The one that got away - Ft Keir

The one that got away

Ft. @Keir D. Lowe

Lui, si routinier, si prévisible, si peu enclin à s’approcher de la zone de quarantaine, s’en approche pourtant. Il n’est pas encore totalement persuadé du bien fondé de cette approche, pas plus que déterminé à le faire. Il hésite, ce qui semble exactement ce qu’il fait en temps normal, mais quand généralement il s’agit plutôt de se laisser le temps de réfléchir à toutes les options possible. Pourquoi est-ce que certaines personnes arrivaient à le faire hésiter de la sorte. Il ne devait pas hésiter, il devait agir. Être prêt et agir. Et pourtant, il n’était ni l’un ni l’autre en ce moment. Il ne savait même pas exactement pourquoi il avait pensé à aller visiter Keir. C’était à l’opposé de tout ce qu’il avait fait depuis leur deuxième année. Depuis que Nigel avait décidé de faire le vide autour de lui. Depuis que Nigel s’était rendu compte que mentir à ses amis était trop difficile, alors mieux valait ne pas avoir d’amis. Depuis qu’il avait viré Keir de sa vie, lui comme tous les autres. Mais surtout Keir. Parce que Keir avait été son ami et qu’il l’avait repoussé.

Il finit par se décider à y aller, parce que le temps file et surtout parce qu’il finira par rebrousser chemin. Et Nigel a horreur du sentiment d’échec, bien qu’il le ressente beaucoup trop souvent à son avis. Mais pas cette fois. Enfin, si, probablement, mais il est trop tard, on l’a repéré.

- Shaw. Nigel. Une visite. Keir Lowe, dit-il, froidement, mais il est beaucoup plus agité qu’il n’y paraît.

Il espère qu’il n’y a pas déjà quelqu’un… il n’est pas certain qu’il oserait revenir une autre fois. On le fait attendre un moment, ce qui lui semble une éternité, mais on revient et on l’informe qu’il peut suivre. Il reste immobile un instant, comme s’il n’avait pas entendu. Non, il ne doit pas se donner la chance de faire demi tour, mais il a le choix. Il suit l’auror, parce qu’il est hors de question de rebrousser chemin maintenant. Il y a une étrange tension dans cet environnement. Il pense d’abord que c’est lui, mais non, parce qu’il y a des émotions qui ne lui appartiennent pas. Il n’est pas si en colère. Il n’a pas si honte. Il n’est pas si terrifié. Pour la première fois depuis le banquet de répartition, il est soulagé de ne pas être ici en tant qu’auror. Il aurait craqué depuis longtemps à passer ses journées ici. Et il comprend d’où lui viennent toutes ces visions. Il ne les comprend pas encore, mais il comprend d’où elles viennent.

Il observe les lieux et dès qu’il entre dans la salle où ont lieu les visites, il est happé par une angoisse qu’il partage. Il repère les divers éléments, le verre épais, le combiné, l’autre côté du verre épais. Le reste est plutôt dépouillé… il observe, sans s’approcher du combiné, jusqu’à ce que Keir se profile dans son champs de vision. Et il l’observe. Il l’examine, serait plutôt le terme exact. Droit, impassible en apparence, il ne semble rien exprimer si ce n’est qu’un examen visuel inquisiteur.

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Ft. @Keir D. Lowe

Son air froid et distant peut aisément faire croire à n’importe qui qu’il est furieux. Mais il n’est pas furieux. Pas terrifiée non plus, mais anxieux serait peut-être le mot. Mais comme la plupart de ses émotions, elles paraissent sur lui comme une contrariété ou du moins comme quelque chose de vraiment pas plaisant. Il se serait rué sur le téléphone pour engueuler Keir et personne n’aurait été surpris. Pas l’auror du moins. Il a vu des trucs plutôt marrant pour qui apprécie de genre de situation. La colère, Nigel la ressent, pourtant. Elle est partout. Mais ce n‘est pas la sienne.

