« Way down, I've been way down, underneath this skin, waiting to hear my name again. » - Swimming Home, Evanescence
Zephÿr ouvre la porte de sa cabane. Il fait déjà nuit, il est sans doute vingt-heures trente et des poussières. Le vent balaye ses cheveux en bataille et il frissonne. Bon sang, cela fait combien de temps qu’il est resté cloîtré ici ? Un mois ? Deux mois ? Il ne sait plus. Il n’a pas compté. Toute notion du temps a été perdue, encore. C’est récurrent. Il le laisse passer, se consumer. Ces jours, ces semaines gâchées pour quoi ? Rien. Il lui en a fallu du temps pour qu’il se rende compte du problème. Se lever était une épreuve. S’occuper de lui, n’en parlons même pas. La cabane sentait le renfermé à plein nez. Il a enfin trouvé la motivation pour ouvrir les fenêtres, s’aérer lui et aérer la pièce. Prendre une douche, rien qu’une douche. Il a réussi, finalement. Ce ne sont que de petits pas, pour l’instant. C’est mieux que rien. Zephÿr ne se sent pas forcément en état de faire plus. Il aimerait pouvoir reprendre sa vie en main, mais ça lui semble insurmontable, maintenant. Il va falloir encore du temps. Il ne sait pas combien. Mais Beaucoup. Encore.
Couvert de la tête aux pieds – même un peu trop couvert -, le garde-chasse se dirige vers la sortie. Il frissonne. Pourtant, en ce mois de mars, la météo n’est pas si mauvaise. Il a froid, il est tremblant. Clairement, il est resté trop longtemps enfermé chez lui. S’adapter va être compliqué, et pas qu’un peu. Il soupire. Vaut mieux ne pas penser à l’avenir, ça va le foutre mal. Pour une fois, il a vraiment peur de comment les choses vont évoluer. Il ne s’est pas présenté lors de la visite médicale obligatoire. Se confronter à la maladie, ça lui semble impossible. Il n’a pas besoin qu’on lui dise ce qu’il sait déjà. Peut-être qu’un jour, il finira par y aller, quand le tatouage sur son bras lui aura fait assez mal, l’aura assez brûlé. Peut-être le mois prochain. A voir s’il se sent prêt ou non. Zephÿr est loin, très loin, d’approuver ce qu’à mis en place le ministère contre l’épidémie. Il n’évoquera pas la quarantaine – il est certain qu’il est contre – mais toutes ces histoires de carnet de santé, de tests, de visites médicales… Il ne comprend pas. Tout est devenu si sombre dans sa vie qu’il doute de pouvoir s’en sortir un jour. Oui, il en est là. La mémoire lui joue des tours, son don foire, il est tout le temps entrain de vomir ses tripes. Non, rien ne va, clairement. Arrivé à Pré-Au-Lard, le garde-chasse met un bon moment avant de trouver ses repères. Il perd la tête, bon sang. Quelle idée de se lancer tout seul dans Pré-Au-Lard, dans cet état. Il espère que les nausées ne viendront pas gâcher sa seule véritable sortie depuis des mois. Ce matin, ce n’était pas vraiment la joie, mais il y a eu pire. Il y a des jours où ça peut aller, et des jours où cette épidémie est un véritable enfer à vivre quotidiennement. Après plusieurs minutes à errer comme un con, ne trouvant plus son chemin, Zephÿr arrive finalement à la Tête de Sanglier.
