fait. Et si je veux en faire plus tard avec mon enfant, faudrait peut-être que je m’entraîne.

L'air de l'hiver, cela la revigorait, elle aimait cette époque, ça lui faisait un bien fou, elle avait cette impression d'être chez elle. Encore plus à Pré-au-Lard puisqu'il s'agissait d’un village sorcier, au final c'était encore mieux qu'au Danemark. Le regard de Sören s'émerveillait comme celui d'une enfant et elle était contente de tomber sur quelqu'un qui avait l'air aussi enthousiasme qu'elle. Elle connaissait la jeune femme via son travail, il n'était pas rare qu'elle vienne lui poser des questions pour un article, mais elles ne se côtoyait pas en dehors, c'était une grande première, même si elle s'appréciait beaucoup. Elle répond avec gaieté et légèreté, retournant sa question à Capucine. Puis elle ne peut s'empêcher de s'extasier sur le paysage que l'hiver leur offrait. Lorsque son ami lui répondait, la Danoise perdait un instant son sourire, elle connaissait la France, elle avait été à beauxbâtons et il était vrai qu'il y avait moins de neige là-bas, mais Sören avait toujours été contente lorsque les flocons commençaient à tomber. Elle récupéra très vite le sourire lorsque Capucine se confiait de nouveau. Elle comprenait ce qu'elle voulait dire, en réalité, elle était tout autant capable de se rouler dedans elle aussi malgré son âge, elle avait gardé une âme d'enfant, même si elle n'en montrait pas souvent forcément le bon côté.

"Je comprends ce que tu veux dire." Répondait-elle sincèrement avec le sourire aux lèvres. Elle se perdait alors de nouveau vers le paysage qu'elle avait sous les yeux jusqu'à ce que la journaliste lui pose une soudaine question. Celle qui se faisait alors appeler Evie se mit à sourire de plus belle. "C'est pour un nouvel article ?" Demandait-elle un brun moqueuse, peut-être qu'elle se renseignait sur le nombre de personne ayant fait cela étant enfant ? Mais elle n'y croyait pas vraiment ou alors c'est que vraiment elle n'avait aucun autre scoop, elle décidait donc de lui livrer une part de son histoire. "J'en ai déjà fait plein." S'exclamait-elle. "J'adorais ça quand j'étais petite, j'y passais des heures." Toute seule évidemment, au moins ça avait le don de l'occuper dans cet immense château qui avait été sa maison et où personne ne se préoccupait vraiment d'elle. "J'ai toujours aimé l'hiver, c'est ma saison préférée." En même temps vue où elle était née, valait mieux pour elle que ce soit le cas. "Mais dis-moi ? Pourquoi cette question ?" Demandait-elle le regard rieur, curieuse de savoir ou la journaliste voulait en venir...

Un article sur la neige. Le truc que font tous les journalistes moldus sur les chaînes d’info dès que trois flocons se mettent à tomber. Quand je rentre chez mes parents pour Noël, ça me fait toujours bien marrer, ces pseudo-journalistes qui se prennent pour des reporter de guerre juste parce qu’ils ont les pieds dans 3cm de poudreuse. Pathétique. Croyez-moi, j’ai pas choisi de faire journaliste pour ça moi. Heureusement que les sorciers ne sont pas autant perturbés par les phénomènes météorologiques somme toute parfaitement normaux. Et heureusement aussi qu’à la RITM, je peux choisir moi-même mes sujets et donc faire des reportages sinon utiles, au moins intéressant. Bref, j’aime le monde moldu de tout mon cœur, mais celui des sorciers présente, d’un point de vu professionnel entre autre, un certains nombres d’avantages. Il neige à Pré-au-Lard. Tu parles d’une headline. Vaut mieux en sourire. Le jour où je ferais un article sur les bonshommes de neige, je t’autoriserai à t’inquiéter pour moi. C’est que ce jour-là, j’étais pas dans mon assiette.

