Speed Dating (Maddox, Teagan & Yassen)

La nuit est bien vite tombée et, malgré l'heure du couvre-feu bientôt arrivée, plusieurs élèves rôdent encore dans la cour. Si ce n'est que de quelques conversations qui s'élèvent et qui se meurent ici et là, le calme plat règne en force. Du moins, il régnait avant qu'un cri aussi strident qu'un sifflet ne résonne à travers le jardin. Des yeux, les élèves cherchent l'origine du boucan, mais ils ne remarquent qu'une petite boule de feu qui traverse le ciel. Ils la suivent tous des yeux, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière la cabane du garde-chasse, près de la forêt toujours interdite à ce jour. Un nouveau silence s'installe tandis que les adolescents se lancent, tour à tour, des regards bourrés de défi ; qui trouvera le premier l'origine de ce drôle de phénomène?

Les troupes se séparent par deux ou par trois, tous certains de l'emplacement exact du crash de l'objet volant non identifié. Les minutes passent, les heures aussi et ils finissent tous par abandonner, un par un, guidés par la peur d'être attrapés en fragrant délit. Sur le point d’abandonner, les trois derniers courageux se retrouvent nez à nez avec un dragon. À première vue, il s’agit d’un bébé puisqu'il n'est pas plus gros qu'un chien adulte. Volant à basse altitude, le dragon dessine de grands cercles sans jamais être en mesure de prendre de la hauteur. Visiblement, il semble blessé à une aile. Qui l'a blessé, que fait un dragon si près de Poudlard et que fuyait-il exactement ?

Et si j’essayais. Tout était parti de cette pensée. Un jour, Maddox avait surpris Yassen en train de fumer un joint dans un coin reculé du parc. Son instinct premier fut de se dire que le Serpentard n’était qu’un raté. La drogue, c’est mal. C’est ce qu’on lui avait toujours dit. Et pourtant, Maddox avait déjà lu des articles au sujet du cannabis et de ses effets. En temps normal, il aurait fait demi-tour et aurait fait comme s’il n’avait rien vu : mieux vaut éviter les ennuis, surtout avec un type comme Yassen, mais sa curiosité avait surpassé sa lâcheté ce jour-là. Je peux ? C’est ainsi que Maddox avait tiré sa première taffe. Avant ça, le brun n’avait jamais fumé. Il crut tousser ses poumons, mais recommença. Bien vite, il se sentit plus détendu, comme plus heureux. Cette expérience, il n’en parla à personne. Yassen lui proposa à nouveau de le rejoindre et ils partagèrent un moment de détente plusieurs fois par semaine. Peu à peu, Maddox ressentit le besoin de se détendre par ce moyen. C’était dangereux, il savait très bien qu’on pouvait devenir accro à ces merdes, mais il était intelligent, il saurait quand arrêter. Du moins, c’était ce qu’il se répétait. Et Yassen semblait confirmer ses dires. Après tout, c’était une forme de médecine et en tant qu’étudiant en médecine magique, Maddox se devait d’expérimenter. C’était un secret entre Yassen et lui.

Ce soir-là, Maddox et Yassen se trouvaient dans un coin du parc, à la tombée de la nuit. Un joint dans sa main gauche, les fesses posées sur un banc, tout allait bien pour Maddox. Yassen lui avait appris à maximiser les effets en aspirant la fumée d’une certaine façon. Rien ne pourrait venir troubler le calme qu’il ressentait au plus profond de lui. Mais d’un coup, le Serdaigle se figea et sa main droite se posa sur le bras de Yassen. « T’as entendu ? » Il aurait juré avoir entendu un cri, mais ça ne ressemblait pas à un cri humain. Soudain, une petite boule de feu s’éleva dans le ciel, avant de disparaître. Maddox plissa les yeux. « T’as vu ça ? Dis-moi que t’as vu ça. » Et malgré l’étrangeté de la situation, il tira une nouvelle taffe sur son joint et resta posé sur le banc, le regard rivé vers la cabane du garde-chasse. Il réalisa qu’il avait toujours la main posée sur Yassen et la retira d’un geste un peu trop brusque pour être naturel. « Tu crois qu’on devrait aller voir ? » Anxieux à l’idée d’aller trouver la source de ce mystère, il sonda l’avis de Yassen. Maddox n’était habituellement pas connu pour son courage. « Je crois qu’on devrait aller voir… » Décidément, il était bien plus bavard et brave quand il était sous l’influence. Mais, il attendit que Yassen passe devant, bien sûr. Au bout de ce qui lui sembla être une éternité et des kilomètres de marche, ils tombèrent nez à nez avec… un dragon. Oh putain. Toujours le joint à la main, qu’il avait presque fini de consommer, il se demanda un instant s’il n’était pas en train d’halluciner. Oh putain. On va mourir. En faisant demi-tour, il tomba nez à nez avec une jeune fille de Poufsouffle qu’il avait déjà vu par le passé. Elle était un peu plus jeune que lui. Par réflexe, il jeta son joint par terre et l’écrasa avec sa chaussure. Ni vu, ni connu.

