caswan ⊹ everything is dying

Depuis quelques jours, Rowan était de retour à Poudlard. Il ne se sentait pas encore vraiment prêt à reprendre les cours, mais il n’avait pas eu le choix. Ses parents avaient voulu qu’il devienne auror, il était donc inscrit en GISIS sécurité magique. Il n’était même pas sûr d’avoir un assez bon niveau pour devenir celui que ses parents souhaitaient qu’il soit. Certes, devenir auror l’intéressait, mais puisqu’il s’agissait de faire plaisir à ses parents, il ignorait s’il irait jusqu’au bout. Il le fallait toutefois, s’il voulait qu’ils lui fichent la paix. Il fallait qu’il leur donne au moins un élément de satisfaction pour qu’ils le laissent plus ou moins tranquille sur le reste. Comme l’idée de trouver une fille de sang pur parmi les nouvelles des pays étrangers. Quelle idée conne. Rowan n’avait toujours pas fait le deuil de Zoella alors qu’il l’avait perdu depuis un an et demi. Il n’avait pas fait le deuil de l’amour qu’il lui avait accordé. L’amour, c’était terminé. Il ne voulait plus sentir son cœur exploser à nouveau. Rowan posa sa main sur son bras, où le tatouage du nom de Zoella était gravé sur sa peau. Personne ne pouvait le voir, il portait son uniforme, mais à jamais il se souviendrait d’elle pour honorer sa mémoire. Elle lui manquait tellement. A jamais il regretterait de ne pas avoir pu lui dire au revoir. Ses parents finiraient un jour ou l’autre par le payer. Il ignorait encore comment, mais il leur ferait payer. En attendant, il fallait qu’il change. Il fallait qu’il arrête de mettre ses amis en danger. Il fallait qu’il devienne irréprochable pour ses parents. Vendredi soir, les cours de GISIS sécurité magique de la journée allaient bientôt se terminer. Rowan avait eu du mal à se concentrer ces dernières heures, il n’avait qu’une envie : aller fumer. Il n’avait pas pu sortir pour en fumer une depuis le déjeuner et il était sur les nerfs. Il n’avait pas encore pris l’habitude de ne pas pouvoir prendre sa bouffée de nicotine quand il le voulait et cette semaine de rentrée avait été difficile. En plus les nouveaux élèves étaient tous plus énervants les uns que les autres à vouloir être les meilleurs ou vouloir faire connaissance. Comme il ne les connaissait pas encore, il ne voulait pas trop s’approcher d’eux. Déjà dans son dortoir, il devait apprendre à en accepter un certain nombre, dont Skye avec qui il n’avait pas du tout accroché dès qu’il avait ouvert la bouche.

Enfin, la fin du cours arriva et Rowan jeta toutes ses affaires dans son sac et fut l’un des premiers à quitter la salle. Quand il passa la porte, il y avait déjà du monde dans le couloir, d’autres classes de GISIS avaient dû se finir en même temps que les leurs. Dans la précipitation, Rowan heurta quelqu’un, il exprima machinalement son mécontentement : « Regarde où tu vas ! » Il réalisa alors bien vite qu’il connaissait cette personne, qui l’avait d’abord regardé avec de grands yeux avant de se détendre : Maddox Berkeley. Ils se connaissaient depuis leur première année et pour être honnête, ils s’étaient toujours plutôt bien entendus malgré les origines du garçon. Rowan n’y avait jamais prêté attention. Jusqu’à maintenant. Parce qu’il savait très bien d’où venait Maddox. « Rowan, ça fait longtemps ! » Lui dit le Serdaigle en lui tendant son bras pour qu’ils se serrent la main comme Rowan le lui avait appris. Mais Rowan serra les dents et bougea pas. Ils restèrent un instant à se regarder en silence, avant que le né moldu ne baisse le bras sans comprendre. « Tu ne crois quand même pas que j’allais toucher un sang de bourbe… volontairement. » Lança-t-il à Maddox sans ciller. Quelques regards se tournèrent vers eux quand les derniers mots furent prononcés. Il était aujourd’hui très mal vu, après la guerre, d’afficher sa haine des nés moldus. Maddox blêmit, il ne reconnaissait pas son ami et commença instantanément à se méfier. Rowan se fit alors pousser. Il tourna la tête et vit Flynn. « Tu te prends pour qui, Rowan ? Tu crois qu’un petit con comme toi peut insulter les autres sans qu’on lui dise rien ? Qu’est-ce qui t’es arrivé cet été ? T’as suivi un stage en conneries ? » Avec Flynn aussi, Rowan avait toujours été plus ou moins en bons termes. Mais il était temps de tourner la page. « Et toi, t’as enfin décidé de déclarer ta flamme au sang de bourbe ? » Rowan ignorait si c’était à nouveau l’utilisation de l’expression insultante ou l’insinuation, mais Flynn démarra au quart de tour et très vite, les deux élèves du même cursus et dortoir se retrouvèrent par terre à se donner des coups d’une rare violence. Plus Flynn le frappait et plus la colère en Rowan se libérait. Pour la première fois depuis la rentrée, il se sentait dans son élément. Il rendait les coups comme si celui qu’il cognait n’avait jamais été son ami.

« Qu’est-ce qu’il se passe ici ? » Demanda le professeur de sécurité magique en les séparant d’un coup de baguette. Personne ne parla. Personne n’osait rien dire. Rowan lança un regard noir à Flynn, qui lui fut retourné. Dire qu’il devait partager son dortoir avec cet idiot qui ferait mieux de se mêler de ce qui le regardait. « Levez-vous. » Ordonna le professeur avant d’ajouter à l’adresse des autres : « Et vous, dispersez-vous, ce n’est pas un spectacle. » Le professeur ajouta à l’adresse de Rowan et Flynn. « Je vais mettre ce différend sur le compte de la rentrée, mais si je vous y reprends, vous ne vous en sortirez pas aussi facilement. A votre âge, vous devriez vous serrer les coudes. Serrez-vous la main. » Les deux s’exécutèrent tout en tentant de broyer la main de l’autre. Le professeur arrangea un peu ses élèves à l’aide de quelques sorts. Puis, Flynn s’éloigna avec Maddox. Et quand Rowan se retourna, il aperçut Cassandre. Il ignorait depuis combien de temps elle était là et ce qu’elle faisait au sixième étage. Depuis la rentrée, ils s’étaient croisés, mais n’avaient pas encore eu le temps de passer un moment ensemble, ou plutôt, Rowan n’avait pas été vers elle. Il avait l’appréhension de ne pas retrouver celle qu’il avait connu avant, ce qui était compréhensible puisqu’il avait lui-même beaucoup changé. Mais quand il vit son regard, ces yeux qu’il avait toujours admirés, il s’approcha d’elle et la pris dans ses bras, réalisant qu’elle était toujours là, vivante. Elle était toujours sa meilleure amie. Du moins, il l’espérait. La serrer contre lui évacua un instant sa colère, puis il se souvint que s’il n’était pas allé la voir, sous la pression de ses parents cette année où Poudlard était fermé, elle non plus n’avait pas cherché à le contacter. Ils ne s’étaient pas non plus quittés en très bons termes. Où en étaient-ils à présent ? Rowan desserra son étreinte.

