We used to be friends (Silash)

We used to be friends

Après l’euphorie de la réouverture de Poudlard et l’accueil des nouveaux étudiants étrangers, les choses revenaient tranquillement à la normale au sein de l’école de sorcellerie. Même si la vie au château ne serait plus du tout la même pour Silas. Non seulement parce qu’il y aurait toujours des souvenirs des êtres chers perdus sur le terrain de l’école, mais surtout parce qu’il n’était plus le même. Il n’avait plus ce besoin de toujours se retrouver sous les feux des projecteurs et d’être aimé de tous. C’était même le contraire. Il avait envie de se fondre dans les murs et devenir invisible aux yeux de tous. Ce qui n’était pas du tout évident lorsqu’on avait passé sept ans à être au centre d’une petite bande d’amis et qu’on adorait se faire remarquer. Silas pouvait dire, sans mal, qu’il avait été un garçon populaire tout au long de son parcours scolaire. Jamais, il ne se trouvait seul, il faisait rire tout le monde, il était sportif, amusant et charismatique. Il aimait attirer l’attention sur lui. Tout le monde connaissait son nom et la plupart avait une bonne impression sur lui. Il faut dire que l’ancien Silas n’était pas quelqu’un de très compliqué et il était toujours très amical avec tout le monde. Il ne jugeait pas et n’avait jamais intimidé qui que ce soit. Il avait toujours adoré accueillir les premières années et les diriger les premiers jours. Mais, il ne restait plus grand-chose du garçon enjoué et prêt à tout pour s’investir dans la vie étudiante du collège. Il détestait désormais les foules et les groupements. Il avait souvent envie d’être seul et il voulait que les gens qu’il connaissait arrêtent de le fixer et de chuchoter sur son passage. Ils ne le savaient pas, mais le nouveau loup-garou entendait tout, même s’il se trouvait à plusieurs mètres d’eux. La plupart mettait cette mauvaise humeur sur la perte de ses parents. D’autres étaient déçus de ce changement de personnalité drastique et ils ne comprenaient pas ce qui avait pu se passer. Heureusement, aucun ne suspectait sa nouvelle condition. C’est ce dont il avait le plus peur. Il avait honte d’être à présent un monstre. Il ne le contrôlait pas encore tout à fait. Il avait peur de s’en prendre à quelqu’un et il se disait que s’il restait dans son trou, il ne ferait de mal à personne. Cela le frustrait parce qu’il savait bien qu’au fond, ce n’était pas lui. Il savait qu’il était quelqu’un de bien qui aimait la compagnie des autres, qui adorait les blagues et faire des folies. La personne qu’il présentait désormais n’était qu’un intrus. Seulement, la chose était beaucoup plus forte que lui et grugeait tout ce qu’il y avait de bon. Depuis le départ, il savait que c’était une mauvaise idée de revenir à Poudlard alors qu’il y avait des gros risques qu’un incident se produise. Il s’était fait avoir par les beaux yeux de Lyra et il était à présent trop tard pour reculer. Heureusement qu’il pouvait compter sur Sianna et, à présent, sur Sevan pour apprivoiser la créature qui le rongeait de l’intérieur. Il n’y avait qu’avec eux qu’il se sentait bien. Ils comprenaient exactement ce qu’il vivait et chacun supportait l’autre. Il se sentait bien avec eux et passait la plupart de son temps libre avec la gryffondor et le poufsouffle.

À l’heure du déjeuner, Silas avait mangé en vitesse. Il se sentait oppressé entouré de tout le monde qui mangeait en même temps. Tous ces blablatages, ces rires, ces cris et les bruits des assiettes et des verres lui donnaient mal à la tête. Chaque son était comme si on le frappait directement au crâne et c’était insupportable. Lorsqu’il y avait trop de bruit, le garçon devenait irritable et plus rapidement agressif. Il n’arrivait plus à penser. Il avait juste envie de monter sur une table et crier à tout le monde de la fermer à l’aide d’un Sonorus. Comme ce n’était pas très convenu et qu’il ne souhaitait pas s’attirer les foudres des professeurs et les regards jugeurs des élèves, il valait mieux qu’il sorte de là discrètement en ayant l’air le plus normal possible. Dès que la porte se referma, tout le vacarme fût aspiré d’un seul coup vers l’intérieur et le silence l’apaisa aussitôt. Comme lors du banquet, il se répétait qu’il devait vraiment apprendre à fermer sa tête aux voix extérieures et que cela devienne instinctif et normal. Il ne pouvait plus être ce type désagréable qui jetait des regards noirs dès qu’on le dérangeait. Il devait se retrouver et redevenir lui-même. Être sans cesse en colère était fatiguant. Il décida d’aller prendre un peu d’air. Il faisait un soleil radieux et l’été était toujours bien présent. La température était chaude et il y avait juste un peu de vent pour rafraîchir l’air.

Silas marchait un peu à l’aveuglette. Il n’avait pas d’endroit précis où se rendre. Il devait juste se changer les idées et se délier les jambes après avoir passé un avant-midi assis en classe. Il profitait de ce moment de solitude pour se calmer. Puis, une personne de dos accoté auprès d’un arbre près du lac attira son attention et il cessa de respirer. Ce ne pouvait qu’être lui. C’était son arbre. Son endroit fétiche. Chaque fois que Silas cherchait Ash, c’est exactement là qu’il le trouvait, un livre grand ouvert sur ses genoux et le front plissé de concentration alors qu’il dévorait les phrases. Silas n’était pas un grand liseur. Il n’arrivait pas à se concentrer pour imaginer les images que reflétaient les romans. Il avait toujours admiré son meilleur ami pour cela. Enfin, le rouge et or n’était pas certain de pouvoir désigner Ash comme étant son meilleur ami. C’était une autre des raisons pour laquelle la vie à Poudlard ne serait plus la même. Il n’avait plus Ash à ses côtés, eux qui avaient été inséparables pendant sept belles années. Silas fixa le dos qu’il connaissait trop bien pendant de longues minutes cherchant son courage enfouit très profondément en lui. Il avait bien vu que le Flint l’ignorait depuis la rentrée. Il n’avait pas tenté de lui parler ou même d’attirer son regard. Mais, le Wolfhart ne pouvait pas lui en vouloir. Ce dernier avait vraiment envie de lui parler. Ash lui avait manqué. Il fit quelques pas, puis s’arrêta et tourna les talons avant de se raviser. Il devait faire les premiers pas. C’était lui qui avait tout gâché. Il serra les poings et marcha les quelques mètres qui le séparaient du serdaigle. "Hé. Salut Ash." Dit-il dans son dos, trop honteux de le regarder dans les yeux.