En attendant, elle, elle en a déjà fait plein. J’en serais presque jalouse. Je dois être une des seules personnes d’Europe à n’avoir jamais fait de bonhomme de neige. Et franchement, c’est triste. Maintenant que je suis ici, j’adore l’hiver. Mais c’est vrai qu’à Paris, le moindre flocon est synonyme de panique, alors c’était moins sympa et franchement pas beau. Alors qu’ici, à Pré-au-Lard, on se croirait dans un film, tellement c’est pittoresque, l’hiver. Bien sûr, maintenant, Evie se pose des questions. Pourquoi j’ai demandé ça ? Que répondre ? Est-ce que je lui dis la vérité et je passe pour une truffe, ou je trouve une autre excuse ? Bon, j’aime pas avoir l’air d’une tanche, mais j’aime pas mentir non plus. Alors je suis un peu coincée. Bah … C’est que … En fait, moi, j’en ai jamais fait. Voilà, c’est dit. Comme on avait jamais beaucoup de neige et que je suis jamais allée à la montagne, bah que ce soit les bonshommes de neiges ou les batailles de boules de neiges, je suis novice. Maintenant, tu connais mon secret. Pour cette dernière phrase j’ai pris mon air le plus dramatique, du genre ‘je suis fichue, c’est la fin du monde’. Histoire de me rappeler aussi à moi-même qu’en fait, c’est pas non plus un drame. Juste un regret, disons. Mais c’est pas ça qui va me tuer, non plus. En fait, ce serais bien plus dangereux pour mon estime personnelle de faire un reportage sur la neige en hiver. Mais ça, c’est pas prêt d’arriver. J’espère…

L'humeur de la Danoise se faisait légère grâce à toute cette neige qui recouvrait le paysage. Elle n'avait qu'une envie, se plonger littéralement dedans ! Cependant elle se rappelait alors qu'elle était adulte et qu'elle n'était plus censé faire ce genre de chose... La question de la journaliste la surprend et alors elle ne peut s'empêcher de la taquiner à ce sujet. Sören ce doute bien qu'elle ne ferait pas un article sur un sujet aussi... Bénin... Même si dans le monde des moldus, un peu de neige et on à vite l'impression que la fin du monde arrive. Sören elle respire l'air, elle laisse le froid s'emparer de son corps, de ses poumons elle se sent lavée de l'intérieur et cela lui fait un bien fou. A la réponse de la jeune femme, elle ne put s'empêcher de sourire. La journaliste reprend la parole. Sören ne peut pas trop imaginer ce que c'était de grandir à Paris, elle avait toujours entendu du bien de cette ville si... Romantique ? Elle aurait aimé pouvoir la visiter un jour avec Hadès... Mais c'était bien la première fois qu'elle entendait se plaindre de la neige là-bas, mais elle se souvenait de ses années à beauxbâtons, elle devait avouer que ce n'était pas l'élément qui s'y trouvait à profusion en hiver, parfois cela se faisait même presque rare... La neige lui manquait chaque année, elle était bien contente d'avoir fui le Danemark dans un endroit où la neige était bien présente, même si ce n'était qu'à une certaine époque de l'année. Sören finit par se faire curieuse et demande à la jeune femme pourquoi est-ce qu'elle lui pose ce genre de question. Elle se doute que ce n'est pas pour un article, mais elle ne comprend pas vraiment pourquoi d'autre... Pendant un instant la jeune femme semblait gênée ce qui intriguait encore plus la jolie blonde... Et puis finalement elle lui avouait, comme si c'était une tare de n'avoir jamais fait de sa vie un bonhomme de neige... Evidemment pour Sören c'était difficile à imaginer, mais elle ne comptait pas la mettre au pilori pour autant. En revanche devant la mine de Capucine elle ne put s'empêcher de se mettre à rire.

