The scariest monsters are the ones that lurk within our souls
Mathilde Dumont & Niall O'Spéir
08 Juin 2001 Vendredi soir Salle commune des Poufsouffles, Poudlard, Écosse
Le mois de juin signifie période d'examens, mais aussi fébrilité. Dans la salle commune, on peut voir ceux qui s'attardent à étudier, et ceux qui sont déjà en vacances dans leur tête. Les vendredis soirs sont particulièrements étranges, où entrent en conflits ceux qui veulent faire la fête et ceux qui veulent se reposer après une longue et dure semaine. Niall, pour sa part, se retrouve toujours coincé entre les deux. Ceux qui aiment faire la fête savent qu'il a un trop plein d'énergie et qu'il y prendra toujours part. Pourtant, il adore également avoir le nez dans un bouquin ou la plume sur un parchemin, surtout depuis qu'il le fait en compagnie de Mathilde. Ce soir, il a décidé de profiter de la soirée pour relaxer et s'amuser un peu, en compagnie de ses amis avec qui il partage son dortoir et une bouteille de whisky. Il a l'impression de passer de moins en moins de temps avec eux, depuis quelques mois. Pas besoin de se demander pourquoi, il ne suffit que de le voir auprès de la brunette pour comprendre.
« Dis, tu te l'es tapée ? » Dans les dortoirs masculins, les conversations tournent souvent autour des filles, et pas toujours respectueusement. Normalement, Niall se contente de leur dire de fermer leur sales gueules d'emmerdeurs. Installé sur son lit, à gribouiller, il écoute les conversations avec parcimonie. Il ajoute quelques commentaires par-ci par-là, mais se laisse facilement distraire par son oeuvre et la musique qui sort de la radio. Les autres en ont l'habitude et n'en font pas un plat. Cette fois, les paroles lui sont directement destinée, et il le comprend immédiatement. Les deux comparses se sont tut, attendant la réponse de l'Irlandais. Un goût amer empli déjà sa bouche lorsqu'il lève les yeux vers son ami. Sa mâcheoire se serre, tandis que ses poings se crispent.
« Pardon ? » « Mathilde. Tu te l'es tapée ou non ? Moi perso je la trouve bonne.» « Sayer...» « Non mais pour vrai, ça fait un moment déjà »« Sayer, la ferme...»« moi si j'étais toi ça ferait longtemps que je l'aurais mis dans mon lit la petite Math— » « FERME TA PUTAIN DE GUEULE SAY— »
Aucun des deux n'a eu le temps de terminer sa phrase. Dans un bruit sourd, Sayer s'est retrouvé au sol, cognant sa tête sur le plancher sans immédiatement comprendre. Du sang coule déjà de son nez, alors que Niall lui attrape le col pour lui assener un second coup de poing. Puis un autre. Yarwood, l'autre poufsouffle, recule instinctivement d'un pas pour éviter les dommages collatéraux. En une fraction de seconde, le regard du Vélane s'est assombri, s'injectant de sang à rendre le blanc de ses yeux impreçeptible. Ses traits se sont étiré de manière hideuse, effaçant toute trace de possible gentillesse dans ses airs et le rendant méconaissable. La racine de ses cheveux est devenue noire, et même sa peau est envahie de petites tâches noires et gonflées, comme s'il était sur le point de lui pousser des plumes. Au bout de ses doigts, ses ongles sont devenus serres. Il ressemble toujours à un humain, un humain laid et déformé, mais dégage des airs de créature. Après quatre coups, Yarwood tente d'attraper le bras de Niall pour l'arrêter. Il se retrouve jeté au loin, tombant à son tour au sol. Du coin de l'oeil, l'hybride voit la bouteille de whisky, qu'il attrape et qu'il fracasse sur la table de chevet. Des éclats de verre tombent au sol et l'un lui coupe la joue au vol. Alors qu'il se donne un élan pour frapper sa victime avec la brouteille brisée, l'autre Poufsouffe réussit à se relever et lui enlever des mains. Ce dernier se brûle presque sur la bouteille chauffée par les mains du vélane, l'échappant au sol. Sayer profite du moment où Niall est déstabilisé pour le repousser et le frapper à son tour. L'irlandais tombe et se coupe en s'appuyant sur ses mains. Un hurlement de rage s'échappe d'entre ses lèvres, alors qu'il part à la suite de Sayer qui prend la fuite. Sans réfléchir, il se jete sur lui, les faisant tous deux débouler au bas des escaliers. La porte de la salle commune s'ouvre dans un énorme fracas. Des cris de surprise retentissent, toute l'attention est posée sur eux. Niall ne pense plus, il ne pense qu'à rien d'autre que de mettre cet imbécile K.O., et plus s'il le pouvait. Ses mains brûlent à en devenir rouge, tandis qu'il étrangle son ennemi d'une et le frappe de l'autre.