Bon sang que cela fait longtemps qu’il n’est pas entré ici. Le barman lui fait un signe de tête. « Rosenberg ! T’étais mort ou quoi ? » Le métamorphomage le fixe. Il se souvient qu'il était un habitué ici. Il est censé le connaître également, pas vrai ? Il retire la capuche de sa tête, laissant libre ses cheveux blancs. Dans tous les cas, il n’apprécie pas forcément la remarque. Il répond par un signe de tête, ne sachant plus vraiment s’il doit se souvenir ou pas du barman, mais là, rien ne lui vient. Tant pis. Il se dirige vers une table, puis commande une bièraubeurre. Cela fait beaucoup trop longtemps qu’il n’a rien bu de tel. Pourtant, l’envie n’est même pas là, en réalité. Il se force un peu à tenter de vivre, comme avant. Enfin... Comme avant, c’est peut-être un peu vite dit. Là, il a commandé bien trop soft par rapport à d’habitude. Il commence doucement. Zephÿr ne compte pas abuser, pas maintenant. Il est trop tôt pour ce genre de conneries. Pensif, il boit quelques gorgées. L’endroit n’est pas réputé pour son silence et tant mieux, ça lui évite ce sentiment de solitude, bien qu’il n’ait emmené personne avec lui. Scrutant discrètement l’intérieur de l’auberge, il aperçoit Arès. Bon sang, ça fait combien de temps qu’ils ne se sont pas vus ? Des mois ! Avant son entrée en quarantaine, en septembre. Tous les deux métamorphomages, ils ont déjà fait des affaires ensemble et ont vite sympathisé. Si, habituellement, le garde-chasse aurait été vers lui, là, il tente de se planquer. C’est hors de question qu’il tape la discute avec des gens qu’il connait dans cet état. Non pas qu’il ait honte – si, un peu – mais il ne veut pas s’expliquer. Ses cheveux montrent bien qu’il ne va pas bien et comme de nombreuses fois, il maudit ce don qui, bien qu’il ne soit plus vraiment réactif à ce moment, lui pourrit la vie, même après toutes ces années à tenter de vivre avec. Malgré lui. Il lâche un lourd soupir.
(c) DΛNDELION
Arès A. Avery
Consumed by the shadows
Maison/Métier : Ancien Serpentard, ancien Batteur dans l'équipe des Frelons de Wimbourne. En cavale et contrebandier d'objets magiques. Célébrité : Chris Evans Pseudo : Shiro Âge : 31 Parchemins : 162 Gallions : 124 Date d'inscription : 07/02/2018
❝ The hardest thing in this world... is to live in it❞I remember how to breathe againQue je le veuille ou non, cette taverne, le second pub de Pré-au-Lard, était devenu mon antre, comme mon chez moi. Mon territoire. J’avais décidé depuis peu de cesser de collaborer et de tolérer les autres contrebandiers de bas étage du village pour faire la main basse sur le trafic et prendre le monopole des affaires. Ceci dit, je n’étais pas complètement con, et je savais que tout seul, je ne pourrais jamais imposer ma tête. Du moins, en travaillant tout seul. Et puis, vu la situation dans laquelle j’étais depuis quelques années, autant que ma clandestinité serve et ne soit pas seulement le sujet de mes déprimes mensuelles. Si je devais passer pour un criminel, autant l’être pleinement. Les limites, j’en avais malgré tout, je m’interdisais avant tout les trois impardonnables, mais pour ce qui était du reste…. Disons que je serais assez réprimander plus tard, et pas par des Détraqueurs. Pour asseoir mon royaume, pour me débarrasser des moins que rien autour, il fallait que je me montre. Sans me montrer. C’est tout un art d’être contrebandier. On savait où me trouver en cas de besoin, on savait exactement à qui me demandait, et surtout, j’étais le plus disponible possible pour les futurs… clients, à défaut d’un meilleur mot. Parce qu’un bon contrebandier n’est pas forcément celui qui va fouiller dans les maisons abandonnées des vieilleries de famille pour les revendre à un bon prix. Un bon contrebandier est celui qui sait où trouver quoi et adapter son prix à la personne en face. Et aussi qui se trouve au bon endroit au bon moment. J’avais par chance aussi de très bons contacts et des gens qui me craignaient assez pour être à mes ordres. Tout ça sous mon visage d’emprunt, bien entendu. De nombreuses fois, et particulièrement à l’entrepôt, j’avais eu la désagréable surprise de voir mon véritable visage être placardé sur les murs, avec cette récompense pour toute information me concernant. Avec le temps, elle avait diminué, je n’étais plus le criminel le plus recherché, des bien pires étaient