(sakura&dimone) be sure to taste your words before you spit them out

Après l’heure du déjeuner, Sakura décida de rester un peu plus longtemps dans la grande salle. Elle sortit un de ses devoirs à faire. En face d’elle, il y avait une autre fille de Serpentard, en même année qu’elle. Elle aussi, elle avait sorti ses devoirs, les mêmes que Sakura. Elles s’entraideraient si besoin, sans tricher. Cette année, Sakura s’était mis au travail. La Japonaise était passée en septième année de justesse. Au cas où elle n’arriverait pas à quitter les bancs de Poudlard avant la fin de l’année, il fallait qu’elle travaille pour ne pas redoubler et devoir y passer encore une année de plus. C’était le plan, pour l’instant, un changement radical par rapport à l’année passée. Si au début, elles étaient plutôt concentrées sur ce qu’elles étaient au train de faire, au fur et à mesure où la salle se vidait, il ne restait plus grande chose de leur concentration. Elles discutaient de tout et de rien en travaillant, mais elles n’avançaient pas efficacement. Bien vite, elles en arrivèrent au sujet dont tout le monde parlait chaque jour : la quarantaine. Si son ami Yassen lui manquait beaucoup, après deux mois loin d’elle, elle n’avait personne d’autre à attendre, contrairement à Lionel ou d’autres élèves. Pour ceux qui étaient enfermés, deux mois, ce devait être affreusement long. Sakura n’aimerait pas être à leur place. « Les pauvres, je n’aimerais pas être à leur place. » Dit l’amie de Sakura, comme si elle lisait dans ses pensées. Sakura acquiesça tout en mordillant le bout de son stylo. Elle utilisait un stylo du monde moldu parce qu’elle préférait cela à une plume, mais elle écrivait ses devoirs à la plume et à l’encre, comme tout le monde. Elle n’aimerait pas être à leur place, mais certains se trouvaient enfin là où ils devraient être. « Les pauvres… les pauvres… Certains méritent ce qui leur arrive. » Sakura ne changerait jamais d’avis. Elle l’avait pensé dès la première fois où la quarantaine avait été dévoilée. C’était bien fait pour certains. Elle ne cachait pas son opinion, sauf peut-être à Lionel parce que son avis à lui comptait pour elle. « Adélaïde ? » Demanda la jeune fille face à Sakura. Elle était au courant du coup de cœur de Sakura pour le Gryffondor et de sa crainte de le voir retomber dans les bras de son ex-petite amie. « Adélaïde, oui ! Mais pas qu’elle ! Andreï aussi… » Andreï, peut-être même plus qu’Adélaïde, méritait sa place dans les cachots, et peut-être même en prison. Parfois, elle espérait qu’il était détendu dans d’horribles conditions. « Sakura… » La Japonaise était en train d’écrire une ou deux idées pour son devoir sur sa feuille tout en continuant à parler. Quand elle pensait à Andreï et à son comportement, elle avait envie de vomir. « Quoi ? Tu ne le penses pas ? Qu’Andreï est un sale pervers qui mérite d’être emprisonné et qui a bien sa place en quarantaine ? J’espère qu’il y restera longtemps, très longtemps. » Et qu’il perde toute sa magie. Et s’il pouvait mourir aussi, ce serait la cerise sur le gâteau. L’altercation entre Sakura et Andreï commençait à dater, mais chaque jour, elle le détestait encore un petit peu plus. Parce qu’elle savait bien qu’il ne s’en était pas pris qu’à elle, même si personne n’osait en parler. Eh bien, il fallait en parler !