Je veux planer, j’ai envie de rêver. « Faut manger de la mangue. Si tu la manges avant de fumer, ça viendra intensifier et faire durer l’effet. » Le Serdaigle avait acquiescé tout en tâchant de s’en souvenir. Bien qu’il en entende parler pour la première fois, Yassen était une sorte d’expert en la matière pour lui. Il testerait donc cette technique un jour, s’il en avait l’occasion. Puisqu’il planait déjà, il avait du mal à imaginer à quel point le fruit pouvait intensifier les effets et faire durer la sensation. Les réactions entre produits, Maddox en étudiait chaque semaine en cours de potions. Appliquer ses connaissances à la réalité était toujours des plus intéressants. Le jeune Berkeley se demanda de qui Yassen tenait ces connaissances, à moins qu’il n’ait trouvé cette méthode lui-même. Sans prendre la peine de lui poser la question, l’élève de GISIS fut impressionné. Yassen était le seul avec qui Maddox partageait ce genre de moments. Il savait qu’ils ne devaient pas être les seuls à Poudlard, Yassen devait forcément se fournir quelque part. Avait-il appris tout ça à Durmstrang ? Peut-être fournissait-il lui-même d’autres élèves ? Quoiqu’il en soit, le Serdaigle n’irait voir personne d’autre à ce sujet que Yassen. Il avait appris à lui faire confiance, peut-être à tort.

Une question du Serpentard teintée de défi suffit au Serdaigle à prendre de l’assurance et à se lancer aux côtés de son camarade à la recherche du problème. Marchant légèrement en retrait, le brun n’était pas très rassuré et gardait sa baguette à portée de main. Maddox se demanda comment Yassen faisait pour rester aussi calme. Malgré lui, il l’enviait. Il aurait aimé pouvoir marcher vers l’inconnu avec une telle confidence.

Quand ils tombèrent sur le dragon, le Serdaigle fut le premier – et le dernier – à vouloir rebrousser chemin. Tombant nez à nez sur la jeune fille de Serdaigle, il dissimula le joint sous sa chaussure. D’une oreille, il entendit Yassen jurer. Pas besoin de comprendre le langage pour saisir ce qu’il venait de dire. Oups. « Bonjour ! » Chuchota la jeune fille dont il ignorait le nom. Maddox lui fit un sourire un peu trop forcé. « Vous avez vu ? Il est beau ce dragon ! Vous croyez qu’on doit faire quelque chose pour lui ? » La beauté du dragon n’était pas la première chose qui lui était venu à l’esprit, loin de là. Il décida donc, cette fois, de jeter un coup d’œil un peu plus poussé à la créature. Il plissa les yeux. Non, il ne voyait pas ce qu’il y avait de beau chez un dragon. Jamais il n’aurait l’idée d’en adopter un comme animal de compagnie. Il faut dire qu’il avait déjà peur de sa chouette, nommée Chouette, alors un dragon… Le brun eut le temps de capter le sourire en coin de son camarade Serpentard, et de se demander quel message il cherchait à lui faire passer, quand la Poufsouffle s’affirma avec plus de confiance : « Il faut qu’on fasse quelque chose pour lui. » Sans moi les amis. Discrètement, il regarda Yassen en espérant qu’il se mette à parler bientôt pour que personne ne capte qu’il aurait bien déjà pris ses jambes à son cou s’il n’était pas accompagné.

