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Quelque chose de magique | Velkan & Ielena

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Velkan Soloyev  & Ielena Dimitrova

De cette marche, qui n’avait eu de blanche que le nom, s’en était venue résonner la voix ferme et sans appel du désormais nouveau directeur de Poudlard. De nouvelles lois. De nouvelles règles, impliquant couvre-feu et accompagnement constant des étudiants dans chacun de leurs déplacements, transformant malgré lui le foyer de la jeunesse magique en une schématique institution pénitentiaire. Ainsi tombée, la nouvelle avait eu l’effet d’une gifle mordante et pour cause, la fille du Griffon, autrefois, comme en ce jour, n’avait jamais su trouver de meilleurs alliés que les lueurs de l’aube et le manteau de la nuit. Alliés auxquels elle devait désormais se résoudre à dire adieu pour se scinder à la masse grouillante des autres étudiants. Une ombre parmi les ombres, mais cela fut plus fort qu’elle. Comme d’un instinct, elle avait déserté une première fois, comme à son habitude, le repas du soir pour s’en venir prendre le sien aux cuisines et n’était jamais remontée dans la tour des rouge et or. Pas de magie en dehors des salles de classe, à cela, elle pouvait encore se résoudre, mais que l’on puisse la priver de ces moments d’apaisement quand tout le reste de ses jours n’était que crainte et fuite, se résumait à la condamner sans appel, à l’emprisonner jusqu’à la rendre folle. Ainsi sa débâcle avait-elle commencée. Une fois, deux fois, inlassablement, la jeune fille profitant délibérément du labyrinthe de couloirs et d’espaces en tout genre du château où une silhouette comme la sienne pouvait se fondre sans que nul ne puisse l’y prendre et la prochaine nuit ne ferait pas exception.

Dans son sac, au levé, quelques vêtements de rechange avaient pris place entre ses manuels de cours et tout s’était déroulé sans la moindre poussière dans les rouages de son quotidien. Sa ballade, trop matinale pour qu’aucun membre du personnel ne puisse l’y surprendre, s’était déroulée à la hauteur de ses attentes, laissant le soin à cet air frais parsemé de rosée de remplir tout son être. Seule, dans ce silence imperturbable, elle s’apprenait à vivre, comme l’on reprenait son souffle après plusieurs minutes en apnée, la baignant toute entière de cette joie que seule la nature enchanteresse l’entourant savait procurer. Puis, au calme du matin, s’ajouta le petit-déjeuner, vite englouti, suivi de près par les cours, soporifiques. Peu lui importait les moyennes basses ou encore ce T obtenu en potions, l’Ange des Dimitrov, depuis bien longtemps, avait baissé les bras. Il n’y avait personne pour attendre quoi que ce soit d’elle en dehors de ces murs de toute façon et la production du moindre effort pour remonter ses notes se trouvait ainsi aussi épuisante qu’elle n’était vaine. Alors, la douce Ielena se laissait aller, encaissait, l’air de ne rien entendre des remarques désobligeantes de ses professeurs mécontents. Quand allait-elle se réveiller pour l’amour de Merlin !? Aux minces excuses qu’elle parvenait à peine à formuler, n’en restait qu’un esprit las de tout, sourd aux réprimandes et en attente déjà du prochain répit, lequel s’en vint enfin aux premières minutes du soir. Désormais, il lui fallait rejoindre les cuisines plus tôt qu’à l’accoutumée et supporter les remontrances de Brisbee, l’elfe de maison dont elle avait la tendresse, cette dernière couinant quotidiennement qu’elle n’aimait pas voir sa protégée désobéir au nouveau règlement. Un instant, elle se demanda si la créature ne lui en voulait pas tout bonnement pour le champ de bataille qu’Andreï et elle avaient fait des lieux à leur dernière entrevue, mais à la vue du bortsch fumant sous son nez et au regard complice de sa précieuse alliée, Ielena su qu’elle avait tort et se laissa réprimander de bon cœur. Un repas chaud, une lecture prenante et déjà les elfes de maison s’en étaient allés, elle avec eux, car désormais, le concierge s’en venait faire sa ronde après l’heure du dîner et commençait bien évidemment par les sous-sols. Aurait-on pu dire que ce Rosenberg était tant à craindre que cela ? Pas vraiment, mais toujours était-il qu’en se faisant attraper, elle devrait se justifier pour son insubordination et en payer les conséquences, un programme peu alléchant et déjà, la partie la plus difficile de la journée s’entamait.

De colonnes en armures dressés, la partie de cache-cache n’avait ici rien de drôle et si elle avait bien tenté la veille de se soustraire à la surveillance du professeur Charlebois, tandis que le reste de
ses camarades arrivaient devant le portrait de la Grosse Dame, son échec cuisant lui commanda en cette nuit la plus grande prudence. Il était inutile de vouloir jouer les oiseaux libres une fois le troupeau amassé, mieux valait encore se terrer avant eux et attendre que la voie se libère. Une heure, puis deux. Constatant l’heure à sa montre, les prémisses de sa bonne humeur s’en vinrent jaillir. Elle serait tranquille désormais, libre de gagner la tour d’Astronomie où l’astre lunaire s’en venait la border au détriment des lourdes étoffes rouge et or des dortoirs de sa maison. Dans l’obscurité des couloirs, pas un son, pas un bruit autre que les chuchotements des figures animées des tableaux. D’eux aussi, elle se méfiait, quoi qu’aucun ne se soit jamais fardé de l’idée de la
trahir jusque lors. Un pas, puis un autre. Quelques marches à gravir et la paix lui serait promise. Elle ne s’en vint pas, brutalement repoussée par le mouvement de l’escalier emprunté faisant sursauter sa fugitive. De son trébuchement à son gémissement de surprise, un cri s’en vient, suivi d’un faisceau de lumière éclairant l’étage inférieur.