« Sakura… » Enfin, elle leva la tête vers sa camarade de classe. « Quoi ? » Demanda-t-elle avant de baisser à nouveau les yeux vers son parchemin. Elle était en colère maintenant, à force de penser à ce gros connard et à ce qu’il s’était passé en mars dernier. Il avait posé sa main sur sa bouche pour la faire taire avant de supprimer sa voix à l’aide de la magie. Il avait glissé sa main autour de sa gorge et elle n’avait rien pu faire. Elle s’était brûlé les ailes en essayant de se défendre, face à Andreï, elle s’était mise à pleurer. Depuis, elle faisait tout pour ne plus croiser sa route et n’avait jamais raconté à personne cette histoire. « Dimka… » Dimka ? Quoi Dimka ? Elle poussa un long soupir, exaspérée. Sakura et Dimka venaient de la même école, mais comme ils n’étaient pas dans la même fratrie et qu’à présent, ils n’étaient pas dans la même maison, ni dans la même année, elle ne lui avait jamais parlé. Elle ne savait rien de lui, en dehors de sa réputation de coureur de jupons et son amitié avec Alcyone qu’elle aimait beaucoup. « Dimka… je suis pas sûre qu’il soit bien mieux que son cousin… » Dit-elle distraitement en continuant à gribouiller des idées sur son parchemin, sans être bien sûre qu’elles fassent sens. D’un coup, elle se prit un coup dans les jambes et leva les yeux vers son amie, lui lançant malgré elle un regard noir et lâchant un : « Aïe ! » Sa camarade de classe ne la regardait plus, elle regardait derrière elle. Comme si la scène se déroulait au ralenti, Sakura se retourna très lentement. Dimka se tenait debout, derrière elle. Depuis combien de temps était-il là ? Est-ce qu’il écoutait leur conversation ? Quand elle se tourna vers son amie, elle avait disparu. Super l’amie. Elle ne voulait pas être mêlée à cette histoire, probablement. Sakura observa Dimka, il n’avait pas l’air très content. « Qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux ma photo ? » Demanda l'idole tout en sachant que des ennuis l’attendaient très probablement. Mais le Serdaigle n’avait pas la même réputation que son cousin, s’il lui disait quoique ce soit, la brune lui raconterait ce qu’Andreï avait osé lui faire et il comprendrait. N’est-ce pas ?

Alcyone avait quitté la grande salle il y avait plusieurs minutes à présent. Il était parfois agréable de s’imprégner de son atmosphère. Brouhaha incessant. Alcyone avant souvent observé le ciel magique qui embrasait cette pièce si vivante. Elle devenait pourtant bien différente en dehors des repas. Une ambiance plus studieuse prenant place en son antre. C’est ce qu’elle avait quitter en cet instant pour se rendre à présent dans sa salle commune. Les professeurs n’avaient aucune pitié pour les étudiants. Malgré la situation dans laquelle se trouvaient les personnes en quarantaine, le reste du château semblait continuer sa vie comme si de rien n’était. Et si cela n’avait pas affecté directement Alcyone jusqu’à présent, il était bien autrement depuis qu’Oktavia se trouvait enfermée elle aussi. Un pincement au coeur l’assaillait à chaque fois que la brune se retrouvait dans les cachots. Elle savait sa meilleure si proche et si loin à la fois. Elle n’avait jamais eu autant envie de la prendre dans ses bras. De la serrer contre elle, si fort, au point d’en étouffer. Elle se fichait bien qu’elle perde ses pouvoirs. Alcyone voulait juste l’avoir à ses côtés. Comme avant… Lorsqu’elle se glissa dans son dortoir, la Shafiq commença à ranger ses affaires réalisant soudainement qu’il lui manquait un parchemin. Elle vérifia plusieurs fois mais il lui manquait bien l’ébauche d’un plan sur lequel elle avait commencé à travailler. Elle hésita un instant à laisser tomber, mais elle n’avait pas envie de tout recommencer. Une fois, pas deux. Elle y avait déjà passé quelques heures.

C’est légèrement agacée de son étourderie qu’Alcyone quitta l’antre des Serpents pour retourner vers la Grande Salle. Elle avait terminé les cours depuis un moment et aurait préféré s'alanguir près de la cheminée plutôt que courir les couloirs. Les cachots humides étaient éclairés par de faibles flammes, néanmoins, elle ne put s’empêcher de ralentir devant la zone sinistrée. Peut-être Oktavia sentirait sa présence malgré tout. Elle tenta de chasser son amie de ses pensées et accéléra légèrement le rythme de ses pas pour rejoindre le rez-de-chaussée. Comment perdre du temps pour rien.

