Marek ϟ you're just a scar

Beau et peut-être encore jeune homme qui travaille comme professeur de métamorphose depuis maintenant près de un an et demi, il est venu à Poudlard à la réouverture de l'école. Il est né à Kamnik, en Slovénie en ce beau jour qu'était le 12 janvier 1964 en tant que sang pur ; à présent il vit toujours à Kamnik, même s'il travaille à temps plein à Poudlard. Lors de son passage à Durmstrang, son niveau scolaire était moyen mais il excellait dans les matières qui l'intéressaient le plus. Il est plutôt séducteur, sociable, agréable, protecteur, bienveillant, généreux, affable mais aussi autoritaire, capricieux, charmeur, indiscret, baratineur, revanchard. Lorsque les dinosaures vivaient encore, il s'est procurée une baguette faite en bois de sapin, mesurant trente-deux virgule quatre centimètres et contenant une corne de serpent cornu. Avec cette baguette, il lui est possible de créer un patronus - le sien prend la forme d'un coyote. La vision qu'il a eu face au miroir du risèd : une photo de famille, sa femme et lui au premier plan. Ses frères et soeurs en arrière. Deux enfants chahutant à ses pieds. . Mais la vie n'est jamais entièrement rose, la preuve avec les épouvantards. Un immense hippogriffe ou toute autre créature ailée comme les sombrals, dans son cas.

ϟ  Quel est votre opinion sur l'épidémie ? C'est comme un rhume, ça vient et puis ça passe. Moi du moins, ça me fait voyager, j'avais jamais visité l'Ecosse encore, ça me change de mon train-train quotidien un peu. Nouveaux élèves, nouveaux collègues. Ouais, ça a ses avantages la grippe sorcière. Suffit de trouver le bon antidote et hop on repartira tous chez nous comme on est venu.  

ϟ Que pensez-vous du nouveau directeur de Poudlard ?  C'est mieux qu'un Gremlins, mais pas encore un Karkaroff. Faut se montrer pour avoir du pouvoir et de l'autorité. C'est quoi cette manie de se cacher, de faire durer le mystère, hein ? C'est qu'il a un bouton sur le nez depuis la rentrée de 1999 qu'il dissimule sa face ? Ouais, il est inexistant le bonhomme en réalité. Aucun cran. Tout le monde sait que c'est pas possible d'arriver à la cheville de Dumbledore et le remplacer, enfin, il pourrait faire des efforts quand même.

ϟ Le partenariat magique entre les écoles est-il une bonne chose ?  Puisque je vous le dis que ça me fait du bien de changer un peu d'air. Je suis sûre que pour les gosses c'est pareil. Maintenant faudrait pas confondre échange scolaire et croisière, y en a qui se la coulent douce si vous voyez ce que je veux dire. Mais c'est mon job de leur remonter les bretelles aussi quand il faut. Mais bon, j'étais pas bien sûr de savoir supporter les anglais, finalement je m'en sors à merveille, ça fait quelques miracles ce changement.

ϟ Quel était votre camp lors de la Grande Bataille ?  Le camp des flemmards. J'avais déjà assez perdu comme ça, j'avais pas envie d'être aux premières loges d'un massacre sans nom. Je me suis barricadé chez moi, ni vu, ni connu. Vous vouliez que je me batte pour qui, de toute façon ? Pour ceux qui pensent qu'on a un liquide qui coule dans nos veines qui est plus important qu'un autre ? Ou pour ceux qui ont été assez bêtes pour ne pas les laisser faire ? C'est vrai quoi, si on m'avait demandé le pronostic, j'aurais dit que Voldy gagnerait, à 90% de certitude. Mais non. Y a eu du sang, des morts. Un beau gâchis. Au nom de la liberté ! Tu parles, elle est belle leur liberté, avec leurs cadavres sur les bras.  

