Début décembre, début des célébrations des fêtes de fin d’année. C’était le premier week-end du mois et la plupart des élèves avaient hâte de se rendre à Pré-au-Lard pour faire leurs premiers achats de Noël et préparer leurs cadeaux. Rowan, quant à lui, n’avait pas encore l’esprit à la fête. Le sorcier comptait lui aussi se rendre à Pré-au-Lard, mais pour une toute autre raison. Depuis quelques mois, Rowan échangeait des lettres avec un de ses amis, devenu auror depuis près d’un an. Ce type était voisin avec Zoella, avant. Il était lui aussi né-moldu et lui aussi sorcier, c’était pour cette raison qu’ils se connaissaient. Ils n’avaient pas le même âge, ce garçon était plus âgé qu’elle, plus âgé que Rowan, mais de quelques années seulement. Il avait découvert la relation entre Zoella et Rowan le jour où Rowan traînait près de chez la jeune Serdaigle. Il connaissait déjà Rowan à Poudlard, il était heureux pour lui. Et après la mort de Zoella, c’est lui qui avait été annoncer la nouvelle aux parents de la jeune fille car Rowan en était incapable. Cet ami, c’était probablement le seul né-moldu avec qui sa relation n’avait jamais changé après la mort de Zoella. Rowan l’aimait bien, il était attachant et sincère. Il ne l’avait jamais insulté, il n’avait jamais cherché à se battre avec lui. Ils étaient amis. Ils s’échangeaient des lettres, ils se rappelaient de Zoella ensemble, il l’aidait à se souvenir d’elle. Cette fois, Rowan avait une nouvelle faveur à lui demander. La dernière fois, c’était quand il avait été voir les parents de Zoella à sa place, cette fois, c’était pour qu’il le mette en relation avec une auror, sa coéquipière, Iverna Donnelly. Il lui parlait souvent d’elle, ils s’entendaient bien. Elle était forte dans ce qu’elle faisait. Il l’admirait et il en parlait en bien à Rowan, ce qui donna l’idée au Gryffondor de la rencontrer pour voir si elle pouvait l’aider. Tout comme l’apprenti auror et Zoella, Iverna Donnelly était née-moldue. Elle pourrait accepter de l’aider s’il jouait sur cette corde, même si elle devait être très occupée. Rowan jouait tout sur cette rencontre. L’apprenti auror avait demandé à Iverna de le rencontrer, elle ne lui avait pas donné de réponse précise, mais le Gryffondor l’attendrait à la Tête de Sanglier dans l’après-midi du samedi 2 décembre. C’est donc à la Tête de Sanglier qu’il se rendit ce jour-là, sans détour. Quand il poussa la porte de l’auberge, quelques regards se tournèrent vers lui. Il n’était pas un habitué, mais ce n’était pas la première fois qu’il venait. Il s’installa à une table, dans un coin. Il était le seul élève seul à une table, elle n’aurait pas de mal à le trouver si elle décidait de venir. Car il y avait toujours la possibilité qu’elle change d’avis, qu’elle décide qu’il ne valait mieux pas perdre son temps avec les demandes d’un élève. Rowan espérait la convaincre.
