Pendant l’été, Rowan avait réalisé beaucoup de choses. Par exemple, il avait compris qu’il ne devait plus autant obéir à ses parents, qu’il pouvait être plus fort qu’eux et qu’il ne devait pas forcément les craindre. Ensuite, qu’il avait vraiment besoin de ses sœurs et de ses amis, comme Cassandre et Belladona. Mais aussi qu’il devait arrêter de se mêler des affaires des autres. Et surtout, qu’il avait depuis quelques temps des sentiments pour une jeune fille qu’il connaissait depuis toujours. Par le passé, Rowan était déjà tombé amoureux plus d’une fois. Il avait vécu le grand amour avec Zoella jusqu’à croire qu’elle serait la seule et unique à lui convenir. Quand il avait perdu Zoella, Rowan avait souffert énormément, pendant plus d’une année, il s’était juré de ne plus jamais tomber amoureux. Il avait terriblement échoué. Malgré les murs qu’il avait bâtis pour s’en protéger, comme sa fausse relation avec Perséphone, il avait à nouveau ouvert son cœur à quelqu’un. Cette personne, c’était Cassandre, sa confidente, sa meilleure amie depuis tout petit. Elle ne le savait pas encore, en tout cas, il ne lui en avait jamais parlé. Il ne savait pas ce qu’elle ressentait pour lui non plus, même si le sorcier savait qu’il ne la laissait pas indifférent. Mais après tant de temps à ses côtés, il ne savait pas comment différencier ses réactions et interpréter son comportement. Il aurait aimé qu’il soit facile de savoir si elle partageait les mêmes sentiments que lui à son égard. De plus, ces derniers temps, Rowan n’avait rien du parfait garçon qu’on voudrait aimer. L’année passée, il avait été violent, plus que désagréable avec les autres élèves et la plupart de ses amis l’avaient abandonné. Il essayait de rester le même pour Cassandre, pour Belladona, pour Perséphone et quelques autres exceptions. Mais il était forcé de constater que sa nouvelle image lui collait à la peau et qu’en évacuant sa colère par la violence, il se sentait mieux après. Ses blessures au cœur étaient remplacées par d’autres. Au fond de lui, il préférait mille fois saigner que souffrir à cause de ses émotions. Pendant l’été, Rowan s’était promis qu’il mettrait ses peurs de côté et qu’il cesserait de prétendre être un gros dur deux secondes pour avouer à Cassandre qu’il était tombé amoureux d’elle sans même réaliser quand le coup de foudre l’avait touché. Rowan avait promis à Cassandre un cadeau, le jour de la rentrée. Son cadeau, c’était un baiser. Il voulait l’embrasser, la surprendre, la dérouter. Il voulait tenter sa chance et risquer le tout pour le tout. Si Cassandre ne ressentait pas la même chose que lui, il finirait encore par avoir le cœur brisé. Mais s’il y avait une chance qu’elle partage ses sentiments, alors cette année promettait d’être intéressante. Lors du banquet de la rentrée, Cassandre était là. Elle avait repris les cours. Rowan en était soulagé. Il avait longtemps cru qu’elle l’abandonnerait, mais ce n’était pas le cas. Il comptait s’asseoir à côté d’elle, mais cette année, les élèves étaient tenus de s’asseoir par ordre alphabétique. Il se retrouva donc loin d’elle, mais non loin de Belladona, qui s’amusa à lui jeter des bouts de pain. C’est aussi lors de cette première soirée à Poudlard qu’il remarqua les regards langoureux que Cassandre lançait à Teodor Azarov. Autant dire qu’il s’était pris une belle douche froide et qu’il avait reporté ses plans. Hors de question d’embrasser Cassandre si elle pensait à un autre, surtout si c’était ce type-là, avec qui elle avait déjà eu une relation.
