Do you wanna be my apprentice ? | Ailsa MacLean

Encore un petit effort, le cours est bientôt fini. Ce n'est pas que t'en as marre, c'est juste que tu penses avoir mieux à faire, que les cours sont une perte de temps. Ouais, si en fait, t'en as marre. Si encore ce serait des cours pratiques. Tu adores les cours pratiques. Mais franchement, la théorie, les livres, ce n'est vraiment pas pour toi. Et puis, en Défenses contre les forces du mal, tu n'en vois vraiment pas l’intérêt. C'est vrai quoi, ce n'est pas dans un foutu livre qu'on apprend à se défendre, à moins que t'ai raté un épisode, un détail ? Puis de toute façon, tu t'en fous, tu te fais royalement chier, et ce n'est pas le pourquoi du comment qui changera quelque chose. Puis ça te saoule, parce que vous avez un nouveau professeur depuis la rentrée, et il t'a déjà en grippe. Tu l'as cherché. Bon ok, au premier cours, tu étais attentive, si, si, même un peu trop pour être honnête. Pas sûr que t'écoutais vraiment ce que le monsieur disait, tu étais bien trop occupée à apprécier le décor. Ouais, c'est moche la façon dont c'est dit, mais c'est tellement toi. Ah … pire qu'un mec ...

Aujourd'hui, c'est un cours un peu particulier puisqu'une auror est présente pour vous vanter son métier, et pourtant, ça se gâte déjà. Bah oui, avec toi, les bonnes résolutions ne durent jamais longtemps. Même pas assise de dix minutes, que tu perds déjà le fil. Tu ferais presque pitié. Puis pour ta défense, c'est le dernier cours de la journée, ton cerveau en a marre, et tu irais bien prendre l'air, tu étouffes dans  ces salles de classes bien trop sombres pour ton petit moral. Du coup, tu cherches à t'occuper, et fais la deuxième chose pour laquelle tu es douée après dessiner, c'est à dire dormir. Mais ça ne plaît pas à tout le monde. Non, pas du tout même. Ça doit faire quoi ? Dix, voir quinze minutes que tu as la tronche écrasée contre ta table, voilà que tu es réveillée par la douce voix de MacBroch. Première remarque, ça ne t'avait pas manqué. M'enfin, tu t'en fous, t'as l'habitude de toute façon. Mais bon, tu te dis que tu dois faire un petit effort, alors tu te redresses, et luttes. Tu peux y arriver, tu as réussi la semaine dernière, pourquoi pas cette fois ? En tous cas, le temps passe doucement, un peu trop à ton goût, les minutes semblent une éternité, mais tu tiens. Enfin, tu tenais. Parce que t'en as marre, tu n'en peux plus, c'est trop long. Alors tu as beau essayer, tu as beau tenter de te retenir, c'est plus fort que toi, ça y est, on a perdu ton attention. Mademoiselle dessine, discrètement en plus, parce que tu as vraiment cru que ça allait passer inaperçu ? Non mais quelle naïve que tu es …

Ça ricane dans la classe, et bien entendu, tu ne le remarques que lorsque ta voisine te claque un coup violent dans les côtes, ce qui t'arrache une grimace et un petit cri que tu étouffes rapidement en lâchant ta plume pour faire genre. Genre de quoi ? Que t'es encore plus bête ? « Hein quoi ? Quels talents ? » Tu relèves la tête, et percutes enfin que c'est l'intervenante qui a pris la parole, ce que tu n'avais pas capté jusque là tant tu étais concentrée sur ton dessin. Tu sais pas trop quoi dire pour ta défense, certainement parce qu'en fait, il n'y a rien à dire. Tu te contentes de croiser les bras devant toi en soupirant et prends une mine boudeuse en roulant des yeux quand l'auror se lance dans une leçon de moral. Ça colle bien avec ta tête de jeune femme de vingt ans tiens. « C'est vrai que la Bataille, c'était que du vent, un jeu d'enfant j'ai envie de dire ... » Tu lâches sur un ton ironique. Tu soupires à nouveau, puis écarquilles peu à peu les yeux en te rendant compte que tu as dit cela à haute voix ...