Ce fut la pensée qui traversa l’esprit de la Serpentard alors qu’elle ouvrait un battant de la Grande Salle. Désertée ? C’est ce qu’elle pensait jusqu’à ce que son regard se pose sur une silhouette qu’elle ne connaissait que trop bien. Alcyone plissa un instant les yeux, se demandant ce qu’il se passait. Au départ ce furent les deux longues jambes fines entre les siennes qui attirèrent son attention. Il n’était quand même pas … ? Elle avait ralenti son avancée s’imaginant alors que l’Aiglon était sur le point de se faire une fille sur la table. Si un élan étrange entre dégout et possessivité l’avait envahi, cela ne dura que l’espace de quelques secondes. Cela ne tournait pas rond. Elle reconnut alors Sakura et approchant à pas mesurés, elle aperçut le profil du Slave colérique. La peur sur le visage de son amie. L’assassine de Dimka accroché au frêle cou de Sakura. « Bordel ! Dimka ! » Alcyone n’était pas encore à leurs côté, elle avait crié en réalisant la violence de la scène qui se déroulait sous yeux. Elle avait alors couru vers eux, espérant que sa présence ferait lâcher le Slave, mais il semblait ne même pas l’avoir entendu. Elle s’accrocha au bras qui enserrait la gorge de Sakura et chercha à tirer dessus de toutes ses forces. « Putain ! Dimka ! Lâche la ! » C’était comme parler à un mur. Comme chercher à déplacer une statue de marbre. Alcyone connaissait bien l’Aiglon. Il avait bien des défauts et la violence n’était pas celui qui le définissait le plus. Elle en avait pourtant fait les frais lorsqu’ils s’étaient disputés. Mais elle l’avait poussé dans ses derniers retranchements. Qu’avait fait Sakura pour mériter un tel châtiment ? Elle lança un regard désespéré à Sakura se sentant complètement impuissante. Elle n’avait même pas pris sa baguette, pensant faire un simple aller-retour pour son parchemin… Loin de s’imaginer qu’elle allait assister à une telle scène. Elle chercha à s’immiscer entre eux sans y parvenir. « Dim… Arrête ça… » Murmure impuissant de la Shafiq. Une supplique pour qu’il libère Sakura, prenant place aux côtés de son amie afin de lui faire face, ses mains s’accrochant au bras du Slave pour qu’il arrête au moins de serrer sa prise sur sa nuque.

Ce début d’après-midi ne se passait pas exactement comme Sakura l’avait prévu. Elle voulait rester tranquillement dans la grande salle, à discuter et à faire quelques devoirs, profitant du calme entre les repas. Et finalement, elle avait discuté. Elle n’avait pas réellement continué ses devoirs. Et tout s’était accéléré au départ de son amie et à l’arrivée de Dimka. Elle venait de critiquer son cousin, de dire qu’il avait bien sa place en quarantaine et avait dit que le Serdaigle n’était peut-être pas mieux que l’autre Dimitrov. Elle ne savait pas exactement ce qu’il avait entendu. Elle se doutait qu’il allait lui dire de se mêler de ses affaires, mais elle était loin de s’imaginer la réaction qu’il allait avoir. Elle le provoqua en lui demandant s’il voulait sa photo. Elle n’aurait pas dû. Quelques secondes après, il s’était jeté sur elle, la coinçant contre la table de tout son poids et sa force. Par rapport à elle, c’était déjà beaucoup. Sakura commençait déjà à avoir mal et à en avoir le souffle coupé. Elle tourna alors la tête, la grande salle semblait quasiment déserte. Il y avait probablement des aurors, à l’extérieur, mais pas dans la salle en elle-même. Elle eut peur quand il posa sa main sur sa gorge. Elle tenta de se débattre, mais elle n’y arrivait pas. Dimka lui rappelait les mauvais souvenirs de sa rencontre avec Andreï l’année passée. Ils étaient finalement aussi fous l’un que l’autre. Sakura posa sa main sur le bras de Dimka pour tenter de se dégager, mais son autre bras était occupé à tenter de se dégager un peu d’espace entre la table et elle pour respirer. S’il serrait encore plus fort, là elle ne pourrait plus le faire. Qu’est-ce qu’ils avaient à étrangler les autres les Dimitrov ? « Tu veux que je te dise toi, ce que tu mérites ? » Finit par dire Dimka d’un ton menaçant, dans son oreille. Non, elle ne voulait pas le savoir, elle voulait qu’il la laisse tranquille, elle avait encore le droit de penser ce qu’elle voulait et il ne pouvait pas l’en empêcher. Il poursuivit : « Le sort que je te réserve est bien pire que d'être seulement enfermé, crois-moi… » Pire qu’être en quarantaine ? Elle n’eut pas le temps de réfléchir sur ce qui l’attendait, il commença à exercer une légère pression sur sa gorge. Dimka lui faisait mal. Elle repensait à son altercation avec Andreï, elle avait envie de pleurer. Elle repensait aussi au fait qu’elle n’en avait jamais parlé à personne. C’est bon, tu m’as fait peur, maintenant lâche-moi. « Andreï a été encore trop doux avec toi, il faut croire que te voler ta voix n'a pas suffi à te faire dire moins de conneries… » Si elle n’en avait parlé à personne, de toute évidence, Andreï en avait au moins parlé à Dimka. Elle détestait tellement Andreï à cet instant. Est-ce qu’il racontait tout ce qu’il faisait subir aux autres à son cousin ? Est-ce qu’il tenait un tableau de chasse ? Est-ce qu’il faisait un concours entre Dimitrov ? Ils la dégoûtaient. Elle ressentait à la fois de la peur et de la colère. Elle ne comprenait pas comment il pouvait y avoir des personnes aussi mauvaises. Sakura tourna la tête à l’opposé de Dimka, autant qu’elle le put.