D'un geste furtif, Cassandre fit passer une mèche de ses longs cheveux décolorés derrière son oreille, puis resserra l'étreinte qu'elle avait sur ses bouquins en les rapprochant davantage de sa poitrine. Elle détestait déambuler dans les couloirs à cette heure-ci, alors que tous ses camarades étaient déjà en train de flâner pour le week end, mais elle n'avait pas vu le temps passer tandis qu'elle étudiait à la bibliothèque, réalisant deux devoirs importants que certains que ses professeurs lui avaient demandé de faire, le jour pour le lendemain, évidemment. Avec son année de retard, elle ne pouvait pas se permettre les mauvais résultats, alors il fallait qu'elle se mette à la tâche pour éviter de se retrouver sans ASPIC à la fin de l'année. Cette école essayait visiblement de ruiner le peu de vie sociale qu'elle avait - bien qu'au fond, ça ne la dérangeait pas plus que ça. Au moins, ça lui donnait une bonne excuse pour éviter au maximum Rowan et ne plus affronter son regard de chien battu et son air si attristé. Elle détestait quand il jouait avec ses sentiments aussi facilement. Il était apte à la manipuler en levant simplement le petit doigt et, pendant longtemps bonne poire des petits jeux égoïstes de monsieur, elle avait décidé d'y mettre fin en coupant les ponts. Était-ce réellement ce qu'il s'était passé ? La guerre avait transformé chaque sorcier, chaque élève, chaque homme, et Rowan en faisait partie. Mais ils s'étaient perdu de vue, tous les deux. Bien sûr, c'était plus difficile qu'elle ne l'aurait voulu, Rowan avait été son seul ami et pilier durant toutes ces années, son partenaire de crime. Il était irremplaçable. Même si elle continuait à croire qu'il était possible pour elle de tirer un trait sur lui si facilement.  Malgré tout ce qu'ils avaient fait ensemble, malgré tout ce qu'ils avaient partagé. Elle ne suffisait pas et ne suffirait jamais. C'était l'impression qu'elle avait, et Cassandre avait implosé. Vivre dans l'espoir et le mensonge aussi longtemps avait laissé des traces. Après tout ce qu'elle avait vécu pour le retrouver, pour revoir à nouveau son visage... La guerre, la fuite, la cachette. Tout ça pour quoi ?

Ses pas la menèrent presque automatiquement devant la salle commune. Parce qu'elle avait eu l'habitude d'y aller pratiquement tous les jours après la fin des cours. Elle espérait y retrouver son quotidien, celui qu'elle avait avant toute cette merde qu'il y avait eu avec Voldemort. Elle s'arrêta devant le passage secret qui y menait, hésitante à l'idée d'y aller, n'étant pas sûre des personnes qu'elle croiserait ou non. Cassandre évitait beaucoup de personnes depuis quelques temps, sa liste ne cessait de s'allonger et beaucoup de Gryffondor y figuraient, elle mettait ça sur le coup du retour à Poudlard, le contrecoup. Mais en fait, c'était surtout parce que c'était elle qu'on évitait. C'était lui qui l'évitait. Elle n'avait pas spécialement envie de jouer la comédie ce soir et de prétendre être une personne qu'elle n'était pas. Tout ce qu'elle voulait, c'était être seule. Ainsi, elle s'apprêta à faire demi-tour pour poser ses affaires dans un coin et se vider la tête avec une cigarette magique, mais elle aperçut tout un groupe d'élèves pas très loin d'elle, riant aux éclats, baguettes à la main. Lâches. Ils s'en prenaient toujours à plus faible qu'eux ou s'arrangeaient pour que le combat ne soit pas équitable. Le sang lui monta à la tête et Cassandre fit un pas dans leur direction, prête à leur donner une bonne correction. Quand elle s'approcha, la voyante remarqua alors que ce n'était pas une humiliation qui se déroulait là, mais une bagarre. Elle resta à l'écart, parce qu'elle n'avait plus aucune raison d'intervenir, elle avait vu qui étaient les protagonistes de ce combat. Deux Gryffondors. Et Rowan était l'un des deux. Elle observa toute la scène, jusqu'à ce que le professeur les sépare et intervienne. Elle avait honte de lui, de son meilleur ami. Et quand il se leva enfin, et qu'il se retourna vers elle, elle vit dans son visage une expression d'effroi. Il ne pensait pas la trouver là, et elle non plus d'ailleurs. Elle allait lui cracher tout ce qu'elle pensait au visage, parce qu'elle était comme ça Cassandre, mais c'est là qu'il s'avança vers elle, pour la prendre dans ses bras. Il l'enlaça, et Cassandre ferma les yeux, elle ne pouvait plus lutter. Elle posa sa tête contre l'épaule de son meilleur ami, celui dont elle n'avait quasiment pas eu de nouvelles en deux ans. Celui qui avait toujours fait partie de sa vie, et qui avait disparu d'un seul coup. Elle se laissa aller à cette douce étreinte, mais ne put pas la lui rendre. Elle avait besoin de réponses. Et lui aussi, sans doute. Quand il s'écarta, elle passa aussitôt à l'attaque. « Salut. Tu es un bagarreur maintenant ? » elle lui fit un clin d'oeil, mais au fond, elle ne comprenait pas pourquoi il avait agit ainsi. Cela ne lui ressemblait pas. Rowan n'était pas violent avant, avait-il tant changé que ça ? « Après tout... je me suis bien fiancé. » ajouta-t-elle sur un coup de tête. Elle voulait lui montrer qu'elle lui en voulait de ne pas avoir pris de ses nouvelles. Il n'avait même pas essayé de venir la voir à Cork. Elle ne comprenait pas. Pourquoi était-il si distant ? Alors, il fallait le faire réagir, et quoi de mieux que d'inventer une petite histoire pour le pousser à parler. Elle leva une main vers lui pour estimer les dégâts de ses blessures. « Tu vas avoir un joli bleu. » dit-elle en frôlant sa pommette droite.

Séparés par le professeur, Rowan et Flynn avaient terminés la bagarre en se lançant des regards noirs. Si un regard avait pu tuer, ils seraient sûrement morts. Rowan n’était pas entièrement satisfait de cette issue. Il n’avait pas assez frappé. Il n’avait pas assez reçu de coups. Ils avaient été séparés trop tôt. Il regarda Flynn s’éloigner avec l’envie de le rattraper et s’en finir. Mais son regard tomba sur Cassandre. La colère le quitta quelques instants quand il s’approcha de sa meilleure amie pour la serrer contre lui, elle et ses livres, avant qu’elle n’ait la chance de réagir. Il sentit la tête de son amie d’enfance se poser contre son épaule. Tout comme Rowan, les pensées devaient se bousculer dans la tête de Cassandre. Ils avaient tant de choses à rattraper, tant de choses à mettre au point et à se raconter. Quand il mit fin à l’étreinte, il savait que le moment qu’il avait tant redouté depuis la rentrée était arrivé. « Salut. Tu es un bagarreur maintenant ? » Dit-elle avec un clin d’œil et légèreté. Il sentait qu’elle n’exprimait pourtant pas totalement le fond de sa pensée. Rowan ne répondit rien dans un premier temps. Il avait changé. Allait-elle le comprendre ? Allait-elle accepter celui qu’il était forcé de devenir ? Puisque ce n’était pas la première bagarre qu’il avait provoquée cette semaine, il fallait se rendre à l’évidence : oui, il était un bagarreur maintenant. Cette bagarre ne serait pas non plus la dernière. Cassandre ajouta à son égard : « Après tout... je me suis bien fiancée. » Abasourdi, Rowan leva un sourcil. Elle mentait. Il savait qu’elle mentait et pourtant, il avait mal. Elle ne pouvait pas lui balancer cette nouvelle dans la figure ainsi. Il scruta son visage à la recherche de la vérité. Si elle s’était fiancée, il l’aurait su. Belladona l’aurait su. Elle lui en aurait parlé. Rowan ne savait pas comment réagir. Il n’aimait pas cette nouvelle. Il n’aimait pas l’idée qu’elle soit fiancée à quelqu’un. Il avait toujours été possessif avec elle. Il savait bien sûr qu’elle ferait un jour sa vie avec quelqu’un, il voulait qu’elle soit heureuse, mais il voulait avoir son mot à dire. C’était peut-être égoïste, mais il ne pourrait pas supporter de ne pas s’entendre avec le futur mari de Cassandre. Il comptait la garder à ses côtés pour toujours. Son cœur se serra quand il pensa à Zoella. Il aurait aimé la présenter officiellement à Cassandre. Rien ne s’était déroulé comme prévu. Cassandre leva une main vers le visage de Rowan, frôlant sa pommette, le faisant légèrement grimacer à la douleur, qui avait été atténuée par le professeur, mais toujours présente. « Tu vas avoir un joli bleu. » C'était probable. Rowan n’arrivait pas à retirer les mots de la Gryffondor de la tête. Il leva à son tour la main vers celle de Cassandre et enferma doucement ses doigts dans les siens sans pour autant éloigner sa main de son visage. Rowan serra les doigts de sa meilleure amie avec une certaine tendresse alors que cette même main avait quelques minutes plus tôt frappé Flynn avec une violence inouïe.

