Speed Dating (Freya Silaïeva & Phyllis Sandoval)

V O S               P I R E S               C A U C H E M A R S                    (      P H Y L L I S         )SALLE - DE - MÉTAMORPHOSE

Elle te torture. Te prend la main à travers les flammes. Tu es l’esclave de ses jeux. Tu deviens habituée à cette douleur. Celle qui t’entraîne dans le chaos. Le néant. Celle qui fait sortir la rage qui bouillonne au fond de ton âme. Ce monstre qui ne demande qu’à déferler sur le monde. Qui cherche à s’extraire à tout prix. Tu voudrais l’enchaîner, l’attacher la tête en bas. Mais tu commences à apprécier la présence de cette douleur. Elle t’anime. Te renvoie à ce que tu aspires vraiment : la liberté. Ta liberté. Mais aussi celle de ceux que tu aimes. Enfermer depuis des semaines, comme des criminels. Tu penses à leur douleur, et te dit que la tienne ne vaut rien. Pourtant, ton corps respire la peur. De son cou jusqu’à ses chevilles. Freya la sentait.

La pression qui allait la faire sortir de ses gonds. Qui allait la faire rentrer en rébellions. Elle était prête à entrer en guerre, sans commettre d’échec. Pour la liberté des siens… Les choses avaient été mal faites. Tout avait été aléatoire, brutal. Sans aucune émotion. Comme s’il ne s’agissait que d’un simple business. Dieu aurait pu avoir pitié pour les spectateurs. Mais non, l’épidémie continuait. Elle torturait. Sans cesse. Freya allait le faire, pour son sang, sa famille. Pour que les dix orteils de sa sœur retouchent enfin la terre. L’amour et la loyauté étaient les seules raisons pour lesquelles elle se tenait encore debout. Aliénée par la direction, toute cette pression lui donnait accès à un certain tremplin d’anxiété qu’elle détestait. Elle se voyait marcher lentement à travers le feu. Qui oserait se frotter à elle ? Peu importe le monde qui s’allierait contre elle. Elle porterait le poids de ses conneries sur ses épaules avec élégance et détermination. Freya était prête à tomber dans les bras de son côté obscur. Mais elle ne ferait pas l’erreur d’y emmener n’importe qui. Lou l’avait déjà convaincu avant que quoi que ce soit ne se mettre en place. Elle ne serait pas seule. Peu importe, qu’elle les connaisse ou pas ; du moment que les objectifs soient les mêmes. Elle se brûlerait les ailes, si cela pouvait faire sortir Oktavia de sa prison. Elle roulerait avec l’équipe qu’on lui donnerait. Des méchants sur le devant de la scène ? L’équipe d’une nuit. Un squad. Des timbrés. Des fous. Vivant le danger, le risque. Comme si dans la vie tout était possible. Chacun se le devait. Car vous savez quoi ? Ils étaient loyaux, ils avaient une famille, et ils n’avaient pas peur de montrer en quoi ils croyaient. Eux. Ils croyaient en eux. Parce que personne ne leur déroulerait le tapis rouge… Bien au contraire. Parce qu’une évasion au sein même de Poudlard ? C’était complètement insensé et stupide. Et pourtant, cela allait arriver. Freya avait longtemps réfléchi à cela. La commotion cérébrale n’avait jamais été loin. Elle savait qu’elle viré du mauvais côté, sa propre sœur le lui dirait sans doute. Pourtant, elle n’avait jamais eu la moindre hésitation. Elle avait toujours filé droit. Et elle continuerait jusqu’à ce que sa propre torture passe.

Elle était dévouée à sa famille, et à sa propre destruction. Une dose complète de dysfonctionnement préjudiciable. Si jamais, elle venait à se faire prendre, elle perdrait ses instincts. Sa liberté. Celle qui lui permettait d’avancer jours après jours. Le diable essayait de la tenter. Et elle plongeait dedans. Folle de douleur, elle pouvait passer pour une ratée. Mais elle serait prête à tout. Elle pourrait se couper la tête juste après s’être tranché la gorge pour son sang. Sa famille. Sa langue embrasserait un requin. Mangeant du beurre de cacahuète, et des méduses sur des toasts. Et si elle se faisait piquer, au moins elle s’étoufferait dans son plaisir. Pour sa famille, elle serait prête à tout. Elle ne craignait pas les galères. Elle était juste jeune, trop jeune pour perdre sa propre liberté.

Le Professeur Sandoval parlait avec passion et expérience. Elle savait captivée les foules, et le contenu de ses cours semblait inépuisable. Freya s'imprégnait avec joie des connaissances de son enseignante. Et c'était avec intérêt qu'elle se présentait à chaque fois en classe. En plus de ça, la transfiguration animale était le domaine de la Métamorphose qui l'intriguait le plus. Développer assez de potentiel magique pour acquérir cette capacité n'était pas donnée à tout le monde. Elle demandait rigueur et patience. Mais au final, cela vous rendait unique et libre de vos mouvements. En devenant animagus, vous preniez pleinement conscience de votre potentiel magique ainsi que ses limites. Votre moi intérieur s'exprimait et révélait votre véritable identité. Une liberté durement acquise, et si peu accessible. Son esprit retomba très vite sur terre lorsque son professeur l'interpella, ce qui lui fit remarquer qu'elles étaient seules dans la pièce. Oups. Son esprit semblait bien nébuleux ces derniers temps. Pauvre petite chose. « Professeur, je me demandais s'il… » Elle fut interrompue par un bruit sourd, qui la fit sursauter. Watuf ? Qu'est-ce que c'était que ce vacarme ? La porte au fond de la salle semblait vouloir marquer sa présence. Elle faisait quand même légèrement flipper. « Professeur, est-ce que vous cachez des choses qui nécessitent l'absence de témoins ? » Freya ne voulait pas être impliqué dans quelque chose qu'elle ne pouvait pas contrôler. Dans sa vie, il y avait beaucoup de choses qu'elle n'arrivait pas à maîtriser. Et elle n'était pas très friande de devoir allonger davantage sa liste…