Sweet revenge to get Truth ∞ MAELYS&ADELE

 
 


Maelys était troublée depuis quelques jours. Il fallait dire qu’elle ne pouvait s’empêcher de jeter quelques coups d’œil vers son ex, Zeppelin. Leur histoire avait démarré l’été dernier mais avait pris fin en novembre. Pourtant, ces quelques mois avaient été fabuleux pour la sorcière qui découvrait les joies d’être en couple, ces moments de partage et de rêves éveillés. Il lui avait préparé des repas, il avait toujours des gestes de gentleman et cet éclat rieur dans les yeux. Tout ce dont elle avait besoin pour oublier l’abandon. Un abandon qui la poussait dans les bras d’un jeune homme qui enfin s’intéressait à elle. Rowan avait beau dire, personne n’était jamais venu voir Maelys et pensait bien que l’ombre de son aîné planait. Qui risquerait de se frotter à ce frère colérique qui avait le coup de poing facile ?

Aux yeux du monde, elle était donc celle qui avait jeté Zeppelin Johnson, chose qui n’était jamais arrivée. Les jeunes filles qui avaient eu le malheur de croire ce coureur de jupons amoureux étaient ravies pour certaines d’être vengées car il ne faisait aucun doute que le Gryffondor vivait mal la situation. Pire encore, il essayait de la reconquérir. Cette attitude poussait donc la sorcière à surveiller les alentours pour l’éviter au maximum. C’était trop dur pour elle de l’affronter car au fond elle avait menti. Menti à son frère tout d’abord, Rowan, en prétendant que Zeppelin était juste une expérience. Aux camarades ensuite, en jouant ce rôle de celle qui avait jeté Zeppelin Johnson comme un vieux chiffon. Obligée de masquer ses sentiments, elle regrettait amèrement sa position tout en ayant conscience que ce petit jeu était nécessaire. Zeppelin était trop sûr de lui et si jamais il la prenait pour une conquête de plus, elle préférait en sortir la tête haute.

Sa réflexion, elle l’avait longuement menée et n’en avait pas informée Adèle, sa meilleure amie. Cette omission la tracassait, d’autant plus que sa camarade avait un fort caractère et saurait probablement l’aider à tenir le coup. Un voile de tristesse se posait très souvent dans son regard et dès que le nom du sorcier était prononcé, son être tout entier se tendait, attendant le fameux couperet. Mais il ne vint pas. Non. Johnson venait la voir avec de belles tournures et très souvent, c’était la colère et la frustration qui tenaillait la jeune femme. Elle doutait vraiment de lui. Comment savoir s’il était sérieux, lui qui aimait tant conquérir ? La voulait-il parce qu’il ne pouvait plus l’avoir ou bien parce qu’elle était partie ? Était-il vraiment amoureux ? Il lui fallait une réponse. Braver les interdits, elle saurait faire. Rowan pouvait bien ordonner ce qu’il voulait, Maelys considérait à présent qu’elle mènerait sa vie comme elle l’entendait. Loin de se douter des plans de son frère concernant leurs parents, elle était prête à fuir pourvu que Zeppelin soit vraiment sincère. Elle était prête à tout perdre pour lui. Mais en valait-il vraiment la peine ?

Voilà ce qui la tourmentait tant depuis des jours, des semaines. Cassant une énième plume alors qu’elle essayait d’écrire un devoir de potions, la Serdaigle soupira. Elle était seule dans le dortoir, ignorant où se trouvait Adèle.

Ou pas. Un bruit de pas se fit entendre dans les escaliers. Maelys se redressa sur son lit et fixa la porte avec espoir. Oui. Ce fut bien elle qui apparut dans l’embrasure. « Hey ! », lui lança Maelys pour l’accueillir. « Je suis vraiment contente de te voir ! Où est-ce que tu étais ? Je t’ai perdue de vue après le dîner ! » Ses yeux pétillaient. Elle espérait bien que cette disparition mystérieuse soit liée à un garçon. Aussi, elle attendait vraiment quelques détails croustillants qui lui feraient oublier sa peine. «  Allez, viens là et raconte ! » Elle tapota son matelas pour l’inviter à y prendre place. Un grand sourire illumina son visage même si l’inquiétude se reflétait toujours dans ses yeux.

