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Le soir tombait comme un rideau métallique Ϟ Zekel

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« Des milliers d'avions éventraient le ciel mais nous n'avions »
Juillet 2000 - Lionel

Peur de rien.L'on entend, entre les branchages, entre les feuilles des buissons, dissimulés dans les brins d'herbe, le doux son des grillons qui rappellent, avec la noirceur du monde, que la nuit est tombée. En été, celle-ci se fait paresseuse, elle tombe lentement, très lentement, n'autorise sa douce fraîcheur que tardivement. Qu'elle en profite, la nuit ; elle travaille si dur, tous les jours, à contenter le monde entier, alors pour quelques mois par ans, elle peut bien se permettre de venir tard, de repartir tôt. Elle est si douce, la nuit.

Mais elle l'est sans doute plus avec cette tendre compagnie qu'il enlace de ses doigts osseux, croisés avec les siens. Comme pour ne pas se perdre, ne pas s'échapper, ne pas s'en aller. Même s'il n'y a aucun risque qu'ils s'échappent, en fait. Mais au moins, s'il faut courir, ils resteront ensemble. C'est aussi pour mieux s'apprécier, parce que la chaleur de l'autre est toujours plus agréable, que l'on préfère sentir une présence avec le touché qu'avec l'esprit. Plus concret, plus tangible, plus appréciable peut-être. Mais c'est surtout pour se guider, guider les pas dans l'obscurité. Sans lumière. Les pieds nus mais la tête haute, à même le sol, marcher pour se perdre, mais se perdre à deux pour mieux se retrouver ensemble. La forêt est grande et vaste ; loin de l'immense arène, loin de tout le brouhaha que fait le monde, même la nuit. Loin des sons parasites, loin des rires, même ceux cristallins. Une plénitude, à deux, pour s'apprécier mutuellement.

Une profonde inspiration, un puissant soupir de satisfaction. Des prunelles bleues qui, habituées à l'obscurité, se pose sur ce visage si finement dessiné, qu'il a vu changer, mûrir, pour être ce qu'il est aujourd'hui. Un beau lion, au port haut, à l'allure fière et à la stature d'un monarque important. Son monarque important. Son importance.
La marche est à la fois silencieuse et éloquente ; voilà bien longtemps qu'ils ne se sont pas retrouvés seul à seul. Toujours avec les uns, toujours avec les autres. Lionel est bien entouré, et Zackery aussi. Alors qu'il leur est difficile de trouver un instant pour eux deux, ils ont su saisir l'occasion
"On s'emmerde à Poudlard", disait-il, le beau lion. "C'est parce que tu as le menton trop haut, mon lion, pour te rendre compte des merveilles dont regorgent ce lieu", lui répondait la loutre avec un sourire, le même que celui-là d'ailleurs, un tendre comme il adore en offrir à son meilleur ami, les doigts serrés dans les siens. Un souffle du nez, léger rire, puis il lève la tête vers les étoiles à travers le feuillage parsemé des arbres de la forêt. L'air se rafraîchit avec la brise qui leur amène la nouvelle : bientôt, ils seront près du lac, les pieds dans l'eau. Son sac près de lui, son meilleur près de lui, Zackery savoure un peu l'instant, caresse du pouce le dos de la main qu'il enlace, apprécie le craquement de quelques brindilles sous leurs pas légers et ravis, calmes. Si le silence est d'or, c'est bien parce qu'il est précieux, parfois, agréable et tendre. Un peu comme Lionel. Sauf que Lionel, il ne l'est pas que parfois, il l'est toujours.

Tu m'as manqué. Déclare-t-il enfin, brisant un peu de silence de sa voix lente et chaleureuse, basse pour ne pas déranger ne serait-ce que les grillons qui leur offrent un concert sublime.

Pas besoin d'en dire plus, ceci-dit. Zackery est heureux, et à cet instant sans doute le plus heureux des Hommes. Une sincérité presque maladive émane des quatre mots français qu'il a glissé à son lion, et il comprend désormais beaucoup mieux ce qu'il veut dire par "ce ne sont pas tous les mots qui ont besoin d’être dits." Parce qu'il n'a pas besoin de verbaliser à quel point il est heureux d'être là avec le plus merveilleux des êtres-humains sur terre.
Le lac ne tarde pas à faire miroiter la lune, à faire savoir qu'il est là. Étendue d'eau immobile, lisse, calme, tranquille. Elle semble n'attendre qu'eux. Sans lâcher la main de son ami, Zackery dépose son sac par terre, fait glisser le t-shirt autour de sa nuque dessus. Torse-nu depuis leur départ du campement, il a au moins eu la bonne idée de prendre son haut au cas où l'air serait trop frais. D'un rapide coup de main, il remonte les manches de son sarouel jusqu'en haut de ses mollets, puis offre un sourire radieux à son lion, maintenant qu'ils peuvent se voir le visage. Une douceur sans nom, et une joie innommable, se lisent dans ses yeux, son visage, son sourire. Il a attendu un moment comme celui-ci avec tellement d'impatience. Aussi, il tire délicatement la main qu'il enlace vers lui alors qu'il rejoint presque à reculons l'eau noire de la nuit, qu'il y plonge les pieds. Il voudrait enlacer Lionel, mais l'heure n'y est pas propice. Prenant son mal en patience, il apprécie la fraîcheur du lac, respire profondément pour s'en imprégner un peu mieux.

C'est sublime, non ? Demande-t-il, le regard tendre posé sur son ami.

On s'emmerde à Poudlard, apparemment.
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Lionel Lemaire
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Lionel Lemaire
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Maison/Métier : première année en politique magique, rugit son appartenance à la maison des lions.
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comme un rideau métallique
zekel
Tu as besoin d'aveux, de serments, de promesses. Tu as besoin de mots autant que de caresses, mais avouer que je ne rêve qu'à travers toi, je sais pas. À force d'illusions, de peur et de méfiance, je suis passé maître dans l'art de mon silence, mais aujourd'hui, si pour te plaire, il faut ma voix, sache que c'est toi qui me fais vivre, qui me rends libre.

On entend, entre le balancement des branches, le hululement des hiboux, le bruissement nocturne des feuilles, comme les feuilles d’une histoire que les deux hommes n’ont pas encore écrit. Ce ne sont pas des monstres, mais ce ne sont pas des héros ; ce sont des humains qui apprennent encore que tout ne passe pas seulement par les mots. Aussi belle que la langue ne peut l’être, elle a ses limites, elle ne peut transmettre toutes les émotions, elle ne peut pas faire la différence entre les larmes de tristesse et les larmes de bonheur, entre la rosée du matin et l’arrosé du soir, elle ne peut rien faire, la pauvre langue, elle est muette, elle est prisonnière, car aucun mot ne peut remplacer le présent.

Dans le noir, les animaux se faufilent un chemin, rappelant que la nuit a repris tous ses droits ; le jour s’est enroulé dans un voile sombre pour se reposer aussi de la longue journée, lui qui avait été témoin des aventures, des bonheurs, des tristesses, de tout ce qui passait sur cette terre humaine où les gens affluaient comme des fourmis. Ils couraient partout, ils travaillaient si fort ! Avec de la chance, un jour, leur tendresse, leur amour, elles formeraient des toits, elles construiraient des maisons, échafauderaient des toits, formeraient les plus belles des maisons. Ce seraient des félicités qui se construiraient à deux, un jour à la fois.

Quand le jour partait, il prenait avec lui toute la lumière, il ne laissait que de la noirceur. Les humains devenaient nerveux. Pour les rassurer, le jour recouvrait parfois les hommes de ce même voile que celui qu’il passait sur ses propres épaules, leur permettant ainsi de dormir. Ainsi, les humains oubliaient le ciel sombre, et quand il ouvrait de nouveau ses paupières, la terre était redevenue lumineuse.

Ce que les hommes oubliaient, c’était que, dans la nuit, s’ils s’en donnaient la chance, s’ils s’en donnaient l’occasion, ils pouvaient rencontrer leur propre lumière, la personne qui serait la trouée, la brèche, la lueur qui les aiderait à traverser la plus terrible des opacités.

Le lion marche en compagnie de son meilleur ami. Il laisse ses pieds se faire recouvrir de terre. Il marche, mais il n’a pas mal, pas à la plante de ses pieds, au contraire, qui semblent retrouver leurs racines. Son cœur bat vite. Ses lèvres sont sèches. Il passe la langue dessus, pour les humecter, la langue qui ne sait pas bien articuler, qui ne sait pas bien dire tout ce qu’il aimerait savoir décrire. Ce trouble, il l’avait ressenti quand il avait douze ans, treize ans, il n’aurait jamais cru le ressentir de nouveau.  

Sa main est serrée dans celle de son amie, elle est un peu engourdie, mais pour rien au monde, il ne la déplacerait. Lionel aime le sentiment de proximité, aime le contact avec la main émaciée, lisse de son camarade, qui le crasse, le câline, le frôle, le flatte, le chatouille, tout à la fois. Il marche, sans vraiment regarder autour de lui, sans vraiment savoir où il se trouvait. Obsédé par ce rapprochement, par cette intimité, il se demandait encore si c’était un rêve, parce que c’était mieux que tout ce qu’il aurait pu imaginer. En même temps, il aurait envie de tout lâcher et de courir au loin. Il ne s’était jamais senti aussi nerveux, et pendant un moment, il regrettait le voile bienveillant de la Nuit.

Doucement, il commence à s’habituer, d’abord au toucher, ensuite à la noirceur. Les chaussures dans une main, l’autre main dans celle de Zackery, Lionel se laisse guider dans la forêt. Les arbres sont différents de ceux de la Forêt interdite, ils ne se penchent pas vers la terre, au contraire, ils se dressent jusqu’au ciel, dans leur grandeur, dans leur fierté, et il aurait juré, le lion, que sur les branches des arbres se cachaient des fruits. C’était plus beau que tout ce dont il n’aurait jamais pu rêver, et il est heureux en ce moment, d’avoir accepté cette marche, avec son ami, eux qui n’avaient jamais pris le temps d’avoir du temps pour eux, entre les empoisonnements, les pétrifications et les perturbations qui secouaient l’école et leurs vies sociales.

Dans la nuit, il entend un souffle de plénitude, une euphorie sur laquelle il a envie de calquer sa respiration, pour créer une résonnance, comme pour vivre en même temps que cet autre qui le rend nerveux, qui le rend heureux aussi. Lionel ne sait pas comment réagir devant toute cette authenticité, toute cette sincérité. Quand les prunelles bleues se posent sur lui, le lion ressent la panique le saisir de l’intérieur ; il ne sait pas comment réagir quand la loutre lui donne toute cette douceur, sans réclamer quoi que ce soit en retour, comme si cela lui faisait plaisir de lui faire plaisir. Automatiquement, il sourit ; il ne peut pas faire autrement, pas quand le jeune homme est près de lui. Son bien-être, son amour des autres était tout simplement contagieux.

Quand Zackery lève la tête vers le ciel, pour regarder les étoiles, Lionel se rappelle ce qu’il ne cessait de lui dire en automne, quand il crachait encore sur l’échange, qu’il avait le menton trop haut pour se rendre compte des merveilles autour de lui. Maintenant, il a envie de monter son menton encore plus haut, de le montrer à l’infini, mais il fait le contraire, il regarde le sol, les pieds noirs de terre. Il fronce les narines. Il doit y avoir une étendue d’eau tout proche, probablement un lac.

Soudainement, le silence religieux est brisé. Zackery lui dit qu’il lui avait manqué, et pendant un moment, Lionel se demande s’il a bien entendu, cette voix grave, basse, chaleureuse, cette langue natale qui le réconfortait de l’intérieur, ces mots en français si nombreux, si difficiles à maîtriser, mais si tendres, calmants. Après, il se demande s’il doit répondre, s’il doit répondre, ce qu’il doit répondre, mais il se console.

Tout n’a pas besoin d’être dit. Il doit tout simplement montrer, accepter de se livrer comme il est, comme un livre, dans toute sa faiblesse, dans toute sa vulnérabilité, dans son authenticité, lui, spectateur et protagoniste de son propre récit.

Lionel est un peu nerveux en regardant le lac. Il n’avait jamais particulièrement aimé l’eau ; cela lui rappelait un peu trop la noyade de son enfance. Le sourire si sincère de son ami le pousse cependant à laisser de côté ses réticences, pour simplement vivre un peu. Il est fou de ce sourire. Il avait râlé que ce sourire le rendait dingue, parce que Zackery donnait ce sourire à tout le monde, mais jamais Lionel ne voudrait le voir sans ce bonheur, ce ravissement.

Alors, le lion rejoint la loutre pour jouer dans l’eau, lui qui n’avait jamais connu rien d’autre que la sécheresse de ses propres savanes. Il marche en apercevant lentement ses orteils se faire engloutir par les profondeurs noires du lac. Ordinairement, il aurait reculé, mais il sent le toucher de la main de son ami qui lui rappelle que tout va bien. L’eau est froide. Dans son cœur, il fait chaud, comme un feu de cheminée. Lionel tient toujours les mains de son ami dans les siennes.  

« C’est magnifique. » se contente de répondre le lion. Il regarde autour de lui comme s’il redécouvrait le monde. Il avait naïvement cru connaître tout du château avec sa carte des Maraudeurs, mais il s’était trompé ; il restait encore des endroits à cartographier et de plus beaux encore à découvrir. « Je ne connaissais pas cette partie du château. » avoue-t-il, non sans honte. Il avait tellement dédaigné Poudlard, à son arrivée. Il était passé à côté d'un tas de choses. Était-il encore trop tard ? « C’est bien mieux que la Forêt interdite ! » Il a un grand sourire, un sourire honnête, sur ses lèvres qui avaient tant grimacé au monde autrefois. Il bouge les jambes dans l’eau, crée de petites vagues. Il regarde Zackery. « On est où ? » Question honnête, candide, d’un romantique qui redécouvrait ses terres, qui reconstruisait son monde, non seul, à deux, sa propre maison, sa propre fourmilière.

Le jour travaillait si fort pendant les journées pour contenter tout le monde, il trimait encore plus durant les vacances, pour que tout le monde puisse en profiter, pour que tout le monde puisse vivre encore un peu plus fort dans cette période de paix. Ce qu’oubliait la clarté, c’est qu’elle aussi avait bien le droit de se reposer un peu, de se permettre de prendre un moment et de cesser de briller pour les autres. Parfois, les humains pouvaient trouver, en eux, autour d’eux, leur propre lumière. Le lion brillait d’or, mais la loutre étincelait d’argent, de platine, de diamant, de toutes les pierres précieuses, elle qui était si chère à ses yeux.

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« Des milliers d'avions éventraient le ciel mais nous n'avions »
Juillet 2000 - Lionel

Peur de rien.Le sourire. Un sourire. D'une seule personne, d'une formidable, belle, sublime personne. Ses lèvres éclairées par la lumière de la nuit qui s'étirent, qui dévoilent ces dents qui pourraient être craintes de la part d'un lion. Le plus inoffensif et doux des lions, ses dents ne servent pas à déchirer la chaire mais à réfléchir la lumière pour éblouir les hommes et les femmes de la beauté dont il est emprunt. Le souffle se coupe, un instant, rien que de voir cette sincérité, rien que de voir cette tendresse renvoyée, cette douceur et cette beauté d'âme en une seule mimique, rien que ça, fait frissonner l'épiderme à nu, blanc, pâle sous la lumière de la lune. Un instant, il se demande s'il va retrouver son souffle un jour, et son cœur se remet à battre aussitôt, à diffuser une chaleur agréable et tendre dans ce corps nordique, habitué aux froids températures, pour enfin faire taire les poils hérissés de ses bras. Un sourire ; il a suffi d'un sourire pour que Zackery se souvienne subitement pourquoi Lionel est un être cher à son cœur. Pourquoi leur séparation d'une année a été le plus gros déchirement de sa vie, et pourquoi ne pas l'avoir vu, ne pas l'avoir eu pour lui pendant trop longtemps lui a tant pesé. C'est celui-ci, le vrai, l'authentique, l'important, le magnifique. C'est lui que Zackery décrit dans ses lettres. C'est celui qui sourit avec une sincérité et une honnêteté qui lui sont propres, pas celui que peignent d'autres personnes à grands coups de noms d'oiseaux et de mauvaisetés que l'Estonien réprouve grandement. Il n'est pas comme ça. Il est vrai, il est aimant, il est ravi, son Lion. Il se traîne l'image du roi de la savane parce que c'est celle qu'on lui a collé dés le départ ; et au fil du temps, il s'est engouffré dans cette description pour mieux y coller, parce que c'était plus facile.

Mais doit-on rappeler que le loup est un animal social, qui a besoin des autres de son espèce pour survivre et qu'il est l'un des animaux les plus adorés et détesté de tous les temps ? Pas besoin.

Zackery l'aime, son lion.

Ce n'est pas vraiment près du château, à vrai dire. Sans détacher leur main, la dextre de l'Estonien vient enlacer l'autre libre de son meilleur ami, un peu pour le tirer vers lui alors qu'il entame quelques pas à reculons dans l'eau. Délicats et prévoyant, hors de question de tomber, de se blesser. Il veut juste créer quelques vagues, troubler le calme du lac pour lui rappeler qu'ils sont là, ils sont vivants. Qu'ils sont tous les deux. Juste derrière la gare, il y a une forêt, celle qu'on a traversé ; puis le lac. Je crois qu'il est relié à celui du château, j'n'en suis pas sûr... Une petite grimace amusée, la Loutre est dans son élément.

La loutre et le cancer, tous deux de l'eau ; c'est drôle que cette attribution soit restée. Depuis les premières lettres, n'est-ce pas ? Il s'est immobilisé, tangue un peu, les pieds enfoncés dans le sable du lac ; ils ne voient rien à travers cette eau, et cette idée l'angoisse un peu. Puis il se souvient de la personne avec qui il est, ne s'autorise pas une seconde de plus à craindre quoi que ce soit. Les peurs de son ami, il doit pouvoir les chasser. Alors il monte les phalanges du lion jusqu'à ses lèvres pour les embrasser, les paupières fermées durant l'instant. Pour lui montrer que tout va bien, que même s'il ferme les yeux, ils sont toujours là. Que même dans cette eau fraîche, ils ne craignent rien.

