Skye M. Krushnic - When the sun rises in the west and sets in the east

Beau et jeune garçon qui nous vient tout droit de Beauxbâtons pour entamer sa première année en GISIS en Sécurité magique au collège. Il est né à à Paris en ce beau jour qu'était le 01 mai 1981 en tant que sang mêlé ; à présent il vit à Paris lorsqu’il n’est pas à Poudlard. Il est plutôt empathique, honnête, courageux et loyal mais aussi agressif, impulsif et rancunnier. Jusqu'à maintenant, son niveau scolaire s'est révélé être très bon dès que la matière l’intéresse. Il est un sorcier très doué qui peut devenir meilleur encore lorsqu’il trouve la motivation nécéssaire. Il y a quelques années maintenant, il s'est procurée une baguette faite en bois de vigne, mesurant 31 centimètres et contenant un ventricule de dragon. Avec cette baguette, il lui est possible de créer un patronus - le sien prend la forme d'un Cassican flûteur, qui est la forme animale sous laquelle sa sœur se serait métamorphosée si elle avait réussi son entrainement d’animagus. La vision qu'il a eu face au miroir du risèd : est lui en uniforme d’Auror, recevant une médaille d’Honneur qui prouve son acharnement à faire le bien. N’étant pas forcément à la recherche de la gloire, Skye fut d’abord surpris de voir que sa vision le montrait recevant ce qu’il considère comme la plus grande des distinctions. Il comprit par la suite que la vision montrait qu’il était devenu un homme bien, se battant contre la Magie Noire et qu’il n’avait pas succombé à la noirceur de sa famille . Mais la vie n'est jamais entièrement rose, la preuve avec les épouvantards. Un loup-garou depuis qu’il a assisté à une transformation de son père, dans son cas.

ϟ Que pensez-vous de l'échange européen inter-écoles ? Il aime beaucoup l’idée, il a toujours voulu pouvoir visiter les autres écoles et rencontrer des étudiants de différents pays. Il faut dire que Beauxbâtons, ses chevaux, ses fleurs et ses petites fontaines sont une image idyllique qui ne correspondait pas toujours à son humeur. Pourtant, Skye a apprécie la vie à Beauxbâtons mais il n’aime pas rester en place, toujours à voir les mêmes têtes. C'est donc avec joie qu'il est partit découvrir Poudlard.
Malheureusement, les derniers événements et dernières règles à Poudlard viennent quelque peu amoindrir son enthousiasme. Mais que l’échange ait eu lieu ou non, il se serait de doute façon retrouvé à Poudlard puisqu’il est là pour le GISIS.

ϟ Que faisiez vous lors de la Grande Bataille ?  Durant l’année entière, Skye n’a cessé de se renseigner en temps réel sur les événements en Angleterre qui l’ont de plus en plus convaincu qu’il voulait se lancer dans la Sécurité Magique et tout faire pour être Auror. Il ne s’est cependant pas rendu en Angleterre, il avait une année à finir et savait bien qu’il ne ferait pas le poids contre les Mangemorts alors même que les britaniques avaient du mal à organiser la résistance. A vrai dire, toutes ces personnes quittant l’école pour parcourir l’Angleterre en période de guerre avaient selon lui un gros complexe du héros.
Le jour de la bataille, lorsque les premières radios sorcières ont commencé à évoquer la Bataille de Poudlard, Skye est resté collé au poste la nuit entière. Il devait bien l’admettre, cette fois-ci, la tentation d’aller sur place le prenait à la gorge. Mais il était trop tard pour quitter Beauxbâtons, les professeurs veillant à ce qu’aucun élève n’aille se jeter dans la gueule du loup.  Il est donc resté aux côtés des autres élèves stressés de son Écurie, à écouter les informations, préparer du chocolat chaud pour réconforter tout le monde et, enfin, célébrer la victoire de Harry Potter et la disparition de Voldemort.

ϟ Avez-vous peur de perdre vos pouvoirs ? Pourquoi ?  Cette idée est particulièrement terrifiante aux yeux de Skye.  Ses pouvoirs lui offrent tellement de chose. Il n’est pas sûr de pouvoir toutes les nommer. Ils lui offrent confort et liberté par rapport aux moldus ou cracmols, ils lui offrent la possibilité de protéger, de créer ou simplement de s’amuser.  Sans magie, il n’est plus animagus, il ne peut plus jouer au Quiddich, il ne peut plus devenir Auror, il ne peut plus veiller sur les personnes qu’il aime ou simplement faire la vaisselle d’un tour de main. Il ne peut plus faire la magie pour la beauté d’un sort ou la joie de voir une potion accomplir ce pour quoi on l’a créé. Sans magie,  pas moyen de cacher ses pensées, pas moyen  de réparer un viel objet abandonné. La magie fait de lui ce qu’il est, elle fait partie de son identité. Il n’y a pas d’avenir, s’il n’y a pas de magie
Et, bien qu’il n’ose pas se l’admettre, une part de lui a aussi peur de perdre la puissance que procure la magie à un sorcier aussi doué que lui.

ϟ Quelle est votre réputation à Poudlard ? Que pensent les autres élèves de vous ? Skye ne ressent pas un quelconque intérêt à s’afficher et prête peu d’importance au fait de trainer avec des personnes « populaires » ou non. Rien qu’à Beauxbâtons la manière dont il était perçu a évolué avec le temps. Il était beaucoup plus amical et chaleureux petit qu’à l’heure actuelle, ce qui poussait les inconnus à l’apprécier du premier regard ce qui n’est plus forcément le cas.
De manière générale, Skye n’a pas l’impression que toute l’école sache son nom, l’admire ou le craigne en silence. Il est apprécié par ses amis qui le connaissent pour sa loyauté tant que pour son sale caractère. Il n’est pas invisible pour autant et sait facilement s’imposer dans un groupe inconnu. Lorsqu’il est de bonne humeur, Skye a un sourire contagieux, est capable d’une bonne écoute, met facilement les autres en confiance et parle bien. Ces qualités suffisent généralement pour que les gens se sentent bien en sa présence.
Mais, n’hésitant pas à défendre ses idées, parfois de manière un peu trop agressive, il sait aussi que certaines personnes ne le supportent pas mais ça ne lui fait ni chaud  ni froid. Ce qui l’embête plus est que son impulsivité et son agressivité le poussent parfois à dire des choses qu’il regrette à des personne à qui il tient.

Skye tapotait légèrement le fascicule contre sa cuisse, pensif. Ariel venait de partir rejoindre ses amis à Beauxbâtons d’où elle prendrait un portoloin afin de se rendre à Pré-au-Lard. Il aurait bien voulu l’accompagner mais une marée d’élèves allait se ruer sur les portoloins et il avait jugé plus facile de simplement transplaner jusque là-bas, ayant déjà son permis.  Partir à Poudlard était excitant sous de nombreux aspects : un nouvel endroit où habiter, de nouvelles personnes à rencontrer et un premier pas dans son cursus de Sécurité Magique. Mais c’était aussi étrange. Le fait qu’ils proposent un échange pour tant d’élèves était pour le moins surprenant quand on sait la sélection stricte d’une douzaine d’élèves seulement des délégations lors du dernier Tournoi des Trois Sorciers. Et c’était carrément sidérant tout juste quelques mois après la guerre, après que Poudlard ait été détruit.
Reportant son regard vers le fascicule qu’il tenait en main, il lut une nouvelle fois le programme proposé pour le GISIS en Sécurité Magique. Skye sourit. Toutes les matières l’enthousiasmaient plus l’une que l’autre. Avec un peu de chance, à Poudlard, il rencontrerait des gens intéressants et qui détestaient tout autant la Magie Noire. Peut-être que le changement d’ambiance l’empêcheraient de penser à la mort de son père et aux histoires sombres qu’il avait entendu sur sa famille. Il avait bien l’intention d’être un garde-fou contre les futurs Mages Noires et de protéger sa sœur de tout malheur prêt à s’abattre sur elle.
Se levant, Skye jeta le prospectus sur sa table de nuit et referma sa valise d’un coup de baguette. Rejoignant sa mère au salon, il la salua brièvement. Elle tenta de le serrer dans ses bras mais le jeune sorcier se dégagea. Ça faisait longtemps déjà, qu’il ne ressentait plus qu’une affection lointaine pour sa mère. Il ne savait plus quand ça avait commencé. Était-ce quand il avait appris qu’elle lui avait caché la vérité sur son père ou bien était-ce lorsqu’elle lui avait annoncé, bien plus tard, la mort de ce dernier mais n’avait jamais été à la hauteur pour arranger quoique-ce soit.
Skye aimait sa mère par défaut, parce que c’est ce qu’il faut faire.