Elle avait besoin d’un avis à présent. Elle devait donc parler de tout ce qui la tracassait à Adèle pour qu’elle ait son avis mais avant, elle préférait l’écouter. Repliant l’une de ses jambes, elle fixa son attention sur la blonde.

Maelys ignorait ce qui pouvait troubler Adèle par rapport à cette épidémie affreuse qui frappait l’école et le monde magique. La sorcière ne souffrait pas de ces troubles et ne pouvait pas expliquer pourquoi elle était épargnée. Il fallait dire que Zeppelin Johnson avait pris une place conséquente dans sa vie et qu’elle perdait un peu le sens des réalités à ses côtés. Bien sûr, que ce soit son frère Rowan qui lui faisait la morale en lui ordonnant de rompre ou Adèle qui la mettait en garde, la Serdaigle savait qu’elle prenait le risque de finir le cœur brisé. Et plus les semaines passaient, plus la menace se rapprochait.

Oui Zeppelin Johnson avait besoin d’être jeté. Et d’en souffrir. Il lui disait de jolis mots, lui préparait des jolies surprises mais Moore s’interrogeait toujours sur sa sincérité. Le faisait-il pour obtenir quelque chose d’elle ? Il l’avait déjà eu. Ayant besoin d’une réponse, elle avait fini par mettre fin à cette histoire et à sa grande surprise, Zeppelin n’avait pas fait comme d’habitude : il n’avait pas couru attraper une autre fille. Non. Il lui courrait encore après, voulant à tout prix la récupérer. Dire que Maelys n’en était pas flattée serait mentir mais là encore, elle doutait de lui. Cherchait-il à la reconquérir pour se rassurer et pouvoir ensuite la jeter comme toutes les autres ? Devenait-elle intéressante parce qu’elle était partie d’elle-même ou parce qu’il ne pouvait plus l’avoir ? Toutes ces questions la troublaient encore et encore et il n’était pas rare qu’elle trace sur son parchemin des cœurs brisés avec leurs initiales.

Adèle n’avait pas semblé trop surprise et avait été présente. Maelys lui en était reconnaissante mais elle culpabilisait de ne pas avoir su lui dire, au moins à elle, la vérité. La vérité était que Maelys était amoureuse de Zeppelin. Vraiment. Elle cherchait à le voir le plus souvent possible et si jamais il tournait la tête vers elle, elle s’arrangeait pour qu’il ne s’aperçoive pas qu’elle l’observait. Elle priait pour qu’il vienne la trouver, lui dire toutes ces belles paroles et cela lui coûtait à chaque fois de lui répondre qu’elle ne changerait pas d’avis. Toute cette belle mascarade n’avait qu’un but : mettre Rowan hors de sa route. Il fallait que son frère cesse de la surveiller et la laisse choisir celui qu’elle voulait aimer. Zeppelin avait cette assurance, cette débrouillardise et ce courage qui la faisait frissonner. Tout était si compliqué maintenant. Pour rien.

Le cœur serré, elle ignorait que sa meilleure amie lui cachait elle aussi quelque chose. Le mal qui les rongeait était bien différent et pourtant la souffrance restait la même. Quand Adèle fit son apparition, Maelys l’invita à venir prendre place sur son lit, ce que fit la blonde sans se faire prier une seconde fois. « Oh, il te court toujours après ? Je sais ce que c’est… » lui répondit-elle avec un pauvre sourire alors qu’Adèle se frottait les tempes. « J’ai de la menthe poivrée si tu veux ! » Attrapant un sac où elle fouilla un moment, elle sortit l’extrait qu’elle lui tendit. « Mets en un peu, tu verras, ça te fera du bien ! ».

