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Version 7
La version sept est enfin arrivée ! Centrée sur l'épidémie, les problèmes politiques,
de nouveaux clans se forment, venez voir de quoi il en retourne.
Découvre tout ici
L'épidémie dévoilée !
Le Ministre parle de l'épidémie en conférence de presse,
les Médicomages sortent leur premier rapport, les premières conclusions sur l'épidémie !
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Nous manquons d'Aurors à Poudlard et à Pré-au-Lard, de Professeurs et d'habitants de Pré-au-Lard
nous en attendons avec impatience !
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Love Unchained in Yesterday's Grave [Aldombre]

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Love Unchained in Yesterday's Grave
Aldous B. Koch & Ombre Avery

ϟ 12 Mars 2000 - Fontaine aux Morts  


J'tire sur ma clope. Fais un sale temps dehors, ça donne pas envie d'sortir. Tant mieux, c'soir, j'aurais pas l'droit à la putain d'ronde tout autour du parc jusqu'à cette foutue forêt. Paraît qu'le Dirlo avait b'soin d'moi. J'ai r'çu un hibou du ministère c'matin, un tas d'blabla d'bureaucrates à la con juste pour m'dire qu'ils m'envoyaient un bleu du bureau des catastrophes magiques et qu'i faudrait qu'j'lui explique l'bordel qui s'passe dans l'château et c'qu'on est censé y foutre. Tu parles d'un programme ... Mais si ça m'évite d'me prendre des trombes d'eau sur la gueule, c'est pas plus mal. D't'façon, les grattes papiers qui bossent dans les bureaux, j'ai tendance à leur foutre sérieusement la trouille. Faut croire qu'avec la cicatrice qui m'bouffe la moitié d'la gueule, ça donne pas trop l'impression qu'j'suis un type sympa. Paraît qu'j'suis trop agressif aussi. J'm'en bats les couilles, j'ai pas envie d'me faire emmerder. D'jà qu'j'suis coincé dans c'merdier à cause d'ma baltringue d'chef, faudrait pas en plus qu'ils s'attendent à c'qu'j'leur fasse des courbettes. Et pas une p'tite pipe aussi tant qu'on y est ? J'tire sur ma clope même si les autorités aiment pas ça. Là encore, j'les emmerde bien profond. C'est l'seul truc qui fait qu'j'sois pas encore d'venu un déserteur pour aller m'occuper du cas d'tous les Mangemorts qui traînent encore dans les parages.

Il attend au milieu du hall d'entrée, là où on avait construit une fontaine commémorative après la Grande Bataille de Poudlard, pour honorer les morts tombés au combat. Il pose son regard sur la pierre ensorcelée et les jets d'eau qui forment les noms des disparus avant de retomber dans le bassin. Il ne les lit même pas car pour lui, tout cela n'est qu'une foutaise. Une belle poudre aux yeux, une manie des couilles-molles qui préfèrent commémorer qu'agir et clamer vengeance. L'inaction n'était pas pour lui, tout comme la fuite. Et il avait l'impression de retrouver son cachot puant du manoir où il était coincé, incapable de bouger ou d'agir d'une quelconque manière. Poudlard était une prison juste un peu plus grande et moins douloureuse, mais le concept était le même, il était pieds et poings liés dans cette galère. Et passer sa soirée à faire la visite des lieux avec un puceau binoclard des catastrophes magiques ne l'aiderait pas à retrouver un quelconque calme. Il devait revenir de chez le Directeur pour ses prises de fonction et sa mission, et retrouver Aldous dans le hall. Adossé à l'escalier de gray qui monte au premier étage, il grogne en passant distraitement sa main dans sa barbe. Ses doigts effleurent la chair calcinée et rugueuse de sa plaie, le contact familier et difforme sur sa peau apaisant un moment son agacement au profit d'une colère plus sourde, animée de sombres souvenirs.

J'vais pas pinailler là toute cette foutue soirée. Qu'il s'magne le derche, c'boloss du ministère et qu'j'puisse m'pieuter. Une bonne potion d'sommeil et j'serais presque mort jusqu'à d'main. Et ainsi d'suite jusqu'à c'qu'mon chef s'décide à m'laisser r'tourner faire mon taf. J'ai rien à foutre ici, à part foutre des branlées à ces abrutis d'élèves qui comprennent que dalle à c'qui s'passe, et arpenter les couloirs à la recherche d'une ombre. Ca m'rend fou d'me sentir inutile alors qu'y a tellement d'connards d'mages noirs qui en profitent pour s'planquer. J'suis en rogne. Comme toujours. J'ai pas l'impression qu'la rage m'quitte une seconde depuis qu'on m'a sorti d'ce merdier. J'ai jamais pigé pourquoi. Mon chef m'a seulement dit qu'on m'avait r'trouvé grâce à un hibou anonyme qui dénonçait mes ravisseurs. J'ai juste pas la moindre idée d'qui ça peut être. J'crois pas à l'idée d'un traître dans leur camps. Pour moi, c'était juste un jeu malsain. Ils voulaient m'libérer, ils voulaient qu'j'sorte pour mieux m'voir m'débattre avec ma souffrance. Ils sont p't'être crus qu'ça suffirait à m'briser, à m'foutre en l'air. Ils attendaient p't'être qu'j'me balance sous ce putain d'Poudlard Express ... Mais que dalle. J'suis pas du genre à crever sans m'battre. Si j'dois mourir, j'en emport'rais une vingtaine avec moi, qui croupiront dans leurs tripes et les miennes. Dans la mort et l'sang qui coule, y a plus d'maître ni d'esclave, y a qu'des cadavres en puissance qui gueulent pendant qu'ils le peuvent encore. Mais moi, j'ai pas peur d'mourir.

