the night is dark and full of terrors (andrew&cassie)

Le monde est cruel. La vie est cruelle. On nous la donne, sans mode d'emploi ni instruction. On nous la tend, nullement comme une aimable proposition à laquelle on aurait le droit de refuser, mais comme une obligation. On nous force à vivre, et après à respirer. Respirer l'air qui nous entoure, malgré l'infection qu'il héberge. Cette substance invisible bien que nauséabonde appelée oxygène, qui insuffle en nous le goût du monde. Et quel monde, quand on sait ce qu'il abrite et ce qui rend l'atmosphère si étouffante ? Les hommes ne prêtent aucune attention à ce qui les entoure, car plongés dans leur misérable existence, ils ne voient plus l'essentiel. Ils se plaignent que le Ciel est injuste, qu'ils ne comprennent pas ce que veut le destin. Comme au tout premier jour, ils ne sont pas convaincus de pouvoir résister. D'avancer. Mais ils luttent, de toutes leurs forces, afin de préserver leur destinée. Certains sont plus persévérants que d'autres et s'en sortent, non sans avoir fait passer leurs propres intérêts avant ceux des autres. Alors que le reste se meure d'avoir consacré tout son temps à autrui. La vie nous fait tous semblables, c'est le sens qu'on lui donne qui nous rend différents. Cassandre était loin d'être une sorcière aussi intelligente qu'Harry Potter ou Dumbledore, mais elle avait au moins compris cela. Elle avait voulu rendre sa vie différente. C'est en rejoignant l'AD qu'elle était enfin devenue elle-même. Cette jeune fille effrontée, maladroite, rêveuse et parfois un peu trop bavarde. Cassandre n'avait pas choisi la magie noire pour se différencier des autres, ni la dragomagie, ou la médicomagie. Ces matières, ces domaines rendraient les personnes qui les ont choisies si importantes aux yeux du monde des sorciers. Non, Cassie, voulait simplement être elle-même. Elle ne voulait pas supporter la guerre. Il y avait déjà eu trop de dégâts. Alors, il fallait rendre la vie moins cruelle. Et pour se faire, Cassandre connaissait les meilleurs remèdes.

Pour cette raison, la jeune rouquine passait son temps à flâner dans le parc, près du lac, dans la forêt ou dans les serres. Parce qu'elle voulait rendre à la nature ce qu'elle méritait, de l'attention et de l'amour. C'était aussi ce que méritait chaque être vivant. Et de l'amour, Cassie en avait en quantité. Le sourire aux lèvres, elle s'engagea dans le parc du château. La nuit était tombée, mais elle savait qu'elle ne craignait rien. Les premières soirées à Poudlard promettaient d'être mouvementées. Les élèves se retrouvaient, certains avaient pleurés de joie. Les professeurs devaient sans doute fêter ça aussi. Elle, elle avait envie de prendre une petite pause auprès des étoiles. Elle aimait croire encore aujourd'hui, qu'en se connectant aux étoiles, une vision pourrait lui parvenir et la traverser. Elle avait de l'espoir la petite. Et pour se donner encore plus de chance, elle allait se soulager avec une cigarette spéciale, pour commencer. Cassandre connaissait des dizaines de drogues, mais la plus douce était le cannabis. Cette drogue moldue était finalement une belle trouvaille. Malgré tout, elle en avait des plus fortes, mais elle les gardait toujours pour plus tard. Là, la jeune femme s'installa sur l'herbe, à l'orée de la forêt, en ayant le château face à elle. Elle admira la beauté du lieu, et soupira, elle était heureuse d'être de retour. Elle alluma enfin sa cigarette, rien n'aurait pu gâcher cet instant.