Lui adressant un sourire sincère, la tristesse se reflétait toujours dans son regard. Son attention fut toutefois détournée par la question de sa camarade et elle observa le parchemin et la pointe de la plume complètement fendue et foutue. Oui. Une énième plume brisée. « Non, non ce n’est pas le devoir en lui-même. » Levant les yeux, elle remarqua qu’Adèle la fixait, attendant clairement une explication. La brune hésita un instant avant de soupirer. « Je… » Comment amener le sujet ? Hésitante, elle cherchait comment tourner sa phrase mais Maelys n’était pas le genre de fille à savoir passer par quatre chemins. « Tu te souviens quand je t’ai dit que Zeppelin n’était pour moi qu’une expérience… J’ai menti. » Sa voix trembla. « Enfin. Pas tout à fait, c’était le cas au début. Mais… Je l’aime. Sauf que je sais bien qu’il n’est pas connu pour être sérieux. Alors quand il avait ce genre de mots avec moi j’avais envie de le croire parce qu’il semblait sincère mais j’ai toujours ces doutes. En plus Rowan s’en est mêlé. Il m’a coincé à la bibliothèque en me reprochant d’être avec une personne pas assez intéressante pour les parents et m’a ordonné de rompre. Je ne l’ai pas fait pour lui. J’avais besoin de savoir moi aussi et je l’avais prévu… » Elle commençait à tout mélanger. Prenant son inspiration pour remettre au clair ses idées, elle reprit : « Je veux dire. Je l’ai fait pour moi, pas pour Rowan. Mais maintenant j’avais besoin que Rowan y croit vraiment sauf que… Je l’aime Adèle. Zeppelin. Je l’aime toujours. Mais j’ai besoin d’être sûre et ça me hante à chaque instant. J’ai bien une idée mais elle est totalement folle alors… ». Alors elle avait besoin que quelqu’un lui dise que oui, son idée était totalement folle même si elle avait quelque chose de géniale. Il fallait juste le bon acteur, au bon moment.

Assises sur le lit de Maelys, les deux jeunes filles parlaient d’un sujet bien populaire à leur âge : les garçons. Adèle mentionna un élève de Poufsouffle et sa camarade crut que c’était un énième admirateur. Son amie était de celle qui avait ce je ne sais quoi qui fascinait. « Il te fait perdre ton temps ? ». Elle n’était pas certaine de tout comprendre, cela faisait un moment qu’elles n’avaient pas pu échanger depuis un moment. Lui tendant un flacon pour qu’elle puisse faire partir cet affreux mal de tête qui lui vrillait les tempes, elle sourit et le rangea dès qu’Adèle le lui rendait.

Elle ne sut comment mais une chose était sûre, elle avait besoin de l’avis d’une personne ayant bien plus d’expérience qu’elle. Sa meilleure amie était donc la personne idéale avec qui épancher son cœur. Tout ce qu’elle retenait depuis plusieurs mois se déversa dans un flot de paroles. Tout s’entremêla d’ailleurs et la Serdaigle se demanda si ce qu’elle racontait resterait compréhensible pour Adèle.

Dans tous les cas, la jeune Moore culpabilisait. Elle ne s’était pas vraiment montré être la meilleure amie ces derniers temps, sentiment partagé par sa Adèle mais elle l’ignorait encore. Pire, Maelys ne savait pas que la blonde avait un tourment qui dépassait de loin ses peines de cœur. Si elle perdait sa magie, ce serait probablement terrible. Elle serait obligée de quitter le monde sorcier pour rejoindre celui des moldus, un jour ou l’autre. Comment faisaient-ils, ces gens, pour vivre sans ? La sorcière peinait bien à se le représenter. Toutefois, elle ne pouvait pas vraiment anticiper le sujet puisque Adèle ne lui avait pas encore raconté ce qui l’inquiétait tant.

