Heaven help us | Flynn

Willa était planquée.

Elle était planquée, et accessoirement, elle avait manqué un cours ce matin-là. Parce qu'elle n'en avait pas envie. Parce qu'elle avait juste besoin d'être seule, et rien de plus. Parce que, ces derniers temps, c'était comme cela qu'elle vivait. Elle cherchait toujours des endroits où se cacher de la foule, des autres élèves. Depuis la mise en place de ces règles stupides, la jeune femme était sans cesse occupée à trouver un moyen de contrer ce règlement, qu'elle était loin d'approuver. Sa liberté, déjà limitée, lui manquait terriblement.

La nuit dernière, elle avait affreusement mal dormi. Cauchemars en tout genre, dont généralement, elle était la martyre, l'accusée. Elle finissait à Azkaban, pour tout le reste de sa vie, ou subissait le baiser d'un détraqueur. La Suédoise s'était réveillée en pleurs, en sueur, au beau milieu de la nuit, faisant sursauter le reste du dortoir. Ils avaient rouspété, elle n'avait rien dit, trop choquée par cet énième rêve maudit. Elle n'avait pas fermé l'oeil jusqu'au matin. Quand tout le monde s'était levé, elle venait à peine de s'endormir. Elle avait mine de s'habiller, puis était retombée dans les bras de Morphée, pour quelque minutes encore. La jeune femme s'était finalement résignée à vraiment se lever. Elle était déjà en retard, alors elle avait décidé de ne pas se rendre à son cours. Elle irait expliquer cela plus tard... peut-être au professeur Lovecraft. Peut-être pas. Les détails étaient assez horribles pour que Willa y repense. Ce cauchemar était récurrent, et cela l'emmerdait royalement.

Au lieu de se rendre en classe, la Serpentard avait décidé de se rendre dans les cachots. C'était un endroit qu'elle aimait fréquenter de temps en temps, car il était grand, et il y avait beaucoup de recoins où s'installer. Elle sortit en trombe du dortoir, puis, faisant en sorte de ne tomber sur aucun professeur/Auror/truc dans la grande bâtisse, elle se dirigea vers les cachots. Dieu merci, c'était près des dortoirs : elle n'avait pas beaucoup de chemin à parcourir.

Willa arpentait les cachots, tandis qu'elle regardait autour d'elle pour trouver l'endroit où elle préférait passer du temps. Non trop loin de l'entrée des cachots, elle se cacha dans un recoin, où elle pouvait s'asseoir. Sa petite taille et son corps fin faisaient qu'elle ne pouvait pas être de vue de l'entrée. C'était un peu le but. Alors, elle s'assit et commença à broyer du noir. Elle broyait du noir, constamment, notamment après avoir cauchemardé toute la nuit. Elle se sentait désarmée. Désarmée face à cette phobie qui prenait possession d'elle, sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit, notamment dans son sommeil.

Alors, assise, elle sortit la lettre qui était la source de toute sa tristesse et de sa mélancolie, et elle se mit à la relire. Chaque mot faisait écho dans sa tête et à force, elle les connaissait par coeur. Plus rien n'existait autour d'elle, sauf le papier abîmé qu'elle chérissait tant.

La jeune femme abusait.

Elle le savait, pourtant. Elle le savait, qu'un jour, cette maudite lettre la rendrait folle. Willa ne passait pas une seule journée sans, s'amusant à la froisser, à la défroisser. C'était à peine si on pouvait lire ce qu'il y était écrit. Heureusement, la magie était là pour la remettre en état quand la jeune femme l'avait, à plusieurs reprises, détruite de ses mains. Souvent, alors qu'elle est assise dans la Salle Commune des verts et argents, elle se mettait à s'imaginer comment elle aurait vécu sans savoir l'existence de ce foutu morceau de parchemin qui avait chamboulé sa vie. Peut-être qu'elle se comporterait différemment si elle n'avait pas appris des années de mensonges grâce à une foutu lettre. Elle leur en voulait, à ses parents. Aux deux, à ses parents biologiques et à ses parents adoptifs. Les premiers pour son abandon, les seconds pour les traitements et leur manque d'amour. Cette lettre, elle la maudissait comme elle la chérissait. Ces deux sentiments contraires se battaient dans sa tête.

Tellement éprise du morceau de parchemin, la jeune femme ne remarquait pas le brouhaha qui émanait de l'entrée du cachot. Pourtant, il y en avait du bruit. C'était souvent ainsi lorsqu'elle était coincée dans ses pensées, loin, très loin. Elle est au sol, les yeux fixés sur la lettre : plus rien n'existe autour d'elle. La Suédoise entend à peine lorsque quelqu'un lui adresse la parole. « Oh, hey. » Wila ne bougea pas - elle se pensait encore et toujours seule. Elle l'était depuis tellement de temps, que ce soit dans les cachots ou dans sa vie de tous les jours. La Serpentard était habituée, à ces journées monotones, où elle n'adressait la parole que lorsqu'elle y était obligée. Le pire dans tout ça, c'est qui lui arrivait de se plaindre, de sa solitude, alors qu'elle faisait tout pour vivre comme ça.

Ce n'est que lorsque la personne lui adressa la parole pour la seconde fois que la jeune femme remarqua qu'elle n'était plus seule dans le fin fond des cachots. « T'as pas l'air bien, ça va ? » Willa eut un mouvement de recul en voyant la personne accroupie à côté d'elle - un élève visiblement. Un élève qu'elle avait déjà vu d'ailleurs, mais impossible de se souvenir de se souvenir de qui il était. La seule chose qu'elle pouvait savoir, c'était qu'il était de la maison Gryffondor - à la vue de sa cravate aux couleurs de la maison des lions. Instinctivement, la seule chose qui lui vint à l'esprit c'est de planquer la lettre derrière son dos, comme une enfant qui avait fait une bêtise et qui ne voulait pas se faire prendre. « Oui, ça va. » Elle avait été froide, froide comme de la glace, involontairement. Bien sûr, elle mentait et le mensonge était idiot, tellement prévisible. Elle le regardait et elle se souvint de l'unique chose qu'elle avait partagé avec lui. Il y a quelques temps déjà, ce Gryffondor avait trouvé drôle de transformer les tables de la bibliothèque en animaux maris. Bien sûr, pile poil quand Willa travaillait. Cette dernière, dans une colère noire, avait beaucoup pesté contre lui... et c'était ramassé une belle retenue pour avoir hurlé. Elle lui en avait beaucoup voulu, et n'avait pas hésité à le lui faire savoir. « Alors, tu fais quoi là ? Encore une blague de merde à faire ? » La jeune femme était vache, mais elle n'était pas sérieuse. Willa pestait encore contre lui, même si cet incident était loin derrière elle. Elle ne pouvait donc pas s'empêcher de jouer un minimum avec la provocation. Petit rictus au bout des lèvres, la Suédoise espérait juste qu'elle ne serait pas, une nouvelle fois, la victime de ses blagues douteuses.

Elle mentait, et c'était sans doute aussi gros que son nez au milieu de sa figure.

En même temps, Willa avait des années de pratique dans le mensonge. Elle mentait aux autres, et à elle-même. C'était un moyen pour elle de toujours cacher les choses qu'elle ne souhaitait pas exposer aux yeux de tous. Peu de gens savaient qu'elle avait été adoptée - par exemple, parce qu'elle ne ressentait jamais le besoin d'en parler. Puis, elle n'avait pas énormément d'amis proches pour pouvoir leur en parler, mais ça, c'était entièrement de sa faute - ou presque. Elle était exécrable, avec tout le monde. Elle avait ces moments où elle était un peu près fréquentable (comme là) et ces moments, qui étaient beaucoup plus présents, où juste la vue d'un élève dans son espace personnel était un crime. Souvent, la jeune femme hurlait sur l'élève en question, et ça se terminait mal. C'était la principale raison de cette réputation de gueularde et de personne désagréable qu'elle avait dans le château.