Il était encore tôt, il ne savait pas à quelle heure elle arriverait, mais il patientait avec un whisky pur feu. Il observait les gens autour de lui, il repensait aux évènements des derniers mois. Il y avait eu la quarantaine à la rentrée, mais heureusement, personne de son entourage ne semblait atteint. Ni lui, ni ses sœurs, ni ses meilleures amies, ni ses amis, ni sa fiancée. Ils semblaient tous épargnés par l’épidémie. Rowan n’était pas superstitieux, mais à cette pensée, il toucha du bois. Il s’était aussi rapproché de sa meilleure amie, Cassandre. Ils s’étaient embrassés. Il lui avait dit ce qu’il ressentait pour elle. Il avait empêché sa sœur cadette, Maelys, de sortir avec un né-moldu, Zeppelin. C’était en partie à cause de ces deux-là qu’il était là. Après ce qui était arrivé à Zoella, il fallait que la menace des parents cesse. Il fallait qu’ils puissent enfin vivre en paix. Pour qu’ils soient libres de fréquenter qui ils souhaitaient, Zeppelin pour Maelys et Cassandre pour lui, il fallait que ses parents soient reconnus coupables de leur crime, l’assassinat de Zoella, et qu’ils soient jugés. S’ils pouvaient faire un petit séjour à Azkaban, Rowan n’en serait que plus satisfait. C’était une toute petite vengeance par rapport à ce qu’ils avaient fait. Il avait encore un trou dans le cœur quand il pensait à Zoella, et même si aujourd’hui, il avait tourné la page et qu’il avait des sentiments pour Cassandre, un part de son cœur appartiendrait toujours à la douce Serdaigle. Rowan sortit de ses pensées quand il vit une femme entrer dans l’auberge. Elle était avec l’apprenti auror, mais ce dernier ne resta pas. Il fit un signe de tête à Rowan avant de s’en aller. Rowan s’approcha. « Bonjour, Iverna Donnelly ? Je suis Rowan Moore. » Il ne savait pas trop comment il devait l’appeler, c’était la première fois qu’ils se rencontraient, alors il l’appela par son nom complet et se présenta. Son ami avait dû parler de lui. Il avait intérêt à n’avoir dit que du positif. « J’ai cru que vous n’alliez pas venir. » Ajouta Rowan, il avait l’impression d’avoir attendu pendant des heures, alors qu’en fait, il avait seulement eu le temps de terminer un verre. Il la laissa commander et prit un autre verre du même whisky pour lui, et après, il s’arrêterait sûrement là avec le whisky pur feu. « Je vous remercie de m’accorder de votre temps. Votre coéquipier parle toujours de vous en bien… » Dit-il en s’installant à nouveau à sa table. Il ne tarda pas à l’éclairer un peu plus sur l’objet de leur rencontre. « J’aimerais mettre mes parents en prison et j’ai besoin de votre aide. Je suis sûr qu’ils ont commis un crime, mais je n’ai aucune preuve et… s’ils apprennent que je cherche à les dénoncer, ils s’en prendront à ceux que j’aime. » Rowan avait un peu d’argent de côté, il en avait dépensé une partie pour acheter un bracelet pour l’anniversaire de Cassandre, cet été, mais il lui en restait sûrement assez pour s’offrir les services de l'auror.
Quand Rowan vit son ami entrer dans le bar avec Iverna Donnelly, il se dit qu’elle serait peut-être la personne qui allait changer sa vie en lui permettant de se débarrasser de la pression de ses parents et de se venger. L’auror était une femme d’une bonne dizaine d’année de plus que lui, mais elle ne les faisait pas. Elle avait l’air charismatique, d’après ce qu’il pouvait voir d’elle. Il attendit qu’elle se rapproche de lui pour se le confirmer. Il se présenta, au cas où elle n’avait pas repéré qui il était. Le sorcier attendait beaucoup de cette rencontre. Tout comme lui, elle commanda un whisky pur feu, c’était probablement la meilleure boisson de cette auberge. Rowan lui dit qu’il avait cru qu’elle ne viendrait pas, ce qui la fit légèrement rire. Il ne savait pas si elle se moquait de lui ou pas. Elle le fixait jusqu’à provoquer une réaction, une réaction qui ne vint pas car il était difficilement mis mal à l’aise. Lui aussi avait l’habitude d’essayer d’intimider les autres depuis l’année passée, il connaissait bien cette technique. « Je ne pensais pas venir. » Finit-elle par répondre, mettant fin au doute. Tout ce qui comptait, c’était qu’elle avait finalement décidé de venir. Pourquoi ? Pour son collègue ? Parce qu’elle était curieuse ? Parce qu’elle n’avait rien de mieux à faire ? Rowan la remercia d’être venue et lui dit que son ami parlait toujours d’elle en bien, ce qui était vrai. Il se doutait qu’elle ne lui menait pas la vie facile, mais il ne l’avait jamais réellement critiquée. Elle lui apprenait beaucoup. « Et que dit-il de si merveilleux sur moi ? » Demanda-t-elle à Rowan, sans doute par curiosité. Est-ce qu’elle en doutait ? Le Gryffondor eut un léger sourire. C’était surtout une impression générale et puis, son ami lui avait vivement recommandé Iverna. « Que vous lui apprenez beaucoup, que vous êtes pour lui un exemple… je crois que si j’en dis trop, il va m’en vouloir. » En tout cas, ce qu’il voulait qu’elle comprenne, c’était que son ami avait beaucoup d’estime pour elle, même s’il ne le disait peut-être pas souvent parce qu’il la trouvait aussi très impressionnante. Elle l’inspirait dans son travail. Rowan aimerait beaucoup travailler avec une femme comme elle dans son futur métier, et il était bien parti pour devenir lui aussi auror un jour, s’il suivait la voie tracée par ses parents. Après lui avoir raconté un peu ce que son collègue disait d’elle, Rowan aborda le sujet principal de ce rendez-vous : mettre ses parents où ils le méritaient, c’est-à-dire en prison. Il voulait qu’ils payent pour le meurtre de son ancienne petite-amie. Il voulait qu’ils payent pour la vie qu’ils lui imposaient en le menaçant de s’en prendre à ceux qu’il aimait. Il voulait être libre. Contrairement à un elfe de maison qui n’avait besoin que d’un vêtement, la tâche n’allait pas être simple. Il ne cacha pas la situation à Iverna. Avec elle, il ne portait pas un masque. Il attendait sa réponse. Il attendait une réaction. Elle but son verre tout en semblant réfléchir, puis en commanda un autre. Rowan ne savait pas trop si elle accepterait de l’aider. Il n’arrivait pas à deviner son intérêt sur son expression, elle restait impassible.
« Je vois… tu as des états d’âme parce que ta douce a été assassinée et tu vois le mal partout. Des fois des gens meurent sans que personne puisse l’expliquer, ça s’appelle la vie. » Des états d’âme ? Rowan n’appréciait vraiment pas la façon dont elle lui parlait de la mort de Zoella, qui l’avait touché plus que tout dans sa vie jusqu’à présent. Il termina son deuxième verre plutôt que de s’énerver sur le champ. Iverna avait peut-être l’habitude de travailler autour des morts, mais pas Rowan. Si Zoella était morte d’une mort naturelle, tout serait différent. Elle avait été assassinée. C’était important. Elle en parlait comme si des meurtres arrivaient tous les jours, ce qui était peut-être le cas pendant la guerre, mais pas dans la vie du sorcier. « Tu es certain de vouloir utiliser cette option ? Azkaban n’est pas un voyage dans un pays paradisiaque. » Ajouta l’auror. Rowan savait très bien ce qu’était Azkaban, même s’il n’y avait jamais été et espérait ne jamais y aller. Le sorcier avait aussi entendu dire que les conditions y étaient maintenant plus agréables car il n’y avait plus les détraqueurs, les détenus étaient surveillés par des aurors. C’était d’ailleurs pour cette raison que ses parents voulaient qu’il devienne auror, ils voulaient qu’il ait de l’influence dans cette prison, qu’il puisse s’y infiltrer au cas où ils en auraient besoin un jour. Ils pouvaient pourrir en prison, cela ne lui ferait rien. Ou presque. Il savait qu’Ornella, une de ses petites sœurs, par exemple, n’approuverait pas du tout. Ornella lui en voudrait d’avoir mis ses parents là-bas. Maelys, quant à elle, était un peu plus rebelle ces derniers temps, avec son petit-ami né moldu. Elle ne lui en voudrait probablement pas autant, au contraire, elle serait peut-être fière de lui parce qu’il agissait enfin pour s’opposer à ses parents. Rowan répondit à Iverna : « Ils ne méritent pas un voyage dans un pays paradisiaque, croyez-moi. » S’ils étaient vraiment les assassins de Zoella, alors ils méritaient Azkaban. Et peut-être qu’il n’y avait pas que Zoella. Les mangemorts étaient jetés en prison depuis la fin de la guerre, ses parents avaient toujours été pro-mangemorts sans jamais le devenir eux-mêmes. Ils n’avaient pas été condamnés, cependant cela ne voulait pas dire qu’ils ne le méritaient pas. « Ils ont soutenu le mage noir pendant la guerre, ils n’étaient peut-être pas mangemorts, mais ils ne sont pas innocents. » Entendre la jeune femme dire qu’il voyait le mal partout, il ne pouvait pas le supporter. Elle voulait qu’il doute de ce qu’il avançait. Ses parents étaient responsables. Il en était persuadé. Certes, ils ne l’avaient jamais avoué, il ne pouvait pas le prouver pour le moment, mais il le savait au fond de lui. « Je ne vous demande pas d’avoir pitié de moi, juste de faire votre boulot. Il me faut des preuves. Vous allez m’aider, oui ou non ? » Demanda le brun, légèrement agacé. Il commanda un troisième verre, le dernier, promis.