Confiant ses sentiments réels pour un coureur de jupons, avouant sa faiblesse pour un garçon qui ne le méritait certainement pas, Maelys ouvrait son cœur à quelqu’un qui n’avait pas son sang. Au final, le différent avec Rowan et Ornella avait du bon : l’adolescente avait trouvé d’autres confidents avec qui elle pouvait être parfaitement sincère. Ce n’était pas Rowan et ses ordres d’arriéré qui allait en faire une personne de confiance. Surtout quand elle suivait ses pas et qu’il pouvait être tenté de se venger. La nature humaine n’avait rien de belle, la brune l’avait appris durant l’attaque de Poudlard. Mais Adèle avait de bons avantages : elle vivait une situation très similaire à sa camarade. Leur avenir était tracé par leurs familles respectives. Et toutes deux semblaient prêtes à se rebeller, c’était du moins le sentiment de la brune.

Attendant la réaction d’Adèle avec une certaine crainte, Maelys l’entendit dire qu’elle comprenait. « Vraiment ? ». Wow. Quelle chance elle avait d’avoir une camarade aussi prévenante ! « Je suis pathétique, non ? » Question idiote. Oui, elle l’était. Il fallait l’être pour courir après un mec qui aimait briser des cœurs ! La suivant du regard alors qu’elle se levait, ses yeux brillèrent devant la boîte de chocolats. « Wow ! On est en intervention ? » lui demanda-t-elle avec sérieux même si un pauvre sourire ornait ses lèvres. Si elle avait besoin de chocolats pour entendre d’affreuses vérités, l’heure était grave. Très grave. « Je sais… Mais j’ai l’impression que c’est histoire de fierté. Personne ne lui a fait ça avant… ».

C’était bien d’ailleurs pour vérifier ses intentions qu’elle avait imaginé un plan de la pire espèce, un plan qui pouvait rompre une amitié mais aussi toutes ses chances de le récupérer. « J’ai besoin d’un autre garçon. Quelqu’un qui me permettrait de voir s’il est jaloux et s’il exprime de réels sentiments… Ou bien s’il abandonnera. J’ai pensé à Ethan. » Plantant son regard dans celui d’Adèle, elle jaugeait sa réaction. « Ethan, avant d’être son meilleur ami et aussi le mien. Nous nous connaissons depuis toujours mais il est vrai qu’ici je l’évitais. Je n’aimais pas trop l’image de Zeppelin au départ… Mais si Ethan acceptait de jouer à ce jeu, cela m’éviterait de me prendre inutilement des vestes ou de faire souffrir un innocent. Mais il faut être folle pour en arriver là hein ? »

Et le résultat serait-il à la hauteur ? Même de cela, Maelys n’en était pas certaine. « Je me dis juste qu’il ne maîtriserait certainement pas ses émotions et qu’il pourrait du même coup être vraiment sincère. » Son explication s’évanouit dans un murmure.

Le désespoir avait le goût amer du chocolat. La déception aussi. Maelys devait habilement agir pour protéger Zeppelin de son frère aîné. Etant responsable du décès de Zoella, elle devait bien s’attendre à une forme de revanche de sa part quand bien même il s’en défendait. La méfiance était de mise. Et puis, Johnson n’était pas réputé pour s’attacher, elle avait donc besoin de savoir s’il était sincère ou non, s’il l’abandonnerait comme il l’avait fait pour tant d’autres avant. Sentant bien qu’elle s’engageait dans un chemin qui la ferait passer pour folle, elle avait pourtant besoin de sang froid. Adèle était bien plus avancée qu’elle sur la question des relations amoureuses et était la seule personne en dehors d’Ethan en qui elle avait toute confiance. Elle se confia donc sur le mal qui la rongeait et le plan on ne peut plus diabolique qu’elle souhaitait déclencher. Attrapant une praline que lui indiquait son amie, elle gloussa quand elle confirma l’intervention.