Quelques semaines plus tard, la relation entre Cassandre et Rowan n’avait pas changé. Ils étaient toujours amis, très amis. Depuis qu’il n’avait plus ses parents sur le dos, il profitait de chaque minute à ses côtés quand il en avait l’occasion. Il tentait de faire le point dans ses sentiments afin de savoir s’il ne s’était pas emballé ou s’il était vraiment tombé amoureux de la belle Blackwood. Quelques jours plus tôt, de nouvelles personnes avaient été envoyés en quarantaine. Parmi eux, Oktavia, mais surtout, Azarov. Rowan avait souri en entendant la nouvelle des lèvres de Perséphone. Et puis, s’il était en quarantaine, le Gryffondor n’aurait plus à surveiller autant Cassandre. S’il cherchait à passer autant de temps avec la belle, c’était aussi pour qu’elle puisse en passer encore moins avec lui. Le Moore était possessif. Alors ce jour-là, quand Rowan vit Cassandre dans les cachots, près du couloir menant à la quarantaine, il devint suspicieux et l’arrêta. « Cassandre ! Qu’est-ce que tu fais là ? Où tu vas ? » Le sorcier s’approcha de sa meilleure amie. C’était une telle coïncidence de la croiser à cet endroit et à cet instant qu’on aurait presque pu croire qu’il la suivait. Heureusement qu’il n’arrivait pas dans son dos, mais du couloir opposé. La demoiselle était seule, alors qu’elle était censée être accompagnée. Lui aussi, remarque. Il aurait dû attendre l’auror qui devait le récupérer, mais il était parti en avance par esprit de contradiction. Rowan se plaça devant Cassandre pour lui bloquer son chemin. « Tu vas voir Azarov, c’est ça ? » Son ton était celui du reproche et de la jalousie. Il n’y allait pas par quatre chemins pour lui dire le fond de sa pensée. Cassandre savait déjà tout le bien qu’il pensait de ce gros connard de Serpentard depuis le jour où il avait appris qu’elle avait couché avec. « Je te l’interdis. » Dit-il en attrapant fermement le poignet de sa meilleure amie. Rowan trouvait Cassandre particulièrement belle. Elle s’était maquillée, peut-être différemment de d’habitude. En tout cas, il avait l’impression qu’elle s’était faite belle pour lui, et cela le rendait fou. Il avait envie de lui effacer ce rouge à lèvres. Pourquoi mettre du rouge à lèvres ? Il allait la voir à travers une putain de vitre, certes, mais Rowan voyait rouge quand il imaginait le Serpentard poser son regard sur celle qu’il aimait. « Ce n’est pas un mec pour toi, Cassandre. Je dois te le dire combien de fois pour que tu comprennes ? Tu crois que je t’ai pas vu le jour de la rentrée, le regarder comme s’il n’y avait que vous dans la grande salle ? » Rowan savait parfaitement qu’il y avait de l’amortentia dans la soupe et que ce n’était pas tout à fait la faute de Cassandre, mais pourquoi Teodor ? Il y avait des centaines d’autres élèves dans cette salle, ce n’était pas un hasard. De sa main libre, celle qui ne serrait pas le poignet de la sorcière, Rowan emprisonna son visage entre ses doigts et la força à le regarder. « J’étais là moi aussi, je te regardais. »
Oh simple thing where have you gone? I'm getting old and I need something to rely on. So tell me when you're gonna let me in, I'm getting tired and I need somewhere to begin. And if you have a minute why don't we go talk about it somewhere only we know? This could be the end of everything, so why don't we go somewhere only we know?