De retour dans sa chambre, le sorcier empoigna sa valise et transplana. Soudain, se dressait devant lui, à plusieurs centaines de mètres, un immense château. Ses tours gigantesques et de taille variable s’élançaient avec élégance vers le ciel gris de l’écosse. Du lierre grimpait à certains endroit mais était incapable d’atteindre ne serait-ce que le quart inférieur des murs du château bien trop énorme pour se laisser conquérir. Poudlard était magnifique.
Détournant son regard du château, au loin, Skye observa les alentours. Pré-au-Lard était pittoresque et accueillant, une marée d’élèves surexcités ou égarés envahissant de plus en plus les lieux. Du coin de l’œil, il aperçut quelques visages familiers mais personne qu’il eut envie de rejoindre. Soudain, la foule l’oppressa. L’excitation et la joie qu’il avait ressenti quelques secondes plus tôt firent place à l’envie furieuse d’écarter tout ce monde, qu’ils disparaissent et lui fassent de la place.
Dans la cohue, quelqu’un le bouscula et il répondit par un coup d’épaule qui fit trébucher l’inconnu. Marmonnant une excuse, Skye s’éloigna. Il prit une petite ruelle qui montait légèrement pour avoir une meilleure vue et surtout pour s’isoler. Le sorcier inspira profondément. Il n’y avait pas besoin de se laisser emporter à cause d’une simple bousculade et de commencer une bagarre dès le premier jour. Il inspira une nouvelle fois et chercha sa sœur du regard, sans la trouver.
« Salut, tu viens de quelle école ? »
Skye tourna le regard vers la personne qui venait de lui adresser la parole en anglais. Il était en uniforme de Poudlard et portait un insigne de Préfet.
« Beauxbâtons. »
Parlant parfaitement anglais, ce n’était pas la langue qui provoquait son manque loquacité. Il était simplement à la recherche de sa sœur. Enfin, il vit Ariel, plus loin, qui venait d’apparaitre avec un groupe d’amis. Leurs regards se croisèrent, elle lui sourit et se détourna pour suivre ses amis. Skye soupira.
« Tu veux que je te guide ? Il y a un transport qui s’organise pour ramener tout le monde au château. »
Skye acquiesça lentement. Il avait envie de fuir et d’éviter toute nouvelle interaction mais il fallait qu’il se retienne. Les nouvelles rencontres étaient précisément ce qui l’excitait à propos de sa venue à Poudlard. Il fallait qu’il mette son côté asocial de côté et le combattre, se faire de nouveaux amis et arrêter de croire que, quoi qu’il fasse, il ne pouvait apporter que de la noirceur à ceux qui l’entouraient.
Inspirant une nouvelle fois, Skye s’élança à la suite du Préfet, s’efforçant de sourire.

Le Préfet s’était mis à lui expliquer quelques règles, saluait des personnes sur son passage et leur proposait son aide à eux aussi. Ce comportement posée et joyeuse était le contraire de ce à quoi Skye s’était attendu de la part de personnes ayant vécu la Bataille de Poudlard. Et peu à peu, face à cette attitude, Skye se détendit. Son sourire se faisait plus franc et il réussit à faire quelques plaisanteries avec l’autre sorcier. Ils parlèrent de leurs études, de leurs écoles respectives et puis, une fois que le Préfet lui eut montré les carrosses tirés par des sombrals pour se rendre à Poudlard, ils se séparèrent, d’autres élèves ayant besoin de son aide.
Une fois seul, Skye secoua doucement la tête. Ces poussées asociales devaient s’arrêter. Ce n’était pas lui, il ne fallait pas que ça le devienne.

Maintenant qu’il s’était calmé, le jeune sorcier accepta avec joie une invitation proposée d'un anglais rocailleux de monter avec des élèves de son âges dans un carrosse. Il n’avait croisé aucun de ses grands amis mais savait qu’ils finiraient bien par se retrouver. Les autres sorciers du carrosses venaient tous de Durmstrang et échangeait des blagues en russe. Devant les sourires de Skye, ils finirent par lui demander  s’il parlait russe. De son russe hésitant, il confirma et expliqua qu’il parlait beaucoup mieux ukrainien. L’un des élèves s’enthousiasma et engagea la conversation en un ukrainien au lourd accent. Le reste du voyage consista en l’échange d’anecdotes sur leurs anciennes écoles, les suppositions quant aux raisons de la possibilité de faire un échange et autres banalités qui finirent par totalement apaiser Skye.

Par la fenêtre, Poudlard se dessinait de plus en plus précisément et avec lui la possibilité pour Skye de devenir la personne qu’il voulait.

ϟ Ton pseudo : Il fut une époque où on m'appelait Carotte mais on peut toujours en trouver un autre :p ϟ Ton âge : 23 ans ϟ Ton avis sur mumblemumps : C'est joli comme tout (sérieux, waw !), le contexte est super et il y a l'air d'avoir de l'activité avec des topics communs et tout. Franchement, que demander de plus ! ϟ Le mot de la fin : J'ai hâte de RP avec vous tous <3

Skye n’a jamais connu l’histoire d’amour de ses parents et, très sincèrement, il n’a jamais eu envie de poser la moindre question à ce sujet à aucun d’entre eux. Pas que la question de savoir comment un loup-garou torturé et une employée ministérielle finissent ensemble ne l’intéresse pas mais aucun des deux ne semblait particulièrement enclin à discuter du sujet. Et Skye n’était pas stupide au point d’aborder une conversation non désirée avec son père, ni prêt à supporter les plaintes de sa mère à ce sujet. Aussi, restait-il dans l’ignorance.
Ce qu’il savait, cependant, c’est que le couple n’avait jamais été officiel. Il était à supposer qu’Alice Banceline ne considérait pas un Krushnic comme étant digne d’être présenté à ses amis et sa famille. Pas même digne d’être le père de ses enfants. En soit, cela n’était pas un problème et ne les regardait qu’eux… jusqu’au moment où il n’y eu plus qu’eux seuls.
D’après ce que Skye avait pu comprendre, Alice avait caché sa grossesse à Mikhail. Il l’avait compris de par les nombreux commentaires de son père –bien plus tard, donc-  et la rancœur tenace qu’il portait à Alice. Skye était tout à fait capable d’admettre que, se rendant compte qu’elle était enceinte d’un sorcier d’une telle famille, sa mère ait décidé de s’éloigner et d’élever son fils seul. Ce qui le sidérait, par contre, c’est qu’elle ait continué de voir Mikhail par la suite. Ariel n’était pas née du néant, tout de même.
Durant les premières années de sa vie, Skye fut donc un secret.