« ESPÈCE D'ENFOIRÉ ! JE VAIS TE TUER ! » Son poing se couvre de sang, un mélange du sien et de celui de son ancien ami. Une odeur de brûlé se rend jusqu'à ses narines, quand Yarwood tente encore de les séparer. Niall le repousse encore, et Sayer tourne la tête. Devant ses yeux se trouve Mathilde. « NE LA REGARDE PAS ! DON'T FUCKING LOOK AT HER ! » Il attrape sa mâcheoire pour lui tourner le visage vers lui. Il l'observe droit dans les yeux, puis le relâche. Son visage change entièrement d'expression. « shit.... »
Il se relève brusquement, laissant sa victime au sol. Sur la mâcheoire de ce dernier, une trace rouge, une brûlure, de la forme de la main de Niall se fait voir. Son cou est dans un état encore pire, certainement brûlé au troisième degré. Le vélane continue de s'éloigner à reculon, main sur la bouche alors qu'il continue de répéter son dernier mot. Merde. Il sent son coeur s'agiter et ses jambes faiblir. Sayer est tombé inconscient, mais il ne lui porte plus aucune attention. Son regard se pose sur Mathilde. Il sent déjà son monde s'effondrer.
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Mathilde Dumont & Niall O'Spéir
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ses mains tremblent, mais il est difficile à dire s'ils s'agit d'une réaction physique à ses émotions, ou s'il s'agit de spasmes musculaires suite à la force de ses coups. La réalité étant ce qu'elle est, il s'agit d'un mélange des deux. Ses jointures sont abimées et couvertes de sang. Ses allures de bêtes ne sont qu'empirée par les blessures, par les coupures et la trace du poing de Sayer sur son oeil. Lorsqu'il relève les yeux, lorsqu'il finit par croiser le regard de Mathilde, sa vision se brouille. Comme si une centaine de mètres les séparait, il a du mal à la voir et sa voix est lointaine. Le battement de son coeur résonne dans ses oreilles, brouillant les sons environnants. Pourtant, il comprend ce qu'elle dit. Il l'entend comme un échos qui ne souhaite pas s'effacer, qui se répète en boucle jusqu'à ce qu'il revienne à lui. Qu’est ce que tu as fais.. ? Ses émotions, entre la rage et la honte, s'entre-mêlent pour le rendre impuissant face à lui-même, face à sa propre nature. Un changement d'émotion, normalement, lui ferait perdre sa forme de créature, lui ferait revenir à la normale. Cette fois, le changement est si fort et si rapide qu'il n'en est point.Qu’est ce que tu as fais.. ? Son regard reste noir, ses traits tirés, ses mains brûlantes. Même sa peau ne semble pas reprendre sa couleur et texture habituelle. Autour de lui, tout le monde est agité, mais il ne voit qu'elle. Il n'entend pas les remarques qui lui sont lancée. Qu’est ce que tu as fais.. ? Personne présent dans la salle ne sait quoi faire, ni comment réagir. Plusieurs l'ont déjà vu se fâcher, souvent pour protéger quelqu'un. Pourtant, personne ne l'a vu entièrement changé comme il l'est à cet instant. Qu’est ce que tu as fais.. ? Même Helga, de son tableau, semble sous le choc.
