Come here, little monkey ◐ Bellim

Belladona en avait marre. Marre de toutes ces règles. Marre de ne pouvoir aller aux chiottes  sans en demander la permission. Marre d'être traitée comme une enfant de cinq ans. Marre que la magie n'en fasse qu'à sa tête. Marre, marre, MARRE, M-A-R-R-E ! Et que faisait Belladonna quand elle en avait assez, quand elle estimait que les règles auxquelles elle devait se plier n'étaient plus légitimes ? Et bien elle contournait le règlement, tout simplement. Elle avait peaufiner son plan ; Au moins on ne pouvait retirer ce mérite à la situation : une simple escapade aux toilettes devenait une vraie mission suicide. Elle voulait retrouver ses marques dans ce château qu'elle connaissait autrefois comme sa poche, elle voulait à nouveau se sentir libre de se retrouver seule avec elle même, elle voulait se sentir vivante. Alors, elle avait commencé à réfléchir. L'idée avait germé, petit à petit, dans son esprit. Elle grossissait et se nourrissait des informations que la jeune fille réussissait à glaner à droite à gauche, l'air de rien. A quelle heure les professeurs faisaient leur ronde, quand est-ce que le septième étage était désert... Ces petits détails, ces informations qui étaient pourtant au cœur de ses préoccupations.

Bell mit une bonne semaine avant de pouvoir passer à exécution. Elle désirait agir seule, se retrouver avec elle-même, profiter du silence. Alors, après la dernière minute de la dernière heure de cours de la journée, elle s'était enfin décidée. Elle avait suivi son professeur bien docilement jusqu'à la salle commune, toute excitée à l'idée de ce qui allait suivre. Elle avait alors grimpé les marches de son dortoir quatre à quatre, s'était saisie d'un sac à dos qu'elle gardait pour ses escapades et elle avait passé en revue ses outils : Une bonne dizaine de biscuits dérobés durant le repas du midi, de l'eau, une couverture. Elle sourit, fin prête.

Le plus dur commençait, enfin. Le tout était de se rendre à destination, sans être vue, ni par les élèves, ni par les professeurs. Et c'était sans parler des aurors envoyés par le ministère qui déambulaient parfois dans les couloirs. Avec de la chance, la plupart serait en chemin pour le dîner. Belle croisa les doigts, se mordit la lèvre et elle fit pivoter le tableau de la grosse dame. « Vous n'êtes pas sensée sortir, jeune fille, je vous rappelle que... » Mais Bell s'éloignait déjà. Elle l'aimait bien, cette grosse dame, mais elle n'avait vraiment pas le temps pour ses remontrances.
La jeune fille remonta alors de nombreux couloirs, attendant parfois qu'un groupe d'élèves tourne dans le fond avant de s'y engager. Les escaliers défilèrent, des passages secrets furent empruntés, et Bell se retrouva au septième étage, non loin de l'endroit où elle souhaitait se rendre. Alors qu'il ne lui restait que quelques couloirs à traverser, de forts bruits de pas se firent entendre. Elle paniqua brièvement : elle n'atteindrait jamais le bout du couloir avant que le groupe n'arrive. Elle chercha une cachette des yeux et elle s'engouffra à la dernière minute dans un renfoncement habité d'ombres. Elle pesta lorsqu'elle se prit une toile d'araignée en plein visage, puis plaqua sa main sur sa bouche. Elle devait se taire, elle devait se contrôler, sans quoi elle risquait une sacré punition. A l’abri des ombres, elle prêta l'oreille, prête à agir. Lorsqu'elle reconnut l'une des voix, sa main s'écarta de son visage et la joie malicieuse étira sa lippe. Oh oui, elle savait tout à fait de qui il s'agissait.