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We used to be friends

 Il y a des choses qui ne changent pas. Ce lieu reste le même, malgré la reconstruction. Les pièces et les couloirs n'ont pas changé, les murs non plus. Ash a retrouvé le dortoir des Serdaigle et la plupart des camarades avec qui il a grandi pendant sept longues années. Mais certains ne sont plus là soit parce qu’ils ne souhaitent pas revenir dans ce lieu plein de mauvais souvenir soit parce qu’ils y ont malheureusement péri. Depuis la bataille, ils ont tous changé, eux, les étudiants. Ash non plus n'est plus le même et beaucoup de ses anciens amis, il a décidé de les rayer de sa vie. Parce qu'ils ne sont pas assez bien, parce qu'ils le tirent vers le bas, pour toute une série de mauvaises bonnes raisons. Mais, malgré tout cela il y a des constances dans cette vie à l'école de sorcellerie, la lecture à l'ombre de cet arbre en est définitivement une. C'est l'un de petit plaisir irremplaçable d’un jeune homme féru de lecture en plein air. Il ne sait pas trop pourquoi il vient ici, ni même ce que ce lieu lui apporte de spécial, mais c’est son spot à lui. Il s’y trouve à cet instant-là, adossé contre l’arbre centenaire qui admire le domaine de l’école à loisir. Lui est plongé dans son livre mais de temps en temps il relève la tête et son regard se perd au loin, sur rien de spécial mais sur tout à la fois. Son esprit se ballade un peu partout. Il pense à plein de chose mais sait très bien éviter celles qui fâchent.
La rentrée a eu lieu il y a quelques jours de cela et le rythme des cours à l’école de sorcellerie a repris avec une facilité déconcertante, comme si cela ne faisait qu’un été qu’ils étaient tous partis. Pourtant le temps a passé et certains choix ont été faits. Il était pourtant plus facile à Ash de les assumer depuis leur grande maison londonienne que depuis Poudlard. Ici il doit se confronter à ses nouvelles décisions et quelque part il arrive à avoir mauvaise conscience, comme si ses belles certitudes n’avaient pas les fondements assez solides pour qu’il les porte à bout de bras sans jamais sourciller. Le jeune homme a pourtant un certain talent pour mettre de côté ses états d’esprit. Il a juste besoin d’un bon livre et de se rappeler qu’il a raison. Au fond c’est tout ce qui compte et si il n’y arrive pas tout seul, c’est sa sœur qui le fera pour lui.

Mais il y a un sujet, un seul sur lequel le Flint reste inflexible et cela concerne son ancienne amitié avec Silas Wolfhart qui a, lui aussi, fait une nouvelle rentrée à Poudlard. Ash l’a ignoré, tout simplement, mettant de côté sa colère pour privilégier la froideur d’un manque total d’attention. Ça en a surpris certains, de ne plus voir les deux inséparables ensemble. Ils les avaient habitués à tout le contraire pendant leurs sept premières années à Poudlard. Mais ce temps est maintenant révolu et si le gryffondor a été celui qui a mis fin à leur amitié, Ash est clairement celui qui fera tout en sorte pour que cela reste ainsi. Enterrée, si pied sous terre, leur amitié n’est plus et il ne reste d’elle que de vagues souvenirs qui n’importent pas. Le Flint n’y pense même pas, aveuglé par son amertume, par la trahison et la colère. Si ça n’avait tenu qu’à lui, ils en resteraient là, sans chercher plus loin. L’indifférence lui suffit plus parce qu’il ne croit pas en une vengeance puérile et inefficace que parce qu’il est réellement d’une sagesse à toute épreuve. Pourtant il voudrait lui faire payer la note, parce que son orgueil a été piétiné et qu’il se sent comme le dindon dans la farce. Quelque part il a envie de se refaire une fierté, oui, c’est certain. Mais le stato quo semble, pour le moment, nécessaire. Mais, cette belle ignorance n’a pas l’air de convenir aux deux parties concernées. Comme d’habitude, c’est Silas qui mène la danse et qui impose ses choix. Ash aurait pu s’en douter quelque part, parce qu’il le connait par cœur quoi qu’il en dise, mais il est sincèrement étonné d’entendre une voix qui semble presque sortir d’un autre temps. « Hé. Salut Ash. » Le Flint lève les yeux de sa lecture pour regarder devant lui sans pour autant voir son ancien meilleur ami. Il le reconnait entre mille et ce n’est pas parce qu’ils ne se sont pas parlés en une longue année que le serdaigle va oublier cette voix qui semble à la fois timide et honteuse et ça c’est clairement nouveau.

Le jeune homme se retourne et voit enfin le gryffondor qui se tient à quelques mètres derrière lui. Ca le fait presque rire de le voir aussi misérable. En tout sarcasme, c’est trop d’honneur pour Ash que de constater que cet ami, qui l’a pourtant si bien ignoré, ressent de la culpabilité. Il arbore un air amusé et pourtant on sent parfaitement sa rancœur lorsqu’Ash lui répond avec froideur. « Sérieusement ? » Il repense aux lettres qu’il lui a envoyées et à toutes les fois où il est parti chez le gryffondor pour tomber irrémédiablement sur un silence radio monumental. Ca a le don de réveiller sa colère, parce que clairement, le serdaigle en a gros contre celui qui se tient toujours derrière lui. Pourtant il fait son possible pour se contenir et se retourne comme pour mieux faire comprendre à Silas qu’il ne souhaite aucunement d’une conversation avec lui. « T'as du culot de venir me parler comme si de rien n'était. » Et si avec cela le message n’est pas passé, alors c’est vraiment que Silas est devenu complétement bête. Ash y croit. Il croit vraiment que le gryffondor va repartir d’ici et le laisser tranquille. Il espère pourtant qu’il n’en fera rien. Il a une tonne de chose à lui dire. Il a une année de rancœur à déverser ainsi que sept autres de regret. Au final, une confrontation est peut être le mieux pour mettre la situation au clair. Ils ne sont plus amis mais sont devenus tout l’inverse l’un pour l’autre. Ash le sait déjà, mais Silas mérite surement d’être mis au courant.

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L’amitié qui unissait Ash Flint et Silas Wolfhart avait toujours été belle, forte et sincère. Une amitié qui démontrait parfaitement que les contraires s’attiraient. Les deux sorciers venaient de deux familles complètement à l’opposée. Les Flint étaient purs et fiers de leur sang, ils étaient riches, reconnus, hauts-placés et respectés. L’éducation, les bons résultats et le bien paraître étaient importants pour eux. Tandis que chez Silas, même si ses parents et ses grands-parents étaient des sorciers doués, il était considéré comme un mêlé. Sa famille était moins coincée et plus libertine. Ils étaient fiers de leurs racines sorcières, mais n’étaient pas fermés au monde moldu. Sans rouler sur les gallions, le jeune garçon n’avait jamais manqué de rien. Il avait eu une enfance heureuse toujours encouragé par deux parents aimants. Ils étaient tout aussi des grands sorciers comme le prouvait leur métier d’auror. Ils étaient aussi respectés. Malgré ces différences de mentalité, Ash n’avait jamais eu honte de Silas et avait toujours été là pour lui. Le gryffondor savait que le serdaigle avait souvent reçu les remontrances de sa famille concernant ses fréquentations, mais le jeune Flint les avait toujours essuyés d’un revers de la main, allant même à se sauver de son beau manoir pour rejoindre son ami lors des vacances. Mais, il n’y avait pas que leur statut qui les différenciait, leur personnalité respective aussi. À priori, les deux adolescents n’avaient aucun point commun et étaient totalement différents. Silas était le type extravaguant qui adorait être sous les projecteurs. C’était celui qui parlait tout le temps et à tout le monde. C’était le sportif typique qui était fougueux, charmant et populaire. Celui qui se débrouillait bien dans les études, mais sans plus. Ash, c’était le type un peu plus réservé qui adorait lire et qui était extrêmement intelligent. Il n’était pas pour autant asocial et il était un bon fêtard, mais il était aussi indépendant. Il n’était pas très sportif. Pourtant, dès le premier cours de potions de leur première année où ils avaient dû travailler en équipe, ils s’étaient immédiatement bien entendus et étaient devenus inséparables pendant sept ans.