Sa bouche s'ouvre, mais aucun mot n'en sort. Il ne sait pas quoi dire, il n'arrive à trouver aucun mot. La créature qu'il est a envie de hurler, de tout mettre en feu et fuir. De toute façon, il se fera chasser, comme on l'a fait avec sa mère par le passé. Il n'a pas sa place chez les humains. Il n'a pas sa place après d'elle. Il lit dans ses yeux quelque chose qu'il n'aurait souhaité jamais voir. Il lit la peur, la crainte de ce qu'il est, bien certainement. Sa mâcheoire ce serre, tandis qu'il ravale sa salive. Il la regarde s'approcher toujours sa savoir quoi dire. Il a du mal à penser, comme s'il était devenu soudainement primitif, guidé par des instincts plus forts que sa volonté. Puis, il voit Mathilde perdre l'équilibre. Naturellement, il s'avance pour l'attraper, mais recule brusquement avant de la toucher. Les pensées ont fini par rattraper les réflexes. Il sait que ses mains sont brûlantes. Il sait qu'il pourrait lui faire mal et pour rien au monde il ne souhaite que cela se produise. Ses doigts ascérés tremblent toujours. Il recule d'un pas, remarquant le regard de son amie posé sur lui.
« Je... » Les mots restent bloqué dans sa gorge. Il secoue la tête nerveusement. La rage l'habite encore. « Il l'a mérité... Il... Il l'a cherché.»
En temps normal, il aurait pris la responsabilité et aurait tout fait pour réparer les pots cassés. Seulement, il bouille encore et une partie de lui ne souhaite que brûler vif celui qu'il appelait autrefois son ami. Son sang de Vélane parle toujours. Un des témoin de la scène élève la voix avant que l'Irlandais ne parle de nouveau.
« Tu es sérieux là !? Tu aurais pu le tuer, O'Spéir ! » « LA FERME ! » Ses yeux noirs se tournent brusquement vers lui, puis observent le reste de la salle. Normalement si chaleureuse, elle est désormais froide, extrêmement froide. « Je n'ai rien fait de mal. » Il revient à la Française. « Il m'a cherché, Mathilde, ce n'est pas de ma faute... S'il te plait, crois-moi. Je ne suis pas comme ça. Il m'a cherché. »
Dans ses mots se lit encore la haine qu'il a pour celui qu'il vient tout juste d'envoyer à l'infirmerie. Dans ses mots se lit la douleur qu'il a d'avoir la belle devant lui à cet instant. Il est coincé entre ces deux sentiments contradictoires, ainsi qu'une foulée d'autres en arrière plan. Il aurait tout fait pour qu'elle ne le voit pas ainsi. Pourtant, il ne souhaiterait pas revenir en arrière. Sayer a mérité son sort.
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Mathilde Dumont & Niall O'Spéir
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Il se tient là, pratiquement incapable de penser. Il sent le regard de Mathilde sur lui, le transperçant sans même qu'elle ne le sache. Il est déchiré entre la colère, la honte et l'amour. Oui, l'amour qu'il porte pour elle est bien présent, et c'est certainement ce qui rend tout ceci encore plus difficile. Il aurait engueulé Sayer, peut-être même l'aurait-il frappé, mais jamais à ce point, s'il n'avait pas eu ces sentiments pour elle. Son sang est chaud, tout comme celui de sa mère. Son coeur est grand, tout comme celui de son père. Le second s'avère être un dangereux catalyseur pour le premier, et il l'apprend désormais à ses dépens. Son regard noir, certains puristes l'ont vu un peu avant la guerre. Ses mains brûlantes ont laissé des traces un peu partout dans ce monde. De sa vie, Sayer est le premier à subir son entière colère, serres et pseudo plumage inclus. Ce genre de transformation, il l'a vécu, mais jamais il ne s'était acharné directement sur quelqu'un. Il a vécu une colère contre le monde entier, lorsqu'il a perdu Leilah, mais seule la forêt en avait subit les coups. Il ne sait pas comment réagir, ni comment gérer ce genre d'émotion. Il ne sait pas, car celle qui aurait pu lui apprendre à se contrôler a été emmenée loin de lui.