« Mais moi aussi, Cassandre, je suis content de te revoir, content que tu sois toujours en vie. » Prononça-t-il avec un sarcasme non dissimulé parce que c’étaient les mots aurait aimé entendre quand elle avait ouvert la bouche. Mais ils étaient trop cassés pour se dire de telles choses. Et s’ils avaient dû se les dire, il aurait été logique que ce soit à la fin de la guerre, quand elle était rentrée chez elle et lui chez lui. Mais il ne voulait pas se prendre la tête avec Cassandre. Ce qu’il souhaitait réellement, c’était connaître la vérité sur ce qu’elle venait de lui confesser quelques minutes plus tôt. Rowan relâcha la main de Cassandre. « Tu t’es vraiment fiancée ? » Demanda le Gryffondor avec un air détaché pour faire croire qu’il n’était pas aussi affecté par la nouvelle qu’il ne l’était réellement. Il se mit à sourire, comme pour se moquer d’elle, mais sourire lui faisait mal à la pommette où il allait avoir un bleu. « J’aimerais bien savoir avec qui… » Rowan la taquinait d’une certaine façon comme il l’avait toujours fait, comme il taquinait aussi ses sœurs. Mais il voulait vraiment savoir avec qui. Et le sorcier n’était pas content, derrière ce sourire de façade. Il n’était pas content d’avoir raté une étape si important de la vie de sa meilleure amie. Il n’était pas content, sans réaliser à quel point et pour quelle raison. Son visage commença à s’assombrir un peu. « Sérieusement… avec qui ? » Si Cassandre ne lui mentait pas, il espérait au moins que ce jeune homme serait à sa hauteur. Mais l’idée que la famille Blackwood accepte un étranger, mais toujours pas lui après toutes ces années, même en tant qu’ami de leur fille, lui fit ressentir une grande rage intérieure. Et il n’y avait pas que cette idée-là qui le dérangeait au fond. En regardant Cassandre, Rowan se demandait ce qu’il avait pu rater de la vie de sa meilleure amie depuis l’arrivée au pouvoir du Seigneur des Ténèbres, la fin de la guerre des sorciers et l’année de reconstruction du château. Il avait bien eu Zoella sans qu’elle ne le sache, elle aurait très bien pu s’appuyer sur quelqu’un sans qu’il ne soit au courant non plus.

Un long moment de silence passa; où Cassandre resta interdite, laissant ses souvenirs prendre le dessus sur elle-même. Elle entraperçut leur rencontre, à Cork, une belle journée d'été, puis la longue promenade qu'ils avaient entamés près du fleuve, tout en savourant chaque petit brise d'air qui caressaient leur visage, si parfait. Cassandre avait l'impression d'être revenue dans le passé, d'avoir fait un bond de près de 60 ans, assistant à ce spectacle où à la fin de cette journée, ils avaient décidés de devenir les meilleurs amis du monde, sous un arbre. Un chêne si ses souvenirs étaient exact. Elle se souvint ensuite être rentrée chez elle, après ce délicieux moment et avait bien-entendu mentit à ses parents, parce qu'ils avaient dit qu'ils ne pourraient pas être amis. Puis, ils s'étaient revu, le lendemain, le surlendemain, encore et encore, n'ayant pas de secrets l'un pour l'autre, sachant de quels natures ils étaient tous les deux. La sorcière se souvint même avec émotion des soirs où Rowan venait lui rendre visite dans sa chambre, il se cachait dans le sous-bois du manoir, attendant que Cassandre sorte sur son balcon pour l'apercevoir quelques minutes. C'était romantique, et pourtant, ils n'étaient qu'amis, ils n'avaient toujours été qu'amis. Alors pourquoi Rowan avait froncé les sourcils, l'air contrarié, quand elle avait parlé de fiancé. Au fond d'elle, Cassandre était satisfaite de son effet, mais cela ne faisait qu'augmenter les questions qu'elle avait déjà en tête. Si il l'aimait, pourquoi n'avait-il pas essayé de la revoir après la Guerre ?

Tout ses souvenirs qui se mélangeaient dans une sorte de vague émotionnelle laissait Cassandre complètement pantoise devant cette situation. Jamais avant aujourd'hui, elle n'aurait repensé voir Rowan agir ainsi, si violent, et si doux à la fois, et de le voir aussi proche d'elle en cet instant lui rappelait tous ses merveilleux moments passés ensemble. Il leva la main pour lui caresser la joue, dans un geste de tendresse. Un geste qui par le passé aurait été considéré comme une simple marque affective, comme un grand frère avec sa sœur, mais elle prenait un tout autre sens aujourd'hui. « Mais moi aussi, Cassandre, je suis content de te revoir, content que tu sois toujours en vie. » Cassandre baissa les yeux. Elle s'en voulait, parce que c'était sa faute, à elle aussi, si ils n'avaient pas eu de nouvelles l'un de l'autre. Les lettres, elle les avait écrites, mais jamais envoyés. Elle s'en voulait. Et lui aussi sans doute. Ils étaient tous les deux plein de remords, et pourtant heureux de se retrouver. Il lâcha sa main et elle crut déceler dans son regard que c'était à contrecoeur. « Tu t’es vraiment fiancée ? » Son petit manège avait eu l'effet escompté. Même si il avait l'air détaché, Cassandre voyait bien que Rowan n'était pas enchanté par cette nouvelle.  « J’aimerais bien savoir avec qui… » Cassandre eut envie de lui parler de Teodor. Ce beau moldu qu'elle avait rencontré cet été sur le Chemin de Traverse, mais étant donné l'attitude qu'il avait eu avec Flynn, et ses paroles, elle n'osa pas lui en toucher un mot. Depuis quand était-il devenu aussi détestable quand il s'agissait de la pureté du sang ? Ses parents lui avaient-ils fait un lavage de cerveau ? Cassandre savait qu'ils ne pourraient pas en parler tout de suite, mais son tour viendrait.  « Sérieusement… avec qui ? » La voyante n'eut pas besoin d'une vision pour comprendre que Rowan perdait patience. Elle vit l'inquiétude dans son regard. Alors, elle rattrapa la main de son meilleur ami, celle qui lui avait caressé le visage un peu plus tôt. « Eh bien voyons, tu as oublié notre promesse ? Je te rappelle que depuis que nous avons huit ans, nous nous sommes engagés pour finir nos jours ensemble petit con. Et même si tu m'as évité depuis deux ans, j'ai bien l'intention d'honorer cette promesse ! » Comme toujours, Cassandre tournait les choses en dérision. Elle ne voulait pas lui faire du mal, elle voulait juste comprendre. Elle éclata de rire, et laissa celui-ci résonner dans l'air quelques secondes. Puis, elle reprit un visage un peu plus sérieux, pour reprendre la parole. « Sérieusement, tu crois vraiment que je me serai fiancée sans t'en parler ? Voyons... n'échange pas les rôles. C'est toi qui m'évite, pas le contraire. » Cassandre sait bien que ses dernières paroles auront pour effet de contrarier Rowan, mais elle a besoin de le confronter à la réalité. Qu'est-il devenu ? Que sont-ils devenus ?