Mais non, il ne se rue pas sur le téléphone. Au contraire. Il ne bouge pas du tout, au début. Ils se dévisagent, Keir surpris, Nigel inquisiteur. Le poufsouffle semble vraiment surpris. En fait, Nigel aussi est surpris d’être là. Ça ne lui ressemble pas. Mais il ne sait pas non plus trop ce qui lui ressemble vraiment actuellement. Mais après tout, il est à Poudlard quand il croyait ne plus jamais y remettre les pieds. Keir semble aller bien. Du moins il ne semble pas trop mal en point. Cette épidémie était bizarre. En même temps, il n’avait pas vu Keir depuis longtemps… depuis le banquet. Mais il ne l’avait pas vraiment observé. Comment savoir.

Keir fait les premiers pas pour saisir le combiné et y parler. Il ne l’entend, parce qu’il n’a pas touché le combiné, mais il le voit. Nigel. Il pourrait rebrousser chemin. Il est libre de le faire, lui. Il ne savait pas exactement pourquoi il devait venir ici, mais il devait le faire. Il ne sait toujours pas pourquoi. Il franchit les derniers pas qui le sépare du combiné et il le prend. Il vient pour le coller à son oreille, puis il grimace. Il prend le temps de l’essuyer avec sa manche. Ouais, quand même. Il fusille le combiné du regard une seconde, comme s’il lui en voulait personnellement avant de finalement le porter à son oreille. Comment il va ?

- Ça n’a aucune importance, réplique-t-il, sec. Ce n’est pas moi qui est en quarantaine. Un bref silence. Trop bref pour que Keir puisse répondre. Toi ? Il ne lui demande pas comment il va. Tu tiens le coup ?

Parce que Nigel savait que c’était la seule question qui ne serait pas interprété comme une banalité. Nigel savait ce que ça signifiait vraiment, tenir le coup. Après tout, il avait subit toute sa vie des crises de panique, non ? Nigel s’était renseigné. Il avait repoussé Keir, il avait tout fait pour le tenir à distance. Mais il s’était renseigné.

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Ft. @Keir D. Lowe

Il n'a jamais été dit que Nigel est sympathique. Non, jamais. On lui attribue pourtant des tas de qualificatif, généralement péjoratif, mais jamais sympathique. Il sait pourquoi. Il voit bien que Keir n'apprécie pas trop sa première réponse. Peut être que ça importe pour Keir ? Mais il n'est pas là pour être sympathique non plus. Il est la parce qu'il devait se rendre compte par lui même de l'État de Keir. Il n'est pas medicomage. Il le sait, pas la peine de le lui rappeler. Mais il croit connaître Keir. D'une étrange manière, certes, mais… est-ce que ça lui donne le droit de s'imposer comme ça, maintenant ? Il n'en sait rien… mais il finira par le savoir.

Ça va ? Il n'en a pas l'air. Il lui ment. Ça ne va pas du tout. Suffit de le regarder quelques secondes. Enfin, il est vrai qu'il n'avait pas vu Keir depuis longtemps avant de la voir dans la grand salle le jour où il a été mis en quarantaine. Mais il est convaincu qu'il allait quand même mieux que maintenant. Il a l'air si pâle. Et bon le seule truc bien qu'il a à dire sur le coup c'est qu'ils ont les même repas ? Celui qui a essuyé pendant six ans le rejet de Nigel, en cherchant toujours un prétexte pour être en contact n'avait que la bouffe en commun pour tenter de lui faire croire que la quarantaine ce n'était pas si terrible ? Non, ce n'est pas Keir. Ou alors c'est faux, il ne va pas du tout.

Nigel continue d'examiner Keir, comme si le détailler pouvait lui donner des indices sur l'état de santé de celui qu'il a presque toujours repoussé. En venant ici, déjà, Nigel savait que ce n'était pas normal que Keir soit enfermé ici, quarantaine ou pas. Et le voir lui confirmait cette certitude. Et pourtant, il n'y avait aucune raison là-dessous. C'était purement émotif. Il le ressentait, tout comme il ressentait ses visons. Qu'est ce qu'il fait là ?

- Je… j'en sais rien… je suppose que je devais venir voir par moi-même… C'est ce qui se rapprochait le plus de ce qu'il… ressentait ? Alors pourquoi. Et ça plus de sens que tu crois… c'est comme ça chaque fois que je met les pieds dans ce fichu bâtiment, dit-il en regardant le mur d'un air mauvais. Puis il revient sur Keir. Est-ce que je suis le seul à savoir que tu mens et que ça ne va pas du tout ? demande-t-il en baissant la voix, parce que ce n'était tout de même pas quelque chose à hurler à n'importe qui. Comme par exemple à l’auror présent.