Rowan devait absolument convaincre l’auror de l’aider. Depuis le début, elle ne semblait pas très emballée à l’idée de lui accorder ses services. Il le voyait dans son regard, Iverna ne le prenait pas au sérieux et c’était à la fois fâcheux et vexant. Rowan lui raconta ce que son ami avait raconté sur l’auror. S’il l’appréciait autant, c’était qu’elle était bonne dans ce qu’elle faisait, en plus d’être bonne tout court, soyons réalistes. Mais il ne fit aucune allusion à ce sujet. Il n’était pas là pour cette raison. Pourquoi n’acceptait-elle pas directement de mettre ses parents en prison ? Elle ne les connaissait pas. Elle ne connaissait même pas Rowan, comment pouvait-elle supposer qu’il le regretterait ? Elle réalisait sûrement qu’il hésitait depuis très longtemps pour avoir attendu tant de temps. Quoiqu’il en soit, le Gryffondor commençait à s’impatienter. Il ne comprenait pas pourquoi elle perdrait son temps avec lui si elle n’allait pas accepter de lui venir en aide. Enfin, Iverna entreprit de lui répondre : « Je ne suis pas certaine d’être la meilleure personne pour le faire… » Rowan regarda l’auror sans vraiment comprendre ce qu’elle voulait dire. Qui d’autre serait meilleure qu’elle pour l’aider ? Il avait toujours l’option d’aller vers un autre auror, mais pour quelle raison ne pouvait-elle pas le faire ? Ne pensait-elle pas que s’ils étaient vraiment coupables de ce dont Rowan les accusaient, ils méritaient d’aller à Azkaban ? Heureusement, elle reprit la parole : « Je comprends ton point de vue, je n’ai pas pitié de toi, la mort est complexe à côtoyer. Tu fais partie de cette génération bien trop jeune pour cette guerre qui nous a bouffée de plein fouet. Chaque sorcier a fait ses choix lors de la guerre, certains ont choisi le mauvais côté pour d’autres, celui qui leur semblait le plus juste. » Rowan but une gorgée de son troisième verre. Il écoutait ce qu’elle lui disait, mais elle ne semblait pas non plus le comprendre. Elle prétendait le faire, mais c’était du vent. Le Gryffondor se dit que sa vie aurait pu être bien pire et bien plus courte si ses parents l’avaient forcé à suivre leurs idées avant la grande bataille et qu’on aurait vu en lui un ennemi à abattre. Heureusement, le sang-mêlé n’en avait rien à faire des idéologies des mangemorts. Ce n’était pas le cas pour Ornella, il était soulagé qu’il ne lui soit rien arrivé et puis il espérait qu’elle ait changé d’avis, comme Maelys l’avait fait. C’était justement là qu’Iverna voulait en venir. « Certains ont fait ce qu’il fallait pour protéger les leurs quitte à sacrifier certains principes. Ils s’en veulent certainement maintenant. Pourtant ils continuent de vivre. » Ce n’était absolument pas le cas de ses parents. Rowan était persuadé qu’ils recommenceraient sans hésiter. D’ailleurs, après la guerre, ils n’avaient pas changé de mentalité. Ils continuaient à penser que le sang d’un sorcier était déterminant et ils voulaient que Rowan continue à purifier le sang de la famille Moore en épousant une sorcière de sang-pur. En revanche, Maelys, la cadette, vivait dans le regret d’avoir dénoncé son frère et sa petite amie moldue et conduit à la mort de cette dernière.