Les retrouvailles étaient un peu maladroites, voire étranges, entre ces deux meilleurs amis qui s’étaient trop longtemps perdus de vue. Entre les regrets, l’appréhension de retrouver ou non ce qu’ils avaient perdu, et la joie de retrouver l’autre, Rowan et Cassandre partageaient des émotions qu’ils pouvaient difficilement dissimuler. Et là, Cassandre venait de semer le doute dans son esprit. Elle lui apprit qu’elle était à présent fiancée. Rowan n’était pas totalement convaincu, mais à l’infime possibilité que ce soit vrai, sa curiosité et sa jalousie prirent le dessus. Il s’impatientait et tenait à savoir avec qui Cassandre comptait se marier sans qu’il n’ait été tenu au courant. Il demandait à le savoir, mais en même temps, il n’y tenait pas vraiment. A ce moment-là, la Gryffondor prit sa main et la serra doucement. « Eh bien voyons, tu as oublié notre promesse ? Je te rappelle que depuis que nous avons huit ans, nous nous sommes engagés pour finir nos jours ensemble, petit con. Et même si tu m'as évité depuis deux ans, j'ai bien l'intention d'honorer cette promesse ! » Le sorcier avait presque oublié cette histoire, mais maintenant que Cassie en parlait, elle commençait à lui revenir en mémoire. Sauf qu’ils n’étaient que des enfants à cette époque et qu’ils s’étaient fait ce serment innocemment, comme si le mariage était la seule solution pour rester meilleurs amis à jamais. Aujourd’hui, c’était différent. Bien sûr, Rowan avait à présent compris qu’elle se moquait de lui depuis le début. Cassandre rigolerait moins s’il lui faisait vraiment tenir cette promesse de fiançailles pour se venger. Cependant les fiançailles seraient à l’encontre de leurs familles, c’était peut-être un peu trop pour une simple histoire de vengeance. Le brun n’avait pas réagi quand elle l’avait appelé petit con parce qu’elle l’avait appelé par tellement de noms qu’il ne lui en tenait pas compte. Si ça n’avait pas été Cassandre face à lui, ce serait une différente histoire. Dans la bouche de sa voisine, c’était presque un surnom affectif. « Sérieusement, tu crois vraiment que je me serais fiancée sans t'en parler ? Voyons... n'échange pas les rôles. C'est toi qui m'évite, pas le contraire. » Ce que disait Cassandre était presque risible. Quelque peu contrarié, Rowan lâcha la main de la jeune femme une nouvelle fois. Et cette fois, Rowan mit ses mains dans ses poches, comme ça, la question était réglée. Cassie ne pouvait pas essayer de l’amadouer avec ses gestes de tendresse. « Je crois qu’on est tous les deux à blâmer. » Cassandre ne pouvait pas le nier. Elle l’avait évité tout autant que lui. Parfois, il se demandait où ils en seraient s’il avait été lui rendre visite dès qu’il avait appris qu’elle était vivante et de retour à Cork. Rowan ne l’avouerait pas, mais il était allé deux ou trois fois dans les sous-bois, près de son balcon, et avait hésité à grimper et frapper à sa fenêtre. Mais à cette époque, il aurait probablement craqué en repensant à la mort de Zoella. Encore aujourd’hui, Rowan ne se voyait pas lui en parler spontanément.

« Si t’étais vraiment si vexée que je ne vienne pas, tu n’avais qu’à venir, toi. Ou m’écrire. » Rowan avait attendu les lettres de Cassandre pendant longtemps. Mais, pas très patient, le sorcier avait fini par abandonner et se dire qu’elle l’avait oublié et qu’il ferait mieux d’en faire de même. Cassandre avait dû penser à la même chose, de son côté. Comme il disait, ils étaient tous les deux à blâmer. Ils étaient responsables de leur éloignement. « Si t’as un petit-ami... je veux être le premier au courant. » Dit-il avec un sourire lointain et un air légèrement pensif. Il était mal placé pour formuler cette demande, puisqu’il n’avait pas parlé de Zoella à Cassandre. Mais pour sa défense, à l’époque où il s’était rapproché de Zoella, c’était explosif entre sa meilleure amie et lui. Et ensuite, c’était trop tard. « Et puis, je réclame un nouveau droit de veto. » Il sortit une main de sa poche et mit une petite pichenette sur le crâne de Cassandre pour appuyer ses propos. Le droit de veto, Rowan l’avait déjà demandé et obtenu très longtemps avant, le jour où elle était sortie avec un gros connard. Il l’avait déjà utilisé depuis. Il s’était toujours permis de commenter les relations de Cassandre, que ce soit avec des mecs ou les amis qu’elle choisissait, parce que depuis qu’ils étaient enfants, il n’aimait pas la partager. Il était impensable pour lui qu’il ne s’entende pas avec le futur mari de Cassandre ou qu’il ne l’approuve pas. Pour lui, de toute façon, personne n’était jamais assez bien pour elle, même en amitié. Sauf peut-être Bell. Elle était bien, comme amie. Le sourire de l’élève s’effaça peu à peu, pour laisser place à une expression plus sérieuse. « Comment tu vas ? » Mille questions se cachaient derrière cette simple interrogation : comment Cassandre avait-elle vécu sa fuite pendant la guerre ? Que s’était-il passé ? Et son retour ? Qu’avait-elle fait cette année ? Avait-elle arrêté de chercher à provoquer ses dons ? Est-ce qu’elle avait perdu des proches, comme lui avec Zoella ? Est-ce qu’elle avait été blessée ? Tant de questions qu’il n’arrivait pas à formuler à voix haute tant cette période était encore douloureuse pour lui.

Ils étaient si différents et pourtant si complices, complémentaires. Quand l'un fonçait tête baissée, l'autre analysait toutes les possibilités. Quand l'un boudait, l'autre avait le sourire jusqu'aux oreilles. Ils s'opposaient sur bien des plans, et pourtant, ils finissaient toujours par se retrouver. Ils se chamaillaient, mais les disputes ne duraient jamais longtemps. Parce qu'il en était ainsi depuis toujours, Cassandre ne tiqua pas quand elle le vit ranger ses mains dans ses poches. Elle l'avait vexé. Elle pouvait le comprendre après tout, il n'y avait que la vérité qui blesse. Elle n'avait pas imaginé les retrouvailles avec Rowan de cette manière, à vrai dire, elle avait passé beaucoup de temps ces dernières semaines avant la rentrée à y penser, mais elle n'aurait rien pu prévoir. Elle aurait adoré qu'ils se rendent à Poudlard ensemble, qu'il la fasse transplaner, parce qu'il devait sûrement avoir son permis, et qu'ils rient comme au bon vieux temps. Mais rien ne se passait jamais comme on l'avait prévu, et elle n'avait pas réussi à braver ses doutes et ses craintes pour le retrouver. « Je crois qu’on est tous les deux à blâmer. » Il n'avait pas tord, et Cassandre serait bête de le nier. Comme avec Bella, elle avait beaucoup de choses à se reprocher, mais elle ne savait pas par quoi commencer. « Si t’étais vraiment si vexée que je ne vienne pas, tu n’avais qu’à venir, toi. Ou m’écrire. » Elle mourrait d'envie de lui répondre qu'elle l'avait fait, mais qu'elle avait eu honte et que c'était pour ça qu'elle n'était pas allée jusqu'au bout. Elle avait eu honte de ne pas avoir été là pour lui l'année où Rogue était directeur. Elle avait eu honte de s'être cachée avec sa famille, même si elle savait que c'était pour sa sécurité, parce qu'ils détenaient de précieuses informations. Mais, pendant qu'elle était en lieu sûr, ses amis se faisaient torturer, et elle se sentait responsable pour cela. Elle avait vu les cicatrices sur le corps de Bell, et Rowan, en avait-il lui aussi ? Comment pourrait-elle se pardonner ? Comment pourraient-ils lui pardonner ? Car elle savait qu'ils lui en voulaient. Bell l'évitait elle aussi, mais elle semblait éviter tout le monde. Leur trio ne pourra plus exister, plus après la guerre, et Cassandre ignorait comment se relever. Mais comme si Rowan avait déceler ses pensées, il changea à nouveau de sujet. « Si t’as un petit-ami... je veux être le premier au courant. » Cassandre se met à rougir. Elle se demande si elle doit lui parler du moldu de Londres, mais elle se dit que ce n'est rien, que cela ne signifie rien, et qu'il n'a pas besoin de tout savoir. « Et puis, je réclame un nouveau droit de veto. » À ces mots, Cassie éclate de rire. Et Rowan rit lui aussi. Un petit temps suspendu qui les apaise tous les deux. Mais la tempête n'est jamais loin.