Mais aujourd’hui, alors que tous les deux avaient entamé leur huitième année dans l’école qui avait vu naitre leur belle complicité, les deux garçons étaient en froid. Ils ne s’étaient jamais disputés, malgré leur caractère fort. Ils avaient eu des différends, mais ça n’avait jamais duré bien longtemps, à peine quelques heures. Mais là, ça n’avait rien d’une dispute de gamin. Ash en voulait à Silas et franchement, le rouge et or le comprenait. Le Wolfhart avait tout gâché. Il avait des raisons valables, mais il n’avait pas su bien gérer sa plus précieuse amitié qui, pourtant, l’aurait grandement aidé à passer au travers de toutes ses épreuves. Le ton glacial employé par Ash pour lui demander s’il était sérieux de venir lui parler comme si tout allait bien lui fit froid dans le dos. Silas n’avait jamais entendu cette voix dépourvue de chaleur chez son ami et surtout pas pour s’adresser à lui. Mais, Silas était déterminé à s’excuser et à s’expliquer. Ash devait bien s’en douter, Silas n’était pas du genre à abdiquer si facilement et ce peu importe le domaine. "Je n’ai jamais manqué de culot, tu le sais." Il risqua un petit sourire en coin pour alléger un peu l’atmosphère. Pour la première fois, il se sentait vraiment petit face à Ash. Les deux garçons avaient la même taille et leur musculature était semblable, même si celle du futur médicomage avait considérablement augmenté dans la dernière année, mais c’était l’assurance de Silas qui avait toujours fait la différence. Il avait toujours été le leader du duo et le bleu et argent avait toujours eu plus tendance à s’écraser et à s’effacer. Mais pas cette fois. Ash le toisait de son regard le plus menaçant et Sil sentait la colère émaner de lui accentuant la honte du loup-garou, mais c’était à lui de briser cette barrière qu’il avait lui-même laissé se bâtir en repoussant son ami de sa vie. Ses poings se serraient et se desserraient. Ses mainsétaient moites. Il était nerveux. Il ne savait vraiment pas ce qu’il allait lui raconter et surtout de quelle façon son plaidoyer allait sortir. Il prit une grande respiration et mis ses mains dans ses poches. "Écoute, je suis désolé Ash. Vraiment. Je ne sais pas si tu sais, mais mes parents sont morts sur le champ de bataille. Ma mère a reçu un avada devant moi. Il y a donc eu beaucoup de changements dans ma vie cette dernière année et j’ai perdu mes repères. Cette guerre m’a beaucoup affecté psychologiquement et …physiquement. Je ne savais pas comment réagir et je sais que te repousser n’était pas la meilleure solution, mais j’avais besoin d’être seul…" Malgré la forte envie de lui avouer avoir été mordu par un loup-garou lors de la bataille, il n’y arrivait pas et restait vague dans ses excuses. Pourtant, il ne lui avait jamais rien caché. Mais il avait tellement honte d’avoir été mordu par un loup-garou et il ne souhaitait pas mêler Ash à cette histoire. Silas se doutait que le bleu n’était pas dupe et qu’il saurait qu’il lui cachait quelque chose, même si le gryffondor ne mentait pas complètement. La perte de ses parents avaient été tout un choc pour lui et encore toutes les nuits, le visage pétrifié de sa mère le fixant de ses yeux vides et lui souriant sereinement, le hantait. "Tu as le droit d’être en colère contre moi. J’imagine que c’est normal et je ne t'en veux pas. J’espère juste que tu comprendras. " Il était d’avis qu’avec si peu d’informations, il était difficile de pardonner. Il espérait au moins qu’il comprendrait que ça n’avait pas été évident pour lui aussi et que Silas voulait retrouver son amitié, surtout.

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Après tout qu'est-ce qu'il en sait ? Si ça se trouve Silas va vraiment se casser de là sans demander son reste. Le Gryffondor n'est plus le même, le silence radio de cette dernière année le prouve bien. Avant il n’aurait jamais fait ça. Pas à lui. Les choses ont changé du tout au tout, irrévocablement, sans qu'il semble y avoir de retour en arrière possible. Le Flint à la fierté piétinée retourne à sa lecture, sachant très bien que leur amitié ne peut être réparée, même pas avec du scotch. Mais si lui est capable de vivre avec cette idée, celle d’un passé définitivement enterré, sans même avoir lutté pour le ressusciter, Silas, lui, n'en reste pas là. Comme il le dit si bien : « Je n’ai jamais manqué de culot, tu le sais. » Oh oui, Ash le sait, en effet, mais ça ne l'empêche pas d'être prodigieusement agacé par l'assurance complètement déplacée du Gryffondor. Il en a gros sur le cœur et ça peut se comprendre. Silas a de la chance qu’Ash soit de nature patiente ou alors c'est pour une toute autre raison qu’il reste muet, toujours dos au nouveau venu. Parce qu'une chose est sûre : le Flint n'a pas envie de subir le discours de son ancien ami. Il a longtemps était celui dans l'ombre, le second au tableau, présent en grande partie pour marquer la flamboyance de Silas par sa placidité. Aujourd'hui encore, il a l'impression que cette amitié à laquelle il a sincèrement cru n'était qu'une vaste farce. Le beau discours de Silas n'y changera rien et ce n'est pas la patience du Flint qui fait qu'il l'écoute avec grande attention jusqu'au bout. Lui a juste envie de voir si Silas va continuer de se jouer de lui en toute impunité. Il veut savoir à quel point le Gryffondor pense pouvoir le manipuler à sa convenance. Une excuse ? Plusieurs ? Quelques raisons par ci par là ? Et pourquoi pas la raison pour laquelle Sianna vaut mieux que lui dans les temps durs ? Tout ça à la fois où même rien du tout ? Ash est peut-être curieux ou plutôt il veut savoir sur quel pied danser. Il veut avoir la matière pour faire se venger de son ancien ami, le heurter dans ses sentiment et lui faire payer tant d'années à s'être moqué d'un Flint.