Lorsque le groupe passa devant sa cachette, Belladona tendit les bras devant elle et se saisit du jeune garçon en lui plaquant sa main sur la bouche. Elle le serra contre sa poitrine, toujours dans l'attente. Finalement, les sons qu'elle attendait lui parvinrent. Les pas s'étaient arrêtés. « Tim...? Non mais attends, c'est pas possible il était juste derrière nous... TIM ? » « Laisse, il a du courir faire une bêtise quelque part... » Belladona sourit. C'était précisément ce qu'elle espérait. Les bruits de pas reprirent ; Bella desserra son étreinte sur le garçon, lui rendant sa mobilité. Elle lui passa la main dans les cheveux, le regardant avec un sacré sourire malicieux. « Ca te dirait de partir à la recherche de la nouvelle salle sur demande, gamin ? »

Timmy était justement en train de sortir avec une petite bande de Poufsouffle, sans doute dans le but évident de piquer des choses en cuisine. Tous étaient animés par le désir incontrôlable d'extorquer de la nourriture aux elfes de maison et rien ne les arrêteraient dans cette quête.

Un peu en retrait, pour une fois, le garçon était un peu dans la lune, rêveur. Il contemplait tout en avançant avec les autres les frises sympathiques du plafond – une grande réussite, surtout que Poudlard était sorti en très mauvaise santé de la bataille finale – tout en se demandant quelles prochaines bêtises il allait bien pouvoir faire. Timmy sentait le manque de sommeil commencer à se faire remarquer : il avait de grosses cernes, mais il ne tenait pas en place. Dès qu'il s'allongeait dans son lit, s'asseyait sur le canapé, il y avait ce besoin indescriptible d'aller autre place, de faire autre chose tant qu'il le pouvait encore.

Tim Redford était donc en train de suivre ce qu'il pouvait plus ou moins appeler ses « amis » lorsqu'il se sentit traîné en arrière. Il allait hurler, mais un bâillon improvisé l'en empêchait. Préparé à toutes les situations, il allait enchaîner une série de coups lus dans des manuels de kung-fu – et en fait complètement factices – lorsqu'il reconnut la voix de la jeune femme. Belladona ? Il aurait dû la reconnaître plus tôt : fut un temps où ils se fréquentaient beaucoup plus et où ils passaient des soirées à explorer les conduits secrets du château. Cette fille était géniale.

Content de la trouver, elle, ici et oubliant carrément l'escapade nocturne dans la cuisine, il lui adressa le plus beau sourire qu'il avait en réserve.

« La nouvelle salle sur demande ? Waou. Génial ! »

On disait que si l'on trouvait cette salle, on pouvait avoir tout ce que l'on souhaitait. Qu'un élève en retard sur ses révisions aux examens disposait de tous le matériel adéquat pour réviser. Que celui qui avait envie de pisser pendant la nuit trouvait une salle remplie de pots de chambres. Mais honnêtement, était-ce vraiment ce qui intéressait Timmy ? Non...Lui, si la salle l'intéressait tellement, c'était pour y trouver tout le matériel dont il aurait besoin dans le futur pour commettre toutes les bêtises du monde.

« Tu sais où elle était, avant ? Quel étage, quel coin du château ? Tu sais exactement où était la dernière ? Ça se trouve, elle est au même endroit...même si j'en doute. »

Le Poufsouffle n'était pas bête. Avant toute expédition, il valait mieux quadriller le secteur pour ne pas courir le risque de se faire choper par un professeur ou par le concierge. Il n'avait pas envie de passer la nuit à récurer des coupelles à bougie. Belladona était en quelques sortes son modèle, à Poudlard et s'il avait tenu aussi longtemps, dans ce trou moisi où il avait trouvé refuge, c'était en partie parce qu'il pensait à tous ces bons moments qu'ils avaient pu vivre ensemble, en cours de sa première année.

« ...Y'a un truc que j'aurais envie de faire...mais faudrait choper une traduction en Fourchelang...ouvrir la Chambre des secrets. Paraît qu'il y a un cadavre de Basilic mort : ça te fait pas envie ? », fit-il avec un petit rire excité.