Une fois qu'ils ont repris leur sérieux, Rowan la regarde tristement et inquiet. « Comment tu vas ? » Alors Cassandre retient son souffle. Elle hésite à soupirer, mais elle n'a aucune raison de le faire. Elle n'a pas à se plaindre, elle n'est pas malheureuse, elle n'a perdu personne pendant la guerre, personne à part des amis, des proches, mais sa famille est toujours en vie. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Elle a pu se remettre doucement du traumatisme de la bataille, elle a passé quelques semaines à Sainte-Mangouste, puis elle a passé l'année suivante à voyager. Elle en avait grandement besoin. Elle est allée en Europe de l'est, en Europe du Sud, elle a découvert des endroits magnifiques, tout cela elle l'a fait quelques mois, puis elle est revenue à la réalité. Elle est rentrée à Cork, auprès de sa famille. Ils avaient déjà réfléchis pour elle au sujet de ce qu'elle pourrait faire plus tard. Auror, elle suivrait les pas de son père. Après tout, les Blackwood avaient réussis à donner un grand coup de main au ministère, grâce à leur don de voyance. Mais Cassandre ignorait si elle voulait vraiment être Auror. Pendant ses voyages, elle avait oublié qu'elle était sensé être voyante, sensé voir l'avenir. Ce n'était toujours pas le cas, mais il fallait qu'elle y parvienne. Pour elle, pour sa famille, pour tous ceux qui étaient morts. Alors, elle avait recommencé à faire ce qu'elle savait faire le mieux : se mettre en danger. Et la rentrée était arrivée... « Je t'ai écris, vraiment... plein de fois. Mais j'ai jamais réussi à envoyer les lettres, j'avais peur. J'avais honte. Je vous ai abandonné un an, la pire année, et je me sentais tellement coupable. J'ignorais si tu me pardonnerais. J'ignore si je pourrais me pardonner un jour... Et puis je suis partie après la guerre. » La jolie sorcière lui raconte tout. Elle se met à lui parler de ses voyages, de la fameuse auberge où elle a rencontré des gobelins, des fabuleuses créatures qu'elle a croisé sur sa route, des fées qui lui ont joué des tours, de la fois où elle a perdu toutes ses affaires, et puis de Londres. Mais elle ne parla pas du fameux moldu qui avait eu son cœur quelques secondes. Elle ne voulait pas en parler, ça resterait son jardin secret. Pendant le récit, Cassandre s'était adossé contre le mur, elle glissait contre lui petit à petit, puis finalement, elle s'assit sur le sol. Elle tendit la main pour que Rowan la rejoigne et lui lança : « Je ne pourrai pas te dire si ça va. Je crois qu'on est tous pareil... Revenir à Poudlard après tout ça c'est... ça chamboule quoi. Et toi ? Je veux tout savoir ! » Elle plongea ses yeux clairs dans ceux chocolat de son meilleur ami. Le retrouver était la plus belle chose qui pouvait lui arriver.

Après les retrouvailles un peu légères, à se taquiner, à se tester, il était temps de passer aux choses sérieuses. L’année où Cassandre n’était pas là, Rowan s’était demandé de nombreuses fois si elle allait bien, où elle était, ce qu’elle faisait. Il aurait aimé qu’elle trouve un moyen de lui écrire, comme l’avait fait Zoella. Il aurait aimé avoir juste un petit signe. Avec le temps, il avait fini par arrêter de se torturer en se demandant si elle était toujours vivante. Rowan avait perdu Zoella si vite qu’il n’aurait pas supporté apprendre qu’il était arrivé quelque chose à Cassandre. Après la bataille finale, il avait appris que Cassandre était vivante. Ce fut un soulagement. Aujourd’hui, il était temps qu’ils en discutent enfin. « Je t'ai écrit, vraiment... plein de fois. Mais j'ai jamais réussi à envoyer les lettres, j'avais peur. J'avais honte. Je vous ai abandonné un an, la pire année, et je me sentais tellement coupable. J'ignorais si tu me pardonnerais. J'ignore si je pourrai me pardonner un jour... » Rowan n’en avait jamais voulu à Cassandre d’avoir fui. Il savait qu’elle n’avait pas eu le choix, qu’elle était en danger. Il voulait la protéger, pas la mettre en danger. Elle non plus ne devait pas avoir vécu des choses faciles. Mais il ne dit rien. Il ne dit rien parce qu’elle avait besoin de vider son cœur et que s’il l’interrompait, peut-être qu’elle n’oserait pas tout lui raconter en détails. Même si elle ne lui avait pas écrit, il n’avait pas le droit d’être en colère après elle. « Et puis je suis partie après la guerre. » Cassandre avait voyagé, lui aussi, mais beaucoup moins loin qu’elle. Il voulait juste passer un peu de temps seul. Il ne s’était pas trop éloigné de Cork. Elle raconta les nombreuses aventures qu’elle avait vécu, le brun écouta attentivement tout en aillant un petit pincement au cœur car ils auraient pu vivre ces péripéties entre meilleurs amis. Acceptant la main tendue par la Gryffondor, Rowan vint la rejoindre. Il s’installa juste à côté d’elle, contre le mur, où il appuya sa tête quelques secondes. « Je ne pourrai pas te dire si ça va. Je crois qu'on est tous pareil... Revenir à Poudlard après tout ça c'est... ça chamboule quoi. » Rowan acquiesça en silence. Ils avaient tous été affectés à leur façon. Il pouvait comprendre qu’elle ne puisse pas affirmer aller bien. Il ne le pourrait pas non plus sans mentir. « Et toi ? Je veux tout savoir ! » Rowan détourna le regard. Il savait qu’il n’arriverait pas à parler de Zoella. C’était encore un sujet très délicat à aborder. Pourtant, Cassandre méritait d’être au courant de l’histoire qu’il avait vécu. C’était un passage important de sa vie. Le brun passa son bras autour des épaules de sa meilleure amie et l’attira vers lui sans lui laisser le choix. Il se demanda si elle avait déjà parlé à Belladona et ce qu’elle lui avait dit. Le Gryffondor avait fait promettre à Bell de ne rien raconter à Cassandre, que ce soit au sujet de Zoella ou de l’autre secret qu’ils partageaient.

« Moi ? Je suis encore vivant. Ornella et Maelys vont bien. Tu vas bien. C’est tout ce qui compte. » Rowan mentait. Et Cassandre ne pouvait pas voir son visage car il l’avait collée à lui. Elle aurait su qu’il mentait, si elle l’avait vu. Elle le connaissait par cœur. Mais tous les deux avaient perdu des amis, alors prétendre aller bien ne servait pas à grand-chose. Et puis, Rowan avait changé. Beaucoup de choses avaient changé. Il resta silencieux, refusant d’en dire plus sur ce qu’il lui était arrivé pour le moment. Il y viendrait quand il serait prêt. « Je ne peux pas t’en vouloir d’être partie. T’es revenue, c’est l’essentiel… Tu m’as manqué. » Le sorcier déposa un baiser sur le front de sa meilleure amie. Cassandre, la plus précieuse de ses amies, ne pouvait pas disparaître. Rowan avait besoin d’elle, aujourd’hui plus que jamais. Et puis il tenait à dire à Cassandre qu’il était heureux de la retrouver parce qu’il ne savait pas combien de temps ils avaient avant la prochaine dispute. Le calme avant la tempête. Y aurait-il toujours des tempêtes après la guerre, après tout ce qu’ils avaient vécu ? Très probablement. Il espérait que le calme dure un peu plus longtemps rien que pour ces retrouvailles. « J’ai bien essayé d’emmerder Bell deux fois plus que d’habitude, mais sans toi pour nous dire qu’on est des gros gamins, c’était pas pareil… » Le Gryffondor prétendait avoir embêté Belladona, mais en réalité, il l’avait beaucoup soutenue cette année-là. En dehors de ses sœurs, quand Rogue était à la direction de Poudlard, elle était une de ses amies les plus proches au château. Et quand il avait appris la mort de Zoella, Bell avait été là pour lui à son tour. Rowan redevint un peu plus sérieux, mais aussi triste à cause de ces souvenirs. Il prit une inspiration et reprit ce qu’il avait à dire. « Après la guerre… j’ai dû… faire le deuil d’une personne qui comptait beaucoup pour moi. » Deuil qu’il n’avait pas réussi à faire totalement. Il n’arrivait pas à tourner la page. Et comment avouer que Zoella était morte à cause de lui et non à cause de cette guerre ? Il s’en voulait. Il y avait encore tant de choses que Cassandre ignorait. « Enfin… on a tous perdu quelqu’un. » Ajouta-t-il en tentant de minimiser l’impact de ce qu’il s’était passé. Mais c’était bien plus que ce qu’il prétendait avoir vécu. Zoella était morte et il avait bien l’impression qu’une partie importante de lui était morte en même temps qu’elle.