« Merde… »

Pas une seconde à perdre désormais. Bien loin d’avoir été prise en faute par l’épaisse tignasse du pantelant concierge de l’école, ce sont les traits d’un professeur bien moins aimable que son regard croit avoir deviné au loin, alors même que ses propres jambes quittent l’état de flânerie pour se fondre en une course effrénée. De sa fuite, elle ne voit ni n’entend rien que les interpellations violentes de son assaillant. Tout se dresse alors à ses yeux. Cette main qui va s’en venir la stopper, ce délit de fuite qui lui vaudra une correction plus grave encore que celle promise aux étudiants désobéissants. Et si son père venait à être prévenu ? La haine du fils était un fardeau bien suffisant en ces lieux pour ne pas avoir à y ajouter le courroux de la figure d'autorité tant redoutée. Elle court alors, court à n'en plus voir où ses pieds l'entraînent. Court à la recherche d'une cachette, la plus discrète possible, tandis que son propre souffle, quant à lui, s'estompe peu à peu, contractant ses poumons entre l'adrénaline et le manque d'oxygène. Un cul de sac, des salles de classes et déjà voici le pas pressé du professeur à ses trousses se rapprochant. Une issue. N'importe laquelle ! Ses cheveux virevoltant autour de son visage n'aident en rien le repérage de ce château qu'elle constate bien mal connaître encore et déjà, voici la lueur de la baguette qui s'en vient éclairer les murs alentours. Elle accélère, tourne, encore. Encore. Cette fuite puérile a le goût de toutes ses années passées à tenter de se soustraire aux cruautés de son frère et la pousse à une rapidité sans commune mesure lorsque, enfin, ses yeux s'en viennent deviner la forme d'une poignée de porte. Une porte étroite, à peine visible, se lovant entre celles plus imposantes d'autres salles de classe encore. Ses gestes anticipes ce que le cerveau pourrait dès lors réfléchir. Il ne lui faut qu'une seconde pour disparaître dans l'ancienne et étroite réserve de manuels scolaires et une de plus encore pour sentir la gravité faire chuter son corps sur un obstacle imprévu. Un obstacle fait de chair et de sang qu'elle enfourche, laissant son poids de plume peser sur le sien pour mieux s'en venir poser sa main à cette bouche déjà prête à la réplique. Rien ne lui importe dans l'instant que ce faisceau lumineux qu'elle devine sous la porte, que ces bruits de pas claquant sur la pierre de l'étage. Elle a cessé de respirer, n'a pas encore prit le temps de poser un regard à la silhouette sous elle. Derrière cette mince porte de bois, une voix au fort accent anglais jure après elle, s'engouffre dans une première salle puis s'en retourne en arrière. La voie se libère, son souffle avec. Alors, l'épuisement abat ses mains sur elle, sur son corps qui se détends à en faire retomber sa tête sur l'épaule du malheureux toujours coincé entre elle et le sol, tandis que pour elle-même, ses lèvres libèrent un murmure soulagé.

« La vache, c'était moins une... »


Gémissement. Elle sursaute alors, comme réalisant enfin la position dans laquelle elle se trouve et, par dessus tout, la présence entravée par son apparition détonante dont le visage se détache désormais, faiblement éclairé par les reflets lunaire au travers d'une lucarne.

« Désolé ! Vraiment désolé, je t'ai pas fait mal ? Tu... !? »

Un instant pour que ses yeux s'habitent à l'obscurité, le suivant pour s'éloigner enfin de lui, lui rendant la parole par sa main qu'elle ôte enfin de ses lèvres. Comme n'en revenant pas, ses yeux distingue le lion brodé sur la cravate pendant au cou de l'homme et le détail, sitôt, s'en vient détendre le visage marqué d'inquiétude de la Dimitrova.

« T'es à Gryffondor toi aussi... »

Elle s'écarte, bientôt coincée à son tour entre la silhouette peinant à se redresser et le mur dans son dos. L'endroit n'a rien de spacieux, leurs deux présences y sont de trop. Elle sourit pourtant, la fille du Griffon, ses yeux pétillant tout à la fois de complicité et de confusion tandis qu'en son for une voix s'en vient lui glisser que ceux de cette maison sont décidément plein de surprises.






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Velkan Soloyev  & Ielena Dimitrova

Un cagibi. A peine trois mètres sur deux, et moins d'un mètre quatre-vingt de haut. Il lui avait fallu trois semaines pour trouver cet endroit, et il pouvait à peine s'y tenir droit. La pièce sentait le vieux parchemin, la poussière et le renfermé, les souris avaient leurs entrées, les puces de livres se faisaient toujours une joie de le dévorer, et il avait déjà découvert au moins trois nouvelles espèces d'araignées.
En résumé, ce placard était tout à fait insalubre, et Velkan l'adorait. Pour entrer, il devait emprunter une porte. Une toute petite porte. C'était son moment préféré. Tel Alice, il quittait le monde gris et sordide de la réalité pour pénétrer dans un monde merveilleux. Le sien. Et son royaume disposait de tout le confort nécessaire : deux lanternes, quelques coussins chipés à droite et à gauche, une couverture, ses livres préférés et une provision de biscuits secs enfermés dans une boîte à l'abri des rongeurs. Il y venait tous les matins, bien avant que le premier occupant du château ne soit levé. Il y  restait une heure, parfois deux, pour lire, ou juste finir sa nuit, savourant ces moments de calme et d'intimité dans une école où manger, travailler, se laver et dormir se faisait en communauté.