"Oh oh, attention mademoiselle Maurel, c'est que j'aurais de quoi vous faire chanter là." Lançait-elle avant de se mettre à rire d'avantage, c'était d'ailleurs plus l'air dramatique de la jeune femme qui l'a faisait rire, plus que son aveu qui n'avait rien de honteux. "Tu veux connaître le mien ?" Lâchait-elle le regard brillant. Elle se décalait un moment, dans son regard on pouvait y deviner un petit air taquin, Sören tournait sur elle-même un moment avant de s'approcher de l'oreille de Capucine. "Je n'ai jamais été avec un homme." Elle rougissait malgré le fait qu'elle voulait avouer ça avec légèreté. Elle était vierge simplement, elle n'avait jamais embrassé personne, ou tout du moins presque pas... Disons que la seule fois où elle avait été embrassée, elle avait été forcée... Elle n'en avait pas un bon souvenir... Personne en s'était jamais montré à la hauteur. Ne laissant pas le temps à Capucine de réagir, elle attrapait sa main et l'attirait vers une aire ou se trouvait rien d'autre que de la neige à profusion. "Mais pour le moment si on peut rien faire pour moi, je suis sûr qu'on peut régler ton problème." Disait-elle tout sourire avant de lâcher la main de la journaliste. Elle se baissait en quelques secondes ramassait de la neige pour en former une boule entre ses doigts et dans la seconde d'après elle la lançait sur la jeune femme, faisant mouche sans aucun effort, puisqu'elle ne connaissait pas vraiment la pratique "Tu sais que tu es censé l'éviter ?" Lançait-elle avant de se mettre à rire gentiment. "Allez viens, je vais te montrer comment on fait les bonhommes de neiges par chez nous !" Et puis mince non ? Qui a dit qu'elles étaient trop vieilles pour ce genre de choses ? Sören rit aux éclats tandis qu'elle récupère une deuxième boule de neige, se préparant de nouveau à la lancer...

Parce que tu compte me faire chanter ? Méfie-toi, c’est un jeu dangereux ! dis-je de mon faux-air menaçant le plus convaincant ou pas. Ca fait du bien de pouvoir avoir une conversation où l’on peut dire ce qui nous passe par la tête, que ça ai du sens ou pas, et que personne ne s’en offusque ou ne vous regarde comme si vous étiez attardée. Une conversation sans enjeux, sans but autre que de se détendre et de s’amuser. Chose qui ne m’arrive en général que quand je me parle à moi-même, ce qui, avouons le, est un peu triste. D’un air un peu plus sérieux, mais cependant trahi par son regard toujours aussi malicieux, Evie s’approche et m’avoue son secret à elle. Sacrément plus intime que le mien ! Je ne m’attendais pas à ce genre de confidence, mais je suis flatté de la confiance. Depuis que j’ai perdu Tom, j’ai un mal fou à me faire des amis. C’est bizarre, et je sais pas vraiment pourquoi, mais ça veut pas. Pourtant, à force, je connais un tas de gens par ici, mais ça reste des connaissances. Et faut dire que mon métier à plus tendance à me faire des ennemis que le contraire. Mais ces derniers temps, ça commence à évoluer dans le bon sens, et de voir qu’Evie me fait suffisamment confiance pour ça, c’est forcément encourageant. Il en faut plus pour être vraiment de proches amies, mais c’est un début, non ?

Avant même que je puisse en placer une, elle m’embarque un peu plus loin en me tirant par le bras. Pourtant, j’aurais pu en dire des choses, après tout, à son âge, j’étais dans le même cas qu’elle. Ca n’a pas duré très longtemps après, mais passons. Pour être tout à fait franche, ma première fois n’a pas été particulièrement mémorable, et son souvenir est plutôt flou dans mon esprit. Enfin, comme elle dit, on peut rien faire pour elle. Pour l’instant. Perdu dans mes réflexions et mes souvenirs, je ne prête aucune attention à ce qu’elle fait avant de sentir un truc s’éclater contre mon épaule. De la neige. Tournant mon regard vers la jeune fille, ses yeux malicieux m’indiquent que l’attaque sournoise vient d’elle. Et elle se prépare à réitérer. L’éviter. Ok, oui, je devrais être capable. Méfie-toi, ma vengeance peut-être terrible. En plus, tu m’as eu par surprise, ça ne se reproduira pas ! A mon tour, je récupère de quoi lui lancer dessus, en essayant de pas me casser la figure, ce qui est un défi permanent. Après avoir visé avec toute ma concentration, je balance le projectile. C’est fou comme c’est libérateur, en fait, j’aurais jamais cru.