Tu n'es pas une méchante fille, non, au contraire. Tu as un bon cœur et sais être là pour les autres, tu es pleine de générosité, et de courage aussi. Oui, beaucoup de courage, et pas seulement celui d'avoir enfin su prendre contact avec un psychomage pour traiter ton problème d'amnésie. Le courage de te battre, de défendre tes amis. Non, tu n'es pas lâche, ni complètement attardée contrairement à ce que pense certains connards. D'ailleurs, ce mot t'a mis hors de toi, parce que tu ne supportes plus le regard de certains à cause de ta décision de redoublement suite à la bataille, et qu'on te le dise tout haut, tu n'as pas supporté. Tu n'es pas violente, non, un peu grande gueule, mais tu ne ferais pas de mal à une mouche. Et pourtant tu ne t'es pas gênée de lui mettre un coup de poing bien placé, à ce connard, un peu après lui avoir craché au visage, crachat plein de sang parce que toi même tu t'étais prise un coup dans les dents, au passage. Tu t'es énervée cette fois là, déjà parce que l'autre t'a cherché et que tu n'as rien demandé, puis il faut le dire, t'en a ras le bol. Ras le bol que personne ne veut te comprendre. Comprendre que toi, tu voulais participer à la guerre, protéger tes amis morts au combat, te battre contre ces pourritures, défendre librement ceux qui étaient visés par cette attaque, ceux qui n'ont pas le sang pur, comme toi. Tu voulais être présente jusqu'au bout, et pas louper ce putain de sort qui t'a conduit à Sainte Mangouste.

Donc non, tu n'es pas mauvaise, juste un peu dissipée. C'est peut être pour ça que tu regrettes un peu ce que tu viens de dire, et que tu espères aussi que l'intervenante ne t'ait pas entendu. Mais malheureusement pour toi, le regard de celle ci se tourne à nouveau vers toi, et à ce moment là, tu aimerais tellement disparaître de la pièce que tu t'enfonces de plus en plus dans ta chaise. T'as honte. Tellement honte que ton teint habituellement fort pâle devient très vite rouge écrevisse, et tu baisses les yeux quand l'auror reprend la parole pour s'adresser directement à toi. Pourtant, quand elle en vient à parler du Ministère, tu ne peux t'empêcher de rouler des yeux. Ouais, t'as une idée bien à toi là dessus, et absolument rien ne te fera changer d'avis. Du moins, pour l'instant. Ça te démange. Ça te démange de contredire cette femme sur ce sujet, de lui balancer que t'es parfaitement certaine que oui, ce putain de Ministère n'a rien foutu pour éviter tout ça.

Le reste, tu ne l'entends pas, bien trop perdue dans tes pensées pour l'entendre demander ton nom au professeur, bien trop ailleurs pour l'écouter vanter la vraie face du métier d'Auror. Ce n'est que lorsque tu l'entends prononcer ton prénom que tu sursautes presque, te demandes un instant d'où elle tient cette information, puis t'hésites. Dois-tu obéir ? Qu'est ce qui est le mieux, pour le coup ? Risquer de te faire ridiculiser devant tout le monde, déjà que tu t'en veux pas mal de ce qu'il s'est passé durant la bataille ? Ou alors, éviter cela, mais te faire punir volontairement en échange ? Putain, faut toujours que tu te mettes dans des situations pareilles … Finalement, tu quittes ta chaise, puis t'avances vers le bureau, comme l'auror te l'a demandé, mais tu prends ton temps. T'espères que la cloche sonne la fin du cours, tu veux que tout le monde soit parti, que personne ne soit là pour t'entendre te faire réprimander parce que non, tu ne donneras pas à certains d'autres raisons de se foutre de ta gueule. Mais tu arrives bien vite à destination, trop vite, et la cloche elle, ne s'est toujours pas manifestée. Tu soupires, encore, un peu malgré toi, peut être pas par insolence. Non, pas par insolence. « Voilà, je suis là ... » Ça sonne presque comme de la provocation, occasion manqué d'avoir fermé ton clapet. Parce que, non, ça ne l'est pas, c'est juste ta maladresse connu de tous qui refait surface. Alors t'es gênée, tu roules des yeux parce que la situation t'exaspère, mais aussi parce que tu t'exaspères toi-même. Quelle conne que tu es.