Une fois, j'ai rêvé que j'étais dans lac comme celui-ci. Même si le début a l'air bénin, il ne l'est pas tant que ça au fond. C'est connu que le Vaher peine à se rappeler de ses rêves ; parfois, il n'en a même pas une bribe de souvenir au réveil. J'avais de l'eau jusqu'à la taille et j'étais peins de rouge et d'ocre. D'une main, il mime, retrace les peintures sur son torse, sur son visage. Elles forment comme un humain en bâtons, en plus détaillé encore. Puis un serpent est venu, au dessus de l'eau, et s'est enroulé autour de moi comme autour du caducée. Il a posé sa tête juste sous mon menton : c'était un serpent jaune et noir, très fin. Son regard se perd sur la houle délicate et discrète du lac sur laquelle se reflète la lune ; lune qui leur sert de lampe de chevet, tous les soirs, qui guide leurs pas dans la nuit sans une once d'hésitation. Elle fait de son mieux, la lune, mais sa face cachée révèle parfois bien des souvenirs. Je n'ai pas compris, quand je me suis réveillé, si c'était un rêve ou un cauchemar. Avec le recul, ça me semble être un rêve. Tout était paisible. De nouveau, son sourire déplace légèrement sa barbe un peu mal taillée, surtout qui peine à pousser. De ses yeux bleus il retourne couvrir son lion avec affection. Et maintenant, je comprend un peu mieux : c'est un présage de guérison après de dures étapes. Pas pour moi, mais certainement pour quelqu'un qui m'est cher. Le regard glissé est lourd de sens, de même que le doux sourire en coin adressé au lion.

Ça peut sembler fou, peut-être même ridicule, d'interpréter aussi sérieusement un rêve. Mais les éléments semblent pourtant clairs, entre l'eau, la nature, les peintures rouges et ocres, le serpent et lui-même. Hausse machinalement les épaules et les sourcils, puis tire doucement sur la main pour lui demander, poliment, respectueusement, de s'approcher. Son bras passe autour des épaules musclées par le Quidditch, puis le deuxième lâche la main afin d'imiter le premier, délicatement. Sans brusquer, prendre le lion dans ses bras pour le serrer un peu contre lui, enfouir son nez dans sa crinière douce et entretenue. Enfin, juste profiter d'être de nouveau réunis.
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comme un rideau métallique
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Tu as besoin d'aveux, de serments, de promesses. Tu as besoin de mots autant que de caresses, mais avouer que je ne rêve qu'à travers toi, je sais pas. À force d'illusions, de peur et de méfiance, je suis passé maître dans l'art de mon silence, mais aujourd'hui, si pour te plaire, il faut ma voix, sache que c'est toi qui me fais vivre, qui me rends libre.

Le regard. Un regard. Une apparition, un discernement, quelque chose de beau qui transparaît au travers des mirettes. Deux Terres qui secouent le ciel et la mer. Deux Terres qui pourraient se réunir, mais qui sont éloignées comme les continents qui ne peuvent que se souvenir de l’époque où la Terre ne formait encore qu’une seule terre, où les humains pouvaient encore compter les uns sur les autres, avant que la barrière de la langue ne vienne s’opposer, car même les humains ne pouvaient pas se comprendre entre eux, parce que ce ne sont pas des amoureux par nature, parce que les mains tendues font peur, dans un monde qui redoute encore les anciennes terreurs de la guerre.

Le lion, il appartient au sol ; ses prunelles se confondent avec le vert de la broussaille, et si la loutre le voulait, alors le vert formerait les terres dans la mer de ses prunelles, le vert le dirigerait vers un nouveau monde ou encore mieux, vers les bras de l’être cher. Ce ne serait pas la ruée vers l’or, mais la ruée vers la mer. Oh, si la terre et le ciel pouvaient se réunir, alors ils construiraient leur monde à eux deux. Un monde dans lequel ils vivraient heureux. Un univers qui serait triste sans les autres, mais infiniment mieux, infiniment doux pour eux.

La loutre, elle a toujours été si loin de lui. Quand le lion restait sur la terre, pour instaurer son règne, il avait conservé la tête droite, car la couronne est lourde sur la tête de celui qui la porte. Il montrait les dents, il faisait tout pour montrer que le monde était le sien, parce que s’il ne le faisait pas, indéniablement, il risquait de se faire dévorer. Au loin, il pouvait voir la loutre jouer, appeler à la joie, à la sociabilité, dans ses vêtements de bleu et de bronze, elle découvrait leur nouvelle maison, et il avait tellement peur le lion, que la loutre ne revienne plus jamais le rejoindre sur la terre, quand elle avait cessé de batifoler. Leurs moments, ils étaient toujours furtifs ; il fallait dire qu’ils avaient rarement eu du temps pour eux, simplement pour eux.

C’était la première fois, par contre, qu’ils avaient vécu aussi loin l’un de l’autre, séparé par des tours à l’opposé du château. La séparation avait duré un an, un an durant lequel ils avaient dû porter des couleurs différentes, où la loutre était allée rejoindre le ciel. Sans étonnement, elle avait pris son envol ; elle passait de l’air à la terre de façon naturelle, alors que le lion, il restait toujours coincé sur ses terres, comme un monarque qui ne pouvait qu’attendre la fin des batailles avant de sortir de sa demeure. Alors, il conservait le menton haut, trop haut, pour se rendre compte des merveilles dont regorgeaient l’école qu’il avait tant haïe, et quand il conservait le menton haut, il pouvait voir son attrapeur voler des victoires et voler l’or, et le gardien rêvait naïvement, qu’un jour, il vole le rouge et or.

Zackery lui affirme que ce lieu mirifique est un peu plus loin du château. Lionel écoute sans vraiment l’écouter, il porte plutôt son attention à toutes les inflexions de la voix de son ami. Son timbre est particulier. Sa voix est modulée. Son accent vient de partout et de nulle part à la fois. Son accent est un peu indien, teinté de sa culture, de toutes les langues qu’il a apprises à maîtriser, pour atteindre le plus de monde possible, sans se douter qu’il n’avait besoin de rien faire pour conquérir l’univers.

Son élocution, elle est paisible, elle ressemble au lac dans lequel il peut voir son reflet. Son inspiration, elle est prosaïque, elle déforme le reflet du miroir pour qu’il puisse se voir comme son ami le voit, dans tous ses défauts, dans toutes ses imperfections qui le rendaient aussi parfait, sans même qu’il ne s’en rende compte. Machinalement, instinctivement, volontairement, il osait le croire, la main du jeune homme vient chercher la sienne. Lionel avance dans l’eau doucement. Tout ce qu’il peut ressentir de peur, de crainte, d’appréhension, le quitte à chaque pas. En ce moment, il a confiance. Tout son cœur, toute sa vie, il pourrait la mettre au creux des mains de son meilleur ami sans le regretter un seul instant. Chacun de leurs mouvements créent des ondes, concentriques, qui partent et reviennent en leur direction, comme un effet papillon, pour leur rappeler que la plus petite mimique avait un effet jusqu’à l’autre bout du monde, jusque dans les confins de l’âme de l’être cher. Ils troublent le calme du lac, mais leur désordre est calme, apaisant, comme une chambre en pagaille, qui rappelle que quelqu’un est vivant, occupe cet espace, dort dans ses draps qui sentent le parfum de l'être aimé.

Le lion quitte tout son confort, se laisse inviter dans un nouvel élément, il regagne une nouvelle terre, un nouveau sable ; il s’enfonce un peu, mais il garde l’équilibre, mais pas pour la couronne, pour un compagnon, pour un camarade, qui l’aidait à faire des pas dans un monde qu’il ne connaissait pas. Quand il est près de son meilleur ami, son monde retrouvait un ordre, un sens, son monde redevient comme il devrait être.

Ce dernier prend sa main et la porte à ses lèvres. Douces, tendres contre sa peau, le Français sait qu’il ne devrait pas craquer, il sait que ce qu’il fait est mal, qu’il ne devrait pas sentir son cœur battre aussi fort pour un autre homme. Ce n’est pas humain, et il ne sait pas sur quoi il pourrait reporter la faute, sur les étoiles qui rendent le moment magique, dans le bon sens du terme, lui qui avait toujours détesté tous les sorts et tous les enchantements, et il se rend compte, maintenant, le lion, qu’il n’a jamais aimé les sorts, parce qu’il a trouvé ses jours, ses nuits, simplement en une personne.

L’Estonien lui confie qu’il avait rêvé qu’il était dans un lac comme celui-ci. Lionel a son regard plongé dans le sien. Inspectant tout son optimisme, tout son dévouement, tout ce fini moins lisse que la loutre ne voudrait le prétendre. Il aime tout ce qui sort de la bouche dans son camarade, ses histoires qui le saisissent et viennent le plonger dans un autre monde, savoir ce qu’il a mangé avant de dormir. Le barbu retrace les peintures sur son corps, le brun le regarde, se rappelle les abdominaux qu’il a vu quelques minutes auparavant. Chassant ces pensées, il se concentre sur la suite du récit, sur le serpent qui s’est enroulé autour de son ami comme un caducée, et Lionel a un sentiment de déjà-vu, même s’il serait incapable d’expliquer pourquoi.  

Zackery n’avait pas compris si c’était un rêve ou un cauchemar, mais que maintenant, il se disait que c’était un rêve, un présage de guérison, pour quelqu’un qui lui était cher. Son sourire en coin est beau. Il lui demande de s’approcher il tire doucement sur ses mains, et Lionel a de l’eau jusqu’aux genoux maintenant. Les bras de son ami passent autour de ses épaules, et l’étreinte tant attendue se déroule. La chaleur du corps de son ami le réconforte, au plus profond de lui-même, met des pansements sur des blessures qu’il ne pensait pas avoir, le réconcilie avec toutes les parties de lui-même. Le nez de son camarade le caresse, le chatouille en même temps.

La Lune fait office de lampe de chevet, mais Lionel a envie de lui dire qu’il n’a plus peur du noir maintenant, qu’il n’a plus peur de l’eau, qu’il laisse la Lune, le Soleil aux autres, qu’il a trouvé sa propre lumière,

Alors, Lionel se laisse aller. Ses bras montent dans le dos de son ami. La différence de hauteur est conséquente, mais elle ne les distancie pas. La Terre et le Ciel ne sont plus si loin l’un de l’autre ; ses mains sont serrées autour du cou du jeune homme, sa tête effleure son oreille, et le toucher est si pur, si vrai, si différent de tout ce qu’il a ressenti auparavant. Auprès des autres, le lion devait toujours mettre en avant une autre partie de sa personnalité, sa nouvelle assurance, son romantisme, sa tendresse, mais jamais ses peurs. Mais maintenant, il ne voulait plus être une personne factice.

Avec Belladona, il avait laissé tomber des barrières. Il lui avait confié l’incofiable, parce que c’était celle qui connaissait tout de lui. Avec Jude, il avait laissé tomber des limites. Il avait déménagé dans une autre nation. Il avait écouté des chansons pourries sur lesquelles il n’aurait jamais pris la peine auparavant de simplement porter son attention (rien ne pourrait remplacer Noir Désir ou Sardou). Avec Zackery, il avait laissé tomber des masques. Il avait laissé tomber des apparences. Il avait accepté de se faire guider. Le roi avait accepté un conseiller et accepté de laisser des vieilles pensées de côté, the King can do some wrong, et ce n’était pas plus grave que cela.

« Il y a deux serpents sur le caducée. Ce serait Hermès qui les aurait séparés lors d’un combat. » Lionel ne sait pas comment répondre à son ami. Il n’a jamais été doué pour rassurer les autres. Alors, il utilisait une autre stratégie ; il se montrait comme il était. Il n’avait pas de talent, il était un simple d’esprit aussi, mais au pire des cas, ils seraient idiots à deux. « Ce sont des tueurs par nature. » Malicieux, il a le ton farceur. Il cache sa timidité derrière sa confiance, il doit avouer que c’est plus facile de se livrer par écrit, quand on ne voit pas le visage de la personne derrière, mais il allait prendre le temps nécessaire pour grandir, apprendre à faire face à ses sentiments.

« Je l’ai fait. J’ai attaqué Thanatos. » Il ne voulait plus faire semblant. Il ne voulait plus prétendre être quelqu’un d’autre. Il avait fait du mal, mais il avait fait du bien aussi. Il utilisait encore ses mots, mais ce que Lionel montrait à Zackery, c’était la partie la plus vulnérable de son être. Sa voix est un murmure, pas fragile, pas cassé, davantage comme un pont qui ne peut survivre qu’à une seule traversée, qui ne peut accepter qu’une seule personne dans la terre promise.

« Je ne l’ai dit à personne. Bella et Jude pensaient probablement que je ne mettrai jamais mes menaces à exécution. Je pensais que Thanatos me volerait ce que j’avais de plus cher, sans que je ne puisse rien faire. Je me rends compte maintenant que mon attaque ne servait à rien. En fait, j’avais simplement eu peur de tout perdre. » Il ne voulait plus ressentir cette peur constante que tout lui échappe. Maintenant qu’il avait tout dit, il avait l’impression d’avoir un poids en moins dans sa poitrine. Il prend une bonne inspiration, de la fragrance musquée de son ami. Si seulement ses draps pouvaient sentir comme lui. Lionel brise l’étreinte. Il réfléchit un moment, regardant les arbres au loin avant de se tourner vers Zackery. Il a un air pensif.

« C’est un drôle de symbole, le caducée. Il est orné de serpents, mais il sert aussi à guérir les blessures que causent les serpents. » Lionel avance doucement, imperceptiblement, avant même qu’il ne s’en rende compte, il a de l’eau jusqu’à la taille. Il regarde son ami dans les yeux. « J’espère qu’aucun serpent ne te blessera plus jamais. J’espère que du caducée, tu ne connaîtras que le côté qui guérira. » Il fait référence à l’épisode du Basilic, mais un peu à lui-même, parce qu’il ne veut pas que son don ne les sépare. Alors, il dépose son front contre celui de son ami. Il laisse du rouge, de l’ocre sur le visage de son camarade, il laisse sa propre odeur, sa propre peinture. Tous les éléments du rêve étaient présents, sans même que les jeunes hommes ne s’en soient rendus compte.

Les peintures, l’eau à la taille, le serpent qui est venu s’enlacer autour de Zackery, comme un caducée.

Lors de l’étreinte, sous les lumières de la Lune, on pouvait se rendre compte que Lionel était habillé de jaune et de noir.

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« Des milliers d'avions éventraient le ciel mais nous n'avions »
Juillet 2000 - Lionel

Peur de rien.La voix contre son oreille, vibre dans son cœur comme la sourde percussion sur la caisse de résonance qu'est son corps. Corps chaud contre le sien, dissonance de température entre l'air, l'eau, eux. C'est peut-être parce que sa peau a toujours été plus chaude que la moyenne, c'est peut-être parce qu'il ne s'est pas embarrassé, ce soir, de vêtements qui pourraient l'encombrer, c'est peut-être aussi parce qu'il est heureux, ravi, bien, comme emmitouflé dans la dense crinière d'un lion qui l'enlace affectueusement. Aux premiers mots, bas et doux, il se souvient subitement, comme un immense rocher qui lui tomberait sur le dos, à quel point ça lui a manqué. À quel point ce timbre vrai, il l'aime et il voudrait le garder contre son coeur pour ne jamais plus qu'il ne lui manque. À quel point ces bras autour de son cou sont comme une révélation, comme une amitié retrouvée et trop longtemps perdue. Comme un parent que l'on retrouver rarement mais qu'il est toujours bon de revoir.

Se revoir est le plus drôle, le plus tendre des spectacles. Parce qu'ils se voient, désormais, s'observent avec plaisir, se scrutent sans perdre une miette de l'autre. Et ils savent, ils savent tous les deux qu'il n'y a plus de barrières quand ils sont ensemble, qu'il n'y a plus lieu d'y en avoir. Que la beauté du monde, elle vient de leur affection, de leur amour et de rien d'autre. Alors qu'il n'y a plus besoin de se cacher. Que l'on peut se livrer, se reposer dans ces bras familiers et chaleureux qui accueillent avec plaisir après une longue attente à reste là, écartés, à prier pour que l'on vienne s'y loger enfin. Alors il faut profiter, il faut rester là, il faut se dire des belles choses qu'on gardera pour plus tard. Haut les cœurs, on peut encore parler, se toucher, se voir. Ne t'en vas plus jamais, comme une prière que l'on a envie de hurler mais que l'on garde précieusement enfouie. Parce que l'idée d'un nouveau déchirement progressif est plus dure encore à supporter que l'éloignement lui-même.

Alors ce devait être le Bâton d'Asclépios. Correction après réflexion, suite à une remarque pertinente. Un simple d'esprit se rappelle du basique brut, un romantique joue avec les détails ; la signification change, mais le fond reste le même. C'est comme ça qu'ils vont reconstruire le monde, tous les deux. À grands coups d'entre-aide et de partage ; ils érigeront le plus haut des gratte-ciel.

Ses sourcils se froncent légèrement à l'entente des tueurs, et pour s'en cacher, il serre un peu plus son ami contre lui, enfouis un peu plus son nez dans crinière. Une grande inspiration, pour se retenir de lui dire quoi que ce soit qui ouvrirait un débat qu'aucun des deux ne pourrait taire. Puis le barrage cède, et c'est un déferlement qui saisit la gorge, une trombe de sentiment qui emporte subitement tout sur son passage. Qui brise le pont après l'ultime traversée. Ce n'est pas le verbe qui le fait serrer les dents, mais le nom. Thanatos. Loin des superstitions de l'Antiquité, il est pourtant toujours là le présage de mort, le présage de mauvaise influence, oiseau de mauvais augure qui plane au dessus des mortels, qui cache la lune pour l'empêcher d'aider les démunis à trouver leur chemin, pour mieux les piéger dans son drap d'obscurité malsaine. Il aurait voulu, l'Estonien, ne plus entendre ce prénom prononcé. Rares sont les sentiments négatifs, chez lui, et le voilà qui doit refouler certains qu'il ne veut pas laisser paraître. La rancune envers cet augure le ronge. Prononcer ce nom ne présage rien de bon ; aucune surprise à ce qu'il se fasse surnommer Atos.

Il doit se calmer, pourtant, repenser, souffler paisiblement. Les Hommes sont des animaux qui ne comprennent pas explicitement les langages primaires du corps mais qui en captent tout de même parfois les subtilités. Et là, dans ses bras, Zackery craint par dessus tout que Lionel sente sa tension. Qu'il soit tendu à son tour. Alors il se calme. Il ne laisse pas les mauvaisetés subitement prendre possession de lui ; il n'y a que son Lion qui compte. Uniquement son lion et sa voix, sa tendre voix, avec ces mots d'une langue qu'ils affectionnent tous deux. Rien d'autre.