Il s'impatiente, supportant de moins en moins l'attente. Il commence à marcher, faisant les cent pas en écoutant l'écho de ses semelles à chaque fois qu'il dépose son pied sur le sol en marbre poli par les ans. Sa robe de sorcier ouverte sur un pantalon en peau de dragon frappe lourdement contre ses cuisses, révélant des poches pleines d'un nombre incalculable d'objets magiques de défense ou d'alerte. Héritage de son mentor Fol-Oeil, qui ne partait jamais nul part sans de quoi assurer ses arrières. D'autant plus depuis son enlèvement. Vigilance constante, songe-t-il en aspirant une énième bouffée toxique de nicotine au goût amer. Il inspire profondément quand son ouïe affûtée perçoit la rumeur d'une conversation. Le couvre-feu est en place depuis longtemps, si c'était des élèves, ils auraient au moins pris la peine d'être discrets. Cela lui fait dire que c'était surement le Directeur et le bleu du ministère qu'il attendait comme un con depuis des plombes. Il ne prend la peine de se redresser que lorsque le duo est à sa hauteur, la silhouette du directeur, et dans son ombre ... une jeune femme rousse ? Ainsi donc, c'était elle, la bureaucrate qu'il allait devoir promener dans tout le château ? Il a un sourire lubrique en se privant pas de la regarder de haut en bas, détaillant ses formes avec un oeil appuyé. Tant mieux si cela la mettait mal à l'aise, l'Auror n'en avait cure. Il attend que le Directeur s'adresse à lui et lui rejette sa fumée de cigarette au visage sans la moindre envie de faire un quelconque effort.

"Ouais, j'ai bien pigé l'topo. J'la ballade un p'tit coup, j'lui montre c'qu'elle a à savoir, et tout l'monde est content sauf moi, mais ça, on s'en bat les couilles. Ouais ouais vous pouvez y aller, c'est bien, j'suis un grand garçon Directeur, j'vais m'en sortir."

J'me force pas à lui sucer les boules, faut pas s'attendre à ça d'ma part. Surtout quand on sait qu'j'suis là contre mon gré. Il peut bien soupirer tout c'qu'il veut l'vioc, il aura pas mieux d'ma part. Il finit par s'barrer et la bleue s'approche. Elle a des cheveux roux flamboyants et une bouche pulpeuse. Elle est pas désagréable à r'gader, mais pas dit qu'ce soit moyen chiant pour autant. Elle aura qu'à marcher d'vant, son cul m'donnera du spectacle au moins. J'tire sur ma clope finie, j'l'écrase sous ma s'melle et j'lui tends une paume. Autant commencer. Bizarrement, quand elle glisse sa main dans la mienne, j'sens une drôle d'décharge électrique, comme un vieux pressentiment bizarre. J'plisse un peu les yeux. Son visage m'dit rien, pourtant, j'ai l'impression d'la connaître. J'sais pas pourquoi. J'vois pas où j'aurais pu la croiser, j'traîne jamais au Ministère et elle est vachement plus jeune qu'moi. Bref, j'cherche pas plus loin, j'passe un peu ma main dans ma barbe avant d'désigner la fontaine d'un signe d'tête.

"Koch. Auror. J'ai pas qu'ça à foutre d'ma soirée alors j'te propose qu'on s'sorte les doigts du cul et qu'on s'dépêche d'faire l'tour d'ce merdier. Et après, au pieux. Ca t'va ?"
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Aldous B. Koch & Ombre Avery

ϟ 12 Mars 2000 - Fontaine aux Morts  


Eteignez les astres et contemplez le ciel. Que voyez-vous ? Rien. Vous êtes en face de l'infini que les limites de votre esprit ne peuvent concevoir et vous ne voyez plus rien. Et cela vous angoisse. C'est angoissant d'être en face de l'infini. Rassurez-vous ; vos yeux s'arrêteront toujours sur les étoiles qui obstruent leur vision et n'iront pas plus loin. Aussi ignorez-vous le vide qu'elles dissimulent. L'obscurité n'est pas hors de vous, l'obscurité est en vous. Et pourtant je porte en moi l'étincelle moqueuse d'un espoir indéfini qui par instant, me fait oublier le goût amer de la moelle pourrie du monde. Bien que vouée aux affres du remords, aux abîmes de la vérité, je vis. Je vis comme je vivais. Pourquoi ? Je ne sais pas. Si l’obscurité me dévore, l’espoir est en vérité le plus ardu, le plus violent. Et je le brandis au-dessus de ma tête pour chasser mes idées opaques, j'en ai fait un art de vivre. Ma mère appelait ça du pragmatisme. J'appelle ça la fin de l'innocence.

Je ne suis pas née pour vivre une vie paisible. Je ne suis pas née pour être dans la norme. Je suis là pour subir le monde et l’accompagner d’une philosophie sans aucun sens. Déchouer l’atmosphère, changer l’univers, faire bondir la terre, croire que tout peut disparaître et apparaître dans la même seconde. Je suis le genre de femme qui s’exalte devant l’aurore ou la lune qui s’exhibe. Je me suis éprise de la vie et donc par syllogisme, de la mort. Et le ciel vire couleur charbon.

J’emmerde la galaxie.