« On devrait le tuer. » Un rire légèrement nerveux s’échappa des lèvres de Maddox, s’en suivit un regard interrogateur vers le Yordanov. Tu plaisantes, n’est-ce pas ? Il n’avait pas l’air de plaisanter. Le sourire du Serdaigle disparut bien vite. Il n’aimait pas les dragons, mais il ne souhaitait pas qu’on le tue non plus. Quand Yassen pointa le dragon du menton, Maddox suivit son regard. « Il a une aile cassée, sa mère ne le reprendra pas si on le touche. C’est un Vert gallois, un genre de dragon qui ne veut rien avoir avec les humains. » Comme si j’allais le toucher. Le Serdaigle serra sa baguette dans sa poche, prêt à la dégainer au moindre signe agressif de la créature. Maddox ignorait que Yassen s’y connaissait autant en dragons. A vrai dire, il ne connaissait pratiquement rien de lui, à part ce qu’il avait bien voulu lui raconter lors de leurs rencontres. Il regarda Yassen ramasser une grosse pierre. « Autant abréger ses souffrances. » Ces mots raisonnèrent en Maddox. Nombreux furent les moments où il aurait aimé qu’on abrège ses souffrances. Il avait toujours été trop faible pour songer à le faire lui-même. Cette bête avait vraiment l’air d’avoir mal à l’aile. Avant que Yassen ne tente sa chance en lançant la roche, Maddox l’interrompit : « Attends ! » On aurait pu croire que les mots qui suivirent cette intervention allaient être Ne fais pas ça ou Il doit y avoir une autre solution, mais il prononça cette phrase : « Peut-être qu’il souffrirait moins si on le tuait d’un sortilège. » Il imaginait déjà Yassen frapper la pauvre créature et fracasser son crane à l’aide de nombreux coups. Il y aurait du sang partout. Le sang, c’était sale. Un sort, c’était plus propre. Depuis la nouvelle édition du règlement, un élève n’avait plus le droit d’utiliser la magie en dehors des cours sans être supervisé. C’était l’excuse miteuse que sortirait Maddox si on lui demandait de jeter le sort lui-même. Amusant qu’un mec venant de fumer un joint en toute illégalité et soutenant finalement la mise à mort d’un animal se soucie encore à ce point du règlement. A vous l’honneur.

« Monstres ! » Choqué par ce mot claquant l’air un peu trop subitement, le Serdaigle regarda la jeune Poufsouffle avec les yeux ronds. Quand il s’aperçut qu’elle était sur le point de pleurer, il se remit tout de suite en question. Venait-il vraiment d’agir comme un monstre sans le réaliser ? Il pensait pourtant que mettre fin aux douleurs du dragon sur le champ était la meilleure solution. Elle avait l’air tellement en colère. « Vous n'êtes que de futurs meurtriers si vous pouvez penser ça sans tressaillir. » De futurs meurtriers. Sous le coup de la colère, on dit toujours des choses qu’on ne pense pas. La Poufsouffle ne les connaissait pas, elle n’avait pas le droit de dire ça. Poufsouffle n’était pas censé être la maison de la justice ? Elle les jugeait sur une simple décision. D’un autre côté, Maddox repensa tout de suite au jour où il avait eu une terrible envie de tuer son père. Envie qui lui était vite passée quand il s’était à nouveau fait humilier par son paternel et que ce dernier l’avait mis à la porte. « Aucun de vous n'a ne serait-ce qu'essayé de penser que l'on pouvait le soulager à distance et appeler un professeur pour qu'il le pousse à retourner chez lui. Ce n'est pas comme si nous n'avions pas de professeurs compétents, hein ? » En effet, Maddox n’y avait pas pensé. Mais que pourrait réellement faire le corps enseignant ? Ils seraient dans la même impasse qu’eux. Après tout, eux aussi étaient compétents à ce stade de leurs études. En jetant un coup d’œil à Yassen pour voir s’il écoutait toujours les paroles de la blonde, il comprit qu’il pensait à tout autre chose que lui ; son sourire lui indiquait qu’il trouvait la jeune fille à son goût. Les yeux de Maddox se posèrent à nouveau sur elle. Il était curieux de voir si elle aussi allait finir par s’intéresser à Yassen. Le Serpentard avait l’aura du mauvais garçon par excellence, ce qui plaisait généralement aux filles. Et pas qu’aux filles.