La Suédoise froissa la lettre, cachée derrière son dos, entre ses doigts fins, dans un bruit désagréable de papier froissé. putain c'est logique Elle se sentait toute petite devant le Gryffondor. « Oh, t'en fais pas, elle est déjà faite ! » La jeune femme le voit sourire, et ne peut s'empêcher d'avoir un sourire gêné. Tant qu'elle n'était pas la victime de ses conneries, cela lui allait, même si elle trouvait cela un peu abusé. Ce gars avait une facilité de dingue pour se foutre dans des problèmes, uniquement pour son amusement personnel, visiblement. Elle avait un peu de mal à l'imaginer faire ça, Willa. En même temps, elle n'avait jamais été dans le trip de faire des blagues ridicules : elle était loin de vouloir se faire remarquer, notamment pour des blagues. La seule chose pour laquelle elle se faisait remarquer, c'est pour son manque de sang-froid et son manque de tact. C'était une façade - mais elle l'avait tellement façonnée qu'elle faisait partie intégrante de son caractère de merde.

Willa se sentait un peu à l'étroit, maintenant qu'elle n'était plus seule dans ce recoin. Elle avait un peu envie qu'il se barre, en fait. « Là, je me planque, je compte donc sur ta co-opération totale ! » Elle leva les yeux au ciel, se retenant presque de rire tellement le ton de son camarade semblait tellement fier de sa connerie. D'accord, très bien. Elle n'était pas du genre à aller cafter - même si elle l'avait déjà fait quand certains élèves l'emmerdaient, ce que le Gryffondor semblait l'ignorer. Tant mieux pour lui. Alors qu'elle allait lui répondre qu'elle n'était pas conne au point d'aller le dénoncer (même si c'était à moitié faux), il se rapprocha subitement d'elle, et elle eut un mouvement de recul... si elle pouvait reculer. Elle avait un peu oublié qu'elle s'était assise contre le mur. Willa avait un peu de mal avec les contacts physiques. Les seuls vrais contacts qu'elle aie eu, c'était avec Kamen. Les seuls qui comptaient à ses yeux, et les seuls qui avaient réussi à reconstruire à moitié son coeur détruit par le temps. Mais c'était fini. Tout avait éclaté il y a quelques mois. Elle tentait de s'en remettre, petit à petit. Quelqu'un venait d'entrer dans les cachots, et elle comprit vite qu'ils allaient être tous les deux dans la merde. Lui, pour ses conneries, elle pour le fait d'avoir littéralement séché le cours ce matin. Lorsque le Gryffondor plaqua sa main contre sa bouche, Willa dû résister pour ne pas le mordre violemment. Il croyait quoi, qu'elle était stupide pour parler alors qu'ils étaient à deux doigts de se faire prendre ? Quand les pas s'éloignèrent, il retira sa main, sourire aux lèvres. La Serpentard, elle, n'avait pas vraiment envie de rire. « On l'a échappé belle, hein ? » La jeune femme lui lança un regard noir. Elle lui en voulait un peu, là, même si il avait raison. S'ils s'étaient fait prendre, ils auraient peut-être été mis à la porte, tellement les règles s'étaient durcies. Heureusement, c'était passé et elle avait pu calmer un peu la panique qui était arrivée, malgré elle, dans tout son corps. Elle essuya machinalement sa bouche avec la manche de sa robe. Elle n'aimait vraiment pas les contacts physiques, surtout ceux-là. « Ouais, ouais. » On pouvait sentir une once de reproche dans sa voix. Elle mit le parchemin toujours en boule derrière son dos, dans la poche de sa robe, puis se leva, les bras croisés. « Bordel, on a failli se faire prendre par ta faute ! » Il fallait bien qu'elle rappelle qu'elle aussi était en infraction, même s'il n'était pas censé le savoir. Elle ne se souvenait pas d'avoir partagé un cours avec lui, ne prêtant que peu d'attention à ce genre de détail. Willa était curieuse. « T'as foutu quoi pour qu'on te cherche autant comme ça ? » Vu comment on le cherchait, cela devait être plus gros. Elle le fixait, de ses yeux clairs, tapant du pied, sourire au coin des lèvres. Peut-être qu'elle aussi, devait apprendre à s'amuser., mais elle savait que très vite, elle abandonnerait, par peur et par crainte de représailles. Elle n'avait pas du tout le caractère d'un Gryffondor, et elle le savait. Le courage, ce n'était pas trop son truc.

Spoiler:

La situation l'amusait, d'une certaine façon. Et elle était curieuse de savoir comment il en était arrivé là.

Elle était loin d'être capable de faire ce genre de blagues. Habituellement, cela ne l'amusait pas beaucoup, d'ailleurs, notamment quand elle en était la victime. Mais là, bizarrement, elle était plutôt curieuse de savoir ce que le Gryffondor avait pu faire. S'il elle n'avait pas été seule ici, Willa n'en aurait eu absolument rien à foutre de ses agissements et de ses blagues stupides. C'était aussi sa façon à elle de dévier sur un autre sujet que sa présence ici, et ce bout de parchemin. Quand l'élève se lève, la jeune femme se sentit petite, d'un coup. Il s'éloigna d'elle, un peu, pas beaucoup. « Cette fois-ci, c'est une petite préparation maison à base d'algue, de chrysope, de la corne d'Éruptif et bon sang si tu savais à quel point ça peut être chiant à avoir, et deux trois autres trucs... Tu tartines ça au fond d'un chaudron, et au moindre liquide ajouté, t'obtiens une jolie explosion et une belle fumée bien épaisse et bien verte ! Et ce qui est cool, c'est que si le chaudron est inutilisable, c'est pas assez puissant pour blesser qui que ce soit ! Qui a dit que je mettais pas mes connaissances à profit ? » Elle le fixait, un peu déboussolée. Elle se demandait comment on pouvait en arriver là, comment l'imagination pouvait atteindre de tels extrêmes. La jeune femme voyait très bien qu'il était loin d'être bête - il semblait vraiment s'y connaître. « Mais je crois que ça a pas plu à la prof de potions... Enfin, j'ai un peu de répit, là ! » Willa leva les yeux au ciel, complètement ahurie de la façon dont le Gryffondor parlait, avec cet air je-m'en-foutiste, qui ne pense qu'à s'amuser. Willa avait un peu de mal avec cet état d'esprit, tellement contraire au sien. Elle était froide, discrète, toujours perdu dans un coin de la pièce. Lui semblait taquin, présent, drôle. Ils étaient de loin de partager cela.

Tous deux planqués dans le fin fond des cachots, Willa espérait que personne ne viendrait de nouveau les déranger. Elle avait déjà assez pris de retenues comme cela, et ce n'était pas du tout son but en venant ici. « En tout cas, c'est plus sympa de te voir sourire que de te voir m'engueuler ! » Visiblement, il se souvenait aussi de la dernière fois. Elle n'y avait pas été de main morte avec lui, mais ça n'avait pas l'air de l'avoir dérangé vu qu'il lui parlait comme si rien ne s'était passé. Quand il tendit la main, la Serpentard eut presque un mouvement de recul, instinctif. « Flynn. Flynn North. » Willa avait complètement oublié qu'ils ne connaissaient quasiment pas, et qu'elle ne savait ni son nom si son prénom. C'était chose faite, maintenant. « Eh mais attends... » La Suédoise n'eut pas le temps de se présenter à son tour, et appréhendait un peu ce qu'il allait lui dire, bizarrement. « Pour quelqu'un d'innocent, t'as l'air d'être aussi paniquée que moi à l'idée de te faire chopper... Qu'est-ce que t'as fait ? Parce que je doute que tu t'inquiète à ce point pour moi, même si ça me toucherait beaucoup ! » Hé merde, raté. Elle n'avait pas réussi à esquiver la question. Bien sûr qu'elle était loin d'être innocente elle aussi ! Willa avait donc loupé le premier cours de la journée, en toute connaissance de cause, et savait que si par malheur, elle se faisait prendre, ils iraient envoyer un hibou aux Blossom. Et ça, elle ne pouvait le concevoir.