***

Déclenchement de serrure, harmonie métallique. La porte s'ouvre à la vertical et s'aplatit sur la brique dans un fracas terrifiant. Raclure sur le parquet, grincement déplaisant. Et dans son embrasure, j’aperçois la silhouette d’un homme immense. Droit, fière, immobile, latent. Son allure me semble étrangère, comme si il venait d’une autre époque, d’un autre monde. Mes pupilles s’accrochent à son regard, elles sont habitués à la froideur des traits. Il est étrange ce directeur. Il possède un teint d'albâtre et des joues creusées dans une mâchoire trop carrée, sculpté au burin. Je cherche quelque chose qui le rapproche d'un être humain. Quelque chose qui le rendrait moins impénétrable. Il se racle la gorge, brisant le silence.

Directeur : Mme. Avery, vous êtes particulièrement jeune...
Ombre : Le seul facteur auquel je ne peux remédier.
Directeur : Mais vos références sont remarquables.
Ombre : Je prend cette mission très au sérieux.
Directeur : Bien, je vais vous présenter un de vos collègues.

C’est clair, précis, concis. Point de longs discours ou recommandations éloquentes. Pour un directeur, ce manque d’implication semblerait presque suspect. A moins qu’il ne préfère déléguer. Ce collègue en question prendra peut être le relais de mon accueil en ce lieu.

Poupée de nacre que je suis, poupée de porcelaine.
Disloquée.

***

Mes talons dévalent les escaliers, nous pénétrons dans le hall d’entrée et je découvre avec effroi le visage si familier de ce fameux collègue. Aldous B. Koch. Le seul, l’unique, l’Auror. L'année précédente, manipulée par mon père et mes oncles Mangemorts, j'avais attiré cette homme croyant qu'il s'agissait du meurtrier de ma mère. Zeste de polynectar, et l'affaire était bouclée. J'avais participé à sa séquestration et à ses tortures durant dix jours avant que la raison ne me ramène à la réalité. Je restais alors à l'écart, passive et stupide. Durant deux mois, j'entendais ses hurlements, je fuyais le sang qui brillait dans l'escalier. Deux putain de mois avant d'écrire un hibou anonyme au ministère afin de tout révéler et qu'on puisse venir le sauver de ce chaos. Il ignore que je suis à l'origine de son calvaire et de sa délivrance. Il ignore mon existence.

Je tangue, le monde semble osciller avec amertume. Les regrets se fondent dans les remords tandis que les efforts se confrontent à la fatalité. Je ne l’écoute pas. Mes doutes se balancent jusqu’à la nausée, me laissant exsangue. Mes émotions n’ont pas d’équilibre, elles glissent, se tordent, se courbent, s’altèrent, s’atrophient. Je peux les dépecer ? Je peux les renier ? La danse des vertiges m’oppresse encore. Foutrement exsangue. Et tout se renverse, j’avale de travers. Et ça tourne, encore et toujours, encore et dans l’autre sens. Je peux sentir mon pouls retentir dans mes tympans. Tic tac tic tac. Je le confondrais avec les battements des aiguilles de l'horloge qui trône dans l’immense pièce. Je le confondrais avec cette horloge si elle éprouvait le même élancement dans sa poitrine que moi dans la mienne. Or, elle n'a pas de vaisseaux sanguins, l’horloge. Elle ne possède pas un centre de souffrance qui distribue des morceaux de peine ou de peur par ci par là, dans son corps. D'ailleurs elle n'a pas de corps. Sa composition ne lui permet pas de goûter aux douleurs morales et aux appréhensions physiques. Elle n'a pas accès à la folie. Pas plus qu'elle n'a accès au chagrin, au regret. Elle n’a pas de mémoire. Aucun démons ne la hante, l'obligeant à considérer la vérité telle qu'elle est. Aucun fantôme ne vient la forcer à faire face au germe de son mal. Non, aucune chimère ne vient fréquenter ses songes pour lui rappeler combien elle est stupide d'avoir réellement cru qu'elle pourrait échapper aux atrocités qu’elle a commise. Combien elle s'est faite avoir. Combien elle va se faire fendre en deux. Combien elle tremble. Combien elle souffre. Tic tac.

« Ombre Avery. Enchantée. Je parie que je connais mieux ce château que vous et que je pourrais même vous dévoiler quelques passages secrets. Mais je vous écoute pour les différentes instructions monsieur l'Auror. »

Garder son calme, ne rien laisser paraître.

« Mes doigts n'ont pas comme pratique de visiter cet endroit en revanche ils aiment bien tenir une cigarette. Vous m'en offrez une ? »

Mes lèvres s'étirent dans un sourire éblouissant, masquant ma gêne grandissante. Je tente de ne pas fuir les cicatrices qui ornent son visage. Ces cicatrices dont ma famille sont à l'origine par les actes et moi par le silence. Je détaille chaque parcelle de sa peau, de ses cheveux, de ses yeux d'Encre. Les battements de mon cœur refusent de capituler et continuent de maltraiter ma poitrine. Mes remords se tordent. Et tandis que j'essaie de rester désinvolte et naturelle, des pensées plus contradictoires viennent se mêler à mon esprit. Sa stature imposante, ses épaules musclés, son regard cavalier.

Une légère odeur de Cendres.