« Wow, je suis vraiment désespérée alors… Mais ça, j’en suis bien consciente. » lui répondit-elle avec une humeur oscillant entre l’envie de rire et de pleurer. Oui, pathétique. « Oui, c’est bien ce que je redoute. Les mecs sont compliqués et surtout cons. On ne sait jamais ce qu’ils ont en tête… » Et elle restait polie, taisant la vraie pensée qui s’imposait dans son esprit. En tout cas, c’était une part que Zeppelin lui avait montré et puis il suffisait d’écouter leurs conversations… Parfois, elle se retenait de les frapper.

Méprisante, elle préférait les ignorer. Mais mieux valait ne pas trop la chercher, Maelys n’avait rien de ces jeunes filles précieuses qui n’osaient pas se mesurer à la gente masculine, bien au contraire. Et l’avantage d’avoir pu ne serait-ce que chahuter avec un aîné connu ces derniers temps pour sa violence suffisait à prouver qu’elle était à bonne école. Alors, peut-être comme le pensait Adèle, que Zeppelin n’était pas indifférent à ce caractère. Il le lui avait même confié. Depuis le début. Pourtant, cela était difficile à intégrer pour Maelys parce qu’elle n’avait aucun point de comparaison. Une chose qu’elle pourrait justement bientôt régler en trouvant soit le premier venu qui servirait d’alibi soit une personne de confiance comme Ethan.

Déballant tout son plan à la française, elle fut surprise de voir qu’elle approuvait. Jusqu’à la mention de ce meilleur ami. La voyant s’étrangler avec sa praline, Maelys s’en voulut. Bon, ce n’était définitivement pas une bonne idée. Se penchant en avant, elle lui mit quelques tapes dans le dos. « Pardon, est-ce que ça va ? » s’inquiéta-t-elle avant d’enchérir avec tout son argumentaire qu’elle avait mis des jours à travailler. Le silence tomba quelques secondes et la brune laissa sa camarade mûrir sa réponse. « D’abord, je pense que tu te sous-estimes et que tu trouverais facilement un prétendant pour le rendre jaloux ton Don Juan, mais effectivement ce n'est pas très honnête de jouer avec les sentiments d'un gars qui n'a rien demandé à personne. » Ces mots la réconfortèrent mais elle ne put, comme avec Rowan, que les rejeter. « Tu es gentille mais en as-tu vu un avant Zeppelin ? » Et puis, elle n’avait même pas envie de faire l’effort de plaire à quelqu’un d’autre. Tout ce qu’elle faisait, c’était pour le conquérir lui !

L’amour rendait malade. Dès qu’elle le croisait, son cœur s’emballait suivit de près par un sentiment nauséeux. Elle n’en pouvait plus de s’endormir dans des oreillers humides de ses larmes. Elle craignait même de s’endormir parce qu’il hantait immanquablement ses rêves. Elle fut tirée de ses réflexions par Adèle qui confirmait sa folie en riant. Esquissant un pauvre sourire, elle l’accompagna pourtant. « Oui… Je suis définitivement folle mais merci de ne pas me dénoncer ». Elle n’y avait même pas songé. Pourrait-elle vraiment finir à Sainte Mangouste pour une histoire de cœur ? Oh elle comprenait à présent pourquoi ces filles tristes ne finissaient pas sembler complètement tarées. Elle avait eu tort de les regarder avec tant de déférence.

« Oui, je pense qu’il doit vraiment être prêt à affronter son meilleur ami. Je ne comprends même pas d’ailleurs comment ils peuvent être si proches, Ethan est tellement adorable… » Les mots avaient beau être tendres, Maelys n’était pas amoureuse de son ami d’enfance. Il était à part. « Du vin ? Ne me dis pas que tu as du vin ici ? » Ses yeux brillaient plus que de raison mais c’était parce qu’elle n’avait pas eu l’occasion de goûter du vin français. D’ailleurs, la première fois qu’elle en avait bu c’était avec Zeppelin pendant ce tournoi de Quidditch. Merlin. Tout, absolument tout la ramenait à lui. Elle prit une autre praline et ayant eu la réponse dont elle avait besoin, elle voulut changer de sujet. « Et toi sinon ? Il y a un moment que nous n’avons pas discuter tranquillement… »