Cela faisait maintenant une petite heure qu'elle était installée dans cette petite prairie, adossée contre un arbre. Elle regardait les papillons voler et une pensée légère et poétique lui vint à l'esprit. Elle s'aperçut que la lune brillait de mille feux et elle supposa qu'il était plutôt tard. Elle lança un sort à son joint, pour que la fumée prenne différentes couleurs. Cassandre adorait transformer les objets qu'elle utilisait, et voir la fumée passer du vert, au bleu, puis au rouge, en dansant et formant des formes psychédéliques lui donnait des frissons. Elle était comme ça Cassandre, elle ne se prenait pas la tête et passait le plus clair de son temps à essayer de passer de l'autre côté. Pour enfin  accéder au savoir de la divination, et déclencher son troisième œil. Parce qu'elle était persuadée qu'elle en possédait un. Parfois, on la traitait de folle, parfois on la craignait ou l'admirait. Pour ces raisons, Cassandre aurait pu être envoyé à Gryffondor. Mais le choixpeau avait vu en elle ce courage que les serpentard n'avaient pas de la même manière, et c'est pour cette raison qu'elle était allée chez les rouge et or. Sa famille. Et certains lui manquaient. Elle pensa automatiquement à Fred Weasley, mort pendant la Grande Bataille. Elle avait vu son corps sans vie, et elle avait pleuré à côté de Georges. Les jumeaux avaient été ses meilleurs amis, et elle avait du mal à accepter qu'ils ne seraient plus jamais réunis. Alors, elle fumait pour leur rendre hommage. Elle tira une nouvelle fois sur son pétard, et soudain elle aperçut de la lumière. Elle crut d'abord voir une sorte de halo lumineux, qui l'aveuglait presque. Elle pensa à un miracle, un messager qui venait lui apporter ses pouvoirs. Et finalement, plus la lumière avançait, plus elle dut se rendre à l'évidence. Elle était défoncée, et avait pris un simple adulte de Poudlard pour une hallucination. L'adulte en question se rapprochait d'elle, mais elle n'eut pas le temps de bouger ou dire quoi que ce soit. « Vous, là ! » Il l'arrêta net. Cassandre connaissait les punitions à Poudlard, les heures de retenue, ou les devoirs à rendre. Avec Hagrid, l'ancien garde-chasse, Cassandre s'était toujours débrouillée pour ne pas avoir de problèmes, même si elle les attirait sans cesse. Mais apparemment, Hagrid était parti, et un nouveau garde chasse était arrivé. Elle fronça les sourcils. « Le couvre-feu est dépassé. Rentrez dans votre salle commune ou je devrais v- Cassie ? » Comment connaissait-il son prénom ? Elle était surprise, mais une fois qu'il ne visait plus le visage de Cassandre avec sa lampe ; elle put le reconnaître. Andrew Prescott, un ami d'enfance qu'elle n'avait pas vu depuis sa première année à Poudlard. Apparemment, il avait fait le tour du monde, du mois c'est ce qu'on racontait. Elle se souvenait des remarques que certaines de ses camarades avaient faites concernant le nouveau garde chasse. « Il est trop mignon ! » ou « Au moins, il ne risque pas de nous écraser ! ».

« Qu'est-ce que tu fais dehors à cette heure ? » Andrew se rapprocha d'elle, déterminé. Apparemment, ses nouvelles fonctions lui tenaient vraiment à cœur. « Tu sais que c'est dangereux. Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fumes ? » Il s'installa à ses côtés, et Cassandre pu le regarder comme elle voulait. Il n'avait pas vraiment changé depuis le temps. Il avait toujours ses deux fossettes qui entouraient sa mâchoire, et les cheveux en bataille. Depuis qu'ils étaient enfants, elle le connaissait. Leurs parents étaient amis et collaboraient parfois ensemble. Cassandre avait été amenée plusieurs fois à le rencontrer, et souvent ils s'étaient entendus comme frères et sœurs. Ils avaient tous les deux un goût prononcé pour les créatures magiques. C'était grâce à Andrew qu'elle avait pris cette matière en option en troisième année. Mais elle ignorait complètement qu'il travaillerait à Poudlard cette année. À vrai dire, elle n'avait pas eu de nouvelles de lui depuis un moment. Elle avait entendu parler de la mort de la perte qu'il avait eu après la guerre, mais elle n'avait pas cherché à le contacter. Elle ignorait même si il avait survécu à la guerre, lui aussi. Et désormais, il était là, près d'elle, en train de lui expliquer ce qu'il était dangereux de faire. Alors qu'avant, il lui racontait comment faire les bêtises les plus extraordinaires à Poudlard. À cette pensée, Cassandre éclata de rire. « Andrew ! Qu'il est bon de te voir ! Je peux te retourner la question : qu'est-ce que tu fais là ? » Elle riait tellement, qu'une larme s'échappa de son œil gauche. Une larme qu'elle voulait dédier à Fred, qui aurait certainement ri aussi. « C'est pas mauvais ! Tu en veux ? » lui dit-elle en lui tendant la cigarette qu'elle avait ensorcelé.  