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Aldous B. Koch & Ombre Avery

ϟ 12 Mars 2000 - Fontaine aux Morts  


Monsieur l'Auror. Elle commence d'jà par m'foutre en rogne. Foutue bureaucrate d'mes deux. Avec sa façon précieuse d'parler et son sourire d'façade qui veut dire tout et l'contraire. Si elle était pas aussi mignonne, j'l'aurais d'jà envoyé bouler la Miss. J'tilte à peine à son prénom chelou mais plus à son nom ... Avery. C'est un patronyme courant mais c'est aussi l'nom d'une foutue famille d'Mangemort d'merde. J'la r'garde un moment suspicieusement. Elle a l'air d'une gratte papier du Ministère, pas d'une mini mage noire en puissance. Faut dire qu'elle est vraiment vachement mignonne. Avec ses grands yeux d'biches, sa p'tite moue aux lèvres épaisses et ses joues roses. J'me sens bizarre quand elle s'met à sourire encore plus. Une sorte d'malaise à la con qu'j'explique pas. Son sourire sonne tellement faux. J'saurais pas dire pourquoi mais j'peux pas m'empêcher d'froncer les yeux quand elle fait ça. J'soupire un peu, elle a pas vraiment d'répartie au sens propre du terme, enfin pas l'même genre qu'moi, mais elle m'tire un sourire quand même avec sa réflexion. Elle est vraiment vraiment mignonne. Même avec son rictus flippant et son nom d'Mangemort. J'me renfrogne vite en fouillant dans une des poches d'mon manteau. J'sors un paquet d'clopes moldus et j'lui en tends une. D'un mouvement d'la main, j'lui enflamme l'bout, laissant la fumée s'échapper quand elle la prend dans sa bouche.

Il ne s'est pas approcher beaucoup, juste assez pour lui tendre la tige toxique et la caler entre ses lèvres avant de l'allumer d'un informulé. La magie sans baguette était l'une de ses grandes qualités et ce qu'il cherchait volontairement à développer depuis le retour de sa captivité. Mais pourtant, il avait capté sur ses boucles rousses, une odeur particulière. Il n'aurait pas su dire si cette odeur lui rappelait quoique ce soit en particulier, si elle lui évoquait un souvenir heureux ou un événement. Juste une sensation familière qui lui pique le nez et lui fait froncer les sourcils en faisant un pas en arrière. Il prend le temps de la regarder tirer sur la cigarette, appréciant le jeu de ses lèvres pulpeuses avec le poison moldu, les volutes de fumées se mêlant à ses boucles vaporeuses. Il laisse son regard se perdre sur sa gorge où il perçoit la palpitation anormalement frénétique de sa carotide, jurant avec son affreux sourire de façade. Elle était stressée. Si ses mots ne le disaient pas, son corps parlait pour elle. Il observe un peu mieux, trouvant quelques perles de sueur sur sa peau laiteuse et un contrôle de son souffle beaucoup trop mesuré pour être spontané. Il était Auror, son boulot était de remarquer ce genre de détails, et d'y prêter attention. Il laisse ses iris glisser plus bas, admirant avec une satisfaction non contenue la courbe de ses seins ronds, son ventre plat et la naissance de ses cuisses. C'est la sonnerie de la vieille horloge du hall qui le sort de sa contemplation.

"C'est sur, ça fait quoi ? Une ou deux piges qu't'es diplômée ? T'as encore une tête d'gamine ... Faut croire qu'tu dois sacrément bonne pour avoir d'jà fait ton trou chez ces manges-couilles du Département des catastrophes magiques. Ou p't'être une lettre d'r'commandation d'papa, hun ?"

J'la sonde. Juste pour essayer d'la déstabiliser. Elle a bien du comprendre qu'j'étais pas l'genre d'gars à pas creuser quand j'avais débusqué un lièvre. Et là, j'sentais un truc. Rien qu'son nom. Et puis c'sourire flippant. J'suis à peu près sûr qu'si elle avait pas été une belle nana sexy, j'l'aurais d'jà plaqué au mur avec ma baguette en travers d'la gorge pour savoir c'qu'elle cachait comme foutu secret. Va savoir pourquoi j'le fais pas. Surement parc'qu'j'aurais bien envie d'la plaquer contre l'mur pour lui faire autre chose qu'l'interroger ... J'hausse un sourcil sardonique en triturant un peu ma barbe. J'sais pas quoi penser. Mon intuition est une salope traîtresse. J'arrive pas à m'y fier. Comme si y avait l'Auror et l'mec qu'était pas d'accord dans ma putain d'tête. C'est pas mon genre d'pas être objectif. J'me gratte un peu la cicatrice d'ma joue, contrarié. J'réfléchirais à ça plus tard, d'façon, elle allait pas s'échapper bien loin, j'l'aurais toujours sous la main peu importe c'que j'décid'rais à propos d'son cas. J'prends une clope à mon tour et j'l'allume furtivement en prenant la route des étages. J'fais pas gaffe qu'elle m'suivre, j'sens sa présence. C'te odeur qui lui colle à la peau et qui m'fout en vrac. J'me force à pas la r'garder et à continuer d'marcher en m'concentrant sur mon topo. Fais chier, vraiment.

"Bref, tu connais Poudlard, j'vais pas faire une visite guidée comme un putain d'elfe de maison bien dressé. L'truc à savoir, c'est essentiellement qu'les gosses sont au courant d'rien. Officiellement, ils sont tous là, les Durmstrang et les Beauxbatons, pour un espèce d'échange multiculturel à la con. Sauf qu'ils sont peut être couillons mais c'sont pas tous que des crétins. Y en a qui ont commencé à disparaître, et ceux qui restent commencent à s'poser des questions."