Elle regardait Flynn, qui visiblement s'amusait beaucoup ici. Avec une petite hésitation qui se lisait sur son visage, elle lui empoigna la main, acceptant ainsi de se présenter elle aussi. Toujours ce sourire en coin au bord des lèvres. « Willa, Willa Lundgren. » Elle appréhendait un peu, sa réputation était loin d'être bonne dans le château et elle craignait qu'à la simple évocation de son identité, il s'en aille. Elle s'entendait avec très peu de gens ici, la liste était limitée, alors quand elle se sentait un minimum à son aise, elle tentait de faire en sorte que tout se passe bien. La Suédoise se forçait un peu, à ne pas laisser sa franchise prendre le dessus. « Pas envie d'aller à la première heure de cours, je n'ai pas énormément dormi cette nuit. » Bien sûr, elle n'irait pas plus loin dans les explications. Il était hors de question qu'elle s'aventure dans des explications vaseuses, qui ne mèneront qu'à la pitié, et elle ne le voulait pas. Pas alors que la conversation semblait un minimum normale. Elle ignora ses sous-entendus. Non, elle ne s'était pas inquiétée pour lui. Ce n'était pas son genre. Elle ne pouvait empêcher ce sourire au coin des lèvres, quoi qu'un peu gênée. « Euh, en tout cas, t'as l'air entraîné à faire ce genre de blague, vu à quel point tu fais attention. C'est tes aspirations, pour la vie future ? » C'était une vraie question. Son regard était interrogateur. Flynn semblait être minutieux, savoir pas mal de choses. Peut-être voulait-il continuer de faire rire dans le futur ? C'était un peu le seul moyen qu'elle avait trouvé pour contrer l'envie habituelle de partir loin des interactions sociales. Elle était un peu comme ça Willa, solitaire. Fermée. Seule.

Spoiler:

« Lundgren, hein ? »

Dès qu'elle entendit son nom prononcé ainsi, Willa s'imaginait déjà sa réputation venir gâcher l'un des rares moments agréables - en dehors du fait qu'elle avait failli se faire prendre par la faute de North. Elle leva machinalement ses yeux au ciel, pour chasser les pensées désagréables de sa tête. Merde. Le pire dans tout ça, c'était que sa réputation ne s'arrangeait pas au fil des années. Elle n'était pas du genre à se faire remarquer, mais elle avait un très grande gueule, Willa. Quand elle devait dire quelque chose, elle le disait. Un peu trop brutalement, sans doute, mais c'était le quart de ses soucis. Elle mordit sa lèvre inférieure de façon insistante, tant elle était emmerdée par cette situation. « Ouais, je sais ce que c'est... Ça m'est arrivé aussi. Suffit d'avoir passé une nuit pourrie et dès les premières lueurs du jour, la simple idée de passer des heures dans une salle de classe à écouter les mêmes professeurs rabâcher encore les mêmes choses te déprime... Mais avec les nouvelles règles, je comprends que tu te planques. Si tu te fais chopper, t'es mal barrée... » Elle acquiesça d'un mouvement de tête. Les nouvelles règlent étaient un nouveau point dans sa liste de choses à combattre. Elle aimait Poudlard - c'était toujours mieux que d'aller chez les Blossom - mais là, c'était loin de lui plaire. Être accompagnés pour aller au toilettes, non mais c'était une grosse blague à ses yeux. Puis ces Aurors, un peu partout dans le château, à toutes les heures quasiment... C'était barbant. Ses balades nocturnes étaient désormais limitées, et elle n'en avait pas fait depuis des lustres, d'ailleurs. « A force, faire attention devient une habitude. Une nécessité, même. Sinon, sans même parler de se faire prendre, c'est un coup à finir blessé. La sécurité avant tout ! » Au moins, Flynn faisait gaffe. Non pas qu'elle s'inquiétait pour les autres élèves - elle n'en avait strictement rien à foutre - mais si une autre de ses blagues devait lui tomber un jour dessus, elle saurait qu'elle ne finirait pas à Sainte-Mangouste ou à l'infirmerie avec pleins de machines qui faisaient bip-bip comme chez les Moldus. « Je vois. » Elle se sentait un peu idiote, mais c'était la seule chose qui sortait de sa bouche.

« De là à dire qu'il s'agit de mes aspirations pour le futur, oh non, loin de là. Mais il faut bien s'occuper, se distraire un peu, non ? Me dis pas que ça te convient, à toi, de passer tes journées à te lever, aller en cours, faire tes devoirs, aller dîner, puis te faire raccompagner par les professeurs et aurors jusqu'à ta salle commune où tu... Bon sang, je sais même pas ce que vous pouvez bien faire, chez les Serpentards. Vous lisez ? Vous complotez ? Vous faites des jeux de société ? » Willa fit la grimace. Comment lui expliquer que c'était son train train habituel, en dehors des sorties nocturnes qui lui arrivait de faire ? La jeune femme, qui passait donc très peu de temps en compagnie de quelqu'un, n'était pas du genre à « se distraire un peu » avec des blagues pour faire rire. Quand elle était en colère - ce qui arrivait un peu trop souvent -, elle s'amusait à faire chier d'autres élèves pour passer sa frustration sur eux. C'est d'ailleurs l'un des points qui faisaient qu'elle avait une réputation qui laissait à désirer. « Tu viens de décrire mon quotidien, malheureusement pour toi ! Puis, on ne fait rien de spécial chez les Serpentard, comme tu dis. Tu vas me dire, que chez les Gryffondor, vous faites des choses différentes ? » Bon, certains complotaient c'était sûr, et lui arrivait d'en faire de même, parfois, tout dépendait de la situation. Mais ce n'était pas propre aux Serpentard. Tout le monde complotait, toujours derrière le dos de tout le monde. C'était une réalité et Willa, toujours méfiante, croyait dur comme fer qu'un jour, quelqu'un comploterait quelque chose. C'était l'une des raisons qui faisait qu'elle fixait sans cesse les gens autour d'elle, de ses grands yeux bleus azurs.

D'ailleurs, la Suédoise fixait Flynn et sa tête baissée. Il semblait pensif. Elle mordait sa joue, par habitude. Le Gryffondor releva la tête. « En attendant, Lundgren, t'as pas l'air si terrible que ce qu'on m'a dit ! Paraît que t'es quelqu'un de super désagréable, mais mise à part la fois où j'ai cru que t'allais m'arracher la jugulaire, ça va, je trouve ! » Elle fronça les sourcils, ne s'attendant pas forcément à une remarque comme celle-ci. Donc, on parlait d'elle. Elle le savait - elle a tendance à toujours écouter ce qui est dit autour d'elle - mais le savoir ainsi, c'était autre chose. Elle fit la moue, un poil blessée sur le coup, alors que son visage s'était durcit. « Je veux dire, j'ai connu bien pire. Toi, tu souris un peu, tu poses des questions -peut-être par politesse, mais même ça, tout le monde l'a pas-, alors que certains de tes camarades sont là à regarder les autres comme des sous-merdes... Alors quoi ? J'ai droit à un traitement de faveur ? Je suis tombé sur un bon jour ? Les autres exagèrent ? » Willa soupira. Elle se savait désagréable, elle se savait abusive, elle se savait tout ce qui était balancé. Rare étaient ceux qui connaissaient la vraie Willa Lundgren, la fragile, la sensible, celle à fleur de peau. « J'en sais rien. » Oh si, elle sait, mais devant le fait, elle avait un peu de mal à acquiescer. Sans doute n'assumait-elle pas sa carapace, cette carapace qui donnait cette image insupportable d'elle. « Peut-être qu'il faut juste éviter me faire chier. Mais ça me flatte qu'on parle de moi, tiens. » « Peut-être » qu'elle disait. Valait mieux éviter de l'énerver, en fait. Willa était réactive, trop réactive. Et ironique aussi.