Comme Belladona s’y attendait, sa proposition plut immédiatement à son acolyte. C’était reparti pour un tour.
La bouille du petit poufsouffle lui avait carrément manqué, durant ces deux années hors du temps. Elle aurait presque tout donné pour qu’il soit avec elle durant sa sixième année. Bien sûr, une part d’elle avait été soulagée de ne pas voir ses cheveux frisés se déplacer dans les couloirs ; il n’aurait certainement pas pu se contenir et il aurait fini comme bien d’autres, dans le bureau des Carrow. Mais, égoïstement, s’il avait été là, Bella savait qu’il lui aurait apporté un peu de bonheur et une montagne de sourires… Avec des « si » on refaisait le monde, il parait.

Comme à son habitude, Tim se mit à parler comme un petit excité, sans s’arrêter.

« La nouvelle salle sur demande ? Waou. Génial ! Tu sais où elle était, avant ? Quel étage, quel coin du château ? Tu sais exactement où était la dernière ? Ça se trouve, elle est au même endroit...même si j'en doute. ...Y'a un truc que j'aurais envie de faire...mais faudrait choper une traduction en Fourchelang...ouvrir la Chambre des secrets. Paraît qu'il y a un cadavre de Basilic mort : ça te fait pas envie ? » Belladona laissa échapper un éclat de rire franc qu’elle réfréna immédiatement en se cachant derrière sa main. Ce n’était pas le moment de se faire pincer… Les temps étaient durs, une fois de plus, entre les murs de Poudlard. Même en pleine journée, ils devaient se déplacer en groupes, ou avec un adulte ; ils n’avaient pas le droit de faire de la magie… Un comble, n’est-ce pas, dans une telle école ? Au fond d’elle, Belladona en comprenait les raisons… Mais elle ne pouvait s’y résoudre.

Alors, elle était bien déterminée à s’amuser, sans se faire prendre. « Du calme, Timmy ! »
Elle lui adressa un nouveau sourire. « Chaque chose en son temps… La chambre des secrets ça sera pour une prochaine fois, promis… » Cette salle là, elle n’en connaissait pas l’emplacement, mais elle allait se renseigner. « Avant, la salle était au septième étage, en face de la tapisserie qui représentait des trolls en train de danser, t’as pas pu la rater. » Non vraiment, cette décoration était tellement particulière que même si Tim n’avait passé qu’un an à Poudlard, il l’avait forcément remarqué. La première fois que Belladona s’était retrouvée devant, elle avait tellement ri en tentant d’imiter les gros bonhommes verts que ce tableau cousu était ancré dans son esprit. « Il fallait passer trois fois devant en pensant très fort à ce que tu voulais trouver. » Tout cela rappelait des souvenirs à la jeune gryffondor, ces heures passées à l’intérieur de la salle Va-et-Vient avec l’A.D., et les fois où elle s’en était servie pour ses méfaits, après ça. « je ne sais pas si ils l’ont reconstruite, mais il doit bien y avoir quelque chose à sa place. » Elle se frotta les mains, réfléchissant à la marche à suivre. « Bon, du coup on est au bon étage. Mais y a des prof qui patrouillent, donc faut qu’on soit efficace et discret. » Elle appuya sur ce dernier mot, très important, qui n’était ni son fort à elle, ni celui du garçon. Eux, ils étaient doué pour le foutoir et les choses bruyantes, mais ces choses n’étaient plus de mise, aujourd’hui. « Allez, c’est parti. » Belladona passa la tête au dehors de sa cachette, tendant l’oreille tout en observant le couloir. Vide. Elle s’élança, trouvant le parfait équilibre entre discrétion et rapidité.

Belladona, elle était cool. Elle était super cool, la meilleure compagnie pour quelqu'un comme lui qui aimait bien jouer des tours aux autres...Et puis, honnêtement, elle n'était pas trop mal foutu, même s'il savait qu'un gosse de son âge n'avait aucune chance auprès d'une fille aussi vieille – elle l'étriperait si elle savait qu'il venait de penser ça.