L’or blanc se balade sous ses doigts. Il est froid, presque aussi froid que les pierres sur les murs des cachots. Cassandre pense longuement à ce qu’elle pourrait faire, en caressant inconsciemment le bijou attaché à son poignet. Elle ne veut pas que cette quarantaine l’obsède, et pourtant, malgré elle, elle y pense nuit et jour. Nombreux de ses camarades y sont enfermés, contre leur gré. Elle n’arrive pas à oublier les cris lors du banquet de rentrée. Ceux de Colombe lorsqu’on l’a attrapé pour l’emmener. Ceux de Lionel, son ennemi de toujours, pour protester. Cassandre s’en veut, elle n’a rien vu venir, rien pu faire. Et surtout, elle s’est sentie trahie. On les a drogué, pour faire passer la pilule plus facilement. La jeune fille n’arrive toujours pas à y croire. Du temps de Dumbledore, ce genre de chose ne serait jamais arrivé. Bien naïfs sont ceux qui ont cru que la guerre avait laissé les mauvaises personnes derrière. Finalement, le nouveau Directeur était même pire que Rogue. Cassandre avait pensé abandonner l’école après l’incident de la rentrée, mais elle n’avait pu s’y résoudre. Abandonner Bella et Rowan ? Abandonner Pandore ? La jeune femme ne voulait pas qu’on l’accuse une nouvelle fois de fuir. Cette fois-ci, elle resterait coûte que coûte. Et puis, le GISIS de Sciences Occultes la passionnait. Pour une fois qu’elle se sentait importante et utile en cours. Il lui arrive même de rendre ses devoirs à l’heure, et elle n’a jamais passé autant de temps à la bibliothèque en deux mois qu’en sept années d’études. Ses parents seraient fiers. Quand elle pense à eux, Cassandre se demande s’ils ont vu venir tout ce chaos. S’ils ont eu des visions de cette épidémie. Le monde sorcier ne semble toujours pas au courant du fléau qui les menace. Peut-être est-ce une bonne chose… Au regard de la réaction des jeunes élèves à Poudlard, peut-être qu’il faudrait mieux garder cette épidémie secrète. Et pourtant, Cassandre a soif de justice. Ce serait horrible de cacher une telle nouvelle. L’apprentie voyante a tenté de les prévenir, mais les hiboux sont contrôlés et censurés. Ils n’ont aucun moyen de s’échapper.
Alors elle tourne en rond. Elle attrape les breloques qui tombent de son bijou et les regarde un à un. Elle essaie de ne pas trop penser aux battements de son cœur. Le lion se balade entre ses doigts, elle est plutôt fière de celui-ci. C’est l’emblème de sa maison, de leur maison, à elle et Rowan. Cassandre se rend compte que chaque symbole signifie quelque chose pour eux. Il y a cette fleur, une rose. Il s’agit de la première fleur que Rowan lui a offert quand ils étaient plus jeunes. Elle était malheureuse et pleurait, et il a réussi à la consoler avec cette fleur. Et puis il y a l’épée, le symbole de la force et de la bravoure des Gryffondor. L’avant dernier symbole est un hibou très ressemblant à celui de Cassandre. Et enfin le dernier symbole est un C, la première lettre de son prénom. Ce bijou signifie tellement de choses pour elle, elle se rend compte qu’elle n’a peut-être pas remerciée son meilleur ami comme il fallait. L’été est passé à une vitesse, elle a été fuyante parce qu’elle avait besoin de se préserver. Leur dernière rencontre lors de la coupe avait arrangé un peu les choses, Rowan lui avait même promis une surprise à la rentrée. Mais avec ce qu’il s’était passé, Cassandre n’avait pas vu la surprise.
La jeune femme se redresse et sort enfin de sa rêverie. Elle se trouve dans un placard à balai près de l’escalier qui mène aux sous-sols. Elle vient ici pour essayer de déclencher ses visions, pour échapper aux Aurors aussi. Parfois, elle s’y endort. D’autres fois, elle croit qu’elle étouffe. Elle prend sa baguette qui éclaire le placard et elle décide de sortir de là. Il faut qu’elle remonte vers le hall, mais ses pas l’emmènent malgré elle vers les cachots. C’est là qu’elle est arrêtée. « Cassandre ! Qu’est-ce que tu fais là ? Où tu vas ? » Elle reconnait la voix de son meilleur ami. Malgré l’obscurité des couloirs, elle l’entend et elle le sent près de lui, il lui bloque le chemin. Cassandre soulève sa baguette pour éclairer son visage, et elle voit qu’il a les traits