Tu n'en mènes pas large, ne dis plus rien avant d'y être invitée. Tu pourrais sortir ta baguette, montrer que tu n'es pas un cas si désespérée, mais non, tu restes là, immobile. Tu te tords les doigts mais ça devient dangereux, ça commence à faire mal, alors tu mets tes mains dans tes poches et fixes le bureau en attendant la suite. Tu sais que tu as dépassé les bornes, mais tu n'y peux rien, les cours, ça te gave de plus en plus, et puis c'est tout. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de te mettre au boulot, puisque c'est toi qui ai demandé à refaire ton année alors que tes Aspics auraient pu t'être offerts sur un plateau, conséquence de la bataille. Et pourtant, depuis quelques temps, tu ne veux même plus faire d'efforts. Une sensation de ras-le-bol, de « putain, ça sert à quoi de toute façon ? ». Mais bon, tu commence à avoir l'habitude. Ça devient un rituel, l'engueulade de la fin de l'heure, et le pire, c'est qu'ils pensent tous que ça va changer quelque chose, que tu vas te transformer en élève modèle comme ça, d'un claquement de doigt. Eh bien non, mesdames et messieurs les professeurs de Poudlard, on ne change pas Miss MacLean aussi facilement.

Elle te rejoint, pointe sa baguette vers toi, et toi, tu ne trouves rien d'autre à faire que de lui jeter des petits coup d’œil, juste comme ça, mais tu préfères fixer cette nervure du bois qui te perturbe là, sur le bureau. C'est au moment où tu te résignes enfin à sortir la tienne que les choses semblent se passer un peu différemment. D'un coup, tu la perds de ton champ de vision, et à vrai dire, ce n'est même pas ce qui te surprend le plus. On te choppe le bras pour te le plaquer violemment dans le dos, et forcément, tu ne peux empêcher ce petit cri de s'échapper de ta bouche. Putain, tu comprends plus rien à ce qui se passe, une douleur lancinante se fait sentir tout le long de ton bras jusqu'à ton épaule, et comme ci ça ne suffit pas, voilà que tu sens le bout froid d'une baguette sur ta gorge. Bon, tu ne sais pas vraiment si la presser de cette manière contre ta peau était son intention, après tout, tu gigotes tellement dans tout les sens que c'est peut être juste de ta faute, mais tu t'en tapes, tu reprends peu à peu tes esprits, percutes ce qui est en train de se passer, et tu sens la colère monter. Putain, la garce.

Elle te relâche enfin, mais toi, tu continues de bouillir de rage, à la fois de t'être laissée faite avoir de la sorte, mais aussi qu'elle ait pu oser. Tu ne fais même plus attention au reste de la classe, au professeur. Tu t'en tapes royalement de tout ça, t'es juste concentrée sur cette femme qui vient de t'humilier bien comme il faut. Tu frottes ton poignet, là où elle t'a agrippé, et quand elle revient vers toi, ton cœur fait un bon. C'est une autre personne qui se tient là, devant toi, l'air et le son de la voix triomphants. Enfin, t'es persuadée de reconnaître des traits de l'Auror sur ce visage, mais elle est un peu différente, peut-être un peu plus grande, quoique tu n'en ai pas certaine. En tous cas, ses cheveux ont viré aussi noir que ta robe de sorcière, ça, tu ne peux pas le manquer. « Vous avez triché ! Ce n'était pas loyal ! Dans un combat loyal, on ne prend pas par surprise son adversaire ! » T'entends bien ce qu'elle dit. Tu sais qu'elle a raison, que dans la vie, les combats ne sont pas tous loyaux, tu l'as bien vu pendant la bataille, t'en as payé les frais. Pourtant, t'es tellement en colère que tu n'as rien trouvé d'autre à dire, et d'un geste, tu attrapes ta baguette d'une main ferme, et sers l'autre poing à t'en enfoncer les ongles dans la paume de ta main. « On recommence ! » Plus déterminée que jamais, tu pointes à ton tour ta baguette vers elle, le bras haut et tendu. Tu ne la laisseras pas blesser ton ego une deuxième fois.