« Ouais. En fait juste la Salle, t'as raison. »

Ils allaient devoir être discrets, en effet, ce qui était loin d'être dans ses premières qualités. Il avait bien acheté de la poudre d'obscurité du Pérou, lors de son dernier voyage sur le Chemin de Traverse, mais celle-ci reposait tranquillement dans sa valise, en attendant d'être utilisée...ils devraient redoubler d'imagination pour échapper aux diaboliques professeurs qui voudraient attenter à leurs vies.

Ils allaient être super efficace, et encore plus super discret. Tim se préparait déjà à marcher autant qu'il le pouvait sur les pieds et il avait enlevé tout élément qui pouvait le rendre visible de loin. Il avait, d'un geste de la main, abaissé la capuche de sa cape sur son visage, même si ce subterfuge ne serait sans doute pas à toute épreuve contre quelqu'un qui avait l'habitude de leurs conneries.

Le couloir en question n'avait curieusement pas été trop difficile à attendre. C'était marrant, un peu comme s'ils jouaient à Inspecteur Gadget – il ne savait pas si Belladona connaissait Inspecteur Gadget en plus, encore un truc super à lui montrer – mais en vrai. Il avait l'impression d'être un espion dans une usine d'armement russe en pleine Guerre Froide, un super-héros qui devait intercepter les plans d'une league super méchante. Tim se prenait au sérieux comme si leur vie à tous les deux en dépendaient. Ils étaient au troisième étage et avaient réussi à éviter tous les potentiels obstacles qui auraient pu leur faire face : il était heureux. Il adressa un signe de main à Bella' en lui faisant genre que tout allait bien et qu'elle pouvait le suivre, tout en commençant à faire trois fois le tour de la fameuse salle.

Quelle ne fut pas sa déception lorsqu'au troisième tour, aucune porte n'apparut...aucune porte, ni cagibi, ni petit indice de rien du tout : rien de rien.

« Ça marche pas. », dit-il, complètement dépité, stoppé dans son élan en plein milieu du couloir.  « T'as des preuves, au moins, qu'elle a été reconstruite ? Parce que franchement, surtout si c'est un des fondateurs de Poudlard qui l'a faite à la base, je pense moyen qu'ils en auraient eu les moyens. T'as entendu des rumeurs, depuis le début de l'année ? »

Tim fronça les sourcils, tentant de réfléchir, pour une fois. Il était parfaitement conscient qu'il devait éviter de faire du bruit ou d'attirer l'attention sur eux, par conséquent, faire péter tout l'étage avec de la dynamite pour tenter de repérer la fameuse salle était exclu.

Dommage.

« Tu n'aurais pas appris un sort pour détecter les espaces vides derrière un mur ? Ou un marteau pour toquer dessus pour voir si le son est différent ? ...Enfin si tu y tiens vraiment. Sinon, on peut toujours aller à Pré-au-Lard par un des passages secrets et piquer des bonbons chez Honeydukes. »

Bell ne put retenir un sourire lorsqu’elle vit Tim se déplacer dans le couloir, sa capuche sur la tête. Tout dans sa gestuelle indiquait qu’il prenait leur mission très au sérieux et qu’il faisait tout pour ne pas se faire repérer. Elle l’observa se déplacer et se concentrer alors qu’il tournait pour faire apparaître la fameuse porte… La jeune femme se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas rire bruyamment et les faire repérer. Tim était adorable et elle sentit une bouffée d’affection à son égard l’envahir. Elle était contente de le retrouver.