« Es-tu certain de vouloir sacrifier ta famille pour ça ? Tu as peut-être des frères et sœurs, qu’est-ce qu’ils penseraient de cette idée ? Penses-tu qu’ils seraient de ton côtés ? Que tu ne les sacrifierais pas ? » Rowan semblait très absorbé par le contenu de son verre, mais en réalité, il réfléchissait aux paroles de la jeune femme. Elle marquait un point. Rowan avait déjà ce que Maelys voulait, elle ne voulait plus de l’influence de leurs parents, elle encourageait même son frère à fuir, mais il n’allait pas fuir, il allait se battre. Pour Ornella, c’était une histoire différente. Elle était plus proche de leurs parents qu’eux ne l’étaient. Rowan ne savait pas ce qu’elle en penserait, il n’avait jamais eu une réelle discussion avec elle sur ce sujet. Il ne savait pas si elle était plus de son côté à lui que de celui des parents. « Je suis certaine que ma petite sœur m’en veut toujours de ne jamais être revenue la chercher et l’avoir laissé avec mes parents… je l’ai sacrifiée pour ma sécurité, es-tu sûr de vouloir tout sacrifier ? » Demanda Iverna au sorcier. Le Gryffondor ne connaissait rien de l’histoire de cette femme, mais elle semblait trouver des similarités entre leurs deux vies. Elle avait fait un choix et lui devait faire le sien. « C’est ce que vous pensez, mais vous ne le savez pas avec certitude ? Peut-être qu’elle ne vous en veut pas autant que vous le pensez. Peut-être que c’est ce qu’elle souhaitait pour vous, pour votre bien. » Rowan ne connaissait pas la famille d’Iverna, donc il ne savait pas comment sa sœur avait pu réagir, mais elle aurait réalisé que c’était mieux ainsi. Par contre, si sa petite sœur était en danger elle aussi, alors c’était une autre histoire sur laquelle Rowan ne s’exprimerait pas. « Pour répondre à votre question, j’ai deux sœurs, un peu plus jeunes que moi. Elles ont toujours plus ou moins suivi mes parents. Enfin, c’est ce que je croyais… La cadette, Maelys, est différente. Elle a changé, elle ne pense plus comme eux. Elle en est même jusqu’à se trouver un copain sang-de… né-moldu. C’est aussi pour elle que je fais ça… parce que je sais ce qu’il risque d’arriver à son copain un jour... elle ne semble pas s’en rendre compte. » Lui s’était éloigné de tous les nés-moldus de son entourage pour ne prendre aucun risque, cela le rendait donc fou de voir Maelys risquer de vivre la même chose que lui alors qu’il en avait souffert atrocement. Il ne voulait pas voir sa petite sœur souffrir autant que lui. « Elle voudrait que je cesse de les écouter moi aussi. Mais si je fais ça, ils s’en prendront à ma meilleure amie, Cassandre. » Elle était bien plus que sa meilleure amie, elle était celle dont il était tombé amoureux alors qu’il s’était juré qu’il n’aimerait plus jamais après la mort de Zoella. « J’en ai rien à foutre de les voir pourrir en prison, je ne le regretterai pas. Maelys s’en remettra elle aussi. Quant à mon autre sœur, Ornella… J’en sais rien, honnêtement. Mais elle est forte, elle comprendra. Je préfère lui montrer que si on fait des conneries, on va en prison plutôt que l’inverse. » Rowan ne voulait pas voir Ornella mal tourner. Il préférait qu’elle voie qu’on ne peut pas faire ce qu’on veut dans la vie. Il regarda la jeune femme avec un regard d’une intensité à faire pâlir presque n’importe qui. Pourtant, il savait qu’elle, elle ne fléchirait pas. Contrairement à ce qu’elle semblait penser, il était persuadé qu’elle était la personne la mieux placée pour l’aider.