« Skye, reste là ! »
Le murmure étouffé de sa mère le figea sur place. Penché sur la poussette de sa sœur pour lui rendre le drap qui lui servait de doudou, et qui venait de tomber par terre, il leva lentement le regard vers sa mère, n’osant plus bouger. Alice s’éloignait à grands pas à l’opposé de la rue piétonne dans laquelle ils se promenaient. Elle ne les laissait jamais seuls, n’avait jamais un tel air paniqué dans la voix. Skye fronça les sourcils, intrigué. À quatre ans, il avait envie de suivre sa mère en courant. Mais deux choses l’en empêchaient : son ordre et le fait que, s’il partait, Ariel se retrouverait seule. Alors, il mit son pouce en bouche, agrippa la main de sa sœur et observa sa mère.
Elle s’était arrêté devant une vitrine et faisait mine de regarder à l’intérieur. Mais pourquoi ? Depuis quand s’intéressait-elle aux balais de Quidditch ? Skye avait sérieusement du mal à se retenir de la rejoindre pour lui poser la question. Il avait l’impression qu’elle tentait de se cacher, laissant ses longs cheveux couvrir son visage.
« Oh par Merlin, Alice ! Ça fait si longtemps !»
« Mikhail, bonjour ! Oh, ça fait plaisir de te voir. » Même d’aussi loin, Skye entendait le ton stressé de sa mère. Elle s’était dégagé les cheveux du visage d’un geste rapide de la main et dansait d’un pied sur l’autre. L’homme qui lui faisait face était grand, avait un sourire triste et semblait très fatigué. Skye ne le connaissait pas mais il savait que sa mère n’était pas à l’aise en sa présence.
Il serra la main d’Ariel un peu plus fort.
« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu t’intéresses au Quidditch, maintenant ? »
« Je…oh… pas spécialement, c’est juste un ami qui… enfin, pour noël, ça l’intéresserait un accessoire de Quidditch… »
« Je peux te conseiller si tu veux. » L’homme indiquait la porte du magasin, comme pour inviter Alice à rentrer. Skye perçut le regard rapide et paniqué de sa mère en sa direction. Bon, visblement, elle ne voulait pas les laisser seuls mais elle ne voulait pas non plus que le monsieur les voie. Il n’y comprenait rien. Il avait envie de se précipiter vers sa mère, de s’agripper à sa robe et qu’elle lui dise qu’elle l’aimerait toujours et que jamais elle ne l’abandonnerait. Mais elle lui avait dit de ne pas bouger.
« Oh, c’est gentil mais je suis pressée, je ne comptais rien acheter aujourd’hui. Il faut absolument que j’y aille, mais je t’écrirai ! »
« D’accord, ou moi je le ferai. Tu me manques souvent, tu sais. »
« Je sais. » Cette dernière parole n’avait été qu’un murmure que Skye avait dû deviner. Il vit ensuite sa mère démarrer en trombe et partir vers un coin de rue derrière lequel elle disparut. L’homme jeta un regard triste dans cette direction avant de s’éloigner à son tour. C’est là que Skye décida qu’il n’était plus question de rester immobile. Il se plaça derrière la poussette de sa sœur et commença à avancer vers l’endroit où sa mère venait de disparaitre. La poussette était bien trop grande et bien trop lourde pour se déplacer toute seule mais elle obéissait à chacun de ses mouvements. Skye ne s’en étonna pas, le fait que des objets inanimés lui obéissent était déjà arrivé plusieurs fois.
Alors qu’il arrivait au coin, sa mère réapparu vivement, s’approcha d’eux en courant. Elle regarda vers la direction où se tenait l’homme quelques instants plutôt. Puis, enfin, Alice se pencha vers ses enfants et les prit dans ses bras.
« Oh, je suis désolée Skye, Ariel. Je suis si désolée mais ce monsieur… je ne voulais pas qu’il vous voie. »
« Pourquoi ? »
« C’est une longue histoire mon chéri, je te raconterai plus tard, d’accord ? »
Skye n’était pas tout à fait sûr d’être d’accord mais il avait bien comprit que sa mère ne lui demandait pas son opinion, juste de ne pas poser de questions. Râlant, il se dégagea de l’étreinte de sa mère.
« Mais c’était qui !? »
Il ne reçut pas de réponse et il fallut plusieurs années avant qu’il n’en obtienne.


Lorsqu’un secret est dévoilé, notre perception de la personne qui nous l’a caché change irrémédiablement. Si le secret est petit, futile, on accepte, on comprend et on pardonne. Mais lorsque l’on vous cache vos propres enfants pendant plus de six ans, comment réagir ? Skye s’était toujours demandé à quoi ressemblait la tête de Mikhail quand il avait réalisé qu’Alice avait deux enfants de lui. C’est une connaissance commune qui avait vendu la mèche, parlant à Mikhail des enfants d’Alice. Etonné d’en avoir jamais entendu parler, le sorcier avait posé plus de questions avant de faire les math. Il était père.
Si Mikhail ne le pardonnait pas à Alice, il avait cependant trouvé une raison de vivre. Lui qui ne vivait que par défaut, parce que la mort était un exercice trop périlleux pour qu’il ose s’y lancer, avait enfin quelqu’un à aimer. Mieux, deux personnes. Etant professeur de sortilègre, cloitré à Durmstrang, il ne pouvait voir ses enfants régulièrement mais il profitait de chaque week-end de libre, chaque vacance pour se rendre à Paris où il avait loué un appartement. Alice avait cédé à la pression et acceptait qu’il voie Ariel et Skye. Mikhail les couvait. Il les emmenait faire toutes les activités qui lui venaient à l’esprit : un parc d’attraction moldu, un autre sorcier, un match de Quidditch, des journées à la mer. Il emmenait Skye a ses entraînements de Quidditch et venait le rechercher avec un cornet de Fizwizbiz qui faisait flotter le petit garçon à quelques centimètres du sol.
Skye avait adopté son père dès leur première rencontre, même s'il s'en souvenait seulement vaguement. Sa mère avait fait les présentations, visiblement penaude mais aussi très protectrice. Si Ariel semblait plus réservée par l'apparition d'un inconnu dans sa vie, Skye était extrêmement enthousiaste. Il avait toujours voulu un père et le regard plein d'amour que portait cet homme sur lui ne lui avait laissé aucun doute : cet homme ferait tout pour Ariel et lui.
Mais Mikhail ne profitait pas seulement du temps passé avec ses enfants à leur faire plaisir et oublier l’étreinte permanente qui lui enserrait la poitrine. Il avait aussi décidé de les former à la magie. Son but était surtout de leur apprendre la métamorphose mais il considérait qu’il fallait certaines bases dans d’autres matières aussi. À respectivement sept et six ans, Skye et Ariel reçurent leurs baguettes. Et furent forcés de lire un grand nombre de livres de magie pour enfants et de s’entraîner régulièrement. Même lorsque Mikhail était à Durmstrang, Alice continuait l’enseignement. Mikhail avait réussi à convaincre Alice que le seul moyen de protéger ses enfants de la malédiction qui pesait sur la famille Krushnic était de les former. Il fallait qu’ils soient animagus. C’était la manière la plus sûre de leur éviter de devenir lycanthrope.
Skye adorait s’entrainer et lire. La métamorphose, particulièrement. Il faisait des progrès spectaculaires pour son âge, animé par la passion. C’était Ariel qui posait soucis, peu intéressée par faire autre chose que s’amuser. Alors parfois Skye détournait l’attention de leur mère et ils s’évadaient.