(MISE EN SITUATION : Aucun nombre de lignes imposé.)
Pour les professeurs : J'avais besoin de ce poste. C'est pour ça que j'étais là. Le directeur était étrange, j'aurais aimé avoir un visage, quel qu'il fût, en face de moi, plutôt que cette ombre. Je prends place en face de lui, prêt à répondre à la moindre question. J'ai ma défense de préparée, je sais que je peux l'obtenir cet emploi, alors je souris - pas trop non plus -, je me montre poli. « Monsieur Valishikov, c'est bien ça ? » « Tout à fait. Envoyé tout droit de Durmstrang où j'ai exercé pendant six ans. » Je gardais mon air sérieux, mais je ne voulais pas qu'il croie que je l'étais de trop. Je savais bien doser, je le faisais avec mes élèves. Ce visage fermé, de façade, je le conservais tout le début d'année avant de m'adoucir un peu. Mettre en confiance, mais garder la posture du professionnel. Il me fait signe de continuer, d'expliciter. Des choses, j'en aurais plein à raconter. De l'expérience, j'en avais. Pendant des années j'avais fini par maîtriser à la perfection les sortilèges de métamorphose que j'utilisais presque dix fois par jour. « J'ai bien l'habitude des élèves, et je retrouverai d'ailleurs ici des élèves que j'ai déjà suivi pendant quatre, cinq, voire six ans pour certains. » Je doutais que ce soit assez pour me faire prendre, au contraire, ne penserait-il pas que je ferai preuve de favoritisme envers les élèves de l'école bulgare ? C'était un poste assez spécial que je pourvoyais, car cet échange magique était spécial. Il fallait que j'insiste sur mon envie d'enseigner, sur mon goût pour la métamorphose. « J'ai commencé à enseigner un peu par hasard, une opportunité, mais croyez-moi depuis je ne me lasse pas. Je crois que c'est une chose d'apprendre un nouveau sort à quelqu'un, c'en est un autre de voir la joie se dessiner sur un visage parce qu'il n'a pas obtenu un Troll. Plus que l'enseignement, c'est l'accompagnement que j'aime. J'ai fait plusieurs années de vraie pratique, pendant lesquelles j'usais de ces sortilèges chaque jour, ils sont devenus pour moi comme une cuiller qu'on tourne machinalement le matin dans son café, pas même besoin d'y penser, ça vient naturellement. » Et prends-toi ça le dirlo, si avec ça tu me prends pas. Pourtant, les mots, c'est pas mon fort, mais là, la comparaison est sortie toute seule. Si j'en suis venu à utiliser des figures de style pour expliciter mes propos, c'est vraiment que je suis passionné, ça devrait se voir non ? « Et si je ne vous prends pas ? » Aïe, question que je n'avais pas préparé. Il faut trouver quelque chose à dire. Ne pas montrer que ce métier est mon seul et unique espoir - je paraitrais alors désespéré et suppliant - mais qu'il suscite en moi un intérêt néanmoins non négligeable - sinon ce n'était même pas la peine de l'espérer. « Et bien je pense que vous auriez vos raisons, une candidature meilleure que la mienne peut-être ? Alors j'irai trouver un travail là où le vent me mènera et je reviendrai. J'ai besoin d'enseigner, de transmettre. C'est important pour moi. Si ça ne l'était pas, je ne serais pas devant vous aujourd'hui.  » Parce qu'au fond, je voulais avoir cette sensation d'être utile, cette sensation de pouvoir apprendre toutes ces choses que j'aurais voulu apprendre à d'autres, d'autres envolés au gré de la vie. Un signe de tête, l'entretien était fini. J'avais tout dit, tout ce qui était important pour moi. Mon sort était désormais entre ses mains.

ϟ Ton pseudo : Blake, what else ? ϟ Ton âge : 18 printemps ϟ Ton avis sur mumblemumps : i love iiiiit    ϟ Le mot de la fin :  

Ça ne servirait à rien que je vous raconte mon enfance, à quoi bon ? Vous la trouveriez insipide et sans grand intérêt. J'ai eu, en soi, une enfance aussi basique qu'elle puisse l'être. Mon père travaillait au ministère et, qu'on se le dise, il n'était pas l'un des plus populaires là-bas. Il n'a pas sauvé le monde. Il a commencé par le comité des inventions d'excuses à l'usage des Moldus. Il a fini au comité des inventions d'excuses à l'usage des Moldus. Oui, c'était un homme ambitieux, mon père. Ma mère, elle, c'était déjà autre chose. Elle tenait sa propre boutique dans l'un des quartiers sorciers de Slovénie, boutique de vêtements en tout genre, de capes surtout. Elle a fini par créer plusieurs filiales dans des villages voisins et, à terme, par ouvrir une énorme boutique à Ljubljana. Son rêve, ç'aurait été de s'exporter dans d'autres pays, la Slovaquie ou la Russie par exemple, mais la concurrence était rude dans ce domaine, elle ne vainquit jamais sa peur au bénéfice de ses envies. Mais tous les deux, ils eurent quand même eu une belle vie. Et puis, ils eurent quatre beaux enfants qui réussirent. En tant qu'aîné, on croit souvent que c'est moi qui aurai le devoir de tenir la baraque quand nos parents ne seront plus là ; la vérité, c'est que nous sommes tous plus ou moins éparpillés dans le monde, et qu'on a tous notre petit train-train quotidien. Jamais je n'aurai aucun droit sur mes frères et soeurs, et je n'en veux pas. La pureté du sang, vous parlez d'une sacré histoire, je n'y ai jamais vraiment cru. Sur mes papiers, y a marqué sang pur, et ça me fait une belle jambe. Ça ne m'a jamais choqué que mon frère se marie à une sang-mêlé, ou que ma soeur soit tombée amoureuse d'un né-moldu. Y a bien une de mes soeurs qui est un peu plus pointilleuse là-dessus, elle était d'ailleurs des plus ravies quand j'ai épousé une sang pur. En soit, si elle avait été cracmolle ou moldue, je l'aurais sûrement épousée tout de même. Mais laissez-moi vous raconter ma plus grande histoire d'amour dans un chapitre ultérieur. Pour en revenir à ma famille, on aurait certes pu faire plus nombreux, mais elle était déjà assez large comme ça. C'est quand ma cadette a eu un enfant, très jeune, que j'ai découvert pouvoir être gaga d'un enfant, mon neveu. J'ai ainsi commencé à songer à être papa à mon tour. Il était si joli, avec de grands yeux bleus, et ce sourire qui donne un sel particulier à la vie, qui donne une raison d'exister. Notre mariage eut lieu peu de temps après. Nous n'avons pas attendu longtemps avant d'avoir notre fille, en cette magnifique année 1990.