Nigel avait menti presque toute sa scolarité et non seulement Keir le savait, mais Nigel savait que Keir savait. C'est peut-être pour cette raison que Nigel ne prit pas la peine d'enrober son affirmation de de belles paroles et de réconfort. Ce n'était pas vraiment son genre de toute manière.

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Ft. @Keir D. Lowe

Généralement, il trouve et connaît la plupart des raisons logiques qui le poussent à faire des choix ou poser des actions. Cependant, aujourd'hui, il n'arrive pas à expliquer la logique. Enfin, si, mais il n'arrive pas à expliquer en quoi ce qui lui semble pourtant logique va à l'encontre de sa logique habituelle. Il connaît la réponse, mais c'est contre toute logique, sa logique habituelle. C'est Keir. C'est la seule réponse qui explique sa présence ici et ça ne devrait pas être la seule réponse. Mais il ne suit pas sa logique habituelle. Mais pourquoi ? Il n’en sait rien, mais ça lui semble tout à fait acceptable. Pourquoi ? Parce que c’est Keir ? Oui, parce que c’est Keir.

Nigel sait quelle réaction peut engendrer la confrontation avec un menteur. Il tient le rôle du menteur depuis si longtemps. Il sait ce que ça fait d’essayer de conserver intacte le mensonge, même si on a envie de faire tout le contraire. Il y est confronté chaque fois que sa soeur lui fait un câlin et qu’il doit la repousser. Il le fait en ce moment parce que son mensonge ne laissait aucune possibilité à se retrouver ici en ce moment. Et pourtant, il y est. Mais il ne s’étonne pas de la réaction contrariée de Keir, même si lui aurait défendu son mensonge coûte que coûte. Mais c’est Keir, pas Nigel et c’est la réaction qu’il attendait. Parce que c’est Keir. C’est la réponse à tout. Parce que c’est Keir.

Non, il ne va pas du tout. Ça se voir et il finit par l’avouer. Inquiéter les gens ? Prétendre que ça va quand ça ne va pas est beaucoup plus inquiétant, surtout si c’est faux. Au moins Keir était conscient de son état et s’il avait continué à prétendre que ça va, Nigel aurait été beaucoup plus inquiet. Mais voir Keir dans cet état était tout de même très inquiétant. Et plus il semble malade, plus on pouvait croire qu’il était infecté… surtout que s’il est malade, ses capacités magiques s’en ressentiront, ce qui le rendra plus susceptible d’être effectivement infecté… surtout qu’ils mélangent les infectés et les sains… c’est quoi cette procédure d’abord ?

- C’est vrai tout ça ? Il pose la question, mais il ne doute pas de la réponse. D’ailleurs, il ne lui donne pas le temps de répondre. Si personne ne sait, personne ne fera rien. Comment les amis de Keir pouvaient-ils ne rien faire ? Et en plus, si lui considérait Keir comme un ami, le seul sans doute, il savait très bien que Keir n’avait aucune raison de lui rendre la pareille. C’est faux, on y peut quelque chose. On peut toujours faire quelque chose, dit-il, pensif.

Et pourtant, Nigel savait qu’il allait mourir et pourtant, il luttait contre cette fatalité. Sauf que personne ne savait. Sauf ses parents et c’était déjà assez emmerdant comme ça. Excepté ce regard noir jeté aux murs des cachots de Poudlard et la visible rancoeur qu’il éprouvait à son égard, Nigel n’avait exprimé que son sérieux habituel, peut-être un peu altéré par un certain malaise.