Maelys avait définitivement fait une bêtise. Jamais elle n’aurait dû sympathiser avec le Gryffondor. Elle aurait dû l’envoyer balader proprement et patienter. Voilà ce que lui coûtait son impétuosité et son immaturité : des souffrances. Adèle avait sûrement raison de penser que la relation était plus compliquée que le fait d’être un homme ou une femme mais Maelys n’était pas vraiment en état de réfléchir clairement. Pour preuve, elle avait pensé à un plan complètement insensé qui pouvait détruire une amitié. Peut-être même bien plus car elle n’avait aucune idée des dommages collatéraux qui allaient en découler. Notamment, de voir sa meilleure amie s’étouffer avec une praline. Inquiète, la serdaigle posa une main sur son dos alors qu’Adèle la rassurait sur son état.

Et sur le fait qu’elle puisse plaire. Cette conversation, elle l’avait eu avec Rowan, son frère aîné. Tous deux prétendaient que Maelys avait tout pour séduire n’importe quel jeune homme mais la demoiselle en doutait. A tous deux, elle leur fit remarquer qu’ils étaient gentils mais qu’ils seraient bien incapables de citer une fois où l’on se serait intéressé à elle. Pour une obscure raison qui lui échappait, Maelys ne plaisait pas. Sauf à lui. Elle avait craint un moment de devoir se glisser dans la peau d’une autre. D’ailleurs, c’était ainsi qu’elle avait commencé avec Zeppelin : en observant sa sœur, elle s’était forcée à porter des robes ou des jupes pour leurs rendez-vous alors qu’elle préférait largement un jean et un t-shirt. Elle était simple, elle préférait les vêtements pratiques et confortables. De plus, son caractère bien trempé, longtemps masqué par sa fratrie qui la couvait, n’échappait pourtant pas à ses camarades. Frondeuse, elle n’avait pas froid aux yeux et savait répondre aux coups. Elle n’en abusait évidemment pas mais elle finissait toujours par être la bonne copine et non pas la petite copine.

Chacune tâtonnait sur le chemin de l’amour et c’était là les affres de l’adolescence. Tout semblait s’effondrer, le monde s’arrêtait de tourner tant les sentiments étaient exacerbés. C’était exactement ainsi que Maelys vivait cette séparation. C’était comme si on lui avait arraché une part d’elle-même et elle avait l’impression qu’Adèle ne savait pas trop comment se positionner. Il fallait dire que son arrivée à Poudlard était plutôt récente. Elle ne connaissait pas toutes les rumeurs sur les uns ou les autres. Maelys était perçue comme une peste qui avait fait vivre un enfer à Zoella. Oui. Dire qu’elle regrettait ? Non. Elle ne l’avait jamais pensée digne de son frère. Exactement comme Rowan pensait Zeppelin indigne d’elle.

Le sourire énigmatique qui se dessina sur les lèvres de la blonde rendit la brune incrédule et impressionnée. « Mais comment as-tu réussi à l’introduire ici ? » Pouffant de rire avec elle, la sorcière préféra prendre un autre chocolat. La française se révélait pleine de malice et elle aimait beaucoup ce trait de personnalité.
N’ayant pas envie d’être cette amie qui ne se préoccupait que d’elle, elle en vint à lui demander comment elle se sentait. Une ombre sembla passer dans son regard. L’interrogeant en silence, elle attendait simplement qu’Adèle se lance. Il fallait parfois laisser le temps à une amie de formuler ses pensées. Finalement, la blonde lui posa une question. « Martell ? », répéta Maelys, les yeux un peu perdus. « Euh… » prononça-t-elle pour se donner aussi le temps de la réflexion. « Peut-être. Je ne sais pas. « Il semble… Fatigué ? ». Elle ne l’avait croisé qu’une fois depuis sa sortie de quarantaine ou n’avait pas vraiment passé son temps à le scruter. La question suivante la laissa coite. D’autres symptômes précurseurs ? La sang-mêlée était toute aussi ébranlée que les autres par cette épidémie qui frappait le château. « Adèle, je ne comprends pas vraiment tes questions, je t’avoue que cette épidémie est effrayante et que j’essaie de ne pas y penser la plupart du temps mais pourquoi tu me poses cette question ? Est-ce par rapport à Martell ou bien c’est autre chose ? Que se passe-t-il ? »

