I keep dragging around what's bringing me down • Helge&Hope

Mon regard au réveil était hanté. Une semaine que chaque fois je revoyais les mêmes images, j'éprouvais les mêmes sentiments alors que mon esprit quittait abruptement les bras oppressants de Morphée. Je ne trouvais aucun apaisement dans le repos, juste un rappel constant. Je revivais les événements qui pendant de longs mois m'avaient empêchés de trouver l'apaisement. Je n'aurais jamais cru qu'un simple événement puisse raviver la douleur d'alors et pourtant, depuis lors, mon esprit ne parvenait pas à trouver la paix intérieure. Les premiers jours, je ne parvenais que difficilement à simplement m'endormir finissant par sombrer une fois la nuit bien entamée. Depuis quelques jours, je buvais une tisane qui m'aidait à tomber endormie plus facilement mais mes nuits restaient peuplées de ces horribles cauchemars. Les choses avaient dégénéré et tout était devenu un joli foutoir le matin des tests. Tout le monde fuyait en courant, certains tombaient au sol. C'était le chaos et je m'étais sentie ramenée en arrière. Il était impossible de ne pas faire un parallèle. Je l'avais vécue de loin cette guerre mais elle me hantait. Les images continuaient encore de me poursuivre. Depuis, je dormais mal mais lentement, je commençais à me reprendre en mains. S'apitoyer n'apporterait rien de bon. Mais j'avais ouvert les yeux sur un fait important, je m'étais rendue compte ce jour là que seule la solidarité avait permis que personne ne soit grièvement blessé. Nous étions tous diamétralement opposés en apparence mais dans le fond, nous étions tous condamnés à mener une existence qu'un rien pouvait chambouler. Je me rendais compte que je m'étais posée des limites refusant d'en approcher certains pour des raisons de réputation. La rumeur pouvait faire croire bien des choses mais n'étions-nous pas tous humains avant tout? N'étions-nous pas tous des êtres vivants? Je ne voulais plus fermer les portes et m'enfermer dans un monde idéal basé sur ce que finalement on voulait nous faire croire. Nous étions tous uniques mais pas tous différents. Nous avions nos particularités mais aussi nos similitudes alors je refusais l'idée de croire le jeu des apparences à l'avenir.

Je bataillais avec le flot de mes pensées depuis bien trop longtemps, avec ces idéaux sur le comment agir et pourtant je n'avais encore rien fait. Je n'avais pas pu m'empêcher de tomber dans le piège des apparences en ayant un discours peu flatteur sur Andreï. Il était tellement difficile de se départir de ses vieux réflexes, de vieilles habitudes solidement enracinés sous la peau dans une montagne de croyances et de certitudes. Se remettre en question était un chemin périlleux et surtout long. Mais j'étais décidée à changer. J'étais motivée à laisser mon âme renaître sur un jour nouveau et venir bouleverser le cours de ma vie. Je ne sais pas très bien comment j'étais venue me perdre en ces lieux assez isolés car peu utilisait encore les toilettes de Mimi à cause de leur état un peu délabré. Elles sont plutôt délaissées par les élèves qui en privilégient d'autres mieux entretenues et moins hantée. Donc tout semblait dépeuplé et j'allais faire demi-tour quand j'entendis ce genre de bruit. Instantanéement mon corps se fige alors que je peux reconnaître le son caractéristique d'une personne qui pleure. Je suis partagée entre respecter son intimité ou lui tendre la main. Timidement, je cherche à discerner les traits de la personne. Je m'avance un peu pour tenter d'apercevoir la silhouette. Je reconnais tout d'abord les couleurs de sa maison puis ceux de sa tenue pour pouvoir mettre un nom sur le visage. Je songe à fuir avant que ma présence ne soit perçue. Je veux lui laisser son intimité mais aussi je suis un peu effrayée par la personne. Mais encore une fois ce n'est que stupide jeu des apparences.

Je m'arme de courage avant de lentement m'avancer vers. Je m'essaie avant de regretter de ne pas avoir osé me lancer. Je doute d'être accueillie chaleureusement mais je ne vais pas me dégonfler pour si peu. Je garde les yeux baissés vers le sol ne voulant pas poser un regard qui pourrait sembler intrusif sur ce garçon en larmes dans les salles de bain. « Hey. Je me suis égarée par ici et je t'ai entendu. J'ai été surprise de me rendre compte que tu pleurais. Je voulais savoir si tu veux un peu de compagnie ou en parler. Je sais qu'on se connaît pas mais c'est parfois plus simple de parler à une parfaite inconnue. » Je ne suis pas là pour me moquer ou pour provoquer. Je ne veux pas narguer mais il n'est sûrement pas celui que j'aurais pensé trouver ici en train de laisser s'exprimer sa peine. Je me demande ce qui peut amener une telle personne à laisser tomber ses barrières et craquer tout simplement. Je suis généralement admirative devant la force de certains dans cette école, cette force qui me fait cruellement défaut. Me rendre compte de leur humanité me donne du courage qu'un jour, moi aussi peut-être je pourrai atteindre un niveau où je ne suis plus si fragile dans la vie. Je fouille dans mon sac avant de prendre un mouchoir que je lui tends silencieusement. Je tente de me montrer respectueuse me rendant compte que chacun a en soi sa part de faiblesse.

Qu'y avait-il de plus reposant, de plus apaisant, que le bruit de silence ? Helge apprenait un peu plus chaque jour à apprécier ces rares instants de solitude que son triste quotidien lui accordait. C'était comme si, le temps d'un trop court moment, elle pouvait s'échapper, fuir tous les problèmes qui la suivaient sans répit, et qui l'entrainaient tout droit vers les Enfers. Oh, comme elle aimait cette impression de sommeil reposant qui régnait sur tout le château, alors qu'à une pareille heure, entre la nuit et le jour, elle avait l'impression inouïe d'être maître de tout ce qui l'entourait ; et si la forêt s'étendait à perte de vue devant elle, cela ne l'effrayait pas le moindre du monde, au contraire, elle dégageait cette aura puissante qui la fascinait et envoutait ses pupilles rivées sur l'horizon ; et si tout autour d'elle était figé et silencieux, elle ne se sentait pas pour autant oppressée ou inquiétée, et bien loin d'elle était l'envie de retourner se lover entre ses draps douillets. Alors, adossée contre ce bas mur de pierre, près d'une fenêtre, Helge songeait, les yeux perdus dans l'air vide devant elle.

