Wasted love - Lylas

Wasted Love

Cela faisait maintenant quelques semaines que Silas était revenu à Poudlard. Les premiers jours avaient été particulièrement douloureux pour lui. Dès qu’il avait mis le pied dans la cour intérieure, là où il avait combattu auprès de ses parents et amis un an auparavant, son cœur s’était serré. Il avait cru être prêt à revenir sur les lieux du drame, mais ça avait été plus difficile qu’il ne l’aurait pensé. Il revoyait encore le visage doux, mais pétrifié de sa mère, tous ces corps d’innocents au sol et sa deuxième maison en flammes et ruinée. Il avait su que son père y était resté aussi plusieurs jours plus tard. Alec s’était informé et avait annoncé la mauvaise nouvelle à son protégé. Silas n’avait pas pu dire adieu à ses parents et il sentait qu’un truc était inachevé en lui. Il était resté figé en plein milieu devant les grandes portes du collège pendant de longues minutes hésitant à entrer ou, au contraire s’enfuir, l’idée de continuer ses études n’étant peut-être pas aussi bonne au final. Mais, il avait promis. Il avait promis à Lyra, Alec et même à ses parents d’au moins essayer et de faire un effort. Avant, le jeune Wolfhart n’avait jamais été du genre à abandonner. Il était fonceur et fougueux. Il aimait les défis. Mais ce n’était plus le cas. Ce Silas-là, lui semblait bien loin à présent. L’animal en lui l’avait complètement changé. Il n’avait plus confiance en lui et il avait de la difficulté à être optimiste. Et s’il perdait son sang froid et qu’il blessait quelqu’un? Et qu’arriverait-il lors de la pleine lune? Pendant sa convalescence et son apprentissage, Alec avait été là avec des solutions qui s’étaient avérées pour la plupart efficace et avec lui à ses côtés, le louveteau s’était toujours senti en sécurité, mais son protecteur était aussi professeur, il aurait probablement moins de temps à lui consacrer. Au moins, le nouveau loup n’était pas seul. À sa grande surprise, il y en avait deux autres parmi les élèves. Silas s’était rapidement rapproché d’eux, particulièrement Sianna qui lui faisait du bien. Ils s’aidaient mutuellement, étant encore plus ou moins à l’aise avec leur nouvelle condition. Ils apprenaient à vivre avec elle, ensembles et elle seule pouvait le comprendre. Malgré toute la bonne volonté d’Alec et Lyra, ils ne pouvaient pas réellement comprendre ce qu’il traversait. C’était juste inexplicable. On ne contrôlait plus rien. On était rien d’autre qu’un animal assoiffé de chair et de sang. Il n’y avait que le mal qui nous animait. On n’avait conscience de rien. Le frère et la sœur l’avaient encouragé à maintes reprises et cela avait toujours calmé la bête, mais pas complètement. Silas se sentait constamment frustré. Les bonnes journées étaient rapidement ternies et il se demandait quand il reverrait à nouveau la lumière. Quand il allait être bien dans sa peau.

L’été juste avant la rentrée, il y avait eu quelques rayons de lumières et ils portaient le nom de Lyra. Silas l’avait toujours eu dans le collimateur. Chaque fois qu’il croisait son regard et son sourire, il fondait et il se mettait à faire le pitre et dire des conneries. La plupart du temps, cela ne servait à rien, mais il était arrivé à quelques reprises qu’il avait aperçu l’ombre d’un sourire timide et les joues de la jeune fille prendre une teinte rosée. Signes qu’elle ne le détestait pas autant qu’elle voulait bien le montrer. Mais aucun des deux adolescents n’avaient osé réellement franchir le pas. Silas avait peur du rejet et il n’était pas habitué à ce qu’on lui dise non. Il avait donc continué de s’amuser. Jusqu’à ce qu’il se réveille de son coma et qu’il la retrouve à son chevet, l’air inquiet. Il n’avait pas du tout compris sur le coup et s’était dit qu’il se trouvait dans un rêve. Il était impossible qu’elle soit là à ses côtés alors qu’ils se connaissaient à peine. Les choses étant parfois bien faites, il se trouvait qu’elle était la demi-sœur de celui qui l’avait trouvé, ramené, soigné et qui l’hébergeait. Lyra avait vu le gryffondor dans ses pires moments. Elle n’aurait jamais dû le voir ainsi, mais c’est cela qui les avait rapproché. Peu importe dans quel état il s’était trouvé : Perdu, euphorique, cruel, colérique, triste ou nostalgique, elle était restée auprès de lui, patiente. En d’autres circonstances, Silas en aurait profité et il aurait flirté avec elle, mais à ce moment-là, c’était bien le dernier de ses soucis de réussir à charmer la brunette. Les mois s’étaient écoulés, Silas gérait mieux son côté animal, même s’il avait encore beaucoup de faiblesses et il avait appris à connaître la jolie Yaxley. Il ne fût pas déçu. Elle était encore plus merveilleuse qu’il ne l’aurait pensé. Pendant toute la période estivale, ils avaient été inséparables. Trop. Il y avait longtemps que Silas ne s’était pas senti ainsi. Il se sentait aimé. Il était à nouveau bien dans sa peau et il avait envie de croire qu’être un loup-garou n’était pas une aussi grande malédiction qu’il ne le prétendait. Du moins, pas quand Lyra était à ses côtés.