Donc, on va faire un bonhomme de neige. En plein milieu de Pré-au-Lard. Non mais pourquoi pas, après tout, c’est la période, et rien n’interdit aux adultes d’en faire, à ma connaissance. Y’aura sûrement un ou deux vieux sorciers coincés pour nous regarder de travers, mais j’ai l’habitude, c’est pas ça qui va m’arrêter. Bon, alors, dis moi. On commence par quoi ?

Sören ne peut s'empêcher de sourire et même de rire devant les menaces de sa nouvelle amie, parce qu'elle pouvait la considérer ainsi n'est-ce pas ? En tout cas elle espérait qu'elle en deviendrait une, cela semblait bien partie. "Pourquoi ? Tu chantes si mal que ça ?" Demandait-elle espiègle ne pouvait s'empêcher de taquiner la jeune femme et dans un élan de maturité, la jeune Danoise ne put s'empêcher de pousser légèrement la chansonnette... "Je voudraiiiis un bonhomme de neige !" Elle se moque légèrement, mais toujours gentiment sans aucune arrière-pensée de méchanceté et d'ailleurs elle compte bien lui faire rattraper le temps qu'elle avait perdu. Elle lui confiait un secret en retour, beaucoup plus intime que le sien certes, mais c'était celui qu'elle pouvait livrer sans avoir aucune crainte. Elle ne pouvait tout simplement lui dire, tiens au fait je suis Sören, princesse du Danemark, aillant fuit son pays pour échapper à son futur fiancé et son destin tragique, oh ça en ferait très certainement un bon sujet de presse n'est-ce pas ? Ou encore le fait qu'à chaque pleine lune elle devait rejoindre le lac et qu'une queue de poisson lui poussait sous l'eau... Non lui dire qu'elle n'avait jamais connu personne intimement était le secret le plus simple qu'elle pouvait dévoiler. Sans attendre elle l'entrainait avec elle. Joueuse elle l'attaquait avec de la neige ne pouvant s'empêcher de rire devant son manque de réaction, devant sa réponse Sören lui fait alors son regard le plus innocent qui soit. A son tour elle finit par lui lancer une autre boule et les voilà retournée en enfance pendant quelques instants, chacune arrivant même à toucher l'autres quelques fois. Et puis finalement vint le temps de construire ce fameux bonhomme de neige ! La princesse se fichait des regards qu'on pouvait poser sur elles, elle assumait sans problème en réalité elle s'amusait et cela lui faisait un bien fou.

"Alors il faut simplement rouler la neige afin d'en faire une énorme boule." Expliquait-elle avant de commencer à rassembler assez de neige pour en faire une de départ. Ensuite elle commençait à la rouler tout en ramassant la neige pour que celle-ci s'accroche à sa boule. "Tu vois ? Fais comme moi !" Lui lançait-elle alors. Tandis qu'elles avançaient à bon rythme, des enfants arrivaient près d'elle, s'enthousiasment à l'idée de construire un bonhomme de neige. Très vite, elles avaient alors de nombreuses mains pour venir les aider, riant avec les enfants. Cela ne semblait plus si bizarre à présent, elles passaient seulement pour deux adultes distrayant des enfants et cela semblait plus normal si elle pouvait pensée ainsi. "Alors ?" Demandait-elle tandis qu'elles terminaient seulement que la deuxième boule qui se mettait sur la première. "Ça te plait ?" Ajoutait-elle le sourire aux lèvre. Sören était totalement dans son élément, ça lui faisait tellement plaisir de partager ce moment-là, de pouvoir transmettre quelque chose qu'elle savait faire depuis toute petite à une autre personne, elle était heureuse et cela pouvait se voir comme le nez au milieu de la figure, elle espérait que sa nouvelle amie prenait alors autant de plaisir qu'elle.