Rowan raconta plus en détails la raison de sa venue dans ce bar et de son appel à l’aide. Elle lui avait demandé s’il ne risquait pas de se mettre ses sœurs à dos en condamnant leurs parents, il avoua qu’il le faisait aussi un peu pour elles. Enfin, surtout pour Maelys. Il ne savait pas ce qu’en penserait Ornella. Pour le futur de Maelys, pour le sien avec Cassandre éventuellement, il fallait arranger cette histoire. C’était le rôle que devait jouer Iverna Donnelly. Elle était une de ses dernières options. Elle pouvait bien sûr refuser de l’aider, mais il irait voir un autre auror. Il n’abandonnerait pas, pas cette fois. Il était trop tard pour faire demi-tour, ce que le sorcier ne souhaitait pas de toute façon, quelles que soient les conséquences, il assumerait. Comme il venait de le dire à l’auror, il préférait montrer à sa sœur qu’on ne peut pas faire de conneries sans être puni, au cas où elle souhaitait continuer à suivre aveuglement les idées de leurs parents. Ce qu’il venait de dire semblait faire sourire Donnelly. Elle restait silencieuse, il s’attendait à ce qu’elle cherche encore d’autres moyens de le faire reculer. Mais au contraire, elle dit : « Très bien. » Iverna ne semblait plus chercher à s’assurer que le sorcier ne regrette pas son geste un fois la machine en route. Elle semblait en avoir assez entendu, mais il n’était pas sûr qu’elle ait réellement accepté. Il attendait qu’elle le lui confirme, ce qu’elle ne tarda pas à faire. « Je ferai ce que je peux pour t’aider. Mais il y aura des conditions. » Rowan était soulagé d’entendre qu’Iverna allait l’aider, mais quand il entendit la suite, il fut curieux de savoir de quoi elle parlait. Il se demandait quelles seraient les conditions. Elle reprit : « Il va falloir que tu me donne des informations, sur tes parents, toute ta famille, ta petite amie décédée. Il faut d’abord que je sache le plus possible sur tous les liens qui vous lient tous. Ensuite, je verrais ce que j’ai à faire. » Puisqu’il souhaitait l’aide d’Iverna, il lui donnerait toutes les informations dont elle avait besoin. Il ne ferait pas d’histoires. Il était venu vers elle, il était normal qu’elle sache tout. « Je dois tout savoir, rien ne doit être omis, surtout sur les circonstances de sa mort. » Le problème, c’était que Rowan ne savait pas tout. Il n’était pas là quand elle était morte, il était à Poudlard. Elle était en fuite. Il n’avait plus eu de nouvelles d’elles et un jour, il l’avait appris de la bouche même de celle qui l’avait trahie. « Bien sûr. » Répondit Rowan, prêt à lui dire tout ce qu’il savait. Du coup, par où commencer ? Il regarda le serveur apporter un autre verre à la jeune femme. Il n’en commanda pas un autre pour lui, il avait assez bu. C’était une discussion trop importante pour que l’alcool vienne gâcher ses chances de se venger de ses parents et du meurtre de son ancienne petite amie.