« Vous ne valez pas mieux que les mangemorts ! » Maddox n’en crut pas ses oreilles au début. Puis il se rappela que la Poufsouffle ne le connaissait que de vue et qu’elle ne savait probablement pas qu’il était né moldu. Elle n’aurait jamais osé dire ça autrement. Les mangemorts étaient ceux qui avaient jeté Maddox à Azkaban deux ans plus tôt. Ils étaient aussi ceux qui avaient assassinés des centaines de sorciers pour leurs origines ou leurs croyances. Mais là, on parlait juste d’un bébé dragon qui n’avait que très peu de chances de survivre. Vous ne valez pas mieux que les mangemorts. La frustration, la colère, les mauvais souvenirs l’envahirent et il eut du mal à continuer à se taire. « Qu'est-ce qu'elle vous a fait de mal cette créature ? Les dragons survivent à de pires blessures dans la nature ! Un sortilège bien lancé pourra l'aider. » Qu’est-ce qu’elle en savait déjà ? A moins qu’elle ait déjà croisé des dragons dans la nature et qu’elle ait constaté ça par elle-même, parce qu’il avait du mal à imaginer pire blessure. Les dragons n’avaient pas le pouvoir de se soigner eux-mêmes. La vie qu’il mènerait avec une aile tordue n’en mourrait pas méritait-elle d’être vécue ? Maddox la laissa parler et l’écouta, mais son cœur était toujours serré par la remarque sur les mangemorts. « Parce que vous pensez qu'il n'y a qu'un seul moyen d'abréger ses souffrances ? As-tu… avez-vous seulement essayer de penser à autre chose ? Ou alors la cigarette est encore plus pathologique que ce que l'on m'a toujours dit et n'attaque pas que les poumons mais aussi le cerveau ? » Cette fille, elle ne tenait pas vraiment à sa vie. Maddox ne lui ferait rien, mais il ne savait pas comment Yassen allait réagir. Il ne l’avait certes jamais vraiment vu s’énerver, mais il ne tenait pas à savoir ce qui lui arriverait si un jour ils en venaient à se détester. Le cannabis avait-il vraiment changé la perception de Maddox ? Il en doutait. Il se sentait toujours lui-même. Les effets étaient difficiles à décrire, mais le jour où il sentirait que cela devenait néfaste pour lui, il arrêterait.

« C’est bon ? T’as terminé ? » Venait d’intervenir Yassen. Contrairement à Maddox, Yassen ne semblait pas avoir été énervé par les mots de la blonde. Peu à peu, il s’approcha d’elle. « Pour ton information, il est maintenant interdit de jeter des sorts en dehors des salles de classe. De plus, pour guérir une créature magique, il faut en prendre soin à la main. Les os sont trop essentiels pour être laissés à une chose aussi arbitraire que la magie, encore plus maintenant qu’elle merde à chaque fois qu’on tente de l’utiliser. » Maddox ne pouvait qu’être d’accord avec son camarade de fumette. « Cette créature ne m’a rien fait de mal. Par contre, tu devrais te tasser. » Il vit Yassen poser ses mains sur les hanches de la Poufsouffle pour la déplacer sur le côté, lui évitant ainsi d’avoir le postérieur en feu. Toujours en retrait, Maddox observa cette danse. Il voyait parfaitement ce que Yassen essayait de faire avec ses gestes et ses paroles. La blonde allait-elle tomber dans le panneau ? Maddox n’y connaissait quasiment rien en techniques de séduction, il ignorait si la méthode employée par Yassen était imparable ou non. « Un bébé dragon a besoin de faire ses flammes ; ma famille bosse dans le domaine, je m’y connais. » C’était donc pour cette raison que Yassen parlait des dragons avec tant de conviction.

« Si je pouvais le sauver, je le ferais, mais il n’y a pas d’espoir pour lui. » Maddox, qui avait suivi la scène de loin dans son esprit, fut surpris quand Yassen lui lança la roche, mais il l’attrapa par réflexe. La pierre pesait bien plus que ce qu’il avait imaginé. Pourquoi le brun s’était-il retrouvé d’un seul coup avec la roche dans les mains ? Les battements de son cœur se firent plus rapides. Qu’est-ce que tu me fais, Yassen ? « Par contre, lui, il pourra le faire. Il est étudiant en médecine magique, il pourra le tuer en s’assurant qu’il ne souffre pas. Ne t’inquiète pas, Maddox est très intelligent, il est même chez les Serdaigle, tu verras, il sait parfaitement ce qu’il fait. » Et pourtant, en cet instant, la pierre dans les mains, Maddox avait l’air plus perdu que jamais. Yassen lui fit un clin d’œil. Il comptait sur lui. Il serra la roche dans ses mains et regarda le petit dragon souffrir. La pauvre bête avait l’air de pleurer. Mais Maddox ne s’y connaissait absolument pas en dragons. Il voulait devenir médecin, pas vétérinaire. De plus, le pauvre dragon avait probablement aussi peur d’eux que Maddox avait peur de lui. Peu à peu, son cœur s’emballa, sa respiration s’accéléra. Non, ce n’est pas le moment. Il paniquait. Il s’avança vers le dragon pour que Yassen et la Poufsouffle ne voient pas son visage. Mais ce n’était pas une si bonne idée. Voyant l’humain s’approcher, le bébé dragon sembla lui aussi se mettre à paniquer et cracha de nouvelles flammes vers eux. Maddox se recula juste à temps pour éviter de se faire brûler. Ce moment lui fit reprendre ses esprits et peu à peu, sa respiration se calma, bien que son cœur batte encore à une vitesse folle. Il recula peu à peu, au niveau des deux élèves. « Je n’ai pas changé d’avis, il faut soulager ce pauvre dragon de ses peines, mais je ne peux pas le tuer avec ça. » Maddox regarda Yassen en particulier, celui qui lui avait donné la pierre. Dans sa vie, le Serdaigle avait de nombreux regrets sur son manque de courage. Mais l’histoire se répétait encore et encore. Persuadé de décevoir son nouvel ami, il ne savait pas comment réagir.