Cassandre n'avait pas de grand frère, elle était fille unique. Elle avait quelques cousins, mais elle n'était pas vraiment proche d'eux. La jeune fille avait du apprendre à grandir seule, sans être guidée par des aînés qui auraient pu lui donner de précieux conseils, ou l'embarquer dans des plans foireux. Personne ne veillait sur elle de cette manière, et pourtant le regard qu'Andrew lui adressait à ce moment là semblait être le regard d'un grand frère pour sa petite sœur. Andrew était un voyageur, un aventurier qui avait du différentes vallées, rencontrer des tas de sorciers et appris des coutumes très variées, du moins c'est comme cela que Cassandre le voyait. Avec des yeux ronds, elle l'observa s'assoir près d'elle, et quand il eut entendu sa question, il haussa les épaules comme si la réponse était évidente. « Je bosse ! Je suis garde-chasse ici, tu le savais non ? Et je vérifie que des élèves imprudents ne restent pas trop tard dehors. Je devrais te punir pour ça... »  La menace était très faible. Cassandre n'aimait pas les traitements de faveur, mais elle savait bien qu'Andrew aurait du mal à la punir, alors que lui-même dans sa jeunesse avait du décider de sortir en pleine nuit pour observer le parc. Le connaissant et connaissant sa passion pour les créatures, il devait certainement s'armer de sa loupe pour chercher des insectes de nuit magiques. En l'imaginant habillé comme un explorateur, Cassandre eut envie de rire à nouveau. « Dis-moi plutôt ce qui t'amène ici... T'as pas l'air prête à fouler les sentiers de la forêt pourtant, pourquoi venir si près ?» Au même moment, elle le vit qui la regardait avec un air plutôt curieux. Il avait sans doute remarquer la larme qui avait coulé le long de sa joue. Elle ignorait ce qu'elle pouvait bien lui répondre, elle même ne savait pas ce qu'elle foutait là. « ...Qu'est-ce que c'est ? » L'odeur avait chatouillé les narines du nouveau garde chasse, et il se demandait certainement ce que Cassandre pouvait bien lui tendre. Cassandre avait cru qu'il ne serait pas assez gonflé pour goûter à son mélange, mais elle avait eu tord. Andrew apporta la cigarette à ses lèvres et inspira la fumée... la recracha aussitôt en toussant. « Par Merlin, qu'est-ce que t'as mis là-dedans ? » Cassandre riait à nouveau. Pourtant, les toussotements ne semblèrent pas décourager Andrew, puisqu'il tira à nouveau sur la cigarette, cette fois avec plus d'assurance. Le voir ainsi la tête en arrière donna à Cassandre la possibilité de se détendre à nouveau. Il n'avait plus l'intention de la renvoyer dans son dortoir. « C'est marrant qu'on se revoit seulement maintenant, à Poudlard. Je me rappelle quand t'étais toute petite... Tu m'arrivais à peine au torse. T'as vraiment changé. J'aurais du te contacter plus tôt... » Cassandre s'éloigna du parc, vagabondant dans ses pensées. Elle se sentait autant coupable qu'Andrew, de ne pas lui avoir donné de nouvelles, de ne pas en avoir pris non plus. « Oui, c'est passé tellement vite aussi... » Elle soupira. Trop de choses s'étaient déroulés pendant toutes ces années, et finalement tout cela pour que les gens meurent. Et pour qu'elle n'ait toujours aucune vision. Elle tendit la main vers le pétard que tenait toujours Andrew, alors que ses manches étaient remontées au-dessus de son coude.  « Alors ça te plaît ? »  Après quelques instants, elle se lança.« J'ai appris pour ton père... » Avait-elle bien fait d'en parler ? La jeune femme ne savait plus trop sur quel pied danser. Andrew et elle semblaient être à des années lumières désormais.