J'avais rencontré Andreja tout petit, elle faisait partie de ces familles sorcières qui vivaient à Kamnik. Je n'ai pas été le seul à la remarquer. Elle avait de longs cheveux roux qui lui descendaient jusque sous les fesses, ils ondulaient quand elle courait sur les chemins, s'emmêlaient, venaient se confondre dans les herbes folles, car nous avions l'habitude de jouer dans les champs qui entouraient le village. Elle avait toujours un large sourire, et parfois, j'aimais à croire qu'il était plus large encore lorsque c'était moi qu'elle observait. Nous sommes entrés à Durmstrang dans la même fratrie, celle des Basilic. Nous finissions souvent ensemble aux cachots, et je crois bien qu'à ce moment-là, elle était ma meilleure amie, avant que je n'en tombe amoureux. Nous faisions les mêmes frasques, les mêmes blagues, les mêmes coups bats. Lors de notre dernière année, un soir d'hiver, alors que le froid avait pris possession du château et que la neige tombait au dehors, nous nous étions retrouvés seuls dans la salle commune de la fratrie, tous les autres s'étant rués dehors pour profiter des premiers flocons. Jamais un détail de ce jour ne m'a échappé, jamais. Et jamais je n'avais oublié le parfum qu'elle portait et que je sentais venir jusqu'à moi tandis qu'elle était allongée sur moi, sa tête posée sur mes cuisses, observant mon visage avec tant d'attention que nous semblions figés dans le temps. Je n'oublierai pas la douceur de sa peau, la chaleur de son souffle, et ses lèvres qui étaient venues joindre les miennes pour la première fois.

Greta est née un an après notre union. Nous étions alors installés à Podveža, pour profiter au mieux de la nature. Andreja partait souvent en forêt pour récupérer de nouvelles espèces de plantes, elle n'avait jamais cessé d'aimer la botanique. Passionnés tous deux par l'art, nous avions monté un petit atelier de bric et de broc, qui ressemblait davantage à une cabane au fond du jardin. Moi, j'étais plutôt doué en métamorphose, alors je me chargeais de récupérer des objets quelconques et je les transformais pour qu'ils prennent la forme dont nous avions besoin, je donnais la structure à la pièce. Elle, elle venait rajouter des fleurs et divers branchages qu'elle s'empressait d'ensorceler pour qu'ils ne fanent ou ne pourrissent pas. Nos sculptures n'étaient pas connues, mais elles nous ressemblaient. Nous vivions d'expositions, de ventes aussi un peu. Cette vie frugale nous suffisait, tant que nous étions ensembles. Nos oeuvres étaient constamment signées Aramis. Parce que nous étions trois à les concevoir, un peu d'Andreja, un peu de Greta aussi, un peu de moi. A trois nous formions un tout, comme les héros de Dumas, et Aramis avait cette connotation religieuse qui restait importante dans notre culture et nos moeurs - je portais d'ailleurs en permanence mon médaillon de baptême comme une relique sacrée autour de mon cou. Notre nom finit par être quelque peu connu à la capitale, tellement que la mairie moldue nous commanda une sculpture pour l'un de ses jardins. Nous usions d'artifices pour qu'ils ne posent pas trop de questions : des fleurs qui restaient intactes, ça n'existait pas dans leur monde. Alors nous les rendions un peu brillantes, de façon à ce qu'elles soient mi-réelles, mi-factices. Nous, nous pouvions apprécier la beauté de vraies fleurs sauvages, eux, ne voyaient qu'une sorte de plastique extrêmement bien réalisé. Nos croquis se voulaient novateurs, c'était sans doute la plus grosse commande que nous n'aurions jamais, il fallait que ce soit notre plus belle pièce.