« Sur un mot d'elle, je trahirai mon pays, je trahirai mon roi, je trahirai mon dieu. » Velkan posa le livre sur son torse et répéta la phrase à voix basse comme si chaque mot avait sa propre saveur. Dans sa bibliothèque improvisée, il attrapa un petit carnet de cuir, une plume et un encrier, et il nota consciencieusement la citation d'Alexandre Dumas. Velkan souffla sur l'encre encore humide, glissa une feuille buvard entre les pages et referma délicatement le carnet. Un fin sourire satisfait se dessina sur son visage alors que son regard s'attardait sur les couvertures usées de ses romans préférés. Stevenson, H.G. Wells, Jules Verne, Lovecraft, Melville, Shelley, Carroll, Dickens, Barry. Tous des romans d'aventures. Tous des romans d'aventures moldus. Velkan les préférait aux romans sorciers. Il se passionnait pour ces héros qui, dépourvus de magie, trouvaient mille et un subterfuges pour déjouer les pièges de leurs ennemis. Leur ingéniosité ne connaissait aucune limite, leur ténacité aucune faille, leur courage aucune commune mesure. Chacun de ces ouvrages contribuait à isoler Velkan dans son havre de paix. Ici, il n'était ni un oisillon, ni un protecteur, ni un étudiant. Il n'était ni au Manoir, ni à Durmstrang, encore moins à Poudlard. Ici, il était chez lui. Il était un enfant qui apprend à voler, un garçon partant à la conquête du monde, un homme chassant sa proie jusqu'au bout du monde, un voyageur du temps, un vengeur masqué. La cravate desserrée, les chaussures laissées négligemment près de la porte, Velkan s'enfonça un peu plus dans son matelas de coussins et ferma les yeux. Derrière ses paupières closes, réchauffées par la flamme des lanternes, il imaginait les combats enragés des Mousquetaires du roi contre la garde rouge du Cardinal. Une sensation de bien-être l'enveloppa, sa respiration se fit plus profonde, soulevant son torse et le livre qui y reposait. Dans un demi sommeil, il sentit quelque chose glisser sur sa peau. Les araignées étaient de plus en plus téméraires décidément. Et persistantes. La sensation se transforma en picotement, puis en démangeaison. Velkan rouvrit les yeux et se redressa. Il écarta les pans de sa chemise, dévoilant sur sa clavicule la marque des Droganov. Noire, luisante, abjecte. Il n'arrivait pas à s'y habituer. Pas plus qu'à la sensation de sa peau brûlée, ni au symbole d'asservissement qu'il représentait. Sa bulle d'imaginaire vola en éclat et il soupira en se passant les mains dans les cheveux. « Dans quel pétrin elle s'est encore fourré... ? »

Encore légèrement endolori, Velkan se leva, éteignit les lanternes, et attrapa ses chaussures. Sa main était à peine posé sur la poignée de la porte qu'une tornade s'engouffra dans son petit paradis et le propulsa à terre, faisant valdinguer les chaussures à travers la pièce. Le souffle coupé par le choc, mais la chute amortie par les oreillers, Velkan poussa un râle aussitôt étouffé par une main étrangère. Dans un réflexe instinctif, il se redressa, saisit fermement le poignet de son assaillant, … et se décomposa. Il n'aurait su dire ce qu'il avait reconnu en premier. Sa longue chevelure brune flottant autour d'elle ? Ses yeux bleus, si grands, si clairs, qu'on voudrait pouvoir s'y baigner ? La blancheur de sa peau, ou ce petit pli moqueur au coin des lèvres ? Cent fois, il avait imaginé leurs regards se croiser. Cent fois, il avait craint d'être remarqué. Depuis toujours, il avait rêvé leur rencontre. Jamais, il ne se l'était figurée ainsi. Ielena Dimitrova, à califourchon sur lui dans un cagibi. Ravi de faire votre connaissance. Horrifié, Velkan lâcha le poignet de la jeune fille comme si la sensation de sa peau sur la sienne l'avait brûlé au fer. Il se redressa sur ses avant-bras, tenta de reculer pour se dégager de la proximité bien trop grande de l'Héritière, et plissa les lèvres pour chasser toute trace du goût de sa peau. Mais il aurait fallu pour cela qu'il plonge six pieds sous terre. Il sentit son front se poser dans le creux de son cou, la caresse de ses cheveux sur sa joue, l'odeur entêtante de sa peau. Velkan n'aurait su dire depuis combien de temps il était là, ni depuis combien de temps il avait cessé de respirer. Les yeux écarquillés et le cerveau sous-oxygéné, il cherchait désespérément dans son passé l'attitude à adopter. Mais aucun des enseignements de Laszlo ne l'avait préparé à réagir à ce chapitre : « Votre cible vous chevauche dans un placard ? S'en sortir en trois leçons. »
« La vache, c'était moins une... »
Elle était essoufflée, tremblante d'adrénaline. Velkan sentit le souffle de ses mots à son oreille et tressailli, la faisant sursauter à son tour. Profitant de cet instant de confusion, il tira sur ses coudes, et parvint à se détacher de la jeune femme en reculant à toute vitesse contre le mur du fond. Il sentit la brûlure de son tatouage se dissiper à mesure que Ielena reprenait son calme, et dans un éclair de clairvoyance, il rabattit le bord de sa chemise sur la marque.
« T'es à Gryffondor toi aussi... »

Velkan releva la tête et croisa le regard espiègle de l'héritière. Le hasard pouvait-il vraiment être aussi fourbe ? Parmi toutes les pièces de ce château... ? Le silence s'installa, de plus en plus gênant, obligeant l'oisillon à sortir de son mutisme.

« Hum... On y voit rien ici. Je vais... Attends. »

D'un coup de baguette, il ralluma les lanternes, révélant son antre dans toutes ses couleurs et sa simplicité. Révélant également le visage si proche, beaucoup trop proche, de celle qu'il avait passé la première moitié de sa vie à imaginer, et la seconde à protéger. Il n'avait jamais imaginé montrer cet endroit à qui que ce soit, certainement pas à elle, et encore moins de cette manière. Pourtant, à sa manière d'étudier les lieux, il eu l'impression que c'était la chose la plus naturelle du monde, comme si elle seule pouvait réellement apprécier la valeur de cet endroit si cher à son cœur. Ne sachant trop comment meubler le silence, il redressa quelques coussins et rangea son livre sur l'étagère.