durs, contrariés. « Tu vas voir Azarov, c’est ça ? » Cassandre ne comprend pas, elle essaie de passer mais Rowan lui bloque la route. Son meilleur ami a l’air fou de colère. « Je te l’interdis. » Il lui attrape fermement le poignet et la sorcière ne peut plus se dégager de l’emprise du lion. « Ce n’est pas un mec pour toi, Cassandre. Je dois te le dire combien de fois pour que tu comprennes ? Tu crois que je t’ai pas vu le jour de la rentrée, le regarder comme s’il n’y avait que vous dans la grande salle ? » Cassandre veut riposter. Pour qui se prend-il ? Il la juge, alors qu’il n’était pas mieux qu’elle. Il sait très bien que leur soupe était ensorcelée. Ce n’est pas elle qui a voulu tomber sous le charme d’Azarov. Elle aimerait le rayer de sa vie et l’oublier. Mais quand elle a bu la soupe, c’est sur lui que son regard est tombé le premier. Cassandre s’en est voulu longuement après, mais elle n’a pas eu le choix. La magie a été plus forte. Rowan lui attrape fermement le menton avec son autre main, pour la forcer à le regarder. « J’étais là moi aussi, je te regardais. » Ils se regardent en ce moment même. Cassandre voit dans les yeux de son ami qu’il est hors de lui, en colère, et désespéré aussi. Chez elle, la colère monte aussi. Pour qui se prend-il ? « Tu me regardais ? MENTEUR ! Tu faisais les yeux doux à Bella, mais je ne t’ai pas fait de scène parce que je sais très bien que ce n’était qu’à cause de l’amortentia ! Pourquoi tu me fais une scène alors que rien n’était réel ? » Elle sent que Rowan continue de serrer son emprise sur elle. Elle le provoque d’une certaine manière, elle le sait bien, mais elle ne peut pas s’en empêcher. « Tu n’as rien à m’interdire Rowan, je suis libre, je ne te dois rien. Combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? Tu n’es pas en droit de m’interdire quoi que ce soit, alors que toi tu fais bien ce que tu veux quand tu te fiances ou que tu jours la comédie avec une fausse petite-amie. JE NE TE DOIS RIEN. » Elle le défi du regard. Comment ont-ils pu en arriver là ? « C’était donc ça ta surprise pour la rentrée ? Tu voulais que je devienne ton animal de compagnie pour me suivre partout et me donner des ordres ? » Cassandre sait que Rowan peut être violent. Depuis la guerre, depuis la mort de Zoella, ses pulsions sont incontrôlables. Mais osera-t-il lever la main sur elle ?
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Rowan Moore
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Maison/Métier : 2e année de GISIS Sécurité magique Célébrité : Diego Barrueco Pseudo : .sparkle Âge : 33 Parchemins : 630 Gallions : 555 Date d'inscription : 30/04/2017
Rowan était si jaloux d’un coup qu’il en oublia tout le reste. Il ne savait même plus ce qu’il faisait au sous-sol, il ne savait même plus qu’il était en train d’enfreindre les règles sans être accompagné, il ne savait même plus qu’il devait s’adresser à sa meilleure amie avec plus de douceur et de respect, sans quoi elle réagirait au quart de tour comme lui. C’est en effet ce qui arriva. Suspicieux, il ne prit pas des pincettes pour demander à Cassandre si elle allait voir Azarov. Rowan lui interdit d’y aller, il lui attrapa le poignet sans y réfléchir à deux fois. Le Gryffondor était vert de jalousie quand il les imaginait tous les deux. Il ne comprenait pas ce qu’Azarov avait de plus que lui, de toute évidence, il avait Cassandre. Le sang-mêlé attrapa le menton de la jeune femme entre ses doigts pour qu’elle le regarde, lui racontant que quand elle regardait le Serpentard, lui était en train de la regarder. Il ne réfléchit pas à la portée de ses paroles, il ne savait pas ce qu’elle en comprendrait. Il aurait aimé qu’elle comprenne d’un coup ce qu’il insinuait, qu’il avait des sentiments pour elle qui devraient lui sauter aux yeux. Pourtant, elle ne semblait pas les voir. Putain, Cassandre, ouvre les yeux ! « Tu me regardais ? MENTEUR ! Tu faisais les yeux doux à Bella, mais je ne t’ai pas fait de scène parce que je sais très bien que ce n’était qu’à cause de l’amortentia ! Pourquoi tu me fais une scène alors que rien n’était réel ? » Faire les yeux doux à Belladona ? La blague. Il