Maelys était vraiment loin d’imaginer ce qui troublait l’esprit de son amie et surtout elle ne faisait pas le lien entre ce professeur et elle. Pourquoi parler de Martell ? Et évoquer d’autres symptômes ? Cela n’avait pas de sens. Elle tournait et retournait ces éléments dans son esprit mais sans les réponses de la serdaigle, elle ne pourrait jamais deviner la nature de ses tourments.

Impressionnée que sa camarade ait pu se procurer du vin dans une école où beaucoup de choses étaient interdites, elle eut bien vite l’explication. Adèle indiqua l’avoir dans sa valise depuis son arrivée à Poudlard. « Certes mais ils parviennent souvent à les trouver, tu as beaucoup de chance d’avoir pu la conserver ! », lui répondit la Serdaigle qui était bien loin d’aller la balancer. Pour sûr, si un professeur s’en apercevait, ou un préfet, la blonde ferait perdre des points à sa maison. Maelys pourrait s’amuser à regagner ces points en la dénonçant mais elle n’en avait pas envie. D’autres sujets préoccupaient son esprit.

Adèle commença à évoquer un professeur pour les symptômes de l’épidémie. Comme elle, la brune préférait ne pas y penser et cela était d’autant plus facile qu’aucun de ses proches n’étaient touchés. Alors, pourquoi la blonde évoquait le sujet ? Essayant de réfléchir aux derniers jours, elle n’avait rien vu d’anormal… Ceci dit, Maelys ne l’avait que peu vue et elle s’en voulut de ne pas avoir été plus présente. Le regard inquiet que jeta son amie pour vérifier que personne ne viendrait l’inquiéta. « Adèle, que se passe-t-il au juste ? » la questionna encore Maelys à voix basse. L’explication la déconcerta. « Une attraction ? » qui ne serait ni de l’amour, ni du désir. Haussant les sourcils, c’était pour sûr bien curieux. Familiers. « Hey, nous ne sommes détraquées ! » la corrigea la brune en souriant. « Juste un peu tourmentées. » Riant légèrement avec elle, elle écouta jusqu’à la fin ce qu’elle avait à dire.

Et comprit le lien avec l’épidémie. La pauvre se pensait malade mais cette chose n’arrivait qu’avec quelques personnes. Posant une main sur son épaule, elle lui sourit avec douceur : « Je comprends bien ton inquiétude mais rassure toi tu n’es pas malade », commença-t-elle par lui annoncer. « Tu le dis toi-même, ta magie va bien or cette saloperie touche surtout notre magie ! » Prenant le temps de la réflexion, elle essayait de comprendre. « Une attirance qui n’est ni de l’amour ni du désir… J’avoue que tu nous poses une sacrée énigme là ! ». Et puis… « Quel rapport avec le Professeur Martell ? » Oui elles évoquaient ce nom quelques minutes plus tôt. Se creusant les méninges, elle haussa les épaules. « Tu as une attirance pour des gens, mais qui ? Peut-être que nous pourrions comprendre, ils ont forcément quelque chose en commun ! » Oui, c’était sûrement là la solution ! Il suffisait de trouver ce qu’ils avaient en commun pour savoir pourquoi Adèle était attirée par eux. « Tu n’as jamais eu de don de médium ou dans ta famille ? » Parce que cela pouvait être de cette nature aussi. « Peut-être que tu détectes quelque chose qui concerne ces personnes précisément ? ».