« Les petites connes dans ton genre ne devrait même pas voir le jour… » Ajouta Dimka, la blessant au passage. Mais ce qui la blessa encore plus, ce fut les gestes qu’il eut par la suite, quand il passa sa main sur ses courbes. Sa première réaction fut de sursauter. Il n’avait pas le droit de la toucher. Une seule personne l’avait touchée, très récemment lors du bal d’Halloween, c’était Lionel. Il avait passé ses mains sur ses hanches et elle n’avait pas trouvé cela désagréable. Mais jamais personne ne s’était permis plus, jamais sans son accord. Sakura tenta de protester, mais sans le remarquer, des larmes commençaient à couler sur ses joues. Dimka ne tarderait pas à le remarquer. « Peut-être que je devrais profiter un peu de toi avant d'enfin débarrasser le monde de ta stupidité ? » Sakura secoua la tête comme elle put, et finalement, il arrêta de la toucher. C’était probablement rien pour ce monstre, mais pour elle, c’était horrible. Elle pleura de soulagement cette fois, pendant quelques secondes. « Non… Tu n'en es même pas digne… Mourir vierge, étouffée par ta propre connerie, voilà ce que tu mérites ! » Bah elle préférait un million de fois mourir vierge que d’être touchée par Dimka encore une fois. Bon, par contre, elle ne tenait pas particulièrement à mourir, elle avait plein de choses à accomplir dans sa vie. Sakura le suppliait du regard de la lâcher quand leurs regards se croisèrent, mais il pressa encore plus ses mains autour de sa gorge. Elle tenta de lancer un sortilège informulé, mais elle n’arrivait pas à se concentrer et elle ne parvint pas à l’éloigner. Elle avait peur pour sa vie. Elle voulait tellement que quelqu’un vienne à son aide. « Bordel ! Dimka ! » Entendit la Japonaise comme si on venait de répondre à ses prières. Sakura tourna le regard vers Alcyone, qui venait d’arriver. Elle aimait beaucoup Alcyone, elle la supplia à son tour, avec ses yeux, de la sauver. « Putain ! Dimka ! Lâche-la ! » Dit-elle en tirant pour que le sorcier lâche l’idole. Sakura savait que ces deux se connaissaient, mais elle ne savait pas à quel point ils étaient proches. Alcyone et Sakura discutaient parfois, dans la salle commune, mais elles n’avaient pas de conversations aussi indiscrètes. Sakura lâcha de nouvelles larmes quand elle constata qu’Alcyone n’arrivait pas à raisonner le sorcier. Elle devait être en train de perdre toutes ses couleurs, elle avait la tête qui commençait à tourner.