Il l'écoute, cette voix, il entend ce qu'elle a à lui dire. Envie de la couper, de lui dire "je sais" pour ne pas qu'elle s'use trop, pour qu'elle s'économise pour dire, parler d'autres choses plus belles que cette montagne de difficulté qu'a eu à surmonter son propriétaire. Et même alors qu'il essaie de ne pas y penser, l'idée lui tambourine le crâne comme les battements d'un cœur prisonnier dans une grosse caisse : il n'était pas là. Il ne savait pas, et il n'était pas là. Il n'a rien pu faire. Pas pu l'empêcher, dans la Forêt Interdite, d'entamer son plan. Pas pu l'empêcher d'attaquer lorsque le moment était venu. Pas pu le serrer dans ses bras une fois la culpabilité "d'avoir fait quelque chose d'affreux" l'a frappée de son fouet brûlant sur sa peau déjà a vif. Pas même capable de lui dire qu'il ne perdra pas tout, qu'Atos ne lui enlèvera rien. Lionel a perdu Adélaïde parce qu'il l'a laissé partir ; le Serpentard n'était en rien capable d'arracher quoi que ce soit au lion.

Le lion avait peur de perdre le contrôle, alors le lion a préféré abandonner plutôt que de risquer que tout ne lui échappe.

Ils avancent ensemble, les yeux rivés l'un dans l'autre. La terre et l'eau sont proches, sont ensemble, se complètent. Les autres éléments paraissent futiles, inutiles, lorsque les deux sont réunis. Recule, recule encore face à la terre jusqu'à créer une moitié parfaite. L'eau à la taille, le buste en dehors. Le Caducée, le rêve, le serpent. Front contre front ; la main qui se dépose machinalement ce cou tendu, colonne de nerfs et de muscles. Une profonde inspiration ; il sait que le serpent est là, avec lui. Et la sensation de crainte a disparu : le nom de la mort n'est plus parmi eux. Comme celui de Voldemort. Plus à craindre. Ils sont ensemble désormais, rien ne pourra les atteindre.

Pardon. S'excuse-t-il par avance en un murmure, les yeux fermés, sans quitter ce toucher si important. Il se rend compte que sans le corps de Lionel contre le sien, il a un peu froid. Je savais. Évidemment qu'il savait. Une évidence sans nom qui avait été émise, sans l'ombre d'un doute. A-t-il été le seul, parmi leurs amis, à avoir su lire entre les lignes ? Lui, le simple d'esprit qui ne comprend pas lorsque les choses ne sont pas dites, montrées ? Pourtant tout avait l'air évident. À force, j'ai fini par te connaître, au moins un peu. Tu es dévoué. Tu ne fais pas les choses pour les laisser tomber en cours de route. Tu as beau savoir te montrer brave et fier et lisse, le lion a toujours des griffes. Décolle son front du sien, ouvre doucement les paupières. Les mains montent sur le visage, contre la mâchoire, caressent les joues des pouces. Les bracelets cliquettent en s'entre-choquant, amènent un peu de féerie. Je savais que tu allais le faire. Peu importe ce que tu entreprends, tu vas au bout des choses. Une confiance absurde et nécessaire. Aveugle, même. Jamais Lionel ne l'a déçu dans ses actions ; peut-être ses choix, parfois, auparavant. Le passé, c'est le passé. Aucun serpent ne m'a jamais blessé, Lionel. Ni même aucun lion. Inébranlable, intouchable peut-être ; jamais son coeur n'a souffert de quelque chose que son meilleur ami ait pu faire. Tendrement, un baiser sur son front. Aucun.

Puis il lui reprend la main, l'entraîne cette fois-ci plus proche du rivage. À mesure qu'ils sortent de l'eau, le regret s'accroche à ses chevilles nues, l'attire dans l'eau, alourdi son pas. Le regret, ou son sarouel gorgé d'eau qui pèse une tonne sur ses hanches. Quelle idée, lui aussi. Le désagrément en valait la chandelle, ceci dit, et une fois hors de l'eau, une fois hors du sable, les pieds dans la terre, l'Estonien rit légèrement. Son bas ruisselle littéralement d'eau dégouline le long de ses jambes jusqu'au sol pour lui retourner, retourner là d'où elle vient. Un sourire amusé à son lit, il lâche dans un nouveau rire:

J'ai quelque chose pour toi. Alors, abandonnant l'idée même de sécher un jour, il regagne la terre ferme pour de bon, ruisselle sur l'herbe jusqu'à son sac en toile déposé plus tôt sur lequel trône encore son haut, lui aussi abandonné. Les vêtements, c'est surfait. De ce sac, il en tire un gros livre, ressemblant à un grimoire, presque plus large que haut, qui déborde de papiers en tout genre, colorés, vieillis, habituels... Il s'assied dans l'herbe - le tout en se préparant mentalement à avoir les fesses dans une flaque sous peu- puis tend l'ouvrage à son ami. Joyeux anniversaire, Lionel Lemaire. Son sourire large traduit toute l'affection, toute la tendresse et la sérénité qu'il peut éprouver à l'instant présent. Ca a été long à faire, mais j'espère que ça te plaira. Certaines choses vont te rappeler des souvenirs...

Petit air malicieux, amusé aussi, il laisse son lion découvrir leurs premières lettres échangées. Les brouillons, aussi. Il est parvenu, avec la précieuse aide de Jude, à récupérer un maximum de papiers griffonnés. Dessins, photos ; tout le monde, tout l'entourage de Lionel, y est allé de son petit commentaire. Différentes écritures qui se succèdent, différentes couleurs d'encre, différentes qualité. Du français comme de l'anglais.

Les yeux rivés sur lui, Zackery observe. Il observe la réaction, cherche les émotions qui traversent les prunelles vertes de son lion.

Depuis le temps qu'il voulait lui offrir.
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Lionel Lemaire
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Lionel Lemaire
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comme un rideau métallique
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Tu as besoin d'aveux, de serments, de promesses. Tu as besoin de mots autant que de caresses, mais avouer que je ne rêve qu'à travers toi, je sais pas. À force d'illusions, de peur et de méfiance, je suis passé maître dans l'art de mon silence, mais aujourd'hui, si pour te plaire, il faut ma voix, sache que c'est toi qui me fais vivre, qui me rends libre.

Le front contre son front, comme pour rappeler au lion que dans les plus dures épreuves, il fallait relever le front, mais que l’on n’avait pas seulement à attaquer de front, que le front les séparait, tout comme le front pouvait séparer un air froid, un air chaud, mais la question ne se retrouve plus dans les oppositions. Au contraire, la réponse se retrouve dans la réunion. Avec ce contact, le lion et la loutre ne sont plus séparés par le ciel et la terre ; les deux auteurs, ils sont à la même hauteur. Le battement du cœur du lion est comme un battement de tambour, la voix de son ami est à la hauteur des contrebasses, mais ils sont sur le même diapason.

Ce sont les plus belles retrouvailles, car ces retrouvailles, elles sont comme une première rencontre ; personne ne peut les voir dans cette forêt inconnue, alors, ils peuvent se découvrir. Leurs mains se touchent, leurs fronts se collent, ce sont des effleurements, des caresses, et dans cette noirceur, dans ces contacts inconnus, sans la lampe de chevet, le lion avance sans voir le monde autour de lui. Sa cécité, elle l’avait empêchée de voir que la beauté du monde se retrouvait dans une seule personne, qui rendait son monde et son univers encore meilleurs que dans tous ses rêves. Cette vie, il avait toujours cru qu’elle était un cauchemar, il avait fait une prière pour se réveiller, il en avait tellement fait, des prières, mais tout avait repris son ordre. Même s’ils se déchireraient, ce serait comme de la dentelle, ce serait beau, ce serait gracieux, ce serait léger, ce serait le déchirement progressif qui sépare les mariés, qui les interdit de se voir, jusqu’au jour tant attendu de la cérémonie. C’est le seul genre de déchirement que Lionel accepterait de vivre. Il ne voulait plus se priver de la beauté du monde, de la noblesse, de la féérie de chacun des instants ; il voulait que sa vie soit réelle.

Son ami le corrige, mais ne lui parle pas des baguettes à rubans, il lui mentionne plutôt le bâton d’Asclépios. Un curieux nom, le bâton d’Aplésioc. La première remarque que Lionel a envie de faire est qu’il n’a jamais goûté cette friandise, mais il la retient de justesse, alors qu’elle frôle tout juste le bord de la langue, qu’elle menace de sauter, il n’a pas envie de gâcher le moment avec ses pattes qui ne sont pas habituées à la délicatesse, à la finesse de l’étendard de culture de son ami. Devant les autres, il aurait eu honte de la petite erreur, devant les autres, il aurait eu envie de mourir, il aurait complexé, mais il n’a pas honte devant son camarade, non il n’a pas honte ; c’est que son univers est si grand, au lion, c’est que son intellect lui fait miroiter trop de possibilités, trop de cultures, et il ne les connaît pas, les cultures, tout ce qu’il a toujours tenté de faire pousser mourrait sous son toucher. Alors, il délaissait les plantes, les fleurs, il délaissait tout ce qui pouvait mourir. Avec son ami, il voulait construire quelque chose de durable, pas à base de béton, pas à base de ciment, simplement une construction qui reposerait sur l’honnêteté et la réciprocité, et cela ne serait qu’à eux de voir jusqu’où ils pourraient monter. Et quand ils seraient haut dans le ciel, alors ils feraient un saut de l’ange en attendant de voir s’ils tomberaient, ou s’ils déploieraient leurs ailes ensemble, quelque part, entre le ciel et la terre.  

Zackery demande des excuses, et le lion ne comprend pas pourquoi, il est le seul qui devrait se faire pardonner. Il frisonne, sans même savoir pourquoi ; son corps réclame le contact de son camarade, c’était comme si jamais, il ne pourrait le toucher suffisamment. Son ami poursuit en affirmant qu’il savait. Lionel hoche la tête. Il ne devrait même pas étonné. Ce n’était pas lui qui a été réparti dans la maison du savoir et des connaissances. Mais les expressions faciales sont elles aussi des notes sur une partition, elles peuvent se laisser porter, quand le musicien connaît la partition, connaît la pièce, connaît la chanson, et sur les lèvres de Lionel, il n’y a que le prénom de Zackery.

Zackery continue, lui parle de son dévouement, de sa bravoure, et c’est tout simplement fou à quel point il est capable d’embellir toute cette douleur. Il décolle son front du sien. Cette fois-ci, tout continuait à front découvert. L’Estonien ouvre les paupières, elles sont délicates, elles renferment les deux plus belles pierres précieuses qui n’aient été données en ce monde. Elles brillent, de confiance, de douceur. Lionel aurait pu jalouser toute cette tendresse, toute cette bienveillance, comment la loutre pouvait rassurer n’importe qui simplement avec la mélodie de sa voix, mais il ne la jalousait pas, c’était sa force, c’était ce qui la rendait aussi belle.

Aucun serpent ne l’a blessé, aucun lion non plus, et c’est ce qu’il y a de beau avec son ami, c’est qu’il est capable de tout accepter et de voir plus loin que les apparences. Lui aussi délaisse les oppositions pour chercher les réunions. Il est de ses rochers qui supportent le ressac des vagues contre le flanc des falaises. Il est de ses phares qui permettent aux bateaux perdus de retrouver leur chemin, mais il sonne aussi comme le far d’une autre langue qui tente de les séparer. Le jeune homme, il est inébranlable, intouchable, et c’est peut-être pour cela que le lion a peur de faire un pas vers lui. Le félin a peur de ne pas être capable de le toucher comme il le touche à chaque jour. La loutre, elle est de celles qui lui donnent envie de devenir une meilleure personne et de délaisser tous les choix idiots qui le faisaient couler au fond de la mer, tout comme son bermuda, son tee-shirt qui devenaient soudainement si lourds ; il était allé trop loin, et maintenant, il s’enfonçait. Il ne s’était même pas rendu compte qu’il s’était aventuré aussi loin dans l’eau. Mais c’était ainsi.

Zackery le poussait à se dépasser.

L’impossible se produit, quand son meilleur ami dépose un baiser contre son front. Au début de sa première année, il aurait rêvé de ce moment. Maintenant, il l’accueillait, en se disant que sa confrontation avec la mort avait peut-être simplement été un prétexte pour sa renaissance, pour apprendre à pacifier avec toutes les petites parties de son âme, qu’elles soient noires, blanches, colorées de rouge, d’ocre, un peu teintées, de bleu, de bronze, de vert aussi, d’un vert forêt, aussi profond et dense que celui des bois autour d’eux.

Il se laisse entraîner près du rivage. Son bermuda est trempé. Le tissu colle sur ses cuisses. Chacun de ses pas est une véritable épreuve. Ce n’est pas du regret. C’est une purification. Comme si maintenant, il pouvait aller de l’avant. Comme si maintenant, il avait rencontré l’absolu. Comme si maintenant, il avait obtenu l’absolution. Du sable sur les pieds, il suit son ami sur le bord de l’herbe. Le pauvre, il dégouline de partout. Lionel se gratte la joue, il est un peu embarrassé. Il aurait peut-être dû tenir compte de leurs tenues avant de s’aventurer aussi loin dans le lac. Il rit tout de même de bon cœur devant le pantalon qui menace de tomber. Le spectacle était d’une candeur, d’une innocence qui lui avait tant manquée. Son ami rit aussi, il est tellement beau quand il rit, quand il est heureux.

Lionel se laisse tomber sur l’herbe. La tête vers le ciel, il recherche les étoiles en tentant de retrouver les constellations. À force de vivre dans le désordre, il aimait bien rechercher un ordre dans le ciel. Pendant ce temps, son ami s’active près de lui, semble chercher quelque chose dans son sac. Lionel ne le regarde pas. Simplement sentir sa présence lui suffit.

Assis, ses mains sur le sol, il accorde un sourire à son ami qui s’assoit en lui souhaitant un joyeux anniversaire. Lionel est surpris. Pas parce qu’il avait été doublé à son jeu, mais parce que son ami n’avait pas abandonné l’idée de le lui souhaiter, même quand il ne s’était pas présenté au rendez-vous, incapable de trouver de la lavande d’été en plein hiver.

L’Estonien tire un gros livre de son sac. Plusieurs papiers ressortent du grimoire : du bleu, du jaune, du blanc, du rose, toute les couleurs que Lionel aurait voulu utiliser pour éclaircir les côtés les plus sombres de son être. Sur les parchemins, les feuilles, il y avait des touches d’encre, des touches de surligneur, de crayon, de fusain, des pattes de mouche et des bavures, tout ce qui rendait ses souvenirs aussi anciens, aussi naturels, aussi bruts, mais aussi éthérés. Le toucher est granuleux ; ce sont les documents authentiques.

Un sourire orne le visage du lion. Il sourit quand son meilleur ami lui souhaite un joyeux anniversaire. Ça faisait des mois maintenant, mais il n’avait pas oublié, même quand tout le monde semblait l’avoir fait. Délicatement, il ouvre les pages du livre. Aussitôt, il est attendri. Ébahi, il sourit, comme un imbécile heureux, incapable de trouver des mots pour rendre justice à son admiration, à son étonnement, à son épatement.

Dans le livre : une photo d’une vieille voiture, qu’il reconnaîtrait entre mille, la Bisoumobile™. Une autre photo, de lui en première année avec une couronne de roses sur la tête en train de faire la grimace, les bras croisés, tirant la langue à l’objectif, apparemment peu enchanté de se retrouver dans une école de magie. Jude et Bell à Londres, en train de manger une glace au chocolat. Adélaïde qui lui envoie des baisers d’un des couloirs de Beauxbâtons. Katarina avec sa bouteille de vodka, au loin, l’air désapprobateur de Tamara, la directrice de maison. Emérence et Maya, à la fin de la première épreuve du jeu de piste. Zackery, Skye et lui après un entraînement de Quidditch à Beauxbâtons. Opale qui tient Bretka dans ses bras. Sakura qui chante à l’infirmerie. Des messages aussi divers que variés. La première note que Jude lui a passé en cours.

Il a une poussière dans l’œil, le lion. Il avait dit à Bell qu’il n’était pas capable de se projeter dans le futur, qu’il ne pouvait pas prendre de décisions qui impacteraient le reste de sa vie, parce qu’il avait peur de ce qui pourrait arriver, mais en regardant l’album, il se rend compte de toutes les belles personnes qu’il avait pu rencontrer, de tout le parcours qu’il avait fait. Le livre ouvert sur ses cuisses, il se tourne vers Zackery.

« C’est le plus beau cadeau que j’ai reçu. » Lionel est un peu perdu, un peu troublé. Il n’avait jamais reçu un cadeau d’anniversaire aussi personnel et qui venait le toucher au plus profond de ses tripes ; il lui arrivait encore de penser qu’il était le gamin générique de l’orphelinat. Il caresse les pages du livre une dernière fois avant de le déposer près de lui. Il se retourne vers Zackery, lui prend la main, de ses deux mains, l’embrassant une fois, deux fois, trois fois. « Je te remercie. » Il a les yeux qui pétillent, le lion, il est ému. Après l’émotion vient l’embarras. Avec un mélange de honte, d’amusement, il agrippe son sac. « On avait la même idée. » Lionel cherche dans les profondeurs du sac pour en ressortir un plus petit livre, bien moins épais ; chacun son talent. Il le tend à son ami. « On n'a pas pu vraiment fêter avec la défaite de la France, mais joyeux anniversaire, Zackery Vaher. »

Il avait fabriqué l’ouvrage lui-même. De l’intérieur à l’extérieur. La reliure portait sa marque. Même l’intérieur portait sa griffe. Lionel travaillait sur le récit depuis plusieurs années. Zackery n’avait jamais cessé de lui dire, au fur et à mesure qu’ils s’écrivaient des lettres, qu’il devrait écrire un livre. C’était maintenant chose faite.

C’était une histoire enfantine, en apparence. Les deux personnages principaux étaient un lion et une loutre, dessinées à la main, qui vivaient de folles aventures à la recherche d’un trésor protégées par une pieuvre qui ressemblait étrangement à la professeure de maintien et étiquette de Beauxbâtons. Lionel avait pris la peine de se faire écrivain afin de transporter son histoire, mais au fil des pages, il s’était métamorphosé en dessinateur parce qu’une image valait mille mots et que le pauvre lion devenait vite à court de vocabulaire, incapable de pallier à son mutisme par des oxymores et des « oxy-y-en-a-marre » lâchés à Gabriel de Musset, dans les jours de grand énervement.