Cassandre avait les yeux brillants, elle mettait ça sur le compte de l’émotion, mais c’était bien plus profond. Comme elle l’avait dit, elle ne savait pas si elle pourrait se pardonner un jour d’avoir déserté. Elle n’avait pas pu faire autrement, car les Blackwood étaient essentiels à la Résistance et l’Ordre du Phénix, et que si elle était retournée à Poudlard, elle serait certainement passée à la casserole. Les Carrow n’auraient pas laissé passer une occasion de la faire souffrir et de l’utiliser comme monnaie d’échange contre des informations sur Harry Potter. Pire, ils auraient pu essayer de faire des expériences sur elle, pour déclencher son troisième œil, chose qu’elle n’avait pas réussi à faire pendant plusieurs années. Non, Cassandre n’aurait pas été la même si elle était venue à Poudlard cette année-là, mais au moins, elle aurait été là pour ses amis. Elle voyait bien que Bell n’était plus la même avec elle, qu’elle était blessée, détruite par ce qu’il s’était passé. Et Cassandre était impuissante. Alors tout ce qu’elle pouvait faire, c’était faire rêver un peu son ami, le transporter ailleurs que dans ses souvenirs si horribles qu’il devait avoir. Parler de ses voyages lui faisait du bien. Et quelque part, elle espérait que cela fasse du bien à son meilleur ami aussi. Cela ne pourrait jamais excuser son absence, mais c’était un début, et ils avaient toute l’année pour se rattraper. Finalement, Rowan se rapprocha d’elle et se laissa glisser près d’elle. Quand il prit la parole, il l’entoura de ses bras chauds, ses bras qui l’avaient si souvent serré quand elle était triste, en colère ou malheureuse. Désormais, les bras de Rowan étaient forts, ceux d’un homme qu’elle n’avait pas vu grandir. « Moi ? Je suis encore vivant. Ornella et Maelys vont bien. Tu vas bien. C’est tout ce qui compte. » Était-ce le même homme que celui qui avait été si violent il y a quelques instants ? Le garçon qui la protégeait ainsi pouvait-il avoir une part de lui si brutale ? Cassandre n’arrivait pas à y croire, et elle se promit de revenir sur le sujet plus tard. Rowan avait toujours été si calme, si doux, elle retrouvait cette part de lui dans ses bras, mais elle ne comprenait pas ce qui avait pu le pousser à être si horrible avec l’autre sorcier plus tôt. Mais Cassandre ne pouvait rien dire, parce qu’à cet instant, elle était parfaitement bien dans les bras de son meilleur ami. « Je ne peux pas t’en vouloir d’être partie. T’es revenue, c’est l’essentiel… Tu m’as manqué. » Et à ce moment-là, elle se rend compte qu’elle ressent la même chose que lui. Il ne lui a pas seulement manqué par sa présence, par son amitié. Mais il lui a manqué physiquement. Elle serre un peu plus son étreinte, se love un peu plus contre lui, comme si elle avait peur qu’il parte. Comme pour la rassurer, il dépose un baiser contre son front. Elle sent alors son cœur s’accélérer.

« J’ai bien essayé d’emmerder Bell deux fois plus que d’habitude, mais sans toi pour nous dire qu’on est des gros gamins, c’était pas pareil… » Cassandre imagine ses deux meilleurs amis sans mal, heureusement qu’ils étaient là l’un pour l’autre pour se soutenir se dit-elle. Bell ne lui a pas pardonné son absence, au cours de la semaine, elle a senti que celle-ci l’évitait. Cassie souhaite lui laisser un peu de temps, mais si elle venait à perdre sa meilleure amie, elle ignorait comment se relever. Soudain, Rowan devient silencieux, Cassie essaye de se dégager pour voir son visage, mais il l’en empêche. Alors, elle comprend qu’il va lui parler de quelque chose de sérieux, et elle attend. Elle attend en caressant ses bras nus, en passant plusieurs fois le long de ses veines. Et enfin, il parle. « Après la guerre… j’ai dû… faire le deuil d’une personne qui comptait beaucoup pour moi. » Cassandre ne s’arrête pas dans ses caresses, mais au fond d’elle, son cœur s’emballe. Ils ont tous souffert de la guerre. Combien de soirées Cassandre a-t-elle passée à écouter la radio magique pour écouter les noms des dernières victimes défiler, en priant pour que le nom de Rowan n’y soit pas ? Un paquet. « Enfin… on a tous perdu quelqu’un. » Mais sa voix tremble. Cassandre ne le supporte plus, elle se lève brusquement pour croiser le regard de Rowan, un regard triste, désespéré. Il s’est passé quelque chose de grave, et la gryffondor a besoin de savoir quoi. « Que s’est-il passé Rowan ? Dis-moi… »  Elle pose sa main sur la sienne et plonge ses yeux clairs dans les siens. Il faut qu’il lui fasse confiance. Il faut que les choses reprennent leur cours. « Je suis là maintenant, tu peux tout me dire, je ne te laisserai plus… Qui as-tu perdu Rowan ? » Mais il fuit son regard. Il semble y avoir la même nuance de colère dans ses yeux que celle de tout à l’heure, quand il s’est battu avec l’autre élève. Cassandre est perdue, elle ignore ce que son ami a pu traverser mais elle veut à tout prix qu’il oublie. Il faut tout oublier.

Avec sa meilleure amie dans les bras, Rowan avait l’impression d’être de retour des années en arrière. Ils discutaient assis par terre comme ils l’avaient souvent fait par le passé. Il se souvenait encore des remarques de certains professeurs disant que le sol n’était pas propre et qu’ils n’avaient qu’à trouver un banc. Souvent, Cassandre et Rowan jouaient les rebelles et quand ils étaient de nouveaux seuls, ils se réinstallaient ailleurs. Qui se soucie d’un vêtement sale ? Ils étaient bien tous les deux, qu’ils soient sur une banc, un sol froid, l’herbe, un canapé, une salle de classe. Peu importe l’endroit, ils trouvaient toujours un moyen de passer du temps ensemble. Serrant Cassandre contre lui, il essaya de lui parler de ce qu’il s’était passé en son absence, mais il n’entrât pas dans les détails des injustices qu’ils avaient pu subir cette année-là. Surtout Belladona, parce que lui s’était plié aux règles la plupart du temps et avait subi peu de tortures. Sa plus grosse épreuve n’avait pas été en lien avec Poudlard, ni avec la grande bataille directement. Ce fût de perdre Zoella. Et le moment d’en parler à Cassandre était arrivé. Elle méritait de le savoir. Il avait envie de lui en parler. Trop de gens étaient au courant alors que sa meilleure amie n’en savait encore rien. Elle aurait dû être la première au courant. Il mit un peu de temps à se mettre à parler, empêchant Cassandre de voir son visage. Il se laissa caresser les avant-bras par son amie d’enfance, révélant quand il fût prêt qu’il avait dû faire le deuil d’une personne qui avait beaucoup compté à ses yeux. Hésitant encore à lui en parler, Rowan laissa traîner la discussion. Mais Cassandre n’était pas dupe, elle le connaissait et savait qu’il cachait quelque chose. Brusquement, elle se dégagea de son emprise et lui fit face. Leurs regards se croisèrent, elle y vit probablement ce qu’il souhaitait dissimuler. « Que s’est-il passé Rowan ? Dis-moi… » Prononça Cassandre avant de poser sa main sur celle de Rowan pour l’inciter à se confier. Il n’aimait pas beaucoup se sentir en position de faiblesse, ni être forcé à parler, mais elle ne voulait que l’aider. Cassie ne le forçait en rien, elle l’incitait. « Je suis là maintenant, tu peux tout me dire, je ne te laisserai plus… Qui as-tu perdu Rowan ? » Le Gryffondor refusa de regarder la jeune femme pendant un instant tant il était difficile de lui en parler. C’était facile de dire qu’elle ne le laisserait plus. Elle le lui avait dit avant, qu’elle ne l’abandonnerait jamais. Elle avait quand même fini par le faire au profit de ses conneries. Pendant quelques secondes, il eut envie de la repousser. Parce qu’elle le brusquait, parce qu’il n’avait pas voulu qu’elle voit cette peine dans son regard mais qu’elle s’était imposée à lui. Parce qu’il voulait garder le contrôle. Mais il ne fit aucun geste brusque. Il ne pouvait pas se montrer violent avec Cassandre, il serait tombé bien bas s’il se le permettait. Il était là pour la protéger, il avait toujours été là pour la protéger, pas pour la blesser.