Spoiler:

Willa était compliquée.

Compliquée, imprévisible et difficile à cerner. Ses nombreuses facettes faisaient que certaines personnes n'en connaissaient que certaines, et pas d'autres. Bien sûr, celle qui faisait l’unanimité, c'était la plus dure et la plus problématique. La plus façonnée aussi. C'était donc difficile de faire la part des choses pour Willa, d'être appréciée un minimum. Pourtant, il y avait des gens avec qui elle s'entendait bien, mais ils se comptaient dans les doigts d'une main. A presque dix-neuf ans, elle avait un mal fou à faire des choix, à aller vers les autres. Alors, la jeune femme montrait un coeur de pierre qu'elle n'avait pas forcément. « Faut pas écouter tout ça. Tu t'en fous. Les gens t'apprécient pas ? Bah, tu vas pas en crever. Sauf si c'est au point qu'ils décident de te tuer dans ton sommeil, et là y a peut-être quelque chose à faire. » Willa fit la moue, appréciant peu la blague. Vu le peu qu'elle dormait ces derniers jours, si quelqu'un voulait la tuer, elle le saurait immédiatement. Puis, elle s'imaginait plus que c'était elle qui allait finir par tuer quelqu'un si ses cauchemars continuaient. Il fallait qu'ils soient tous tellement réalistes, qu'elle se réveillait en sursaut, sans savoir si c'était vrai ou non. « Je m'en fou, juste que je m'attendais pas à ce que tu me sortes ça... Comme ça. » Il était bien gentil Flynn, mais Willa ne savait pas trop quoi penser de lui sur le moment. S'en foutre, elle le faisait déjà, mais c'était la première fois qu'on lui disait en face qu'elle pouvait être un sujet de conversation. Et bizarrement, elle ignorait si cela lui plaisait ou pas, en fin de compte.

« Mais en attendant... Je sais, c'est un peu ironique que je dise ça après avoir abordé moi-même les trucs qu'on raconte à ton sujet. Mais franchement, on s'en fout. Si tu savais les trucs qu'on a pu balancer dans mon dos... » C'était plus simple à dire qu'à faire. Willa avait du mal à imaginer qu'on puisse dire des choses horribles sur Flynn alors qu'il semblait être quelqu'un de cool, pas trop prise de tête et pas forcément antipathique. Elle ne le connaissait pas vraiment, mais elle avait cette intuition. Elle croisa les bras et eut un petit et discret sourire sur les lèvres. Il était bien gentil de vouloir la rassurer, d'une certaine manière, mais elle n'y était que peu sensible. Au moins, il savait qu'il avait un peu lancé une bourde, c'était déjà ça. « Mais je note, en tout cas ! « Ne pas faire chier Willa ». Quoi que je pense être très mal parti, déjà. Mais regarde, je t'ai déjà fait chier, avoue-le, et tout se passe bien ! T'as pas l'air particulièrement rancunière ! Remarque, c'est peut-être un signe... Un signe que tu m'apprécie trop pour m'en vouloir ! Je fais souvent cet effet-là aux gens. » Willa lâcha un rire inattendu, à la vue de son clin d'oeil. Bordel, mais comment faisait-il, tous les jours pour passer du sérieux puis après balancer une connerie ? Elle avait du mal à s'imaginer faire ça, la Suédoise. Elle était pleine de sarcasme. « T'es sans doute mal parti, ouais. » Petit pique pas bien méchant. Elle le regardait, d'un regard malicieux qui lui était inhabituel. « Moi, pas rancunière ? Je t'en veux encore pour les tables de la dernière fois, au cas où tu l'aurais oublié ! » Elle aimait bien rappeler ce petit détail, cette première fois où ils s'étaient adressé la parole, et la dernière en date. Willa avait été beaucoup trop en colère. « Disons que t'es chanceux, c'est plus simple pour nous deux ! Surtout que j'aurais pu t'arracher les cheveux si on avait été pris. Par ta faute. » C'est vrai, qu'il faisait parti des chanceux. Willa lui aurait sûrement gueulé dessus, de base. Elle avait juste pas du tout la foi, ce matin-là. Puis, elle était crevée. En pleine forme, les choses se seraient passé différemment. Là, d'une certaine manière, il lui avait empêché de passer une matinée entière à broyer du noir, encore. Seule.

Spoiler:

Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais cela lui faisait un peu de bien d'avoir de la compagnie.

La solitude, ça lui pesait, mais elle s'en rendait compte uniquement quand elle était avec d'autres gens, et surtout, quand elle était avec des gens qui ne lui hurlaient pas dessus. Ce qui était rare, très rare. Alors là, elle en profitait un peu, du coup. Pas de hurlements. Pas d'insultes. Cela lui changeait un peu de sa routine morose. « Oh aller, c'était un coup de génie ! Je veux dire... Mets de côté le fait que tu t'es fait engueuler parce que t'as râlé trop fort : Est-ce que tu as vu la tête de tout le monde quand le lamantin est passé entre les chaises ? Est-ce que tu as entendu la cacophonie que c'était ? Ça fait pas de mal à tous ces gens qui passent leur journée avec le nez dans les bouquins... Trop de sérieux tue le sérieux. » Willa eut un sourire moqueur, un peu gênée. Elle n'avait pas eu le temps de voir le comique dans la situation, parce qu'elle avait été prise par surprise... et qu'elle n'avait juste pas apprécié la blague. Avec du recul, peut-être que cela avait été drôle à voir. La jeune femme se rappelait juste qu'elle était entrain de lire tranquillement, puis soudainement, sa table était devenue un dauphin. Dans la bibliothèque. Elle avait tellement gueulé, qu'elle avait fini avec une retenue. Elle l'avait un peu au travers de la gorge, même si cela s'était passé il y a pas mal de temps maintenant.