Une larme roula sur sa joue sans même qu'elle s'en rende compte. Depuis combien de temps sa vie ne se résumait plus qu'à une longue et douloureuse agonie ? Elle n'était plus que le pantin de ce maître chanteur, de ce manipulateur de foules dont elle exécutait le moindre de ses ordres avec une soumission qui la rendait faible et pathétique ; et même si personne ne la savait, c'était sa fierté qui en avait pris un sacré coup. Ses paupières se fermèrent d'elle-même, et elle entendit la voix de son grand frère raisonner dans son esprit. Il lui manquait tant, et cela faisait déjà bien trop longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de le serrer dans ses bras, jusqu'à en avoir mal aux omoplates. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas pu regarder le bleu marin de ses yeux. Ca lui manquait cette époque où, encore jeune et insouciante, elle pouvait faire toutes les bêtises possibles et imaginables avec ce joyeux garçonnet. Il était l'espoir dont elle avait besoin, son ultime pilier qui la tenait encore un peu en vie. Mais c'était aussi un traitre, et quand il avait dénoncé les Petterson, il avait signé son bannissement de la famille. Cela faisait huit ans que c'était arrivé, la moitié de la vie d'Helge. Elle avait l'impression que c'était hier. Hier que sa vie avait changé. Hier qu'elle était devenue homme et qu'elle avait abandonné la fillette. Hier qu'elle avait tout gagné et tout perdu en même temps.

Les larmes devenaient trop nombreuses, trop dures à retenir, il fallait trouver un abri. Elle s'engagea dans les sombres couloirs silencieux de Poudlard, l'obscurité la rassurait, personne n'était dans le coin pour faire une ronde. Elle entra dans les toilettes des filles du deuxième étage, et aussitôt elle entendit un rire derrière elle. Mimi Geignarde, le fantôme d'une fille morte, tuée par Voldemort. C'est ce qu'elle avait entendu dans les couloirs. En tout cas, les rumeurs étaient vraies à son sujet, elle était agaçante. « Fous moi la paix ! » En haussant la voix, Helge sentit celle-ci trembler. Elle était fatiguée Helge, fatiguée de jouer la comédie, de ne pas pouvoir assumer pleinement qui elle était, de ne devoir sa vie qu'à une image. Elle se regarda dans le miroir, mais elle n'y vit que mensonge et déception. La pression était trop forte. Quand elle releva les yeux, elle n'était plus seule dans les toilettes, quelqu'un se tenait derrière elle. Elle renifla rapidement, vérifiant que sa chemise était bien boutonnée, pour que l'intruse ne détecte pas sa chair d'imposteur. « Hey. Je me suis égarée par ici et je t'ai entendu. J'ai été surprise de me rendre compte que tu pleurais. Je voulais savoir si tu veux un peu de compagnie ou en parler. Je sais qu'on se connaît pas mais c'est parfois plus simple de parler à une parfaite inconnue. » Helge ne prit même pas la peine d'attraper le mouchoir que lui tendait l'étrangère, ou de se retourner. Elle en avait vu suffisamment. C'était une serdaigle, rousse, plutôt jolie, et un peu timide. Elle ne pourrait en faire qu'une bouchée. « Passe ton chemin, ça vaudrait mieux pour toi. Même Mimi Geignarde a compris qu'il ne fallait pas m'embêter. Et si tu t'avises de raconter à quiconque que tu m'as vu pleurer, gare à toi. » Helge baissa les yeux et sortit de la poche de sa cape une cigarette roulée. Le genre de choses qu'il gardait pour lui, pour les moments difficiles. C'était le moment.

Je ne saurais expliquer quel sentiment prend le dessus en moi mais je reste figée sur place malgré son conseil qui sonne plus comme un ordre. Je reste immobile comme si la foudre venait de frapper pour me laisser incapable du moindre geste. Je suis un peu choquée mais je ne saurais décrire exactement pourquoi. Je sens mon corps trembler un peu consciente qu'à ses yeux, je ne semble même pas digne d'être calculée. Il semble certain que je vais simplement m'effacer et le laisser seule comme il vient de le demander. Il doit être convaincu que je ne suis que fragilité et lâcheté. Un simple mot peut-il réellement me convaincre de fuir sans rien demander de plus? Suis-je si facilement impressionnable? Je songe un instant que c'est sans doute cette faiblesse insipide et honteuse que ma mère a perçu en moi. Mais ne serait-ce pas une once de peur qui au fond trahit sa demande. Pourquoi exiger que je garde le silence si ce n'est car ces larmes pourraient révéler sur elle une chose qu'elle refuse que l'on sache. Mais je ne vais pas m'amuser à sortir de cette pièce pour raconter à tous ceux prêts à m'écouter que je viens de surprendre l'héritier Petterson en larmes dans les toilettes. Je ne pourrais tirer aucune gloire à venir humilier une personne qui semble avoir tout simplement mal. Que l'on soit fort ou non, nous avons tous besoin de nos moments où simplement laisser tomber le masque et craquer. Il n'avait aucune raison d'en avoir honte. Il n'en serait pas moins fort après parce qu'il avait laissé quelques larmes lui échapper. Je ne comprenais pas ce besoin de dissimuler une chose pourtant si naturelle. Mais lui avait-on seulement appris que des moments où les repères s'effondrent, nous les rencontrons tous.