« Écoute, je suis désolé Ash. Vraiment. Je ne sais pas si tu sais, mais mes parents sont morts sur le champ de bataille. Ma mère a reçu un avada devant moi. Il y a donc eu beaucoup de changements dans ma vie cette dernière année et j’ai perdu mes repères. Cette guerre m’a beaucoup affecté psychologiquement et …physiquement. Je ne savais pas comment réagir et je sais que te repousser n’était pas la meilleure solution, mais j’avais besoin d’être seul… » Ash referme son bouquin sur ces derniers mots. Il a de quoi rire jaune à cet instant précis où le Gryffondor le prend, selon lui, pour le dernier des imbéciles. Mais après tout Silas n'est pas censé savoir qu'Ash connaît leur petit secret à Sianna et lui. Le fait qu'ils se soient vu, plus d'une fois, alors que lui n'avait toujours pas les honneurs d’une banale lettre. Il peut lui mentir à loisir, se faire passer pour le petit orphelin en deuil, celui que tout le monde plaint et admire pour sa bravoure sans nom. Il peut continuer de jouer son rôle malgré tout. Tout le monde l'aime dans celui-ci, alors pourquoi ne pas reconstruire leur amitié démolie sur des bases de mensonges effrontés ? Pourtant Ash a réellement été désolé pour son ancien ami. Parce que la mort de ses parents, il l'avait découvert juste après la bataille quand il croyait encore qu’ils étaient les meilleurs amis du monde. Mais ce n’est non pas par le Gryffondor qu’Ash avait su qu’il était maintenant orphelin. Non, c’était le voisin des Wolfhart qui le lui avait annoncé, après une énième visite d’Ash à son meilleur ami et aussi une énième confrontation à une porte définitivement close. Au début, il avait pensé que son ami avait besoin de temps. Ash pouvait le comprendre même si sa propre réaction à la mort de sa mère n'avait pas été aussi radicale. Mais avec le temps les raisons d'en vouloir à cet ami s'étaient entassées les unes après les autres dans un coin de sa tête. Le silence. L'ignorance. La trahison. Ces idées s'étaient imposées à lui comme une évidence. Depuis toujours, le joueur de quidditch s'était joué de lui, profitant du fait que le Flint ait été bien trop conciliant, trop aveuglé par ce sentiment enivrant de liberté retrouvée. Alors oui, il est maintenant en colère. Pire que cela, c'est presque de la haine qu'il ressent à cet instant précis. Pourtant Ash ne dit toujours rien, prenant grand soin de contrôler ce sentiment qui le fait pourtant serrer les dents. Silas n'en a pas fini et comme d'habitude, c’est lui d'abord et les autres ensuite. « Tu as le droit d’être en colère contre moi. J’imagine que c’est normal et je ne t'en veux pas. J’espère juste que tu comprendras. »

Ash attend que le rouge et or ait fini son petit discours d'apitoiement et il se décide enfin à passer aux choses sérieuses. C’est à lui d'en placer une, enfin, et il se rend compte à ce moment-là qu'il en meurt d'envie. Le Serdaigle se relève et lentement, il se tourne vers son ami. Il se rend note un détail inutile : Silas a pris en muscle, comme quoi le sport est sûrement un moyen méconnu pour se remettre de la mort de toute sa famille. Il ne le jugera pas sur ce point, chacun a ses méthodes. Par contre sur le reste, Ash a de quoi faire question jugement et le sien sera lapidaire, acéré et aussi intransigeant que lui. Il se rapproche de Silas. Son visage est fermé montrant clairement qu'il ne doute en rien de ce qu'il va dire avec un aplomb certain. Le ton de sa voix est dur sans pour autant être élevé. Malgré la fureur qui transperce ses mots, ces derniers sont prononcés avec un contrôle froid et frappant à la fois. Ash comprend le discours de Silas. Oui. Il comprend qu'il se fout complètement de sa gueule. « Et maintenant quoi ? Tu crois que je vais te pardonner ? Que je vais retourner dans ton ombre et en être profondément et réellement honoré ? Que j'ai si peu d'estime pour moi et mon rang que je vais me contenter d'être ton ami par intérim ? Tu as toujours pensé ça avoue le. Que j'étais ton faire valoir plus qu'autre chose. Et Maintenant que le roi Silas en a décidé ainsi, tout doit redevenir comme avant. » Ash ne parle pas de cette épée dans le dos que lui à planter Silas en préférant sa demi sœur à lui. Cette jalousie est celle qui a allumé l'incendie qui a fini par tout réduire en poussière. Si le Flint a toujours su s'en sortir avec une certaine classe, cette histoire le touche tout particulièrement, à tel point qu'il se permet de frapper bas, ce dont il ne sera sûrement pas très fier plus tard. Mais pour le moment il a besoin de mettre à mal Silas, tout comme ce dernier l'a fait avec lui. C'est puéril, et peu digne de lui, mais il faut tout de même avouer que ça fait du bien. « Tu as pleuré la mort de papa et maman ? Tu avais envie d'être seul ? Vraiment ? Rien que ça ? Tu crois vraiment que je vais avoir pitié alors que tu me prends pour un imbécile ? » Il le regarde droit dans les yeux sans sourciller. Il sait très bien que Silas ne lui raconte pas toute la vérité, entre autre parce que ce dernier n'avait aucun problème à traîner avec Sianna et Sevan plutôt qu'avec lui. Etre seul ? A d’autres. Mais, pour être honnête, même sans ce point les choses seraient restées telles qu'elles sont. Silas est peut être celui qui s'en veut le plus mais la réalité est qu'Ash n'est plus le même non plus. Ils ont pris des chemins différents. Ils étaient trop contraires de toute manière. Au final leur amitié a été une erreur de logique. Un bug dans la matrice. Mais le bon sens a repris le contrôle de leur réalité.