Tu ne peux pas t'en empêcher. Encore une occasion manquée de fermer ta grande gueule. Tu les enchaînes, ça t’énerve, et tu t’énerves un peu plus, lèves les yeux aux ciels en serrant fort ta mâchoire. En cet instant tu n'as pas envie de parler. T'as juste envie d'en finir avec elle, de prendre ta revanche, et de sortir pour prendre l'air, te retrouver seule, un peu. Forcément, cette nana se fout de ta gueule et ne le cache même pas. Forcément, tu as le droit au coup du « dans la vie, il n'y a pas de loyauté » et ça, ça te met en rogne. Ouais, ça t'énerve encore et encore, autant que tu sais très bien qu'elle a raison. T'es pas totalement assez conne pour te dire que les règles de duel sont respectées en dehors, quand il s'agit de nuire. D'ailleurs, tu te demandes bien pourquoi, mais putain, pourquoi on vous a appris des choses pareils en cours alors que dans la vie, c'est tout autre chose. Tu sais bien que si Harry Potter avait sagement suivi son manuel, vous n'en seriez pas là, et d'ailleurs, si y'a bien quelqu'un que tu peux remercier pour vous avoir préparé au mieux à la réalité, c'est lui.

T'es tellement déçue des autres, quoique, pas tous non plus. C'est vrai qu'avec Lupin t'avais passé une putain de bonne année, malgré ses quelques absences douteuses. Mais des autres, qu'est-ce que t'es dégoutté. Une sacrée tripotée d'imbéciles, avec en guise de cerise sur le gâteau une parfaite connasse qui détestait les gosses par dessus tout et qui ne comprenait rien à rien. Tu l'as encore, cette cicatrice, sur ta main, sous un récent tatouage. Cette cicatrice de la fois où elle t'avait fait copier encore et encore jusqu'à ce que le message pénètre « Je dois être attentive », parce que cette pétasse avait vraiment cru que t'allais l'écouter elle, plus que les autres, alors que ses cours étaient certainement les moins constructifs ? Ouais, il n'y a pas à dire, de l'Armée de Dumbledore t'as appris énormément. Et pas simplement des sorts, des tactiques d'attaques. Non, t'as surtout appris que tu pouvais servir à quelque chose, que tu pouvais donner un sens à ton existence. Que t'étais douée et que ta force, ton courage que t'utilisais maladroitement, tu pouvais les utiliser à meilleur escient. Mais tout ça, ça s'était envolé sous l'effet d'un putain de sortilège mal contrôlé …

Elle est bête ta remarque, tu le sais. Parce qu'une fois de plus, ça risque de passer pour de la provocation, parce que de toute façon, dès que tu ouvres la bouche, c'est la première chose qu'on perçoit. Mais en cet instant, tu t'en fous un peu, pour changer. Tu continues de la pointer du bout de ta baguette, la mâchoire tellement serrée que t'entends tes dents grincer de temps en temps. Tu sais pas trop ce que t'attends pour te lancer, peut-être son feu vert, t'en sais rien, t'es juste immobile, encore. Et là, tu regrettes. Ouais, tu regrettes, parce qu'encore une fois, elle te prend par surprise en te désarmant à coup de sortilège imprononcé. Putain ouais, ce que tu regrettes ce coup là, et pourtant, cette fois, tu restes calmes et ne cries pas à la tricherie, t'es certaine qu'elle n'attend que ça. Tu la fixes, simplement, en essayant de camoufler le plus possible la rage qui est en toi. Tu l'écoutes demander à tout le monde de se mettre au fond de la salle, et là, pendant un quart de seconde, tu demandes si c'est parce qu'elle est au courant de ta connerie pendant la bataille. Tu le prends mal, forcément, mais tu te ressaisis bien vite quand elle s'adresse directement à toi. Tu lui adresses un sourire bref et forcé, plus ironique qu'autre chose, et quand tu récupères enfin ta baguette, tu ne laisses pas une seconde s'installer avant de t'écrier : « Stupéfix ! ». Cette fois, c'est elle qui se trompe, parce qu'en vérité, t'as aucune idée de ce que ça va donner.