Lentement, mon cerveau se reconnecte à mon corps. Je regarde la cigarette avec un mélange de dégoût et de tentation. Je ne connais même pas le goût que ça peut avoir. Je finis par pincer les lèvres et le regarder sans sourciller. Je ne suis pas si facile à influencer. « Tu as conscience que c'est pas vraiment l'endroit adapté pour fumer? » Légèrement moralisatrice, les règles sont inscrites en moi. Je ne suis pas du genre à les transgresser. Mais je ne suis pas non de celles qui dénonceront l'autre. J'avais juste besoin de temps pour trouver comment reprendre constance. Je ne sais pas quoi lui dire. Il ne veut pas de ma présence ici. Il l' a clairement exprimer mais suis-je obligée de tout simplement obéir? Il n'est personne pour m'ordonner quoique ce soit. En plus, pourquoi être venu dans les toilettes des filles. Il a fait un choix assez étrange mais je ne m'en soucie pas. Plus je le regarde et plus je vois que malgré ses tentatives pour le dissimuler, il y a une certaine détresse qui semble lui couler à la peau. Combien de fois moi-même avais-je inlassablement repoussé les autres espérant pourtant qu'un d'entre eux insiste et me fasse avouer ce qui me ronge. Je ne veux pas me projeter sur lui car nous sommes fondamentalement opposés mais j'ai besoin de m'essayer un minimum. Je ne veux pas le laisser seul si ça devait ne pas aller car même si ma compagnie n'a rien d'intéressant, c'est le mieux que je puisse lui offrir en ce moment précis.

« Tu sais tu n'es pas obligé de me menacer pour me convaincre de ne rien raconter. Je ne vois pas quel intérêt j'aurais de colporter que je t'ai vu pleurer. Tout le monde a droit à ses moments de faiblesse tu sais. Je ne vais pas te juger et encore moins m'amuser à faire parler de cet instant où quelque chose a juste été trop. » J'essaie de parler doucement. Je ne veux pas provoquer sa colère bien du contraire. Je sais qu'il me perçoit comme une intruse et comme une menace mais je n'ai rien fait pour mériter cette forme de rejet. « Je n'ai rien fait tu sais. Je ne suis pas venue pour t'embêter mais t'as l'air de souffrir, d'avoir mal dans le fond de ton cœur et je voulais simplement te... te proposer du soutien. Je n'aime pas l'idée de continuer mon chemin alors que tu sembles avoir besoin de... quelqu'un. » Je ne le connais pas, pas du tout même. Je ne suis rien ni personne pour affirmer une telle chose mais je sens que je ne me trompe pas vraiment. Je me dis qu'un câlin pourrait lui faire du bien mais mon regard désormais rivé au sol, je sens que je vais regretter d'avoir simplement osé donner mon avis. Je joue nerveusement avec la boucle de mon sac en me demandant pourquoi je m'obstine. Je veux tendre la main à quelqu'un qui semble le mériter mais cette « bonne action » en vaut-elle le coup car je pourrais voir ses foudres fondre sur moi. Mais j'ai envie de croire qu'il y a une minime chance qu'il me laisse une chance même infime de prouver la pureté de mes intentions.

La sorcière ne bouge pas. Elle reste là, insensible aux paroles d’Helge, ou peut-être figée par elles. Lui, il s’en fiche, elle ne fait plus parti de son champ de vision, tout ce qu’il voit c’est le bâton qu’il tient entre ses doigts. Le produit salvateur qui l’aidera à sécher ses larmes, à les oublier. Il ne se souvient plus vraiment quand est-ce qu’il a commencé à fumer pour la première fois, c’était sans doute avec Yassen. Il avait tout fait avec lui. Les deux inséparables les appelait-on. Mais pourtant, ils n’étaient pas comme ce célèbre couple d’oiseaux qui portaient ce nom, Yassen allait voir ailleurs, et Helge protégeait son masque. Ils étaient tous les deux si proches et pourtant si loin l’un de l’autre, une alchimie inexplicable. Helge allume sa cigarette et tire dessus une première fois. Aussitôt, il sent le goût aromatisé descendre dans sa gorge et lui brûler la trachée. Il ne tousse pas. Il recrache la fumée qui forme un nuage au-dessus de lui, et il se sent déjà mieux. C’est là qu’elle se manifeste, et qu’il se souvient de sa présence. Elle est encore là, tapie dans l’ombre. Elle le regarde, et ça l’énerve. « Tu as conscience que c'est pas vraiment l'endroit adapté pour fumer? » Helge l’ignore mais ce n’est pas l’envie qui manque. Une remarque digne d’une Serdaigle. Ils sont partout, prêts à vous dénoncer à n’importe quel moment, et à vous rappeler le règlement à chaque pas de côté. Mais si quelqu’un devait se charger de rappeler les règles à Helge, il serait à plaindre. « Tu as conscience que tu me casses les couilles ? Puis au lieu de me donner des leçons, tu ferais mieux de rentrer dans ton dortoir avant qu’on ne te prenne sur le fait. Je connais les rondes par cœur, je ne suis pas certain que tu puisses en dire autant. »  . Étrangement, le ton du norvégien n’est plus aussi cassant, aussi froid. D’une certaine manière, il met en garde la jeune fille, peut-être a-t-il senti qu’elle n’était pas une menace ?  « Tu sais tu n'es pas obligé de me menacer pour me convaincre de ne rien raconter. Je ne vois pas quel intérêt j'aurais de colporter que je t'ai vu pleurer. Tout le monde a le droit à ses moments de faiblesse tu sais. Je ne vais pas te juger et encore moins m'amuser à faire parler de cet instant où quelque chose a juste été trop. »