Les mimiques de Flynn l'amusait. Il n'avait pas l'air de prendre en compte sa réputation, et elle appréciait cela, même si elle savait pertinemment qu'il devait faire gaffe à son cul à ne pas lui faire une énième blague de ce genre. Ou alors, la prévenir avant. Ce ne serait plus une blague, mais au moins, elle se préparerait mentalement - et physiquement - et éviterait de se prendre une seconde retenue parce qu'elle avait trop gueulé. « C'est vrai, c'est vrai, si tu t'étais fait chopper, ça aurait été de ma faute. Mais sois rassurée, personne ne t'a vue, à part moi, et tout va bien ! Mais s'il te plait, ne touche pas à mes cheveux. Aucun poil. Laisse-mes poils tranquilles. » Willa mit sa main rapidement sur son visage, d'un air désespéré, voyant la tête et la position de Flynn après lui avoir lancé ça. Bon sang, elle devait arrêter de faire des allusions, parce qu'il faisait toujours en sorte de tourner ses dires avec humour, et la Serpentard était loin d'y être habituée. Il allait lui falloir du temps pour adopter l'humour du Gryffondor. En même temps, elle ne s'y connaissait absolument pas en humour. Il était très rare qu'elle fasse des blagues ou preuve d'humour - à part être sarcastique quand la situation s'y prêtait. « C'est bon, je n'y toucherai pas à tes cheveux, ou à tes poils... Rah, à rien du tout, regarde, je recule. » Willa tenta de reculer un peu plus, mais elle était déjà contre le mur. Un peu agacée, les bras croisés, elle fit mine d'être presque un peu en colère. Jamais elle n'aurait pensé faire ami-ami avec quelqu'un comme ça. Enfin, « ami-ami », c'était peut-être un peu vite dit. « Tu tiens à rester ici seule ou tu veux qu'on aille quelque part ? J'ai encore un moment avant de commencer les cours et toi, t'es plus à ça près. Enfin, on peut rester là tous les deux si je te fais pas trop chier, ça me dérange pas non plus. » Willa soupira. Elle ne savait pas trop quoi lui dire. D'un côté, elle était tentée de bouger d'ici, parce qu'elle ressentait le besoin de prendre l'air. Mais de l'autre, elle s'était isolée pour ne pas se faire prendre, et deux élèves dans les couloirs, alors qu'il y avait des cours, ce n'était pas vraiment une bonne idée. « J'en sais rien. Comme tu veux. Au point où on en est... Mais je sais pas si c'est une très bonne idée de se balader dans les couloirs, alors que je suis censée être en cours... » Elle n'aimait pas trop prendre ce genre de risques. Pourtant, elle n'avait aucun problème à se balader dans les couloirs, le soir, alors que c'était interdit. Mais la Suédoise était prudente. Peut-être un peu trop. Elle n'avait pas encore totalement confiance en Flynn, et même si il semblait expérimenté dans le domaine de l'humour, elle ne savait pas si il ferait autant attention qu'elle dans les couloirs. « T'as vraiment pas peur de te faire prendre, toi. Je risque de passer un très mauvais quart d'heure si Lovecraft découvre que j'ai pas été suivre le premier cours de la journée. » Ton ton était railleur. En vérité, elle ignorait ce que le directeur de Serpentard pouvait bien lui faire. La conversation qu'ils avaient eu le soir de février était encore dans son esprit, et étrangement, elle ne l'imaginait pas lui hurler dessus pour un simple cours manqué. Enfin, ça, c'était ce qu'elle imaginait.

Spoiler:

Willa n'avait pas forcément envie d'avoir des problèmes.

Se faire remarquer, ce n'était pas du tout son truc. Elle, elle préférait rester discrète, rester cette élève qui travaillait plutôt bien et qui restait assise au fond de la salle, sans un mot. Souvent, elle ne se faisait même pas remarquer pendant les cours, alors, personne ne l'interrogeait, ce qui l'arrangeait grandement. La jeune femme n'avait donc pas forcément envie de se faire prendre entrain de louper les cours. Elle allait devoir prétexter une excuse débile pour expliquer son absence, mais elle se demandait si Lovecraft allait lui en tenir rigueur ou pas. Il savait tellement de choses désormais, il était au courant pour ses cauchemars, pour sa phobie, pour certains détails. Peut-être qu'alors, il comprendrait. Elle l'espérait. « C'est pas un rigolo, ce type, si ? J'avoue que pour le coup, j'échangerai jamais ma directrice contre ton directeur. Je pense que je perdrais peut-être au change. Surement, même. » Willa haussa les épaules. A vrai dire, en dehors de leur grande conversation l'autre soir, elle n'avait aucune idée de quel type de professeur il était. Pour le moment, la jeune femme l'appréciait. Elle l'appréciait parce qu'il avait eu les mots pour la toucher, pour la mettre en confiance, pour qu'elle puisse parler. Elle s'était sentie libérée sur le coup, même si cela n'avait absolument rien changé à sa situation. La Suédoise connaissait la directrice de Gryffondor. Professeur d'astronomie, elle avait souvent aidé Willa - passionnée d'astronomie - et elle avait bien cerné la jeune fille. Mais, pour le moment, elle n'échangerait pas Lovecraft contre quiconque. Il en savait beaucoup trop sur elle pour qu'elle le laisse à une autre maison que celle des Serpentard. « Enfin, pour en revenir à ta question. De quoi veux-tu que j'ai peur ? Dans le pire des cas, je me fais chopper, je fais perdre des points à ma maison, si le chiffre est haut je prends un pain, et ça ira pas plus loin. Un petit peu de stress, ouais, c'est clair que c'est là. Mais je mentirais si je te disais que ça me plait pas un minimum. » Willa fut étonnée de la manière dont il dédramatisait les conséquences de ses actes. Bon sang, parfois, elle aimerait bien être comme ça aussi. Depuis son arrivée à Poudlard, à ses onze ans, elle avait fait perdre des points à sa maison, c'était sûr, mais autant qu'elle aurait pensé. La jeune femme en avait fait perdre quand elle avait crié sur d'autres élèves, ou qu'elle s'était endormie en cours, deux ou trois fois. Ce n'était pas quelqu'un qui était considérée comme une élève à problèmes - surtout parce qu'elle faisait son possible pour ne pas montrer son mauvais caractère au corps enseignant. D'une nature angoissée, Willa avait du mal à comprendre comment le stress n'empêchait pas Flynn de faire ses conneries. Déjà que pour elle, louper les cours était une source de stress - mais bon cela ne l'empêchait pas de le faire quand même de temps en temps, la boule au ventre -, elle osait s'imaginer entrain de faire des blagues de ce type, et l'angoisse qui la prendrait aux tripes si elle se faisait prendre.

« Tu penses pas que Lovecraft va l'apprendre de toute façon ? Je sais pas ce que t'avais comme cours ce matin, mais je pense que ça va suffisamment échanger en salle des profs pour qu'il soit vite mis au courant, tu sais. Tout comme Miss Sokolova va rapidement apprendre pour le chaudron, dès que Miss Taylor aura raccroché les wagons et compris que ça vient de moi. J'ai pas trop de doutes sur le fait qu'elle va finir par piger... Et je pense que lui aussi, il va vite savoir. Alors bon, est-ce que t'es vraiment à ça près ? » Willa fit la moue. Il marquait un point, à son grand et profond regret. Mais elle flippait un peu, quand même. Lovecraft l'apprendra, c'était sûr et certain mais elle voudrait qu'il l'apprenne d'elle. Parce qu'elle comptait aller lui parler du retour de ses cauchemars qui ne faisaient qu'empirer au fil des jours, notamment ces derniers temps. Avec un regard sournois, elle soupira. « Bon très bien. Je te jure que si on se fait prendre, je te hurle dessus pour de bon. Et tes cheveux y passent. » Willa commença à sortir de sa cachette, se collant contre le mur, un peu tremblante. Dans qui se lançait-elle, bon sang ? Si les Blossom apprenaient ce qu'elle faisait, elle passerait un très mauvais moment à lire une beuglante. Quand elle arrive à l'entrée des cachots, son premier réflexe est de regarder autour d'elle. Elle se planqua de nouveau quand un Auror passa près de l'entrée. Elle attendit, les yeux fermés, qu'il s'en aille. Elle jeta de nouveau un coup d'oeil, en soupirant. « La voie est libre. On va où ? Il y a des Aurors qui traînent, je sais même pas pourquoi j'ai accepté. » Elle avait un faux sourire sur les lèvres, montrant qu'elle était loin d'être rassurée. La Serpentard savait qu'elle allait regretter son choix, mais c'était un peu tard pour revenir en arrière.

Spoiler:

Willa flippait. Ouais, littéralement.