C’était le manuscrit original que Lionel offrait à Zackery. C’était un exemplaire unique. Avec les ratures. Avec les petites marques de café. Avec les coins déchirés. Le lion était resté debout jour et nuit à de nombreuses occasions. C’était le travail d’une scolarité, juste au moment où Zackery allait bientôt terminer la sienne. Lionel n’était pas né pour être un auteur, mais pour Zackery, il pouvait bien essayer.

Lionel regarde son ami parcourir les pages du livre. Il répète une fois la phrase dans sa tête, deux dans sa bouche sans prononcer les mots, avant de se lancer, sans parachute : « Palju õnne sünnipäevaks. » Un massacre de l’estonien. Un massacre amoureux. Pour en oublier un amour massacré. Un massacre amoureux. Mais maintenant que Lionel avait confié l’inconfiable, qu’il avait retirée la masse de sa poitrine, il ne restait plus qu’un sacre de l'estonien, qu'un sacre amoureux, qu’un amour sacré.

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« Des milliers d'avions éventraient le ciel mais nous n'avions »
Juillet 2000 - Lionel

Peur de rien.Toujours, tout le temps, Lionel va au bout des choses. Depuis le début, et jusqu'à la fin, il n'abandonne pas en chemin. Il ne met rien de côté. Sa splendide humanité le fait avoir quelques maladresses, le fait avoir des ratés aussi ; mais chacun d'entre eux sont beaux, merveilleux, candides. Chacun, au fond, est agréable à regarder, facile à apprécier. Au lion, on lui pardonne, facilement, tout. Pour sa gueule tendre, pour son sourire charmant, pour sa personne enivrante, pour les mots qu'il utilise, pour les gestes qu'il fait. Tout, en lui, rayonne naturellement. Mais il est tellement habitué à briller de mille feux, fort, pour impressionner le monde qu'il en oublie que dans l'obscurité, la moindre petite flammèche est la plus éclatante des sources de lumière. Son lion est surpris qu'il n'ait en rien abandonné son anniversaire. Comme un petit bout de papier dans la poche intérieure de sa veste, près de son cœur, pour toujours se rappeler qu'il a ça à faire. Pas qu'il doit le faire, mais que ça tombe sous le sens, que c'est inévitable. Il a à le faire, et c'est tout.

Un sourire. Le plus beau cadeau qu'on lui ait jamais offert : un sourire de lion. Un sourire vrai et honnête, un sourire d'émotion, de surprise, un sourire positif qui transmet toutes les bonnes choses que Zackery voudrait voir à toute heure du jour et de la nuit dans les yeux de son meilleur ami. Parce qu'il le mérite, le lion, il le mérite d'avoir de belles lueurs dans les yeux qui lui font voir le monde plus beau. Mon agressif. Plus tendre avec lui, avec ses prunelles vertes comme la forêt qui borde le lac, vertes comme tout ce qui se rapporte à la nature. On dit de l'Homme qu'il est un être de culture, mais certains sont plus primaires que d'autres ; divinement primaires. Lionel Lemaire est de ceux qui ne subiront jamais les affres de la Terre puisqu'il est de ceux qui ne lui ont jamais fait défaut, ne l'ont jamais quittée. Elle en veut aux Hommes de l'avoir ainsi utilisée, laissée tombée. Lionel, lui, a toujours été proche d'elle, comme un enfant avec sa mère, contre laquelle il va se blottir tous les soirs pour s'endormir bien, rêver mieux.

Dans son corps, l'Estonien sent les pulsassions de son cœur. Il bat, tambourine, de voir un visage aussi ravi, aussi ébahi et ému devant un cadeau. C'est plus qu'un cadeau, pour Zackery ; c'est une déclaration. Une véritable déclaration. Il lui rappelle d'abord où le chemin a commencé, comment ils l'ont entamé. Celui qu'il, le lion, a parcouru, tout ce qu'il a fait de beau, tout ce qu'il a fait de merveilleux. Les personnes sublimes qu'il a rencontré, les bons moments passés ; même s'ils sont passés. Même s'ils font partie du décor de ses pensées, de leurs pensées, ils restent de bons moments qu'il faut se remémorer encore et encore et encore. Ensuite, il lui prouve, lui montre, que le futur n'est pas à craindre. Que ça, ce qu'il y a dans ce livre, l'on ne pourra jamais lui enlever. Que c'est quelque chose de gravé en lui. Enfin, qu'aujourd'hui encore, Zackery a pu compter sur ces personnes sublimes pour construire ce cadeau ; alors Lionel pourra compter sur elles aussi longtemps qu'il le faudra. Preuve d'amitié, déclaration de fidélité. Jamais je ne t'abandonnerai.

Une photo attire particulièrement l'attention de la loutre, et, délicatement, il tapote le bord blanc de la photo animée. Eux quatre, à bord de la fameuse Bisoumobile, avant d'entrer à l'école. Dernière escapade en voiture pour se retrouver tous ensemble, pour s'amuser ensemble, renouer, se parler, s'apprendre de nouveau. Comme ils avaient tous grandi.

Celle-là, c'est mon patronus.

Murmure-t-il avec une profonde émotion. Si la phrase avait été plus longue, sa voix se serait brisée rien que d'y penser. Un souvenir si fort, des sentiments si puissants. Et il n'a pas pu le formuler autrement qu'avec autant d'authenticité. Ce n'est pas la photo qui provoque son patronus. C'est ce souvenir si puissant qui confère tout le bonheur, toute la paix et la quiétude nécessaires pour invoquer son protecteur. C'est à ça qu'il a pensé avant d'être pétrifié par le Basilic. C'est aux sourire de Lionel, aux clins d'oeil qu'ils s'échangeaient à ce moment là, aux joues gonflées de Belladonna qui se goinfre de gâteaux à l'arrière en compagnie de Jude et de son air décontracté. Puis à l'éclat de rire général. Il ne sait plus pourquoi, peut-être parce que le klaxon est ridicule, que la voiture a fait un bruit étrange. Mais ils ont tous éclaté de rire, au même moment.

Instant suspendu, hors du temps. Zackery ne regarde plus les images, mais les yeux verts qui s'embuent légèrement. Son lion dira certainement que c'est une poussière dans l’œil, mais ce n'est pas à la loutre que l'on apprend à nager. Les baisers pleuvent et l'Estonien lâche un gloussement ravi, plus que ravi. C'est moi qui te remercie, a-t-il envie de déclarer, mais ses yeux bleus sont trop occupés, trop fascinés à le hurler pour que sa voix parle à leur place. Ce visage, par Merlin, ce visage si radieux. Il a tant changé, tant changé en bien, et c'est une véritable révélation que de le voir aussi rayonnant en pleine nuit. Lionel concurrence la lune et les étoiles. Il devient la lampe qui guide les pas de Zackery dans la pénombre, et l'Estonien en devient plus qu'honoré. À son tour, un rire, interrogatif, curieux. La même idée ? Pourtant, Zeke est sûr d'avoir récupéré tout ce qu'il pouvait pour compléter ce livre, bien que celui-ci possède des pages encore vierges. Des aventures à écrire. Celles que Lionel lui tend, il leur adresse un regard étonné. La couverture est douce, et à observer les coutures, il dit sans mal que c'est fait main. Un coup d’œil malicieux à son lion, il se plonge déjà dans la première page.

Un dessin, d'un lion et d'une loutre, qui le fonce éclater d'un rire court, mais vrai. Et de leurs aventures. L'écriture, au fil des pages, change, grandi, évolue. Zackery parvient à discerner, malgré la pénombre, les ratures, les passages les plus difficiles de la vie du lion, ceux plus doux, rien qu'avec quelques pages prises au début, au milieu, un peu après encore. La loutre se mord la lèvre pour s'empêcher de sourire plus, sinon bientôt il ira décrocher les étoiles et il ne pourra plus observer cet ouvrage d'une beauté sans nom. Un regard à son meilleur ami. Regard embué à son tour. Inspiration d'émotion. Effluves de livre et de joie qui emprisonnent ses narines. Palju õnne sünnipäevaks.

Aitäh, Leo.

Dans ses bras, il le récupère en plein vol pour mettre fin à sa chute. Pour le rassurer. Puis, pour des bons, il vient enlacer son ami, le serrer de nouveau contre lui, incapable de faire autrement. Parfois, tout dire. Parfois, être avec l'être cher suffit. Et en cet instant, cet instant précis, Zeke n'échangerait sa place pour rien au moins. Avec personne. Jamais.

Ses yeux sont des éclats du miroir du risèd. Il voit à travers ça. Il voit, il sait, qu'il vit dans son risèd. Et c'est la plus belle satisfaction du monde qu'il souhaiterait à n'importe qui. En cet instant, surtout à Lionel.

Avec lui dans ses bras, il se laisse tomber sur le côté, s'allonge dans l'herbe, ensemble, sans se lâcher. La position n'est pas très confortable, mais Zackery s'en moque, il fait au moins attention à ce qu'elle le soit pour son lion. L'herbe est basse, comme fraîchement coupée ; il se demande pourquoi elle ne pousse pas plus haut, si elle est entretenue. Tout ce qu'il sait, c'est qu'elle est à hauteur idéale pour être douce, moelleuse, confortable. Pour bercer leur étreinte. Si l'Estonien était un peu rationnel, peut-être qu'il ne sentirait pas ces fleurs éclore tout autour d'eux. Les yeux fermés, il ne les rouvre que pour casser un peu l'instant, égoïstement observer les yeux verts de Lionel, proches des siens. De nouveau, la terre et l'eau réunis.

Un mouvement de la tête, il regarde les étoiles. Une trinité parfaite, ce soir. Malgré les pantalons trempés, malgré sa fabuleuse idée de ne pas mettre de haut et de laisser l'herbe le gratte, malgré les émotions encore au bord d'exploser, ce soir, c'est un équilibre, un confort au-delà du convenable. Sur le dos, l'Estonien vient chercher la main de son ami. Il sait qu'elle aura pas de griffes, jamais, puisqu'aucun lion ne l'a jamais blessé. Aucun. Alors il la prend dans toute la délicatesse dont il peut faire preuve, parce que c'est dans sa nature. Si les serpents sont des tueurs nés, alors pourquoi les Hommes ne pourraient pas être des romantiques nés ?

Le ciel est vaste. Étendu ainsi, sur l'herbe, l'Estonien sent tout le poids du monde l'écraser subitement, comme si l'atmosphère c'était faite plus lourd. Alors il serre un peu plus fort cette main dans la sienne, ces doigts entre les siens, pour se rassurer. Parce que Lionel le rassure. Pour toutes les raisons du monde. Pour sa force. Pour son courage.

En Norvège, tu aurais vu le ciel danser. Sa deuxième main se lève au dessus de leurs têtes, décrit comme des ondulations, lentes mais élégantes, aussi élégante que sa main de médicomage peut le faire. De belles couleurs. Du bleu, du vert, du violet, du jaune. De grands voiles dont se couvre le ciel. Un spectacle d'une rare beauté qui le fait, l'espace d'une fraction de seconde, regretter les pays du Nord dont il est issu, avant qu'il ne se souvienne de tout ce qu'il a ici, près de Poudlard, en Écosse. De tous ses amis, et surtout de Lionel. Tu aimerais ça, là-bas. Il y a beaucoup d'animaux. Les paysages sont sublimes. Et ils font beaucoup de trucs végé ! Un gloussement. Ça leur changerait de la France. Son rire se tait pour un sourire plus calme et tendre, les yeux rivés sur le visage du Lion. Ce soir, il n'a d'yeux que pour lui. Son astre brillant. Le plus brûlant de tous, qui rayonne le plus fort. Je suis heureux de t'avoir dans ma vie. Un baiser sur sa main, un sourire plus large. Il ne lui dit jamais assez, et même s'il le lui disant plus souvent, ça ne serait pas suffisant pour exprimer à quel point il le pense. Fort.
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Lionel Lemaire
Consumed by the shadows
Lionel Lemaire
Élève de Gryffondor
Maison/Métier : première année en politique magique, rugit son appartenance à la maison des lions.
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comme un rideau métallique
zekel
Tu as besoin d'aveux, de serments, de promesses. Tu as besoin de mots autant que de caresses, mais avouer que je ne rêve qu'à travers toi, je sais pas. À force d'illusions, de peur et de méfiance, je suis passé maître dans l'art de mon silence, mais aujourd'hui, si pour te plaire, il faut ma voix, sache que c'est toi qui me fais vivre, qui me rends libre.

Toujours, tout le temps, Zackery prend le temps de s’arrêter. De prendre une pause. De regarder autour de lui.  De saisir une personne par les épaules pour l’aider à avancer sur le chemin dénivelé. Il prend la peine de retirer de la peine. Son extrême bienveillance a des limites et il a cette horrible tendance à se mettre de côté, sans même s’en rendre compte. Ces petits moments où il ruminait contrastaient avec ceux où il dansait dans les couloirs et chantonnait des chansons à en irriter les oreilles de ceux qui ne le supportaient pas. Combien de fois le lion avait-il sévi quand quelqu’un osait parler en mal de la loutre ? Combien de personnes avait-il frappé, tel le tonnerre dans son cœur, lors du coup de foudre ?

Certains diraient que la loutre n’était belle que dans son bonheur, mais le lion l’aimait dans tous ses états d’âme ; que ce soit de la colère, que ce soit de la déception, que ce soit de la tristesse, peu lui importait parce que c’était la personne que le jeune homme aimait. Les erreurs et les étourderies, les fausses manœuvres, les conneries et les incapacités ne sont pas des ratés, pas aux yeux de Lionel, qui n’aimait pas les finis lisses, qui n’aimait pas ce qui était sans texture. Que la toile raconte une histoire, qu’il puisse la toucher, la sentir se transformer sous ses mains comme elle s’était transformée au fil des années, s’embellissant et mûrissant comme le plus doux des vins. Les émotions étaient ce qui permettaient à la loutre d’être aussi forte et de comprendre pourquoi elle pouvait et pouvait donner à chaque jour.

La loutre, elle ne rayonne pas. Au contraire, elle s’est obscurcie, notamment sur le menton, sur le torse, quand elle a commencé à acquérir la sagesse qu’il était possible de cueillir sur le bord du sentier sur lequel le lion ne s’arrêtait jamais. La loutre, elle est comme un prisme de verre dans lequel passent les rayons de lumière avant de se décomposer en de multiples couleurs, de multiples couleurs à en faire pâlir les plus grands groupes de musique britannique. Elle ne rayonne pas, elle capture simplement un petit pan de lumière pour le rendre encore plus beau. À force de mettre la lumière sur les autres, elle en oublie d’en mettre un peu sur elle-même, alors que pourtant, c’était elle, la perle, le monde, que c’était elle, le joyau du spectacle ; c’était ce que s’était rendu compte, le lion, à l’infirmerie, et plus jamais il ne voulait que la loutre s’oublie. Si elle ne prenait pas soin d’elle, alors il prendrait soin d’elle, en s’inspirant de tout ce qu’elle lui a appris, en s’inspirant, en expirant, à chaque fois, dans son regard.

Quand son ami lui confie que cette photo est celle qui lui permet de faire apparaître la jument, Lionel ne peut que se dérider ; il pouffe en se rappelant Belladona en arrière de la voiture en train de dévorer une boîte de gâteaux au chocolat. Pendant ce temps, Jude ne cessait de contempler des panneaux de signalisation en ne cessant de se plaindre sur les règles de la société, perdu dans son propre monde que Lionel peinait à comprendre ; Zackery conduisait, en respectant impeccablement le code de la route, mais en utilisant un langage fleuri à chaque fois qu’il se faisait doubler, qu’un idiot brûlait un feu de signalisation ou un panneau d’arrêt. Lionel ne peut pas voir l’expression de son propre visage sur la photo, il porte des lunettes de soleil, mais il se voit éclater de rire, se retourner sur son siège pour voir ses deux amis, et la photo semble aussi réelle que le souvenir. Il ne se souvient plus de quoi il parlait avec autant d’enthousiasme, mais il ressent une indicible aménité, de celles qui lui font croire que tout ira bien.  

Il tourne les pages, contemple les aventures encore vierges. Il y en a pour des pages et des pages ; auparavant, il se serait dit qu’il y en avait trop pour ce qu’il était capable lui-même de vivre, mais maintenant, il savait que ce n’était pas, ce n’était plus le cas. Ces pages, il voulait les noircir de photos, de notes, de peinture, de pastel aux côtés de son meilleur ami ; les plus belles aventures ne restaient encore qu’à être écrites, mais ce ne serait pas seulement à la peinture rouge et ocre. Ce serait de toutes les couleurs. Que nous ne nous privions plus jamais de quoi que ce soit.

Son ami lui dit une phrase en estonien. Lionel ne comprend pas (se sent ridicule, se demandait à quoi il s’attendait), mais encore une fois, il n’a pas besoin de mots pour comprendre, l’enchantement, le bonheur simple que semble ressentir Zackery est nettement suffisant. C’est même plus que tout ce qu’il n’aurait jamas pu espérer. Pendant un moment, Lionel comprend pourquoi son ami prenait autant de plaisir à prendre soin des autres. Comment cela faisait du bien de prendre soin des gens que l’on aime. Il se laisse serrer dans les grands bras de son camarade et en cet instant, il n’aurait souhaité être nulle part ailleurs, que prisonnier de cette étreinte à la douce odeur boisée et aux senteurs de cannelle, qui lui rappellent que la maison pouvait se retrouver dans les bras d’une personne.  

Il a entendu une chose, un jour, il a entendu dire que l’homme le plus heureux au monde ne verrait que son propre reflet dans le miroir du Riséd. Dans les éclats, dans les fragments bleus, cérulescents de ceux de son ami, Lionel ne voit que son propre reflet, que ses propres cheveux bruns, parce qu’en ce moment, il était sans doute l’homme le plus comblé qui ne puisse exister.

Dans les bras de son ami, il laisse tomber les défenses et ferme les yeux. Quand il relève la tête vers son camarade, c’est pour lui faire un sourire enjôleur, le visage à peine dissimulé par cette herbe verte qui monte haut sans monter haut, mais cette herbe verte n’est pas plus verte ailleurs ; ici, le vert, il est éclatant, il est brillant, et le vert, il compense tout le bonheur que d’autres personnes peuvent trouver dans les verres, et si Lionel devait lever son verre, alors il le lèverait à eux, à lui, à la vie, avant de tout boire d’un trait pour ne plus jamais avoir à vivre les choses à moitié. Si le Français était un peu idiot, peut-être qu’il ne sentirait pas que son ami était dans une position aussi inconfortable. Alors, il tente de se repositionner. Parce que si Zackery ne pense pas à Zackery, alors Lionel penserait à Zackery. Il étudie le visage de son ami, dont les paupières sont fermées, dont les cheveux collent sur son visage. Ce qu’il pouvait être beau quand il était en paix. Quand l’Estonien cherche sa main, le Français la lui donne, referme sa main dessus, scellement d’une promesse, sans avoir peur, avec une certitude, comme si toute sa vie, sa main avait cherché celle de celui qui ferait ses lendemains et pour lequel il ferait des pieds et des mains.