« Attention de ne pas glisser. »
« Ça va, je suis pas débile ! »
Skye observa sa sœur enjamber le petit muret qui séparait le toit de leur appartement avec celui des voisins. Les toits de Paris étaient un terrain de jeu idéal. Complètement vide d’activité, il y avait pourtant milles trésors à découvrir.
Ariel le rejoint en trottinant. Une fois côtes à côtes, ils dévalèrent les pentes du toit, en grimpèrent d’autres jusqu’à arriver au bout du bloc d’immeubles de leur quartier. À un moment, Ariel glissa dans une pente et tenta de s’agripper sur la tôle nue du toit. La tôle se creusa sous les doigts de la petite fille, s’adaptant à sa main, formant une prise facile qui stoppa nette la glissade. Skye se  moqua d’elle et reprit sa course. Les deux enfants étaient absolument insensibles au vide qui s’étalait à quelques mètres à peine. Ils étaient sorciers, rien ne pouvait leur arriver.
Soudain, Ariel pointa du doigt un chat qui les regardait du haut d’une cheminée. Gloussant, ils s’en approchèrent. Ils mirent quelques minutes à le convaincre de se laisser caresser. Skye s’assit au pied de la cheminée et sortit quelques friandises de ses poches. Sa sœur s’installa à ses côtés tandis que le chat leur tournait autour en ronronnant. Le frère et la sœur échangèrent les dernières histoires de leurs amis respectifs, du livre qu’ils lisaient ou se disputant quant à l’écurire dans laquelle ils iraient une fois à Beauxbâtons.
« Ariel ! Skye ! »
Skye jura. Ils n’étaient pas parti depuis plus de dix minutes que déjà on les retrouvait. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, il vit la silhouette de son père se profiler, malhabile sur les tôles lisses. À ses côtés, Ariel poussa un petit soupire plaintif.
Mikhail ne semblait pas amusé du tout par leur petite escapade.

Enfermé dans sa chambre, Skye relisait la même ligne pour la cinquantième fois. Même s’il aimait apprendre, il trouvait ça stupide de devoir étudier autant. À quoi servirait ses premières années à Beauxbâtons ? Parce que oui, il irait à Beauxbâtons malgré qu’il soit plus attiré par la grandeur de Durmstrang que les chevaux de l’école française. Mais leurs parents étaient d’accord sur le fait que les enfants feraient leur scolarité en France. Pour une raison que Skye ignorait son père voulait absolument le tenir éloigné de sa propre famille. Pourtant, il avait profité  de ses dernières vacances pour les emmener en Ukraine, il leur apprenait l’ukrainien et le russe. Skye trouvait cet attachement à sa culture contradictoire avec son refus de mettre ses enfants à Durmstrang. Mais la seule fois où il avait évoqué l’idée, les yeux de son père avaient littéralement changés de couleur –un noir dense- ce qui l’avait dissuadé d’en parler à nouveau.
« Skye, on peut parler ? »
Le garçon haussa des épaules à la voix qui venait de retentir derrière lui, en ukrainien. Son père fit apparaitre une chaise du néant, ce qui força l’admiration de son fils, et s’assit à ses côtés.
« Tu comprends pourquoi je suis fâché ? »
Il haussa une nouvelle fois des épaules.
« Parce que je me suis enfuis à la place d’étudier la métamorphose… » Son ukrainien n’était pas encore parfait mais il se voyait mal répondre en français lors d’une réprimande.
« Non, Skye…enfin oui, c’est important que tu étudies mais ce n’est pas pour ça que je suis fâché. »
Le petit garçon regarda enfin son père dans les yeux. Comme toujours, il avait un regard très triste, très grave. Skye ne comprenait pourquoi son père était toujours si …désespéré.
« J’ai eu peur. La magie ne te protégera pas toujours, elle peut au contraire se retourner contre toi. Tout à l’heure, toi ou ta sœur vous auriez pu tomber, vous blesser ou pire. Et je ne peux pas vous perdre, tu comprends. Je vous aimes tellement, vous êtes tout ce que j’ai. »


S’il regardait en arrière, Skye pouvait globalement dire que son enfance avait été heureuse. Il n’avait jamais été restreint par ses parents dans aucun de ses projets. Au contraire, ils avaient toujours encouragé sa créativité et l'avaient conduit à chaque activité qu’il désirait tester. Il avait pu rencontrer d’autres enfants et passer des heures à jouer avec sa sœur. S’il est vrai que les deux Krushnic ont toujours dû beaucoup étudier, cela n’a jamais vraiment dérangé Skye dont la curiosité dévorante le poussait toujours à avancer. Bien sûr, il y  avait eu des aspects négatifs. La dépression de son père, en premier lieu. Même petit, Skye avait compris que quelque chose n’allait pas. Pire, la tristesse de son père se révélait souvent contagieuse. Parfois, aux côtés de Mikhail, le petit garçon se sentait mélancolique et triste sans même savoir ce qui provoquait ces sentiments qui pourtant le prenaient à la gorge de manière puissante. Une autre ombre au tableau était sa relation avec sa mère qui s’était beaucoup détériorée. Skye ne comprenait pas qu’elle ait pu le priver de son père pendant si longtemps. Parfois, dans son lit, il s’imaginait une autre vie où son père n’aurait pas appris leurs existences à Ariel et lui.. Ces nuits-là, Skye ne pouvait retenir la fureur qui grondait en lui. Qu’on puisse lui cacher des choses, le trahir à ce point, décider à sa place de ce qu’il pouvait ou ne pouvait pas vivre comme expérience, c’était inconcevable. Qu’on puisse cacher son existence à quelqu’un, qu’on blesse son père pourtant déjà si fragile mentalement, qu’on considère que Mikhail ne puisse pas être un bon père, c’était inacceptable. Cette idée le mettait dans une telle rage qu’il pouvait en hurler pendant des heures et refusait que sa mère vienne le calmer. Seule la présence d’Ariel réussissait à l’apaiser.
En grandissant, les crises de rages s’espaçaient, cependant. À la place, Skye prenait de la distance avec sa mère, peu à peu, presque sans qu’ils le remarquent. Et lorsque la lettre de Beauxbâtons arriva et que Skye partit de la maison, seul le manque d’Ariel lui pesait sur le cœur.
Ces premiers mois dépassèrent toutes les attentes du jeune sorcier. Répartit dans l’Écurie des Orchidées, celle dont il avait toujours rêvé, il rencontra de nombreux autres élèves avec qui il se lia rapidement d’amitié. C’était l’époque où il lui suffisait de sourire pour créer une relation complice avec un inconnu. Comme prévu, il excella en cours. Jamais il n’aurait osé attribuer sa réussite à une quelconque supériorité de sa part, bien que les professeurs le jugent particulièrement doués. Skye savait que ses parents l’avaient poussé dès le plus jeune âge et il attribua ses résultats excellents à sa bonne éducation. Skye n’était pas forcément du genre à faire plus que ce qu’on lui demandait, il n’était pas un passionné d’étude, juste assez curieux pour que la plus part des matières lui soient agréables à étudier. Il eut la chance d’avoir des professeurs qui le poussaient à faire plus et de nombreuses lettres de son père qui lui conseillait des livres à consulter à la bibliothèque. Sans doute qu’un élève moins motivé aurait baissé le rythme, se serait reposé sur ses acquis jusqu’à ce que le niveau des cours atteigne le sien. Mais Skye s’était pris au jeu et aimait se battre avec les premiers de classes, rien que pour l’esprit de compétition.
Le retour chez sa mère pour les vacances de noël fut d’autant plus difficile que le premier semestre avait été l’une des périodes les plus heureuses de sa vie. Ce qui explique peut-être pourquoi tant de disputes éclatèrent.