Depuis la bataille, tu n'as plus jamais combattu personne en duel. D'ailleurs, c'est à peine si t'as sorti ta baguette pour telle ou telle raison. Tu sais pas ce qu'il s'est passé ce jour là, comment ce sort à pu ricocher sur toi pour t'envoyer valser à plusieurs mètre derrière avant de t'écraser contre un mur. T'étais pourtant douée, autant en attaque qu'en défense. Tu n'iras pas jusqu'à avoir la prétention de dire que t'étais la meilleure de l'Armée de Dumbledore, mais c'est fort probable que tu faisais partie du top dix. Alors que s'est-il passé pendant cette putain de bataille ? Tu ne l'expliques pas, et pourtant, Merlin ce que ça te perturbe. Peut-être le stress, la nervosité, la panique. Cela ne serait pas étonnant, et incompréhensible, surtout. C'est vrai, même si le but de Harry Potter était de vous préparer au mieux à tout cela, tout n'a jamais été plus réaliste qu'à l'instant T. Votre peau n'était pas menacée pendant les entraînements. Votre mort ne vous faisait pas signe au loin, attendant patiemment le coup fatal, là, assise sur un rochet en sirotant un cocktail de sang, comme c'en était le cas en ce fameux deux mai. Ouais, cette sale pétasse n'était pas prête à vous sauter au premier sort loupé. Si vous en loupiez un, vous recommenciez, et c'est tout.

Tu n'étais pas très concentrée ce jour là. Tu voulais tellement sauver ta peau que tu le faisais mal, que tes sorts jaillissaient de ta baguette comme une pluie d'étincelles, sans voir réellement où ils atterrissaient. Ouais, un véritable feu d'artifice. Là où la qualité était plus que jamais importante, tu privilégiais la quantité, mais fallait-il vraiment te blâmer pour ça ? Les autres faisaient-ils mieux que toi ? D'ailleurs, ce jour-là, y avait-il réellement un meilleur et un moins bon ? Non, le simple fait que vous étiez tous en vie aujourd'hui démontrait que vous aviez tous vaillamment combattu. Et les autres, ils n'étaient pas morts en perdant, mais en héros. Ouais, quoique tu puisses penser aujourd'hui, t'avais eu ce courage de te battre tout ce temps où tu pouvais le faire et ce n'était certainement pas de ta faute si la peur avait fini par te faire échouer. Ça ne sera pas pour autant que tu échoueras une seconde fois devant cette femme qui cherche à t'affronter pour voir ce que t'as exactement dans le ventre.

T'avais aucune idée de ce que ça donnerait quand t'as lancé ton sort de stupéfaction. Tu l'as fait, pas seulement parce que c'est ce qu'elle attendait, mais surtout parce qu'elle arrivait peu à peu à te faire perdre tes moyens. Tu sais pas comment, mais elle arrivait à faire monter une rage folle en toi, une rage qui t'a poussé à te lancer enfin, au bout de deux ans de « en suis-je encore capable ? », quitte à te ridiculiser devant tout le monde. A vrai dire, t'as même pas attendu qu'elle se soit retournée vers toi pour attaquer, et puis, de toute façon, la loyauté c'est qu'une grosse connerie, non ? De toute façon, tu veux pas voir le résultat. Le sort a à peine jaillit que tes paupières se sont fermées sur tes yeux. Tu veux pas voir le carnage que tu risques de faire, et si tu réussis, tant pis, t'aurais au moins la satisfaction d'entendre le choc lourd du corps de la jeune femme tombant sur le sol. Enfin, occasion manquée, quand tu l'entends prononcer un sort de protection, et instinctivement, tu rouvres les paupières pour le constater. Au moins, t'as visé juste, c'est déjà ça. Mais putain, quelle déception !

Ouais, horrible déception qui exalte un peu plus ta détermination, et tu la laisses à peine le temps de finir sa phrase avant de lever ta baguette à nouveau en hurlant « Expelliarmus ! ». Sauf que tu n'avais certainement pas prédit ce qui est en train de se passer. Non, tu n'avais pas deviné qu'elle attaquerait en même temps, que vos deux sorts se croiseraient, et alors que t'es presque sûre que le tien la touche cette fois ci, tu sens tout ton corps s'écrouler sous ton poids.