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À quoi Silas s’était attendu? À rien. Il avait su la veille de la rentrée que Ash avait aussi décidé de continuer son parcours scolaire à Poudlard et qu’il s’était inscrit au GISIS. Ça n’avait pas réellement surpris le gryffondor. Il savait très bien que le serdaigle aimait apprendre et que son père avait prévu des grandes choses pour son héritier. Il avait néanmoins appréhendé ces retrouvailles. Il lui avait fallu deux jours pour trouver le courage d’affronter son ancien meilleur ami. Il se doutait que ça ne serait pas facile de retrouver la confiance du Flint. Silas l’avait bousillé et il en était bien conscient.  Il aurait tout de même pensé que les choses se passeraient mieux et qu’Ash serait plus réceptif à ses excuses, sans pardonner complètement. Qu’au moins, en laissant ses intentions dans la tête du sang pur, ce dernier pourrait prendre le temps d’y réfléchir et qu’une porte serait toujours ouverte à une éventuelle réconciliation. Il s’était préparé à devoir travailler dur et fort pour montrer qu’il était sérieux dans ses démarches et que son amitié était importante pour lui. Mais le Ash qui se trouvait devant lui n’avait rien à voir avec celui qu’il connaissait si bien. Celui qui connaissait tous ses secrets et qui le connaissait mieux que quiconque. Il était en colère. Tout chez lui sentait la frustration. Tous ses traits étaient déformés. Il ne voulait pas de ses explications.  Il avait déjà rayé Silas de sa vie sans laisser le temps à ce dernier de donner sa plaidoirie. Son idée était déjà faite. Cela faisait un an que sa souffrance et sa vengeance germaient dans son esprit. Ça ne lui ressemblait pas. Il avait toujours été doux, souriant et posé. Il était toujours celui qui calmait les ardeurs et qui se montrait conciliant. Il n’avait jamais porté attention à tous les membres des familles de sang pur qui le jugeait de trainer avec un mêlé.  Ils avaient toujours été un duo qui se serrait les coudes coûte que coûte. Cet Ash-là semblait être à des années lumières. C’était bien le physique de son ami qu’il voyait devant lui, mais ce n’était pas sa voix, ni ses paroles. C’était comme s’il avait attendu tout ce temps pour lui cracher tout ce qu’il pensait de son ami. "De quoi tu parles? Je n’ai jamais pensé ça! Tu le sais très bien!" Il avait du mal à croire ce que venait de lui dire son ancien complice. "Je ne sais pas du tout où tu vas prendre toutes ces conneries, mais tu dis n’importe quoi. Je comprends que tu sois en colère, mais c’est pas la peine de dire des trucs stupides. Si tu te sentais comme ça, c’est pas mon problème. Ça n’a jamais été mon but. Tu t’es foutu ça dans la tête toi-même. Viens pas me faire porter le chapeau parce que t’es pas bien dans ta peau." Silas venait de frapper un mur. Et pas un mur tout mou, tout douillet, mais un mur avec trois rangs de grosses briques bien épaisses. Et ça faisait mal. Il avait littéralement figé en entendant les paroles blessantes du jeune Flint. C’était juste impossible que de telles stupidités puissent sortir de sa bouche.  Silas n’avait jamais eu l’impression qu’Ash se sentait mal dans leur duo. Il n’avait jamais voulu être devant lui et avoir toute l’attention. Il avait toujours pensé que tous les deux étaient égaux et qu’ils se complétaient bien et que si le bleu et argent était plus effacé, il s’agissait de son choix. Ils étaient toujours venus en paquet de deux. Si Silas était à un endroit, Ash n’était jamais bien loin et vice versa. Si Silas faisait de l’ombre à son ami, c’était inconsciemment et avoir su, il aurait fait attention. Le gryffon avait toujours trouvé son ami intéressant et il avait toujours pensé qu’il devait s’affirmer plus. Jamais, il ne lui aurait mis des bâtons dans les roues dans le but d’avoir tous les mérites. Il n’était pas ce type d’ami. Il ne rabaissait pas les autres pour se valoriser. Alors, ça lui faisait beaucoup de peine que le seul ami qui lui était cher pense cela de lui.


Il pensait que le pire avait été dit, mais il se trompait. Ash n’avait pas dit son dernier mot et il n’allait pas se contenter de simplement montrer sa jalousie. Il en avait gros sur le cœur et Silas avait ouvert la brèche. Mais il ne s’attendait pas à ça."Qu’est-ce que tu viens de dire?" Calme jusque-là, la colère explosa dans ses veines d’un seul coup et il voyait rouge. Il avait serré les dents et s’était avancé vers le serdaigle, l’air méchant. En quelques enjambés, Silas se trouva devant lui. Il posa lourdement ses mains sur le torse du bleu et le poussa. Plus fort que prévu puisque le rouge ne maîtrisait pas encore très bien sa nouvelle force. "Et c’est moi qui a du culot? Tu oses parler de la mort de mes parents comme si c’était un truc tout à fait banal? Mais t’es une putain de merde! J’arrive pas à y croire, Ash. T’es rendu bas pour t’en prendre à des gens qui t’ont toujours super bien accueillis dans leur maison. Au contraire de toi, j’avais une relation avec eux moi. J’étais capable de leur parler, de me confier et de rire avec eux. Ils m’ont jamais rien imposé et ont toujours été fier de moi. Est-ce qu’on peut dire ça de ton père? Est-ce que c’est pour le rendre fier que t’es rendu un con? Tu peux me traiter de tous les noms et m’accuser de tous les tords, mais t’as pas le droit de les ridiculiser et de faire comme si c’était rien alors que tu sais très bien qu’ils étaient tout pour moi. "

L’animal avait envie de sortir et de lui sauter dessus pour le faire taire. Il ne souhaitait pas en venir aux coups. Il était blessé, mais il ne voulait pas faire de mal à Ash. Il ne voulait pas risquer de lui causer une plaie saignante. Il en voulait terriblement à l’étudiant en politique, mais il ne souhaitait pas sa mort et une petite blessure pouvait lui être fatale. Il voulait se convaincre que ce n’était pas Ash, mais il devait se rendre à l’évidence, son meilleur ami n’existait plus. Il était devenu…un Flint. Un vrai. Bien des choses pouvaient changer en un an. Il en avait la preuve. Si on lui avait dit il y a sept ans que son amitié parfaite et solide avec Ash se terminerait par des bassesses et des injures, Silas ne l’aurait pas cru. Au contraire, il avait toujours cru qu’Ash ferait parti de sa vie pour toujours. Il se trompait.

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Ash ne doute pas une seconde d'avoir raison. Une année a passé et durant celle-ci il a eu le temps de se forger sa propre vérité. Elle l'arrange bien, lui donne des excuses ainsi que le beau rôle, celui de la victime, et c'est vrai qu'il l'est à la base. Clairement, leur amitié a toujours été basée sur une personnalité très forte et l'autre plus effacée. Pourtant Ash a toujours eu son petit caractère et il n'a jamais été le pantin de personne si ce n'est celui de sa propre famille. Paradoxalement, c’est justement à cause du pouvoir que les Flint ont sur lui qu’il a toujours su faire face aux autres. Donc même si leur amitié se basait sur des personnalités bien différentes, le Serdaigle y a toujours eu sa place à égalité avec Silas. Pourtant le Flint croit vraiment ce qu'il vient de dire, que son ancien ami ne l'a jamais vraiment considéré. On ne sait pas trop d'où sort cette idée. Peut-être de lui ou alors de sa sœur. Peu importe à vrai dire, la seule chose à savoir est qu'il y croit dur comme fer. Ça doit paraître absurde pour quiconque n'a pas été dans le même monde que lui durant cette année. Absurde, oui, complètement. Mais il faut bien comprendre que l'attitude si différente d'Ash est le résultat d’un rabâchage incessant de beaux principes. La pureté du sang. L'honneur des Flint. Les responsabilités d'une lignée de grands sorciers. Le poids des idéaux et leur attractions aussi. Il suit un chemin noble. Pur. Qui ne doit pas souffrir des petites humeurs d'un sang mêlé. On peut apparenter ça à un lavage de cerveau, c’est même carrément le cas. Alors oui, ça doit en choquer plus d'un car Ash a un discours qu'il n'a jamais eu avant. Il a même une froideur qu'il n'a jamais eue avant non plus. On peut comprendre que Silas tombe de très haut. C’est à ne rien y comprendre pour la plupart des gens.

