Look this Stranger... My brother ft. Frérot ♥

Tenir une auberge, ce n’était pas bien compliqué quand on grandissait dans le milieu. Elle avait souvent été dans les documents de sa mère en posant des milliers de questions quand elle était gamine. Elle reconnaissait maintenant qu’elle avait la fibre de l’entreprenariat maintenant qu’elle y baignait tous les jours de sa vie. Jamais la Tavernière n’avait semblé cependant, en grandissant, une personne qui pourrait survivre dans un milieu aussi bruyant, travailler aussi étroitement en équipe et s’en sortir aussi bien. Personne sauf sa mère visiblement. Elle et son caractère après tout… La réalité était qu’il avait une grande différence entre une équipe de Quidditch et gérer l’établissement des Trois Balais. Elle était bien plus combative et agressive au Quidditch puisque malgré sa responsabilité, elle n’avait pas tout le poids de l’équipe sur les épaules… mais les Trois Balais, c’était sa responsabilité, si cela ne fonctionnait plus, ça serait entièrement sa faute. Donc poussée un peu par l’orgueil, elle avait grandement travaillé sur elle depuis qu’elle était propriétaire.

‘’Oh la ferme Parker, qu’est-ce qu’on s’en fout de tes histoires à dormir debout, laisse-la tranquille un peu!’’

Ouais, bon… elle restait quand même elle-même aussi. Surtout avec certain client qui endurait ou méritait bien son caractère. Comme celui-là d’ailleurs. Il était tellement ivre qu’il n’allait pas se souvenir de ses mots et son intervention allait au moins aider sa serveuse à pouvoir continuer à travailler sans avoir à subir les gros sourires aux dents pourries et pervers de cet ivrogne. Le respect, c’était important pour Viktoria… bon, elle l’insultait, mais il le méritait, alors ça allait. Puis le dénommé Parker ne fit qu’avoir un rire gras en levant sa chope avant de terminer son breuvage d’un coup. Bon, il allait sans doute dormir un moment ensuite sur le comptoir. Tout le monde était gagnant.

Viktoria avait pris habitude de travailler dans un coin, au bar même. Comme ça, elle gardait un œil sur les clients, sur ses employés et devenait de plus en plus coutumière à l’ambiance des Trois Balais, on pourrait croire qu’après 2 ans, elle y était ferme habituée, mais pas totalement encore. Elle était en train de regarder quelques parchemins, maugréant par moment à voix haute à qui veut bien l’entendre, notant d’un coup de plume sec sur un autre parchemin des idées pour son inventaire et tout le reste. Le menton au creux de la paume de son autre main, elle semblait bien concentrée, mais ses oreilles écoutaient tout…et se furent certains mots qui attirèrent son attention.

‘’Ouais, t’rappelles le mec, Xanielov? Bah tu devineras pas quoi… Bah, je l’ai vu en venant ici, près d’la cabane hurlante! Sur la route qui mène vers le…’’
‘’Pas b’soin que tu me fasses un dessin, je connais Pré-au-Lard hein!’’

Bon, s’en suivit ensuite une série d’anecdotes liée à ce qui avait paru dans les journaux à propos d’Eliael… oui, parce que pour Viktoria, ce n’était pas que le type des journaux... Elle avait levé ses iris clairs vers les deux hommes qui discutaient, c’était des habitués, ils se retrouvaient tous les jours ici et discutaient de tout et surtout de rien… ils n’avaient que ça à faire de toute façon. Elle se leva alors, rangeant les parchemins en une belle pile rapidement, allant ranger tout ça derrière le bar bien précautionneusement. Elle se sentait soudainement nerveuse, ça ne lui ressemblait pas et elle n’aimait pas trop cela. Elle lança un coup d’œil à son employée derrière le bar.

‘’Je reviens plus tard.’’

Bon, elle se débrouillait bien toute seule, mais là, elle mentionnait son départ, au cas. Ses pas étaient rapides quand elle se dirigea vers la sortie, attrapant son manteau et ne terminant de l’attacher qu’à l’extérieur. Viktoria regardait des deux côtés en sortant, comme si elle pensait tomber sur lui comme ça, par magie. Son cœur battait comme un fou au creux de sa poitrine, comme rarement elle le sentait. C’était quelque chose quand même d’avoir connaissance aussi tard dans sa vie qu’elle avait un demi-frère. Elle qui s’était crue longtemps enfant unique. Elle se dirigea donc vers les indications qu’avait données l’autre vieillard. Il était en ville, elle avait tenté de le retracer sans avoir l’air suspect, mais c’était difficile, elle n’allait pas tenter de lui écrire ou quoi que ce soit… il y a des choses qui ne se disent qu’en vrai après tout.  

Elle marchait rapidement, voulant regarder partout à la fois, il était de son sang malgré ce que son père en avait dit, malgré l’histoire qui l’entourait. Sa curiosité était bien plus grande que n’importe quelle autre émotion en ce moment. Sans doute qu’il n’allait pas la croire. Elle se doutait également que peu importe les scénarios qu’elle s’était faite, elle ne verrait pas juste. Naturellement quoi. Elle le connaissait pas après tout.