- Ne me regarde pas comme ça. Tu manges au moins ? Ça ne va pas du tout… faut que tu te ressaisisses, Keir. Depuis quand tu crois qu’on ne peut rien y faire ? Tu crois vraiment que je ne peux pas quelque chose ? C’était prétentieux, mais Nigel a toujours été prétentieux, mais comme il est doué dans tout ce qu’il entreprend, c’était plutôt des affirmations. Tu es malade, mais je ne crois pas que ce soit en lien avec cette épidémie. Et s‘ils te gardent ici, là, tu pourrais l’être. Faut te sortir de là. Je m’en occupe. Il dévisage Keir. J’vais le faire, tu sais. Toi, mange et fais-toi soigner. Secoue-toi un peu. T’es plus tenace que ça… même envers les cas désespérés.

Du moins avant ces trois dernières années, où Nigel ne savait presque rien de ce qui s’était passé pour Keir. Parce que Nigel et sa famille s’étaient cachés. Pour se protéger. Pour rester en vie. Pour sa part, Nigel se demandait parfois à quoi ça avait pu servir de rester en vie. Après tout, ce n’était que retarder l’inévitable. Et il n’y avait concrètement que ses parents et sa petite soeur que sa mort affecterait. Il s’en était assuré.

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Ft. @Keir D. Lowe

Ce que tentait Nigel, c’était difficile. Difficile parce qu’en fait, il ne savait pas trop comment faire. Pas pour faire sortir Keir de cette quarantaine, mais pour lui expliquer pourquoi il voulait le faire et pourquoi il le ferait. Il savait que cette question serait posée, parce que depuis un peu plus de six ans de scolarité à Poudlard, il s’était assuré de repousser tout le monde. Keir en avait fait les frais, il ne le savait que trop bien. Et pourtant, jusqu’à ce que le monde sorcier devienne complètement fou, Keir avait continué, avec certes moins d’insistance, à faire comme si Nigel n’était que de mauvaise humeur ce jour là. Comme si à force de faire comme si, ça pouvait redevenir réel. Parce que ça l’avait été. Parce que pendant une année, la première, Nigel avait été l’ami de Keir. Il avait agit comme un ami. Et il avait tout balayé.

Tandis que Keir fait le gentil Keir qui ne veut pas déranger, Nigel le regarde, roule des yeux et soupire. Oh bon sang, non, quand même, faut vraiment que le Poufsouffle de ressaisisse. Il croyait les Poufsouffle plus tenace et rigoureux. Non, il sait très bien que Keir l’est, c’est quelque part, enfouie sous la peur et le malheur. Sous la peur, surtout. Nigel connaît bien, la peur. Un peu trop, sans doute. La peur d’à peu près tout, en fait, caché sur une armure désagréable et repoussante. Nigel avait bien fait les choses, toutes ces années, il n’avait aucun ami. Enfin, personne ne le considérait comme un ami. De toute manière, il allait mourir… sous peu… sans savoir quand exactement. Personne ne serait triste, à sa sa mort. Sauf peut-être ses parents. Et Hattie. C’était très bien comme ça.

- T’as jamais été un poids, réplique-t-il avec véhémence et esquissant une grimace amère.

Un peu comme si cette idée que Keir ait pu être un poids toutes ces années était totalement absurde. Il aurait pourtant dû approuver, ça lui aurait épargné des problèmes, mais c’était sorti tout seul. Cette conversation le secouait plus qu’il ne l’aurait cru, bien qu’il s’en doutait un peu. Ça agitait dans sa tête une partie de son cerveau qu’il tentait pourtant de dominer, ses émotions. Nigel était un logique, pas un émotif. Il ne devait pas laisser ses émotions et son ressenti prendre trop d’ampleur… ça provoquait des visions. Et il n’avait pas du tout envie de provoquer des visions. Mais cette zone de quarantaine était pleine de sentiments malsains et d’émotions négatives. Il les ressentait.

- Si j’ai des problèmes, ce sera à cause de moi et de moi seul, réplique-t-il, sèchement, tout en baissant le ton pour que l’auror n’assiste pas à tout ça, bien que ce soit exactement ce qui se passait en ce moment.

Non, Nigel n’était pas du genre à mettre la faute sur les autres. Il aimerait parfois, mais il était et est toujours convaincu qu’on récolte ce que l’on sème et que les problèmes viennent de nos propres agissements. Et il savait maintenant que ce qu’il avait semé ne produirait pas une récolte très saine… de toute manière, il finirait par mourir… dans pas très longtemps.