Rowan posa alors son regard accablé sur sa meilleure amie. Leurs regards s’entrechoquèrent. Il était temps qu’il parle, qu’il raconte. Il était temps qu’elle apprenne qui était Zoella. « Tu te souviens, en sixième année, quand on ne se parlait plus tellement ? » Et c’était un euphémisme. Cette année-là, Belladona avait dû beaucoup faire l’intermédiaire entre eux et plus l’année avançait, plus Cassandre s’était éloignée de lui. Elle l’avait oublié. C’est à ce moment-là qu’il avait rencontré Zoella. Rowan prit la main de Cassandre pour qu’elle vienne à nouveau s’asseoir à côté de lui, mais cette fois, il ne la prit pas dans ses bras pour qu’elle puisse voir son visage si elle le souhaitait. Il poursuivit : « Je suis tombé amoureux d’une fille de Serdaigle. » La révélation lui fit mal, non parce qu’elle était morte, mais parce que Cassandre ne s’en était jamais rendue compte. Pendant des mois, Rowan et Zoella s’étaient rapprochés sans qu’elle ne s’en soucie, sans qu’elle ne se pose la moindre question. Du moins, c’était ce qui lui avait semblé car elle ne lui avait jamais rien dit. « Elle s’appelait Zoella, elle était en quatrième année. » Le Gryffondor savait que Cassandre et Zoella ne se connaissaient pas, Zoella le lui avait dit. A la rentrée, quand ils auraient officialisé le couple, il la lui aurait présentée. Mais la rentrée n’est jamais venue pour Cassandre et Zoella. « C’était une née-moldue. » Pour la première fois depuis très longtemps, il n’avait pas utilisé le terme sang-de-bourbe en parlant d’une née-moldue. Parce qu’il ne pouvait pas utiliser ce terme pour Zoella. En révélant qu’elle était née-moldue, Cassandre devait avoir compris que la relation qu’il avait entretenue avec Zoella avait été secrète. Un secret lourd à porter quand on aime quelqu’un. Rowan évita de dire que Belladona était au courant de cette relation dès ses débuts. « Elle est… on l’a… elle a été assassinée en janvier 1998. » Il avait dû faire le deuil de la jeune fille tout en étant à Poudlard, quand il avait entendu son nom parmi la liste des victimes. Cette époque avait été très difficile pour lui, heureusement que Belladona était là. Et encore aujourd’hui, il pensait toujours à elle, à l’injustice de sa mort et au mystère qui l’entourait. Il ne connaissait pas encore toute la vérité sur ce qu’il s’était passé. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il ne la reverrait plus jamais. Rowan se leva et fit quelques pas pour se calmer. Il appréhendait la réaction de sa meilleure amie.

Il luttait. Il luttait contre ses sentiments, contre sa nature, contre lui et ses pensées. Il lutte pour qu’elle ne voie pas le fond de ses yeux, le fond de sa peine. Mais elle n’a pas besoin de la voir pour la sentir. Cassandre ressent la tristesse de Rowan. En étant proche ou loin de lui, il ne peut rien lui cacher, il le sait, et il essaie pourtant. Il tente de ne pas lui montrer qu’il souffre. Mais tout le monde souffre. Alors, finalement, il essaie de retenir des larmes invisibles, il respire, puis il la regarde à nouveau. Cassandre lit la peine dans ses yeux, elle y lit un traumatisme plus grand que ce qu’elle pourrait imaginer. Elle est prête à l’écouter, mais est-elle prête à entendre son histoire ? Elle ignore ce qu’il va lui raconter, et pourtant au fond d’elle, elle sent que ça va la bouleverser. Ce récit risque de changer beaucoup de choses. « Tu te souviens, en sixième année, quand on ne se parlait plus tellement ? » Cassandre hoche la tête. Comment pourrait-elle oublier cette période-là ? Elle avait vraiment fait n’importe quoi. Elle le savait. Elle avait préféré son don à ses amis. Elle avait laissé tomber Rowan, elle avait tout fait pour se retrouver seule, seule avec elle-même et ses conneries. Il n’en pouvait plus le Gryffondor. Il en avait assez de ses aventures folles, des risques qu’elle prenait pour déclencher des visions qui ne venaient pas. Elle avait simplement plongé dans un puit tellement profond, qu’il avait préféré ne pas la suivre, et il avait raison. La lumière n’était pas auprès d’elle. Elle le savait maintenant. Même si elle était toujours d’humeur à risquer sa vie, elle ne le ferait plus de la même manière désormais, plus pour un moment en tout cas. La guerre l’avait bouleversé. Son séjour à Sainte-Mangouste l’avait retourné. Et si elle avait continué ses petites aventures, serait-elle devenue folle ? Il en fallait peu pour que des hommes et des femmes perdent la raison. Cassandre n’était pas immunisée contre la folie, au contraire, elle était plus proche de celle-ci que n’importe qui.

Comme pour la ramener à lui, pour la faire revenir à la réalité, Rowan lui prend la main pour qu’elle revienne près de lui. Leurs genoux sont collés, et Cassandre se concentre sur les respirations de leur corps. Elle ne peut pas le regarder, mais elle le fait, pour lui, parce qu’elle sent que ce qu’il va lui dire est important. « Je suis tombé amoureux d’une fille de Serdaigle. » Cassandre se prend la nouvelle comme on prend une gifle. C’est inattendu, et pourtant pourquoi a-t-elle un pincement au cœur quand Rowan évoque ses sentiments ? Il est tombé amoureux d’une fille. Une autre fille qu’elle. Depuis qu’ils sont petit, ils se sont promis de s’aimer. Jamais il n’y a eu quelque chose d’ambigus entre eux, Cassandre n’a jamais pensé à une histoire d’amour avec Rowan, et pourtant son cœur se serre quand il lui dit qu’il est tombé amoureux. Elle a eu des histoires d’un soir avec quelques garçons, jamais rien de sérieux. Le seul petit-ami qu’elle a eu était Orion, un autre Gryffondor, mais ils étaient si jeunes que cela n’a pas duré. Elle n’était pas prête à se consacrer à l’amour, la lionne. « Elle s’appelait Zoella, elle était en quatrième année. » Cela demande beaucoup d’efforts à Cassandre d’écouter Rowan parler de cette fille qu’elle ne connaissait pas. Elle se rend compte qu’elle a complètement loupé cette année-là. Elle n’a rien vu. Elle n’a pas vu que son meilleur ami s’éloignait, et qu’il allait vivre une histoire d’amour. Elle essaye de ne pas montrer son mécontentement, de l’écouter jusqu’au bout. « C’était une née-moldue. » Rowan parle d’elle avec tellement de respect, tellement de beauté, que Cassandre en est jalouse. Pourquoi a-t-il fallut qu’elle s’en aille ?  « Elle est… on l’a… elle a été assassinée en janvier 1998. » A ces mots, Cassandre ne peut plus être en colère. La rage disparait, la jalousie avec. La jeune voyante ne peut pas imaginer la souffrance de son meilleur ami. Elle serre un peu plus fort sa main, mais il se lève à ce moment-là, pour faire quelques pas et se calmer. Elle est à quelques mètres de lui, et pourtant, elle peut presque sentir son cœur tambouriner dans sa poitrine. Evoquer le souvenir de sa petite-amie a dû être très dur. Alors Cassandre se lève à son tour, parce qu’elle ne peut pas être trop longtemps loin de lui, parce qu’elle est là, elle lui a promis. « Je suis désolée Rowan… Je… Je suis sûre qu’elle devait t’aimer beaucoup. » Mais elle se sent aussitôt idiote. Ces paroles ne ramèneront pas Zoella. Finalement, Cassandre aurait aimé la connaître. Parce qu’elle voit dans les yeux de Rowan qu’elle devait être une chouette fille. « C’est atroce ce qu’ils ont fait… Je n’imagine pas comme tu devais l’aimer. » Après tout, si il connaissait la nature de son sang en la fréquentant, il devait savoir que leur relation ne pouvait pas exister. Ils étaient opposés. Une née-moldue avec le fils de partisans du Seigneur des Ténèbres. Mais il a bravé l’autorité de ses parents pour elle… Cassandre regarde Rowan avec admiration. Il n’est plus le petit garçon qu’elle a quitté, l’adolescent turbulent. Il est devenu un homme, et Zoella l’y a sans doute aidé. La sorcière vient se placer devant son meilleur ami, pour l’arrêter dans sa marche. Elle le prend par les épaules. « Elle ne disparaîtra jamais… Elle restera toujours dans ton cœur Rowan, comme je suis restée dans le tien, pendant que j’étais partie. » Elle aimerait trouver les mots, mais elle n’a jamais été douée pour ça, elle se contente alors de le prendre dans ses bras à nouveau. Cette fois-ci, le câlin n’est pas le câlin joyeux et protecteur que Rowan lui a donné plus tôt. Celui-ci est plus intime, réconfortant. Il n’appartient qu’à eux.  