passés après moi, et l’inverse aussi quand le Seigneur des Ténèbres était passé au pouvoir. Maintenant, je n’étais plus qu’un ancien Mangemort qu’il fallait retrouvé, et qui en prime avait tué ses parents. Ce qui à la réflexion faite n’était pas non plus rien. Si ceux qui travaillaient pour moi venaient à apprendre ma véritable identité, mon aller simple pour Azkaban était plus que certain. Dans ces moments là, quand je songeais à cette possibilité, je ne pouvais que reconnaître que Matthew avait raison, que continuait dans cette voie me mènerait à ma perte… mais quel autre choix avais-je ? Il fallait bien que je gagne ma vie, et je ne pouvais de toute façon pas occuper un poste stable et honnête, surtout si on venait à me repérer dans le village. Peut-être que je n’avais pas envie de faire autre chose. La frustration de ne jamais pouvoir avoir la carrière que j’aurais du, être le joueur professionnel dont tout le monde parlait dans les maisons, qui serait mondialement connu était toujours aussi présente, mon égo me poussait à prouver que je pouvais être exceptionnel, même si ce n’était pas dans mon domaine, quitte à me mettre en danger. Être à la tête de la contrebande du village était devenu mon objectif principal, en dehors du fait de prouver mon innocence qui au final n’était plus qu’au rang de passe temps. Installé au fond de la Tête du Sanglier, comme à mon habitude, j’y avais même gravé avec ma baguette un « Adonis » sur la table que j’occupais, un verre de lait de chèvre devant moi, j’observais la salle. Pas mal occupée pour le moment, c’était la bonne heure pour le patron, beaucoup de poivrot. Je vérifiais avant tout de ne pas trouver mon amant en ce lieu, lui qui m’avait fait la promesse de ne plus boire, je savais qu’il l’avait trahi, et je savais que c’était ici-même.
Cependant, mon regard se posait sur tout autre chose, sur une toute autre personne. Une personne que je n’avais pas vu depuis des mois et des mois, une personne que j’étais même surpris de voir disparaître. Zephÿr Rosenberg. Il était le seul de tout Pré-au-Lard, en dehors de Matt, à qui j’avais révélé pas mal de choses sur qui j’étais réellement. À commencer par mon nom, mon réel prénom du moins. Arès. Ni plus ni moins. Et surtout, il savait pour mon don. Tous les deux métamorphomages, peut-être que nous nous étions reconnus, mais le courant était très bien passé, et je lui avais confessé ces quelques bribes de ma vie. Peut-être aussi parce que je craignais qu’avec lui ma couverture ne soit vaine, qu’il comprenne que tout était faux, même si bien vite j’avais compris qu’il ne vivait pas de la même façon notre capacité. En croisant son regard, et surtout, en constatant que ses cheveux avaient prit une couleur ni habituelle chez les gens comme nous, ni celle qu’il pourrait porter habituellement, celle qui témoignait d’un état alarmant, je me redressais. Les pieds pourtant posés sur la table, à moitié affalé sur ma chaise, en l’espace de quelques secondes, je m’étais mis sur mes pieds, mais je n’avais pas fait le moindre pas en avant. Contrairement à avant quand on se voyait dans la taverne, que ce soit lui ou moi, nous allions l’un vers l’autre. Là, alors que nos regards s’étaient croisés, il s’était détourné. Loin d’être blessé dans mon orgueil, ou du moins juste un peu, je me demandais surtout si c’était le bon moment pour aller le voir. Des mois qu’il était absent, et maintenant qu’il refaisait surface, il n’avait pas l’air dans son assiette. Enfin, il ne l’était pas tout court. Est-ce que pour autant j’allais le laisser tout seul dans son coin en train de boire sans rien dire, ni même sans lui faire un signe. Plutôt subir quinze fois le sortilège du Crache-limasse ! Ni une ni deux, j’avalais en une gorgée mon verre de lait, et toujours en le tenant dans la main, je fis de grandes enjambées pour le rejoindre. Mais plutôt que de lui donner une bonne grande tape dans le dos façon troll des cavernes en sortie, je posais mon verre vide à côté du sien et fit signe au patron de me servir une bièrauberre cette fois-ci. J’avais déjà mon compte d’alcool pour la soirée, mais pour fêter le retour de mon pote Zephÿr, je pouvais bien faire une exception. Et lui donner une occasion de se foutre de ma gueule à ne pas tenir l’alcool comme un homme.
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