« Désolé, c'est un peu le foutoir, je ne m'attendais pas à... » A nouveau, il croisa son regard et sa phrase se perdit dans le temps. Elle devait sans doute le prendre pour un fou, une sorte de dégénéré pervers et asocial. Si elle le surprenait maintenant à la suivre, il passerai sans nul doute pour un parfait psychopathe, et il aurait bien du mal à prouver le contraire. Velkan en était mortifié. Mais comment lui expliquer ? Ce besoin presque primitif d'avoir un endroit rien qu'à lui, en dehors du tumulte de cette école étrangère, des obligations et des manigances ? Comment pourrait-elle comprendre ? Comment arriverait-il seulement à trouver les mots ?






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Velkan Soloyev  & Ielena Dimitrova

A la frayeur et aux frissons d'adrénaline s'en viennent le calme et la confusion. Une confusion que tout un chacun aurait cru la sienne quand cette dernière, tout au contraire, semble tenir l'occupant dérangé à la gorge. Entamer la conversation n'était pas dans ses projets du soir, pas plus que l'idée de tomber sur l'antre de l'un de ses comparses rouge et or. Elle se trouve bien là pourtant, la Dimitrova, un sourcil arqué, ses yeux contemplant avec incompréhension la réaction de son compagnon involontaire, lequel semble comme en proie à la plus inexplicable des paniques. Des gestes gauche, des balbutiements. Bien loin d'elle l'envie de s'en moquer, elle ne peut empêcher un rictus rieur de se dessiner sur ses lèvres pourtant. Est-ce à cela qu'elle-même ressemble lorsqu'on s'en vient lui adresser la parole ? En un éclair, il titube, se redresse, lui commandant d'attendre. Attendre ? Attendre quoi au juste ? Dans une minute, elle se sera excusée pour le dérangement et aura déguerpi d'ici. Dans une minute, elle lui souhaiteras une bonne soirée, lui conseillera peut-être de ne pas se faire prendre comme elle a manqué de le faire. Dans une minute, mais tandis que les lanternes rendent à la pièces ses lueurs, tout projet de fuite s'oublie en un murmure ébahi.

« Wahou... »

Des livres. Partout, des livres. Quelques vieux manuels, sans doute les premiers occupants des lieux, empilés dans un coin pour faire office de chevet et le reste... Elle n'a jamais vu pareils titres dans les rayonnages de sa propre bibliothèque, mais tous en appel à un ailleurs qui l’électrise, soigneusement classés qu'ils sont. Le peu d'espace resté libre n'est qu'un doux amoncellement de coussins et d'oreillers, parmi lesquels elle croit reconnaître ceux de leur salle commune. Un petit espace coupé du monde, silencieux, calme. Si seulement le cagibis avait pu disposer d'une ouverture sur l'air libre, elle aurait volontiers supplier son occupant de lui prêter les clés d'un tel paradis qu'elle admire désormais telle une enfant émerveillée, alors même que sa main s'en vient chaparder au hasard l'un des ouvrages, l'ouvrant au hasard d'une ces centaines de pages le composant.

« L'avoir troublée? Non, c'est elle qui m'a troublé, nuit et jour, pendant dix-huit ans ... sans cesse, sans remords... jusqu'à la nuit dernière; et la nuit dernière j'ai été tranquille. J'ai rêvé que je dormais de mon dernier sommeil à côté d'elle, mon cœur immobile contre le sien et ma joue glacée contre la sienne. »  Elle n'a prêté aucune attention au manège environnant la réalité, pas le moindre semblant d'intérêt pour cet homme, pourtant si proche, se démenant à mettre de l'ordre dans ce qui ne lui semble en rien dérangé. Rien, avant que sa voix ne s'en vienne la tirer de ces quelques lignes volées au récit des Hauts de Hurle-Vent. Rien avant que son regard ne s'en vienne de nouveau capturer le sien. Quelques mots à peine pour signifier qu'il ne s'attendait pas à sa venue, comme si quoi que ce soit avait pu être prévu de leur rencontre. Comme si elle s'en était venue à l'improviste dans le logis d'un ami, dont elle s'en vient compléter la phrase laissée en suspens d'un ton mêlant le sarcasme à cette tendresse naturelle dont elle a le secret.

« A ce que quelqu'un te surprenne en pleine nuit dans une réserve de manuels scolaires ? »  

Rire étouffé et l'ouvrage rejoint sa place originelle, alors même que l'intruse recule du seul pas qu'elle puisse faire pour mieux balayer des yeux le décor empli par la stature athlétique de son occupant, à lui en faire se demander comment un tel corps peut se contenter de si peu d'espace. Dans une minute, elle sera sortie. L'idée s'est déjà pleinement envolée sans même qu'elle ne s'inquiète vraiment de la propre tranquillité du jeune homme. Inexplicable est cette sensation de devoir rassurer son interlocuteur, de devoir faire en sorte que ce visage perde ces formes mortifiées se dépeignant sur son visage. Kat tomberait des nues à la voir faire, elle s’enhardit pourtant auprès de lui d'un naturel avenant qu'elle se découvre en même temps que lui.

« Depuis qu'ils ont établi ce maudit couvre-feu, j'ai le sentiment de passer le plus clair de mon temps à agir comme une criminelle dans le seul but de trouver un endroit comme celui-ci, un endroit où on peut enfin respirer, être au calme sans avoir à subir l'omniprésence des autres à tout bout de champ. C'est incroyable ce que tu as su faire d'un si petit endroit... »

Ces mots étaient-ils bien pour lui ou s'adressaient-ils seulement à elle-même ? Le constat la pousse à s'excuser aussitôt, sa main s'en allant se cacher à sa nuque en signe de gêne. Douce Ielena d'une maladresse impossible à combattre et qui réalise soudain, un peu tard, l'étroitesse de la pièce tandis que le souffle agité de son premier occupant s'en vient effleurer sa peau. Se baissant tant bien que mal, sa main s'aventure à la recherche de son sac, le trouve, le repositionne dès lors à sa place originale sur son épaule. Dans une minute, elle sera loin. Dans une minute, elle se faufilera à nouveau dans l'obscurité afin de gagner son propre havre et le reste de la nuit ne sera qu'un paradoxal mélange de délectation et de peur qu'on ne vienne l'en déloger. Dans une minute, mais ses pas se refusent à vouloir quitter la pièce alors même que les mots qu'elle s'évertuait à trouver pour prendre congé de lui s'estompent avant même que d'avoir su se frayer un chemin à ses lèvres, ne formulant à la place qu'une question aussi simple qu'elle ne se flagelle à la trouver stupide l'instant qui suit.