Lorsqu’il eut fini ses tours, il s’arrêta, dépité. Il ne fit aucun effort pour cacher sa déception et il se retourna vers Bella, clairement mécontent. Lorsqu’il s’exprima, Bell entendit immédiatement les infections de sa voix qui se faisaient marques de désappointement. « Ça marche pas. T’as des preuves, au moins, qu’elle a été reconstruite ? Parce que franchement, surtout si c’est un des fondateurs de Poudlard qui l’a faite à la base, je pense moyen qu’ils en auraient eu les moyens. T’as entendu des rumeurs, depuis le début de l’année ? »

Bell le regarda et arqua un sourcil, surprise. Depuis quand était-il aussi défaitiste? Elle l’observa froncer son petit visage et de toutes évidences se mettre à réfléchir. Elle s’approcha de lui, doucement, avant de poser une main sur son épaule. « Il y a forcément quelque chose à la place, quelque part. Il faut juste qu’on trouve comment y accéder. » Elle était sûre qu’il y avait quelque chose, et même si aucune rumeurs n’avaient caressé ses oreilles, elle ne pouvait se résoudre à se dire que la salle sur demande avait disparu et n’existerait plus jamais. Tim continua d’énoncer sa réflexion, ses sentiments se déversant toujours aussi facilement dans ses paroles. « Tu n’aurais pas appris un sort pour détecter les espaces vides derrière un mur ? Ou un marteau pour toquer dessus pour voir si le son est différent ? … Enfin si tu y tiens vraiment. Sinon, on peut toujours aller à Pré-au-Lard par un des passages secrets et piquer des bonbons chez Honeydukes. »

Encore une fois, la jeune gryffondor fut surprise de l’entendre baisser les bras si rapidement. Le Tim qu’elle connaissait était plus combatif, plus persévérant que cela… Tu moins, c’était l’image qu’elle avait gardé de lui. « Tu abandonnes déjà ? » Elle tenta de le piquer au vif avant d’étayer son argumentaire « Aucun sort ou marteau ne nous aidera à trouver la salle… Comme tu le dis si bien, la magie est puissante et elle ne se laissera pas dénicher si facilement. C’est peut-être plus difficile avec la magie qui se détraque, tout ça… » Elle agita sa main en l’air au ‘tout ça’. Oui, la magie qui n’en faisait qu’à sa tête pouvait également lui mettre des bâtons dans les roues, aujourd’hui. C’était l’inconvénient, avec la magie ; Électricité du monde magique, lorsqu’elle faisait défaut tout partait à vaut l’eau. Et aujourd’hui, c’était précisément ce qui était en train de se passer. Elle lui serra l’épaule et s’avança à son tour. « Attends, laisse moi essayer. »

Belladona prit sons souffle et commença par se concentrer sur ce qu’elle souhaitait trouver dans cette salle. Elle était partie avec l’envie de se détendre, seule, dans un coin. Elle imagina donc une salle confortable, un endroit où elle pourrait s’installer avec Tim, tranquillement, pour discuter, rire et s’amuser. Son image bien en tête, elle s’accrocha à ses envies alors qu’elle commençait à effectuer ses allers et retours. Elle évita toute pensée parasite et redessina à l’infini ses désirs. Lorsqu’elle s’arrêta, aucune porte n’était apparu. Elle fronça les sourcils également puis se tourna vers Tim.

« Ça a vraiment pas l’air de marcher… » Cela l’ennuyait réellement, elle voulait vraiment accéder à cette salle. Elle souffla, sentant l’ennui et le découragement la saisir à son tour. « On va p’t’etre tenter ton passage secret, du coup… » La main dans les cheveux, elle se gratta la tête en réunissant les quelques hypothèses qu’il lui restait. Malheureusement, sa pensée n’eut guère le temps de se développer : Des pas se firent clairement entendre au bout du couloir.
Paniquée, Bell ouvrit de grands yeux en direction de Tim avant de l’attraper par le bras. Ils devaient s’en aller, et vite. Elle regarda à la hâte autour d’elle, cherchant un endroit où se cacher. Et c’est alors qu’elle l’aperçut, la petite ouverture qui donnait sur la nouvelle salle sur demande. Elle n’était pas sûre de l’endroit où ils allaient mettre les pieds, mais ils n’avait pas vraiment le choix, après tout. Elle offrit un sourire excité à Tim avant d’ouvrir la porte et de presque le pousser dedans. Ils n’avaient pas le choix, et aucun temps pour une marque arrière. Elle referma le panneau de bois derrière elle et se délecta de la vision qui lui était offerte.
Les murs et le sol étaient recouverts d’énormes coussins colorés qui semblaient plus ou moins durs ou épais. Quelques livres volaient dans la salle, désœuvrés, et il était impossible pour les deux élèves d’en voir le fond : de longues haies de coussins empilés semblaient former ce qui ressemblait à un labyrinthe, ou en tous cas à une pièce biscornue. Elle se tourna vers Tim.