Il marche vite. Surement pour mettre de la distance entre lui et Ombre, même s'il dira sans doute avec mauvaise foi que c'était pour réduire la durée de l'exercice. Non, en réalité, il veut juste se défaire de cette odeur entêtante qu'il ne parvient pas à replacer dans le fourbis de sa mémoire. Depuis son enlèvement, ses souvenirs lui jouaient des tours et il avait des moments comme celui-ci, où une sensation familière lui devenait presque étrangère bien que particulièrement proche. Et il n'arrivait ni à la situer ni à l'expliquer. Il n'aimait pas ça. Pas ça du tout. Surtout qu'il ne pouvait pas s'empêcher de raisonner : s'il connaissait cette fille, elle aurait du le lui dire. Ca suffisait pour l'instant à calmer ses inquiétudes systématiques mais pas vraiment à tempérer sa méfiance. Il se fixe devant lui, les mains profondément enfouies dans ses larges poches, l'une d'entre elle agrippant fermement sa baguette. Vieille habitude qu'il appliquait à présent même dans son sommeil, le morceau de bois devenu comme le prolongement de son membre. Il les entraîne vers le couloir du troisième étage, pour lui montrer ses appartements. C'était pas dur, tous les employés du ministère créchaient au même endroit, tout au fond dans une aile arrondie.

"Donc en gros, on a rien à leur dire. L'Dirlo leur a fait un speech pendant une marche commémorative à la mord-moi-l'noeud, comme quoi la surveillance était accrue, qu'des nouveaux types du ministère allaient débarquer et tout un tas d'conneries dans c'genre. Pour résumer, couvre-feu après la fin du banquet. Plus personne sort d'la Grande Salle après l'dîner sans un prof ou un glandu comme nous qui l'accompagne. Les profs sont obligés d'faire les nounous et nous aussi par la même occasion."

J'cache pas vraiment ma mauvaise humeur, t'façon, va falloir qu'elle s'y habitue si on doit bosser ensemble. L'Directeur a gentiment suggéré qu'ce s'rait mieux d'travailler en binôme. Tu parles ... comme si j'allais m'fader Miss Sourire-flippant toute la journée. J'fais taire la sale impression dans mon bide qui dirait pas non et j'continue à marcher. J'ouvre une porte, la seule piaule qu'est encore vide. J'fais pas gaffe à parler moins fort, tant pis pour ceux qui pioncent déjà, j'suis pas d'humeur à faire des courbettes. J'en ai surtout rien à branler. J'rentre et j'ouvre les bras pour lui montrer qu'c'est là qu'elle va crécher maintenant. Y a l'strict minimum. Et ma piaule est juste à côté. Tu parles d'une foutue coïncidence d'merde.

"Toi, j'imagine qu't'as ton job à faire. Sur ça, j'ai rien à t'dire, j'suis pas au courant et j'm'en branle. Les autres trucs qu't'as à faire, c'est surtout surveiller ces p'tits cons. L'moindre comportement suspect, la moindre connerie, tu viens direct m'en parler. L'Dirlo voudrait qu'on bosse ensemble, mais j'suis l'genre d'gars qui travaille seul. Désolé Poupée ! M'enfin si on t'demande, on est la team du siècle. Pas envie d'me faire encore plus emmerder par tous ces connards. T'as des questions ?"

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Love Unchained in Polyesters Grave
Aldous B. Koch & Ombre Avery

ϟ 12 Mars 2000 - Fontaine aux Morts  


J’aime me surprendre à penser que la vie n’est qu’un vaste rêve. J’aime l’idée que chacun de mes gestes, de mes mots et de leurs dires ne sont que des songes que je subis. J’aime ce mirage qui se répète sans cesse et qui me conforte dans un monde alternatif. Un monde où je brise l’évidence et où je feins les certitudes. Un monde où les actes n’ont pour seules conséquences que l’importance qu’on veut bien leur donner. Un monde où l’Ombre est pure et sereine telle la rivière qui doucement s’affaisse dans une clairière illuminée par une demie lune et un cri de loup. Un monde où ma mémoire ne se dérobe pas sous tant de culpabilité. Un monde où j’efface mes remords qui sont le reflet de mon âme en danger. J’ai parfois du mal à comprendre pourquoi je me bats. Pourquoi je renie mes racines avec tant d’acharnement et de solitude. Le déni n’est qu’une entrave à l’apothéose de mon désespoir, il n’est qu’une barrière, un fil de fer supplémentaire qui m’éprends, m’enlace à sang.

Et dans mes pensées, je te tue en prose.

J'assassine ton regard méfiant, le plissement de ton front lorsque tes sourcils se froncent. Je massacre le soupir que tu lâches grossièrement et la contorsion singulière qu’étirent tes lèvres lorsque tu détailles une minute de trop mon décolleté plongeant. J'éventre l’appréhension que tu ne dissimules même pas. Je t’exécute car ta simple présence ravive l’auto-accusation dont je me blâme jusqu’à imploser. Au creux de tes pupilles je devine la souffrance insoutenable à laquelle tu as dû résister face à ma famille, face aux Avery, face à moi.  

Sous mes pieds le sol se dérobe,
Je le sens couler dans mes sandales.

