When life gives you lemons, squirt someone in the eyeSon père et son frère n'étaient pas là de l'été. Une aubaine, dans le cas du premier. Mais le second lui manquait terriblement. Deirdre adorait son frère, et ce dernier le lui rendait bien. Il était protecteur et affectueux avec elle. C'était peut-être le seul membre de sa famille proche qu'elle appréciait réellement, qu'elle aimait de tout son cœur. Elle voudrait aussi aimer son père comme elle aimait son frère, mais elle n'y arrivait pas. Elle l'aimait, comme une fille aime son père, mais elle le craignait. Et elle savait, au fond, qu'il ne pourrait jamais lui rendre son amour. Pour lui, elle avait tué sa mère et pris la place du fils qu'il espérait. Malgré tous les efforts de la jeune fille, il se montrait toujours aussi froid envers elle que le premier jour où il l'avait vue.
Chassant ces idées de sa tête, la brune releva les yeux de son grimoire. La rentrée n'était pas encore là, mais elle était déjà plongée dans ses études. Elle n'avait rien d'autre à faire, en même temps, avec cette vieille harpie qui la surveillait sans cesse. Hilda Newton. Une cousine éloignée de son père. Sang-mêlée, veuve et sans enfants. La nourrice idéale, en fait. Et si la vieille femme avait montré quelques affections pour l'enfant qu'elle était, autrefois, elle en était à présent venue à la considérer comme une tâche dans la famille, à l'instar d'Arthur Avery. Et dire que c'était elle, la sang-mêlée...
Avisant ladite harpie d'un coup d’œil, Deirdre se figea. La vieille femme dormait, son menton reposant contre son opulente poitrine. Un élan serra brièvement le cœur de la brune. Elle aussi avait aimé sa nourrice, au début. Du moins, jusqu'à ce qu'elle l'appelle "maman", un jour, inconsciente de l'erreur qu'elle commettait. La vieille femme avait brusquement pâli. Arthur prenait son café, tranquillement à côté. Quand Hilda lui avait jeté un coup d’œil discret, elle l'avait vu raidi, les yeux étincelant. Et son visage avait alors soudainement rougi tandis qu'elle se retournait vers la fillette. Elle avait été cruelle, ce jour-là. Et jamais plus Deirdre n'avait commis cette erreur.
Avec précaution, la jeune Avery referma son grimoire. Elle le posa sur la petite table de salon, effleurant doucement les nœuds sculptés du chêne, et se leva. Elle n'était guère sortie pendant les vacances, voulant éviter de traîner la vieille femme partout dans son sillage. La harpie prenait très au sérieux son rôle de garde-chiourme. Sur la pointe des pieds, Deirdre s'empara d'un parchemin, et griffonna quelques mots, pour qu'elle ne s'inquiète pas quand même, avant de sortir du salon et de refermer la porte.
Légère, comme un papillon virevoltant autour d'une rose au parfum capiteux, la brunette se rendit dans sa chambre. Elle échangea sa sobre et austère robe de sorcière pour un jean sombre, légèrement -et artistiquement- déchiré sur une jambe, un débardeur crème et une légère veste en coton blanc. Elle chaussa une paire de bottines noires, simples, avec à peine cinq centimètres de talons, et coiffa sa crinière épaisse avec les doigts. Un soupçon de maquillage -un trait de crayon et un peu de mascara- et elle redescendit les escaliers en prenant garde à ne pas faire craquer la troisième marche en partant du haut, pour ne pas réveiller Hilda.
« Sullie, souffla-t-elle doucement, dans le hall d'entrée. »
Un craquement sec plus tard, l'une des elfes de maison de la demeure apparu.