Depuis la mort de Zoella, Rowan avait longtemps espéré pouvoir en discuter avec sa meilleure amie. Si elle était là, elle aurait été la première personne vers qui il serait allé. Le temps avait passé et ils ne s’étaient pas retrouvés. Il n’avait jamais pu lui en parler jusqu’à ce jour. Comme Zoella était entrée dans sa vie lors de leur sixième année, il avait l’impression de ne pas avoir vu Cassandre depuis très, très longtemps. Il avait un peu mal au cœur. Cassandre et Rowan étaient amis depuis l’enfance, il l’avait laissée s’éloigner. Il s’en était voulu pendant un temps, puis il lui en avait voulu à elle. Jusqu’à la guerre. Il n’était pas en colère contre elle parce qu’elle avait fui. Au contraire, si elle était restée, il aurait eu très peur pour elle. Il ignorait pourquoi, mais il avait appréhendé le moment où il allait dire à Cassandre qu’il était tombé amoureux. Une étape importante dans sa vie qu’elle ignorait. Zoella n’était pas son premier amour, il était sorti avec d’autres filles avant elle, mais elle était celle avec qui le coup de cœur avait été le plus rapide et le plus intense. Elle avait été parfaite. Il lui parla un peu plus de Zoella, sans trop en dire non plus, il lui dévoila l’essentiel : en quatrième année à Serdaigle à l’époque, Zoella était née-moldue. Rowan essayait de ne pas trop regarder les réactions de Cassandre, il risquait de ne pas aller jusqu’au bout. Enfin, il raconta qu’elle avait été assassinée. Rowan avait besoin de se calmer un peu, il se leva pour faire quelques pas. Il s’attendait à ce que Cassandre le suive, mais une petite voix au fond de lui le fit douter quelques secondes. Et si, pour une quelconque raison, elle était en colère qu’il lui ait caché tant de choses ? Et si elle s’en allait, là tout de suite, au lieu de le rejoindre ? Heureusement, elle effaça vite ses doutes. « Je suis désolée Rowan… Je… Je suis sûre qu’elle devait t’aimer beaucoup. » Cassandre cherchait à le calmer, à le rassurer. Elle ne connaissait pas Zoella, mais elle supposait qu’elle avait aimé Rowan. Elle avait raison. Pour Zoella, Rowan était son premier amour, et son dernier. Elle lui avait tout donné. Il l’avait condamnée à mort. Parce qu’elle l’avait justement aimé. Il baissa les yeux, énervé par cette vérité. « C’est atroce ce qu’ils ont fait… Je n’imagine pas comme tu devais l’aimer. » Elle devinait qu’il avait beaucoup tenu à Zoella pour encore avec si mal aujourd’hui. Et il aurait probablement encore mal très longtemps. Rowan avait été si blessé qu’il avait décidé de ne plus jamais tomber amoureux après la mort de sa petite-amie pour ne plus avoir le cœur brisé et piétiné. Il ne lui restait plus que de la poussière à la place du cœur. Il avait aussi peur pour la sécurité de ses amis alors il s’éloignait d’eux, ne gardant que les intouchables à ses côtés. Rowan s’arrêta de marcher quand Cassandre se plaça en face de lui et posa ses mains sur ses épaules, le forçant à la regarder.

« Elle ne disparaîtra jamais… Elle restera toujours dans ton cœur Rowan, comme je suis restée dans le tien, pendant que j’étais partie. » Dit Cassandre à son meilleur ami tout en le prenant à nouveau dans ses bras. Elle le serra contre lui pour lui donner du réconfort. Rowan la serra aussi contre lui, passant une de ses mains derrière sa tête et l’autre dans son dos. Ils restèrent longtemps dans cette position, sans rien dire. Finalement, le Gryffondor brisa le silence pour lui ouvrir un peu plus son cœur, lui dire ce qu’il ressentait : « Parfois, j’aimerais qu’elle disparaisse. » Bien sûr, il ne voulait pas dire littéralement, il voulait juste arrêter de souffrir sans vraiment l’exprimer à voix haute, Cassandre allait comprendre. Il avait assez souffert depuis presque deux ans. Il voulait guérir. Il voulait passer à autre chose. Il ne voulait pas l’oublier, mais il voulait tourner la page. Peut-être y arriverait-il en retrouvant sa meilleure amie ? Il desserra un peu l’étreinte, sans la lâcher, mais pour échanger un regard : « Tu n’as quand même pas cru que j’allais t’oublier ? Je n’aurais pas osé, je n’ai pas envie de me retrouver six pieds sous terre. » Il lui sourit, peu à peu, il retrouvait un peu de légèreté. Elle était enfin au courant pour Zoella et il était soulagé, même si elle ne savait pas encore toute l’histoire et qu’il ne savait pas s’il devait lui en parler. Ou plutôt, il ne savait pas comment lui en parler. Il ne voulait plus rien lui cacher, mais c’était difficile. « Zoella, si elle est morte… c’est de ma faute. Mes parents… c’est eux qui l’ont fait tuer… j’en ai pas la preuve… mais je le sais, ils l’ont presque admis. Je ne les laisserai pas te toucher. » Rowan attira à nouveau Cassandre vers lui pour une étreinte. Il savait qu’elle était capable de se défendre, qu’elle était cent fois plus forte que Zoella, cent fois moins naïve, mais si ses parents, qui avaient toujours été contre leur amitié, comptaient s’en prendre à elle, il ne les laisserait pas faire. Personne ne touchait à Cassandre, sauf lui. C’était pour cette raison qu’il avait évité Cassandre jusqu’à la rentrée, mais à Poudlard, personne ne l’attaquerait et d’ici là, il trouverait une solution. Il serait beaucoup plus docile envers ses parents, il ne les mettrait plus en colère, il ferait ce qu’ils lui demandaient pour pouvoir avoir le privilège de garder sa meilleure amie à ses côtés. Il gagnerait ce privilège, ses parents finiraient par lui promettre qu’ils ne toucheraient pas à un seul de ses cheveux, même s’il devait renoncer à quelques libertés en échange. « Tu retournais à la salle commune ? » Rowan se demandait si elle voulait qu’il l’y accompagne. Il avait toujours envie de fumer, mais il pourrait faire un détour pour elle. Il était content de la retrouver. Ils auraient le temps de parler, maintenant qu’ils savaient que rien n’avait changé entre eux.