Il sort une cigarette de sa poche et lorsque le papier de nicotine s’humidifie entre mes lèvres, il prononce un informulé, enflammant la tige, libérant des volutes de fumée entre mes dents. La brume inonde ma gorge qui se contracte doucement avant d’expirer. Ainsi, il pratique les informulés avec tant de prouesse. Si je suis intérieurement impressionnée, je tente en vain de ne rien dévoiler. Et d’ordinaire je suis aussi douée pour dissimuler mes émotions que lui pour faire jaillir des flammes du bout de ses phalanges. Etrangement, des failles écaillent mon don naturel d’artifice. Je ne parviens que difficilement à réguler mon rythme cardiaque et je peine à retenir ma poitrine qui se soulève au gré de ma respiration incertaine. Il est si grand. Dans mes souvenirs, sa silhouette était plus menue, moins imposante. Et son regard moins perçant, moins inquisiteur. Même si son attitude se veut nonchalante et abrupt, il possède cette prestance qu’on certains sorciers. Cette allure qui fascine, cette contenance qui captive. Un prestige dont on s’offusquerait presque car l’héroïsme des Aurors est souvent mêlé à d’autres dessins plus sombres et plus obscurs. J’aspire à nouveau sur ma cigarette et je remarque avec outrance le regard appuyé d’Aldous. Il détaille avec un léger sourire mes courbes, mon ventre, mes cuisses… Et c’est comme si chaque partie de mon corps me brûlait à cet instant. Bon sang pourquoi je ne dis rien ? Pourquoi je ne l’incendie pas de commentaires féministes et d’un plantage de talon bien ciblé ? Au lieu de ça, je dérive vers la provocation et la question rhétorique.

Généralement je suis assez bonne dans tout ce que j’entreprends. Je ne dois mon poste qu’à ma persévérance et mon assiduité. Navrée de vous décevoir mais mon père est loin d’être une bonne recommandation mais vous êtes un Auror alors je ne vous apprends rien.

Ma langue saigne,
J’ai du la mordre trop fort.

Il est déjà parti vers les étages et j’accélère l’allure pour me hisser à sa hauteur. J’écoute les indications qu’il synthétise de façon tranchante et rapide. Et bien, ça ne pourrait pas être plus concis que ça. Ainsi les élèves ignorent la suspicion de cette épidémie. Au fond c’est plutôt  intelligent et complètement dans la veine du fonctionnement du ministère. Les informations qui demeurent secrètes amènent généralement des conséquences plus maîtrisées que celles volatiles. Sans aborder la question de la sécurité et des mouvements de panique. Bref, la visite se poursuit et il me montre ma chambre au troisième étage. C’est d’une fadeur extrême et j’ai déjà mille idées pour embellir les murs et réorganiser la pièce. Et puis tout ce qui me fera penser à autre chose que cet Auror serait bon à prendre. Il faudra que j’apprenne ses tours de garde et ses habitudes quotidiennes afin d’être certaine de ne pas le croiser. Et merde, des binômes… Voilà qui complexifie mes plans mais il est hors de question que je désobéisse aux ordres du ministère. Je suis en période d’essai pour eux depuis qu’ils ont décidé de me faire confiance après l’incident avec ma famille. Je ne peux pas prendre le risque de les décevoir. L'enjeu est trop grand sur ce coup.

Merci pour vos explications. En revanche, je suis plutôt du genre à respecter les consignes de mes supérieurs. Je n’entrave jamais les règles. Alors si on doit travailler en binômes, on travaillera en binôme. Sauf si vous préférez qu’on aille demander au directeur de modifier ses équipes ?

Au fond, ça me semble même être une idée aussi éclairante qu'un Lumos.

Des questions, oui j’en ai plusieurs. Il y a déjà eu des cas parmi les élèves ? En sait-on davantage sur les origines de l’épidémie ou ses symptômes ? Le professeur de botanique travaille-t-il avec les Médicomages sur l’élaboration d'un remède ?

La chambre est assez étroite et la proximité entre nous me dérange soudainement. La culpabilité m’assaille à nouveau. Et cette odeur de Cendres s'y mélange.

Oh et la dernière… Vous êtes toujours d’humeur si massacrante qu’on croirait que vous venez de casser votre balais ?

J’esquisse un léger sourire.
Le premier de cette foutue journée.

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Love Unchained in Yesterday's Grave
Aldous B. Koch & Ombre Avery

ϟ 12 Mars 2000 - Fontaine aux Morts  


Y'a son pas qui claque, ses talons qui tambourinent sur l'marbre quand elle m'suit précipitamment. Sa respiration sifflante qui tire sur la clope. Sa voix aiguë quand elle parle. J'me concentre sur tout c'qui m'horripile là d'dans pour pas voir l'reste. L'odeur qu'elle dégage. Ces foutus mèches rousses qui lui donne la sensualité d'une danseuse de cabaret. Sa bouille de poupée et sa répartie à la con qui m'montrent qu'elle a pas juste une belle gueule et un corps à tomber. Elle a aussi une sacrée tronche, apparemment. J'réponds rien quand elle parle d'son père, mais ça fait qu'renforcer mes soupçons. Elle dirait sur'ment pas ça si c'était un p'tit sorcier d'base sans importance. J'cogite en même temps qu'j'marche plus vite pour la perdre dans les couloirs. Pas la peine, elle m'retrouv'rait jusqu'en enfer la garce. Clac clac clac. On dirait une foutue danseuse de claquettes avec ses s'melles cloutées qui m'fracasse l'crâne. L'écho d'une barre de fer qui r'bondit sur les barreaux d'acier d'ma cellule. Réguliers. Mesurés. Se rapprochant d'plus en plus. J'soupire avec véhémence, comme si l'air dans mes poumons était d'venu toxique. Et j'tousse. Au moins quand on arrive, elle s'arrête de marcher, et c'foutu bruit qui m'martèle la gueule s'arrête aussi. J'me retourne pas. J'la r'garde pas. J'dois avoir l'air d'souffrir à c'moment là. La gueule crispée, la cicatrice rouge, l'regard noir. J'peux même pas respirer à fond pour r'prendre mon souffle, parc'qu'elle est là avec ses vapeurs vénéneuses qui m'démontent l'crâne plus encore qu'j'lui démont'rais l'cul si j'pouvais au même instant.

