« I'm so glad we can meet again my dear brother. That was a long time I didn't see you. We have surely so many things to talk about, isn't it ? »
Mars 2001 -Nathaniel ne comptait plus les jours depuis la dernière fois qu'il avait revu son frère cadet. L'été battait encore son plein et aujourd'hui, ils avaient un pied dans le printemps. On commençait peu à peu à se dispenser des grosses écharpes, toutefois pas de toute l’attirail hivernale. Pour Noël, le second des Avery avait envoyé une lettre destinée à chacun de ses cadets, une façon pour lui d'emmener une part de sa personne en cette sainte journée qui était censée être un jour d'allégresse avec une famille réunie. Un tableau utopique à laquelle ils n'avaient malheureusement pas eu droit, et qu'ils n'auront probablement jamais; il faisait pleinement confiance à Ezechiel. De toute la fratrie, il était bien le seul dont Nathaniel pouvait se prétendre proche. Les deux partageaient le goût de la lecture ou encore étaient curieux de nature. S'ils étaient similaires en tout points sur pas mal de choses, ils étaient aussi très différents sur d'autres.
La veille, on lui avait fait parvenir une liste d'élèves de Poudlard qui allaient être escortés à Pré-au-Lard. Parmi les noms, celui de son cadet y figurait. Ils allaient enfin, après tout ce temps, se revoir et discuter entre frangins. Mais avant toute chose, l'Auror avait du travail qui l'attendait. Ce dernier passa donc l'après-midi à vadrouiller sous sa forme animagus en quête d'informations croustillantes, croisant la silhouette d'Ezechiel à plusieurs reprises du haut des gouttières. Ce n'est qu'en fin de journée, après avoir obtenu ce qu'il voulait que le félin - une fois retrouvé - vint à la rencontre de son cadet. Ou plutôt, marcha discrètement derrière lui avant de redevenir humain. « On ne s'est pas vu depuis cet été, et pourtant j'ai l'impression que tu as encore changé. » ce n'en était peut-être pas qu'une, d'ailleurs. Un sourire bienveillant ornait ses lèvres alors qu'ils se faisaient enfin de nouveau face. Seuls quelques centimètres les séparaient à présent. Ezechiel était un jeune adulte dans la force de l'âge, et s'éloignait tous les jours un peu plus du petit garçon sur lequel il avait veillé affectueusement durant toutes ces années. « Je suis content de te revoir, petit frère. » Tu m'avais manqué. Il ne l'avait pas dit, mais son regard parlait longuement pour lui.
Les Avery firent le chemin en discutant jusqu'à la maison, et évidemment, chacun avait gardé les plus gros morceaux pour plus tard. De toute évidence, ils n'avaient pas grand chose à parcourir avant d'y arriver. D'un coup de baguette et d'un sortilège informulé, Nathaniel fit sauter la sécurité qu'il avait mis en place sur la porte d'entrée puis prononça un alohomora qui rendit l'accès possible. « Tiens, vas-y entre et installe-toi. » Un "fait comme chez toi" serait totalement stupide ici en son sens car après tout, cela coulait de source pour son aîné.
❝ TALK TO ME BROTHER, JUST FOR THIS WEEK END ❞ Un soleil timide pointé le bout de son nez, mais les températures hivernales avez du mal à laisser venir les douceurs du printemps. Aujourd’hui j’étais particulièrement heureux, car nous allons à Pré-au-Lard. Comme à chaque sortie, je vais en profiter pour faire le stock de mes friandises préférées ainsi que flâner dans les ruelles de cette si petite ville. Je ne tenais plus en place, aucun moyen de me concentrer sur mes révisions, à chaque fois mon esprit revenait toujours à cette sortie, et au fait de dévorer autant de chocogrenouilles que mon estomac peut supporter. Et puis sortir, m’aérer l’esprit pour mieux étudier par la suite, oui cette sortie m’est vitale. En général, je ne sors que rarement de la bibliothèque ou je passe le plus clair de mon temps hors des cours, changer la poussière contre de l’air pur ne peut être que bénéfique sur ma personne.