« Dim… Arrête ça… » Alcyone était venue se placer près de Sakura et faisait face à Dimka. Sakura ne savait plus réellement ce qu’il se passait. Elle était à deux doigts d’arrêter de lutter pour trouver de l’air quand elle sentit les doigts de Dimka se desserrer très légèrement. Alcyone réussissait peu à peu à le calmer, ou à le convaincre que ce qu’il faisait était mal. Sakura retrouva quelques couleurs très progressivement. Elle regardait Alcyone comme si elle essayait de s’accrocher à quelque chose pour arrêter de couler, puis elle ferma les yeux. Dimka semblait reprendre conscience et elle tentait de retrouver sa respiration. Bientôt, Sakura arriva à tousser, et si elle arrivait à tousser, elle arriverait à parler. Mais aucun mot ne sortit de sa bouche quand elle tenta, elle avait trop mal à la gorge. De sa main faible, elle attrapa la manche d’Alcyone et la serra comme elle put, pour se rassurer. Sakura ne savait pas quoi faire, Dimka avait toujours ses mains autour de son cou. Alors, peut-être dans un geste désespéré ou inconscient, avec son coude, elle donna un grand coup en arrière, bien placé. Si cela ne fonctionnait pas, elle signait son arrêt de mort. Heureusement, cela suffit pour que Dimka la lâche, mais probablement pas pour qu’elle prenne la fuite, et puis, elle n’était pas en état. Sakura se jeta sur Alcyone et la serra dans ses bras pour qu’elle la protège. Elle avait toujours eu confiance en elle jusqu’à présent. « Protège… moi… » Articula difficilement Sakura pour qui il était encore très difficile de parler. La Japonaise regarda Dimka, toujours en train de se remettre du coup, et elle en profita pour se lever et quitter le banc, sans pour autant lâcher Alcyone. De toute façon, elle ne tenait pas trop sur ses jambes, elle se sentait faible. Elle se cacha derrière la Serpentard. Elle avait honte de se cacher, mais elle avait bien plus peur que honte. Elle s’accrocha à Alcyone comme si elle avait peur qu’elle disparaisse, qu’elle laisse Dimka terminer ce qu’il avait commencé. Sakura ne voulait pas mourir, elle ne méritait pas de perdre la vie de cette façon. « Aide-moi… il est fou... » N’importe qui en serait venu à cette conclusion en les voyant. Sakura avait parlé à voix basse, mais assez audible. Dimka ne pouvait pas ne pas l’entendre. Elle tremblait, elle avait peur qu’il s’approche de lui à nouveau. Elle comptait bien utiliser Alcyone comme bouclier, pas dans le sens où elle voulait qu’il s’en prenne à Alcyone, mais dans le sens où si c’était Alcyone, il ne lui ferait pas de mal. Sakura s’était remise à pleurer entre-temps, parce qu’elle réalisait que si la jeune femme n’était pas arrivée, elle aurait pu mourir. Elle enfouie son visage dans le dos d’Alcyone, mais elle avait trop peur de ne pas voir Dimka arriver, alors elle plongea son regard sur lui, pour le surveiller. Elle ne savait pas quoi faire ou quoi lui dire.