« Lâche-moi ! »
« Skye, tu restes à table ! »
« Mais tu m’as dit que je pouvais partir, par Merlin, c’est quoi ton problème ! »
Tout avait commencé avec une histoire de chocogrenouilles mangées trop proches du repars et qui, « évidemment te coupent l’appétit,  Skye, cesse de faire l’andouille et mange tes choux maintenant ! ». Mais Skye n’avait pas cessé de « faire l’andouille » et avait continué de râler pour tout et n’importe quoi, geignant devant l’allure hideuse du repas. Il s’était fait traiter d’ingrat, avait fait remarquer qu’il avait demandé de rester à Beauxbâtons pour les vacances et s’était à nouveau lancé dans l’étalement des bonnes raisons de rester à l’école à Noël, se demandant pourquoi sa mère avait voulu le voir si c’était pour passer son temps à se plaindre de son comportement et lui faire des choux comme souper.
Ça avait dégénéré au pugilat devant une Ariel contrite.
« Tu me parles autrement jeune homme, je t’ai dit que tu partirais une fois que tu as fini ton assiète ! »
« C’est une blague !? Il reste rien là ! »
« Tu te rassieds et tu finis ! »
Skye prit les dernière feuilles de choux de son assiette d’un coup de fourchette furieux et les avala, des larmes de rages aux yeux. Il recula ensuite vers la cheminée et prit une poignée de Poudre de Cheminette. Il n'en pouvait plus de l'ambiance pesante de chez sa mère.
« J’en ai tellement marre de toi, mais tellement marre ! Pourquoi tu t’attardes toujours sur les détails ? Pourquoi tu fais toujours ça !? »
Il jeta la poudre dans l’âtre, prononça l’adresse de son père et se sentit aspirer à travers le réseau de cheminées.
Skye atterrit dans une pièce sombre en soulevant un léger nuage de cendre. Les fenêtres et les portes étaient fermées, ne laissant entrer aucune lumière. Skye cligna des yeux pour les adapter à l’obscurité. Il entendit un gémissement rauque. Ses poils de nuque se hérissèrent. Son instinct hurla. Il fallait fuir. Mais où ? La seule source de lumière devait être magique car le faible reflet rougeâtre qui chatoyait dans la pièce ne semblait venir de nulle part. La lumière était toude même suffisante pour qu’il constate que la pièce était vide. Non. Pas tout à fait vide. Au centre,  une forme étendue.
Skye reconnu enfin la pièce. C’était bien le salon de son père. Vidé de ses meubles.
Le gémissement reprit, plus fort, plus aigu. Skye se plaqua contre le mur et dévisagea la forme couchée au milieu de la pièce. Soudain, elle fut prise d’un soubresaut qui la fit hurler et se retourner, face à Skye.
C’est là qu’il reconnut son père.
Pétrifié, il ne put qu’observer Mikhail se tordre une nouvelle fois, la bouche ouverte sur un cri qui s’insinua sous la peau de Skye. Un cri aigu, interminable. Un cri vivant qui semblait allonger la bouche de Mikhail, la déformer. Et tandis que le cri perdait de son humanité, la bouche devint gueule. Puis, d’un coup, la bête cessa de crier. Le silence qui suivit n’était interrompu que par ses halètements rauques et irréguliers.
La bête se releva sur ses jambes. Retomba sur ses pattes.
Des poils noirs de jais recouvraient désormais son ventre et se répandaient vers son dos courbé où l’épine dorsale se tordait douloureusement.
Des crocs brillèrent dans l’éclat rouge de la pièce. Une queue touffue agita l’air lourd. Le monstre était gigantesque, son garrot devait atteindre le mètre soixante sans difficulté.
Soudain, le silence complet. Directement suivi par un long hurlement. Le cri pénétra les veines de Skye, se répandit dans tout son corps et gela son cerveau. Ses jambes le lâchèrent et il tomba, incapable de bouger, incapable de penser. Après une éternité, le hurlement cessa. Et la bête, qui jusqu’ici n’avait pas accordé la moindre attention au jeune sorcier, sembla renifler quelque chose, tourna ses oreilles pointues dans sa direction.
La bête et l’enfant plongèrent leur regard ’un dans l’autre. Les pupilles de la bête transperçèrent Skye. Ses yeux étaient entièrement noirs, aspirant toute lumière qui passait devant eux.
C’était le néant qui le regardait.
Les lèvres de la bête se retroussèrent faisant apparaître des crocs blancs qui accrochaient la lumière.
Puis une troisième forme apparut dans la pièce.
Alice jeta un bref coup d’œil au monstre avant de repérer son fils. Leurs yeux se croisèrent et à, cet instant, Skye sut que sa mère était encore plus terrifiée que lui. L’instinct maternel.
La bête grogna. Le mouvement de baguette fut si vif que Skye ne le vit pas. Il y eut une explosion et la bête se retrouva projetée contre le mur opposé.
Alice et Skye se précipitèrent l’un vers l’autre. Alice transplana à l’instant où elle touchait son fils.

C’est devant l’air sidéré d’Ariel que Skye éclata en sanglot dans les bras de sa mère. Si son corps avait été paralysé pendant toute l’expérience, il tremblait maintenant de partout.
Son père était un loup-garou.
Son père avait voulu le tuer.



Les mois qui suivirent, Skye n’était plus cette personne dont le sourire apprivoise le premier venu. Ses sourires étaient rares et, lorsqu’ils franchissaient ses lèvres, peu chaleureux. Le jeune sorcier était épuisé, ses nuits chargées de cauchemars ne lui apportant aucun repos. Ses rêves étaient peuplés de ténèbres rougeoyantes, de loups, de cris de douleurs. Il se réveillait avec des hurlements sauvages résonnant dans ses oreilles. Souvent, dans le cauchemar, Skye se faisait attaquer par le loup. Il se jetait sur lui, crocs à découverts et lui ouvrait la gorge.  Mais parfois, Skye était la bête. Il sentait la rage, le goût du sang sur ses lèvres et le besoin pressant de tuer tout être humain assez fou pour se montrer.
À la vue de la transformation de son père, Skye avait appris deux choses. Que son père était un être maudit, premièrement. Mais il avait aussi compris qu’il suffirait d’un instant pour qu’il le devienne lui-même. Il se savait versatile, parfois violent sans raison. Jusqu’à maintenant, cet aspect de sa personnalité avait été contenu, ne se dévoilant que lors des moments de frustrations causés par sa mère. À présent, il se réveillait avec le goût du sang à la bouche, la rage ou la peur au ventre. Il savait qu’il n’était pas différent de son père. Il ne se transformait pas en loup mais la malédiction couvait. Son esprit bouillonnant était prêt à exploser à chaque instant.
Ses amis tentaient de comprendre ce qui s’était passé mais il se murait dans le silence. Peu à peu, ses amis devinrent des connaissances. Seules quelques personnes acceptant de découvrir la nouvelle personne qu’il était devenue et de se lier d’amitié avec elle.
Avec les mois qui passaient, Skye apprit à vivre avec les cauchemars. Certaines nuits en étaient même dépourvues. Skye avait bon espoir de changer à nouveau, de redevenir cette personne dont le sourire apprivoise le premier venu.