Helge hoche la tête. Il n’est pas prêt de s’excuser, parce que le vandale ne s’excuse jamais, mais il reconnait que la Serdaigle ne représente pas une menace pour lui. Et avoir un peu de compagnie ne le dérange pas. Après tout, tant qu’elle ne pose pas de questions, il n’y a pas de raisons qu’il ait envie de lui faire du mal. Au contraire, elle est plutôt jolie, et elle a un ton sympathique, une voix douce, presque reposante. « Je n'ai rien fait tu sais. Je ne suis pas venue pour t'embêter mais t'as l'air de souffrir, d'avoir mal dans le fond de ton cœur et je voulais simplement te... te proposer du soutien. Je n'aime pas l'idée de continuer mon chemin alors que tu sembles avoir besoin de... quelqu'un. » Elle n’a pas tort. Helge a besoin de quelqu’un. Elle a besoin de son frère, disparu, qui l’a lâchement abandonné, qui les a trahis, et qui pourtant lui manque chaque jour. Elle a besoin de Yassen, de ses yeux posés sur elle, de ses mains contre sa peau. Elle a besoin de sa folie, de sa passion et de sa violence. Mais ces deux personnes ne peuvent pas l’aider. L’une est un fantôme, l’autre ignore la vérité. Helge est  coincé. Malgré elle, elle sent les larmes monter à nouveau, et pour ne pas être vu une nouvelle fois dans une position de faiblesse, elle grogne. Elle se retourne et regarde la Serdaigle qui admire ses pointes de pied. « Tu crois que je vais te raconter ma vie ? Te dire pourquoi je pleure ? Je ne suis pas idiot. Je ne te connais pas, et visiblement tu es du genre à te faire avoir par n’importe qui. Ne t’occupe pas de ceux qui n’en valent pas la peine. Vraiment, à force de tendre la main à n’importe qui, tu pourrais te retrouver en danger. » En prononçant ces mots, le sorcier se rapproche de plus en plus de la rouquine. Il veut l’intimider. Il ignore pourquoi il agit ainsi, mais c’est sa seule manière de se défendre. Au fond, il ne veut pas lui faire de mal, mais il doit se protéger, à n’importe quel prix.

Je ne suis pas d'un naturel moralisateur. Je regarde la fumée envahir l'air mais même si cela me gêne, je ne me vois pas du tout aller cafarder. Je ne suis pas du genre à dénoncer les autres et généralement, je ne me mêle pas non plus de leurs affaires. Non ce serait mal me connaître que de me croire du genre à aller dénoncer les autres. Je me demande ce qu'il y a de bon à fumer. L'odeur est si horrible qu'il ne fait aucun doute que ça doit avoir un goût infecte. Si on y ajoute les nuisances pour la santé, je ne vois pas le moindre intérêt pour la cigarette. Mais en cet instant, je regarde le geste quelque peu fascinée. Je me sens comme une voyeuse alors qu'il ne semble même plus calculer ma présence comme si je venais de disparaître pour la simple raison qu'il l'a désiré. Je ne sais pas du tout quoi en penser et ses mots m'arrachent une grimace. Je l'énerve juste à parler visiblement. Il semble sincèrement penser que je lui fais la morale, mais je ne me suis pas lancée dans un speech pour lui dire combien c'est idiot de bousiller sa vie pour un plaisir si éphémère. Je ne lui ai pas expliqué les milliers de raisons pouvant justifier qu'il abandonne cette vilaine addiction. J'aurais pu faire bien pire que mentionner qu'il ne devrait pas fumer ici si j'avais voulu lui donner une leçon. Mais même si clairement, il me conseille de partir, je ne fais toujours pas le moindre geste vers la sortie. Je le regarde fixement. Je le détaille avec curiosité me demandant pourquoi être venu pleurer ici, dans les toilettes des filles. « Je pourrais ouais filer tant que j'ai une chance de me faire discrète. Mais je ne pense pas que j'ai plus de chance de ne pas me faire chopper maintenant ou dans une heure. Par contre, si j'attends, je pourrai sortir d'ici sans m'en inquiéter. » Il y a une aura qui se dégage de lui, inquiétante mais aussi fascinante. Il inspire l'âme dans un mélange subtil de danger et de fascination. Il fait naître un certain trouble. Je ne saurais en préciser la nature mais il m'intrigue et me pousse à rester ici, à tenter d'appréhender le mystère qu'il m'inspire. Je suis intriguée de connaître les raisons de son abandon en ces lieux inhabituels. Pourquoi un garçon chercherait refuge dans les toilettes de filles? Absurdité. Incohérence. Mystère. Je ne vois aucune réponse se profiler dans mon esprit et cela a un côté frustrant. Je voudrais l'interroger mais ses mots planent encore dans l'air. Je lui casse les couilles alors je garde pour moi mes questions pour moi.

Je ne suis pas obstinée ou têtue sans raison mais je ne suis pas si docile que mon apparence ne le laisse présager. Je n'obéirai pas à un ordre absurde. Je ne vais pas simplement partir. Je sursaute faiblement sous le grognement consciente qu'il ne m'est pas totalement destiné mais le signe d'un sentiment de frustration grouillant sous les apparences, frustration de ne pas pouvoir avoir ce qu'il désire. Je relève les yeux sur lui quand sa voix me parvient, quand ses mots s'adressent à moi. Je ne tente pas de fuir ou de me défiler. Je plonge mes yeux doux et innocents dans les siens durs et impitoyables où se reflètent une douleur. Il y a dans son regard des larmes refoulées, des sentiments puissants qu'il ne s'autorise pas à exprimer. Garder pour soi et sentir doucement que ce que l'on enfuit en soit nous étouffe. Tellement est l'impression qu'il me donne. Ses mots comme ses gestes alors que la distance entre nous se résorbe lentement sont clairement porteurs d'une menace. Il espère me faire céder et fuir. Il espère me décourager et pendant une seconde, je me demande pourquoi je m'obstine. Je pourrais baisser les bras et le laisser se noyer dans sa peine mais justement, il mérite aussi un peu de douceur pour alléger le poids de ses ''souffrances''. Je secoue la tête exprimant clairement que non je ne suis pas intimidée. « Je ne crois rien du tout. Je ne te demande pas de me livrer tes moindres secrets. Je pense juste que rien ne t'empêche d'accepter la main tendue, l'épaule sur laquelle pleurer. Parfois, il faut accepter de laisser la peine s'exprimer pour ensuite la laisser aller. Tu es humain comme tout le monde. » Je ne cherche pas à le convaincre. Je ne cherche rien de particulier mais il y a dans ses traits, un quelque chose qui ne me fait pas peur. La meilleure défense est l'attaque mais je n'ai pas peur de morfler dans la vie. J'ai arrêté d'avoir peur. « Je ne tends pas la main à tout le monde et même si, je n'ai pas la sensation de me faire avoir. Tu ne me connais pas et je ne te connais pas alors pourquoi vouloir sauver à tout prix les apparences? Tu sembles être le genre de personne qui se fait avoir par le stupide jeu des apparences imposé par notre monde. Ça doit parfois être lassant de toujours se forcer à sembler fort. » Je préfère me mettre en danger que de me laisser dicter ma vie pour de mauvaises raisons. Je ne le juge pas mais ce choix qu'il fait semble lui peser alors pourquoi ne pas simplement chercher ce qui lui fait du bien. « Si je ne peux pas savoir pourquoi, t'es-tu demandé ce qui te ferait du bien pour chasser ces larmes qui restent tapies sous la surface? » Je ne suis pas devin, ni particulièrement maline mais pour avoir trouvé refuge ici, il est plus que probable que ce ne soit pas la première fois qu'il craque.