L’heure de la sortie pointe son nez, j’en profite pour respirer un peu d’air frais avant de suivre mes camarades jusqu’au village. Le voyage est surplombé de rires et de sourires, rien de mieux que d’aller boire une bierre au beurre avec son meilleur ami ou faire un tour chez Zonko pour préparer de nouvelles farces. Chacun annoncé ses plans tout en nous rapprochant de notre but. Je reste un peu en retrait à observer tout notre groupe ce dispersé dans les rues du village. Je pris le chemin pour honeydukes avec quelques camarades Serdaigles, pour récupérer mon butin. Je suis en général très économe avec mes gallions, mais quand il s’agit de chocogrenouilles, je perds totalement la raison. Je me demande parfois que se dirait ma mère en me voyant manger autant de sucreries. Et pourtant, je ne prends pas un gramme, ce qui rend jaloux quelques-uns de mes camarades.
Mon butin en main, je sors de cette boutique ou l’odeur du sucré et de l’enfance est omniprésent, pour flâner dans les ruelles. Tout en dégustant une sucrerie, j’observe le monde qui s’agite autour de moi, le ciel bleu qui laisse passer le soleil qui nous réchauffe un peu le corps de ses rayons, les chats de gouttière qui se balade sur les toits. C’est vraiment une belle journée qui me fait un bien fou, je me rends compte que j’en avais vraiment besoin. Rien ne pourrait perturber ma quiétude… « On ne s'est pas vu depuis cet été, et pourtant, j'ai l'impression que tu as encore changé. ». Je sursaute d’un bon mètre en avant, tout en plaçant ma main sur mon cœur qui est prêt à s’envoler tel un hibou voyageur, je pivote pour faire face à cet intrus qui ne met pas si inconnu que ça en fait. Mon frère ce dresse devant, un sourire aux lèvres, sourire que je lui rends en le voyant, car, ce serait mentir que de dire qu’il ne m’a pas manqué. « Je suis content de te revoir, petit frère. ». Mon sourire s’élargit un peu plus, illuminant mon visage. Avec Jez, Nate est le seul membre de ma famille qu’il me reste vu que mon ainé a disparu dans la nature. « Toi aussi grand frère, ça fait plaisir de te voir malgré la trouille que tu viens de me coller ! ». Ma voix hautaine est en contradiction avec mon regard rieur qui lui montre que me fous un peu de lui, car je sais qu’il va me charrier sur mon magnifique saut de la peur.
Je suis mon frère jusqu’à sa demeure, tout en discutant des banalités d’usage. J’ai bien envie de lui parler d’Ariel, vu qu’ils se connaissent tous les deux, mais je vais attendre d’être au chaud dans sa maison avant d’aborder le sujet. Je suis toujours surpris des moyens que met mon frère à ce protéger, avec tout ce dispositif, il doit dormir sur ses deux oreilles sans soucis. « Tiens, vas-y entre et installe-toi. ». Je passe donc le pas de la porte en soufflant un « Merci frangin » tout en observant la pièce dans laquelle je me trouve. Je vais m’installer sur un fauteuil en attendant mon aîné. « Que me vaut ce kidnapping ? » Je ris doucement, car je suis ici avec une joie non dissimulé, et il doit le voir rien qu’au regard d’enfant qui brille dans mon regard.
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On lui disait souvent, à Nathaniel, qu'il avait le chic de surprendre les gens. Justement, c'était fait exprès. En l’occurrence, cela avait servi à taquiner son frangin. Son humour était un peu particulier, c'est vrai. C'est le genre d'homme qui se plait à être maître des situations et ne s'en cachait pas vraiment d'ailleurs. Il avait lâché un petit rire, suite à la réaction d'Ezechiel. A voir ces deux-là, la scène ne pouvait prêter qu'à sourire. « Haha désolé, c'était plus fort que moi ! » se justifia t-il, amusé, en passant une main pour lui frotter la tête, laissant ainsi ses cheveux bruns qui partaient dans tous les sens après son passage. Une bonne vieille habitude qui demeurait tenace. S'il ne le voyait plus comme un enfant, il restera à jamais son petit frère adoré. Et puis si quelque chose devait lui arriver, le second des Avery était confient sur le fait que Zech saura sûrement reprendre la relève. « Allez viens, on sera mieux à discuter tranquillement chez moi. » Le soleil commençait à lentement tirer sa révérence et puis, il n'y avait rien de mieux que de se mettre au chaud, à papoter autour d'une tasse de thé ou de chocolat chaud. La grande passion d'Ezechiel.