Certaines choses n’avaient pas changé. L’affection de Skye pour son père en faisait partie. Si Alice avait cru que son fils refuserait de voir son père par la suite, il l’avait rapidement détrompé. Le jour qui avait suivi la transformation, il avait demandé à le voir. Il voulait s’assurer qu’il allait bien. Skye détestait le loup, le craignait. Mais il avait bien compris que son père en était la première victime.
Ariel avait réagi différemment en apprenant la nouvelle. Sans rejeter son père, elle était devenue plus froide encore. Skye avait bien tenté d’en parler avec elle mais c’était peine perdue.
La transformation avait aussi eu pour effet d’enraciner plus profondément encore l’acharnement de Skye à étudier la métamorphose. A Beauxbâtons, il était resté l’un des meilleurs élèves, se surpassant dans de nombreux cours. Mais rien de comparable à ses capacités en métamorphose. La matière en elle-même le passionnait, que ce soit transformer une chaussette en de l’eau de source ou métamorphoser un têtard en crapaud. Il dévorait les livres sur le sujet. Les points qui l’intéressaient le plus étant l'es animagus et l’étude de la lycanthropie du point de vue de la Métamorphose. Il connaissait par cœur le moyen de devenir animagus, avait lu chaque témoignage qu’il avait trouvé à ce sujet. Skye savait que s’il voulait éviter de devenir un loup-garou, il lui faudrait atteindre cet objectif. Et son père, qui l’entrainait depuis des années, ne cessait de l’encourager.
Lors des vacances d’été, Mikhail imposa à ses enfants de garder une feuille de mandragore dans la bouche pendant tout juillet, première étape du processus pour devenir un animagus. Il voulait qu’ils commencent au plus tôt leurs essais de métamorphose en animal et voulait être là pour les accompagner la première fois, pour s’assurer que ça se passe bien.  Ariel était moyennement motivée et Skye constata plusieurs fois qu’elle avait retiré la feuille de sa bouche. Il s’efforçait de ne pas l’engueuler mais avait beaucoup de mal. Il ne dit jamais rien à son père, cependant.
La seconde étape du rituel était de placer la feuille de mandragore dans une fiole de cristal qu’on expose aux rayons de la lune. La pleine lune.
Fin juillet, Mikhail avait emmené ses enfants en Ukraine, beaucoup plus sujette aux orages que la France. Il leur avait bien expliqué la procédure à l’avance – comment ajouter les cheveux, la rosée contenue dans une cuiller en argent et enfin la chrysalide d’un Sphinx tête-de mort- leur avait conseillé un endroit sombre et calme ; une grotte cachée par une fine cascade silencieuse. Et bien sûr, il ne les avait pas accompagnés le soir de pleine lune. Skye avait tenu sa sœur par la main, ils avaient accompli le rituel à deux et étaient rentrés à pieds au chalet qui appartenait à leur père.
Ensuite, il fallait attendre un orage. Ariel avait beaucoup d’autres projets en tête mais Skye était content de se retrouver en pleine nature. Il profita de chaque instant et fut presque déçu lorsque l’orage arriva seulement huit jours après la pleine lune. Il avait répété la formule, sa baguette sur le cœur, à chaque levé et couché du soleil. Mais il n’avait jamais senti de deuxième cœur. Il n’était pas dupe. Il était si jeune et seuls les meilleurs sorciers réussissaient à devenir animagus. Il n’était pas dit qu’il réussirait un jour. Skye savait aussi qu’accomplir tout ce rituel en compagnie de son père et sa sœur ne l’aidait pas. Il sentait au plus profond de lui que c’était quelque chose qu’il devait accomplir seul. Mais, pour l’instant, il accueillait tout conseil de son père à bras ouverts.

« Je suis trempée, on aurait jamais du sortir… »
« Ariel, c’est le concept même de cette étape : aller chercher la fiole pendant un orage. »
« C’est débile. »
Skye leva les yeux au ciel. Il se retint de faire une autre remarque, sachant pertinemment qu’une petite fille de dix ans avait d’autres préoccupations que celles de devenir animagus et que c’était bien normal. Aussi irritant que cela puisse paraitre.
Leur père ouvrait la marche, quelques mètres devant,  ignorant le murmure de leurs conversations. Il les avait réveillés en pleine nuit à la vue du premier éclair et semblait heureux de pouvoir passer à la prochaine étape. Skye savait qu’il s’en voulait beaucoup d’avoir failli l’attaquer, lors de la pleine lune de noël. À vrai dire, il avait l’air encore plus malheureux qu’avant. Sauf lorsqu’il parlait du processus de transformation en animagus. Là, il s’éveillait. Skye voyait bien que le seul but dans la vie de son père était de protéger ses enfants de la malédiction qu’il vivait.
Les trois Krushnic passèrent sous la cascade et chacun des deux enfants se dirigea vers sa fiole. Ariel l’ouvrit d’un geste vif, plaça sa baguette contre son cœur, prononça l’incantation d’un seul trait et avala la potion. Rien ne se passa.
« C’est débile, je le savais. »
« Ce n’est rien Ariel, c’est normal. Je voulais juste que tu comprenne bien le processus. »
La jeune fille haussa des épaules et regarda son frère d’un geste de défi. Visiblement, elle voulait qu’il rate pour pouvoir une nouvelle fois dire que c’était débile.
Elle n’en eut pas l’occasion car, après que Skye eut avalé le contenue de sa fiole, il ressentit une douleur violente au ventre qui le fit tomber à terre. Il avait l’impression que quelque chose cherchait à sortir de lui.
« SKYE ! »
Un éclair doré jaillit de la baguette de Mikhail et fila vers le jeune sorcier. La douleur disparu immédiatement.
« Tes cheveux ! »
Tremblant, Skye se mit péniblement à genoux. Il s’était ouvert la joue et le goût du sang emplissait sa bouche. Il leva les yeux vers ses cheveux. Ils lui semblaient tout à fait normaux.
« Tes cheveux, ils étaient blancs ! »

Le retour vers le chalet se fit en silence. Skye prenait conscience que s’il voulait expérimenter le rituel seul, son père ne serait plus là pour le protéger des transformations ratées. Pour la première fois, malgré les dizaines de témoignages qu’il avait lus, son désir de devenir animagus se retrouvait ébranlé. Skye n’avait aucune envie de finir en une horrible mutation. Visiblement, Mikhail pensait à la même chose, ruminant en silence. Ariel semblait plus embêtée par la pluie qu’autre chose mais Skye n’arrivait pas à lire son expression. Elle marchait en premier, pressée de rentrer à l’abri.
Une fois au chalet, Mikhail rassembla ses enfants dans le salon.
« Je veux profiter de cette occasion pour vous raconter l’histoire de votre famille. Je veux que vous sachiez pourquoi je ne vous ai jamais présenté à votre grand-père et à votre oncle. Et, surtout, je veux que vous sachiez pourquoi  je vous fais faire tout ça. »
Skye et Ariel échangèrent un regard. Ils étaient à la fois inquiets et excités. L’air maussade avait quitté Ariel qui se pelotonna contre son frère. Et Mikhail raconta l’histoire de cette famille de Sang Purs. Une famille banale mais fière qui prospéra pendant des sciècles. Jusqu’au jour où Kirill Krushnic, leur grand-père, força le destin et changea l'avenir de leur famille.
Kirill avait grimpé les échellons, devenant influant à travers toute l’Europe de l’Est. Discret et dangereux, il aurait pu prendre le pouvoir, assouvir des milliers de personnes sous son emprise. Mais son ambition n’était visiblement pas de régner en maître du monde. Mikhail lui-même ne prétendait pas comprendre les intentions de son père.
Un jour, à l’aide d’un Impérium, Kirill força le frère de Mikhail, Mischa, à tuer leur mère. Lorsque la magie de l’Amour est ainsi brisée par la haine, la Magie Noire qui en ressort n’est pas contrôlable. Peut-être était-ce là le but de Kirill, créer une Magie Noire plus puissante que l’Amour. Une telle magie ne peut que détruire. Et les Krushnic furent détruits.
Mischa et Mikhail oublièrent les événements pendant des années, sujets à un sortilège puissant. Mais Kirill n'en avait pas fini. Il enlèva la fille de Mischa et s'en suivit un combat dont Mikhail n'avait entendu parler que plus tard. Cet affrontement avait permis à Mischa de retrouver la mémoire et il fit part de ce qu'il savait à Mikhail. Les deux frères se débattirent pour se souvenir de tous les événements. Quelle que soit la manière dont ils regardaient le passé, ils ne pouvaient constater qu'une chose : depuis la mort de leur mère, la noirceur entourait leur famille. Mikhail avait été attaqué par un loup-garou et avait sombré dans la dépression. Il aimait la Magie Noire même s'il tentait de s'en tenir éloigné. De son côté, Mischa perdait la raison, entendait des voix et se réfugiait dans la Magie Noire. Il était devenu un Mage Noir craint par beaucoup.
La magie créée lors du meurtre avait maudit les Krushnic. Agressivité et folie liait désormais les membres de la famille.
Si devenir animagus ne les protégerait pas de la Magie Noire ou de la folie, elle pouvait au moins leur empêcher les malédictions telles que la lycanthropie.
Il fallait qu’ils se battent contre leur destin.

Alors que Mikhail et Ariel étaient retournés se coucher, Skye sortit en silence du chalet. Il laissa les gouttes de pluies lui noyer le visage. Jamais il ne laisserait une quelconque malédiction ruiner son avenir ou celui de sa sœur. Une malédiction n’a de force que parce qu’on lui accorde de l’importance. Peu importe qu’il soit effectivement agressif, mélancolique et avait des poussées antisociales. Il se battrait contre, il ne laisserait pas ces traits le définir. Jamais.