A ce stade, Maelys ne pouvait faire que des suppositions. Elle gardait le ton de sa voix aussi bas que celui de la blonde pour ne pas trahir son secret. Elle voyait bien son trouble et cela la peinait. Il n’y avait plus personne à qui en parlait, le Ministère de la Magie contrôlait tout et la quarantaine n’était pas encore levée. « Tu as fait quelques recherches ? »

Maelys se retrouvait dans une nouvelle conversation qui n’avait pas de réponse rassurante. Elle aurait aimé pouvoir donner la solution à sa meilleure amie, malheureusement, celle-ci venait de lui poser une sacrée colle. Son esprit tournait à toute allure, essayant d’arranger les pièces du puzzle en tout sens mais sans y parvenir. Essayant de trouver les phrases qui calmeraient les craintes de la blonde, elle utilisa ce que tout Serdaigle avait : son intelligence. Ce que lui décrivait Adèle n’avait rien à voir avec les symptômes connus de la maladie qui frappait le monde sorcier. Il manquait clairement des informations pour résoudre ce problème et elle essaya de poser des questions.

Sa meilleure amie lui expliqua qu’il faisait partie de ces gens pour lesquels elle éprouvait cet étrange sentiment et surtout depuis sa sortie de quarantaine. Sortie de quarantaine. C’était un nouvel indice qu’elle rangea mentalement. « Et les autres ? » demanda-t-elle, essayant de se concentrer sur la raison et la logique plutôt que sur les sentiments. « Tu n’avais aucun lien particulier avant ? J’ai entendu parler de tels choses mais cela concerne plutôt des frères et sœurs, surtout des jumeaux. » Zeppelin avait une sœur jumelle dont il était proche, du moins avant qu’elle ne fuie l’école. « Mais tu n’as aucun lien familial avec eux, donc ce n’est peut-être pas l’explication… ? » Elle avait commencé par une affirmation tout en réalisant en s’entendant prononcer sa réflexion que le doute était bien permis. Après tout, elle ne savait pas tout de la française et ne l’avait jamais obligé à exprimer ses problèmes. « Je comprends tes inquiétudes pour l’épidémie mais ils ont tous les trois quelque chose en commun pour que tu réagisses, ce n’est pas possible autrement ! Sauf si tu as un don de voyance ou quelque chose de ce genre », continua Maelys qui vit la blonde réduire à néant ses hypothèses. « Tu en as parlé à Martell ? Il pourrait peut-être répondre, enfin si tu as suffisamment confiance en lui bien sûr… ».

Les professeurs de Poudlard avaient leurs personnalités et les élèves avaient ceux qu’ils préféraient et ceux qu’ils détestaient. Elle ne savait pas comment se positionnait sa meilleure amie sur le sujet. « Elles sont très différentes, c’est vrai ! Mais si tu n’obtiens rien auprès d’Hortense, je suppose qu’il ne te reste que Zoya mais n’étant pas facile à approcher, peut-être que Martell est ta meilleure option. » C’était la seule conclusion qu’elle pouvait faire à ce moment précis et la Serdaigle regrettait amèrement de ne pouvoir faire plus. « Oui, », commença-t-elle en hochant la tête, « Tu t’inquiètes sûrement pour pas grand-chose… As-tu essayé de trouver dans la bibliothèque la manifestation d’une sorte de magie que nous ne connaissons pas parce que trop rare ? Cela n’a peut-être rien à voir avec l’épidémie, peut-être que tu découvres seulement cette capacité… ? »

Les pas dans l’escalier lui firent froncer les sourcils. Quelqu’un venait les déranger dans leur conversation. Elle accepta de laisser filer le sujet qui revêtait à ses yeux une grande importance. « Oui, à moi aussi et promis, je te tiens au courant. »

Lui adressant un sourire, elle reprit son parchemin et d’un regard malicieux elle reprit une voix normale pour tromper celle qui passerait la porte. « Alors, du coup, tu peux m’aider sur cette question ? »