- Tu ne devrais pas être là, c’est tout, dit-il en essayant de reprendre un peu de sa froideur habituelle.

Mais ça pourrait être difficile de faire croire à Keir que tout ça ne l’agitait pas. Parce que Keir avait connu Nigel autrement, jadis, et parce que quelques minutes plus tôt, Nigel lui avait dit de ne pas lui mentir à lui, ce que le Serpentard faisait pourtant en ce moment. C’est pour cette raison que Nigel mentait à tout le monde au sujet de ses visions et pourquoi il avait repoussé tout le monde. C’était difficile de mentir à un ami.

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Ft. @Keir D. Lowe

« Si tu le dis. » Si tu le dis ? C’est quoi cette réflexion ? Keir n’y croit pas, mais pas du tout. Grands dieux, si Keir n’y croit plus, c’est que ça ne va pas, mais vraiment pas. Keir croit toujours à tout. Tellement que c’est sans doute pour cette raison que Nigel est là aujourd’hui. Nigel serre la mâchoire. Est-ce qu’il est trop tard ? Trop tard pour quoi, il ne saurait le dire exactement. Mais Nigel constate pour la première fois depuis son retour à Poudlard qu’il y a quelque chose de différent chez Keir. Quelque chose de profondément atteint. Quelque chose de brisé. Nigel sait pourtant une partie de ce qui est arrivé à Keir, mais… mais Nigel n’est pas un ami exemplaire… même que qualifier Nigel d’ami est plutôt mensonger… ça frôle la diffamation en fait.

Nigel pense un moment que Keir s’en fiche pas mal, en fait, de tout ça, mais ce n’est que brièvement. Non, il ne peut pas vraiment s’en moquer, pas totalement. Il s’agit quand même de son bien-être et de sa santé, non ? Pourquoi est-ce qu’il semble si… oui, bon, c’est déprimant ici et il ne devrait pas y être. Et Nigel a surtout l’habitude (éparses certes) de voir Keir nettement plus enthousiaste. C’est effectivement déprimant de le voir ainsi. Malade et déprimé. Tellement qu’il aurait envie de le dérider, mais il n’a aucune idée de la manière de s’y prendre… Nigel n’est pas du genre à raconter des blagues comme ça, pour rien. Keir ne comprendrait pas d’où ça vient non plus d’ailleurs.

Rester prudent ? Nigel n’a jamais été imprudent. C’est l'incarnation même de la prudence. Trop ? Se mettre en danger ? Il y a une différence entre avoir des problème et se mettre en danger. Nigel tourne brièvement la tête vers l’auror qui observe distraitement. Les conversations doivent toutes se ressembler. Et puis, c’est un auror pas un mangemort. Et puis qu'est ce qui pourrait le mettre en danger. Keir lui demande même de lui promettre d'être prudent. Non, mais quand même, il exagère un peu non ? C'est parce qu'il est en mauvaise santé et sûrement dépressif qu'il parle de danger comme ça ? Mais quand même, ça l'inquiète.

- Allez, je ne risque pas grand chose, dit-il avec étonnamment peu de contrariété dans la voix, excepté me faire taper sur les doigts parce que je vais les agacer ? Je les vois mal m'expulser, peu importe ce que je fais, ils auraient à le justifier.

Ce serait pourtant merveilleux s'il se faisait expulser. Il pourrait sortir d’ici, ce serait si bien. Mais ils auraient à justifier pourquoi il a été expulsé et papa Shaw ne serait pas d’accord. Et je ne crois pas que la direction serait très encline à expliquer pourquoi elle a expulsé Nigel. D'autant plus que Nigel, s’il est expulsé parce qu'il a tenté de sortir Keir de quarantaine, n’aurait aucune gêne à le revendiquer. Reste que ce serait s’attirer des problèmes, pas se mettre en danger, quand même pas à ce point. Mais l’expression de Keir semble vouloir indiquer le contraire. Est-ce de la paranoïa du à sa dépression ? Nigel est pourtant du genre à frôler la paranoïa. Mais ils sont gardés par des aurors. Alors c'est pour le mieux, non ?

- Keir, je pourrais avoir des problèmes, mais rien qui puisse me mettre en danger, n'est-ce pas ?