Elle ne sut pas vraiment combien de temps qu’elle marcha, combien de gens qu’elle dévisageait avant de voir la silhouette de ce demi-frère au loin. Étrangement, elle avait cru qu’elle allait devoir le voir de face pour bien le reconnaître, comme elle ne savait son apparence que dans les journaux, mais non. Cela lui fit un drôle d’effet au creux du ventre… Il avait quelque chose dans sa démarche qui lui rappelait son père. Qui lui était familier. Maintenant… elle faisait quoi? Elle le voyait, il n’était qu’à quelques mètres d’elle. Elle ne pouvait pas l’interpeler qu’en disant ‘’Salut, je suis ta sœur.’’ Voilà, ses scénarios s’écroulaient dans sa tête parce qu’elle ne s’était pas préparée à cette nervosité. C’était tellement idiot après tout. Optant pour réfléchir un peu, elle ne fit que le suivre en gardant une distance qu’elle… jugeait suffisante pour ne pas avoir l’air trop de le suivre. Mais bon… ça, c’était selon sa perception à elle.

Viktoria n’était pas faite pour la filature. Vraiment, c’était une joueuse de Quidditch, oui, c’était une propriétaire d’une auberge aussi, mais elle ne pourrait pas être assez subtile comme personne pour être douée en filature. De toute façon, peut-être qu’elle cherchait aussi à se faire remarquer? C’est sans doute ce qu’elle se disait pour se convaincre qu’elle n’était pas si nulle. Malgré que là… là, elle était vraiment pire qu’une débutante, elle avait beau être nerveuse et garder sa concentration sur lui, elle aurait dû se rendre compte qu’elle passait devant les mêmes bâtiments. Elle connaissait bien la ville maintenant… puis finalement, elle le perd de vue. Oh franchement! Qu’elle idiote qu’elle était. Marcher derrière quelqu’un, ça devait pas être si sorcier quand même ! C’est au beau milieu d’une ruelle qu’elle finit par arrêter de marcher en lançant un juron dans la langue maternelle de son père. Elle trouvait que les jurons de ce coin sonnait mieux, évoquait mieux son impatience et son découragement! À peine eut-elle le temps de lancer quelques mots bien sentis, qu’elle se sent plaquer contre un mur. Ah bien bravo. Son frère venait de lui tomber dessus… okay, finalement la filature, ça avait été la pire idée du monde à voir sa tête.

Pourtant, Viktoria, elle reste calme. Elle a le visage neutre malgré les battements frénétiques de son cœur. Le regard éclata qui se plante dans celui de ce demi-frère perdu. Elle l’observe, elle a un regard analytique, cherchant des ressemblances… et elle voit des airs de famille. C’est peut-être son imagination. Sa voix même résonne à ses oreilles comme quelque chose qu’elle connait… Elle comprend à peine ses mots cependant, comme perdue dans son observation de son visage et ses traits. La rouquine ne tente même pas de se défaire. Elle n’aime pas se sentir prise comme ça, mais elle n’est pas là pour le menacer ou bien donner l’impression d’être une ennemie. Son regard trahi quand même qu’elle n’apprécie pas trop, mais au fond, c’est elle qui se la jouait un peu espionne en le suivant. Ah oui! Ce ton d’impatience, ça lui appartenait à elle aussi au fond. Elle lui répondit finalement à sa seconde question, cependant elle ne répondit pas en anglais, mais en hongrois. Peut-être qu’elle voulait mettre toutes les chances de son côté pour qu’il la croit quand elle lui dirait leur lien.

‘’Je m’appelle Viktoria Xanielov. Je suis la fille d’Abel Xanielov. (Elle se sentait un peu idiote dans sa manière de faire, mais elle trouvait ça déjà plus intelligent comme façon de procéder que seulement lui dire qu’elle était sa sœur) J’aimerais bien continuer de discuter comme ça, mais ça te dirait de me lâcher peut-être?’’

Ouais, pas gênée du tout la demoiselle. En fait, elle n’avait pas peur. Peut-être qu’elle était naïve ou insouciante… ou après tout, elle n’avait rien à se reprocher et restait assez certaine d’elle-même. Il pouvait sentir qu’elle prenait de bonnes inspirations. Sa nervosité ne se lisait peut-être  pas sur son visage, mais son corps réagissait quand même à la situation actuelle. Ce n’était peut-être pas de cette façon qu’elle avait imaginé rencontrer son frère pour la première fois. Mais les circonstances étant ce qu’elles sont, elle allait faire avec. Elle espérait seulement qu’il ne soit pas aussi têtue qu’elle ou bien que leur père, parce qu’elle allait clairement en avoir pour toute la journée si ce n’est pas plus pour tenter de le convaincre qu’elle était bien sa sœur. Son père était totalement contre qu’elle le rencontre, mais il était bien mal placé à ses yeux… il était parti, ça ne se faisait pas après tout. Elle s’en foutait ce qu’il pensait son vieux père en ce moment. Si lui ne voulait pas de son fils, elle, elle voulait d’un frère. À savoir maintenant si lui allait vouloir d’une sœur.