« Par où commencer ? Premièrement, j’étais le premier à me foutre de la nature du sang des autres sorciers dans ma famille, avant que Maelys se réveille… J’ai toujours été en bons termes avec les nés-moldus, ce qui m’a valu plusieurs remarques de la part de ma famille, mais c’est tout. » Rowan n’avait commencé à avoir des problèmes que le jour où sa famille avait découvert qu’il sortait avec Zoella. « Jusqu’au jour où je suis tombé sous le charme d’une née-moldue, comme votre collègue a dû vous le raconter, Zoella. Elle et moi, c’était une évidence. On a tout fait pour garder cette relation cachée, sauf que certains ont fini par le découvrir. J’étais fou amoureux d’elle, c’est dur à cacher, plus qu’on ne le croit… Maelys et Zoella étaient de la même année et de la même maison, comme vous pouvez vous en douter, elles ne s’entendaient pas particulièrement, on peut même dire que ma sœur la détestait. » Le Gryffondor n’avait jamais réellement compris pourquoi. Pour lui, Zoella était une fille parfaite. Il ne comprenait pas qu’on puisse la détester. Il n’avait jamais vraiment voulu en savoir la raison non plus. Mais dès le jour où sa sœur l’avait appris, il n’avait cessé de défendre sa petite amie qui ne méritait pas cette haine selon lui. « Mes parents ont mis la pression sur mes sœurs pour qu’elles surveillent mes fréquentations. Ils voulaient savoir si j’avais enfin trouvé une petite amie de sang-pur. Elles n’ont rien dit, mais ils ont fini par faire craquer Maelys. Et… elle leur a parlé de Zoella. » Depuis, Rowan le lui avait pardonné, mais il lui en avait longtemps voulu. Il l’avait tenu pour responsable de la mort de Zoella pendant très longtemps. « Je suis tombé amoureux de Zoella en 1997. L’année suivante, à cause du statut de son sang, elle n’a pas pu revenir à Poudlard, elle a fui. Elle et moi, nous étions toujours en contact de temps en temps. Elle se faisait passer pour une cousine. Grâce à nos hiboux, on a réussi à se parler pendant quelques mois… et un jour, plus de nouvelles. » Plus les semaines passaient et plus il s’inquiétait. Il n’avait aucun moyen de savoir ce qui lui était arrivé en dehors des lettres. Elle ne répondait plus. Le hibou de Rowan revenait même avec ses lettres. Il avait le cœur serré. « Quelques semaines plus tard, Maelys est venue me voir en pleurs après avoir entendu le nom de Zoella à la radio parmi les victimes de la guerre… Elle a avoué avoir parlé d’elle à nos parents quelques semaines avant. Pour moi, il n’y a aucun doute. Ce n’est pas la guerre qui l’a tuée, c’est eux. » Sur cette affirmation, il fit une pause dans son discours. Il venait d’en dire déjà beaucoup, il fallait un petit temps pour que les informations s’imprègnent dans l’esprit de l’auror. Il y avait probablement beaucoup d’autres choses qu’il pouvait raconter, mais il allait falloir qu’elle l’éclaire un peu en lui posant des questions un peu plus précises.
L’histoire de Rowan et Zoella n’était pas très heureuse, à cause de son dénouement. Mais le cœur de l’histoire en elle-même l’était à ses yeux. Il entreprit de raconter à l’auror ce qui le menait à elle, comme elle venait de le lui demander, en détails. Après la fin de son histoire, Iverna soupira. Rowan ne savait pas comment le prendre. Il ne pensait pas lui demander l’impossible, il y avait forcément quelque part une preuve qui pourrait incriminer ses parents, en dehors de sa propre conviction qui ne servirait à rien lors d’un procès. « Il y a eu beaucoup de dommages collatéraux pendant la guerre, je veux que tu n’oublies pas qu’il y a une possibilité qu’elle ait été tuée seulement à cause de son sang. » Cette réponse ne lui faisait pas plaisir, mais l’auror n’avait pas totalement tort. Il y avait un infime chance que Zoella ait été tuée par quelqu’un d’autre, qu’il se trompait sur toute la ligne. Le sorcier ne voulait pas y penser. Il savait que ses parents étaient responsables à cause de leurs sous-entendus, de la façon dont il parlait de sa précieuse Zoella. Toutefois, le brun savait qu’ils n’avaient rien avoué et qu’ils avaient peut-être joué sur