Il est vraiment temps de sortir Keir de là.

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Ft. @Keir D. Lowe

Nigel essaie pourtant de trouver des points positifs à se retrouver à Poudlard. Il essaie vraiment fort. Tous les matins, lorsqu’il se lève, il se dit qu’il finira bien par trouver une bonne raison de se retrouver ici. De vouloir rester ici encore de longs mois. Tous les matins, il conclut qu’il n’y en a qu’une seule. Hattie est là et elle n’est pas seule, parce qu’il est là aussi. Il est encore là. C’est la seule raison qui le pousse à parcourir l’école tous les jours. Aller en cours, pour apprendre des choses qu’il sait déjà, il a l’impression qu’il est là juste pour le prouver à un professeur. Il a l’impression qu’il est là juste parce que son père le lui a ordonné. Oh, attends… ouais, exactement, il est là juste parce que son père le lui a ordonné.

Mais outre Hattie, non, il n’y arrive pas. Et voir dans quel état se trouve Keir ne lui fait pas plus apprécier Poudlard. Cette épidémie est très mal gérée. Et il ne peut le dire à personne. Ils ont l’interdiction de le faire savoir hors de Poudlard. Nigel ne désobéis pas aux ordres, sinon il ne serait pas ici. Il respecte les règles. C’est ce qu’un auror doit faire. Respecter les règles, c’est inscrit jusque dans ses os. S’il n’en a jamais douté avant, avec cette histoire d’épidémie, il commence, non pas à douter du bien fondé des règles, mais à douter de ceux qui les imposent, voir à ceux qui les dictent. S’il avait mis du temps à comprendre pourquoi son père avait démissionné avant qu’ils partent pour l’Australie, Nigel commençait à comprendre. Ernst Shaw n’aurait pas supporté de désobéir aux ordres… et il aurait enfreint beaucoup trop de règles.

D’accord. Il est d’accord ? D’accord pour quoi ? Pour sortir de là ? Confiance ? Il a confiance en lui. C’est la première fois que ces quelques mots lui sont personnellement adressés. Ou du moins, la première fois depuis… il ne sait même plus quand… Wow, il a fait quoi déjà ? Ah oui, il veut le sortir de là. Durant quelques secondes, ces quelques mots le terrifient, mais il se ressaisit. Allez, sois raisonnable. Faire ce qui lui semble bien ? Oui, sortir Keir de là, c’est bien. Nigel n’a jamais vraiment pensé à mal non plus. Ce n’est pas parce qu’il repousse tout le monde qu’il est nécessairement mal. Mais est-ce que ne pas être mal implique qu’on est bien ? Il n’en sait trop rien. Se mettre en danger… il va mourir de toute manière. Bientôt. Il est en danger depuis sa naissance, mais ça n’a rien à voir avec la liberté de Keir. C’est juste son destin. Funeste, mais son destin.

- Ça ira, Keir. Je ne ferai rien pour te libérer qui me mettra en danger. Mais Keir doit faire un effort aussi. Mais je te le promet juste si toi tu me promet de manger et de te ressaisir un peu. Si tu sors et que tu es encore plus malade, ce sera inutile… enfin… pas inutile… tu… tu vois ce que je veux dire… ce serait dommage...

Essayer de dire qu’il n’aime pas le voir dans cet état. Maladif, mais surtout si malheureux… ça… ça ne lui ressemble pas le malheur… il est inquiet, mais il n’a pas l’habitude… ou peut-être que si, mais il n’a pas l’habitude de l’exprimer.

- Tout se passera bien, d’accord ? Le mieux possible. Ça va passer, tu sais… ça dure un moment, puis ça finit toujours par passer. Dans son cas, ça revenait... régulièrement. Alors il serre les dents, encore et encore. Ça finit toujours par passer, difficile de savoir s’il parle à Keir ou un peu à lui-même. Les émotions sont puissantes, dans ces cachots, dans la zone de quarantaine. Il les ressent et elles sont loin d’être plaisantes, mais il les perçoit. Il pourrait presque y toucher. Je repasserai te voir. Je.. je veux dire, si tu veux… et je vais pas empiéter sur les visites de tes amis, dit-il, soucieux de ne pas lui en priver.

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