Etre Vélane ne fait pas de toi un monstre mais un être merveilleux. Elle s'est trompée. Dès le premier soir qu'ils ont réellement passé ensemble, elle s'est trompée. L'être merveilleux dont elle parlait, il n'existe pas. Pas à cet instant. Le monstre, pourtant, est bien réel. Même dans le monde magique, où créatures diverses cohabitent, il est un monstre. On le regarde comme tel, et il le sait que trop bien. Mathilde, qui semblait le voir sous un autre angle, le regarde de cette manière. Cette réalisation le blesse bien plus qu'il ne l'aurait cru. Il n'a pas sa place ici ; pas chez les Blaireaux, pas à Poudlard, pas chez les sorciers. Dès demain, il se fera expulser, il le sait. Dès demain, il l'aura perdu, elle, pour toujours. L'angoisse s'insuffle désormais en lui, se mêlant au reste qui ne semble pas encore se calmer. Puis, le coup vient. Il ne la voit pas venir, et sur la surprise il recule d'un pas. Les mots de la belle le frappent de plein fouet, de concert avec la claque qu'elle lui a donné. Elle aussi croit qu'il aurait pu le tuer. Il baisse les yeux au sol. La racine de ses cheveux retrouve sa couleur naturelle, tout comme sa peau. Ses traits, par contre, restent tirés et ses yeux toujours aussi noirs. Il n'ose pas regarder ses mains, qu'il sait inchangées.
« Non... Je ne l'aurais pas tué. Je ne suis pas comme ça. Mathilde...»
Il répète ces mots comme pour se convaincre lui-même, alors que quelques minutes plus tôt, ses menaces de mort résonnaient dans toute la salle. Elle, comme tous les autres, l'ont entendu. Pour lui, ces mots ne se sont pas échappées d'entre ses lèvres. Pour lui, il n'a pas envoyé son ami à l'infirmerie. Il ose croire que tout ça est faux, et qu'il se réveillera d'ici quelques minutes. Sauf que tout ceci est vrai. Le sang sur ses mains, la peau douloureuse de sa joue et la rancoeur apparante de Mathilde : tout ceci est bien réel. Mais tu t'attendais à quoi, Niall ? Qu'elle te remercie ? Oui, la blairelle a toujours été une fleur, une magnifique fleur. Cette fois, elle démontre qu'elle aussi a des épines.
« Mathy... tu crois vraiment que j'aurais pu faire ça ? »
Cette fois, sa voix se fait plus douce, presque suppliante. Il ne veut pas qu'elle croit ça de lui. Il insiste, cherchant à se rassurer qu'elle ne va pas, elle aussi, disparaitre de sa vie. Son erreur, il finira par l'assumer, mais pas maintenant. Il est trop tôt, et surtout, il a peur. Peur de la perdre en ayant cherché à la défendre. Sauf qu'elle n'est pas aveugle, elle a assisté à la scène comme les autres. Il ne peut pas mentir. Il ne peut que tenter d'apaiser les choses. Raté, il sent le poing de la brune sur son torse. Cette fois, les réflexes sont plus rapides que ses pensées. Il ne l'aggripe pas, il ne la repousse pas, mais il dévie la main de la belle de sa paume, tout en reculant d'un pas. En aucun cas il n'aurait répondu à ses attaques. En aucun cas il n'aurait vonlontairement blessé celle qui habite son coeur. Pourtant, le contact de sa peau contre celle de Mathilde lui coupe le souffle. Il se sent immédiatment nauséeux, et le vertige s'empare de lui. Une fraction de seconde suffisent à le secouser si violement qu'il en perd l'équillibre. Il sursaute, recule de trois pas puis s'appuie sur la rampe d'escalier pour ne pas tomber. Il sait que ses mains ne sont pas aussi brûlantes q'elles l'étaient quelques minutes plus tôt, mais il sait déjà qu'il ne se pardonnera jamais ce contact. Cette fois, son visage recouvre son apparence normale, ses traits reprennent leur place et le blanc de ses yeux redevient visible. Il oublie toute la colère, il oublie tout le chaos qu'il a créé. Plus que jamais, il se sent monstrueux.