Why are you like this ? + Lyra

Why are you like this ?
lyra + narcisza

Il était midi passé. Les couloirs s’étaient vidés, les classes et le parc aussi. Tous s’étaient rejoint dans la Grande Salle, le cœur battant du château. A Poudlard, l’heure du repas était un pur moment de convivialité, un instant sacré même pour certains. C’était le lieu de tous les rires, de tous les sourires, des meilleures blagues comme des plus mauvaises, des potins, des regards en coin. C’était aussi le lieu où l’on pouvait se montrer et attirer les regards, ou alors se dissimuler soigneusement, un uniforme parmi tous les uniformes. Aujourd’hui, Narcisza Selwyn n’était pas d’humeur à côtoyer tout ce beau monde. A prétendre. A faire semblant. A supporter les rires moqueurs de ses camarades et « amis » vis-à-vis du reste du monde, à feindre que non ça ne la dérangeait pas du tout que tout le monde se colle à elle parce que ça fait « bien » d’être ami avec l’une des vingt-huit sacrés. Narcisza avait besoin de calme et elle n’avait pas faim. D’autant plus qu’elle devait travailler sur un devoir d’Histoire de la Magie sur lequel elle butait depuis plusieurs jours déjà. Et ça, pour l’élève studieuse qu’elle était, c’était inconcevable.

Sans un mot, elle s’était éclipsée du reste de son groupe. Elle n’avait pas envie d’entendre leurs supplices et de se voir forcée à les suivre. Alors elle avait fait ce qu’elle savait faire de mieux : fuir et ne pas les affronter, laissant la petite troupe s’avançait et s’évanouir à l’autre bout de la pièce, trop occupée à parler fort pour les uns, à glousser pour les autres, et à occuper tout l’espace que leur offrait le couloir pour bien signifier à tout un chacun qu’ils étaient là. Bifurquant sur la droite, la brune s’était dirigée tout droit vers la salle commune des Serdaigle. Là-bas c’est sûr, il n’y aurait personne pour venir la déranger.

Narcisza se leurrait elle-même, elle n’avait pas grand-chose à voir avec le reste de sa clique. Mais elle ne voulait pas l’admettre, elle ne pouvait pas l’admettre. Trop consciente du regard pesant de sa famille sur elle : ses parents, son frère mais surtout sa petite sœur Artemisia qui se ferait un plaisir non dissimulé de rapporter à leurs géniteurs tous les faux pas de l’aînée. Elle n’avait pas le droit à l’erreur Narcisza, se devant de faire honneur à leur nom et à leur réputation implacable. Elle ne devait ni se montrer douce, bienveillante ou agréable. C’était une règle tacite, comme un fondement des Selwyn, et très tôt elle le comprit.

Installée à l’une des nombreuses tables qu’offrait la salle commune, le silence régnait dans toute la pièce, maître des lieux. Seul le bruit de sa respiration et du frottement de sa plume sur le papier brisait la tranquillité ambiante. Si seulement tout pouvait être aussi calme dans sa tête. Là-haut tout n’était que chaos et doute. A mesure qu’elle prenait en âge et en maturité, Narcisza supportait de moins en moins tout ce qui la caractérisait aujourd’hui et faisait d’elle ce qu’elle était. Et pourtant elle ne faisait rien pour, si ce n’est changer les choses, au moins les arranger. La fuite, le mensonge, la comédie, les faux-semblants, tels étaient ses domaines de prédilections. Et si autrefois elle excellait, le tout était de plus en plus friable et fragile, mais tenait toujours bon, signifiant que l’ère de la nouvelle Narcisza n’arriverait pas tout de suite.
Aujourd'hui, elle était de mauvaise humeur Narcisza, ce qui la rendait encore plus froide que d'habitude. Son devoir l'agaçait, les gens l'agaçait. C'est comme si elle était dans cette bulle infernale en perpétuel mouvement sans moyen de l'arrêter et de s'en échapper. Parfois, il y avait de ces jours où elle broyait du noir, et d'autres fois non. Cette journée était de celle que l'on pourrait qualifier de « sans » et elle s'en voulait intérieurement de se comporter de la sorte, mais c'était plus fort qu'elle.

Après de longues et longues minutes à plancher sur son travail, Narcisza froissa son papier en une grosse boule qu'elle jeta à l'autre bout de la pièce dans un profond soupir de colère. Elle n'arrivait à rien et la quiétude de la salle commune n'allait pas arranger les choses. Car tout était trop calme, et milles et unes pensées se bousculaient dans sa tête, à tel point qu'il y avait bien plus de bruit à l'intérieur. Ce silence avait eu tout l'effet inverse de ce qu'elle désirait au départ ; il avait permit à ses plus noires préoccupations de s'installer tranquillement et durablement dans un coin de son esprit. Non, elle n'arriverait à rien ce midi.
Lorsqu'elle se retourna pour récupérer son devoir chiffonné à l'opposé de la salle, elle aperçut la silhouette fine et frêle... de Lyra Yaxley. Sa boule de papier dans les mains. La scrutant de haut en bas, comme elle savait si bien le faire, sachant pertinemment que la demoiselle lirait dans ce geste tout le dédain qu'elle lui porte, Narcisza tendit sa main en sa direction, impatiente. « C'est à moi. Tu me le rends ? » Sèche. Froide. « J'attends ! » Désagréable. Odieuse. C'était elle qui lui avait jeté son papier aux pieds et pourtant, elle se montrait épouvantable. Elle le savait, elle le regrettait surement au plus profond de son être, mais sa fierté était trop grande et elle éclipsait tout. Il y avait quelque chose chez cette fille que Narcisza ne saurait expliquée. Était-ce ses grands yeux bleus ? Son regard perçant ? Sa silhouette longiligne à en faire pâlir plus d'une ? Ou peut-être son assurance ? La Serdaigle n'aimait pas sa camarade et ne souhaitait pas y trouver une raison, se persuadant qu'elle était réellement ce que tout le monde prétend : une fille mauvaise, glaciale et pas mieux que le reste de sa famille. Elle était une Selwyn ; mais elle, pourtant, elle était bien une Yaxley ?