Sa maison paraissait assez petite vu de l'extérieur, et fade aussi. Ce n'est qu'en pénétrant dans la bâtisse qu'on était soudainement ébahi par les couleurs chatoyantes et de ces décorations qui ornaient les murs du salon, faisant de cette pièce un endroit agréable à vivre. Certes, c'était loin du confort de la demeure familiale, mais l'Auror devait l'admettre : Athéna avait fait du beau travail. D'ailleurs, le fils de cette dernière ne devrait pas tarder à être ramené par sa nounou et il y avait fort à parier que sa présence risquerait de mettre en confusion son jeune frère en voyant un enfant sous ce toit. Il le gratifia d'un sourire de sorte à répondre à son merci, puis ôta sa veste qui voleta ensuite toute seule vers le porte-manteaux. Le Serdaigle lui, s'était tranquillement installé dans le canapé les yeux brillants et ronds comme un cocker. « Tu te souviens de ce que je t'avais dis dans ma dernière lettre ? Etant donné qu'on m'a prévenu que tu étais de passage à Pré-au-lard, je me suis dit que l'occasion était parfaite pour passer un peu de temps entre frangins. » il se dirigea ensuite vers la cuisine, et sortit sa baguette pour ordonner à ses ustensiles de préparer de quoi boire mais aussi de quoi grignoter avant de revenir s’asseoir sur le fauteuil en face de la table basse. Face à face. « On doit avoir beaucoup de choses à se dire, tu ne penses pas ? » disait-il, en se penchant en avant, les coudes sur ses genoux. On aurait presque l'impression que Nathaniel attendait quelque chose précis de sa part, ou simplement qu’il fasse son récit de nouvelles dont il ignorait encore le contenu. Perspicace, mais pas devin non plus. « Comment ça se passe à Poudlard ? J'ai entendu dire par Cynthia que tu fais parti de ses meilleurs étudiants. Rassures-toi, elle ne te flatte pas parce que tu as été son beau-frère mais bien par ton travail qui mérite qu’on te félicite. Tu ne peux pas imaginer comme j'étais ravi de l'entendre, et je ne suis pas non plus surpris à vrai dire. » Et c’est bien en ça que les deux se ressemblaient. Seulement, l’ainé espérait que Zech ne soit pas amené à avoir un avenir aussi flou et incertain que le sien. A subsister entre l’ombre et lumière sans ne jamais être sûr de voir le matin suivant le soleil se lever.
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Le second des Avery n'avait jamais été très friand des fêtes en tout genre. Elles lui rappelaient ces réceptions ennuyeuses et désagréables auxquelles ses parents le conviaient, et il n'en prenait par conséquent aucun plaisir. Grâce à ses amis les plus proches, ils avaient réussi à faire changer une nouvelle fois sa vision des choses. Les souvenirs du dernier Noël qu'il avait passé en leur compagnie restaient vifs dans sa mémoire. Cette chaleur, cette convivialité...C'était ce qui lui avait manqué depuis toutes ces années. Depuis toujours même. Nathaniel s'était même montré généreux avec les présents qu'il avait offert pour ce qui était de matériel, et il avait entrouvert une partie de son cœur à la belle Eleonore Selwyn marqué par un doux baiser sur ses lèvres; l'Auror était étonné d'apprendre que l'intention envoyée à sa cadette avait su trouver valeur à ses yeux. « Oh vraiment ? Je m'attendais à un "c'est trop nul !" ou "j'en veux pas !" de sa part. » Il en rigolait, mais il se demandait plutôt si son frère ne cherchait pas à apaiser la situation entre la plus jeune et son ainé en dissimulant la vérité. Hm...En l'observant de plus près durant une poignée de secondes, il n'en avait pas l'air. Son sérieux disparu aussitôt et fit place à un autre sourire bienveillant. « Je savais que ce livre relié allait te plaire. Les exemplaires étant très rares, en trouver un n'était pas évident. Tu m'en diras des nouvelles. » Issus d'une famille pleine aux as, ils avaient reçu un héritage abondant à la mort de leurs parents. L'argent n'était pas un problème. Alors payer ce livre qui coûtait les yeux de la tête lui paraissait presque anodin. Il avait pris le bouquin en question pendant son explication, caressant la surface de la reliure avant de le rendre à son nouveau propriétaire. Nul doute que Ezechiel en prendra soin.