Adossée contre l'entrée des cachots, elle scrutait les couloirs et les allées par crainte d'y revoir un Auror, ou même un des professeurs. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de se lancer dans de telles expéditions, et pourtant, elle avait accepté. Ce qu'elle regrettait déjà, d'ailleurs. Les dents serrées, en silence, elle avait vraiment du mal à se lancer. Habituellement, elle faisait cela tard le soir, seule, alors là c'était un peu nouveau. Le matin, accompagnée. Le sourire qu'elle portait aux lèvres était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour couvrir le fait qu'elle était une véritable poule mouillée quand il s'agissait de faire de nouvelles choses. « Eh, tu m'as dit que t'y toucherais pas ! Est-ce que tu es en train de me dire que je peux pas te faire confiance ? Si c'est le cas, il faut que je le sache maintenant ! Je prends pas le risque de me balader en allant à l'encontre du règlement avec quelqu'un en qui je peux pas avoir confiance ! » Willa leva les yeux au ciel, toujours le regard perdu dans les profondeurs des couloirs. Elle ne lui ferait rien... Sauf si, évidemment, ils leur arrivait une brouille. Il l'avait entraînée là-dedans, il prendrait toute sa colère dans la figure. « Chut, c'est bon. » La jeune femme avait envie de mettre sa main contre la bouche de Flynn pour qu'il se taise. Elle avait un peu trop peur de faire trop de bruit, surtout qu'ils étaient plus près des salles de classe désormais.

Le passage de l'Auror tout près d'eux ne l'avait pas rassurée du tout. Elle était encore plus paniquée qu'au début, et s'imaginait dans sa tête tous les scénarios possibles. Bon sang, elle allait finir renvoyée et elle allait se faire tuer par les Blossom, déjà que sa relation avec ses parents adoptifs était loin d'être positive. Elle eut un sursaut lorsqu'elle sentit des mains sur ses épaules. « Willa. Ca va aller. On va faire attention à ce qui nous entoure et tout ira bien, d'accord ? Et je te promets que si on se fait chopper, je ferai mon possible pour limiter les dégâts pour toi. » Elle lui lança un regard méfiant, peu confiante. Il semblait vraiment sérieux, et pas du genre à faire n'importe quoi. Mais elle avait décidé de le suivre pour ça. Pour voir ses limites, et pour se lancer un défi, en quelques sortes. Défi qu'elle allait sans doute très vite regretter. « De toute façon, j'y risque ma pilosité, alors tu te doutes bien que je ferai de mon mieux pour qu'on ai pas de soucis ! » Willa sourit, un sourire gêné. Elle ne faisait que ça de toute façon. Elle était loin d'être à l'aise, mais il fallait qu'elle se bouge un peu. La Serpentard passait des heures toute seule, à broyer du noir, et là, on lui proposait de changer un peu son quotidien. Certes, elle savait qu'elle allait regretter son choix, mais il était un peu tard pour retourner en arrière. « On va clairement pas quitter Poudlard, je pense que tu vas me faire une crise d'angoisse si j'essaye de te faire quitter l'école. » « Non, non, non, on ne sort pas d'ici. » Elle avait réagi avec de grands gestes, laissant la panique la submerger deux minutes. Sortir de Poudlard, c'était hors de question. Pas alors qu'elle était censée être en cours. «  Soit on va prendre l'air, du côté des serres ou du lac, soit on se balade dans le château pour aller trouver une salle vide. » Willa haussa de nouveau les épaules. Elle s'en fichait de où ils allaient, tant qu'ils ne finissaient pas pris la main dans le sac. C'était tout ce qu'elle voulait, rien de plus. Elle avait besoin de prendre l'air, de sortir des cachots. Quand le Gryffondor attrapa soudainement sa main, Willa fut tellement surprise qu'elle ne réagit pas tout de suite. « Et pour éviter de se tâter trente ans, tu ferais bien de choisir vite fait, le chemin qu'on va emprunter en dépendra ! » Elle retira sa main, un peu brusquement. Elle avait à peine supporté qu'il lui touche les épaules, alors qu'on lui prenne la main pour l'entraîner en dehors des cachots, c'était loin de lui plaire.

Son premier réflexe fut de se coller contre le mur. Bon, concrètement cela ne servait à rien, mais ça lui donnait le peu de sentiment de sécurité possible. Elle fixait Flynn, gênée d'avoir réagi ainsi, mais elle était comme ça et il fallait qu'il s'y fasse si il voulait l'entraîner dans ses conneries. « Restons dans le château. On se sait jamais. Il y a des recoins où se planquer au cas où, alors que dehors ça risque d'être plus compliqué... Dis, t'as pas genre, je sais pas moi, une cape d’invisibilité ? Parce que ça serait vachement utile. » Elle avait dit ça sur un ton d'humour - du moins elle avait essayé -, même si le stress se lisait dans sa voix. La Suédoise avait vraiment du mal à s'adapter à la situation, comme si c'était la première fois qu'elle enfreignait le règlement. Elle fit quelques pas, tandis qu'elle s'éloignait des cachots. Au moins, elle tentait de se consoler en se disant que si ils se font prendre, elle ne serait pas la seule dans la merde.

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Tout en s'avançant, elle se mordait la lèvre inférieure.

Willa était loin d'être rassurée par la situation. Pourtant, elle y allait. Elle y allait, comme poussée par l'envie de changer un peu, d'arrêter de passer ses journées seule, la lettre de ses parents biologiques dans les mains. Sa vie était dictée par le stress, par les angoisses et peu à peu, cela devenait invivable. Pour la première fois, elle tentait de passer au dessus de ce stress étouffant, qui lui comprimait la poitrine à chaque instant. Quitter le mur contre lequel elle avait été adossée, avait été un vrai challenge. La jeune femme s'était intérieurement battue pour ne pas courir se planquer de nouveau dans les cachots et s'y enterrer - si c'était possible. Elle s'était lancée à partir du moment où elle avait quitté le mur. La Serpentard marchait, peut-être un peu trop lentement, prête à réagir en cas de problème. Elle avait un peu de mal à suivre Flynn sans s'arrêter toutes les deux minutes, pour regarder autour d'elle si il n'y avait personne. « Malheureusement, non, pas de cape d'invisibilité pour moi ! Sinon, je te l'aurais déjà passée. » Willa lança un regard presque désolé au Gryffondor, avant de retourner sur ses gardes. Le silence dans l'école était presque pesant, mais d'un côté, cela rassurait la jeune femme. Elle détestait le brouhaha quotidien, que ce soit dans les couloirs, dans la Grande Salle ou dans les dortoirs. Souvent, c'était pourquoi elle s'isolait. Pour être tranquille, pour avoir du silence, pour être libre. Libre de faire ce qu'elle voulait sans avoir à supporter les autres élèves à côté.