Ce moment était gravé dans le temps, gravé dans la roche, et ils s'en souviendront tous les deux. Jamais Cassandre n'avait imaginé qu'Andrew, le beau Andrew de Serdaigle qui prenait soin d'elle lors de ses premières années à Poudlard, serait maintenant garde-chasse dans cette même école. Elle trouvait que cela lui allait bien, mais elle ne pouvait pas s'arrêter de penser que revenir à Poudlard pour lui était une mauvaise idée. Il y avait eu trop de morts, trop de monstres, trop de pertes dans cette école. Même elle qui considérait le château comme sa deuxième maison ne la considérait plus de la même façon aujourd'hui. Il faudrait du temps, et la guerre avait détruit plus d'une relation. Mais peut-être pourrait-elle en renouer ? Ils s'étaient retrouvés après tout, après tout ce temps... Elle lui offrit un beau sourire alors qu'il lui tendit à nouveau la cigarette ensorcelé. Elle avait hésité à lui parler de son père, après tout cela ne la regardait pas, mais elle voyait bien que dans ses yeux il avait besoin d'évacuer tout cela. Et le pétard aidait, c'était évident. « J'ai... j'ai rien pu faire pour lui. J'ai essayé, mais... » Ce sentiment d'impuissance, Cassandre le connaissait. Après tout, l'un de ses meilleurs amis était tombé lors de la Bataille. Elle n'a rien pu faire, et pourtant chaque jour elle y pense. Elle pense à son rire, son sourire, ses idioties aussi. Elle s'en veut, se sent coupable, mais la vie est ainsi. Elle ne peut pas revenir en arrière, et Andrew non plus. « J'ai eu l'impression d'avoir de nouveau huit ans et de manier une baguette pour la première fois de ma vie. J'devrais pas être ici, tu sais. Je voulais rejoindre les Aurors pour les retrouver. Mais ma mère m'en a empêché. Je suppose qu'on avait tous déjà subit trop de pertes... » Elle comprenait tout à fait ce qu'il voulait dire. Elle ne pouvait que l'écouter, parce qu'elle n'avait pas de formules miracles pour le faire aller mieux. Elle aussi aurait aimer se rendre utile pour les punir tous. Pour qu'ils paient tous pour ce qu'ils avaient fait. Mais on lui avait dit qu'elle était trop jeune. Alors, elle se sentait inutile pour tout. Elle n'avait même pas réussi à déclencher son don de medium, et elle commençait à désespérer. Si les atrocités de la guerre n'avaient pas réussies à le faire, qu'est-ce qui pourrait bien fonctionner ? « Et toi ? Tu t'en es sortie ? » C'était au tour de Cassandre de regarder dans le vide. Elle choisissait soigneusement ses mots. Pour dire une parole sage pour une fois. Avec Andrew, elle pouvait parler librement. Et ce fut comme si ils ne s'étaient jamais quittés, comme si tous les deux avaient toujours gardés contact. « Je crois que l'on ne peut pas vraiment s'en sortir. Les images resteront à jamais gravés. Les cris seront toujours une mélodie horrible qui sonneront à nos oreilles les soirs où l'on y pensera trop. On ne peut pas vraiment s'en sortir, mais pourtant on est vivant. Et pas d'autres. Mais il faut vivre pour eux alors, il faut leur rendre hommage et se battre pour eux. » Une larme s'échappa de son œil, une seule. Elle voulut la retenir, mais elle était partie sans lui demander la permission. Comme ceux qui étaient morts pendant la bataille. « Je me bats chaque jour tu sais... Et je veux croire que ce n'est pas en vain. » Elle ignorait de quoi elle parlait précisément à cet instant. De la vie ? De ses dons de medium ? De la guerre ? Cassandre avait l'esprit flou.