Andreja ne tenait plus en place ce matin-là, nous devions aller plus loin que nous n'avions jamais été dans la forêt, pour trouver des plantes rares. Greta était dans ses bras, du haut de ses deux ans elle avait bien grandi et nous accompagnait dans toutes nos balades. Une fois dépassées les limites de la forêt que nous connaissions, la lumière sembla un peu plus noir, car le feuillage condensé empêchait la lumière de traverser la cime des arbres. Nous passions à côté de quelques fleurs splendides et Andreja me demandait sans cesse d'en prendre des échantillons. Elle saurait ensuite les multiplier et faire en sorte de toujours en conserver une. Un bruit nous fit nous arrêter. Je me tournai de tous les côtés pour essayer de voir d'où il provenait. On aurait dit comme des branches qu'on écrasait. Un animal ? Je sortis ma baguette, sur mes gardes, lançant des regards furtifs un peu partout. Je fis volte-face lorsque j'entendis le cri d'Andreja qui avait poursuivi son chemin avec Greta. Elles se tenaient devant une horde d'hippogriffes. Les cours de soins aux créatures magiques remontaient désormais loin dans nos mémoires. Je ne parvenais même pas à me souvenir si nous avions déjà abordé les hippogriffes. En tout cas, j'étais bien incapable de savoir que faire en cas de rencontre avec l'un d'entre eux, et visiblement, Andreja n'était pas beaucoup plus informée. Elle recula doucement, et deux hippogriffes s'avancèrent davantage vers elle. Elle recula encore, faisant craquer des branches sous ses pas, bruit qui sembla alerter les créatures. Celui qui se trouvait au plus proche d'elle se cabra alors, frappant d'un coup sec son torse, et elle tomba à la renverse. Mes sorts commencèrent à fuser, attaquant les bêtes une à une. Mais elles étaient trop nombreuses, et elles continuaient d'attaquer ma fille, ma femme. Cette dernière était sûrement assommée, car je ne voyais nul mouvement provenant de son corps, et voilà bien longtemps qu'elle aurait dû sortir sa baguette, comme un réflexe. Pendant de nombreuses minutes, j'illuminai les bois d'étincelles, faisant fuir progressivement les animaux. Quand enfin le dernier se décida à prendre la fuite, je me ruai vers Andreja et Greta que j'avais fini par rejoindre petit à petit. Les deux étaient inconscientes, du sang coulait des nombreuses blessures qu'on venait de leur infliger. Le coeur battant à toute allure, je fouillai dans mon sac pour chercher de l'essence de dictame. J'en avais habituellement toujours un flacon sur moi quand nous partions, mais impossible aujourd'hui d'en trouver un. Je tremblais de tous mes membres, et ni l'une, ni l'autre, ne semblait vouloir se réveiller. Mais ni l'une, ni l'autre, ne se réveillerait jamais, en réalité.

Je partis chez ma cadette quelque temps, en Ukraine. Ce ne fut qu'une fois sur place que je me rendis compte que c'était probablement l'endroit où j'avais le moins envie d'être. Mon neveu n'était pas grand, seulement trois ans de plus que Greta, et tout dans son infantilisme, tout dans les gestes maternels de ma soeur, me rappelaient ceux que j'avais perdus. Je vécus pendant des mois comme en exil, enfermé nuit et jour dans une des chambres de la maisonnée, peu enclin à discuter avec qui que ce soit. J'écrivais le plus souvent, car cette âme d'artiste, cette envie de transmettre et cette créativité ne peut jamais vraiment vous quitter. Ces brouillons, je finissais par les froisser et les jeter par terre. Mais ils étaient tous signés Aramis, de cette même écriture, de cette même graphie que toutes nos oeuvres précédentes. Car Aramis c'était moi désormais, je les contenais toutes les deux dans mon âme, je les ressentais, où que j'aille.