Il admire les étoiles dans le ciel, avec son ami. C’est un drôle de langage que celui des étoiles, il faut connecter les points et ceux qui parviennent à résoudre cet étrange casse-tête peuvent retrouver leur chemin. C’est comme une carte du monde que les dieux auraient laissé aux humains pour se guider. Sans jamais donner d’indications sur la nature du jeu, à savoir combien de temps cela prendrait pour le résoudre, sans la moindre information sur le nombre de joueurs. Pouvait-on trouver son chemin à deux ? Était-on condamnés à marcher seuls ? Les serpents sont des tueurs par nature, mais les hommes pourraient être des romantiques par nature, en acceptant l’imagination, les chimères, en cessant de penser que ces dernières ne pouvaient être que des monstres. Les humains avaient peur, et c’était comme cela que les cauchemars se transformaient en rêves. Cela prendrait du temps que de les guérir du mal du monde, cela donnerait des situations comme la loutre qui n’était pas certaine de la nature de ses songes (un rêve, un cauchemar), mais si on y songe bien, le jeu en valait la chandelle.  

Le ciel est petit. Étendu dans l’herbe, le lion pense que le ciel n’est pas si grand, parce que le ciel, quand on réussit à le déchiffrer, n’est rien d’autre qu’une carte. Si Lionel lève la main, la mappemonde ferait la grandeur de sa paume, et si tout le monde faisait comme lui, alors, tout le monde serait connecté par la grande toile bleue, par l’infini. Tout le monde aurait une main tendue vers l’autre, et soudainement, ce ne serait plus aussi difficile d’atteindre les gens qui sont loin de soi, car il suffirait simplement de tendre, de tendre la main.

Dans sa main, Lionel sent la tension de son ami. Sa main se rétracte, mais il la serre doucement, en caresse le dessus de son pouce avant de passer ses doigts autour de ceux de son camarade, comme pour lui dire, non, comme pour lui rappeler qu’il serait toujours présent. Il l’enveloppe de son amitié, de toute sa tendresse. Quand il tomberait, il serait là pour le rattraper. Le rivage serait toujours là pour accueillir les débordements de la mer.

Zackery lui dit qu’en Norvège, il aurait vu le ciel danser. Sa main fait des ondulations dans l’air ; il discourt sur des ondulations colorées, comme des voiles dont se couvre le ciel, parce que le jour a aussi le droit de se draper dans des vêtements colorés avant d’aller se coucher. La loutre est enthousiaste alors qu’elle lui décrit la nation ; tout semble agréable quand elle en parle. Quand elle lui dit que Lionel se plairait là-bas, ce dernier hausse les épaules. « Probablement. » approuve-t-il, avec un sourire en coin. Il n’avait jamais voyagé, et il avait de la difficulté à imaginer comment pouvait être la Norvège ; si elle l’était comme l’avait décrit son ami, alors elle serait immensément belle.

Lionel se retourne, couché sur le bras de son ami, il le regarde, il lui confie, d’une toute petite voix : « Je suis en train de préparer mes valises pour le Japon. » C’était son premier voyage à l’international, dans un cadre purement culturel. Le lion n’avait jamais vraiment eu l’occasion d’aller à l’extérieur de la France. Le départ était prévu en août. « Nous allons voir des concerts, des temples, des sanctuaires. Peut-être que nous irons aussi aux sources thermales. » Mais rien ne sera mieux que cette eau froide qui collait sur ces cuisses et qui le rendrait malade le lendemain matin. Lionel se colle contre son ami. Il se couche en partie sur son torse nu, blottit sa tête dans le creux de l’épaule de son camarade. C’était fou comment il pouvait se laisser aller quand il n’y avait personne. On aurait dit qu’il pouvait être lui-même. Sans bouger, il continue de rêver : « Un jour, nous devrons partir ensemble en voyage. Nous pourrions aller en Norvège aller voir le ciel danser... » Lionel imite les ondulations, de sa main bien moins fine et bien moins gracieuse, fendant l’air dans le ciel. « … ou encore, nous pourrions aller en Argentine, danser tout court. Madame Maxime peut bien douter de mes talents en valse, mais il se trouve que j’ai toujours été un très bon danseur de tango. » Il imite deux jambes qui dansent avec son index et son majeur dans les airs, avant de fermer les yeux avec contentement. Il a un air tellement fier sur les lèvres que ses menteries pourraient presque en paraître vraies. Dans ses discours transparaissent une vérité, celle de son attachement indéniable envers Zackery, qu’il est plus que ravi d’avoir dans sa vie, même s’il ne le lui avait pas explicitement dit. Quand le lion ouvre les yeux, il se relève sur son coude. Il a une question, qui le taraude, qui est importante, pour qu’il puisse tricher, voir un peu dans le futur :

« Si tu devais choisir une seule destination, qui te rendrait heureux, toi et seulement toi, et que tu n’avais jamais visitée, où irais-tu ? » Zackery avait vu le monde, de par sa famille, il connaissait les terres italiennes, françaises, anglaises, norvégiennes, de par son initiative, il avait vu celles africaines, celles indiennes, mais Lionel ne pouvait s’empêcher de se demander si son ami voulait autre chose, avait soif d’autres terres, d’autres paysages. Il avait l’impression de ne pas le lui demander suffisamment souvent.

Enfin, même si Zackery venait de partout, et de nulle part à la fois, qu’il n’avait pas d’attaches fortes dans un pays en particulier, s’il pouvait compter sur une chose, c’est que dans le cœur de Lionel, il aurait toujours sa place.


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« Des milliers d'avions éventraient le ciel mais nous n'avions »
Juillet 2000 - Lionel

Peur de rien.Une unité, un tout. Une forme géométrique, un triangle parfait, équilatéral. L’air, l’eau, la terre. En l’air, il y a ces petites ampoules qui brillent faiblement, d’autres plus sauvages et plus lumineuses, suspendues au plafond sombre que la nuit amène avec elle ; sa chambre, en somme, où installe le monde, où elle borde ses enfants, les couvres pour leur souhaiter de bien dormir, ou au contraire de bien vivre. La plus grande de toutes ces lumières est la plus proche, surtout, là, allongée dans l’herbe, avec ses yeux verts qui fixent ses frères et sœurs. Le soleil. Son soleil. Il est grand, il est beau, il est brillant, brûlant, et c’est grâce à lui que ses autres petites sœurs et petits frères peuvent aller quérir un sommeil réparateur parmi le drap lacté où les y attendent déjà celles et ceux qui n’ont jamais bougé. Un travail honorable. Il brille si fort que ses yeux réclament parfois à le faire taire ; puis son esprit se souvient, aussitôt, en l’espace d’une fraction de seconde, d’une fraction d’étoile filante, à quel point il est beau lorsqu’il rayonne. Alors, quitte à s’y brûler la rétine, il le regarde, ne le quitte jamais des yeux. Au moins comme ça, il verra des couleurs qui n’existent pas, des couleurs qui seront uniques et exclusive aux rayons lumineux du soleil. Du Lion. C’est beau les gens comme ça. C’est beau de les aimer.

Ce qui est encore plus beau, c’est de le sentir contre lui. De sentir sa tempe et sa joue chaudes contre sa peau nue qui se rafraîchit légèrement avec le sang qui refroidit, qui pulse moins dans les veines une fois allongé. Ces cheveux, fins et aux odeurs délicates de rose, qui effleurent ses narines encore une fois. Leur deux mains en l’air. Zackery décrit des mouvements, il bouge, il s’active ; Lionel est calme, plus sage et moins fougueux. Il est un Lion qui doit faire tenir une couronne sur sa tête, et ne pas la faire tomber. Alors il est calme, bouge délicatement. Même le pouce sur la main est calme. Tout est apaisé et délicat. Et il envierait presque cette infinie tendresse ; seulement il la lui rend en parlant de la Norvège. En pensant à lui alors que le sujet n’est pas là. Avec un peu de réflexion, la loutre s’aperçoit d’une chose étrange, cocasse quelque peu, mais à la fois rassurante et angoissante : Lionel est le centre de son monde. Présent ou absent. Dans ses bras ou à l’autre bout de la planète. Il est le centre de son monde. Il est le noyau autour duquel poussent la nature de ses pensées, germent les fleurs de ses sentiments et donnent les fruits de ses souvenirs. Autour duquel les cours d’eau de sa vie glissent, défilent, et au bord desquels la loutre va se promener avec son lion.

Avec son amour, son ange, sa félicité.

Son cœur s’alourdit, subitement. Sans qu’il ne puisse l’expliquer. Ça ne se sent pas, ça ne s’entend pas. Ça ne s’apprend pas. Sans déglutir il ravale. Le nous décrit, il est beau et fleurit et tendre. Mais il n’arrive pas à s’en réjouir. Son meilleur ami part en août ; il part au Japon. Apparemment, c’est très beau là-bas. Le programme a l’air chouette ; non, définitivement, il ne parvient pas à s’en réjouir. Et il s’en veut, alors, de ressentir ça. Parce que le lion mérite au-delà de tout le bonheur du monde. Il mérite de découvrir ce qu’il veut découvrir, il mérite de se promener là où bon lui semble, avec les personnes qu’il considère comme merveilleuses : et il les choisit bien, toujours, tout le temps. Le livre en témoigne. De superbes, splendides personnes qui sourient toutes ensemble. L’entourage de Lionel, la vie qu’il s’est faite depuis le début de sa scolarité. Un ouvrage qui ne s’achèvera jamais.

Et pourtant, il n’arrive pas à s’en réjouir.

Elle s’est habituée à la sensation, la loutre. Accoutumée vite, rapidement, à cette impression de lourdeur dans son coeur, d’être descendu d’un cran, s’être enfoncé dans le sol. Ou peut-être est-ce la tête de Lionel sur son torse qui lui confère cette sensation. Il se sent réchauffé, un peu ; oui, c’est sûrement lui. Ce n’est pas le regret de savoir qu’il part loin de lui. Ce n’est pas de savoir qu’il s’en va avec une fille dans un pays qu’il ne connaît pas. Ce n’est pas de savoir qu’il va dans un pays qu’il ne connaît pas, sans lui. Non, ce n’est pas ça. Ça ne peut pas être ça. Il n’est pas capable de ressentir ce genre de choses. N’est-ce pas ?

Il a un rire qui lui échappe. Peut-être nerveux, au fond, mais vrai dans les apparences et les sentiments. Il fait s’échapper toute la lourdeur qu’il vient de subir. Un frisson qui parcourt son corps, comme une vague de chaleur qui le rassure subitement. Nous devrons partir ensemble en voyage. Oui. Double oui, triple oui. Ses talents en valse, ils les amélioreront ensemble s’il le faut. Zackery est prêt à apprendre à danser pour lui. L’idée même de faire un voyage avec Lionel l’enchante plus que tout. Il adorerait avoir Jude et Belladonna avec eux. Surtout pour visiter l’Argentine.

L’Argentine, c’est une meilleure idée de destination que la Norvège. Déclare-t-il. L’Argentine en été, tout un mois complet. La Norvège en hiver, rentrer à temps pour célébrer Noël en famille, pour ne manquer à personne, pour voir les lumières danser dans le ciel, pour vivre tous heureux dans une petite cabane perdue dans la forêt sous trois tonnes de neige. Et en Argentine ils iraient grimper les monts jusqu’au sommet des cascades pour hurler leur joie jusqu’à couvrir le bruit de l’eau. Et le lion pourra rugir, être entendu de tous. Tous verront à quel point il rayonne, partout. On sera un beau couple de danseurs, tous les deux. Même si je doute de mes capacités en tango et que la danse orientale soit bienvenue là-bas. Il rit de bon cœur, ramenant son bras contre le dos du lion pour glisser sa main sous son t-shirt, le frotter doucement, du bout des doigts. Par habitude. Jude adore qu’il lui passe la main dans le dos comme ça ; le monde en général aime ça. Alors il se doute que le lion ne rechignera pas devant ses attentions particulières.

Il y est tant attaché, à son rayon solaire. Aussi, il ferme les yeux paisiblement, à son tour, déposant la joue noircie de sagesse mal entretenue contre sa chevelure à la senteur de rose. Mais il bouge, le lion, délicatement, après avoir laissé suffisamment de temps à la loutre pour apprécier ce contact. Sans s’arrêter, la main danse contre la peau douce, décrit des cercles, des formes, des lettres. Les yeux bleus s’ouvrent sur la beauté verdâtre de celles du plus bel humain de la Terre.

Puis la question fuse, laisse une traînée d’étonnement dans les mirettes de l’estonien. Il écarquille un peu les yeux, bat des cils. Une destination en particulier ?...
Zackery se considère un peu comme un bohémien. Proche de la nature, proche des gens, sans aprioris sur le fait de les rencontrer, de leur parler, d’échanger avec eux des expériences humaines. Ses missions d’humanitaire l’ont fait se complaire dans cette idée ; s’ajoutent à ça les origines de toute part, s’ajoutent à ça les multiples voyages. Un enfant du monde qui ne saurait pas rester trop longtemps au même endroit sous peine d’avoir le mal de la Terre : comme un mal du pays, mais à l’échelle planétaire. Alors il songe encore un instant, se remémore les endroits où il est allé, ce qu’il y a fait. Les paysages, les gens, les cultures, les villes. La faune, la flore, la nourriture. Ses yeux scrutent le ciel pour chercher la réponse dans les étoiles. Elles pourront l’aider, puisqu’il les voit en même temps que le monde. Des millions de personnes sont en train de les observer, à l’instant même. Une unité mondiale, une unité belle. Alors un sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu’il a trouvé. Lentement, il tourne la tête vers son lion, l’air ravi.

La Nouvelle-Zélande. Condamné aux îles ; elles lui vont très bien. Estonie, Angleterre, Sardaigne. Nouvelle-Zélande. Besoin d’être entouré d’eau pour se sentir bien ; mais en scrutant les yeux de son lion, il sait qu’il a aussi besoin de la terre. Alors, il explique. Il y a tout ce dont tu peux rêver, là-bas, en terme d’aventure. Il y a les hautes montagnes enneigées, il y a les vastes lacs qui bordent les vastes plaines rocheuses. Puis il y a les forêts denses, le bord de mer avec des températures rêvées. Des lagons. Sourire s’agrandit, se dévoile avec toute l’affection du monde. Portée à une seule personne ; la plus importante. Les aurores boréales aussi.

À vrai dire, ce ne sont pas des affirmations. C’est un pari. Il lui faudra y aller pour vérifier s’il a gagné ou perdu. Mais il sait que ce fut l’une des nombreuses destinations de son père, celui-ci ayant ramené tout un tas de souvenirs de cette aventure merveilleuse, notamment les voiles qui dansent dans le ciel, de toutes les couleurs. Quelque chose de sublime.
À on tour, Zackery se redresse sur son coude. Récupérant sa main, il joue avec des doigts un instant, l’air un peu pensif, yeux rivés sur l’herbe verte.

Lionel, je suis un peu anxieux. Relève le menton, fronce légèrement les sourcils. Son inquiétude est lisible sur son visage, et il espère que le lion ne s’en inquiétera pas plus que ça. J’ai peur que notre “Gay Pride” - il mime les guillemets avec sa main- ne se passe pas… Bien. Une réalité qu'il n'avait exposé à personne encore, pas même Belladonna, pas même Skye. Mais pourtant, ça le taraude. Il se souvient des hiboux qu'il a reçu, se souvient des gens qui seront invités. Il souhaite que tout le monde s'amuse, mais craint au plus au point les tensions. Au-delà de ça, il craint pour son Lion. Que celui-ci ne soit tourmenté de nouveau, brutalisé. Il ne le supporterait pas. Il ne supporterait pas de voir la tristesse dans ses yeux en croisant le regard de certaines personnes. ... Je ne veux pas que tu sois triste, Lionel. Confie-t-il encore, la voix basse, la tête basse, les yeux bas. Il a l'air de ne pas oser s'en faire pour son lion. Parce qu'un lion c'est fier. Parce qu'un lion, même s'il en a besoin, n'a pas besoin que l'on s'inquiète de lui. J'en ai marre de te voir triste.

Une vérité qui éclate. Comme une révélation, comme un aveu enfin. Lionel, je sais que tu es triste. Et ça le rend triste de savoir que tu l'es. Pourtant il n'en dit rien, pourtant il n'en disait rien, du moins. Jusqu'à ce soir. Parce qu'il ne supporterait pas de voir son lion s'isoler, partir alors qu'il est chez lui. Il ne supporterait pas de ne pas pouvoir le prendre dans ses bras quand ça ne va pas ; il ne peut jamais le prendre dans ses bras quand ça ne va pas. Un roi se tait. Un roi ne laisse jamais entrevoir ses failles. Le lion est digne, le menton haut, il ne demande rien à personne parce qu'il est capable de tout. Et pourtant, le lion est triste.

Dans l'histoire du livre à ses côtés, Zackery est persuadé que, parfois, la loutre est triste avec lui sans qu'il ne s'en rende compte.
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Lionel Lemaire
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comme un rideau métallique
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Tu as besoin d'aveux, de serments, de promesses. Tu as besoin de mots autant que de caresses, mais avouer que je ne rêve qu'à travers toi, je sais pas. À force d'illusions, de peur et de méfiance, je suis passé maître dans l'art de mon silence, mais aujourd'hui, si pour te plaire, il faut ma voix, sache que c'est toi qui me fais vivre, qui me rends libre.

Un infini. Une forme illimitée. Une forme incertaine qui peut aller haut dans les airs quand elle monte vers le ciel. Pour le plaisir des auteurs, elle va vers l’espace. De temps à autre, elle défie même l’espace qu’elle prend. De jour en jour, la mer s’étend. Comme un parfum occupe toute la place dans une pièce, elle se laisse aller contre les flancs de la terre. C’était probable que la grande étendue liquide ait toujours eu un amour pour celle solide ; comme pour la réclamer, elle empiétait sur son territoire, tel l’être cher qui prend la place dans un lit, pour réclamer que l’autre était sien. Lors des marées hautes, la mer, elle se faisait un plaisir d’embrasser la terre, elle qui trouvait, sur le sol, son propre mouillage.