Son charme ne marche pas. Sa présence ne marche pas. Rien ne marche. Elle est insensible à sa menace. Elle reste là, sans bouger, sans broncher. Rebelle, prête à braver le danger. Elle aurait dû aller chez Gryffondor. Elle n’a rien d’une Serdaigle, elle agit, tête baissée, sans réfléchir. Elle est prête à tout pour avoir le dernier mot. Mais est-elle prête à ce qu’il va faire ensuite ? Helge est épuisé. Fatigué de lutter. Alors quand il la voit secouer la tête, il renonce. A quoi bon essayer de la convaincre de partir, elle ne peut pas, elle ne veut pas. « Je ne crois rien du tout. Je ne te demande pas de me livrer tes moindres secrets. Je pense juste que rien ne t'empêche d'accepter la main tendue, l'épaule sur laquelle pleurer. Parfois, il faut accepter de laisser la peine s'exprimer pour ensuite la laisser aller. Tu es humain comme tout le monde. » Elle n’a rien compris, mais ce n’est pas grave. Elle ne peut pas comprendre. Helge ne pleure plus en public depuis qu’il a dix ans. Depuis que son frère est parti. Depuis qu’il est devenu un garçon. Helge ne peut plus pleurer, ne peut plus être faible, il se l’est promis. Pour son père, pour sa famille, pour Yassen. Helge est un homme, et un homme, ça ne pleure pas. Pas chez les slaves en tout cas. Mais elle ne peut pas comprendre, comment pourrait-elle ? Elle n’est pas de ce monde. Elle est une anglaise, une choyée, elle ne connait pas la douleur. Elle n’a pas l’air d’avoir vécue de vilaines choses. Peut-être que la guerre la traumatisé, mais elle ne le forcera pas à pleurer, à admettre ses faiblesses. Jamais. « Je ne tends pas la main à tout le monde et même si, je n'ai pas la sensation de me faire avoir. Tu ne me connais pas et je ne te connais pas alors pourquoi vouloir sauver à tout prix les apparences? Tu sembles être le genre de personne qui se fait avoir par le stupide jeu des apparences imposé par notre monde. Ça doit parfois être lassant de toujours se forcer à sembler fort. » Helge se rend compte qu’elle l’a complètement cerné. Elle lit en lui, et ça le perturbe. De quel droit se permet-elle de tirer de telles conclusions à son sujet ?

Il tire une nouvelle fois sur sa clope, mais ne se gêne pas cette fois-ci pour lui souffler sa fumée en pleine face. Il veut la dégoûter. Il y a quelques secondes, il voulait baisser les bras, mais désormais, il est prêt à tout pour avoir gain de cause. Il ne se laissera pas faire. Que connait-elle des apparences ? Que sait-elle du monde ? Elle n’a toujours vécue qu’à Poudlard, elle ne peut pas savoir ce que c’est de devoir voler pour survivre. Elle ne sait pas ce que c’est de se battre. Il pourrait lui apprendre. Il pourrait lui prouver qu’elle a tort, et qu’il faut toujours se méfier. Il pourrait sortir son couteau de sa botte, et lui mettre sous la gorge. Elle ne sait pas ce qu’elle risque. « Si je ne peux pas savoir pourquoi, t'es-tu demandé ce qui te ferait du bien pour chasser ces larmes qui restent tapies sous la surface? » Elle les a vus. Comment a-t-elle fait ? Ils ne se connaissent pas, et pourtant, elle lit en lui comme dans un livre ouvert. Pourtant, il n’a pas de quatrième de couverture, il n’y a pas de résumé, toute sa vie, il a été un mystère pour chaque personne qu’il rencontrait. Il a toujours eu un pouvoir de séduction immense, il sait qu’il l’a avec elle, elle le regarde comme toutes les autres. Fascinée. Alors, il veut tenter le tout pour le tout, pour être enfin tranquille. Il se rapproche encore plus, jusqu’à la bloquer contre le mur froid derrière elle. Il se penche en avant, et il pose ses bras un peu plus haut, au niveau de sa tête. « Tu veux vraiment savoir ce qui me ferait du bien ? » demande-t-il, le regard vicieux. Elle ne peut pas ignorer ce qu’il lui passe par la tête. Comment réagira-t-elle ? Il ne reste qu’une chose à faire pour le savoir. Helge se rapproche un peu plus près, jusqu’à ce que son visage ne soit qu’à quelques centimètres de celui de la rousse. Enfin, sans réfléchir, il se penche pour poser ses lèvres violemment contre celles de la Serdaigle. Elle a voulu jouer, mais elle ne sait pas face à quel adversaire elle s’est retrouvée. Helge attend quelques secondes, puis se recule. « Ca, pour commencer. » Il a un sourire narquois sur les lèvres. Il espère qu’elle aura envie de fuir maintenant.