« C'est quoi ton nom du coup ? »

Hésitation, reprise. Rien ne va plus déjà.

« Je veux dire, on est de la même maison mais je crois pas t'avoir déjà rencontré avant et là je te tombe dessus comme ça... Je m'appelle Ielena. J'étais à Durmstrang avant aussi et... Et je crois que je n'ai jamais été aussi intrusive de ma vie, désolé ! »

Deux idiots jouant auquel s’excuserait le mieux auprès de l'autre, voilà tout ce que leur échange aurait pu inspirer à un regard extérieur. Extérieur qui s'agite par ailleurs à nouveau, laissant résonner dans cet abris clandestin les bruits de pas claquant le sol mêlé à un échange qui, bien qu'éloigné, ne laisse aucun doute quant aux dires employés. « Une gamine brune avec des cheveux longs. Vérifier. La salle des duels. La tour d'Astronomie » Aussitôt, la mine de la Gryffondor se défait autant que la présence des préfets au dehors ne les avaient figés le temps que passe la tempête et que leur présence ne quitte l'étage pour de bon. La tour.Sa tour... Il ne lui restait plus qu'à rejoindre la masse. Encore, sitôt qu'elle se serait à nouveau excusée sans doute.






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Velkan Soloyev  & Ielena Dimitrova

Les étagères, les livres, le bord des coussins. Iéléna touchait à tout, fissurant la bulle qu'il avait mis cinq ans à construire entre elle et lui. Il avait travaillé tellement dur pour séparer sa vie en de jolis compartiments bien isolés les uns des autres. Pour que l'oisillon ne fasse pas disparaître Velkan. Pour que Velkan ne nuise pas à la mission de l'oisillon. Pour que la mission ne soit pas toute sa vie. Pour qu'il ait une vie. Mais la mission venait de faire une entrée fracassante dans son petit Lui, brisant tous ses repères, déstabilisant les limites de son univers. Venait-elle de tout gâcher ? Était-ce la fin de ce petit coin de paradis ? Était-ce la manière mesquine que les étoiles avaient choisi pour pour lui faire comprendre que Velkan ne devait plus faire qu'un avec sa mission ? Velkan le sentait en son fort intérieur, quelque chose venait de se terminer. De voler en fumée. Il n'aurait su dire quoi car il ne ressentait pourtant aucune tristesse. Il ressentait l'inquiétude de l'acteur sans son script, l'angoisse de l'impro. Il avait peur. Peur de perdre le contrôle. Peur de marcher pour la première fois dans une direction dont il ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants. Peur de vivre quelque chose qui n'aurait pas été chorégraphié pour lui depuis longtemps. Mais il pouvait encore éviter que les choses dégénèrent. Il pouvait ne rester qu'une rencontre parmi tant d'autres, un visage qu'elle saurait avoir déjà rencontré quelque part sans se souvenir où. Il pouvait rester un inconnu, un étrange épisode, un souvenir. Il pouvait rester invisible. Oui, voilà. La mission. Poursuivre la mission. « Depuis qu'ils ont établi ce maudit couvre-feu, j'ai le sentiment de passer le plus clair de mon temps à agir comme une criminelle... » Telle que Laszlo l'avait voulue... « dans le seul but de trouver un endroit comme celui-ci, un endroit où on peut enfin respirer... » De loin, sans souiller l'héritière de sa présence bâtarde... « Etre au calme sans avoir à subir l'omniprésence des autres à tout bout de champ. » La protéger, sans exister... « C'est incroyable ce que tu as su faire d'un si petit endroit... » Un fantôme dans sa vie... « C'est quoi ton nom du coup ? » N'être qu'un souvenir... « Je veux dire, on est dans la même maison et je ne crois pas t'avoir déjà rencontré avant et là je te tombe dessus comme ça... » Une err... « Je m'appelle Iéléna. »


Velkan releva les yeux et regarda la jeune fille. Pour la première fois, il la regarda vraiment. Derrière la moue moqueuse, derrière le regard brillant d'excitation, derrière l'héritière et tout ce qu'elle représentait pour d'autres. Sans pouvoir expliquer comment ni pourquoi, Velkan senti une profonde chaleur l'irradier. Des présentations. Le premier « bonjour » de sa déjà trop longue existence. A cet instant, Velkan ne sentait que trop les deux personnalités qui dormaient en lui. L'oisillon, soumis, loyal, n'aspirant qu'à retourner dans l'ombre et le confort d'une vie sans lumière. Et Velkan. Seul, si seul.

« Tu peux rester ici, si tu veux. Le temps que ça se calme. » Il se serra un peu plus contre le mur et libéra quelques coussins qu'il poussa dans sa direction. Il n'attendait pas qu'elle s'explique, ni qu'elle le remercie. Il avait passé suffisamment d'heures, de nuits, à la suivre, pour savoir ce qu'elle avait eu l'intention de faire ce soir là, et il était plutôt mal placé pour lui jeter la pierre. Il attendit que sa jeune invitée se soit assise plus ou moins confortablement pour se présenter à son tour.
« Je m'appelle Velkan. », dit-il en lui tendant une main assurée, beaucoup plus assurée que ce qu'il était lui-même.