Maddox détourna son attention vers la Poufsouffle, n’ayant toujours pas digéré ce qu’elle avait dit plus tôt. Vous ne valez pas mieux que les mangemorts. La roche enfermée dans son poing, il pointa la jeune fille du doigt d’un air légèrement menaçant. « La prochaine fois que tu associes quelqu’un aux mangemorts, réfléchis avant de parler. » Ou tu vas te prendre une pierre dans la tronche. Allait-elle enfin comprendre que Maddox était né moldu ? Avait-il besoin d’être plus clair ? Bon, il ne pouvait pas être plus menaçant que cela, car ce n’était pas dans sa nature. Mais c’était bien la première fois qu’on lui faisait une telle remarque et il se sentait très insulté par rapport à son histoire. Il ne la connaissait pas non plus, peut-être qu’elle était elle aussi née moldue, mais elle n’avait pas le droit de comparer cette situation à la guerre. « T’entends ses cris ? Il pleure. Il souffre. On le touche, les autres dragons ne voudront plus de lui. T’es qui pour condamner cet être à une vie orpheline et bancale ? » Même s’ils arrivaient à le sauver, le bébé dragon garderait des séquelles. Blablabla. Maddox qui n’aimait pas beaucoup parler commençait à fatiguer. « Si c’était un patient en phase terminale qui me suppliait de mettre fin à ses souffrances, je le ferais. » Vraiment ? Il le ferait ? Il se mit à réfléchir un instant. S’il était dans cette situation, il voudrait qu’on mette fin à ses souffrances. A Azkaban, il aurait voulu qu’on mette fin à ses souffrances. Après les humiliations de son père, il avait déjà voulu en terminer avec la vie. Le Serdaigle tourna son regard vers Yassen, l’air de dire : Désolé mon vieux, j’suis pas vétérinaire. Les dragons, c’est ton domaine.

« Tu es gentil. Méchant mais gentil. Quand tu veux tu peux être gentil… » Dit la Poufsouffle à Yassen, faisant rigoler ce dernier. Maddox n’aurait peut-être pas utilisé ces termes pour parler du Serpentard, termes qu’il trouvait trop enfantins, mais il ne dit rien. Il avait d’autres préoccupations. « Je continue de penser que c’est une mauvaise idée. La vie est précieuse et il faut la respecter. Et la vie est souffrance quoiqu’il advienne. Soutenir plutôt qu’abandonner. » Quand le brun eut fini de débattre mentalement de son échec, il s’était tourné vers la jeune fille pour essayer de lui faire comprendre qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait pas dire à un inconnu. Le Serdaigle attendit sa répondre. « Je ne vous connaissais pas. Pour moi vous alliez tuer sans raison. Et pour moi, ceux qui font ça sont semblables aux mangemorts. Désolé si je t’ai vexé. Mais des arguments plus clairs et logiques sont nécessaires pour me faire changer d’avis. Et j’admets que lui, il a raison. » Elle s’était excusée, mais Maddox lui en voulait toujours. Et le fait qu’elle insiste sur le fait que Yassen avait raison, et donc Maddox pas forcément, cela n’arrangeait rien. Le brun commençait à se sentir un peu de trop dans ce trio. « Ça ne me plait pas quand même. Parce que ça va à l’encontre de ma manière de vivre et de ce qu’on m’a appris. Désolé. » Maddox haussa les épaules. Pourquoi on s’intéressait à son avis au fait ? Elle assistait à la scène, mais ils ne la connaissaient pas. Elle aurait très bien pu faire demi-tour depuis le début. Il commençait à se dire qu’il aurait peut-être dû partir dès le début. Ce dragon n’était pas leur responsabilité après tout. Ils ne savaient pas pourquoi il était là. « C’est pour ça que je voulais qu’on le soigne… Tant pis. Je ne participerai pas. Mais je ne ferais pas l’offense à cette créature de détourner les yeux. » Maddox secoua légèrement la tête. De toute façon, personne ne le regardait. Il se demandait pourquoi elle restait. Yassen sembla compatir avec elle, essuyant ses larmes, avant d’annoncer : « Bon d’accord. J’accepte d’essayer. »