Tu t'attendais certainement pas à ça. Pourtant, tu aurais peut-être dû, c'est vrai, rien ne l'empêchait d'attaquer en même temps que toi, après tout. Même au club de duel, tu t'en souviens, il vous arrivait très souvent de contre-attaquer et votre entraîneur ne vous avait jamais réprimandé pour autant. Puis, même si c'était le cas, t'as bien compris que cette femme s'en fout pas mal de ce qui se fait ou pas, alors voilà, ça aurait pu être prévisible. Mais non, toi, t'as rien vu venir, même pas ce jet de lumière te touchant de plein fouet alors qu'un autre jailli de ta propre baguette, et tu t'écroule, lamentablement, comme une grosse bouse, faut le dire, sans être certaine que ton sort ait bien touché ta cible. Tu ne sais même pas pourquoi c'est ce sort bien trop scolaire qu'elle t'a envoyé dans la tronche, alors qu'elle doit en connaître des tas, mais il a au moins le mérite de te maintenir au sol. Ouais, tu gigotes comme une grosse débile, espérant pouvoir défaire l'effet du sortilège de Jambencoton, alors que tu sais très bien que ça sert clairement à rien. Ça t'énerve de t'être fait avoir une fois de plus, et de cette façon. T'avais tellement envie de lui faire ravaler sa baguette que t'en a pas pris le temps de l'observer, de l'écouter. T'aurais pu lancer un protego si tu l'avais fait, mais non, toi, t'as voulu attaquer en allant trop vite, et on voit ce que ça donne.

Et la suite, tu l'attendais pas non plus, visiblement. Alors que tu te résignes finalement à arrêter de t'en sortir toute seule, tu la vois s'approcher de toi d'un pas presque félin et tu ne peux t'empêcher de froncer les sourcils, te demandant ce qu'il t'attend à présent. Dans ta tête, tu te fais pleins de scénarios, du genre qu'elle en profitera pour te donner une bonne leçon de moral, le genre de chose qui te fera lever les yeux aux ciels et te donnera envie de te barrer sans que tu puisses le faire. Mais non, au lieu de ça, elle pointe sa baguette vers toi, et tu sens ton cœur s'accélérer dans ta poitrine parce que, pendant un quart de seconde, tu te rends compte avec stupeur qu'elle n'en a peut-être pas fini avec toi. Tu te sens presque totalement ridicule quand en fait, elle prononce simplement le contre sort, libérant enfin tes jambes. Putain, ce que tu peux être conne. C'est con, mais t'y as vraiment cru, à ta raclé. Quoique tu te ne puisses pas nier que tu t'en ai déjà pris une bonne. Et à vrai dire, elle n'en finit pas de t'étonner quand tu la regardes avec des grands yeux tendre sa main vers toi pour t'aider à te relever. Forcément, sur le coup, tu suspectes une ruse. T'as pas oublié la façon dont elle t'a tordu le bras, un peu avant. Tu lui lances un regard méfiant, mais hésitante, tu finis par accepter et tu glisses ta main dans la sienne, prenant appuie sur le sol de l'autre main. Au pire, si elle te fait une autre crasse, tu pourras te défendre cette fois.

Mais t'es pas soulagée pour autant quand elle te demande de venir la voir à la fin du cours. Comme tu l'avais pressenti, elle n'en a vraiment pas fini avec toi. Tu retournes à ta place d'un pas rapide pour t'éloigner d'elle le plus vite possible, puis tu t'enfonces tout au fond de ta chaise pour te faire oublier pendant les cinq dernières minutes du cours. Tu vas y avoir le droit, à ta leçon de moral. Forcément. Pourquoi voudrait-elle te voir en privé, sinon ? Tu l'as foutu en colère, et tu vas le regretter, c'est certain. Ta colère à toi, elle est retombée à la seconde où elle a annoncé qu'elle voulait te parler, pour faire place à la peur. Ouais, t'as peur, et t'en as honte, mais c'est plus fort que toi. T'as aucune idée de ce qu'elle va te dire. Tu sais pas si le professeur sera là, ou s'il vous laissera en tête à tête. En clair, t'as aucune idée de ce qu'il t'attend, et t'envisages déjà de te barrer en douce, bien que tu sais très bien que ce n'est vraiment pas une bonne idée. Les minutes sont rapides, beaucoup trop rapides, et c'en est presque ironique quand on sait que tu les trouvais trop lentes avant ton petit duel avec l'Auror. T'entends rien de ce qui se dit en conclusion du cours, et cette fois, ce n'est pas vraiment ta faute, t'es juste trop stressée pour y prêter la moindre attention. Le truc qui te sort de tes pensées dans un sursaut, c'est la cloche qui se met à sonner, à ton grand regret, mais tu ne te lèves pas encore, t'attends que tout le monde soit sorti avant de la rejoindre. Ce n'est qu'au bout de deux ou trois minutes que la salle se vide totalement, et toujours dans la même cadence que tout à l'heure, tu t'avances vers le bureau en tripotant nerveusement tes doigts. « Vous vouliez me parler? » Malgré toute la volonté que tu y mets, ta voix a perdu de son assurance, et tu cherches des yeux la nervure du bois qui te distrayait tout à l'heure.