Maintenant confortablement assit dans son fauteuil, il n'hésita pas à engager une conversation plus poussée. Nathaniel voyait la fierté émaner de son cadet lorsqu'il le complimenta sur ses capacités scolaires. Il n'avait pas exagéré, ce n'était que la vérité. « Tu sais Zech, tu n'as pas à essayer d'être quelqu'un d'autre. Je suis ton frère certes, mais soi toi-même avant tout. Si j'ai un conseil à te donner, ça serait de suivre ton propre chemin. » L'Auror parlait en connaissance de cause. A la mort de leurs géniteurs, la première chose qu'il voulait était de sortir des rails qu'on avait dressé sur son chemin. Le chat est indépendant, un animal solitaire. En faisant ses propres choix, il avait trouvé un semblant de liberté. Elle pourrait être totale si le passif de leur lignée ne le retenait pas entre ses griffes acérées. « Beaucoup de travail, mais je vais bien. C'est anime dans le coin en ce moment, ce qui est loin de me déplaire... » L’aîné des deux eut un rictus satisfait tandis qu'il servait du thé pomme caramel dans chacune des tasses. L'odeur lui rappelait immédiatement cette soirée qu'il avait passé ici même en compagnie de Leo une semaine auparavant. Tous deux s'étaient par la suite demandés ce que l'avenir leur réservait une fois que leurs masques étaient tombés. L'incertitude planait. Néanmoins, Nathaniel pouvait être sûr d'une chose : ce soir là, il ne s'était jamais senti aussi bien en préséance de quelqu'un. « Toujours accro aux chocogrenouilles ? Parce que j'en ai aussi si tu veux. » proposa-t-il en touillant le contenu de sa porcelaine. Ce détail pourrait paraître insignifiant, mais pas pour lui. Il avait beau être une personne secrète et plutôt solitaire, ses proches comptaient beaucoup à ses yeux.
Bon, il est vrai que j’ai un peu exagéré la réaction de ma cadette. Mais je ne voulais pas faire du mal à mon frère. Cette famille se déchire déjà bien assez et j’ai envie de nous réunir tout bêtement. Mais ça, je le garde bien pour moi, je ne veux pas paraître trop guimauve aux yeux de mon ainé. Je fus sortie de mes pensées quand un livre entre dans mon champ de vision. Je récupère l’ouvrage en le caressant doucement. J’en prendrais grand soin, c’est sûr, un livre pour moi, c’est comme une œuvre d’art, un objet précieux. « Je te remercie encore, et quand je l’aurais fini, je t’en parlerais autour d’un bon thé, comme avant.. » Un léger sourire flotte sur mes lèvres alors que je range le livre dans mon sac avec soin.
J’écoute les conseils de mon ainé, oui, il n’a pas tort. Je dois rester moi-même, mais c’est plus fort que moi, j’ai besoin de me prouver que je peux battre mon frère. Surement dû à notre éducation après tout… Le savoir occupé me soulage, au moins, il ne passe pas son temps à traquer notre aîné. Cette histoire va mal finir, on le sait tous. Mais si on peut retarder les dégâts, ce n’est pas plus mal… Les mots magiques, chocogrenouilles, sortent de la bouche de mon frère. « Oui toujours, autant que toi avec le thé ! » Un rictus moqueur prend place sur mon visage, on a chacun une addiction dans la famille, j’ai l’impression.