À presque quatorze ans, deux ans de combat contre soi-même semblent une éternité. Deux ans depuis que Skye s’était promis de ne jamais se laisser posséder par une quelconque malédiction et deux ans qu’il s’en sortait plutôt bien. Prenant sur lui-même, il avait passé de longues heures à réfléchir sur ses défauts et à travailler dessus. Il avait réussi à améliorer sa relation avec sa mère et retrouvé peu à peu sa chaleur d’antan. Bien sûr il avait toujours des épisodes antisociaux et des poussées d’agressivité mais Skye avait pris le partit d’en parler avec ses amis. Il leur avait expliqué ses angoisses et la rage qui le prenait parfois, leur avait expliqué que ce n’était pas personnel et qu’il travaillait dessus. La plus part avait compris et ils l’épaulaient dans son combat contre lui-même.
Skye était en équilibre précaire entre la personne qu’il avait décidé d’être et celle qu’il était au plus profond de lui.
Jusqu’à ce qu’on lui annonce la mort de son père.
Un professeur était venu le chercher au petit-déjeuner pour l’emmener chez la directrice. Quelques minutes après, Ariel arrivait. Ils s’étaient regardés, sachant que quelque chose de grave avait dû se passer. La directrice entra dans le bureau, accompagnée de leur mère. Alice leur donna la nouvelle d’une voix sans vie. Mikhail était mort. Le monde de Skye bascula. Les questions se bousculaient dans sa tête. Comment était-il mort ? Avait-il souffert ? Où était-il mort ? Pourquoi ? Alice ne savait rien. Mikhail était en Europe de l’Est quand ça s’était passé, c’était sa seule certitude, mais elle ne pouvait être plus précise. Apparemment, c’était la demi-sœur de Mikhail qui était venu lui annoncer la nouvelle. Une Krushnic. Skye avait senti un frisson de rage. Tout ça était lié à cette famille maudite. Il n’en avait pas le moindre doute. De plus, la nuit de la mort de Mikhail était une nuit de pleine lune, ça ne pouvait pas être une coïncidence.
La mort de Mikhail détériora à nouveaux les relations entre Alice et Skye. Le jeune garçon voulait que sa mère se batte pour savoir la vérité, fasse ouvrir une enquête ou n’importe quoi. Qu’elle se bouge. Elle était oubliator, travaillait dans la Sécurité Magique, par Merlin ! Mais Alice ne voulait pas se mêler des affaires des Krushnic. Elle connaissait la réputation de Mischa  et n’avait pas l’intention d'exposer sa famille à la fureur du sorcier. Aussi, ne fit-elle rien. Et ça, jamais Skye ne put lui pardonner.
À l’école, il réussit à maintenir ses relations. Il était parfois plus mélancolique ou avait envie de rester seul mais, globalement, il réussit à maintenir sa bonne humeur. Il garda aussi son niveau scolaire, décidé à devenir animagus le plus tôt possible. En plus de la métamorphose, Skye se plongeait à fond dans les Potions qui tenaient un grand rôle dans la première métamorphose. Il avait passé les dernières années à s’entraîner mais la mort de son père n’avait fait que renforcer sa motivation. Ce serait sa manière de faire un hommage à Mikhail, de lui montrer que son fils ne se soumettrait jamais à la Magie Noire.
C’est un an après la mort de son père que Skye réussit enfin sa première transformation.

Un éclair déchira le ciel. En ce début d’été, dans le sud de la France, l’air était lourd depuis plusieures heures déjà. En matinée, Skye avait étudié ses examens au soleil, accompagné de ses amis. Mais les nuages s’étaient accumulés et ils avaient tous senti l’électricité statique leur traverser le corps. Skye sut que c’était enfin le moment.
Cela faisait maintenant cinq mois qu’il avait caché sa fiole. Contrairement aux essais précédents, lorsqu’il avait plongé dans la fiole de cristal un de ses cheveux, la chrysalide et la feuille de mandragore baignée de salive dans de la rosée, qu’il l’avait mélangée et exposée aux rayons de la pleine lune de février, il avait vu une lueur dorée y danser. Après seulement deux semaines à placer sa baguette contre son cœur à chaque lever et coucher de soleil en prononçant l’incantation, il avait senti une petite palpitation inconnue. Au fil des jours, la palpitation était devenue un battement. Deux cœurs battaient à l’unisson dans sa poitrine, rythmant chacune de ses journées. L’impatience était devenue insoutenable mais les orages en hiver et au printemps se faisaient rares. Skye n’avait pas oublié de réciter l’incantation un seul jour, se levant à l’aube et se couchant avec le soleil.

À l’abri derrière les fenêtres de Beauxbâtons, Skye enfila sa cape et sortit en courant. En cette fin d’après-midi tout le monde était occupé et personne ne prêta attention au sorcier qui s'évanouissait dans la campagne. La pluie, accompagnée de grêlons, le tapait lourdement mais rien n’effaçait son sourire extatique. Il fallait que ça fonctionne.
Après avoir traversé des vignes, un champ de lavande et un maquis dense, Skye arriva devant un vieil olivier aux racines noueuses. Il s’agenouilla à ses pieds et se mit à creuser entre des racines deux fois plus épaisses que ses jambes. Rapidement, ses ongles émirent un crissement  désagréable en entrant en contact avec le cristal. Skye dégagea la fiole de sa cache et la frotta contre son pantalon d’uniforme. À l’intérieur, un liquide rouge sang tournoyait et s’éclairait d’une lumière inquiétante à chaque nouvel éclair. Skye constata qu’il tremblait d’excitation. Sa potion avait déjà atteint des couleurs rougeâtres les essais précédents mais jamais ce rouge sombre.
À l’ombre des feuilles et des racines de l’olivier, sous la fraicheur de son humus, la potion avait pris vie.
Le sorcier serra sa fiole contre lui et, à bout de souffle, repris sa course vers un ancien lavoir. Les livres de métamorphose conseillaient à cette étape de se trouver un endroit grand et sécurisant. Skye ne voyait rien d’autre dans les environs. Au moins le lavoir le protégerait de la pluie et éviterait peut être à l’animal de s’effrayer à cause du tonnerre. Le lavoir était toujours fonctionnel et une eau cristalline renvoyait au sorcier les flashes de lumière des nombreux éclairs. Skye n’était pas très fort en histoire moldue et ne savait pas trop à quoi servait ce bâtiment. À part que c’était surtout les femmes qui s’en servait pour des tâches ménagères.
Skye s’assit dans un coin et inspira profondément. Il posa sa baguette sur son cœur. Deux cœurs battaient la mesure.
Il prononça la formule tant répétée
« Amato Animo Animato Animagus. »
Skye porta la fiole à ses lèvres et l’avala d’un trait. Il fut un instant surpris par le goût pâteux et ferrugineux de sang que la potion lui laissa en bouche. Mais soudain ce genre de détails n’avait plus d’importance. Son cœur, non, ses cœurs s’emballaient et semblaient vouloir sortir de sa poitrine. Sans le savoir, Skye se retrouva couché sur la pierre froide, les mains plaquées sur les cœurs. Ils les sentaient battre à tout rompre. La douleur était infernale et se propageait dans son ventre. Skye connaissait assez la théorie pour savoir que c'était normal. Mais la théorie n’avait plus d’importance, il n’était plus à même de formuler une seule pensée. Suffocant, il aperçut un nuage doré semblable à un patronus se dessiner dans son esprit. Le nuage prit une forme féline énorme. Des oreilles rondes, une queue épaisse.
La douleur disparu.
Son cœur continuait de battre trop rapidement mais le reste du monde était redevenu clair. Mieux, il était cristallin. Chaque détail sur le mur ressortait avait précision, chaque son gagnait en intensité. Il sentit l’odeur de la pluie, de la mousse, de la pierre mouillée, de rongeurs, d’un chat passé par là. Skye frissonna mais son corps ne réagit pas. L’animal était immobile, écoutant chaque bruit et humant chaque odeur avec suspicion. L’atmosphère était lourde et chaude, l’animal se mit à respirer plus rapidement. Il était serein, cependant. Contrairement à ce que Skye avait pu lire, sur l'instinct de fuite qui risquait de prendre le dessus lors des premières métamorphoses, son animal à lui était impassible face à l’orage qui se déchaînait. Ce qui ne voulait pas dire que Skye avait le contrôle. Le sorcier dû user de toute sa force pour bouger la tête et regarder ses pieds.
Lourdes pattes blanches aux griffes rétractiles. Félin. Skye sentit un nouveau frisson lui parcourir l’échine et cette fois-ci l’animal frémit avec lui. Il savait que son oncle, Mischa, était un animagus prenant la forme d'un tigre blanc. Son père le lui avait dit. Skye sentit un goût amer lui envahir la bouche à l’idée qu’il prenait la même apparence que son oncle, ce Mage Noir. La rage lui brula le ventre et un rugissement sourd enfla dans sa gorge avant de résonner dans le lavoir avec la même intensité que le tonnerre qui éclatait dans les environs. La bête sauta sur le rebord du lavoir, ses griffes sortant pour s’agripper à la pierre et sa queue lui servant de balancier.
Skye jeta un coup d’œil dans l’eau. Devant lui, plus trapue qu'un tigre, tachetée, le visage rond et le pelage épais, une panthère des neiges, énorme et immaculée, le dévisageait.
Un ronronnement enfla dans sa poitrine. L’once était magnifique. Son blanc était plus pur que la  neige et seules quelques taches grisâtres parsemées sur sa fourrure cassaient l’ivoire de sa fourrure.
La panthère sauta à l’extérieur du lavoir, plongea sous la pluie. Elle avait envie d’explorer son territoire, de trouver un endroit plus petit pour en faire sa tanière. Skye était enivré par la confiance et la force qui se dégageait de l’animal mais il réussit à l’arrêter. Il ne fallait surtout pas se laisser avoir par l’instinct animal, au risque de ne plus jamais redevenir humain. Il fallait qu’il se métamorphose à nouveau en homme avant de ne perdre définitivement le contrôle.
La panthère s’immobilisa et ferma les yeux. Skye visualisa sa forme humaine le plus précisément possible. Au début, rien ne se passa et il dû se retenir de paniquer. Puis, il sentit ses muscles s’engourdir, sa vision se flouter, les bruits se brouillèrent et les odeurs disparurent presque complètement.
Il était à nouveau humain.


