the outsider } rosenberg.

« Zephÿr, viens ici tout de suite, crétin ! » Le manoir familial. Centre de Berlin. Spacieux, immense. Zephÿr, âgé de tout juste neuf ans, venait de prendre part à une de ces disputes quotidiennes. Son frère, Ludwig, âgé de dix ans, s’amusait à embêter son frère pour que ses cheveux changent de couleur, même si pour l’instant, ils ne passaient que du brun au blond. Métamorphomage depuis sa naissance, le petit dernier de la famille suivait des cours quotidiens pour apprendre à maîtriser ce don, détesté de tous. Oui, détesté, ce don qu’il avait hérité de sa grand-mère maternelle. Pourtant, les Rosenberg faisaient en sorte qu’il sache tout faire correctement, pour ne pas paraître pour des monstres. L’éducation que suivait les deux frères était dure et longue. Si le grand excellait, le petit avait beaucoup plus de mal et peinait à apprendre ses leçons, ce que déplorait sa famille, évidemment. C’était compliqué. Sa relation avec son frère n’annonçait rien de très positif pour la suite.

Arrivé à l’adolescence, en effet, les deux garçons ne s’entendaient plus. Zephÿr tentait désespérément de faire comprendre à son grand-frère à quel point il était bête de lui parler ainsi. Ludwig le traitait comme un moins que rien. Pendant que son petit frère s’entraînait dans le cours spécialisé pour métamorphomage, le garçon s’amusait à lui lancer tout et n’importe quoi en lui lançant des insultes très peu acceptables pour un adolescent. Le seul cours où Zephÿr excellait, c’était évidemment celui-ci. A l’âge de 16 ans, les couleurs de ses cheveux commencèrent réellement à refléter ses émotions, rendant fou de rage celui qui n’avait aucun don. Un sentiment de jalousie profonde était né chez Ludwig, l’obligeant à détester son frère et rien de plus. Quand ils eurent 16 et 17 ans, leurs parents les obligèrent à suivre des cours intensifs de magie noire. Famille de sang-pur depuis des millénaires, les Rosenberg mettaient tout en œuvre pour que les traditions continuent et l’apprentissage de cette magie obscure en était une. Néanmoins, c’était un apprentissage compliqué et Zephÿr, qui ne s’en sortait pas trop mal, les suivait sans broncher. Une nuit, alors que toute la famille Rosenberg dormait, son frère Ludwig fit une fugue. Ce dernier avait 18 ans à ce moment-là. Les raisons de ce départ inattendu étaient inconnues. Pendant l’année qui suivit cette soudaine fugue, Zephÿr se sentit incroyablement seul et désarmé. Ses parents mettaient encore plus de pression dans son éducation, dans ses cours. Il ne sortait que pour aller faire quelques achats en ville, ne voyait uniquement que de la famille. Les cours de magie noire était plus présents, plus violents aussi. Il en garde de très mauvais souvenirs. Il n’en pouvait plus. Alors, à ses 18 ans, il quitta à son tour le manoir et commença sa nouvelle vie à Londres.

Apprenant l’anglais sur le tas – parce qu’il n’avait jamais rien compris aux cours d’Anglais qu’il avait suivi chez lui -, Zephÿr s’immisçât dans la vie moldue. Sa baguette passait le ¾ de son temps dans un tiroir, le jeune homme luttant pour ne pas être tenté. Ces années de recul avec le monde sorcier lui fit le plus grand bien. Néanmoins, le jeune homme n’avait pas eu une vie palpitante. Ayant des petits boulots par-ci, par-là, il ne gagnait peu, car il n’avait aucune expérience professionnelle. Lorsqu’il a fui sa famille, il n’avait pris que très peu d’argent avec lui. Pourtant, le compte bancaire de ses parents était rempli de beaux gallions et il regrettait de ne pas avoir profité. De plus, il enchaînait ces boulots car il se faisait licencier la plupart du temps : violent, vulgaire, personne ne cherchait quelqu’un comme ça dans ses rangs. Il vécut comme ça pendant pas mal de temps, laissant passer les années au fur et à mesure, laissant passer les souvenirs, les bons comme les mauvais. Malgré tout, il manquait toujours quelque chose à Zephÿr : son frère Ludwig. Ils n’avaient jamais été très proches, mais il ressentait son absence dans son esprit, dans son cœur. Il n’avait jamais eu de nouvelles, il ne savait pas s’il était vivant, mort, enterré. Il avait fait quelques recherches, qui avaient été vaines. Plus de traces, plus rien. Alors, il commença à enrichir sa haine envers lui. Ces pensées étaient contradictoires, mais cela lui importait peu.