« Après toi. » Son excitation était palpable.

[hrp : pardon, j'ai une éternité de retard ! ;;]

Il était vrai que Tim s'était découragé un peu trop facilement. Il eut des regrets, se sentant un peu coupable d'avoir si facilement montré ses faiblesses du moment à sa camarade et continua à la suivre. Par chance, Belladona restait quelqu'un qui lui mettait le sourire aux lèvres et qui le faisait se sentir bien. Marcher avec elle dans ces couloirs en pleine nuit, c'était mieux qu'une psychothérapie.

Un peu dans la Lune, il n'entendit pas les pas qui se rapprochaient d'eux dans le couloir. Il fut donc très étonné, voire carrément surpris, lorsqu'il sentit Bella' l'agripper et l'entraîner avec elle dans une course effrénée. Comment eurent-ils accès à la nouvelle salle sur demande ? Il n'en avait aucune idée mais les pensées et le désir de fuite de sa camarade y avaient sûrement été pour beaucoup. Victime de la course, il s'arrêta en plein milieu de la salle, le souffle un peu cours et, l'écoutant toujours, émerveillé, commença à regarder les merveilles qui les entouraient.

Que ce soit clair : depuis qu'il était ici, Timmy avait entendu beaucoup de choses sur la mystérieuse Salle sur demande. Il n'y avait pourtant jamais mis les pieds, mais il savait de sources sûres qu'elle pouvait s'adapter à vos besoins. Que certains élèves qui voulaient cacher des objets pouvaient trouver un lieu parfaitement adapté à cela, que si, comme ils l'avaient fait lorsque Ombrage était directrice de Poudlard, vous vouliez vous entraîner, elle pouvait vous proposer une salle de combat. Cette salle était merveilleuse et plus que ses différentes facettes, ce qui fascinait Tim, c'était surtout sur comment elle avait été créée. Il soupçonnait un des fondateurs de Poudlard, voire les quatre réunis, d'être derrière cette merveille. Il ne savait pas s'il existait un moyen de percer ce secret, et c'était sacrément frustrant.

« C'est trop cool. »

Il y avait des coussins partout et la salle ne semblait pas avoir de fin. Il se demandait à quoi avait pensé Bella, mais « un lieu pour se reposer et parler sans être trouvé », ça semblait assez pertinent. Quelques livres volaient dans un coin, et il avait même vu quelque chose, peut-être une statue, bouger au coin de son œil. L'atmosphère était reposante et silencieuse, comme s'ils étaient les premiers sorciers à mettre les pieds ici. Il s'assit sur un des multiples tas de coussins ; ils étaient mous et rouges. Ils dégageaient une frêle odeur de vanille, l'arôme préférée de sa mère lorsqu'elle leur préparait des gâteaux pour le goûter.

« T'es vraiment trop forte. Je ne pensais pas qu'elle serait dans le même coin et surtout que ce serait comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Les coussins sont super confortables. Ils me donneraient presque envie de fermer les yeux et de m'endormir. Tim en mode Belle au bois dormant, haha ! Et tu devrais m'embrasser pour que je me réveille !  »

Il ne comptait pas revenir sur ce petit côté défaitiste que Bella avait pu observer tout à l'heure – pas tout de suite, du moins. Pour le moment, Tim profitait de l'endroit, enchanté.