« De quoi tu parles? Je n’ai jamais pensé ça! Tu le sais très bien! Je ne sais pas du tout où tu vas prendre toutes ces conneries, mais tu dis n’importe quoi. Je comprends que tu sois en colère, mais c’est pas la peine de dire des trucs stupides. Si tu te sentais comme ça, c’est pas mon problème. Ça n’a jamais été mon but. Tu t’es foutu ça dans la tête toi-même. Viens pas me faire porter le chapeau parce que t’es pas bien dans ta peau. » Ash est déjà bien énervé. Mettre les mots sur ses rancœurs et les balancer sur la raison même de ces dites rancœurs ne fait que faire bouillir son sang un peu plus. Il a l'impression que Silas continue de se moquer de lui, qu'il le prend de haut, parce que soit disant Ash est en faute. C'est risible et ça le ferait d'ailleurs rire si le jeune homme avait pu se concentrer sur autre chose que sa propre rage. Il sert les point et garde son calme sans même savoir comment. Le serdaigle n'a jamais été adepte des poings pour faire mal à ses adversaires, à la place il a les mots qui blessent. Ceci dit il ne cherche pas bien plus loin. Ce n'est pas ce sujet-là le fond du problème du jour mais bel et bien un autre encore moins glorieux vis à vis du serdaigle. « Ça te donne bonne conscience de croire ça hein ? » Silas n'a jamais été le premier à se remettre en question. Pour cela il fallait avouer que le calme et l'esprit de synthèse d'Ash ont toujours été son petit plus par rapport au gryffondor. Pourtant les rôles sont inversés à cet instant précis. Mais Silas a tort, Ash n'est pas mal dans sa peau et il ne l'a jamais été. Bien sûr, sa maladie, son rang, la paranoïa maternelle, tout ça n'a pas aidé à sa stabilité mais il s'en tire plus que bien niveau équilibre mental. Quant au fait que ce ne soit pas son problème, ça a de quoi pincer un peu plus l’estime du Serdaigle. Mine de rien, Silas compte encore pour lui, sinon il ne prendrait même pas la peine de supporter cette conversation. Certes il a la haine mais c'est aussi pour cacher une certaine tristesse titillée par la remarque du gryffondor. Il s'en fiche... soit, pourquoi est-il même étonné ? C'est décevant, jusqu'au bout.

Mais le sujet dérape rapidement, par sa faute et il n'ira pas s'en vanter malheureusement. Ash a tellement envie de lui rendre au centuple la trahison qu'il a éprouvé qu'il se permet un coup bas qui met visiblement Silas dans une rage très difficilement contenue. C’est la dispute de leur vie qui se joue là. « Qu’est-ce que tu viens de dire? » Le jeune homme se rapproche de lui en quelques secondes et on sent qu'il a envie d'en coller une bonne dans la tête du Serdaigle qui ne bouge pourtant pas. Certes Ash est calme. Certes il est malin comme type. Mais ça reste un mec bourré d'orgueil qui ne souffrirait pas d'en être réduit à s'écraser face à un autre. « Tu as très bien entendu. » Il est provocateur et se doute que son ancien meilleur ami ne va pas se laisser faire non plus. Il l'a poussé à bout en lui parlant avec moquerie d'un sujet tabou et sensible. La mort du couple Wolfhart n'a pourtant rien de drôle, ni même de minime. Ash peut très bien comprendre que ça a marqué à vie son ancien pote, mais a ce stade-là, tous les moyens sont bons pour le mettre à mal. Non vraiment, après coup il ne sera pas fier de lui, mais peu importe à l'heure de cette conversation. « Et c’est moi qui a du culot? Tu oses parler de la mort de mes parents comme si c’était un truc tout à fait banal? Mais t’es une putain de merde! J’arrive pas à y croire, Ash. T’es rendu bas pour t’en prendre à des gens qui t’ont toujours super bien accueillis dans leur maison. Au contraire de toi, j’avais une relation avec eux moi. J’étais capable de leur parler, de me confier et de rire avec eux. Ils m’ont jamais rien imposé et ont toujours été fier de moi. Est-ce qu’on peut dire ça de ton père? Est-ce que c’est pour le rendre fier que t’es rendu un con? Tu peux me traiter de tous les noms et m’accuser de tous les tords, mais t’as pas le droit de les ridiculiser et de faire comme si c’était rien alors que tu sais très bien qu’ils étaient tout pour moi. »

Après ces mots, Ash a besoin de quelques secondes pour se remettre les idées en place, et si son visage reste de marbre les idées fusent dans sa tête. Il ressent de la culpabilité et cette dernière, loin de calmer sa virulence, ne fait qu'attiser le feu qui fait bouillonner son sang le tout dans un paradoxe à peine croyable. Il n'a pas envie de continuer sur ce sujet-là, parce qu'il est vrai que les parents de Silas avaient toujours été des personnes sympathiques avec lui. Si la famille d’Ash est particulière, ce n'était pas leur cas à eux. Ils étaient chanceux et le Flint leur avait envié cette unité familiale, avec une certaine admiration aussi peut être. Mais peu importe maintenant. Silas n'a plus de famille et lui a enfin noué des liens avec la sienne. Les positions sont inversées, une nouvelle fois, et quelque part Ash est heureux de sa situation à lui. Il ne lui est plus demandé de compatir à la situation de Silas et ça, le gryffondor ne peut s’en prendre qu'à lui. Si il l'avait laissé faire, Ash l'aurait épaulé dans son deuil. Mais non. « Peut-être mais qu'est-ce que ça peut bien me faire ? Ton message est bien passé : ce ne sont pas mes histoires. De toute manière tu peux bien faire le malheureux, on sait bien, toi et moi, que c'est qu'une excuse. T'as pas l'air si triste et effondré quand t'es avec ta nouvelle meilleure amie. » Il sent qu’il reprend les rênes de leur dispute en disant cela et son air prend des allures provocatrices alors qu’il pointe le doigt vers le sujet qui fâche. « T'aurais franchement pu trouver quelqu'un d'autre que ma demi sœur, mais bon, comme je l'ai dit de toute évidence tu aimes de moquer de moi. » Cette conclusion est glaçante, cruelle et pourtant bien vraie. Silas peut lui balancer tout ce qui lui plaira, il n'en reste pas moins le fautif de l'histoire. Ash a pris un certain chemin, pas forcément le bon certes, mais ça n'a rien à voir avec le fond du problème. Le serdaigle en a bien conscience et, en très bon politicien qu'il est, il se permet de balayer d'un revers de main tout ce que vient de soulever son ancien ami pour le retourner contre lui. « Alors reste dans ta misère Silas, mais viens pas me rendre coupable de tes faiblesses. T'as choisi d'être tout seul et c’est pas comme si t'avais pas su comment ça allait se finir. Tu te pointes, tu traines avec Sianna comme si de rien était - et ça depuis bien plus longtemps que la rentrée - et tu débarques finalement pour me faire des pseudo excuses à la con comme quoi t'avais besoin d'être seul ? Après ça c'est moi le connard ? Franchement ? T'es juste un putain d'hypocrite. » Et alors qu'Ash pense avoir clôturé le débat en tant que bien triste vainqueur, on prend note de l'ampleur du ridicule de la situation. Ils sont tous les deux, là, face à face, dans une guerre de regard parfaitement puérile... pourtant ils ne s'en rendent pas compte, électrisés par la tension de leur discussion. Les choses sont dites et si Silas va de désillusion en désillusion, ce n'est pas le cas d'Ash qui connaît très bien tous les tenants et aboutissants de la situation. Il ne se laissera pas prendre de court, pas quand il est persuadé d'avoir la vérité de son côté.