Mal à l'aise, il semblait vouloir regarder partout sauf vers elle. Mais parfois ses yeux croisaient les siens pendant une seconde interminable. Un regard d'une perspicacité incroyable qui effrayait le jeune homme. Il avait toujours été intimement convaincu que la vérité passait par le regard. Si elle le regardait avec suffisamment d'insistance, si elle se plongeait dans ses yeux bleus, elle allait forcément comprendre. Comprendre qu'il n'était qu'une imposture. Comprendre qu'il n'était pas digne du moindre intérêt. Comprendre et le haïr. Le forcer à faire face à des émotions, des sentiments auxquels il n'avait aucunement envie de se confronter. Le forcer à assumer une vie de mensonges et de faux semblants, de servitude et de blessures, de faiblesses et d'errance. Non, il ne pouvait pas soutenir son regard. Il n'était pas prêt.
Pour éviter qu'un troupeau d'anges ne passe dans le cagibi, Velkan se racla la gorge.

« J'étais à Durmstrang, moi aussi. Mais j'y étais pas particulièrement plus... sociable.» Petit sourire d'excuse. Le premier. Coup d'oeil rapide à sa voisine. Pour meubler le silence, Velkan regarda l'heure sur le petit réveil de voyage posé sur l'étagère et donna un coup de menton en direction de la porte. « Ils vont tourner dans le secteur pendant encore vingt minutes, mais après ils iront à la salle des trophées, et tu seras tranquille. » Il haussa les épaules devant l'air surpris de Iéléna. « Des premières années se sont défiés en duel. Et ils ne sont pas du genre discrets. Ca ne m'étonnerai pas qu'on les entende d'ici. »

Le silence reprit ses droits, et cette fois Velkan n'essaya pas de le troubler. Il avait débité ces deux dernières minutes plus de mots que durant ces trois derniers jours. Son quota était atteint, il n'avait plus qu'à... se terrer dans un coin, éviter tout contact physique, tout contact visuel, auditif, olfactif... Bref, rien d'inaccessible dans un cagibi de deux mètres carrés.




©Aloysia
#09A0A2



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Velkan Soloyev  & Ielena Dimitrova

Tu peux rester, le droit t’en est donné. Etait-ce si étrange de la part d’un garçon de sa maison, approximativement de son âge, de proposer cela ? Sans nul doute que non, c’est ce que faisait les gens gentils. Les gens normaux. Peut-être prenait-il sur lui pour le lui proposer, peut-être n’avait-il aucune envie qu’elle reste et que son propos n’était ainsi dirigé que pour se plier aux usages sociaux de bases. Peu importe. Elle peut rester, au moins le temps de vouloir partir de nouveau et cela seul suffit à allumer une drôle de chaleur en son ventre car, de mémoire, jamais personne ne l’avait jamais rassurée de la sorte. Ici, en sa présence, son existence n’était ni un poids, ni une gêne, encore moins le témoignage d’une erreur qu’elle assumait au nom d’une mère qu’elle n’avait jamais connue. Tu peux rester, la preuve en est de ces coussins qu’il pousse en sa direction pour mieux la recevoir dans son monde. Tu peux rester. Ces trois mots désormais cognent et tambourinent, rallument le visage de cette étoile ne sachant briller. Rester, cela serait bien gênant pourtant. Pour lui, pour elle. Ils ne se connaissent pas après tout, mais dès lors que son côté a rejoint le sien sur le sol, qu’il entrouvre à nouveau les lèvres pour indiquer son prénom, elle croit déjà le connaître par cœur. Velkan ; et il lui tend la main. Une main qu’elle s’en vient presser dans la sienne avec douceur tel que le veulent les convenances. Une main grande et chaude qu’elle met trop de temps à lâcher sans doute car déjà, Velkan, pareil à une vague s’est éloigné et se renferme. Une vague, qui s’en vient, juste le temps de vous rafraichir de son écume et qui repart, voilà tout ce qu’il lui inspire en cet instant où le silence reprend ses droits. Mutisme qu’il se décide à condamner en ouvrant la bouche à nouveau. Durmstrang. A peine a t’il évoqué leur ancienne école que deux yeux bleus d’une rondeur parfaite le scrute. Comment était-ce seulement possible qu’elle ait pu manquer un être pareil dans une école deux fois moins imposante que celle dans laquelle ils se trouvaient désormais ? Cela n’a pas de sens, lui semble impossible. Seuls, si seuls l’un et l’autre, comment avaient-ils fait pour se louper et ne se trouver qu’en ces lieux où tout n’était qu’hasard et incertitude ? Pas particulièrement plus sociable, dit-il, les prêtant à sourire tous deux, mais cela ne parvient pas à la convaincre pleinement pour autant.

« Tu devais déjà être très doué pour te cacher également, ça me paraît presque fou de ne jamais t’avoir croisé là-bas. »