Toujours sur son petit nuage, il l’avait suivi à Poudlard pour le cursus des GISIS, tous les deux en médecine magique. Il savait qu’il allait pouvoir compter sur elle, s’il faiblissait ou se décourageait. Mais voilà qu’il avait frappé un mur. Cette illusion du couple parfait s’était évanouie quelques jours après le début des classes. La serdaigle était devenue distante et le regardait à peine. Il voulait des explications, mais chaque fois qu’il s’approchait d’elle, elle allait dans la direction opposée ou disait qu’elle n’avait le temps de lui parler. Il avait décidé de la laisser tranquille et de ne pas insister. Il se disait qu’elle devait être nerveuse et stressée, mais il trouvait la situation difficile. Elle ne pouvait pas le rejeter alors qu’ils avaient partagé de si beaux et bons moments. Elle ne pouvait pas faire comme si de rien était! Comme s’il n’était rien! Il devait se répéter tous les jours d’être patient et de la laisser venir à lui. Mais, elle ne venait pas à lui. Elle s’éloignait.  Ce matin-là, il avait décidé de prendre les choses en mains. Il n’en pouvait plus d’être dans le flou. Il avait le droit de savoir pourquoi elle le repoussait. Il savait qu’elle allait à la volière pour écrire à ses grands-parents. Au moins, ils allaient pouvoir discuter sans être dérangés. Il l’attendit à l’extérieur, l’envie de s’allumer une cigarette le dérangeait grandement. Dès qu’elle sortit, il se décolla du petit mur de béton sur lequel il s’était accoté. "Tu vas me dire ce que je t’ai fait?" Il préféra y aller net, au lieu de passer par quatre chemins.

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Wasted Love

Rien ne fait plus de mal que la vérité. Elle s'insinue en nous, se répand dans chaque cellule, s'incruste jusque dans la moelle épinière. Elle nous paralyse, elle nous fracasse. Il suffit parfois d'un mot pour que tout vole en éclats. Un mot, et puis c'est trop tard. Et puis tout est terminé. Les parades, les mensonges, les excuses, les regards fuyants ; tout est réduit en cendres. On croyait s'être enlisé dans un monde de faux-semblants ; mais une fois que les syllabes résonnent, tranchantes et infâmes, on comprend alors que c'était plus confortable avant. On ne sait pas quoi dire, quoi faire. On a passé des années à inventer des phrases toutes faites pour éviter de devoir affronter une telle situation, et même si on a réfléchi à ce qu'on dirait si jamais l'abominable vérité éclatait au grand jour, ça ne se passe jamais comme prévu. Quand on est coincé, acculé, on n'a plus qu'à prier pour disparaître. Se fondre dans le vide. Déconnectée. Depuis des semaines, c'était l'adjectif qui la définissait le mieux. C'était comme si le monde tournait sans elle, qu'elle avait été éjectée, propulsée dans une autre galaxie. Elle reconnaissait les visages, les expressions, les voix. Elle prononçait quelques mots, parfois, ça lui arrivait. De temps en temps, elle arrivait même à sourire. Même si pour elle, ce n'était qu'une crispation des muscles. Ça ne voulait rien dire, à peine un je vais bien, ne t'en fais pas. Tout ce qu'elle faisait n'avait plus aucun sens. Elle continuait d'assister aux cours, de discuter avec Alec, de traîner à la bibliothèque, mais c'était comme si le monde avait perdu ses saveurs. Son quotidien avait quelque chose de terne, de morne. Peut-être que c'était sa faute, peut-être qu'elle n'en voyait plus les couleurs. Et dans cet univers en noir et blanc, elle se perdait en soupirs. Elle se transformait en un râle long et rauque, qui ne voulait rien dire. Parce qu'il n'y avait rien à dire. Au moins elle n'était pas vide, elle était remplie de silence. 