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Cette complicité faisait plaisir à voir. Deux frères, liés par le sang mais aussi proches qu'auparavant voire plus depuis le décès des parents. On avait l'impression qu'Ezechiel était le reflet de Nathaniel et vice-versa tant ils se ressemblaient. Physiquement d'un côté, que dans les goûts de l'autre. Ou presque. S'ils avaient cette passion de la lecture en commun, les sucreries...C'était autre chose pour l’aîné des deux et il y avait comme un air de nostalgie dans les paroles de Zech « [...] Comme avant...». Des souvenirs défilèrent dans son esprit. Des images d'eux plus jeunes, plus de dix ans en arrière pour être exact où Ezechiel n'était encore qu'un enfant et lui, un adolescent déjà en proie à terminer sa scolarité à Poudlard assis côte à côte à siroter leurs boissons préférées. Son enfance n'avait rien de très joyeux, mais c'était ce genre de moments qui arrivait à apporter sa petite dose de réconfort. C'était une époque révolue à présent. Ils avaient passé le palier de l'âge adulte et cherchaient à évoluer comme tels. « Content que ça te fasse plaisir. J'espère simplement qu'on aura plus de moments ensemble à l'avenir. Ça commençait à me manquer de ne plus t'avoir en face petit frère. On ne sait jamais de quoi est fait le lendemain et j'ai appris récemment qu'au lieu de m'éloigner, je devais plutôt profiter de chaque instants qu'on m'offrait. Les moldus appellent ça le "carpe diem" d'ailleurs. » Il souriait à son tour, puis dans un geste presque solennelle, porta la tasse à ses lèvres sans quitter Zech du regard. En parlant d'addiction Nathaniel était en effet un gros consommateur de thé mais ne s'en cachait pas. En plus d'en apprécier les saveurs, il avait vertu à le tenir éveillé ou à tout simplement l'apaiser. Il confirmait à lui tout seul les clichés qu'on avait sur les anglais. De sang noble, lettré et accro au thé. Il y avait plus de quoi en rire qu'à pleurer quand on y pense. « J'en bois beaucoup c'est vrai, mais je m'inquiète surtout de l'impact sur ta santé à la longue » fit-il sur le ton de la plaisanterie, un sourire félin dansant sur ses lèvres. L'Auror avait sa petite idée d’où lui venait son obsession pour ces sucreries. De Arès, probablement. Amadouer ses cadets avec des bonbons, il savait très bien le faire ce serpent. Rien que de penser au traître empoisonnait sa bonne humeur. Son visage se voila subitement d'un air sombre qui fût aussitôt balayé par le raclement de gorge de son frangin, le ramenant à la réalité qu'était un bon moment entre deux membres d'une même famille. A en juger l'attitude d'Ezechiel, ce qu'il s'apprêtait à dire semblait suffisamment important pour le déstabiliser et n'était sûrement pas grave en soi. Comment le savait-il ? Les rougeurs sur ses joues, l'hésitation dans ses mots signes d'embarras ou de honte. Ou les deux. Attentif, Nathaniel laissa son frère dévoiler son aveu : Celui d'une fille dont il s'était épris, aussi sa première copine. Ariel. Ce nom sonnait plus que familier à ses oreilles. Pour être exact, il avait eu personnellement l'occasion d'échanger avec la demoiselle en question, et s'était porté garant de garder secret sa nature de sirène. Ce dernier ignorait cependant si Zech était au courant. « Ariel Krushnic, une élève Serdaigle en première année de GISIS en Médecine Magique ? » Oh, sans doute son cadet allait être surpris de l'entendre. L'Auror n'avait pas l'intention de lui cacher la vérité. Oui, il la connaissait et l'avait aidé en bon pédagogue à appréhender sa forme aquatique. « C'est normal d'être perdu et de se poser des questions. Et puis, je savais qu'un jour ou l'autre tu viendrais m'interroger à ce sujet. » Un rôle qui appartenait normalement à leur père, d'éduquer ses fils jusqu'au bout. Même s'il est mort, nulle doute que l'homme n'y aurait prêté aucune importance. « A quel stade en êtes vous tous les deux dans votre relation exactement ? » demanda calmement l'Auror, penché aussi en avant sur ses coudes. A 19 ans, Nathaniel était déjà fiancé à une fille qu'il n'avait pas choisi et s'était mentalement préparé à bâtir sa vie à ses côtés. A apprendre seul à être un homme. Sans le drame de leur famille qui le libéra finalement de ses contraintes filiales, il serait sûrement marié et probablement père d'un enfant à l'heure actuelle. Pire, il n'aurait pas pu finalement suivre son cœur avec Eleonore. Son frère avait cette chance d'avoir pu être maître de ses propres choix et malgré tout, l'ex-aiglon était prêt à se faire conseiller pour l'aider à être heureux dans cette relation qui ne pouvait s'apprendre que par l'expérience, non dans les livres.