Avait-elle tenté de détendre l’atmosphère ? Les prémisses de son sourire semblaient bien l’affirmer, pour autant, elle voit désormais le menton de son hôte du soir désigner l’heure et ses premiers mots cognent à nouveau de façon plus cruelle. Tu peux rester, juste un temps. Un temps qu’elle a le sentiment de perdre en l’écoutant justifier ses informations à propos des rondes nocturnes se tramant au dehors et l’ayant menée là. Ce temps, elle pourrait en user pour mieux le découvrir, pour briser à son tour ses propres barrières et tâcher de tisser quelque chose, n’importe quoi avec lui. Si seulement elle avait été en mesure de faire ce genre de choses… D’aussi loin que remontaient ses souvenirs, le peu d’amis qu’elle avait su se faire se fondaient dans la ténacité qu’ils avaient eu à venir lui tirer le bras. Katarina la première. Aurait-elle aujourd’hui la chance de connaître pareil attachement pour quelqu’un si la jeune Azarova, à l’époque, ne s’était pas imposée si brutalement à elle ? Incapable. Faible. Tout le joli panel du vocabulaire humiliant des Dimitrov spécialement conçu pour elle s’en vient faire le tout de son être dans un brouhaha l’acculant, mais Kat. A Kat elle avait juré de se montrer plus forte. A Kat elle avait juré que d’une façon ou d’une autre, par elle-même, elle atteindrait cet état de vaillance qu’elle avait passé une vie entière à envier aux autres et ce garçon était le parfait cobaye à cette entreprise. Un garçon de sa maison, de son ancienne école. Un garçon comme elle, qui préférait les recoins sombres et isolés de la masse plutôt que la chaleur encombrante des dortoirs. Alors, sans la moindre compassion pour ce silence qu’il a laissé, elle voudrait suivre le fil d’Ariane, qu’importe l’obscurité, en vain. Elle n’a jamais rien de l’âme de ces êtres fait pour se lier aux autres, n’a pour elle que la maigre faculté d’espérer un avenir moins rude. Des espoirs futiles et des rêves irréalisables à son échelle, voilà tout ce qu’elle possédait. Elle se contente alors d’appuyer son propos d’un son de gorge approbateur. Oui, sans doute les entendront-ils. Coup d’œil à la montre, dans vingt minutes, elle sera partie, sans rien laisser derrière elle que ce sentiment désagréable de courant d’air. Coup d’œil à ces livres sur les étagères, dans vingt minutes, elle en aura oublié les titres. Coup d’œil à Velkan. Dans vingt minutes ; et son regard s’en vient alors découvrir dans un nouvel éclat de stupeur un petit morceau de papier plié trônant sous l’ouvrage de Dumas. Pas une once de pudeur dans le geste de celle qui l’a déjà chevauché quelques instants plus tôt et s’immisce un peu plus loin encore dans la bulle de son hôte. Telle une enfant chapardeuse, ses doigts s’en viennent sans politesse se saisir du petit oiseau de papier si malhabilement dissimulé, le portant à ses yeux avec un émerveillement palpable, comme une enfant… Une enfant devant le plus précieux des trésors.

« Je pensais pas revoir ça un jour ! »

Elle caresse, Ielena Dimitrova, ce petit morceau de papier corné à l’aile pour mieux marquer la page, ce petit objet de rien qui soudain la ramène cinq années en arrière. Auprès d’elle, l’homme a l’air sur le point de s’évanouir son beau regard bleu foncé comme deux billes incrédules. Elle réalise alors la portée de son geste, se désagrège intérieurement de honte, son visage passé du teint opalin au presque cramoisi en un rien de temps.

« Pardon, tu dois me prendre pour une dingue… »


Aux excuses, on apprend plus tard à l’enfant qu’il faut agir pour mériter un pardon. Elle n’en fait rien. Quoi que désolée de son comportement infantile, l’animal de papier ne quitte pas ses doigt, n’enlève rien à cette tendresse infinie se glissant dans son regard alors que s’ouvre son cœur et avec lui, le souvenir le plus cher à son existence.

« Quand je suis arrivée à Durmstrang, mon grand-frère y était déjà depuis quelques temps et je me suis souvent retrouvée au milieu d’ennuis. Comme toi je ne cherchais pas forcément les autres mais eux savaient toujours me trouver et ça ne se terminait jamais bien. Tellement qu’un soir, je me suis mise à pleurer plutôt que de ramasser mes affaires. Je me sentais seule, j’étais triste et alors des petits oiseaux de papiers comme celui-ci sont apparus et le chagrin était passé. Je sais que c’est idiot comme histoire, ce n’était que des bouts de papiers flottant, mais… »

Un sourire. Une lueur, posée sur sa voix faiblissant.

« Mais ces petits bouts de papier m’ont sauvée ce soir-là. Ils m’ont rappelé que même lorsqu’on est profondément malheureux, il y a toujours quelqu’un auprès de nous, même si on ne le voit pas et qui est là. Qui le sera toujours. »


Teo. Peut-être était-ce ce jour-là qu’elle en était sincèrement tombée amoureuse. De lui, de sa personne si versatile. Un pourri selon les dires de sa sœur, un héros à ses yeux, capables d’insulter autrui dans l’heure et de faire voler des petits oiseaux de papier consolateur la suivante. Quelle douce coïncidence que de se retrouver face à ces mêmes oiseaux ce soir, auprès de ce parfait inconnu aux nombreux traits communs aux siens et pour l’en remercier, inconsciemment, la fille du Griffon donne un coup de pied dans la fourmilière, là où elle croyait apaiser une âme.

« Même toi qui te dis associable, je suis certaine qu’il existe quelqu’un près de toi qui peut te faire ressentir cette chaleur. »

Faut-il une vie d’Enfer pour qu’un sourire aussi tendre que le sien puisse se dessiner sur un visage ? Faut-il une vie passée à rêver au ciel, à l’oiseau, pour que ce dernier comprenne qu’il suffisait d’ouvrir ses ailes ?






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Velkan Soloyev  & Ielena Dimitrova

S'occuper. Velkan devait s'occuper. Prenant un air qui lui semblait détaché mais qui ne trompait personne, il se tourna vers la seule distraction que lui offrait la pièce : les livres. Il laissa sa main glisser sur les reliures qu'il connaissait par cœur, lisant les titres sans les voir. « Tu devais déjà être très doué pour te cacher également, ça me paraît presque fou de ne jamais t'avoir croisé là-bas.» Tout son corps se figea et il senti ses joues s'enflammer de honte. Comment réagirait-elle si elle découvrait que non seulement il était doué pour se cacher, mais qu'il avait utilisé ce talent pour l'épier ? Pour la première fois de sa vie, Velkan se trouvait confronté aux conséquences de sa loyauté envers Laszlo. Sa mission avait toujours impliqué le secret, la dissimulation, la solitude. Velkan avait appris à vivre avec cette idée. Mais pas avec le mensonge. Pas avec la tromperie, et l'hypocrisie. Il avait appris à se défiler, à faire diversion, mais pas à regarder quelqu'un dans les yeux pour mieux l'enrober de ses fables. A cet instant, le regard toujours fixé sur sa bibliothèque improvisée, Velkan sentit les affres de la culpabilité se répandre en lui comme une traînée de poudre, pour ne plus jamais le quitter. Etait-il face à un choix ? Se trouvait-il devant l'un de ces embranchements qui change le cours de votre à vie à jamais ? Etait-ce un nouveau test pour mettre sa loyauté à l'épreuve, ou bien une nouvelle fourberie du destin ? Devait-il mentir pour Laszlo, dire la vérité pour Iéléna ? La vérité... la malheureuse vérité était qu'il se trouvait bien incapable d'assumer ses responsabilités. Incapable d'assumer cette vie de manipulations. Incapable d'assumer sa propre existence.