n’en avait même pas mangé de cette putain de soupe. Et elle était si occupée à rêver d’Azarov qu’elle ne l’aurait même pas vu s’il en avait bu, il en était persuadé. Cette soupe, elle n’aurait pas dû en boire. Mise à part l’odeur, il reconnaissait qu’on ne pouvait pas s’en douter au premier coup d’œil, mais il lui en voulait quand même pour en avoir bu et ne pas avoir été le premier qu’elle ait regardé. Aux yeux de Rowan, c’était réel parce qu’il savait qu’elle avait déjà couché avec Azarov, il savait qu’il y avait eu quelque chose entre eux et que ce n’était peut-être pas terminé. Il aurait dû s’en douter, depuis longtemps. Il avait envie de lui hurler dessus qu’il n’en avait rien à foutre de Bella, qu’il la regardait elle s’il savait qu’elle n’avait pas quitté Azarov des yeux jusqu’à ce qu’il sorte de la salle. Réveille-toi, merde. « Tu n’as rien à m’interdire Rowan, je suis libre, je ne te dois rien. Combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? Tu n’es pas en droit de m’interdire quoi que ce soit, alors que toi tu fais bien ce que tu veux quand tu te fiances ou que tu joues la comédie avec une fausse petite amie. JE NE TE DOIS RIEN. » Rowan était un possessif, il n’y pouvait rien. Il prenait, il gardait. Cassandre était à lui, à lui seul. Elle ne l’accepterait jamais s’il le lui disait en ces termes. Elle ne semblait pas vouloir de lui. Elle souhaitait être libre. Elle était libre, mais à lui. Il continuerait à lui interdire de faire ce qu’il ne voulait pas la voir faire, aussi longtemps qu’il le voudrait. Si elle ne l’écoutait pas, tant pis pour elle, qu’elle ne vienne pas se plaindre après. Rowan ne savait plus comment interpréter les réactions de Cassandre ou le regard qu’elle lui réservait. Elle lui reprochait encore d’être fiancé alors qu’il n’en voulait pas de ces fiançailles. Il allait devenir fou à force de le lui répéter. Quant à sa fausse relation avec Perséphone, c’était dans le but d’éviter la fiancée qu’on lui avait refilé sans lui demander son avis. Le souffle de Rowan se faisait de plus en plus court à mesure que la colère lui montait au nez.
« C’était donc ça ta surprise pour la rentrée ? Tu voulais que je devienne ton animal de compagnie pour me suivre partout et me donner des ordres ? » Ferme-la, Cassie… Ferme-la… Trop tard. Cassandre avait réussi à mettre Rowan hors de lui, plus qu’il ne l’avait jamais été à son égard. Il lui lâcha simultanément le menton et le poignet, mais ses mains agrippèrent sa robe de sorcière et il la plaqua violemment contre le mur le plus proche. Son regard envoyait des éclairs. « T’es vraiment à côté de la plaque, putain. » Rowan avait les muscles si contractés qu’ils pourraient exploser. Il ne contrôlait plus sa force et Cassandre n’avait plus aucune chance de bouger. Il la soulevait si haut qu’elle devait se mettre sur la pointe des pieds pour toucher encore le sol. Rowan se mit à hurler : « MAIS OUVRE LES YEUX ! » Il décolla Cassandre du mur, puis l’y plaqua à nouveau. Il la secouait en espérant qu’elle finisse enfin par voir ce qu’elle refusait de comprendre. Il ne s’y prenait pas bien, il avait peut-être faux sur toute la ligne, mais il n’en pouvait plus. Rowan voyait rouge, noir, toutes les couleurs, il ne savait plus quoi faire pour lui faire comprendre qu’il tenait à elle plus qu’elle ne le pensait. Il était frustré, hors de lui. « Tu veux savoir ce que c’était ta surprise ? Tu la veux ? » Rowan regarda Cassandre un instant, d’un côté il hésitait, il avait peur de briser quelque chose entre eux, et d’un autre, il était si frustré qu’elle ne voit rien qu’il ne prenait plus tellement de risques. Rowan attira alors Cassandre vers lui, agrippé à son uniforme, et pressa ses lèvres contre les siennes sans lui laisser le temps de l’éviter. C’était la première fois qu’il embrassait Cassandre. Ce n’était pas dans les conditions qu’il aurait imaginé, ce n’était pas exactement la surprise qu’il voulait lui donner. Elle avait tout gâché. Il la repoussa à nouveau contre le mur et la lâcha cette fois. « Je te regardais parce que la seule que je regarde depuis des mois, c’est toi. » Malgré les rumeurs, depuis la mort de Zoella, Rowan