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Why are you like this ?
lyra + narcisza

Narcisza arborait son deuxième visage, sa seconde facette qu'elle façonnait et travaillait depuis tant d'années déjà. Les personnes qu'elle n'appréciait pas avait le don de faire ressortir ce côté là d'elle, on pouvait dire que c'était presque automatique, et Lyra Yaxley n'échappait pas à la règle. Cette dernière lui rendit son papier froissé dans le plus grand des calmes, lequel Narcisza lui arracha presque des mains en lui jetant un regard noir. Elle avait beau être son aînée, ce n'est pas pour autant la demoiselle avait peur d'elle ou pensait lui devoir le respect, c'est ce dont la Selwyn essayait par-dessus tout de se convaincre et cela semblait plutôt marcher. Dans sa famille, il était mal vu d'accorder une quelconque importance aux personnes faibles, et cette Lyra semblait en porter tous les critères. Frêle au visage d'ange, Narcisza la catégorisa ainsi la première fois qu'elle l'a rencontra, même si elle savait très bien au fond qu'il était idiot de juger ainsi les gens et qu'elle ne connaissait rien de la sorcière qui se tenait face à elle.

Lorsque sa camarade partit s'asseoir dans un des canapés de la salle commune, cela ne fit qu'exaspérer encore plus Narcisza qui leva les yeux au ciel. Alors comme ça elle comptait rester plantée là en plus ! Elle qui pensait que mal lui parler allait la faire déguerpir à toute vitesse, elle s'était trompée royalement. En règle générale, la jeune fille était maîtresse dans l'art de l'ignorance, de l'indifférence. Qu'elle soit en groupe, ne voulant pas se mêler aux histoires dont ses amis sont tant friands, ou seule, peu désireuse de faire la conversation. Mais aujourd'hui c'était un peu différent, car elle ressentait la présence de Lyra comme de la provocation. D'abord elle se tut, en la fixant. Lyra se massa les tempes frénétiquement, visiblement contrariée avant de mettre fin au silence pesant qui régnait entre elles. « Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que je t'ai fais ? » La toisant du regard, Narcisza ne daigna même pas lui répondre, ça serait lui donner trop d'importance. Loin d'être concentrée, elle feignait pourtant l'attention en se replongeant dans son papier d'Histoire de la Magie - qu'elle ne finirait jamais aujourd'hui, c'était évident - laissant son interlocutrice dans l'incompréhension totale.

Ah ce silence, Narcisza pouvait l'adorer autant que le détester.

Et apparemment, Lyra ne l'appréciait pas tellement puisqu'elle revint à la charge. La Selwyn ne supporterait pas plus longtemps sa voix, ses questions et sa présence dans son dos. Alors elle décida de briser la glace... « Arrête de parler ta voix m'agace ! D'abord qu'est-ce-que tu fais là ?! Pourquoi tu restes alors que tu vois bien que ta présence me gêne ! J'étais là avant toi et à l'évidence je ne t'aime pas, tu ne m'aimes pas, alors qu'est-ce qu'on fout toutes les deux ici !? » Plantée sur sa chaise, l'autre sur le canapé, il semblerait qu'aucune des deux ne s'attendait à passer pareil moment au moment du repas dans une salle commune qui se devait d'être, à la base, vide.  « Et oui tu m'as rendu mon papier, bravo quel exploit tu veux une médaille peut-être ? Je suis polie avec qui je veux et quand je veux. » s'écria Narcisza une dernière fois, plus calme, imperturbable et à la limite de la détente, comme pour l'énerver et la piquer un peu plus. A ce moment, dans un des nombreux tableaux qui ornaient la pièce, une grosse dame assise sur un divan poussa un petit cri de joie, enthousiasmée par le spectacle qui se déroulait devant elle. Le regard fusillant des deux Serdaigle dans sa direction l'a fit un peu rougir mais elle ne détourna pas pour autant le regard ; pour une fois qu'il y avait un peu d'animation chez les bleu et bronze.

Soudain, elle s'arrêta de glousser, comme figée, mise sur pause. Les deux filles ne s'en rendirent pas tout de suite compte, trop occupées à s’aboyer dessus, mais l'ensemble des tableaux de la salle commune ne s'animaient plus. Ils n'étaient plus que de vulgaires peintures et de simples photographies dépourvues d'une quelconque once de magie ; d'ordinaires objets moldu. Au-dehors elles ne le savaient pas, mais les escaliers étaient encore plus fous que d'habitude, tournoyant dans tous les sens, détraqués. Leur salle commune dans laquelle elles se trouvaient faisait des va-et-vient entre le sixième et cinquième étage, hésitante, sans que les sorcières n'en virent les signes. Et la magie à Poudlard oscillait de la puissance folle à la disparition la plus totale...

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