Ca aurait été trop beau qu'elle se taise. Trop beau qu'elle hoche simplement la tête et qu'il l'abandonne là, dans la chambre, sans rien d'autre à ajouter. Mais non. Comme la parfaite enquiquineuse qu'était les bureaucrates, ce spécimen là, d'autant plus zélée qu'elle était jeune et ambitieuse, n'allait pas le lâcher de si tôt. A peine a-t-il fini son topo, qu'il essaye par tous les moyens de la repousser de son esprit et de son corps, qu'elle s'approche. Qu'elle s'incruste. Elle est l'anguille qui rampe entre ses cuisses, s'enroule entre ses chevilles pour le précipiter dans sa chute à chaque pas. Elle est l'étreinte avide de la mort et de la perdition qui l'enlace et lui attrape la gorge avec les dents. Elle est la magicienne toxique, empoisonnée, qui dévore sa chair du venin bleuté de sa langue. Ses mots l'insupportent autant que sa présence l'enivre. Il veut juste réussir à s'en aller, la planter là avant qu'elle ne s'insinue plus loin en lui, que cette odeur creuse son sillon dans son esprit et l'obsède davantage qu'elle l'obsède déjà à présent. Finalement, il fait volt face. La contrariété sur son visage, il ne la cache pas, non. Au contraire, il force le très, à renfort de soupirs et de grognements. Qu'elle voit combien il en avait marre, qu'elle comprenne qu'il serait son pire cauchemar. Qu'elle oublie cette idée absurde de vouloir respecter le règlement à n'importe quel prix.

"Ca n'a rien à voir. Toi ou un autre, j'en ai rien à branler. J'bosse pas en équipe. J'bosse seul. C'est comme ça. Soit tu fais comme si, soit tu veux faire ta petite suceuse d'première qui va rapporter à Papa qu'on l'embête, mais compte pas sur moi pour aller réclamer quoiqu'ce soit à c'foutu directeur. S'tu veux vraiment pas désobéir, t'a qu'à m'suivre pendant mes rondes. C'pas compliqué, j'crèche à côté d'chez toi. Si t'es aussi maligne et bonne qu'tu l'dis, tu d'vrais r'marqué quand j'me fais la malle, nan ?"

J'insiste sur bonne. Et j'cache pas l'regard appuyé qu'je pose sur sa poitrine. J'veux pas d'elle. J'veux pas qu'elle m'approche, j'veux pas qu'elle m'suive, j'veux juste qu'elle vive sa putain d'vie et moi la mienne. J'peux qu'la dégoûter et l'envoyer chier pour qu'elle abandonne c't'idée à la con. Mais elle a l'air d'une petite conne bien bornée. Et si elle a les dents longues comme tous les autres abrutis du Ministère, j'vais d'voir m'la coltiner parc'qu'elle lâchera pas l'affaire. J'renifle un peu. J'me racle la gorge. J'lui épargnerais rien, à la Miss, elle prend tout l'package si elle l'veut vraiment. Tant pis pour elle. Tant pis pour moi. Ca fait presque mal d'la r'garder. J'comprends pas pourquoi ça m'fend l'crâne en deux. Pourtant elle fait qu'respirer. Et parler. C'est sa voix qui m'fait ça ? Ou juste son souffle qu'j't'entends comme si c'était l'seul son qui résonnait dans cette foutue piaule. Même son timbre horripilant d'bureaucrate disparaissait dans c'marasme à la con. Pourquoi bordel, pourquoi elle respire si fort. J'me rends même pas compte qu'j'ai fais un pas en arrière, puis deux. Comme si j'fuyais. J'ai horreur d'la sensation qu'elle fait naître en moi. C'est vile et délicieux à la fois. J'la r'garde pas sinon c'est pire. J'respire à peine sinon c'est pire. J'ai envie d'me boucher les oreillers sinon c'est pire. Qu'elle s'arrête, bordel mais qu'elle s'arrête !

Les questions d'Ombre l'assaillent tant qu'il se sent acculer et qu'il recule contre la porte de la chambre. Cette posture ne lui ressemble pas, mais il sent qu'il perd le contrôle. C'est la rage en lui, la bête tapie au fond qui commence à s'éveiller. La haine qui frémit, qui bouillonne. Elle le regarde, la péronnelle et son flot de paroles ne semble pouvoir tarir. La fureur pourtant n'implose pas. Elle reste là, sousjacante, comme contenue par un je-ne-sais-quoi qu'Aldous ne peut expliquer. Ses poings se serrent, les muscles de ses mâchoires se crispent et tout son visage se tord de cette détresse immense qui se produit en lui et qu'il ne maîtrise pas. D'ordinaire, la colère explose. Elle prend le contrôle, le domine, maîtresse nivéale qui fait reculer le printemps. Elle immole tout son être, consume ses entrailles d'un brasier de glace qu'il ne peut combattre. Et pourtant elle ne jaillit pas ce soir. Elle danse dans les limbes, elle lui croque volontiers quelques tripes au passage, lui colle la nausée, mais ne décolle pas. Comme si le souffle rapide de la rousse, et l'odeur de ses cheveux la gardait couchée. Il a appris à comprendre ce qu'il se passait en lui. Il a appris pour survivre à décrypter les messages de son corps, de son esprit. Mais ce soir il ne comprend plus. Il ne comprend rien.