« Tu penses que si on fouille suffisamment la salle, il y a une porte...genre je sais pas, vers un autre monde ? Tu penses que ce serait possible ? Genre si on le souhaite très très fort, de la faire apparaître ? »

La salle qui venait de leurs ouvrir ses portes était merveilleuse. Belladona n’avait pas vraiment compris comment ils avaient réussi à y accéder, mais au final ce qui comptait c’était le résultat : ils étaient dedans, c’est tout ce qui comptait. La jeune fille connaissait bien la salle sur demande pour y avoir fait quelques réunions avec l’AD lors de l’année maudite. Pourtant jusqu’ici, elle n’avait jamais eu aucune difficulté à y accéder et cela l’avait fort ennuyée. Elle mit cela sur le compte de la magie détraquée en espérant que la salle qu’ils venaient de découvrir était bien la salle sur demande et non une salle détraquée gardant les stigmates de sa destruction par les flammes.

La jeune fille garda son regard posé sur son petit ami alors qu’il admirait leur découverte. Elle aimait ce regard heureux et victorieux, elle aimait les traits de son visage. À vrai dire, l’attitude que la gryffondor avait observé chez le blaireaux quelques instants auparavant l’avait inquiétée. Elle était bien placée pour savoir que les élèves de Poudlard portaient à présent en eux des cicatrices qui n’étaient pas toujours visibles, même ceux qui avaient été éloignés, cette année là. Tim n’était qu’un enfant après tout et cela lui déchirait le cœur de se dire qu’il avait pu vivre de mauvais moments.

Mais pour l’heure, l’idée était de s’amuser et de se changer les idées. Elle le regarda s’exclamer joyeusement et s’étaler sur un coussin, visiblement content. Une odeur vanillée parvint aux narines de Bella qui lui rappela une certaine odeur de pâtisserie. Elle se laissa tomber à côté de son ami, souriant toujours.


« T'es vraiment trop forte. Je ne pensais pas qu'elle serait dans le même coin et surtout que ce serait comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Les coussins sont super confortables. Ils me donneraient presque envie de fermer les yeux et de m'endormir. Tim en mode Belle au bois dormant, haha ! Et tu devrais m'embrasser pour que je me réveille !  »  Belladona laissa échapper un éclat de rire de bon cœur avant d’attraper la frimousse du jaune et noir entre ses mains. Elle déposa un bisous bien mouillé sur son front, prenant la peine de l’embêter au passage. elle rétorqua immédiatement « T’as réclamé un bisou, c’était à tes risques et périls »  Elle rit à nouveau puis reporta son regard sur la salle. « C’était pas si difficile de la trouver, avant. Mais entre la magie qui fait n’imp’ et le fait qu’elle ait été détruite… Je suis soulagée qu’elle soit encore là. »

Belladona se leva et s’amusa à marcher sur les coussins, lui donnant l’impression de marcher sur des coussins d’eau tant ils étaient moelleux. Les bras écartés, elle essayait de garder son équilibre avec difficulté. Les paroles de Tim, un peu plus loin, la firent regarder au loin « Tu penses que si on fouille suffisamment la salle, il y a une porte...genre je sais pas, vers un autre monde ? Tu penses que ce serait possible ? Genre si on le souhaite très très fort, de la faire apparaître ? »  Elle fronça les sourcils quelques instants, réfléchissant. Poudlard était une merveille gorgée de magie où tout était merveilleux ; C’était l’image qu’elle en avait toujours eux. Pour elle, s’il y avait bien un endroit où tout était possible, c’était ici. Elle exprima ses sentiments au garçon. « Tu sais, je crois qu’ici tout est possible ! Beaucoup de choses ont été découvertes un peu par hasard, donc bon… »  Elle se retourna vers Tim et lui adressa un sourire taquin. « Alleeeeez ! On part en expédition ! »  En riant, elle se jeta en avant sur un énorme coussin, rebondissant jusqu’à plus d’un mètre du sol. Elle poussa un cri strident, mi-apeuré mi-joyeux avant d’atterrir sur ses pieds et de commencer à avancer, à la recherche des merveilles perdues.