« Malheureusement, non, pas de cape d'invisibilité pour moi ! Sinon, je te l'aurais déjà passée. » Rire gêné. Willa aurait vraiment aimé qu'il aie une cape d'invisibilité parce que ça aurait été vachement utile pour ses balades nocturnes, surtout maintenant que ces règles stupides avaient mises en place. Elle aurait sans doute eu envie de lui voler la cape. Tandis que Flynn l'invitait à le suivre avec de grands gestes, elle marchait sur la pointe des pieds. Aussi légère qu'une plume - surtout parce qu'elle mangeait sans prendre un gramme, ce qui était parfois problématique -, elle tentait de faire le moins de bruit possible. Le Gryffondor semblait très confiant en l'incitant à continuer de le suivre, mais c'était loin de rassurer la jeune femme. Malgré tous les efforts du monde, la Suédoise avait un mal fou à ne pas paniquer. Quand elle ne s'arrêtait pas en plein milieu, elle paniquait au moindre bruit. Quand elle paniquait pas au moindre bruit, elle manquait de se vautrer au sol. C'est à peine si elle osait respirer. Ils se dirigeaient vers l'entrée du château. Willa commençait à se dire que tout se passerait pas. Il n'y avait aucune raison pour que ça foire alors qu'ils faisaient attention. Enfin, la Serpentard, c'était plus de l'angoisse que de la prudence. Le silence était toujours là. On les entendait à peine. Puis, des voix. A l'instant où la Suédoise les entendit, elle n'avait qu'une seule envie : partir en courant. Loin, le plus loin possible. Elle ne savait pas quoi faire, elle tournait en rond. D'un air plus qu'affolé, elle fixait Flynn, qui lui fit très vite signe de le suivre. Sans se poser de questions, elle le suivit, ses pieds claquant contre le sol. Willa était trop stressée pour faire attention à ne pas faire de bruit. Il l'entraîna dans une pièce, près de la Grande Salle, et referma rapidement la porte derrière eux. La respiration haletante face à la peur, la jeune femme se colla au mur. « Je suis désolé si je t'ai mise mal à l'aise tout à l'heure, mais il va falloir le supporter encore un peu. Quelques minutes, le temps qu'ils passent, et on sort. » La jeune femme le fixa, résistant à l'envie de lui lancer un regard noir. C'était elle qui avait décidé de le suivre, après tout. « Par Merlin, on va finir virés. » L'angoisse se lisait de façon limpide dans ses yeux et dans l'expression de son visage. Willa tentait de ne pas parler trop fort, mais sa voix prise par le stress était incontrôlable. « Je vais finir par crever d'une crise cardiaque ! Et tu fais ça souvent ? Bordel, Flynn, t'es dingue. » C'était un mélange entre une voix paniquée et une voix moqueuse. Elle ne savait plus trop où elle en était, la Serpentard. Elle était indécise entre continuer ou se barrer dans les dortoirs. « Je crois que je... » Elle allait dire qu'elle n'en pouvait plus, et qu'elle ne tiendrait pas. Mais elle eut un moment de doute. La jeune femme avait déjà pris son courage à deux mains pour se barrer de ces cachots puants. Elle ne pouvait pas en rester là. « Bon sang. Je te hais, je te hais, je te hais, mais... Partons d'ici. Vite, avant que je ne change d'avis. » La main sur la poignée de la porte, elle commença à ouvrir la porte. Ils se retrouvèrent nez à nez avec un élève de Serdaigle, en première année vu sa tête de gamin de onze ans. Il avait visiblement tenu la poignée, lui aussi, vu son bras étendu devant la porte. Willa écarquilla les yeux, parce que c'était la seule réaction qu'elle pouvait avoir devant un énième problème. « Hé ! Vous faites quoi ici ? »

Spoiler:

Willa était loin de s'attendre à voir un jeune Serdaigle devant la porte.

Le Serdaigle semblait curieux. Un peu trop curieux au goût de la jeune femme, qui le fixait d'un air presque mauvais. Bon sang, ils étaient foutus si cet élève allait tout raconter. Enfin, après tout il ne savait pas forcément qu'ils n'étaient pas censés être là, notamment Willa. Perplexe, elle regardait le Serdaigle d'un air mauvais, avec une pointe de stupéfaction. Bon sang, mais que foutait-il devant le placard à balais, au pire moment possible ? Elle regrettait d'avoir ouvert la porte. Étrangement et  au fur et à mesure, le Serdaigle devenait écarlate, ses joues en feu. « On cherchait un endroit calme ! » Flynn s'était approché, et avait balancé ça sans aucun scrupule. Willa fronça les sourcils, la phrase étant tout de même bourrée de sous-entendus. Elle avait vraiment du mal à cerner le Gryffondor et son humour plutôt douteux. Puis, sortir ça devant un élève de première année, c'était un coup à ce qu'il aille balancer des rumeurs un peu partout. Bien sûr, c'était loin de plaire à la jeune femme, qui avait déjà beaucoup trop à s'occuper, à son goût. Elle osait à peine imaginer les conséquences si une telle rumeur se propageait. Sa réputation était déjà limite - ce n'était pas trop son but de l'empirer, même si elle n'y prêterait pas attention... sauf si ça dérapait, ce qui avait failli arriver plusieurs fois. Parce qu'elle ouvrait sa bouche, sans doute un peu trop parfois. Les gens apprenaient souvent de leurs erreurs : il ne fallait pas l'emmerder. Elle fonctionnait comme ça, et personne n'y changerait rien.

Flynn l'incita alors à avancer et à sortir du placard à balais, sans qu'elle puisse avoir le temps de réagir. Elle grommela un truc incompréhensible en sortant, bousculant presque le première année, visiblement gêné. Willa regarda autour d'elle, craintive, sur ses gardes. Ce n'était pas le moment de se faire prendre et d'embarquer le Serdaigle avec eux. Elle hésitait même à parler tellement elle avait peur de faire du bruit. « Tu cherchais de quoi nettoyer la Grande Salle ? T'es de punition ? Ou tu voulais t'entraîner au Quidditch sans le matériel adapté ? » La jeune femme regarda le Serdaigle, qui semblait soudain se rendre compte qu'il les gênait. La Serpentard s'était retenue pour ne pas l'envoyer bouler, mais elle avait été tellement étonnée par sa présence qu'elle en était restée bouche-bée. Flynn s'avança alors vers les escaliers. « En tout cas, le placard est désormais tout à toi ! Viens, Willa ! Et toi, silence sur ce que tu viens de voir. » Celle qui venait d'être tout juste nommée ne bougea pas d'un poil, restant fixée sur l'élève bleu et argent qui reculait petit à petit. « Oui, oui, je pars... » Willa pouffa en voyant l'air gêné du Serdaigle, mais se reprit aussitôt, voulant éviter de faire le moindre bruit, peureuse. Elle vérifia si le garçon était bien parti, puis rejoignit Flynn. Elle lui lança un regard noir, plein de reproches. « Alors comme ça, on cherchait un endroit calme, elle mima les guillemets avec ses doigts, tu penses pas que t'abuses un peu ? » Les bras croisés, au beau milieu des escaliers, elle fixait le Gryffondor d'un air mauvais, bien qu'un peu moqueur. « Et n'imagine pas une seconde que je n'ai pas compris ! J'ignore ce que t'as fait derrière moi, mais le Serdaigle est devenu tout rouge soudainement. Comme. C'est. Étrange. » Les derniers mots avaient été lancés très lentement, d'un ton railleur. Willa s'avança un peu plus dans les escaliers, passant devant lui. Elle jeta un coup d'oeil derrière elle, d'un air stressé. « On se fait reprendre, que ce soit par un élève ou un professeur, voir un Auror, je te laisse continuer seul. J'ai l'impression que j'vais crever à chaque fois qu'on rencontre quelqu'un, c'est un sentiment super désagréable. » Sourire gêné au coin des lèvres, elle continua sa marche, toujours en lançant des regards inquiets un peu partout. Au moins, elle était sincère.

Spoiler:

Plus elle avançait dans les escaliers, plus elle sentait qu'elle allait vraiment finir par abandonner.

Elle ne savait pas si elle ne faisait pas confiance à Flynn, ou si c'était à elle qu'elle ne faisait pas confiance. Pourtant, Willa passait son temps dans les couloirs, le soir (ou du moins, avant que les règles aient été mises en place) et elle s'en sortait pas trop mal. Seule. Sa confiance envers les autres était mise à l'épreuve, et ça ne se passait pas très bien dans sa tête. Elle avait ressenti le besoin de le dire, alors, elle l'avait fait. La jeune femme se fichait pas mal de la réaction de Flynn. Elle se barrerait quand elle en ressentirait le besoin, c'est tout. « Je sais que t'as compris, je me doute bien. Tu sembles en avoir dans la tête, j'irai pas t'insulter en disant que t'as pas pigé ! Puis bon, si un élève de onze ans en a saisi toute la subtilité...  » En avançant doucement, Willa leva les yeux au ciel. Les blagues un peu salaces sur les bords, elle n'en avait pas l'habitude. Enfin, si, mais généralement elle ne les écoutait pas, trop occupée à faire autre chose - genre lire une certaine lettre, ou fixer les gens de façon tellement insistante que ça finissait par en être gênant. Ou juste, ne pas faire attention. Allons bon, elle était peut-être un poil coincée. Un poil. Elle sent qu'il la suit, et ne se retourne pas. « Dis-toi que si on se fait prendre, t'auras pas à me laisser continuer seul ! Personne me laissera continuer quoi que ce soit ! Si on se fait chopper, c'est game over » Ce qu'il ne semblait pas comprendre, c'était qu'elle se sentait restreinte dans ses mouvements. Seule, elle prend le temps de réfléchir, de poser et de faire les choses bien. Là, accompagnée, elle peinait à prendre des décisions car elles ne dépendaient plus d'elle uniquement. Willa se retenait pour ne pas casser l'ambiance et les remarques du jeune homme. Même si elle le trouvait sympathique, il allait lui falloir du temps pour qu'elle adhère complètement à la personnalité quelque peu déjantée du Gryffondor. Et encore, il fallait qu'ils se revoient après ça.