En 1995, alors âgé de trente ans, il fit son entrée dans l’Ordre du Phénix lors de sa réformation. Sachant pertinemment que ses parents étaient partisans de Vous-Savez-Qui, Zephÿr mit toutes ses chances de son côté et espérait pouvoir les démasquer par lui-même. Également, il croyait pouvoir calmer ses pulsions de violence. Cette violence qui, pourtant, n’était pas synonyme de méchanceté ou de bêtise. Il ignorait pourquoi il avait envie de frapper quelqu’un dès qu’il était énervé. A son grand désarroi, on lui proposa un rôle d’agent-double : infiltrer les mangemorts en travaillant pour l’Ordre. C’était risqué, mais Zephÿr n’avait pas réellement le choix. Après tout, son caractère avait été l’une des principales raisons pour son acceptation dans cette organisation qui luttait contre les forces du mal. Il aurait dû se douter qu’il allait devoir mettre son courage à l’épreuve. Il fit donc le serment inviolable de ne jamais dévoiler sa couverture, qu'importe la situation, qu'importe si la vie de quelqu'un était en jeu.

Arrivé chez les Mangemorts, il s’est montré le plus dur possible, luttant contre son côté humain qui refaisait surface. Les antécédents des Rosenberg jouaient en sa faveur, puisque ses parents apprirent son entrée dans ce cercle vicieux et il n’eut même plus besoin de se prouver quoi que ce soit. Lors d’un fameux test pour sa loyauté envers Lord Voldemort, Zephÿr tua une femme née-moldue. La mort commença à le hanter, petit à petit et il se jura que plus jamais il ne tuerait quelqu’un. En 1997, alors qu’il participait à un raid de quelques moldus et sang-mêlés, son équipe firent irruption dans une maison de vacances londonienne, côté sorciers. Il y avait un homme, sorcier, une femme moldue et leur fils. Les parents furent massacrés, sous les yeux de Zephÿr, qui tentait de prendre du recul. Ils ne voulaient tuer que la femme mais l'homme s'était interposé et les deux étaient morts. « Rosenberg, prend le gosse vivant. Tu seras spécialement chargé de sa mort. Fais-le encore souffrir, un peu plus. Fais-lui voir la noirceur de ton âme. Nous attendons ton retour prochainement, avec du sang sur les doigts. »