Plusieurs longues secondes s’étaient écoulées le temps qu’Alcyone réalise la violence de la scène qui se déroulait devant ses yeux. Le Russe ne semblait pas vouloir décolérer. Pas un geste, pas une parole ne semblait le détourner de son objectif. Ce n’est que lorsqu’elle se plaça aux côtés de Sakura qu’il sembla enfin défaire sa prise de Sakura. A peine. Juste assez pour qu’elle retrouve un peu de son souffle. Elle ne peut s’empêcher de sursauter lorsque l’instinct de Sakura la pousse à donner un coup de coude à Dimka pour se libérer. La Shafiq n’y a même pas penser. Elle a, elle aussi grandi dans un univers de violence, pourtant elle se révulse à l’idée d’en user. Ses frères lui ont trop servi de bouclier. Elle n’a même pas songé à lever la main à l’encontre de l’Aiglon. Désorientée, Alcyone sera instinctivement les bras autour de Sakura cherchant à lui apporter la protection qu’elle recherchait en cet instant. Ses mains glissent dans son dos pour la caresser en un geste qui se veut rassurant, elle lui replace quelques mèches de cheveux folles. « Ca va aller Sakura. » Murmure tranquille cherchant le calme au creux de cette tempête. Si l’Anglaise semble calme, ce n’est que pour tenter d’apaiser son amie. Son palpitant lui poursuit un rythme abrasif dans sa cage toraxique. Elle n’arrive pas à comprendre comment Dimka en est arrivé à une telle extrémité. Elle sait dans quel univers il a été élevé. Sa famille lui faisait bien assez peur comme ça lorsqu’elle était gamine pour en avoir conscience. Mais de là à violenter une femme ? Qu’importe ce qu’elle ait fait, il n’avait pas le droit d’agir ainsi. Il ne pouvait pas. Alcyone n’aimait pas cette facette de Slave. Son regard croise le sien, il vascille. Il oscille entre elle et Sakura. Entre haine et douceur. C’est comme s’il perdait pied. Tout autant que les deux jeunes femmes qui se trouvaient en face de lui.

"Ne reste pas là, c'est entre elle et moi." Alcyone ressère ses bras autour de Sakura et lance un regard sombre au slave. S’il croyait réellement qu’elle allait le laisser seule avec elle, c’était mal la connaitre. Sakura était une de ses rares amies qui la soutenait dans ses créations. Elles parlaient souvent de tout et de rien. Une amitié simple, sans fioriture. Quant à l’Aiglon, elle ne savait même plus dans quelle case le ranger. Mais elle ne le laisserait certainement pas faire une telle connerie. Qu’est-ce qui lui prenait à la fin ? Lorsqu’il commença de nouveau à menacer Sakura, elle se cacha litéralement dans son dos. L’Etoile se retrouvait entre deux personnes qui comptaient pour elle sans comprendre un traitre mot de leurs échanges. Le chemin qu’ils empruntaient tous les trois était glissant. La pente, raide. Elle sentait que la relation qu’elle entretenait avec Dimka allait être marquée par cette histoire. Qu’elle se retrouvait au milieu de quelque chose qui ne la concernait pas. Mais quoi ? Elle n’allait pas le laisser s’en prendre à elle. "Alcyone, je ne le répéterais pas, bouge de là." Le regard dAlcyone s’électrise sous la colère. C’était une menace ? Alcyone se redresse un peu, telle la digne vipère prête à attaquer. Elle n’était pas courageuse. Téméraire, impulsive. Le courage n’avait rien à voir avec l’inconscience dont elle pouvait parfois faire preuve. « Je ne te laisserais pas faire quoi que ce soit Dimka. Tu es en train de faire la plus grosse connerie de ta vie là. Tu t’en rends compte ou pas ? » Les mains d’Alcyone tremblaient légèrement. La tension dans la pièce s’enroulait dans ses entrailles. Elle avait peur. Peur qu’il dépasse toutes les limites pour abreuver sa soif de vengeance. Peur qu’il fasse du mal à Sakura. Peur de le perdre lui aussi pour des actes irréfléchis. La main d’Alcyone s’entrelaçait dans celle de Sakura. Elle détournait les yeux pour chercher ceux de son amie. « On va retourner dans notre salle commune d’accord ? » Elle resserait d’une légère pression la main de Sakura pour l’encourager. La gardant dans son dos, elle observa Dimka de nouveau. Elle cherchait à parler de façon posée quand elle s’adressa de nouveau au slave. « On va rentrer dans nos dortoirs. Tente de te calmer et vous parlerez de vos différents à froid. » Elle amorça un premier pas sur le côté pour échaper à la silhouette de Dimka qui les dominait. « On peut se retrouver après si tu veux ? » Alcyone cherchait à le tempérer. Elle le connaissait. Si son instinct avait envie de lui hurler dessus, elle se contenait. Elle le brossait dans le sens du poil pour mieux permettre à Sakura de s’échapper de cette impasse.