n’avait eu de relations qu’avec très peu de filles, peut-être deux ou trois, et parmi ces filles, il y avait eu l’erreur avec Bella. Rowan avait mis du temps à accepter qu’il avait des sentiments pour son amie d’enfance, sa voisine qu’il connaissait depuis qu’elle était haute comme trois pommes, et il avait encore du mal à s’y faire. « Tu peux me détester autant que tu veux, Cassandre, mais tu ne peux pas dire que je mens. » Entre la haine et l’amour, il n’y a qu’un pas. Rowan attendant maintenant la réaction de Cassandre. Il ne lui avait pas donné l’occasion d’interrompre le baiser avant qu’il n’arrive. Il ne lui avait pas donné l’occasion de répondre au baiser, mais si elle se jetait sur lui maintenant, il ne l’en empêcherait pas. Si elle le frappait parce qu’il avait pris sans demander, il ne lui en voudrait pas. Si elle s’en allait sur le champ, il ne la suivrait pas. Qu’est-ce que ce sera, Cassandre ?
Oh simple thing where have you gone? I'm getting old and I need something to rely on. So tell me when you're gonna let me in, I'm getting tired and I need somewhere to begin. And if you have a minute why don't we go talk about it somewhere only we know? This could be the end of everything, so why don't we go somewhere only we know?
Elle devait admettre qu'elle adorait jouer avec Rowan. Titiller ses hormones, ses envies, sa frustration. Il tombait toujours dans le panneau et restait bon public de ses petites taquineries. En fait, elle adorait surtout jouer avec le danger. Elle le provoquait pour qu’il sorte de ses gonds, qu’enfin il explose. Parce qu’elle, elle en avait besoin pour exister, pour se rappeler qu’elle était bien vivante. Quelle hypocrite elle avait été quand elle lui avait dit qu’elle voulait qu’il cesse d’être violent. Au fond, elle aimait ça. Sinon elle aurait crié depuis longtemps. Elle le haïssait et le désirait en même temps, au plus profond d’elle-même. Rowan était son alter ego, son double, son âme sœur, mais elle refusait d’y croire. Elle ne voulait pas y penser. Elle avait trop peur de souffrir. Elle avait déjà tant souffert. Mais elle avait réveillé le lion, elle l’avait sorti de son sommeil, et il allait tout saccager sur son passage. Il en était capable. Elle avait pensé que jamais il ne lèverait la main sur elle, elle s’était trompée. Il lâcha son poignet, mais il attrapa un bout de sa robe, il tira si fort que le tissu se déchira, Cassandre n’osa pas regarder. Elle était trop happée par les iris brûlantes de Rowan. « T’es vraiment à côté de la plaque, putain. » Elle était pétrifiée, et en même temps, elle voulait continuer à le provoquer, elle irait jusqu’au bout. Mais au bout de quoi ? Etait-elle prête à le perdre lui aussi ?
Longtemps, l’année passée, Cassandre s’est posée une question. Celle de choisir entre Teodor et Rowan. Mais elle ne comprenait pas pourquoi elle avait cette attirance. L’un était mauvais pour elle, elle n’aurait jamais pensé le revoir. Teodor était un amour éphémère, un amour trop intense pour persister et durer. Mais quand elle l’avait retrouvé à Poudlard, elle s’était sentie si détruite, si fragile. Elle l’avait évité longuement, puis elle s’était rendue compte que l’attirance était trop forte, trop grande. Elle avait voulu y succomber, juste une dernière fois, mais Teodor était à la fois une drogue et un poison. Elle en redemandait et elle le rejetait. Et puis, Rowan l’avait insulté. Il avait remis en cause ses choix, sa liberté, et même si Cassandre la haïssait pour cela, il avait réussi à lui faire prendre conscience qu’elle faisait n’importe quoi. Azarov était mauvais pour elle. Mais elle mentirait si elle disait qu’elle ne s’inquiétait pas pour lui. Elle le détestait, mais elle avait peur pour lui. Et puis, il y avait Rowan. Son meilleur ami de toujours pour qui elle avait longuement eu le béguin. Elle n’avait jamais vraiment pensé à de l’amour entre eux, parce qu’elle avait peur qu’il se moque d’elle. Ils étaient comme frères et sœurs. Et pourtant, Rowan avait changé. Depuis la fin de la guerre, c’était différent entre eux, mais Cassandre ne voulait pas y croire. Alors elle le provoquait, comme elle faisait toujours.