L’infini monte vers le ciel, mais l’infini descend aussi vers la terre, et quand cet infini est recherché, il est recherché à partir des profondeurs de la mer. Alors, la forme ne semble avoir aucun fond. Le triangle est un deltaplane ; composé de terre, d’air et d’eau, du haut de ce deltaplane, il est possible de défier les hauteurs, les profondeurs, d’aller d’un rocher à l’autre, pierre par pierre, avant de se poser sur le sable, pour faire un collier de coquillages ; tous les cadeaux que la mer envoyait aux humains, pour que les humains n’oublient jamais le son de leur propre Mère.  

Zackery, il n’est pas un deltaplane, parce qu’il n’est pas facile à percer, parce qu’il est bien plus complexe que tout ce qu’il ne peut prétendre ; il a des couches, des couches de peinture, de texture, à découvrir, à interpréter, il est le Sphinx, une charade, aussi une réponse. Il est de ceux qui volent haut dans les airs, qui sont solides, comme un avion dans le ciel, comme un avion que les humains confondent avec les étoiles dans les nuits de grande noirceur. Il émet une lumière. Une lumière brillante qui donne envie de faire un seul souhait : celui qu’il aille bien, qu’il aille au bout de la belle quête qu’il a entamée, qu’il arrive sain à sa destination en amenant avec lui le plus de personnes possibles, qu’il protégera du cocon de ses bras. Zackery vole tellement haut dans le ciel, tellement haut que lors de son passage, il est celui qui allume les petites ampoules de la chambre de la nuit, comme le marchand de sable dépose son or sur les habitants du monde, les petites fourmis de la terre, pour que celles-ci puissent cesser de travailler et se perdre dans leurs rêves, le temps d’un instant.

Lionel, il se dit que la lumière, elle a toujours été loin de lui. Inatteignable, même quand il tendait le bras pour la chercher. Inatteignable parce qu’elle était à la portée de tous. Partout, dans le monde, une personne tendait le bras, montrait un avion. Partout, dans le monde, un enfant lançait un avion en papier. Un chanteur aurait dit que des milliers d’avions éventraient le ciel, mais ces milliers d’avions n’existaient pas, ce n’était que Zackery, vu d’un millier de points de vue différents.  

Lionel plonge son regard dans celui de son ami. Marin non malin, il a envie de se noyer. De couler. De jeter une ancre pour rester une éternité dans ces yeux d’océan, mélange matin de pacifique et d’indien. Ce n’est pas possible. Pas possible d’être aussi beau. La mer vient encore de repousser une nouvelle limite. Des vagues secouent le cœur du lion, mais ce ne sont pas des vagues de terreur, ce sont des vagues de chaleur et d’amour. Si Lionel doit mourir, si Lionel doit suffoquer dans un regard, ne voir que le noir, qu’il en soit ainsi, dans son cœur, pour la vie, il aurait toujours l’image de Zackery, gravée dans son esprit.

Il est bien contre le torse de son ami. Il a l’impression d’être à la bonne place au bon moment. Il aurait presque envie que le jeune homme ne passe sa main dans ses cheveux et les caresse, parce qu’il avait autant besoin des mots que des caresses. Lui qui avait toujours semblé, lors de l’année scolaire, comme un fauve indomptable, comme une grande gueule que rien n’arrêterait retrouvait la personnalité plus calme, plus tempérée de celle de Beauxbâtons ; il se laisse aller à la contemplation, il laisse tomber les étalages de confiance parce qu’avec son ami, il n’avait pas besoin d’exhiber sa crinière pour être respecté. Si on ne pouvait pas refuser au roi de la jungle la place qui lui était due, alors personne ne pourrait lui refuser les bras de la loutre.

Mais doucement, il se laisse aller. Habituellement, il n’est tactile que dans les moments charnels, mais le lion commence à faire des mouvements de main, à illustrer ses pensées, comme il avait illustré son histoire, comme il avait écrit ses images. Si la couronne tombe, alors elle tomberait sur eux deux, et ils la jetteraient au loin. Que rien ne les différencie. Que rien ne les sépare. Que le bleu et le rouge ne redeviennent que de simples teintes. Que nous revenons seulement aux couleurs primaires.

Le lion se rend compte à quel point son meilleur ami est important pour lui. Peu importe où il tourne la tête, il le voit ; dans les couloirs, quand il passe devant un élève habillé de bleu et de bronze, quand il se réveille, avant même de s’endormir. Sur son piédestal de rouge et d’or, le lion n’a pas conscience d’être au centre du monde de la loutre, tout comme cette dernière ne sait pas que le félin se retourne sur son pilier simplement pour la rechercher, qu’elle est constamment présente dans ses pensées. Il est la raison pour laquelle il avance dans la vie, simplement pour espérer, un jour, être digne de son admiration et de son attention. Qu’est-ce que lui, Lionel Lemaire, pouvait-t-il bien offrir à Zackery Vaher ?

Il avait commencé par quelque chose de précieux. Il avait commencé par la confiance et il se sent léger, Lionel, il se sent léger parce qu’il a été capable de retirer une masse de sa poitrine et de faire confiance, mais dans son élan, il ne s’était pas rendu compte que cette masse ferait couler son camarade, que ce transfert n’avait pas été bénéfique pour la personne qui lui était la plus chère. Aurait-ce été possible que ce ne soit qu’une manière inconsciente de l’ancrer à la terre, pour que plus jamais, la loutre ne reparte vers le ciel ? C’était fou, comment l’Estonien avait sa place partout, il babillait, il pouvait s’asseoir à la table d’un inconnu aux Trois Balais et en ressortir avec un ami, à la fin de la soirée. Lionel ne porte pas attention à son rire, il tente de ne pas se faire de faux espoirs non plus. Ce qu’il ressentait était aussi fort et destructeur qu’un tsunami, l’image, en tant que telle, n’avait pas besoin de plus d’explications.

Sans de réelle surprise, Zackery approuve l’idée de l’Argentine. Lionel ferme les yeux. Rapidement, il devrait commencer à organiser leur prochain été. Comme cela, ses amis et lui pourraient partir découvrir la ville, les montagnes, danser de nouveau, sans la peur de se faire attaquer, jouer au football, et Lionel montrerait qu’il était le roi, défiant les gamins hispaniques qui ne connaissait pas de Lionel Lemaire, mais seulement un Lionel Messi. Cette idée en l’air lui semblait terriblement bonne à l’instant. Même Jude ne pourrait pas rester indifférent aux charmes de La Boca. En même temps, il voulait aussi découvrir la Norvège. Il voulait découvrir tout ce qui faisait étinceler le regard de Zackery.

Il lui dit qu’il serait un beau couple de danseurs, et là encore, le lion tente de ne pas s’emballer. « Je suis certain que tu seras le meilleur danseur de tous. » lui affirme-t-il. Son ton est sans appel. Le lion a parfaitement confiance à la loutre. « De toute façon, je te montrerai comment faire. » La loutre rit de bon cœur en lui frottant le dos. Lionel est un peu appréhensif, au début, mais il finit par accepter le contact avec joie, avant de ronronner, un sourire sur ses lèvres minces.

Il est attaché aussi, à sa planète, à son monde, aux constellations et les yeux de son ami semblent sortir de leur orbite quand le lion lui pose la question lui brûlait les lèvres ; il tenait à avoir un point de repère dans l’infini. Son ami semble perdu. Lionel le comprend. Il doit probablement avoir à chercher loin sur la mappemonde pour trouver une destination. Il a probablement vécu de bons nombres d’aventures. Peut-être que la question était trop complexe. Lionel ne sait même pas ce qu’il répondrait à sa propre question. Une partie de lui souffle, en son for intérieur, que ce ne serait pas la France qu’il choisirait.

Quand il entend la Nouvelle-Zélande, il est un peu surpris, sans réellement l’être, encore les îles, toujours les îles, et les îles, elles sont perdues au milieu du monde, sans l’être véritablement, et il est possible de les visiter, de faire la traversée, de se trouver dans un nouveau monde, et le lion, pour rejoindre la loutre, il est prêt à faire toute la distance à la nage. Toute son histoire avait commencé en Île-de-France, alors il pouvait bien la conclure ailleurs, n’importe où, Île-d’Estonie, Île-d’Angleterre, Île-de-Sardaigne, Île-de-Nouvelle-Zélande, Île, Il et lui.  

Les montagnes, les lacs, les forêts, tout sonne terriblement chouette quand c’est son ami qui lui en parle, et le lion est résolu à partir un jour avec lui. Il délaisserait Paris pour les plus beaux des paris, et il laisserait la noirceur du monde aux autres pour se perdre dans les aurores astrales.

Zackery se relève sur son coude. Ce dernier ne le regarde pas, il semble perplexe. Lionel se redresse. À défaut d’un contact corporel, il tente de chercher un contact visuel, que ce soit la loutre qui s’ancre dans son regard pour une fois, avant de se laisser tanguer, de se laisser porter par le courant et de partir trop loin de lui. Il prend son courage à deux mains, il écoute son souci. Il est mortifié à l’intérieur de lui parce qu’il a l’impression de ne pas pouvoir rendre la pareille dans une relation. Il avait bien trop peu à donner, et il recevait beaucoup trop ; il se demandait si ses mots pourraient réellement aider son meilleur ami à soulever des montagnes. Les soucis ont tous la même source : la Gay Pride. De sa propre initiative, le petit groupe en avait commencé l’organisation, se divisant le travail entre la musique, les lettres, les invités, les tentes, le feu, les pancartes. C’était un drôle de spectacle que de voir Skye les quitter le soir, recouvert de peinture jaune et de peinture rose. Au moins, ça lui permettait de se changer un peu les idées ; si les cheveux de Lionel sentaient encore la rose, tout n’était pas rose en ce moment.

Lionel comprend les inquiétudes de son ami. Cette fête, initialement prévue seulement pour le cercle intérieur, avait pris de grandes proportions. Yassen avait commencé à envoyer des lettres pour inviter des gens à leur place. Si certaines se faisaient fantaisistes et excentriques, les autres renfermaient un autre sens. Plus cruel. Plus dur que les allures sociables dont le jeune homme se paraît.

Il caresse la joue de son ami. Il tente de se faire réconfortant, aussi présent que son ami a toujours su l’être pour lui. Le message subliminal caché dans les lettres de la loutre était horrible. Mais Lionel avait toujours su le défendre. Il avait eu des retenues, il avait failli se faire renvoyer à Beauxbâtons quand il avait attaqué cette pimbêche, mais il recommencerait n’importe quand. Tout en suivant la ligne de la mâchoire de son ami, le lion réfléchit à ses mots avant de décider d’aller en toute honnêteté, s’inspirant des paroles de leur meilleure amie pour se donner courage, se faisant une note mentale de remercier Belladona plus tard :

« Je ne peux pas te promettre que tout ira bien. J’aurais aimé te dire qu’on se fiche des autres, mais beaucoup de gens pourraient ne pas accepter. Il se pourrait qu’il y ait des tensions, mais si nous avons envie d’être ensemble, alors, nous aurons forcément affaire à des imbéciles qui ne savent pas vivre autrement qu’en s’occupant des autres. » Il fait référence à Rowan, à Thanatos, à Yassen, un peu à Thomas, même si ce dernier était une menace moindre comparativement aux trois premiers ; une petite droite sur la gueule et il se tiendrait tranquille. Soudainement, il ne paraissait plus aussi menaçant. Lionel penche la tête pour suivre celle de son ami, à chaque fois qu’il tente de fuir son regard.    

« Ce serait bête de ne pas faire ce que nous voulons simplement parce que nous avons peur. » lui soulève-t-il, en arquant un sourcil, comme pour lui faire voir le ridicule de la situation. Depuis quand allait-on s’arrêter de vivre simplement par peur de la dispute ? Arrêtait-on d’aller en avion simplement parce que l’on avait peur de l’écrasement ? Il fallait prendre des risques pour vivre.

Peur de rien.

Lionel poursuit. Maintenant, il tient le visage de son ami entre ses mains. Il le force à le regarder. La terre rencontre la mer. « Mais peu importe comment elle se passe, notre Gay Pride, nous serons ensemble. C’est ça, l’important. » Il y a un notre qui réunit cette fois-ci, au lieu de diviser. Lionel continue, dans un murmure, dans le ton d’un secret, dans le ton d’une promesse. « Tant que l’on sera ensemble, je ne serai pas triste. » lui promet-il.

« Mais si toi, tu es triste, alors je m’arrêterai en chemin pour te prendre par les épaules, pour que nous continuons notre marche et pour que nous montrions au monde entier pourquoi un chant d’honneur se nomme une marche. » Alors, c’est au tour de Lionel de serrer son ami dans ses bras, de déposer un baiser sur sa tempe, avant de resserrer son étreinte. Je t’épaule. Ne t’en fais pas, je serai là longtemps.

Le lion ne s’isolerait plus. Le lion en avait marre de se mettre en retrait. Le menton haut pour regarder vers le ciel. Le roi ne s’est pas tu cette fois, parfois le conseiller aussi avait besoin d’être épaulé, et la réciprocité s’est installé entre eux.

Sauve-moi une fois, je te sauverai dix mille fois.

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« Des milliers d'avions éventraient le ciel mais nous n'avions »
Juillet 2000 - Lionel

Peur de rien.Danser avec le lion. En voilà une drôle d’idée. Idée qui, pourtant, n’est pas inconnue ; c’est une amie de longue date, c’est ce proche que l’on ne voit pas souvent mais que l’on aime tant. Danser avec le lion, c’est comme danser avec le soleil. Danser dans les étoiles. Sur la terre, et pourtant dans les airs. Les pieds qui ne touchent plus le sol, la pesanteur n’existe plus que dans leurs songes, et leurs songes sont focalisés sur deux éléments, les plus importants : eux. Lui, pour l’un, lui, pour l’autre. Qu’il serait bon de pouvoir danser de nouveau sans risquer une humiliation, une morsure, un corps de pierre. Qu’il serait bon de se laisser aller à ce que l’on sait faire de mieux ; bouger naturellement le corps, le faire onduler pour qu’il reprenne sa forme originelle dans l’espace. Les voiles autour d’eux qui flottent, la musique qui bercent les oreilles. Avec, ou sans, d’ailleurs, musique. Le monde serait triste sans l’existence de ces douces mélodies qui font danser ces corps. Mais le monde n’a pas besoin constamment de musique. Pas besoin de se dissimuler, le silence est parfois d’or. Parce qu’il est précieux. Comme le lion.

Et s’ils pouvaient danser sous le ciel de Nouvelle-Zélande, ce serait encore mieux. Sous les aurores boréales de l’île. Avec le bruit des vagues qui pourrait les bercer alors qu’ils danseraient naturellement, comme un automatisme, comme leur corps revient aux éléments primaires. Et tout serait là. Le feu sur la plage, la terre sous leurs pieds, l’eau qui les frôle et l’air qui les souffle. Une boucle parfaite dont ils seraient le cœur. Un merveilleux cœur.

Les yeux qui cherchent les siens le font frémir. Sans rien en dire, il tente de ne rien en penser. De juste sentir les frissons le parcourir ; peut-être à cause de la fraîcheur de la nuit, peut-être à cause de l’angoisse qui commence à grimper dans son ventre, lentement, comme un venin vicieux et silencieux qui monte, monte, monte jusqu’aux organes vitaux. Le contact entre leurs prunelles le rassure un peu. Il a beau avoir peur, son Lion est là. Il est là, il est présent, tangible, réel. Rien qu’avec ça, il se sent la force de soulever une montagne. Rien qu’avec ça, il se sent héros de guerre, guerre de l’amour, et il se sent assez fort pour entraîner tous les autres à être des héros avec lui. Mais personne n’est inébranlable. Personne n’est de marbre, encore moins dans une guerre de l’amour. Alors il a peur et ne peut pas s’en empêcher. Pas peur pour lui, ou pour d’éventuels mauvais événements. Peur de ce que ça pourrait faire à son lion si celui-ci était confronté à du mal, confronté à du négatif. Encore. Zackery ne se sent pas de supporter de voir une once de tristesse dans le vert des yeux qu’il aime tant regarder, fixer, scruter.

Lionel sait, est au courant de ce qu’il s’est passé. Des hiboux de Yassen. De Rowan, de Thomas. De Thanatos. Y repenser serre un peu plus l’estomac de l’estonien, et il prend une profonde inspiration pour la faire taire ; ou pour faire taire les frissons de la main sur sa joue tiède. Le long de sa mâchoire. Il tend machinalement le visage pour se laisser faire, sans pour autant quitter la terre des yeux. La crainte monte jusqu’à lui, mais s'estompera très vite. Il le sait. Il n’a rien à craindre avec le lion. Il n’a rien à craindre parce qu’il est entouré, ce fauve imposant. Il est entouré de gens qui sauront le protéger ; et en première ligne, une loutre qui saura se montrer hargneuse si l’affrontement est nécessaire. Sans pour autant songer à en arriver là : la simple idée de se dire qu’il est capable d’apporter une protection suffisante au centre de sa Terre est rassurant. Elle fait s’estomper un peu sa crainte que Lionel est déjà en train de chasser avec ses mots doux. Ce serait bête de ne pas faire ce que nous voulons simplement parce que nous avons peur. Oui. Oui, il a raison. Ce serait bête. Ce serait dommage et triste de ne pas célébrer l’amour et la joie d’être ensemble par peur de voir celui-ci ébranlé par les plus intolérants. Non, il faut se battre pour ses causes.

Un sourire. Il étire un sourire franc, un peu plus rassuré. Déjà, l’angoisse se tait, comme éliminée, petit à petit. Ne reste que l’appréhension. Le visage entre les miens, son sourire n’a de cesse de s’agrandir. Lionel est inquisiteur, alors Lionel lui explique les choses sérieusement, ne lui laisse aucune chance de fuir. Et ça lui va très bien. Il ne voudrait pas fuir, jamais, mais savoir qu’on ne le laissera pas faire le jour où il aura cette bête idée, s’il l’a un jour, fait brûler un feu follet dans son corps, réchauffe ses organes vitaux. Lionel est beau, c’est dingue. C’est fou à quel point une personne, un lion, peut être aussi magnifique et majestueux. C’est fou à quel point il sait être tendre et ferme, doux et dur, sage et impétueux.

La terre avec la mer.