La Shafiq ne perds entre Sakura et Dimka. Elle a mal de voir de son amie dans cet état. Elle cherche à trouver une raison. Quelque chose qui pourrait expliquer les actes du Slave, mais il n’y en a aucune. Car qu’importe ce qu’elle ait pu faire ou dire, jamais la brune ne pourrait tolérer ce qu’il venait de se dérouler sous ses yeux. C’était tout ce qui arrivait dans leurs familles. Ces élites poussiéreuses qui pensaient avoir le monopole de la raison. Alcyone haïssait cela. Et Dimka avait beau se donner des airs arrogants, il n’aimait pas plus cela qu’elle. Elle avait vu sa famille. Ses frères, son oncle, son cousin. Son attitude envers sa soeur. Il n’était pas comme ça. Si le reste de sa famille faisait trembler la gamine qu’elle était, il n’avait jamais été violent. Alors elle ne comprenait pas cet excès de rage. Pourtant elle reste plantée. Bloquant sa route et ses desseins odieux. « Tu sais Alcyone, je te l’ai jamais dit, mais Andreï, il s’en est pris à moi un jour. Et il a tout raconté à Dimka. Je sais pas à quel jeu ils jouent, mais c’est pas très net… » Andreï… Autant Dimka avait su attirer l’attention et se démarquer de cette famille, autant son cousin lui glaçait le sang chaque fois qu’elle le rencontrait. Elle jetait un regard en coin à Dimka sans relâcher la main de son amie. Elle avait qu’une peur, c’est que les paroles qui traversaient les lippes de Sakura n’enveniment davantage la situation. « Et moi, j’ai juste dit que s’il était en quarantaine, c’était bien fait… Je voulais pas être méchante, je voulais juste dire qu’au moins, il ne s’en prendrait plus à personne là-bas… » Alcyone hoche le visage. Elle comprends ce que son amie voulait dire. Et si elle entends la colère de l’Aiglon, ses actes, eux, restent bien trop violents… Lorsque le brun approche, l’Etoile se tends. Si elle fait rempart, elle lui lance malgré tout un regard assassin. « Putain… Dimka arrête tes conneries. » Un murmure assez sec parce que ça devient ridicule. "Dans trente minutes, là où tu sais." Alcyone plisse les yeux. Elle a soudainement envie de le traiter de connard, mais ce n’est vraiment pas le moment… Mais dans trente minutes, il va comprendre sa façon de penser. La Shafiq se le promet. « J’ai peur que quand tu ne seras plus là, il recommence… » ."Prie alors pour que cela n'arrive jamais…" Que ce soit elle ou Sakura, elles n’ont même pas le temps de répliquer. Le Russe s’est déjà échappé de la grande salle.

Alcyone relâche enfin un soupir de soulagement. Elle l’a souvent poussé à bout, mais elle ne l’avait jamais vu réagir ainsi… Elle se tourne vers Sakura sans pour autant lâcher sa main. Elle a autant besoin qu’elle de ce contact. « Je vais essayer de le raisonner… Je l’ai jamais vu comme ça… » La Shafiq cherche à se montrer rassurante pourtant elle même est choquée par ce qu’elle a vu. Elle a tout fait pour le calmer, lui parler comme elle savait que ça lui irait. « Je connais les Dimitrov depuis mon enfance. Autant Andreï m’a toujours dérangé, que Dimka… » Elle s’arrête dans sa phrase. Un instant pensive. Alcyone tire légèrement sur la main de Sakura pour qu’elles commencent à marcher vers leurs dortoirs. « Qu’est-ce qu’il t’a fait Andreï ? Enfin… si tu veux en parler… » Elle craint le pire car la réputation du fils du ministre russe est infâme. Dans la salle commune des serpents, il a beaucoup fait jaser. Elles se mettent à marcher doucement. Alcyone n’a pas envie de croiser Dimka tout de suite. Elle est par contre certaine qu’elle sera en retard car elle ne laissera pas Sakura seule dans un tel état.