Il est vrai que dans la famille, nous ne sommes pas du genre à ce confié sur nos sentiments et nos relations, mais avec Nathaniel, j’ai l’impression que je peux tout lui dire. À la mort de nos parents et la fuite d’Arès, il a pris le rôle de papa, a la tête d’une famille éclatée par un drame horrible. Il a depuis ce jour funeste, prit le rôle de la figure paternel, et en étant plutôt proche de lui, c’est tout naturel finalement pour moi de me confier à lui, de lui parler de cette relation toute nouvelle qui me chamboule autant qu’elle me rend vivant. J’écoute attentivement mon frère, et j’avais raison sur un point, il la connaît, et j’aimerais en savoir plus, mais il me prend de cours avec une autre question. Question que je trouve un peu intime, mais j’ai besoin de parler à quelqu’un de neutre, qui ne court pas après les filles comme mon meilleur ami. Alors qui de mieux que mon frère.
- Ça fait quelques semaines maintenant que je sors avec Ariel…
Je rougis, moi ? Ezechiel Avery rougit devant son frère ! Je me montre vulnérable, mais j’ai vraiment besoin de me confier sur ce premier émoi amoureux. D’être guidé un minimum pour ne pas tout gâcher avec Ariel. Je veux vraiment construire quelque chose avec elle et vivre ce sentiment puissant qui me bouffe les entrailles depuis que je lui ai parlé pour la première fois. Je prends une gorgé de thé avant de reprendre mon récit auprès de Nate.
- Nous ne sommes qu’au début de notre relation, mais… Je ressens quelque chose de fort pour elle, c’est à la fois pur et fragile…C’est difficile de mettre des mots sur ça… J’ai besoin de conseil… Je ressens quelque chose de fort pour elle, c’est à la fois pur et fragile…
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Nathaniel a rarement vu son jeune frère aussi agité. Aussi peu sûr de lui. Il avait d'habitude cette fierté naturelle et tenace de la famille Avery et là, Nathaniel se retrouvait en face d'un Ezechiel tout émoustillé face à ces sentiments qui naissaient en lui. C'était drôle de le voir ainsi mais il fallait bien que ça arrive un jour. Que quelqu'un le guide et qu'il vole de ses propres ailes. L'aiglon l'écoutait attentivement, perché sur son fauteuil. Sa relation avec Ariel datait de quelques semaines seulement. L’aîné en souriait encore. Lui venait d'entamer aussi une liaison avec Eleonore plus...Poussée, certes. Toutefois, ils étaient plus expérimentés sur ce point et ils avaient commencé leur idylle sur ce même canapé où était assit Zech. L'ironie avait de quoi le faire rire à gorge déployée mais il se retenait de mettre encore plus mal à l'aise son adorable petit frère. « Je vois...Tu es amoureux. » L'Auror avait prit une autre gorgée de son thé, laissant baigner sa réponse dans le silence et s’accouda sur son fauteuil, le gratifiant d'un sourire avec une pointe de malice dans le regard. « Il n'y a aucune honte à ce que ça t'arrive que maintenant tu sais. De mon côté j'avais quatorze ans, avant même que Père ne me fiance. Et tu sais quoi ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne m'en suis compte que récemment. J'ai eu d'autres relations dans le passé mais avec de véritables sentiments...C'est la première fois. Que ce soit pour toi, pour moi ou n'importe qui, il y a un début à tout comme on dit. » La seule personne dont Nathaniel s'était réellement éprit était Eleonore. Il partageait une belle amitié avec son ex-fiancée, avait peut-être eu deux ou trois flirts au passage et Viktoria en petite amie pendant un an sur une relation d'attirance physique plutôt que sentimentale mais sinon, l'homme ne détenait pas un gros palmarès et ça n'avait pas l'air de le déranger plus que ça. « Si je peux te donner un conseil petit frère, calque tes envies sur ceux d'Ariel. Assure-toi toujours qu'ils soient réciproques avant de te lancer, fais-lui comprendre ce que tu veux et tu verras si elle y répond ou pas. En général ce sont des choses qui se sentent sans même avoir besoin de parler. » Ce conseil là, il l'avait appliqué pas plus tard que la semaine dernière et il s'était avéré rudement efficace. S'il savait. Laisser faire, ne rien presser : voilà la clé.