"J'en sais foutrement rien. On m'paye pas pour enquêter, on m'paye pour surveiller. Mon boulot c'est ça et rien d'autres. C'qu'il s'passe dans les labos ou autre, j'en ai rien à branler. T'as qu'à aller voir ceux qui s'en occupe si ça t'intéresse. Y a eu des victimes ouais pour sûrs, et des morts. D'autres qui disparaissent. C'pour ça qu'j'suis là moi. Pour éviter c'genre d'trucs. L'origine, la cause, et l'reste, c'est pas mon rayon."

Y'a moins d'hargne dans c'que j'dis, moins d'vergue aussi. J'plisse à peine les yeux. La luminosité est trop forte. Même l'éclat incandescent d'sa foutue cigarette m'éblouit. Comme si mes yeux cherchaient l'noir. L'obscurité complète. L'néant. Comme si j'me r'trouvais captif, à jamais voir la lumière sauf quand ils r'venaient. J'ai mal au bide et j'sens qu'ma tête tourne. J'aime pas cette putain d'sensation d'faiblesse, cette impression qu'le sol bouge sous mes pieds. J'dois virer au blanc, comme ça m'arrive parfois. J'voudrais juste ouvrir cette putain d'porte et m'casser d'ici. Mes poings s'serrent encore, tellement fort qu'mes doigts m'font mal en s'plantant dans ma paume. Ma baguette au fond d'ma poche, elle frémit presque toute seule. M'approche pas qu'elle braille à Avery. Surtout, m'approche pas. Comme si elle s'souvenait d'c'que moi j'arrivais pas à m'rappeler, comme si les fibres du bois enchanté savaient, elles, c'qui m'foutait dans cet état. J'essaye d'me s'couer. C'est là qu'j'vois qu'elle est toute proche. Comme si les murs m'avaient poussé vers elle. J'freine des quatre fers, pourtant, mes jambes tremblent, vacillent. J'aime pas ça, putain d'merde, j'aime pas ça. J'suffoque, j'arrive pas à prendre une grande bouffée d'air. J'sens plus que son odeur. Cette putain d'odeur qu'j'remets pas.

Il perd pied et même s'il lutte, il se fait grignoter par ses propres ténèbres. Les souvenirs qui le hantent sont plus forts, la bataille de son esprit pour le maintenir à flot est perdue d'avance. Il y a trop de choses en lui, trop de pans cachés par sa mémoire pour qu'il ne flanche pas, trop de souffrances contenues pour qu'il ne craque pas, trop de choses tues. Il menace de s'évanouir, et s'il ne tombe pas, c'est parce qu'il est trop obtus, trop borné et fier pour s'abandonner à l'appel de son corps qui rend les armes. Non, lui il se bat, il se bat jusqu'au bout. Il se bat pour survivre comme il l'a toujours fait. Même dans les moments les plus sombres. Mais au fond de cette foutue cellule quand il était seul et anéanti. Les douleurs dans son dos se réveillent. Les lanières des fouets fantômes creusent sa chair de nouvelles stigmates alors qu'il roule des épaules pour se débarrasser de cette sensation. Il se sent oppresser, la vue brouillée par une brume danse. Par une Ombre. Il voit presque les démons de son passé le narguer en ondulant devant lui, enserrant la rousse dans un écrin de perdition comme pour la faire leur reine. Il ferme les yeux, flanche un quart de seconde où il presse ses paupières l'une contre l'autre comme un damné qui voudrait faire disparaître l'enfer tout entier. Quand il les ouvre à nouveau, la rage n'a pas explosé mais le malaise s'est dissipé. Il jette un regard noir, dégueulant d'une rancœur insoutenable sur la rousse.

"Détrompe toi, j'suis d'excellente humeur aujourd'hui. Vaut mieux même pas qu't'imagine c'qu'il s'passe quand j'suis en rogne."

Et volontairement pour se débarrasser de l'oppression dans son ventre, il fait trois pas dans sa direction et l'attrape à la gorge. C'est sa façon de se rebeller. Pas contre elle mais contre la domination de son corps qui le fait passer pour un faible aux yeux de la rousse. Contre les perturbations de son esprit qui le font se comporter comme une victime vulnérable et lâche. Il ne sert pas ses doigts. Pas pour lui couper la respiration, juste pour qu'elle sente sa poigne et qu'elle comprenne qu'il peut la rendre forte. Un étau dont elle ne pourrait se défaire, une longue agonie pour faire taire son souffle qui vrille ses oreilles. Si proche pourtant, son odeur est plus entêtante que jamais et il a au fond de lui, une furieuse envie de lui mordre les lèvres et de lui arracher un baiser. Autant de contradictions pousse son esprit au bord du gouffre. Et il tombe, il tombe en se raccrochant seulement à cette gorge pâle qu'il relâche aussi brusquement qu'il l'a attrapé. Il la bouscule vigoureusement d'un dernier coup d'épaule en prenant le chemin de la porte. Tant mieux s'il lui a fait mal car l'os de son épaule vibre encore de ce contact avec la rousse, comme sa main palpite d'avoir étreint son cou. Il ignore les frémissements qui glissent dans ses doigts, dans son bras et serre à nouveau le point en se retournant vers elle.

"T'as compris, Poupée ? J'ai été clair ou tu veux qu'j't'explique mieux, hun ?"
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