Les années passèrent, semblables. Il n’y avait pas beaucoup de mouvement à Beauxbâtons. Il  y avait bien eu le Tournoi des Trois Sorciers mais Skye avait 16 ans à l’époque et n’avait pas pu faire partie de l’équipe représentant son école à Poudlard. Il aurait pourtant aimer varier son quotidien, bouger en Ecosse. D’autant plus que les événements en Grande Bretagne le fascinaient, lui qui méprisait la Magie Noire. Il avait suivi la situation de Voldemort de très près, avait fait partie d’un petit groupe qui vérifiait que le pouvoir du Seigneur des Ténèbres n’atteigne pas la France. Et avait décidé qu’il continuerait sa formation pour devenir Auror avant qu’il ne soit trop tard. Il apprendrait la Défense Contre les Forces du Mal et toutes les matières qu’il faudrait pour atteindre cet objectif. À ses dix-sept ans, il avait été déclarer son don d’animagus au Ministère de la Magie afin d’entrer dans la légalité. S’il voulait combattre le mal, il fallait le faire de la manière la plus juste qui soit.
Lorsque Vodemort était tombé et que Skye avait appris qu’un cursus de Sécurité Magique ouvrait à Poudlard, il n’avait pas hésité une seconde. Partir loin de sa mère, découvrir un monde nouveau où la Magie Noire avait fait des dégâts qu’il pourrait étudier, suivre son rêve. Que demander de plus.

En arrivant à Poudlard, Skye avait espérer que sa nouvelle vie lui permettrait d’être heureux. À bien y repenser, il n’arrivait pas à croire qu’il ait été si naïf. Bien sûr, depuis le début, il avait trouvé l’échange inter-écoles louche. Ce n’était probablement qu’une excuse pour couvrir quelque chose de grave. Mais quelle importance si ça lui permettait de découvrir un autre monde ? Pourtant, rapidement, le directeur qui ne se montrait jamais avait refroidit l’enthousiasme de Skye. Puis, il y avait eu les disparitions. Depuis la rentrée, des dizaines d’étudiants avaient disparu sans qu’aucun élève ne sache pourquoi. Skye aurait pu garder son sang-froid si ces épisodes n’avaient pas été accompagnés de la malédiction qui s’abattit sur sa sœur.
C’était une nuit de pleine lune. Ariel n’était pas comme Skye, elle n’avait pas peur de ces nuits-là. Et alors qu’il s’enterrait sous ses couvertures, elle agissait comme toute autre soirée. Ce soir-là, elle avait voulu se balader ou c’était en tout cas ce qu’elle avait raconté plus tard. Toujours est-il qu’Ariel était sortie dans le parc, le long du lac. Il n’y avait pas de loup-garou dans les parages, cette nuit-là. Mais l’eau paisible du lac avait fini par se mouvoir, troublant le reflet de la lune pleine. Un être mi-humain, mi-poisson avait bondit. Les sirènes ne sont pas des êtres mauvais mais le pouvoir de la pleine lune peut transformer un ange en monstre. Ariel avait été entrainée dans le lac, mordue. Lorsqu’elle avait été retrouvée sur le bord du lac, le lendemain, elle était un être maudit. Une sirène. Et Skye n’avait pas été là pour la protéger, contrairement à ce qu’il s'était promis.
Depuis, toutes les pleines lunes, Ariel voyait sa peau se couvrir de brûlures et sentait des flammes invisibles lui lécher le corps. Le seul moyen pour obtenir un petit peu de soulagement était de plonger dans le lac et de n’en ressortir qu’une fois le soleil levé. Lorsqu’elle le désirait, Skye l’accompagnait sous sa forme de panthère afin de rester protéger contre la malédiction. Le matin, il pansait ses brûlures avec des potions qu’il concoctait pendant ses heures libres. Il étudiait aussi la composition de la potion tue-loup pour tenter de trouver un équivalent pour les sirènes. Skye s’en voulait énormément de ne pas avoir pu protéger sa sœur. Malgré sa haine de la Magie Noire, il aurait voulu se plonger dans les livres sombres de la réserve. La puissance de sortilèges de Magie Noire était bien plus forte que toute autre magie. En tout cas, l'Amour ne semblait pas soigner sa soeur. Et Skye aurait donné cher pour apaiser Ariel. Mais le prix de la Magie Noire est imprévisible et extrêmement élevé, il le savait. Et surtout, cette Magie, si puissante soit-elle, ne pouvait soigner quelqu'un qu'en blessant quelqu'un d'autre. Et si Ariel avait été victime de la malédiction qui suivait les Krushnic, Skye devait se tenir éloigné de tout ce qui pourrait le faire sombrer. Il nourrissait donc sa haine pour la Magie Noire en réfléchissant la tête froide, sachant que seule l'impulsivité pourrait le faire changer d'avis. Il était pour l’instant facile d’ignorer la Magie Noire. Il ne la connaissait pas, on ne lui avait jamais murmuré de sortilège de guérison à l’oreille. La tentation était donc facile à éviter. Mais il fallait qu'il s'entraîne à garder la tête froide pour que, quand il lirait une formule, qu'on la lui chuchoterait, il ne laisse pas la tentation du Pouvoir prendre le dessus.
L' envie serait toujours présente, Skye le savait. Mais son désir de faire le bien aussi. Lequel des deux emporterait la victoire, seul le futur le dévoilera.