Une silhouette traversa son champs de vision en lui arrachant un sursaut. Ce fut l'élément déclencheur : le sursaut. Cet atroce frisson qui venait de lui parcourir l'échine, de la marquer au fer rouge. Dès qu'elle le voyait, elle se reprenait tout dans la figure. La peur. Elle ne voulait plus avoir peur. Elle s'engagea à sa poursuite, suicidaire sans doute, téméraire certainement. Il fallait beaucoup de courage pour affronter ses peurs, mais encore plus pour reconnaître qu'on était effrayé. Surtout pour quelqu'un comme l'anglaise, quelqu'un qui avait toujours eu peur d'avoir peur. Sans trop savoir ce qu'elle faisait, elle le suivit jusque dans le couloir où il s'arrêta brutalement. Il l'avait entendue, ou peut-être reniflée ? Alors, elle se comporta en lâche, comme d'habitude. Elle le fuya, attendit le dernier moment pour s'éclipser. Il lui manquait, mais elle ne pouvait pas se résoudre à le regarder dans les yeux. Elle ne pouvait pas se résoudre à lui tout lui avouer. Pourtant, il le faudrait bien, mais sa réaction la hantait, elle craignait qu'il ne démarre au quart de tour. Elle avait été là pour lui tout l'été durant, toute l'année durant. Elle l'aimait, elle en était persuadée. Cet enfant serait le fruit de leur amour... Mais même malgré cela, Lyra avait la trouille. Et il y avait aussi Alec à qui elle devait le dire. Elle soupira, elle ressentait le besoin d'écrire.

La matinée était déjà bien avancée, le parc était pourtant bien vide. Pas étonnant puisque le froid commençait à s'installer dans les environs du château. Cela faisait un mois qu'ils étaient revenus à Poudlard. Les choses étaient bien différentes, et elle avait l'impression que toute l'année passée avait été une pause dans l'espace-temps. Son travail chez Fleury & Bott, ses séjours chez Alec, son histoire avec Silas... Tout lui paraissait irréel. Et les lettres qu'elle envoyait à ses grands parents n'arrangeaient en rien son rapport aux évènements. Elle se complaisait dans les mensonges, ou du moins, elle leur dissimulait à eux aussi la vérité. Ce n'était pas difficile à faire, elle n'était pas vraiment proche d'eux, mais finalement, elle n'avait pas envie de les décevoir. Elle avait encore ce sentiment au fond d'elle, la peur d'échouer. Même après la mort de son père, elle se donnait comme objectif la perfection, mais maintenant elle voulait le faire pour elle, pas pour lui. Elle attacha la lettre aux serres de sa chouette, elle y racontait comment s'était passée sa rentrée, comment se passaient les cours, du bavardage inutile et banal qui lui faisait un bien fou finalement. Une fois que le hibou fut envolé, Lyra soupira, comme si un poids s'était envolé aussi. Elle sortit de la volière, prête à affronter la journée. C'est à cet instant qu'elle entendit une voix derrière elle. « Tu vas me dire ce que je t’ai fait? » Elle se retourna aussitôt, mais elle n'en avait pas besoin pour savoir de qui il s'agissait. Elle aurait pu le reconnaître entre mille. Même si pendant longtemps elle l'avait ignoré, depuis qu'ils s'étaient enfin trouvés, elle le connaissait par cœur. Elle connaissait sa façon de froncer les sourcils pour montrer son mécontentement, ou son impossibilité de rester en place plus de deux minutes. Elle savait comment il fonctionnait, mais elle s'était retournée tout de même pour le voir. Il avançait vers elle, et elle ignorait quoi lui répondre. La question était pourtant précise, elle n'avait pas besoin de l'analyser dans tous les sens dans son esprit, et pourtant elle restait muette. Elle ne pouvait pas lui annoncer comme cela qu'il serait bientôt père. Elle ignorait où ils en étaient tous les deux, et elle voulait se protéger. Alors, elle fit mine de ne pas savoir de quoi il parlait. « Qu'est-ce que tu veux dire ? » La langue lui brûlait, elle mourrait d'envie de se réfugier dans ses bras, de l'embrasser, de tout lui raconter. Elle mourrait d'envie de savoir comment c'était passé sa rentrée, si les cours lui plaisaient. Après tout, il était revenu à Poudlard grâce à elle, pour elle.

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