cette hypothétique coïncidence pour le remettre dans le droit chemin. « Lorsque le Seigneur des Ténèbres a pris le pouvoir au ministère, j’ai fui, je suis partie me cacher, j’ai donné aucune nouvelle au seul être qui m’était cher à l’époque. » Il appréciait qu’elle lui en dise plus sur son passé comme elle l’avait fait précédemment en lui parlant de sa petite sœur. A sa grande surprise, l’histoire d’Iverna semblait ressembler en partie à celle de Zoella. Elle pourrait alors peut-être s’identifier à elle et mieux consentir à aider Rowan. Le Gryffondor s’était toujours demandé si c’était de sa faute si Zoella avait été tuée. Est-ce parce qu’ils s’échangeaient encore des messages ? Leur amour les avait peut-être aveuglés et leur avait fait croire qu’ils savaient dissimuler leurs identités, mais ils s’étaient sûrement fourvoyés. « Malheureusement des raffleurs m’ont trouvé, ils m’ont emmené dans le cirque de celui que je prenais comme un frère, il a tué l’un de nos meilleurs amis qui était comme moi… il aurait pu faire la même chose, mais j’ai été envoyé à Azkaban… C’était sa façon de me protéger, soit… » Rowan se demandait s’il était arrivé quelque chose à Zoella avant qu’elle ne soit assassinée. Elle n’avait pas eu la même chance que l’auror, elle n’avait pas survécu. « Il est possible qu’elle ait été un contrat, que tes parents aient pu demander, ou, il se peut juste qu’elle se soit trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, comme moi… je veux que tu prennes en compte la possibilité qu’ils n’y soient pour rien dans cette histoire. En fonction des preuves que je pourrais trouver, tu pourras être surpris. » Rowan voulait-il apprendre la vérité ou voulait-il seulement confirmer ses doutes quant à ses parents ? Si Zoella avait été tuée par quelqu’un d’autre et que cela revenait à innocenter ses parents, voulait-il vraiment le savoir ? Il réfléchit un instant à la question. Il était tellement persuadé que ses parents étaient les coupables qu’il n’avait pas pensé à une autre option depuis très longtemps.
« S’il s’avère que mes parents n’y soient pour rien dans cette histoire, je veux quand même savoir ce qui est arrivé à Zoella. Je sais qu’il y a une possibilité qu’ils soient innocents, même si ça me tuerait de l’admettre… J’accepterai le résultat quel qu’il soit. » Assura le sang-mêlé. Dans les faits, ce ne serait peut-être pas le cas. Il ne pouvait pas promettre qu’il l’accepterait. Il ne pouvait pas promettre qu’il la croirait sans questionner ses découvertes. Il fallait qu’elle trouve une preuve irréfutable de l’innocence de ses parents pour qu’il cesse de les croire coupable. « Si c’était un contrat et qu’ils ne se sont pas directement sali les mains, on est d’accord qu’ils paieront quand même ? Ils pourriront à Azkaban ? » Le sorcier était presque certain qu’ils n’avaient pas tué Zoella de leurs propres mains, l’hypothèse du contrat était donc la plus probable. L’histoire d’Iverna était touchante aux oreilles de certains, mais pour Rowan, cela ne voulait pas dire que Zoella avait vécu la même chose. « Je veux savoir ce qu’il lui est arrivé… même si ce n’est pas ce que je veux entendre. » Confirma-t-il à la jeune femme. Il voulait savoir ce qu’elle découvrirait, si bien sûr elle finissait par découvrir quelque chose. Il était aussi au courant qu’il se pouvait qu’elle ne trouve absolument rien. Rowan appuya ses coudes sur la table et se pencha vers l’auror. « Alors, on a un accord ? Vous allez m’aider ? » Elle lui avait demandé qu’il lui raconte tout ce qu’il savait sans omettre de détails, il l’avait fait. S’il avait des choses à ajouter par la suite, il n’hésiterait pas à le faire. Il suffisait qu’Iverna le contacte et elle savait où le trouver. Il ne pouvait pas aller bien loin, incapable de quitter la proximité de Poudlard. « Quel est votre prix ? » Encore une chose dont ils n’avaient pas encore parlé. Rowan était prêt à y mettre le prix, mais il ne voulait pas non plus se faire escroquer. Il lui payerait sans doute une partie avant, et une autre ensuite, quand elle trouverait quelque chose.