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Silas était bouillant de colère tandis qu’il regardait Ash reculer après son attaque. Il aurait voulu y aller plus fort, mais il connaissait la faiblesse de son ancien ami et même si à ce moment précis, il le détestait de tout son être, il ne voulait pas non plus lui faire de mal. Il n’en revenait toujours pas de ce qui était en train de se produire. Surtout, il ne comprenait pas comment ça avait pu dégénérer de la sorte. Ce qui devait être des excuses banales, s’étaient retournés en règlement de compte. Alors qu’il croyait que son amitié avec Ash était indestructible, voilà qu’elle s’effritait rapidement en petit morceaux. Si petits qu’ils devenaient impossibles de les recoller. C’était comme si les sept dernières années où ils avaient été inséparables ne comptaient plus. Tous les moments partagés ensembles, les mauvais coups, les fous rires, les confidences, le soutien et l’entraide n’existaient plus. Ils étaient à présent deux étrangers qui n’avaient absolument plus rien en commun.

Sil sentait qu’il avait touché quelque chose en parlant de sa famille qui l’avait toujours bien traité. Il avait vu le visage du Flint se décomposer et avait même perçu du regret. Au moins Ash n’était pas totalement sans cœur et il restait un peu de bon en lui. Mais sa satisfaction fût de courte durée et il aurait dû se douter que le bleu avait d’autres réserves auxquelles Silas n’avaient pas pensé. Ce qu’il lui répliqua coupa littéralement le souffle de Silas. Pour une personne extérieure, ce n’était pas une grosse révélation et ça pouvait être anodin, mais dans leur situation, c’était grave. Silas garda un visage stoïque, mais il était secoué. Alors, Ash savait? C’était vrai que ça pouvait être frustrant et le Wolfhart le comprenait. Il n’avait rien à dire sur le coup et il encaissa les remarques. Oui, c’était hypocrite, c’était vrai, mais non, il ne voulait pas se moquer de lui. Loin de là.  Silas aurait voulu expliquer pourquoi il avait commencé à traîner avec sa demi-sœur. Il savait que les choses seraient plus compréhensibles, mais il ne pouvait tout simplement pas. Il n’était pas prêt à révéler son secret. Surtout pas alors que les deux hommes étaient à bout de nerfs. Si Silas devait avouer la vérité, Ash n’allait certainement pas l’excuser. Il était bien trop remonté et prêt à l’enfoncer. Il allait se servir de cette information contre lui.  "À voir comment t’es rendu un connard, je suis bien heureux d’avoir croisé Sianna dans le dernier mois et de t’avoir rayé de ma vie. Je me demande bien pourquoi j’essaie encore d’obtenir ton pardon, alors qu’il est clair qu’il y a plus rien entre nous." Il avait l’impression d’être en train de quitter sa petite-amie des dernières années. C’était pratiquement le cas. Il était aussi difficile de mettre un terme à une relation amoureuse qu’à une relation amicale. Depuis ce cours de potion en première année, ils ne s’étaient pas quittés. Ils formaient un duo du tonnerre. Silas avait bien du mal à croire que c’était à présent terminé. En venant parler à Ash, il avait cru partir de son entretien avec le sentiment qu’il y aurait énormément de boulot à faire pour se faire pardonner, mais que tout ne serait pas perdu. Alors qu’il était maintenant clair que ce ne serait pas le cas. "Il s’est passé quoi cette dernière année pour que tu sois devenu un vrai trou de cul? Viens pas me faire croire que c’est parce que j’ai pas répondu à tes lettres! C’est ton père et ta sœur qui tirent les ficelles? T’es sous Imperium? " Silas avait plusieurs bonnes raisons d’avoir changé de caractère et de ne plus être celui qu’il avait été auparavant. Il avait perdu ses parents de façon atroce et aux mains d’ennemis sans scrupules. En une seule soirée, il était passé d’enfant unique d’une famille aimante et supportrice à orphelin recueilli par un étranger. D’un seul coup, il avait perdu tous ses repères et s’était retrouvé dans l’inconnu sans avoir rien à s’accrocher. Son oncle s’était occupé de vendre leur maison et tous ses souvenirs. Plutôt proche de sa famille, il avait néanmoins refusé leur aide. Il n’avait pas envie qu’ils sachent tous pour sa morsure et pour le monstre qui avait pris possession de lui. Il n’avait pas voulu d’être craint par ses proches et d’être jugé. Il avait donc préféré rester éloigné. Il n’avait surtout pas voulu qu’on le prenne en pitié. Il voulait être fort et se relever seul, mais la réalité le frappait à chaque fois. Dès qu’il apercevait une faible lueur, le loup le ramenait à la noirceur. Les premiers mois avaient été atroces. Il ne contrôlait rien. Il avait été affamé. Il avait eu envie de sauter à la gorge de quiconque l’approchait. Il ne se faisait pas confiance. Il s’était senti nul, seul et abandonné. N’importe qui aurait craqué et aurait changé du tout au tout. C’était normal. Personne ne se réveillait intact après une telle transformation. Il y avait une multitude de changements tant physique que psychologique. Silas avait littéralement dû réapprendre à vivre. Chaque jour, il devait se battre pour redevenir le garçon charmant qu’il était. Il commençait à se maîtriser, mais ce n’était pas toujours facile. Il sentait que Sevan allait grandement l’aider dans ses démarches et cela le rendait optimiste et mieux dans sa tête. Silas avançait, mais Ash semblait reculer. Son changement d’attitude était volontaire.