Près de six mois après l'accident, je redevenais presque l'homme que j'avais été. Je sortais davantage, me contentais en petites balades - jamais bien longues et toujours là où il pouvait y avoir du monde - et tous dans la famille avaient remarqué ce sourire qui réapparaissait peu à peu au fil des semaines. J'avais besoin de sortir, de voir du monde, de rencontrer des gens, de passer à autre chose. Je n'avais aucun talent particulier, j'aurais pu reprendre mon activité en sculpture, mais c'était se refaire une notoriété qu'on avait bâtie si longuement, et je ne me voyais pas le faire sans elle, sans Andreja. Mais je restais néanmoins bon en sortilège et en métamorphose, alors je postulai à Durmstrang, et l'école m'accueillit une nouvelle fois, de l'autre côté du bureau, cette fois-ci.

Je me fis ma place parmi ceux qui peuplaient désormais cet immense château. Je n'avais pas très bonne réputation auprès des élèves, car j'arborais sans cesse cet air du professeur sévère, exigeant. Il semblait que mon sourire naturel et ma joie de vivre appartenaient à une autre époque, à un autre moi. Néanmoins sérieux et méticuleux dans mon travail, je savais me faire bien voir de Karkaroff. C'est l'année de mes trente ans que les choses avaient encore radicalement changé. Fin août 1994, le directeur m'avait chargé d'une mission. Je n'avais jamais vraiment compris pourquoi moi. Parce que je remplissais toujours mon devoir sans broncher ? Parce qu'on me faisait confiance ? Parce qu'ils savaient que j'avais déjà eu une fille et que je saurais être doux avec elle ? Les raisons pouvaient être multiples, mais les faits étaient là. On m'avait demandé de me rendre dans un petit village, mes instructions semblaient simples, il fallait éveiller la conscience d'une jeune fille, une jeune sang pure qui vivait chez une dame moldue, et lui apprendre qu'elle appartenait à un autre monde. Cette demoiselle là, pourtant, n'était pas une future élève de Durmstrang lambda, elle appartenait à une grande famille, c'était une Dashkova, et ce nom je ne le connaissais que trop bien car il n'aurait pu être étranger à personne.

Jamais je n'aurais cru que la tâche qu'on m'avait donnée aurait pu être si compliquée. Mon arrivée dans la maison fut des plus simples, je demandai à parler à Alexandra, ou plutôt Lou, son nom d'emprunt. Aucunes phrases pour me présenter, pour l'amener dans mon récit, j'évoquai tout de suite le mot « sorcier », lui dévoilant ainsi sa réelle identité. Mais une telle fille ne devait-elle pas savoir depuis longtemps ce qu'elle était réellement ? Rapidement, je lui fis aussi comprendre que de cette famille, il ne restait plus qu'elle, et je m'extasiai enfin quand elle sortit un mot, car la fillette était restée muette depuis mon arrivée. Mes explications se conclurent lorsque je sortis ma baguette et que d'un mouvement, je fis s'envoler les objets de la pièce devant, j'en étais presque persuadé, le regard ébahi de Lou, et de sa mère. Mais mes yeux étaient rivées sur elle, cette enfant, qui semblait d'un seul coup s'être renfermée sur elle-même, perdue dans un monde que ni moi, ni sa mère, ne pouvait comprendre. Un monde qui lui était inhérent. Je posai mes mains sur ses épaules et je quittai mes phrases crues et mon impatience pour laisser place au côté paternel que je savais avoir toujours en moi. Mes mots la calmèrent, et je compris alors, ce monde, ce qu'elle était. Un obscurus. Je connaissais l'existence de ces choses, mais jamais je n'avais eu la possibilité d'en voir un, d'en approcher un. De la magie contenue, enfermée, refoulée au fond d'un corps. J'ignorais ce qui allait se passer par la suite durant toutes ces années. Je développais petit à petit de l'affection pour cette jeune fille qui semblait elle aussi trouver en moi une figure paternelle, un repère. Au fond, je voulais croire qu'elle était Greta, ou du moins ce que Greta aurait été. Parallèlement, je savais qu'elle avait besoin de quelqu'un pour gérer ce qu'elle contenait en elle et pour réussir peut-être un jour à s'en débarrasser complètement. Je mettais mon corps et mon âme à la sauver d'elle-même.

En 1999, lorsque l'épidémie magique fut repérée à Durmstrange et que l'école dut fermer, je me retrouvai sans rien, après tout ce que j'avais réussi à reconstruire. L'échange magique fut proposé, et j'hésitais à postuler moi-même à Poudlard. Lorsque j'appris que Lou s'y rendait, elle finit par me faire prendre ma décision, je ne pouvais décidément pas la laisser. Et j'avais besoin de suivre une constante, de continuer ce travail qui me plaisait tant. Je n'avais, d'ailleurs, nul part autre où aller.