Et sa main qui frotte la joue d’une revers de pouce. Il aurait pu lui embrasser le visage un millier de fois pour avoir dit ces mots. Pour être là, avec lui. Pour emporter sous terre ses craintes et ses angoisses. Pour lui parler avec honnêteté, une honnêteté qu’il a trop rarement vu chez le Lion, si ce n’est dans ses lettres - lettres où, même là, il se dissimulait également. Pour exister, simplement. Pour être à ses côtés. Pour être le meilleur ami dont tout le monde rêve.

Zackery a vraiment de la chance de pouvoir sentir ces bras autour de lui, de pouvoir se rapprocher, volontairement, pour se coller à lui, de pouvoir l’enlacer à son tour, de pouvoir cacher son visage contre son trapèze et apprécier l’odeur de rose. Il est heureux, tellement heureux de le compter dans sa vie. Il est tellement amoureux de lui que ça semble irréel. Un amour pareil, ce n’est pas possible, si ? Il lui est également infiniment reconnaissant.

Je ne serai jamais triste si tu ne l’es pas non plus. Une affirmation. Une vérité : toutes les fois où il a été profondément triste, la plupart étaient parce que son lion, son cœur, son amour, son aimé, l’était aussi. Une déchirure, à chaque fois, que de voir ces yeux verts embués de larmes. Et il les chassait, comme un ami, comme un grand-frère, comme un père. Il ne pouvait pas les supporter. Merci, Lionel. Merci pour tout. De tout. Souffle-t-il, dans un murmure. Remerciements discrets, qui ne sont offerts qu’au destinataire. Le seul, l’unique, qui mérite d’entendre ces mots. Ces mots spécifiques. Tu es magnifique, mon lion. Confie-t-il, sagement, comme une déclaration de paix, comme l’énonciation d’une vérité tendre. C’est une vérité tendre.

L’envie d’énumérer toutes les choses que le transcendent, lorsqu’il s’agit de Lionel, est forte. Il est reconnaissant à un point que l’on ne saurait nommer. Son lion, il l’aime si fort. Et il le montre en le serrant un peu plus contre lui, en inspirant profondément, les yeux fermés. Il est si bien. La nature le berce et même si son sarouel est trempé, ses jambes aussi, jusqu’à l’os, même s’il a froid, il s’en moque. Ça n’a plus d’importance. Rien n’a d’importance quand ce n’est pas pour Lionel. Il aimerait tellement lui dire et lui montrer à quel point il est débordant d’amour pour lui ; mais c’est dur. C’est dur à formuler. Parce que Lionel pourrait se méprendre, parce que Zackery lui-même pourrait se fourvoyer. Parce que les mots sont des couleurs, mais les gens sont daltoniens. Ils ne voient pas ce que l’on veut leur montrer. Une raison pour s’en garder ? Nullement. Une raison pour s’en méfier. Une raison pour réfléchir. Une raison pour inspirer de nouveau, profiter du parfum fleuri et doux. De cette peau chaude. De cette présence. De cet être cher et important.

On chantera à en perdre la voix. Comme ça, nous n’aurons plus besoin de nous dire les choses et nous serons forcés de les montrer. Il étire un sourire. La référence à leurs lettres n’est aucunement subtile, elle est assumée. Comme tout ce qu’ils échangent, en fin de compte. Assumé, honnête ; il aime cette relation avec Lionel. Pour rien au monde il ne pourrait la changer. Pour rien au monde, il ne pourrait vouloir autre chose. Lionel. Son importance capitale. Puis on dansera, aussi, hein ?.

Cette fois il se détache. Regard tendre sur ce visage éclairé par la lune, il se tord ensuite de l’autre côté pour attraper son haut coloré, sans manches, trop large, l’enfiler, juste avant de se retourner vers le lion. De lui prendre la main. De l’inviter à se lever avec lui. Puis d’entrelacer leurs doigts.

Faut se préparer pour l’Argentine. Comment on danse le tango ? Il plisse les yeux, malicieux. Plus déterminé à en rire qu’à être sérieux. Il faut pendre oune axent latino ? Imite-t-il, juste avant d’éclater de rire. Par Merlin, c’est nul ! Je ne connais rien du tout à la culture latine, si ce n’est ce que nous a appris Beauxbâtons et ce que j’ai pu voir de ma famille italienne. Pas très Amérique Latine, tout ça. Une petite moue alors qu’il y pense sérieusement : c’est vrai qu’il n’en connaît pas grand-chose. Aussi, que son lion sache danser le tango l’impressionne sincèrement et ne l'étonne absolument pas. Il est si merveilleux, il a tellement de talents, cachés ou découverts, que ça ne le surprendrait même pas d’apprendre un jour qu’il coud merveilleusement bien, qu’il est capable de lancer des sortilèges puissants que seuls les sorciers vraiment entraînés peuvent faire, ou qu’il peut deviner la composition d’un parfum juste en l’inspirant. Comment tu connais tout ça, mon lion ? Une question franche, un ton plein de tendresse, une voix un peu mielleuse pour traduire à quel point il est impressionné, tendrement impressionné, de ce qu’il découvre encore de son meilleur ami.
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Tu as besoin d'aveux, de serments, de promesses. Tu as besoin de mots autant que de caresses, mais avouer que je ne rêve qu'à travers toi, je sais pas. À force d'illusions, de peur et de méfiance, je suis passé maître dans l'art de mon silence, mais aujourd'hui, si pour te plaire, il faut ma voix, sache que c'est toi qui me fais vivre, qui me rends libre.

Danser avec la loutre. Ce n’est pas une idée qui fait rire, mais cette idée demeure amusante puisque le lion et la loutre ont toujours marché sur des chemins parallèles, toujours ensemble, sans jamais se croiser ; bien évidemment, ils n’étaient jamais loin, mais leurs routes refusaient de se rencontrer, de trouver un point de ralliement, de former le deltaplane qui leur permettrait de prendre un vol ensemble vers un endroit de leur choix. C’était pour cela que cette soirée sous les étoiles avait une allure de retrouvailles, les plus belles des rencontres, celles avec l’être cher et rien ne pourrait jamais leur retira cela. Maintenant, il était temps de vivre pour eux, en cessant de chercher les prétextes, les raisons pour lesquelles cela ne pourrait pas fonctionner, en blâmant les mots qui se disent et les lettres qui se perdent ; la magie n’est pas la seule à être perturbée, parce que le cœur l’est aussi, la lavande d’été ne pousse pas en plein hiver.

Danser avec la loutre, c’est comme danser avec la mer. Le lion oubliait la laisse de mer pour partir à la recherche de la liberté ; sans connaître rien des voiles, rien de la marine, il prend le large, ses narines s’emplissent d’odeurs épicées, meilleures que tout ce qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Ce n’est qu’un moyen détourné de traverser le chemin qui le distance de la loutre, car leur danse, elle se fait ailleurs, pas sur terre ; elle est bien plus paradisiaque, elle se fait dans les escaliers du paradis avant de se laisser aller sur les aurores boréales, rebondissant de lumière en lumière sur des nuages de particules qui les ramèneraient tout droit à leur essence primaire.  

Leur danse, elle se faisait, pour que les deux hommes se rendent compte qu’ils ne suffisaient pas de marcher pour montrer qu’un chant d’honneur se faisait appeler une marche. Il était possible de se laisser aller, de cesser de prendre les choses sérieusement, de transformer chaque pas en une danse, en un pas de danse, se remuer, sauter, sautiller, pour ne pas toucher les blessures, les bleus, les endroits qui sont blessés, les parties du cœur qui sont pétrifiées, et si les mots ne peuvent pas se lire comme des notes sur une portée, alors laissons tomber les notes pour ne conserver que les portées. Difficiles, elles comportent le risque de tomber, de s’écrouler, mais ce serait si bête de ne pas essayer.

Lionel ne capte pas la chimie ; encore une fois, il se laisse guider par son esprit, et sa rationalité, afin de ne pas se faire blesser, de ne pas croire en des histoires qui n’arriveront jamais et de ne pas rechercher de signes où il n’en existait pas. Auparavant, il faisait cela pour se protéger ; l’intelligence froide lui permettait de toujours conserver ses esprits et de ne jamais céder à ses émotions. Pourtant, à sn arrivée en terre étrangère, tout comme le jour qui se drapait du drap sombre de la nuit, il avait mis en avant son impulsivité et sa fougue, lui qui avait toujours été connu pour sa timidité et son incapacité à aller vers les autres. Soudainement, il était devenu le prince, abruptement, il était devenu le roi. Cependant, le monarque ne voulait l’attention et l’amour que d’un seul de ces sujets ; tout le reste n’était que de la poussière et des diamants.

Le contact de leurs prunelles est d’une douceur sans nom ; il les réunit, mais contrairement à des confidences qui ne survivront qu’à une seule traversée, leur regard durera pour toujours. Peu importe qui aurait peur, ils seraient toujours présents l’un pour l’autre, et si le lion finissait toujours ce qu’il avait entamé, alors il serait encore fidèle à son ami. Il ne pourrait pas soulever des montagnes, pas tout de suite, mais il pourrait soulever les foules, les tambours de guerre, tout pour que son ami puisse marcher sans craindre quoi que ce soit, et danser, danser, sans redouter que quiconque ne l’empêche de vivre. Ce ne sont pas des hiboux qui l’empêcheront d’aimer la vie et de l’apprécier à sa juste valeur.  

Quand Lionel avait glissé la main sur la mâchoire de Zackery, sans même en prendre conscience, il l’avait un peu ancré à la terre, ramené parmi les vivants, ramené sur terre avec sa raison et son entendement, pour ne pas que le ciel commence à nouer les pluies et que le jeune homme ne se fasse de mauvaises péripéties. Tout de même étonné, le lion note que la loutre ne cherche pas à se retirer. Lui qui aurait toujours cru que ses griffes allaient blesser, faire mal, se rappelle des paroles de son ami comme quoi aucun lion ne l’avait jamais blessé. Quand son ami sourit, Lionel a l’impression d’avoir gagné le monde entier, encore une fois, de nouveau, il se sent l’homme le plus heureux au monde, et il comprend la satisfaction, la joie, le bonheur que peuvent retirer certaines personnes en sauvant une vie. Zackery semble mieux se porter, sa respiration est plus douce, comme s’il avait appris à apprivoiser la terre, comme si soudainement, il avait trouvé une autre façon de reprendre son souffle, de vivre sans la terre des lions, à défaut de simplement vivre avec son lion.

La loutre lui affirme qu’elle ne serait jamais triste si elle ne l’était pas non plus. Lionel ne peut répondre à ses mots qu’en resserrant son étreinte et en enterrant sa tête dans le creux de l’épaule de son camarade. C’était tellement plus facile de se laisser aller quand personne ne les fixait, d’apprendre à se connaître, de toucher le corps de l’autre, sans la moindre connotation, simplement se toucher comme on a été touché. Il comprend aussi, le lion, que toute sa tristesse, toute sa rage, venait quand la loutre était blessée ; alors, il se dressait sur les premières lignes de combat, souvent seul, parfois accompagné, pour défendre l’homme de sa vie contre tous ceux qui lui voudraient du mal.

Zackery le remercie et ce remerciement semble si déplacé. Jamais son ami n’aurait besoin de le remercier, Lionel n’avait rien fait pour lui, rien de comparable à ce que son ami lui apprenait à chaque jour, à aller de l’avant, à ne pas se laisser emporter par ses émotions, à avoir confiance en lui, à sourire, fermant les yeux de temps à autre sur certaines conneries. Il lui a toujours pardonné, il a canalisé ses dégâts ; ils ont toujours été aux opposés, mais c’était peut-être pour cela qu’ils s’équilibraient si bien.

Le plus frappant, c’est quand il lui dit qu’il est magnifique. Lionel, il les avait entendus de nombreuses fois ces mots, personne ne savait qui avait bien pu le mettre au monde, mais il avait de beaux traits, ses parents, ses oncles, ses tantes, ses copines, tout le monde le lui avait dit, mais jamais avec cette pureté. Décontenancé, le lion se sent rougir jusqu’à la racine des cheveux, il aurait envie de remercier son ami, mais ça semblerait hors de place. Alors, il se laisse aller à l’étreinte, un peu mouillée, un peu froide, mais qui est la plus belle de toutes. La nature les berce, la nature les encourage, elle leur fait un câlin qui se perd dans une brise de vent qui vient les refroidir, comme pour leur rappeler sa présence, pour leur dire qu’il ne fallait pas avoir peur de se prendre un vent, que le vent serait présent pour les soutenir, aussi souvent qu’il ne le serait nécessaire.

Les mots sont des couleurs, mais les gens sont daltoniens. Dans ce monde où personne ne pouvait voir les choses comme elles étaient, Zackery était un aveugle ; incapable de simplement voir ce que les mots signifiaient, Lionel était un hypermétrope, capable de voir de loin, incapable de voir de proche. Tous ses sens sont inhibés par le clou de girofle qui vient mettre un autre clou dans le cercueil, qui le condamne à être attiré pour toujours à cette odeur si particulière, qui hanterait ses rêves, sa vie, il avait de la difficulté à les différencier quand le Vaher était près de lui.

« Nous chanterons. Nous chanterons tout ce que tu veux, même du Metallica, pour que toutes les plantes autour de nous ne commencent à danser et se trémousser. » assure-t-il à son ami, quand il lui souligne qu’ainsi, ils n’auraient plus besoin de se dire les choses et qu’ils seraient forcés à se les montrer. Si on montrait une carte du monde, qu’on demandait à Lionel quelle serait sa destination de rêve, il laisserait probablement tomber la mappemonde, car il ne veut être nulle part autre que près de son meilleur ami. Madrid, Lima, Paris, ce n’étaient que des capitales mineures, pas comme sa capitale importance, qui détenait en lui des traces de tous les endroits qu’il avait visités, mais qui serait toujours plus beau que n’importe quelle ville du monde.  

Il faut aussi se préparer pour l’Argentine. À regret, Lionel regarde Zackery remettre son haut ; dommage, il aurait probablement pu s’habituer à la vue, une mauvaise voix dans sa tête lui rappelle qu’il n’est pas une fille pour reluquer les abdominaux. Le Français se lève. Il prend la main de l’Estonien et entrelace ses doigts dans les siens. Il y a une langueur dans le mouvement qui le rend indéfiniment précieux.

Quand il entend son accent latino, il se mord la lèvre pour ne pas éclater de rire. Peine perdue, il cède ; le bras derrière le visage, il tente de cacher son fou rire, lâchant la main de son camarade. Après avoir repris son sérieux, il se tient debout devant son ami. Encore rouge de son esclaffement, il recule, il l’encourage à avancer, va à gauche, l’encourage à le suivre, avance, l’encourage à reculer, comme s’ils étaient deux parfaits miroirs. Leurs pieds s’enfoncent dans le sable, mais rien ne leur fait perdre l’équilibre, plus que jamais, ils se complètent parfaitement. En apprivoisant la danse, Lionel rompt le silence :

« Tu te souviens de ma tante Mathilde ? » Une fois le pas de base terminé, Lionel passe son bras derrière le dos de son ami avant de prendre la main de celui-ci. Ils sont tellement proches que le buste de son camarade repose presque contre le sien. Lionel répète le même mouvement que le pas de base, mais avec son partenaire. Sa joue est collée contre la joue de celui-ci ; ils sont tellement proches qu’il peut sentir le souffle chaud de l’Estonien, créer comme un écran de buée.

Il commence à aller à gauche, à droite ; les pas sont fluides, mais saccadés en même temps, le lion encourage son ami à tourner un peu les hanches, à prendre son temps. La danse est sensuelle. « Elle a passé beaucoup de temps en Amérique du Sud. À la base, elle ne voulait que voir la faune et la flore, pour une étude, mais elle a pu explorer la ville, et elle a découvert la danse. » Elle avait été émerveillée. En pensant à sa tante, le lion sent son cœur se serrer un peu, mais il continue. « Elle avait besoin de quelqu’un avec qui se pratiquer, et en prétendant que ce serait utile pour développer ma confiance, elle m’a demandé d’être son partenaire. Ça va faire six ans maintenant. » Il avait commencé à apprendre vers sa troisième année. À partir de la quatrième année, il y avait des danses, et c’était l’occasion parfaite pour que le jeune homme ne puisse s’initier à la vie de société. Quelle ne fût la réaction de Madame Maxime. Cette dernière avait fait une attaque en notant que le précieux Lionel Lemaire s’était allé à une danse aussi rapide, aussi improvisée, aussi hors de contrôle. Ça ne cadrait pas avec ce que Beauxbâtons voulait dégager. Il n’avait pas fait partie de la délégation de France pour la Coupe de Feu (il laissait ces conneries aux jumeaux de la Rivière), cependant, pour lui, c’était parfait. « Pour bien danser le tango, l’important est surtout de le ressentir. » confie-t-il à son ami. Alors, il prend les rênes de la danse, va avec lenteur, avant de bouger les jambes et d’aller avec un peu plus de vitesse, quand son ami est à l’aise. « On n’a pas à prendre oune axent latino. » Sans qu’ils s’en soient rendus compte, ils sont rendus dans l’eau, jusqu’aux chevilles. Lionel continue de frapper l’eau, en dansant, créant des vagues, des éclaboussures. C’est une danse entre terre et mer, une danse aquatique, une danse terrestre, qui les réunit parfaitement, comme la marée haute qui embrasse le flanc du rivage. « On n’a qu’à improviser. » fait-il, un air épanoui, ravi sur le visage, qui détone avec l’élégance de la danse. « On n’a qu’à être nous-mêmes. »

La loutre lui a appris à nager, à visiter les mers, le lion lui apprendrait à danser, à s'épanouir sur la terre.

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« Des milliers d'avions éventraient le ciel mais nous n'avions »
Juillet 2000 - Lionel

Peur de rien.Danser avec le lion. Mais il est plus beau que tout encore, le lion. À le voir comme ça, ainsi fier et brillant ; un Roi Soleil, rayonnant. Il va danser, il va pour prouver sa force et son courage : non. La loutre l'en empêche. Il n'a rien à prouver. Ses étreintes le disent : il n'a rien à montrer, rien à faire comprendre d'autres que quelques mots doux. Ces étreintes, la plus belle des retrouvailles, celle de se rencontrer à nouveau. Comme réapprendre à se connaître, à s'apprivoiser, à s'aimer. Réapprendre ? Non, comprendre de nouveau. Retrouver ces réflexes jamais oubliés, jamais perdus. L'impression d'avoir passé des milliers d'années loin l'un de l'autre s'efface, alors ils peuvent s'aimer de nouveau, comme avant. Rien ne les a empêchés de se voir, de s'entendre, de passer du temps en semble : après tout, la mer est toujours venue à la rencontre de la terre. L'inverse est rare, aussi, peut-être est-ce ça qui creuse la distance.
Combien de temps a-t-il attendu qu'il cueille sa lavande d'été ?