Je me demande pourquoi je veux aider ce slave qui clairement ne veut pas l'être. Je n'ai pas envie de me battre pour qu'il accepte la main tendue mais je n'ai pas peur de lui. Je suis sans doute folle, entêtée ou irréfléchie mais je ne le vois pas comme une menace. Ma naïveté, mon innocence, un jour je sais que je finirai par les perdre totalement mais en ce moment précis, tels sont les sentiments qui dominent en moi quand je le fixe. Il veut que je le prenne pour une menace mais je n'y arrive pas. Je sais qu'il dégage une aura menaçante mais en ce moment précis, je n'ai pas envie de me sentir effrayée. Je ne veux pas penser aux dangers de ce monde mais j'ai besoin de m'accrocher à ce qui le rend plus beau. Je veux voir au-delà de ce qui semble évident. Je devrais simplement repartir d'où je viens mais il m'a donné une ultime bonne raison de rester ici sans le savoir : je ne veux pas me faire surprendre dans les couloirs. Non je ne connais pas les rondes donc je suis bien mieux de rester à l'abri ici. Je pourrais juste me taire, m'éloigner mais il m'intrigue. Je ne connais personne comme lui. Je ne connais aucun autre qui dégage cette impression avec qui j'ai vraiment eu l'opportunité de parler. Enfin, je ne sais pas si on peut réellement appeler cela parler car il n'y a pas de réel échange. Je parle trop. Je parle bien de trop quand je me sens stressée. C'est plus fort que moi les mots sortent et s'enchaînent à une vitesse folle sans que je n'ai le temps de réfléchir. Je ne suis pas bonne en relation sociale en fait. Je devrais me rendre à l'évidence que je n'ai aucune aisance en société. Même si je n'ai pas peur de lui, je ne suis pas à l'aise pour autant. Je suis prête à abandonner. Je suis proche de juste rester dans un coin de la pièce en attendant que sortir ne soit plus susceptible de m'attirer des ennuis, à le fixer curieuse et intriguée mais sans essayer de lui prouver qu'il n'y a nulle faiblesse à abaisser ses défenses parfois. Je tousse quand l'odeur nauséabonde vole vers moi, j'ai l'impression que mes vêtements s'en imprègnent. Je le regarde mais plus découragée qu'en colère. Il veut me provoquer mais je ne cède pas. Je n'aime pas laisser la colère dominer, je ne veux pas perdre le contrôle. Je sais que je peux relever le défi que son attitude lance mais je suis une pacifiste et je ne dois pas l'oublier pour me laisser porter par d'autres sentiments moins maîtrisés.

Je suis calme. Je ne perds pas mon calme même si cette fois, la peur m'anime. Je la ressens qui fait vaciller mes certitudes alors que plus il approche et plus je recule. Je sens le mur dans mon dos, je m'y heurte doucement. Je suis coincée, je me sens prise au piège pourtant je pourrais crier ou le repousser. Je ne fais pourtant pas le moindre geste cherchant à comprendre pourquoi il agit ainsi. Je devine que beaucoup de filles ont cherché cette proximité avec lui bien avant moi. Je me doute qu'il doit être habitué à susciter du désir, de la fascination. Il sait séduire mais je ne le suis pas. Il ne m'inspire pas ce genre d'envie. Je ne veux pas être une autre fille dans ses bras. Je suis captivée mais pas pour son physique, plus pour ce qu'il semble absolument vouloir cacher. Je déglutis à ses mots alors que son regard est trop explicite. Je secoue négativement la tête. Non je ne veux pas réellement le savoir. Non je ne veux pas qu'il me réponde au final. Je sais à cet instant que même si j'ai voulu être courageuse et tendre la main en ignorant la peur que j'aurais du ressentir, j'ai commis une erreur. L'angoisse seule domine en cet instant et je ferme les yeux comme si ça allait effacer cette réalité. Son baiser est brutal. Je n'y réponds pas. Je ne le repousse pas. Je reste simplement parfaitement immobile. Je retiens mon souffle et seulement quand il y a à nouveau de la distance entre nous, je m'autorise à respirer et ouvrir les yeux. Je ne suis pas en colère et je ne profite pas de la brèche pour m'enfuir. Je reste là essayant de calmer les battements de mon cœur. Je ressens de la tristesse et de la compassion pour lui. « Tu espères prouver quoi avec cette attitude? Dissimuler tes faiblesses en dominant et inspirant la peur? » Je ne suis pas obstinée. Je ne suis pas courageuse. Je ne cache pas la peur que j'éprouve mais pourtant je reste là. « Ça ne change rien à ce que je pense, à ce que je crois que tu veux cacher. Mais mon opinion ne compte pas. Pourquoi refuser que quelqu'un puisse juste vouloir te soutenir quand tu sembles en avoir besoin? Pourquoi rejeter les autres? Ce n'est pas de la force mais de la faiblesse... bien plus que les larmes. » Je ne connais pas grand chose à la vie. Je ne suis qu'une pauvre innocente mais je n'arrive pas à avoir peur de celui dont les larmes prouvent qu'il a un cœur derrière les apparences. Je veux toujours l'aider malgré ce baiser qui ne m'inspire que dégoût. Je place mes bras autour de moi comme pour faire une barrière protectrice et l'empêcher d'approcher à nouveau. Est-ce qu'il a déjà été repoussé par une fille? Je suis intriguée. Il semble penser qu'il a tous les droits.

C’est une poupée. Elle fait non, elle ne veut pas de ce baiser, mais Helge ne lui demande pas son avis. Après tout, elle n’avait qu’à pas insister, qu’à pas vouloir à tout prix le faire parler. Helge ne se confie jamais, à personne, il garde tout pour lui. Même à Yassen il ne dit pas tout, comment le pourrait-il ? Son meilleur ami est aussi celui qu’il aime en secret, et son meilleur ami croit profondément qu’il est un garçon, comment pourrait-il lui avouer ses failles sans le blesser, sans se mettre à dos le seul être pour qui il pourrait se sacrifier ? Non, Helge ne dit jamais rien. Personne n’est au courant de sa véritable identité, du secret qu’il cache derrière ses armes et ses bandages. Et pourtant, ce soir, la jeune Serdaigle était tout près de le découvrir. Alors pour ne pas se faire démasquer, Helge a été menaçant, comme il sait l’être. Il s’est approché trop près, et l’a embrassé de force. Exactement comme l’aurait fait Dimitrov, celui qui a violé la jeune Nina l’an passé à Durmstrang. Cette histoire a fait le tour des slaves, depuis que Kamen s’est mis en tête de venger son amie. Amie qui est d’ailleurs partie de Poudlard, disparue elle aussi, comme beaucoup d’autres. Qui sera le prochain ? Helge prie pour que ce ne soit pas Yassen, le pauvre a déjà trop souffert. La mort de son frère l’a brisé, Helge l’a bien compris, il le lui a avoué, même si il était incapable de le dire clairement, trop fier, un véritable Yordanov. Alors, pour ne pas lui apporter plus de souffrances, Helge l’a oublietté, pour lui faire oublier le baiser qu’ils avaient échangé. Depuis, le norvégien n’est plus lui-même, il évite malgré lui son meilleur ami, parce que lui effacer ses souvenirs lui a brisé le cœur. Il a tiré une croix sur ce qu’il voulait le plus au monde, plus que la reconnaissance de son père. Alors quand il embrassait quelqu’un d’autre, il essayait d’oublier Yassen, il essayait de vivre un autre baiser. Mais cela ne marchait jamais. Il se recula en serrant les poings, et c’est là  qu’il remarqua qu’elle était figée. Comme si elle avait été pétrifiée. Pourtant, il n’avait lancé aucun sort.