Ella Bjornsson a écrit:

☆ Do you wanna be my apprentice ?
feat Ailsa MacLean.

Janvier 2000

Tu accordes finalement un sourire à l’adolescente qui se saisit de ta main. Tu n’hésites pas à tirer un coup sec pour l’aider à se remettre debout. Elle n’est pas forcément lourde et ta petite taille n’est pas un handicap dans ce genre de situation. Tu arrives autant à relever quelqu’un qu’à le plaquer au sol. Mais tu joues bien souvent sur la surprise, tu n’as pas forcément le choix. Tu sais que c’est toujours angoissant de se faire appeler à la fin d’un cours. Un dernier petit test en quelques sortes. Tu veux voir si elle va fuir ou venir face à toi. Une fois Ailsa sur ses pieds et retourné à sa place, tous les autres étudiants suivent son exemple. Un calme de mort y règne. Non pas que cela te déplaise mais tu es aussi là pour répondre aux questions, ce que l’enseignant leur rappelle brièvement. Tu sais qu’il t’as entendu, il sait que tu veux voir son élève à la fin du cours. Mais à lui non plus tu ne dis pas pourquoi tu veux la voir. Cela ne le regarde pas ce que tu veux dire à la petite blonde après tout

Le cours se poursuit finalement avec les questions tant attendu. Tu brodes un peu, tu ne peux pas avouer à ces jeunes que si tu es devenue Auror c’est parce qu’on t’a entrainé pour cela dès ton plus jeune âge. Tu ne veux pas les effrayer ou briser la vocation de ceux qui veulent se diriger vers cette voie. Tu n’as pas été la seule à être formaté pour devenir ce que tu es aujourd’hui. Mais tu as vu la majorité de tes collègues réussir alors qu’ils avaient eu une enfance bien plus joyeuse que toi. Certes, pour ce qui s’agit de ton binôme, tu te doutes bien à son comportement que s’il est devenu Auror, ce n’est pas sans raison. Certains sont tout simplement destiné à faire partie de cette élite. Tu penses que Ailsa est en capacité de faire partie de cette équipe.

La cloche sonne finalement le glas. La fin de la torture pour la majorité, la dernière épreuve pour la jeune Poufsouffle. De ce que tu avais compris de ce système de maison, quelqu’un venant de chez les jaune et noir n’était pas forcément indiqué pour suivre tes traces. Mais il y a bien des exceptions et leur moyen de répartition te semblait des plus étranges. Tu préfères de très loin la répartition de Durmstrang qui se base sur les capacités et non sur les bons vouloir d’un chapeau magique qui serait en capacité de voir dans votre esprit. Tu n’es pas du tout tenté de savoir où il t’enverrait cela dit. Et de toute façon tu n’en as pas besoin. Tu as finis tes études depuis déjà bien longtemps, tu travailles depuis plus de dix ans. Tu te moques donc de l’avis d’un bout de tissu.

Tu t’installes à nouveau sur le bureau, observant la demoiselle qui s’approche de toi. Oui, tu voulais lui parler. Elle te semble nerveuse, comme si elle pensait que ton seul but en cet instant était de lui passer un savon royal, comme elle n’en avait sans doute jamais eu. Mais tu es bien loin de tout cela.

Ailsa, as-tu déjà songé à devenir Auror ? Tu m’as prouvé que tu en as les capacité. Alors si tu veux suivre cette vois, retrouve moi dans le parc du château. Quand tu seras prête, tu sauras me trouver. Et à ce moment, on commencera ton entrainement.

Sans demander ton reste, tu es descendue de ton perchoir en mode féline. Et sans attendre que la jeune fille te réponde, tu as pris la direction de la sortie. Tu verrais bien si elle avait du courage.

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