S'accrocher à son regard le transcende. Inexplicable, violent - d'une douce violence. Agréable et surprenante, néanmoins terriblement attirante. L'impression de se sentir vivre à chaque fois ; vivre à l'intérieur des yeux de quelqu'un d'autre. C'est incroyable, comme sensation. Les frissons pourraient parcourir sa peau, à l'instant précis, mais rien ne vient. Son esprit monopolise son corps alors qu'il se laisse planter dans le sol de son regarder. Ancrer, enraciné. Il se rend compte qu'il y a grandi, que toute sa vie s'est forgée là-dessus. Une douceur infinie, sans nom, dans cette emprise presque égoïste. Leurs yeux qui se rencontrent se parlent avant même que les mots n'aient pu passer leurs lèvres un seul instant. Zackery est subjugué, peu importe quand, comment ; il est fasciné, toujours, par ce regard vert et cette douceur, cette complicité. Leur secret à eux. Leurs promesses, leurs vérités, ce qu'ils partagent ensemble, la folie à deux, mais l'amour aussi.

Le rire du lion, cristallin, clair et haut, incroyable. Zackery rit à son tour, attendri, surtout fasciné et tombé pour ce rire. Un rire timide ; il hésite à enlever ce bras gênant qui lui cache la vue, mais sans doute le lion en a besoin comme de couverture. Pas de protection, pas franchement. Juste une couverture pour se sentir en sécurité. Là aussi, il aimerait l'enlacer pour lui montrer la protection qu'il peut, en tant qu'être de la mer, lui apporter. Ce serait déplacé, n'est-ce pas, que de gâcher un si beau moment, un si beau rire et un si beau sourire ? Savoir qu'il en est la source lui réchauffe encore plus le cœur. Lionel est incroyable, et il ne sait plus comment l'exprimer. Il perd ses moyens, alors il rit aussi, pour se protéger. C'est bête, hein, comme attitude ? Il le sait. Il le sait terriblement ; mais c'est plus facile comme ça.

Et enfin, ils dansent. Tous les deux, reflets identiques, qui s'imitent, se copient, font tout ensemble pour devenir une parfaite harmonie. Les choses se corsent, l'Estonien suit comme il peut. Avec un partenaire comme Lionel, il ne peut échouer : sa façon de guider, de se mouvoir dans l'espace, est parfaite. Être rigide lorsque l'on est habitué à la danse orientale est complexe, mais contre le lion, la loutre se sent en apesanteur. Ils dansent, collés l'un à l'autre. Son souffle chaud dans le cou en face de lui, il se loverait presque s'il ne fallait pas bouger, danser, valser ensemble. Valser ? Le mot n'est peut-être pas approprié ; quoique, contre le sable chaud, la mer envoie son voile pour épouser les formes de la terre, se confondre avec.

La voix le berce, l'emporte. Il écoute l'histoire d'une oreille distraite, plus passionné par l'expression de leurs corps, par la façon qu'ils ont de bouger ensemble, cette harmonie parfaite. Zeke ressent le poids de son ami contre son torse, contre sa joue, dans ses mains. Leurs jambes se croisent mais ne se touchent jamais, ils avancent, reculent, le sable conserve leurs empreintes comme un témoignage de leur présence.

En six ans, tu ne m'as jamais fais danser ? Il plaisante, la voix basse et chaude, préférant conserver la tendresse du moment que de rompre leur complicité par d'autres mots inutiles. Lionel accapare tout : lui, le temps, les mouvements, l'air, le sol, lui, ses pensées, surtout lui. Ils s'accordent trop bien, ils se parlent sans même si dire quoi que ce soit. C'est un instant hors du temps, hors de tout, où ils ne sont plus que tous les deux dans la pénombre. Un instant dont Zackery aurait mille fois rêvé de vivre avant avec son lion. Un instant rare, puissant. Il a l'impression de vivre comme jamais il ne lui a été autorisé de vivre. De nouvelles idées, de nouvelles règles du jeu. Il est passionné, à ce moment, et l'eau ne le dérange pas : au contraire, son élément le rend plus à l'aise. Il sait qu'ils sont réunis, là, tous les deux. L'Estonien et le Français, ensemble. Qui ne font pas semblant, qui improvisent.

Ils dansent encore, sans faire attention au temps. Zackery se laisse guider ; c'est confortable comme situation. Confortable comme position. Ils sont à l'aise, ensemble, ne semblent plus avoir de secrets l'un pour l'autre, ou simplement ne pense plus à ce qu'ils cachent enfoui au fond d'eux. La danse est la purgation de tous leurs maux, et même essoufflés ils ne semblent pas s'arrêter. Ne pas briser ce moment, le laisser s'évaporer de lui-même. Quand les choses se tassent, qu'ils se taisent tous les deux, Zackery en profite pour resserrer l'étreinte entre eux.
Debout, dans l'eau, avec la lune au dessus d'eau. Le monde est beau, soudainement. Immobiles, maintenant, comme deux statues de marbre, entre la terre et la mer, ils s'enlacent. L'Estonien respire profondément, comme prêt à s'endormir. Quelque chose le parasite, cependant, quelque chose l'empêche de profiter pleinement de tout. Alors, il détache un peu son corps, détache un peu ses yeux pour les plonger dans ceux du lion ; sans pour autant s'éloigner de lui.

Eh. Je le sens, là. Ses mains entourent juste le haut de son crâne, ses paumes dégages une chaleur apaisante et fraternelle. Il ferme les yeux, le visage un peu bas, et il ressent. Ressent tout, comme si les pensées du lion étaient ouvertes à lui et qu'il pouvait s'immerger dedans sans craindre d'être chassé. Pas de legilimancie, d'occlumancie. Rien de magique ; tout est dans les sensations, dans les sentiments. Comme lui a demandé de faire le lion lorsqu'ils dansaient. Tu penses trop, Lionel. Son ton presque paternel trahi le sourire sur ses lèvres. Bien sûr qu'il pense trop, le lion. Il pense toujours trop. Il songe toujours, se retient toujours, pour tout, pour rien. Le monde ne doit pas voir cette part d'ombre derrière lui qu'il dissimule, le monde doit le voir rayonnant ; et pour ça, il doit réfléchir, penser tout le temps. Gainer son conscient, son esprit, tout ce qu'il peut, qu'il puisse paraître plus fort qu'il ne l'est, plus féroce qu'il ne l'est. Il a toujours paru timide, toujours à se réserver, à se protéger, derrière sa carapace froide, alors qu'un feu ardant brûlait dans son ventre. Maintenant qu'ils ont dansé, il ne devrait pas, il ne devrait plus. Tu brilles déjà tellement. Ne te fatigues pas plus. Ses yeux s'ouvrent, se plongent dans le regard vert. Ses mains aussi, comme une éclosion, elle vont caresser la ligne de la mâchoire tendrement. Zackery aimerait lui dire tant de choses, oh, tant de choses. Il est si dur de laisser les mots passer les lèvres, si dur de laisser les pensées se libérer. Pourquoi c'est si compliqué de se laisser parler, de danser, simplement, à deux, ensemble. On à qu'à improviser. On à qu'à être nous-mêmes. Ces mots qu'il a déjà entendu d'une bouche honnête, il les reprend pour en faire quelque chose d'autre. Comme une déclaration, comme une demande aussi. Il se sent parfaitement lui-même. Alors il approche son front de celui du lion, collé à lui, proche de lui. Ses mains viennent chercher les jumelles en face, entrelacer leurs doigts ensemble, les lier, nouer, d'une autre façon. Est-ce que tu sens que tu es toi-même ? Questionne-t-il. Sa voix est basse, la tonalité grave, mais la diction fluide, légère. Semblable à un murmure entre eux, à quelque chose de sensible et de secret. Des secrets qu'ils font tous les deux.

Son souffle est doux, bien qu'il perdre lentement la cadence de la danse. Lentement, il entrouvre les lèvres, prend une légère inspiration. Les mots passent, doucement, comme une lettre que l'on reçoit. Celle que l'on va ouvrir avec hâte pour voir ce qu'elle contient, mais surtout ce qu'on nous y dit. La lettre est courte, cette fois-ci, et pourtant importante : il doit le savoir, il doit le comprendre. Il n'a pas du l'entendre vraiment, encore, Zackery s'en est empêché. Les règles de vie commune, la morale, le respect, toutes ces fausses excuses pour retarder l'inévitable. Stupide inévitable puisqu'il suffit de le dire une fois pour que tout se débloque, que les tracas volent en éclats. La pureté de quelques mots suffirait à laver l'impureté d'un monde.

- Je t'aime.
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Lionel Lemaire
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Lionel Lemaire
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Tu as besoin d'aveux, de serments, de promesses. Tu as besoin de mots autant que de caresses, mais avouer que je ne rêve qu'à travers toi, je sais pas. À force d'illusions, de peur et de méfiance, je suis passé maître dans l'art de mon silence, mais aujourd'hui, si pour te plaire, il faut ma voix, sache que c'est toi qui me fais vivre, qui me rends libre.

Revenir à la simplicité.

Revenir au commencement, c’est le plus difficile dans toute relation, mais rien n’était plus facile pour le lion que de revenir vers la loutre et lui manifester sa présence. Comme si sa place avait été maintenue au chaud, il revient dans l’embarcation. Il ne tombe pas. Ce n’est pas tout à fait tangible, mais il ne tombe pas, il ne laissera pas tomber la personne la plus chère pour lui. Sans rien avoir à prouver, mais sans attendre les autres pour approuver, il reprend les rames pour la faire avancer. Dans le lointain, il reprend le contrôle de son existence, mais les portes des landes lui soufflent qu’il ne peut avancer en continuant de ressasser le passé.  

Il retire les ornements et les décorations qui avaient fait de lui une autre personne, les parures qui alourdissent le navire, qui ralentissent la traversée, le retour vers la terre sacrée. Ce sont des ancres qui avaient maintenu son image, mais il n’en a plus besoin maintenant, pas où il veut aller ; le lion prend le temps nécessaire pour se défaire du papillon autour de son cou. Il inspire. Il accueille les papillons dans son ventre, il laisse les monarques retourner dans la terrible terre de l’incertitude, le seul endroit où les grands prennent plaisir à régner.

Revenir à la simplicité.

Ce n’est pas le plus terrible. C’est regarder en arrière pour retracer les comportements authentiques, pour jeter un œil aux réflexes en laissant de côté toutes les réflexions. C’est laisser tomber les convenances, les moralités, les règles des jeux des autres qui ne nous intéressent pas, qui ne nous ont jamais intéressé. Nu des convenances, nu des moralités, le lion est vulnérable, mais il n’a jamais été plus lui-même. À son ami, il montrait son âme, sans la moindre parure, sans le moindre enjolivement, l'effeuillage le plus redoutable, mais qui laisse entrevoir la forme la plus pure de relation, celle dans laquelle chaque personne est libre de se dévoiler comme elle est.

C’est ainsi que l’on peut comprendre de nouveau, que l’on peut s’apprivoiser de nouveau, en revenant à la base, au premier sourire, à la première rencontre, aux présentations qui ne laissaient même pas entrevoir le bonheur des années qui suivraient. Pendant huit ans, le lion avait aimé la loutre ; il avait attendu pour cueillir la lavande d’été, mais maintenant, il était prêt pour elle. Seulement le ciel est témoin de ce retour à la terre sacrée, et les étoiles brillent, prennent des milliers de clichés de ce moment inoubliable. Même la Lune en pâlirait d’envie, la chanceuse que les gens recherchent, que les gens aiment, même quand elle n’est plus perceptible dans le ciel.

Sur cette embarcation de fortune, les prunelles de la loutre brillent, comme la mère sélénite, et les fixer rend le monde en paix. Le sentiment est incomparable. Il est de ces innocences, de ces candeurs, de cette douce violence qui laisse dans le désarroi, quand on se retrouve à quelque chose de plus grand que soi ; le lion frissonne, mais il accueille les battements de son cœur réparé, simplement en fixant les prunelles de son adorée, et soudainement, il comprend ce que veut dire le verbe to fix.

Le lion continue de danser, mais sans se rendre compte, comme le bateau au milieu de la mer, il ralentit petit à petit pour se laisser balancer par le courant. Pas le courant de la mer, le courant de la relation ; la danse est une toute autre manière de communiquer, mais maintenant, il est enlacé dans les bras de son meilleur ami, et le lion songe que ce n’est pas une coïncidence si, toute sa vie, il a eu peur de l’eau.

Ce n’était pas son élément, mais pourtant, la loutre avait toujours été le centre de son monde, le point premier de ses pensées, depuis le jour de leur première rencontre, parce qu’il avait été charmé par sa bonne humeur, son ascendance, sa vitalité, sa force ; elle était devenue le sourire du matin, la pensée du soir, le rêve au moment de dormir. Elle et lui avaient simplement choisi de se rendre les choses compliquées. Parce que tout ne passait pas que par les mots. Il y avait les lettres. Il y avait les secrets qui étaient les leurs et seulement les leurs. La beauté de leur union, c’était que toutes leurs actions n’étaient faites que pour eux ; c’était une coïncidence que les autres ne les remarquent. Leur relation était faite d’amitié, d’attention, mais c’était aussi une qui leur permettait de grandir, de devenir fort et de soulever des montagnes, en se disant des mots gentils.

Tous les deux. Ils sont tous les deux. Ils sont uniquement tous les deux. L’eau est comme un miroir qui leur renvoie le reflet de l’amour, l’amour le plus beau, le plus pur aussi. La tête de Lionel repose contre l’épaule de son ami, et il se rend compte à quel point tout est bon, à quel point il avait toujours voulu cela, tout le reste de sa vie. Ses mains passent dans le dos de son camarade et remontent doucement. Il inspire profondément. Le monde cesse de tourner. Il ne voudrait être nulle part ailleurs. Le monde est beau. Le monde l’a toujours été. Il avait simplement été trop idiot pour le voir. Mais il y a quelque chose d’encore plus frappant, quand ils se séparent un moment, probablement était-ce seulement la magie de l’instant.

Zackery était encore plus beau.

Comme s’il lisait dans ses pensées, le brun lui dit qu’il pense trop. Lionel aimerait lui répondre, mais il se tait ; il se tait parce qu’il comprend qu’il avait cherché trop loin quand la grande étendue bleue se dressait devant lui depuis le commencement. Il l’aimerait comme elle est, la grande étendue bleue ; la danse, l’eau avaient tout clarifié. Auparavant, Lionel aurait dit que le problème, c’était que Zackery aimait tout le monde, mais ce n’était plus le cas, parce que son ami était si beau, au contact des autres, par son pétillement, son enthousiasme, son humour ravi et à ravir le coeur des autres, quand il plaisante, quand il éclate de rire avec tout le monde. Lionel ne voudrait jamais perdre de vue le garçon qu’il a aimé, le premier jour.

Parce que revenir à la simplicité, c’est revenir à la raison première pour laquelle on a aimé une personne. Peu importe les dessins, les cadeaux, les lettres, parce ce ne sont que des fioritures ; le véritable amour est dans le cœur, il ne disparaîtra jamais, même si le temps, même si leurs vies trépidantes les séparaient de temps à autre. (Un jour, le monde s’arrêtera, et ils se réuniront de nouveau.)

La main de la loutre passe sur sa mâchoire, comme si le jeune homme dressait une carte du firmament. Les papillons reviennent dans l’estomac du lion, alors que la loutre reprend ses mots pour lui dire d’improviser, et le lion comprend qu’il ne pourra jamais être lui-même qu’en affirmant qu’il l’est réellement ; il avait toujours dressé ses propres barrières.

Son front est collé contre celui de son ami. Lionel entrouvre les lèvres, passe sa langue sur ces dernières, son cœur menaçant de sortir de sa poitrine. Ils sont au bord du lac ; la danse avait cessé, maintenant, ils pouvaient parler. Alors, il y a les mots qu’il n’aurait jamais pensé entendre. Les mots qu’il avait écrits, sur tous les tons, sur toutes les lettres, mais les mots jamais prononcés. « Je t’aime. »

En premier, il se demande s’il a bien entendu. En second, il ne dit rien, parce que ce sont des paroles qui gâcheraient le silence, parce que leur relation, elle est particulière, se vit dans les paroles, se renforce dans les silences, parce que la certitude des retrouvailles est plus forte que tout. Ne pas ressentir le besoin de tout dire, parce que la beauté est dans leur immeuble, dans leur boulangerie recouverte de café, parce que le paradis, s’il ne prend pas l’incarnation d’un bâtiment, ni même d’une personne, doit se retrouver dans les bras de cette même personne. Cette personne que le lion voulait plus que tout, cette personne qui lui permettait de voir un futur plus beau. Belladona avait raison.

Sans comprendre véritablement, Lionel fait le dernier pas. Les souvenirs de la conversation avec son amie remontent : « Je pense qu’il faut que tu te demandes ce qui te rendra heureux. » L’eau lui laisse le chemin, file autour de ses chevilles ; plus que jamais auparavant, Lionel était proche de son ami. Doucement, il passe sa main sur la joue de son ami, en caressant la barbe du bout du pouce. « Dans dix, quinze, vingt ans, si tu pouvais être n’importe qui, n’importe où et être avec qui tu veux, t’imagines ça comment ? » La réponse est évidente, claire comme de l'eau de roche. Il y avait des gestes que Zackery n'avait jamais du vraiment vivre, mais il devait comprendre, il avait besoin autant de mots que de caresses.

La main de Lionel passe derrière la tête de son camarade, glisse sur la nuque. Le brun rapproche le visage de Zackery du sien, et ses lèvres se déposent sur celles de son ami avec une douceur infinie, avec de la passion, mais aussi avec le sourire. Mon cœur, je t’ai cherché toute ma vie.

Cette fois-ci, la terre pouvait revendiquer un bout de territoire sur le vaste territoire de la mer. Une île de beauté. Quelque part dans le cœur d’un homme encore plus beau. Le monde pourrait bien tenter de les séparer, mais peu importait, leurs corps se trouveraient, leurs bouches se retrouveraient, leurs âmes reviendraient l’une vers l’autre, à la manière des vagues revenant toujours embrasser le flanc du rivage.

La terre et la mer ne se sont jamais opposées.

La mer a toujours fait partie de la Terre.  


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