Quand elle ouvre les yeux, il s’est déjà écoulé plusieurs minutes. Elle semble encore plus fragile, et pourtant, une étincelle s’anime dans son regard. « Tu espères prouver quoi avec cette attitude? Dissimuler tes faiblesses en dominant et inspirant la peur? » Helge ne dit rien, il prend les mots comme ils viennent. Il les mérite. Il se rend compte qu’une nouvelle fois, il a agi comme un con. Il ne vaut pas mieux que Andreï, il ne vaut pas mieux que personne. Lui à qui on ne dit jamais non, a fini par se piéger lui-même. « Ça ne change rien à ce que je pense, à ce que je crois que tu veux cacher. Mais mon opinion ne compte pas. Pourquoi refuser que quelqu'un puisse juste vouloir te soutenir quand tu sembles en avoir besoin? Pourquoi rejeter les autres? Ce n'est pas de la force mais de la faiblesse... bien plus que les larmes. » Elle lit en lui et ça lui fait peur. Encore une fois, il se sent faible près d’elle, parce qu’à tout moment, elle semble sur le point de dévoiler son secret, d’avoir compris ses souffrances, mais ça Helge ne le veut pas. « Je t’interdis de me dire que je suis faible. Je n’ai pas besoin de toi et de tes conseils. Fous-moi la paix, va jouer les bons saint maritins ailleurs. Je n’ai pas besoin que tu me dises que j’ai besoin d’aide, je n’en veux pas. Les gens vont mal, mais on ne peut pas les sauver, c’est comme ça, c’est ça la vérité. Tu devrais le savoir, toi qui a vécu la guerre, qui a vu l’horreur ! » C’est un langage de sourd. Elle ne veut pas flancher, et Helge, lui, ne cèdera pas. A ce moment-là, Mimi surgit d’une des cabines de toilettes, Helge la regarde suppliant. Il sait ce qu’elle a en tête. Elle, elle connait ses secrets. Elle les a découverts il y a quelques temps. « Moiiiiii je connais son secret, et je peux te dire que tu n’as pas envie de le savoiiiiir ! » Helge se mord la lèvre. Ce fantôme est une plaie, et en même temps, il n’imagine pas Poudlard sans elle. Vient-elle de le sauver ou de l’enfoncer ?

Il m'interdit de dire qu'il est faible mais je ne me soucie pas de ses mots. Il ne m'a pas demandé mon avis avant de prendre mes lèvres de force. Ce n'est qu'un simple baiser mais il n'a pas la moindre idée de ce que ça signifie pour moi. Je n'ai pas l'habitude d'être l'objet de telles attentions. Je suis une fille sage, sans doute trop même. Mais je voulais naïvement croire que rien ne puisse m'arriver mais il semble prêt à tout pour me décourager. Je suis obstinée et pourtant, je ne veux pas continuer ce petit jeu où ni lui, ni moi ne semblons vouloir céder. Il n'a pas besoin de mon aide? Je pense qu'au contraire, cette entêtement prouve combien c'est faux. J'ai découvert une faille dans son armure et ça le terrorise que je puisse deviner quel sombre secret il tente de dissimuler. Je peux sentir qu'il redoute ce que je pourrais finalement déduire de cet instant. Je suis tente de la jouer au bluff et de lui faire croire que je sais quelque chose, que j'ai compris ce qu'il se refuse à laisser voir. Prêcher le faux pour savoir le vrai. Je sais que ce serait bas mais est-ce que ça le serait plus que de me voler un baiser? Je souris et je le fixe en silence. Je suis un peu surprise par ses mots. Ils font mal à leur manière. Ils sont un rappel combien la vie peut être cruelle. Je me ferme un peu perdant tout sourire mais aussi toute légèreté. Non, on ne peut pas sauver les être malgré eux. Je pense qu'on peut tous s'en sortir, être sauvegardés. Même s'il n'y a aucun salut à la clé, savoir que nous ne sommes pas seuls pour affronter les épreuves est une richesse infinie. Je veux penser que si on a une main à serrer quand on affronte les pires épreuves de notre vie alors tout ne peut que bien aller. Mais je pense alors à ma mère et mon cœur se serre. Peu importe tous les efforts que nous pourrions faire pour l'aider à aller mieux, il n'y a aucun espoir. Elle sera toujours cette femme qui ne peut pas avancer. Oui il a terriblement raison en prétendant qu'on ne peut pas sauver ceux qui vont mal.