Velkan serra les dents, et tout en évitant soigneusement de croiser le regard de sa colocataire de fortune, il prit « Les trois mousquetaires », et se rassit à sa place. Lire. Voilà une occupation digne d'intérêt. Une occupation qui lui éviterai d'avoir à mentir. Une occupation qui éviterai à Léna de se sentir obligée de lui faire la conversation. Et tant pis si elle devait le trouver grossier, il préférait être mal élevé que malhonnête. Peut-être que si il lui était suffisamment antipathique, tout rentrerai dans l'ordre. Elle éviterait tout nouveau contact avec lui et il n'aurait pas à lui mentir. Oui, si il était suffisamment détestable, suffisamment froid, alors...« Je pensais pas revoir ça un jour ! »

Surpris dans ses pensées par la voix de la jeune femme, Velkan releva automatiquement la tête vers elle et s'arrêta de tourner frénétiquement les pages de son livre. Alors qu'il était rouge de honte cinq minutes avant, le voilà qui devenait maintenant blanc de peur. Ses oreilles se mirent à bourdonner, et il sentit chaque pulsation de ses veines résonner dans sa tête. Il aurait juré que sa vue se brouillait, pourtant il voyait avec une précision presque médicale les contours de son petit oiseau de papier. Léna parlait, racontait une histoire qui sonnait comme une légende. Il en connaissait les moindre détails et pourtant il avait l'impression de l'entendre pour la première fois. Peu à peu, il se laissa bercer par la voix de l'adolescente, et son rythme cardiaque s'apaisa. Il regardait Iéléna, le visage penché sur cet origami ridicule, les yeux pétillants de tendresse. Elle était toujours là, la petite fille assise sur les marches de pierre, et elle se souvenait de lui. A sa manière. Velkan pencha la tête sur le côté pour mieux la voir, et un discret mais doux sourire apparu contre son gré sur son visage. Ce bout de papier, c'était lui. Et personne ne l'avait jamais regardé avec autant de plaisir dans les yeux. Il ne désirait rien de plus. Quand enfin elle releva les yeux vers lui, il soutint son regard pendant un instant. Voulait-il inconsciemment qu'elle fasse le rapprochement entre cet oiseau et lui ? Ou bien cherchait-il à capturer, rien qu'une seconde, le visage de son plus précieux souvenir ?

« Même toi qui te dis associable, je suis certaine qu'il existe quelqu'un près de toi qui peut te faire ressentir cette chaleur. »

Glaçante, l'image de Laszlo et de sa canne en acajou  remplaça le visage de Léna. Il avait payé cher chaque sensation de chaleur, chaque geste affectueux. Trop cher pour que le jeu en vaille la chandelle. Quelqu'un près de lui ? Les autres oisillons, bien qu'attentionnés, avaient leurs propres traumatismes à gérer. Et le professeur Wojtaski, malgré toute l'aide qu'elle avait apporté à Velkan, avait d'avantage vu en lui un moyen de surmonter ses propres blessures, qu'un petit garçon à protéger. Son regard se perdit dans ses pensées alors qu'il réalisait douloureusement que personne n'avait jamais été à ses côtés sans attendre une certaine contrepartie. Cela ne le rendit pourtant pas malheureux, tout juste un peu peiné, car il comprenait. Il n'était pas un garçon franchement digne d'intérêt. A peine ordinaire, au mieux complètement banal. Une éponge qui s'approprie les qualités des autres pour se donner du corps, de la consistance. Une mauvaise imitation. Il ne méritait pas d'avantage que ce qu'il avait reçu, et cette constatation l'apaisa.

Velkan baissa les yeux sur son livre, serein, tournant avec douceur les pages pour trouver l'endroit où il avait arrêté sa lecture, souriant d'un air insouciant bien que légèrement mélancolique. « Je n'ai pas cette chance, non. » répondit-il en regardant Iéléna qui serrait toujours le petit origami entre ses doigts. « Garde le. J'en ai plein d'autres. C'est... une de mes nombreuses manies. J'en glisse dans tous mes livres. » Et comme pour joindre le geste à la parole, il lui montra le petit oiseau qui marquait la page du roman qu'il tenait entre ses mains. Oubliée l'idée d'être odieux, froid, antipathique et détestable. Il ne se souvenait même pas y avoir pensé. De la simplicité. Voilà ce qu'il désirait maintenant. S'enfoncer dans ces coussins, à la lueur des candélabres, et lire. Avec elle. Peut-être. Si elle en avait envie. Simplement. Poussé par un espoir soudain, Velkan se redressa et désigna sa petite collection. « Les livres... c'est dans les livres que je trouve la chaleur dont tu parles. Même si c'est... différent. J'imagine. » Il s'éclaircit la voix et rougit légèrement, gêné par sa propre inaptitude à faire la conversation, et attrapa le livre que Léna avait commencé à feuilleter quelques instants plus tôt. Il passa sa manche sur la couverture des ''Hauts de Hurlevent'' pour en chasser la poussière installée et le tendit timidement à Léna. « Tiens ! C'est, hum... c'est l'un de mes romans préférés. Enfin, ce sont tous mes romans préférés, mais... celui-là, est vraiment bien. Non, ils sont tous vraiment bien, hein !! Mais il est... je sais pas comment dire... c'est... ça pourrait te plaire. Je crois. Si tu as envie de le lire. »

A nouveau, Velkan se sentit rougir. Il passa la main dans ses cheveux en bataille et essaya de se concentrer sur son livre. En vain.


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