Les mots et les coups étaient violents. Rowan projeta Cassandre contre le mur des cachots. Elle sentit la pierre cogner contre ses os. Il aurait pu la casser en quelques secondes. Il ne cessait que de la plaquer contre le mur et de la ramener vers lui, comme les vagues sur une plage. « MAIS OUVRE LES YEUX ! » La violence. La haine. La colère. « Tu veux savoir ce que c’était ta surprise ? Tu la veux ? » La peur. L’appréhension. La maladresse.
Et puis le noir. Rowan l’attrape et l’attire contre lui. Elle sent le parfum de la colère contre son cou. Elle sent presque battre son cœur. Et il l’embrasse. Sans amour. Sans tendresse. Avec toute la violence et la hargne qui traverse son cœur. Un baiser qui fait mal, qui empêche d’avancer, qui ne signifie rien. Et pourtant, Cassandre en est bouleversée, retournée. Elle s’est déjà imaginée plusieurs fois embrasser Rowan, mais elle n’a jamais pensé à ce genre de scène. Il a mal. Il lui transmet sa douleur, c’est elle qui en est la cause, parce qu’elle n’a jamais rien compris. Qu’elle a toujours été égoïste. Cassandre se prend une claque. « Je te regardais parce que la seule que je regarde depuis des mois, c’est toi. » Il se recule mais Cassandre est incapable de dire quoi que ce soit. Il la plaque à nouveau contre le mur, mais elle est incapable de sentir quoi que ce soit. « Tu peux me détester autant que tu veux, Cassandre, mais tu ne peux pas dire que je mens. » Et elle le crut. Elle savait qu’il ne mentait pas, en fait elle le savait depuis le début. Elle avait voulu jouer et elle s’en était mordue les doigts. Sa colère l’avait aveuglé. Il ne voulait pas la contrôler, il voulait l’aimer. C’était si fort qu’elle en avait le tournis. Mais elle n’était pas à la hauteur.
Cassandre baisse le regard, elle ne peut pas voir la déception dans ses yeux. Elle essaie de réfléchir, comment réagir à ce genre de déclaration ? Est-ce qu’il l’aime ? Est-ce que c’est réel ? Elle n’arrive pas à avoir les idées claires. Elle se rend compte qu’il l’a beaucoup trop violenté. Mais elle ne peut pas oublier, elle ne veut pas effacer ses paroles, ses gestes. Elle veut tout garder pour elle. Il l’a détruite en mille morceaux. Elle lève les yeux, et elle laisse les larmes, les armes. Elle laisse tout couler, tout inonder. Il a dévasté son cœur. Elle se rend compte qu’à côté, Teodor n’a fait que tâter le terrain. Rowan lui remet en doute tout ce en quoi elle croyait. Si il l’aimait, pourquoi était-il toujours fiancé ? Pourquoi n’a-t-il pas essayé de la retrouver après la guerre ? Si il l’aime, pourquoi lui a-t-il caché tant de choses ? Zoella… et beaucoup d’autres sans doute. Les larmes ne peuvent plus s’arrêter, et Cassandre se sent défaillir. Elle qui n’a jamais été faible, elle est au bord de l’évanouissement. Elle trébuche et tombe lentement, vers les enfers, vers ses enfers. Elle attrape les mains de Rowan et avant de fermer les yeux elle murmure. « Je te déteste. » On dit tomber amoureux.
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