« La jeune maîtresse a besoin de Sullie ? Sullie est heureuse de la servir. Que veut la jeune maîtresse ? Demanda la candide elfe d'une petite voix perçante. — Chut, doucement, Sullie. J'aimerais que tu me conduises aux abords de la fête foraine, à Pré-au-Lard, s'il te plaît. Tu peux faire ça pour moi ? Demanda-t-elle doucement. Non, ne réponds pas, anticipa-t-elle ensuite, Prends juste ma main et emmènes-moi, je te prie. »
Deux secondes plus tard, blanche après le déplacement soudain, Deirdre remercia Sullie. Elle lui demanda de rentrer, et d'attendre qu'elle l'appelle pour rentrer, avant de marcher d'un pas vif vers l'entrée du village. Elle se soumit aux contrôles des aurors, et erra ensuite dans les environs. Elle ne savait pas vraiment quoi faire, mais elle était libre. Pour un bref -et grisant- instant. Apercevant les tentes, elle eut une idée. Un sourire radieux aux lèvres, elle alla trouver Lucrezia. Elle savait qu'elle était ici, pour la coupe du monde. Elle ne l'avait pas vue depuis quelques temps, et elle lui manquait. Son franc parler, son attitude brave et son enthousiasme lui manquaient. A ses côtés, Deirdre se sentait plus forte. Elle se sentait capable de défier son père. Elle l'avait fait d'ailleurs, même si elle avait été sévèrement punie ensuite. Mais elle ne le regrettait pas le moins du monde.
D'ailleurs, n'était-ce pas elle qui sortait de la tente, là ?
When life gives you lemons, squirt someone in the eyeUn grand sourire étira les lèvres de la jeune sorcière. Elle ne souriait pas si souvent. Pas aussi franchement en tout cas. Mais Lucrezia éveillait en elle cette jeune fille qu'elle aurait pu être si son père ne l'avait pas brimée au point de lui faire intérioriser toutes ses émotions. Lucrezia parvenait à réveiller la meilleure partie de son être. Avec la Zabini, Deirdre se sentait libre. Heureuse. Audacieuse, même. Ses doigts se mêlèrent à ceux de la métisse et elle suivit le mouvement, laissant ensuite retomber sa main contre ses hanches, la balançant au rythme de ses pas. Ses prunelles pâles brillant d'une lueur malicieuse, la jeune serpentard réfléchit un instant. A vrai dire, les attractions de la fête foraine étaient toutes attirantes, surtout pour elle qui n'avait pas tant que ça l'occasion de s'amuser librement. Mais l'évocation du stand de divination la fit légèrement pouffer.
« Oh oui, j'imagine d'ici leurs prédictions.. Je vois... Une ombre... Menaçante... Il va vous arriver un grand péril ! »
Elle s'attendait même à une mention du Sinistros, comme l'excentrique Trelawney avait coutume de "voir".
« Je ne sais même pas si je serais capable de le dire moi-même, répondit-elle ensuite. »
La noirceur de l'âme de son père, elle ne la connaissait que superficiellement. Elle n'en connaissais que les abords brutaux et méprisants. Il ne s'occupait d'elle que pour la punir ou la dénigrer. Elle ne le connaissait que très peu, au final. Même si elle voulait qu'il l'aime, qu'il la respecte, elle n'avait jamais pu le jauger convenablement.
« Je serais curieuse, par contre, de savoir ce qu'une voyante pourrait dire de mon avenir professionnel, ou amoureux, ajouta-t-elle, songeuse. »
Elle espérait vraiment qu'elle pourrait aller exercer comme médicomage après, et qu'elle ne serait pas obligée de se marier et de pondre des marmots "pour la pérennité de la lignée"... Elle ne le disais que rarement à haute voix, mais elle n'était guère en accord avec les standards des sang-pur sur le rang de la femme. Elle se plierait sans doute aux traditions, évidemment, mais ce ne serait pas de gaieté de coeur. Surtout si on lui imposait un époux qu'elle n'aimait pas.
« Cela dit... que dirais-tu de parier sur ce qu'une voyante pourrait nous dire ? »
Une étincelle malicieuse flamba au fond de ses iris. Deirdre n'était pas très "joueuse" en temps normal, mais elle se libérait en compagnie de Lucrezia, et un petit challenge pourrait les faire rire pas mal. Surtout si ça se déroulait avec la divination. La Avery n'y croyait guère, à l'instar de son amie. Peut-être parce qu'elle ne "voyait" rien, en cours de divination ? Ou juste parce que ça lui paraissait être une fumisterie. Les moldus avaient sans doute bien raison sur ce domaine : Rien que des charlatans !
« On pourra prendre une barbe à papa après, et essayer de faire tomber un pauvre type dans l'eau en visant la cible, se projeta-t-elle légèrement, amusée. » 2981 12289 0