Je ressens une sorte de mélancolie que je ne veux pas ressentir gagner mon âme. Alors je m'efforce de penser à un souvenir heureux qui pourra mettre de la joie dans mon cœur. Je cherche cette étincelle de bonheur qui pourra chasser les mauvais souvenirs. Je veux me focaliser dessus. Je pense à ce porte clé en forme de gaufre, à la journée la plus belle que j'aie vécu depuis la fin de cette guerre. Je l'admire un instant fascinée malgré moi par cette force de caractère qu'il démontre. Je suis toujours aussi triste pour lui mais je préfère lui donner de l'espace et abandonner. Je vais le laisser vivre ce qui lui fait mal sans lui imposer ma présence et si un jour, il éprouve le désir de partager, il devrait savoir où me trouver. J'abandonne et j'allais le lui dire quand je vois le fantôme surgir. Je fronce les sourcils alors que la forme de complicité qui passe entre les deux ne m'échappe pas. Je hausse les épaules prête à dire que je les laisse en un tête à tête fort joyeux. De ce que j'en ai toujours entendu, Mimi est une emmerdeuse de première qui hante les toilettes comme une plaie. Mais je me fige à ses mots en la regardant intriguée. J'ignore le jeune homme pour me concentrer sur l'esprit qui hante les lieux. « Je suis plus curieuse que prudente. Je suis naïve il parait. Mais j'avoue que mon attention est maintenant totalement captée. Quel secret pourrais-tu connaître toi? » Mon pire défaut est bien cette curiosité maladive. Je n'aime pas sentir que la nature de quelque chose m'échappe. J'éprouve alors le besoin de l’appréhender dans toute sa dimension. Mon regard va de l'un à l'autre et je suis partagée entre suivre ma première idée ou essayer de savoir. Je me demande bien ce qu'il redoute que je découvre pour adresser ce regard suppliant à Mimi. « J'ai du mal à croire que ça puisse être si terrible que ça, je crois plutôt que c'est du vent. » Je joue un jeu dangereux mais si c'était voué à me décourager, l'effet produit en est le total opposé. Je tente d'ignorer l'ombre du Serpentard pour fixer uniquement le fantôme. Je me demande si elle me fournira une réponse ou non. « C'est le bon pour invoquer la solidarité féminine? » Je suis quelque peu étonnée que le fantôme ne tente pas de rappeler que seules les filles sont autorisées ici.

La Serdaigle ne sourit plus. Elle s’est pris en pleine claque les mots d’Helge. Elle ne s’attendait pas à ça, et lui n’espérait pas avoir cet effet là. La guerre avait du la bouleverser, avait-elle perdue quelqu’un ? Tous les anglais qui avaient combattu avaient mis encore plus de temps à s’adapter au château que les étrangers. Ils erraient, tels des fantômes, en quête de souvenirs douloureux et de repères. Mais le château avait été détruit, puis reconstruit. Tout n’était pas réparé, on pouvait encore entendre les ouvriers à la tâche, mais même avec ces pansements, le château resterait le champ de guerre d’une bataille sans nom. Helge aurait rêvé la vivre. En voyant Mimi débarquer, Helge se retient de l’envoyer balader. Le fantôme ne l’aide pas, au contraire, alors qu’elle parle, il voit les yeux de la rouquine s’illuminer. La curiosité est un vilain défaut ! Helge se mordille la lèvre, ce serait trop bête de perdre sa couverture à cause d’un fantôme, à cause d’une fille si naïve et insignifiante. Hope semble prête à tout pour connaître la vérité, mais si elle parvenait à ses fins… Helge ne voulait pas y penser. Personne ne devait savoir.

Hope décide d’adopter une nouvelle stratégie. Elle se concentre sur le fantôme, et l’oublie totalement. « Je suis plus curieuse que prudente. Je suis naïve il parait. Mais j'avoue que mon attention est maintenant totalement captée. Quel secret pourrais-tu connaître toi ? »  Helge recule doucement, la pression qu’il exerçait sur la rouquine ne lui sert plus à rien. Il s’éloigne un peu, tout en gardant un œil sur Mimi. Elle est imprévisible cette fille, mais il sait qu’elle ne le trahira pas. Elle ne peut pas le trahir, pas après tout ce qu’ils ont partagés. Le souvenir de cette nuit, suite au sort qu’il a lancé sur Yassen, lui revient. Il sent encore la froideur du corps de la petite. Il soupire. « J'ai du mal à croire que ça puisse être si terrible que ça, je crois plutôt que c'est du vent. » Futée ! Elle essaye de faire passer Mimi pour une menteuse, et Mimi déteste ça. Si Helge n’était pas si nerveux, il aurait félicité la Serdaigle pour sa parole, peut-être était elle aussi sournoise que lui après tout ? Mais pour le moment, Helge sent son cœur accélérer. Il ne peut pas perdre, pas si près du but. Il soupire une nouvelle fois, implore Mimi du regard, mais celle-ci semble l’ignorer, elle s’occupe de ses tresses. « C'est le bon moment pour invoquer la solidarité féminine? » Helge est maintenant tout près de la sortie des toilettes. Il se croit perdu. Mais est-il capable de fuir avant de savoir la réponse de Mimi ? Non, évidemment que non. Après tout, si Mimi le balance, il pourra toujours oublietter Hope, il l’a déjà fait avant. Mais, il ne faut jamais sous-estimer une sang de bourbe. « Ne crois pas que je vais le trahir, j’en sais plus sur TOUS LES ELEVES DE POUDLARD QUE TOI SUR L’UN D’ENTRE EUX ! » Mimi commence à s’énerver, Helge adore quand elle est dans cet état, incontrôlable. « NE ME TRAITE PAS DE MENTEUSE ! PETITE PESTE ! » Mimi commence à faire des vols planés et des piqués dans la direction de Hope, et Helge a envie de rire. Les toilettes vont finir inonder, Mimi se jette dans les lavabos, elle met la salle sans dessus-dessous. « Mimi toi tu ne sais rien, Mimi arrêtes d’inventer des histoires ! TU TE CROIS MEILLEURE QUE MOI SCOTT ? » Le colère du fantôme est immense, et Helge cesse de rire, serait-elle prête à faire du mal à Hope ? Avant que le fantôme ne lui fonce dessus, Helge attrape la main de Hope et l’emmène à l’extérieur des toilettes. Il ferme la porte derrière lui, pour éviter que l’eau ne se propage trop vite. Dans tous les cas, les gens sont habitués, les toilettes du deuxième étage sont toujours innondés. « Eh bien, je crois que tu as eu ta réponse Scott ! Sur ce, je te souhaite bonne nuit, et j’espère que tu réfléchiras deux fois avant de vouloir te mêler de choses qui ne te regardent pas. » Helge tourne les talons, il se demande si il ne devrait pas la raccompagner dans son dortoir, mais il l’a déjà sauvé de la colère d’un fantôme, il ne va pas en plus jouer au gentleman, surtout qu’elle a été très agaçante avec lui. Néanmoins, il doit avouer qu’elle ne manque pas de courage. Il se dirige vers le Grand Escalier, sans se retourner. Personne ne doit savoir, personne ne saura.