Les paroles de Sakura percute son esprit. Elle se demande comment la Serpentard a pu se retrouver dans les filets du cousin de Dimka. Elle se demande pourquoi il s’en est pris à elle. Et à présent, alors qu’elle a du mal à réaliser que la scène qui s’est déroulée devant elle était bien réelle, elle cherche à comprendre ce qui a pu déclencher une telle colère chez l’Aiglon. Alcyone l’a pourtant poussé à bout plus d’une fois… Elle même n’ayant pas sa langue dans sa poche, laissant l’impulsivité la dominer laissant au loin la raison. Et si en cet instant, c’est cette pseudo témérité qui l’a poussé à servir de bouclier entre ses deux amis, elle sait qu’elle a mis le doigt dans un engrenage qui ne la concernait pas.

La silhouette de Dimka s’éloigne enfin et la tension qui s’imposait dans la pièce semble descendre légèrement. Le pire ce sont les gens encore présents qui n’ont rien dit, qui n’ont fait pour intervenir. Sont-ils si indifférents ? Avaient-ils peur de Dimka et des représailles des cousins Dimitrov à ce point ? Sachant que l’un était à présent emprisonné… Les épaules d’Alcyone se détendent inconsciemment quand elle se tourne vers Sakura. Elles préfèrent attendre un peu avant de se rendre vers la salle commune. Pas la peine de tenter le diable, si Dimka venait à lambiner dans les couloirs. Quand elles commencent à avancer, Sakura lui réponds par rapport à Andreï : « Ça remonte à l’année dernière, il a voulu me faire peur. C’était dans les cachots, il y avait personne et il m’a dit des trucs… dégoûtants… » Le regard de la Shafiq se plisse. Quand Sakura parle de choses dégoutantes, elle comprends très bien à quoi elle fait référence. Les jeux des deux Slaves la décontenance. « J’ai essayé de me défendre… Là aussi, mais… je n’y arrive pas. » Doucement Alcyone ressert la main de son amie dans la sienne. « Et aussi… il a volé ma voix. » C’était vicieux. Au-delà d’être un pervers, le vice semblait envahir toutes les artères de ce type. Comment Dimka pouvait-être de la même famille ? « Mais quel connard… C’est tellement… il est tellement dépravé ce type. Il t’a juste fait peur, rassure moi… il ne t’a pas… forcée ? » Alcyone avait du mal à prononcer ces paroles. Il avait une telle réputation qu’elle ne doutait plus de rien. La réponse ne la rassura qu’à moitié pourtant car les gestes étaient plus que déplacés.

Leurs pas les avaient guidées jusqu’à l’antre des serpents. Tandis qu’elles passaient l’entrée, une question fila : « Dis… tu voudrais bien m’apprendre à me défendre ? » Alcyone s’arrêta près de la cheminée et se tourna vers la brune, lâchant sa main pour la première fois. « Moi ? » La Shafiq étaient étonnée par la requête de Sakura. Alcyone n’en avait toujours fait qu’à sa tête et cela lui valait parfois de sévères remontrances. Sa mère aimait les punitions psychologiques plus que physique. Et bien des fois elle était parvenu à ébranler le caractère volcanique de sa fille. Pour se faire entendre, petite dernière après deux ainés il fallait savoir crier. Combien de fois avait-elle jouer à la bagarre avec Erebe ? Combien de fois Cymbae s’était attaché à lui inculquer des bases de sortilèges de défense ? Mais face à ce Dimitrov ? Si elle avait été dans la même position que Sakura aurait-elle su réagir ? Se serait-elle réellement défendue comme semblait le penser Sakura ? Peut-être. En tout cas, elle ne lui aurait pas facilité la tâche. Quitte à se faire laminer, elle l’aurait défier jusqu’au bout. La brune posa ses fesses contre l’accoudoir d’un des canapés. « Je sais pas si je sais vraiment me défendre. Mais on pourrait s’entrainer toutes les deux. Pas forcément qu’en sortilège mais apprendre à se défendre physiquement ? On pourrait peut-être trouver quelqu’un pour faire le cobaye avec nous. » Elle avait terminé sa phrase avec un petit rire. Si elle éliminait d’office Dimka, elle s’amusa à imaginer Thomas ou Blaise dans le rôle de mannequin de combat. Elle jeta un oeil à la pendule. L’Aiglon allait attendre. Il serait de mauvais poil, c’était certain, mais tant pis pour lui.