Le Wolfhart ne savait pas vraiment ce qui s’était passé dans la vie de son ancien ami  cette dernière année pour qu’il change drastiquement de comportement. Il refusait de croire que c’était de sa faute. Complètement de sa faute. Certes, Ash avait bien raison de lui en vouloir et d’être en colère. C’était vrai que Silas n’avait pas bien réagit et l’avait repoussé, mais il y avait autre chose de plus fort que des lettres non-répondues et le gryffondor avait sa petite idée sur la question. Ce n’était qu’une question de temps avant que sa famille s’infiltre dans l’esprit du serdaigle. Silas l’avait toujours senti, mais il avait toujours cru que son ami était beaucoup plus fort et résistant. Et plus intelligent. "Finalement, c’était mieux quand il y avait ta tarée de mère qui te protégeait et qui te tenait loin des idéaux de merde de ta famille! "Le bouclé savait qu’il y était allé fort dans sa dernière remarque, mais il ne réfléchissait plus tellement. C’était rendu un combat de coq et c’était celui qui allait sortir la remarque la plus cinglante qui l’emporterait. Ash avait légèrement repris le dessus un peu plus tôt et il avait déstabilisé le rouge et or, mais il était hors de question que ce dernier se laisse faire. Il n’allait certainement pas donner la victoire aussi facilement. Silas aussi savait répliquer et se défendre.  

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C’était un véritable combat psychologique. Chacun se renvoyait la balle et tentait d’être celui qui allait faire le plus de mal à son adversaire. Tous les coups étaient permis, surtout les plus bas. Ils ne réfléchissaient plus. Ils ne faisaient que dire à voix haute tout ce qui leur passait par la tête sans se soucier de si l’accusation était véridique ou blessante. Tout ce qu’ils souhaitaient, c’était faire mal et déstabiliser l’autre. Déstabilisé, Silas l’avait été à plusieurs reprises pendant leur guerre vocale. Il n’avait jamais vu Ash être aussi énervé. Il avait toujours été le plus calme du duo. C’était toujours lui qui calmait les ardeurs compulsives du Wolfhart. Il avait toujours réussi à apaiser Silas en utilisant les bons mots et en parlant tranquillement. Mais à ce moment-là, Ash était loin d’être calme. Il avait la rage et il ne voulait pas lâcher le morceau. Comme s’il avait gardé cette sauvagerie en lui pendant toutes ces années et ce n’était pas joli à voir. C’était même effrayant. On aurait dit qu’il avait pris des notes tout au long de ses sept années de belle amitié et qu’il attendait le bon moment pour cracher sa haine. C’était déstabilisant. Sans parler qu’il savait pour sa rencontre avec Sianna. Elle ne lui aurait pas dit. C’était impossible. Elle l’avait promis à Silas. Il comprenait désormais pourquoi Ash était si en colère et si déçu. Mais ça ne changeait rien. Le Wolfhart ne pouvait pas dire la vérité.

Et ce qui devait arriver, arriva. L’un des deux garçons perdit son sang-froid. Il y avait trop de tension et c’était évident que tout allait éclater d’une seconde à l’autre. C’est le serdaigle qui avait flanché le premier. Silas avait gardé un visage neutre lorsque l’intello l’attrapa par le col, même s’il était aussi très surpris. Il ne voulait toutefois fois le montrer à son adversaire. Il voulait voir ce dont il était capable et s’il oserait s’en prendre à lui ou s’il se dégonflerait. "Va. Te. Faire. Foutre. " Dit-il avec un sourire en coin un peu fendant alors que son visage était tout près de celui du bleu. Il avait détaché chaque mot pour que son ancien ami le comprenne bien. Il n’avait pas l’intention de retirer ce qu’il avait dit parce qu’il les assumait complètement. Il n’avait jamais rencontré la mère Flint, mais même si Ash l’avait toujours décrite comme étant folle et stricte, c’était vrai qu’elle avait toujours empêché le patriarche d’amener son fils dans ses sombres valeurs. Et puis, il était hors de questions qu’il s’excuse pour ses paroles puisqu’Ash avait aussi tenu des propos douteux sur la mort subite de ses parents. Il ne lui avait que remis la monnaie de sa pièce. Il fallait croire que l’étudiant en politique était beaucoup plus susceptible que son opposant parce que son poing frappa directement la mâchoire de Silas sans prévenir. Sous le coup de l’impact, Silas avait grogné. Le loup-garou avait grogné sauvagement et l’iris bleue des yeux du bouclé prirent une teinte jaunâtre de stupeur. Le jeune homme cligna des yeux et le bleu repris sa place dans son regard menaçant. Il porta une main à son visage et le sentit légèrement enflé. Son cœur battait rapidement tandis que l’air soufflait fortement de ses narines. Sa mâchoire lui faisait un mal de chien et il était à peu près certain d’y avoir entendu un craquement. SIlas était assez surpris de la force du coup porté et il n’aurait jamais cru Ash capable de frapper quelqu’un. Mais,  il ne pouvait pas le laisser gagner leur duel de coqs, il était lui aussi orgueilleux.  Même si le frapper à son tour signifiait la fin. La fin de leur confrontation et le point final de leur amitié. Mais le Flint n’aida pas son cas et en rajouta une couche qui mis le gryffondor hors de lui. Il osait encore s’en prendre à sa famille perdue, c’était trop. Il ne put réprimer d’avantage l’animal qui le possédait ainsi que la force que sa condition lui procurait. À son tour, son poing frappa directement le nez du serdaigle qui s’effondra sur le sol. Un seul coup et il aperçût le sang jaillir dans une explosion rouge carmin au ralentit. Silas savait que c’était terminé et qu’Ash ne se relèverait pas.  Il frotta son poing, malheureux. Il n’avait jamais frappé qui que ce soit. Il avait toujours été une grande gueule, mais il ne s’en était jamais réellement pris à quelqu’un. Il fallait que son baptême de coup de poing se produise sur une personne qui avait été super importante pour lui. Une personne qu’il avait toujours aimé comme un frère et avec qui il avait fait les quatre-cent coups. Sa main lui faisait mal, mais ce n’était rien comparé à la douleur qu’il ressentait dans son cœur. Il ne se sentait pas du tout mieux. C’était comme s’il venait de blesser une partie de lui-même. Au moins, c’était terminé et ça avait calmé leurs ardeurs de mâle alpha. "C’est pas toi ça Ash. Et tu le sais. Je te connais beaucoup mieux que ta famille et je ne sais pas comment ils ont fait, mais ils ont réussi à rentrer dans ta tête. J’espère que tu les feras sortir un jour. " Silas posa un dernier regard triste sur son ancien ami recroquevillé au sol. Il n’aimait pas le voir ainsi. Le sang continuait de couleur sans s’arrêter et Sil savait que ça n’arrêterait pas facilement. "Je suis désolé que ça se termine comme ça. " Il aurait voulu l’aider à se rendre à l’infirmerie, mais il savait qu’Ash le rejetterait et ne voudrait pas de son aide. Ce qui était tout à fait compréhensible. Il tourna les talons et se dirigea vers le château. Il n’était pas non plus sans cœur et il alla avertir l’infirmière qu’un élève hémophile était en pleine crise à l’extérieur.  

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