« Tiens-moi ça. » Dit-il à Maddox en lui refilant sa veste. Le Serdaigle le regarda sortir de son sac un bandeau et des gants en peau de dragon. Il se trimbale vraiment avec ça ? Se demanda-t-il surpris. Maddox le regarda alors s’approcher du bébé dragon. Qu’allait-il faire ? Allait-il essayer de le tuer ou de le soigner ? Maddox ne bougea pas d’où il était, serrant nerveusement la veste du Serpentard dans ses mains. Yassen caressa le museau de la bête avec ses gants, évitant ainsi de le toucher directement. Il fut surpris de voir le vert déchirer son uniforme et commencer à bander le dragon. Pensait-il vraiment en être capable ? Après tout ce discours pour le tuer et abréger ses souffrances ? Maddox se sentit plutôt frustré. Pourquoi Yassen n’avait-il pas agit dès le début alors ? Le Serdaigle était aussi un peu jaloux de ne pas savoir s’y prendre avec les dragons, ou les filles, comme le Serpentard. Yassen faisait-il tout ce qu’il était en train de faire pour impressionner la blonde ? Maddox n’allait pas tarder à avoir sa réponse. « Même un patient en phase terminale a besoin d’être accompagné jusqu’à la toute fin. » Expliqua Yassen en regardant la Poufsouffle droit dans les yeux en réutilisant l’exemple de Maddox à ses fins. Vu comment il regardait la blonde, il n’y avait pas trop de doutes à avoir. « Soutenir plutôt qu’abandonner. Si tu n’aimes pas quelque chose, il faut le dire. Ne fais pas l’offense de détourner les yeux, que ce soit d’un dragon ou de tes idéaux. » Maddox, qui avait de moins en moins envie d’être là, entendit ensuite le Serpentard se présenter à la jeune fille. « Yassen Yordanov. » Les deux élèves se regardaient mutuellement. Maddox aurait pu danser la macarena, ils ne s’en seraient sans doute pas rendu compte. Le brun, qui avait l’habitude d’essayer d’être le plus invisible possible, avait facilement réussi sans même fournir d’efforts.

Le Serdaigle s’approcha un peu, maintenant que le dragon semblait à peu près maîtrisé. Il avait l’air de s’être un peu calmé. Peut-être que le bandage avait été réussi après tout. « Bravo Yassen. Beau sauvetage. » Dit Maddox en tapant doucement dans ses mains pour imiter des applaudissements, rappelant ainsi sa présence aux deux autres. Il y avait une pointe d’ironie et de jalousie dans ses paroles qu’il n’essayait même pas de cacher. De toute façon, dans son état, même s’il l’avait voulu, il n’était pas sûr de le pouvoir. Il ajouta avec un sourire : « Si vous voulez bien m’excuser, je vais aller prévenir un professeur. » Ainsi, qu’ils aient bien agis ou non, ce qu’il adviendrait du bébé dragon ne serait que la responsabilité d’un membre du personnel de Poudlard et pas de simples élèves. Il décida donc de quitter ses deux camarades, non seulement pour aller chercher de l’aide rapidement, en espérant que ce ne soit pas trop tard, mais aussi pour ne plus se sentir de trop car il en était mal à l’aise. Avant de se mettre en route, il remit la veste de Yassen dans les mains de la Poufsouffle. « Tiens-lui ça, merci. » Et Maddox s’en alla en sachant déjà que pendant quelques jours, il allait éviter Yassen craignant un peu sa réaction. Le Serdaigle se dépêcha d’aller trouver un membre du personnel, mais savait déjà qu’il ne reviendrait pas sur les lieux. Il pria aussi pour que le professeur ne remarqua pas l’odeur suspecte qu’il avait peut-être encore sur ses vêtements. Il se souviendrait pendant longtemps de ce jour où ils avaient failli tuer un dragon. Aillant aussi cru qu’ils allaient finir tués par ce même dragon.