Le métamorphomage attrapa alors le gosse, sans un mot, et s’en alla avec lui, en transplanant. Il fit attention à ce que personne ne sache où ils allaient et Zephÿr apporta l’enfant en sureté, avec l’Ordre. L’enfant, âgé de quatorze ans à ce moment-là, frappait l’homme étrange qui l’avait emmené ici. Il était presque plus grand que Zephÿr, qui était dans un état exécrable, couvert de sang et de saleté. « Calme-toi, arrête. » tentait l’agent-double, alors qu’il avait allongé le gamin sur un lit. Alors, après avoir bouclé les portes et les fenêtres pour ne pas que l’enfant s’échappe, Zephÿr raconta ce qu’il s’était passé, avec un accent allemand qui lui était propre. « Ils… Ils ont tué toute sa famille. J’étais chargé de le tuer, putain. Mais je l’ai pas fait, j’ai préféré l’emmener ici. Visiblement, c'est une famille Russe. J'ai vu des affaires venant de l'autre école là, dans le Grand Nord. » Il fit une pause, complètement déconcerté, se rendant compte de ce qu’il s’était passé. « J’ai risqué ma couverture pour un putain de gamin russe, bordel. » Alors, un Auror dont Zephÿr n’avait pas retenu le prénom, intervint. « J’ai peut-être une solution. Je vais le voir, et tu seras tranquille. » L’homme monta les escaliers, et revint quelques minutes plus tard. « Oubliettes, Rosenberg, oubliettes. Il a oublié. La mort de ses parents.. Tu es son tuteur, à ses yeux. Il pense que ses parents sont décédés de la Dragoncelle. C'est un sort puissant, mais j'ai fait mon possible pour qu'il ne le soit pas autant. Il faudra lui dire la vérité, un jour. » Les cheveux de Zephÿr virèrent au rouge pivoine. « Pardon ? » disait-il, frappant les points sur la table devant lui. Il allait devoir se coltiner un gosse, par-dessus le marché. « J’étais censé le faire crever, et au final, il est à ma charge ? Son tuteur ? Mais vous êtes complètement malades, je vais me faire prendre tout de suite ! Je suis censé l’avoir tué à l’heure qu’il est moi ! »

Le lendemain, Zephÿr sentit la marque des ténèbres faire pression sur son bras. « Eh merde. » Il devait prouver la mort du garçon. Alors, il tenta son possible pour rester plausible. Il raconta qu’il avait tué le garçon, après avoir jeté un sort Endoloris, et avait brûlé son corps. Le métamorphomage se fit réprimander, car il devait apporter le corps, mais celui qui s’occupait de surveiller Zephÿr était manipulable et au grand soulagement de ce dernier, ils ne doutèrent pas de sa version. Alors, il continua à être agent-double, tout en s’occupant du garçon qu’il avait sauvé d’une mort certaine. Frustré, à bouts, fatigué, il ne pouvait pas s'empêcher d'être exécrable avec l'enfant.

En 1998, lors de la Grande Bataille, Zephÿr mit de côté sa couverture pour combattre avec l’Ordre, comme il avait toujours voulu le faire. Si certains ne firent pas attention à lui, d’autres mangemorts le reconnurent et tentèrent de le nuire. Il termina, blessé à plusieurs reprises, dans l’infirmerie improvisée, luttant contre son envie de tous les tuer un à un. Il avait été déstabilisé, et la mort était bien trop présente pour qu’il soit aussi concentré qu’il l’aurait voulu. A la fin, et après une victoire bien méritée (quoi qu’il n’eût pas réellement fait grand chose), Zephÿr tentait d’avoir une vie normale, avec garçon qu’il considérait involontairement comme son fils. Lorsque Poudlard ré-ouvrit, le métamorphomage devint le garde-chasse, gardant ainsi l’œil sur son protégé suite à l'échange entre les écoles. Portant le nom de Rosenberg, l'enfant subissait une pression psychologique de la part du garde-chasse, étant donné qu'il considérait l'enfant comme une corvée. Ludwig Rosenberg ? On ne sait toujours pas où il est. A trente-cinq ans, son frère n'attendait même plus son retour, même si au fond de lui, il espérait le revoir. Quant à sa famille, il ne sait pas où elle est, ce qu'elle est devenue, Zephÿr ne fait plus attention. Son don de métamorphomage n'a pas bougé, ses cheveux uniquement changent de couleur. Aujourd'hui, il arrive uniquement faire une tête de cochon et s'amuse à faire peur aux élèves, de temps en temps.

La marque des ténèbres est pourtant toujours présente sur son corps, et chaque regard qu'il porte sur elle le dégoûte. Ce temps là est révolu, heureusement pour lui.

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Cordialement,
Le Choixpeau Magique