Ils continuèrent donc leur escapade en grimpant les marches de l'escalier, une à une. Willa faisait tout son possible pour ne pas s'arrêter subitement à chaque bruit, à chaque passage devant une salle de classe où les cours étaient donnés. Elle se mordit la lèvre inférieure, pensant à ce cours qu'elle allait sans doute devoir rattraper en plus des devoirs déjà fournis. Plus ils avançaient, plus ils s'enfonçaient dans la grandeur de la bâtisse. Soudainement, les escaliers se déchaînèrent. Ils partaient dans tous les sens. Un peu plus, et elle se serait cassé la figure en arrière. « Allons bon ! A croire que même Poudlard souhaite faire de toi une aventurière ! Bon, je te propose pas d'aller se planquer dans les toilettes. Surtout celles de Mimi Geignarde. Et la galerie des Portraits est pas forcément le meilleur endroit pour être discret. On continue de grimper ? » Willa se retourna vers le Gryffondor, d'un air embêté. Si le château continuait ses bêtises, elle allait vraiment finir par le laisser en plan. Entre son angoisse de rencontrer des gens indésirables, et les conneries du château, elle allait craquer, prochainement. Elle serra ses poings aussi fort que possible. « Foutu château de merde ! » lança-t-elle, sans doute un poil trop fort. Sans répondre à Flynn, elle reprit sa marche dans les escaliers qui semblaient avoir arrêté de se barrer dans tous les sens. Soudain, une ribambelle d'élèves sortirent d'une salle de classe, et son seul réflexe est de se coller au mur, au plein milieu des escaliers, alors que les tableaux accrochés rouspétaient de la violence du choc. Ils passèrent, et Willa eut l'impression qu'ils avaient marché à 2 km/h tellement elle avait trouvé le temps long. D'un long soupire, elle se laissa glisser sur l'une des marches des escaliers, prenant le risque qu'ils retournent jouer avec ses nerfs. Elle ferma les yeux. « Bon sang. Je te jure Flynn, j'vais finir par crever ici. Tout le monde s'est réuni pour sortir au mauvais moment ou quoi ? C'est quand même dingue ! Merde ! » Son regard se tourna vers Flynn. « Laisse-moi donc crever ici et pars donc continuer tes blagues. Quelqu'un finira bien par venir me repêcher ici. Au point où j'en suis... » Elle avait enchaîné les frayeurs et ça ne la réussissait visiblement pas. Le teint rougit par les coups de stress, son visage jurait avec la blancheur de ses cheveux. Quand des pas se firent entendre, elle referma de nouveau les yeux. « Hé merde. »

Spoiler:

Elle aurait peut-être dû reculer au lieu de s'obstiner à avancer. Du coup, là, Willa n'était pas dans son assiette.

Littéralement. La seule chose dont elle avait envie, c'était de se barrer en courant, mais son corps restait fixé au sol. Accroupie au milieu des escaliers, la jeune femme se rendait à peine compte de son état. C'était sans doute pour ça qu'elle ne faisait jamais ce genre de choses, accompagnée et en pleine journée. La nuit, seule, c'était autre chose, elle n'avait jamais eu aucun problème. Elle savait se gérer, Willa. Oui, quand elle était seule, complètement seule. Puis, généralement, elle prenait le temps de réfléchir à ce qu'elle allait faire, et tout se passait toujours très bien. Mais là, Flynn l'avait un peu prise au dépourvu, et elle l'avait suivie, voulant se tester pour une fois. Grossière erreur. Son choix, elle le regrettait. Willa était loin d'être habituée à devoir gérer des imprévus tels, comme une escapade pas du tout autorisée en plein jour, pendant les heures de classe. Du coup, alors que les élèves avaient dévalé les escaliers, tout justes sortis de leur salle de classe, elle avait paniqué et s'était laissée glisser sur les escaliers froids de la bâtisse. En entendant les pas arriver vers le Gryffondor et elle, la jeune femme s'était dit stop. Elle ne bougerait plus d'un pouce, quitte à ce qu'elle se fasse prendre seule et qu'elle un mauvais moment avec Lovecraft, ou avec quiconque. Elle s'en fichait pas mal là, tout de suite. La Suédoise n'avait jamais pensé réagir aussi fortement en sortant de sa zone de confort. Pourtant, les expériences passées avaient marqué la jeune femme, mais elle avait oublié, pour une bonne dizaines de minutes. Du coup, avachie comme pas possible, la Serpentard se sentait idiote devant Flynn. Elle qui s'était forgé une carapace montrant un fort caractère, une confiance en soi intouchable, venait de faire tout péter devant un gars qu'elle connaissait à peine. Génial. Flynn, lui, semblait aimer les challenges, le risque. Willa, c'était tout le contraire.

« Elle va bien ? » Willa lança alors un regard indécis derrière Flynn. Le concierge passait visiblement par là, ses épais cheveux attachés en queue de cheval. La jeune femme ignorait sur le coup si elle risquait gros - enfin, s'ils risquaient gros -, en étant découverts ainsi par celui qui surveillait la bâtisse. Elle était tout de même censée être en cours, suivre sa formation de médecine magique correctement. Elle était sûre que si il était au courant, ça allait très mal finir pour elle. Elle ne répondit pas, se laissant le temps de se calmer et de ne pas paniquer de nouveau. C'était fatiguant, tout de même, à force, d'être comme ça. Pourquoi ne pouvait-elle pas gérer un minimum ses angoisses ? Elle n'avait pas la réponse, évidemment. « Elle fait une légère crise de panique, j'ai l'impression... » Willa ne le regardait pas, mais elle était loin d'avoir envie que le gars qui passait son temps dans les couloirs sache ce genre de trucs. Parce que bon, elle avait envie de continuer à se planquer si besoin quoi, et n'avait pas envie d'avoir à supporter les attentions bien-que louables d'un concierge préoccupé. Elle regarda ce dernier s'avancer vers elle. « Miss Lundgren ? Respirez un bon coup, ça va aller. Ça fait longtemps qu'elle est comme ça ? Vous devriez peut-être l'emmener voir Miss Izlechen... » Willa eut un regard apeuré. Non. Non, tout sauf ça. Elle préférait limite avoir cinq cent heures de colles plutôt que de finir à l'infirmerie avec cette médicomage qu'elle n'appréciait pas vraiment. Trop maternelle. Trop. Alors, elle se leva, et fit face au concierge avec un calme qu'elle peinait à maîtriser. « Non, non, ça va. Regardez, je me lève. » Elle lança un regard qui tente d'être rassurant vers Flynn. Peut-être qu'elle l'avait fait flipper un peu. La Serpentard se sentait un peu à l'étroit entre le concierge et le Gryffondor, alors elle descendit quelques marches. « Tout va bien. » Dans sa tête, elle espérait que le concierge ne verrait pas qu'elle ne devait pas être là, maintenant. Elle espérait qu'il ne savait pas dans quel cursus elle était et elle espérait pouvoir s'échapper de ce traquenard aussi vite que possible. Elle aurait peut-être dû rester dans sa chambre et faire la malade, finalement.

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