Je prends une gorgée de thé fraîchement servi par mon ainé. L’arôme de la cannelle envahit mon palet, m’apportant un sentiment de réconfort et de bien-être. Cependant, une gorgée passa de travers en entendant les mots de mon frère, provoquant une quinte de toux. Je repose la tasse en reprenant ma respiration. Amoureux ? Je ne sais pas, je suis perdu, car c’est la première fois que je ressens ce genre de sentiments. C’est donc ça l’amour ?
- Amoureux ?
Je l’écoute de nouveau attentivement, en regardant mes mains les joues roses. Amoureux…L’amour… C’est si inconnu, si inattendu, mais il a raison, il y a un début à tout. Je n’ai pas vraiment eu de model d’amour à part nos parents. Mais leur relation face à nous était assez platonique. Arès, n’a pas eu le choix et se marier à une fille qu’il n’aimait pas, du moins pas avec ce genre de sentiments, de plus je le soupçonne d’avoir une relation avec une autre personne. Après Nate, ce fut pareil, des fiançailles dénuées d’amour. Alors, pas étonnant au final de ne pas reconnaître ce genre de sentiment quand il nous arrive en pleine face, comme quand Ariel est rentré dans ma vie. Elle a tout chamboulé, tout remis en question, moi qui ai tendance a géré mes sentiments en publique, elle a réussi à semé le trouble.
- Je veux prendre le temps avec elle, mais… Depuis peu, j’ai des envies.. Envies de plus avec elle. Je veux aller plus loin, la découvrir entièrement. Je suis un peu perdu face à ce désir inconnu qu’elle m’inspire, je… Je suis en train de parler de sexe avec mon frère… C’est gênant…
Je ris doucement pour détendre l’atmosphère avant de prendre mon visage entre mes mains. Parler de ce genre de chose, c’est tellement nouveau et gênant !
- Je fais attention à ses envies, justement, je lui ai dit que je n’irai pas la brusquer pour quoi que ce soit. Mais…C’est difficile ! Comment fait-on pour gérer ce genre de désir si puissant ? Je deviens fou, je perds ma concentration, car je pense à ça toute la journée… Et la nuit…
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Son frère cadet l'écoutait attentivement, comme un élève qui écouterait son professeur. Nathaniel était son ainé aussi, quelque part, un pédagogue et un conseiller. Bref, une personne plus expérimentée vers laquelle on se tourne pour apprendre. Mais voilà. Pour Ezechiel, le sujet n'était pas forcément évident à aborder. L'amour est un sentiment bien mystérieux et tout aussi dangereux que la haine. Il apparait quand on s'y atend le moins, nous enivre, nous assujette et nous manipule comme des pantins. Parfois même, nous mène à la folie. La folie de posséder l'être aimé ou en finir avec sa vie de ses propres mains. Bon évidemment, il s'agit d'un extrême à l'autre. Ezechiel était encore au stade de l'adolescent à la recherche de soi, de comprendre ce qu'il se passait. Ses sensations, ses envies. Et Nathaniel avait les clés pour le guider puisqu'il était celui qui détenait l'expérience dans cette pièce. « Tu n'as jamais lu ça dans les livres ? Remarque lire, ressentir et comprendre sont des choses différentes. » L'Avery se redressa puis quitta son fauteuil moelleux pour venir s'assoir sur le canapé à côté de son frangin en l'écoutant attentivement. Son frère tentait tant bien que mal de lui faire passer un message mais Nathaniel l'avait vite capté, il suffisait de voir ses lèvres s'étirer en un rictus finement dessiné avant de lâcher un petit rire. Disons qu'il voulait se faire bienveillant bien que d'un autre côté, ça l'amusait quand même un peu. « Allons Zech, il n'y a rien de mal à ce qu'on en parle de sexualité. J'aurais même tendance à dire qu'il était temps que tu vides ton sac. » Sans mauvais jeu de mots, l'ainé posa une main sur son épaule et cherchait son regard pour une confrontation les yeux dans les yeux. « Il faut que tu t'écoutes, que tu t'assumes. Je ne dis pas que c'est simple ni de lui sauter dessus comme une bête sauvage parce que là, tu risquerais de te faire rembarrer si elle n'est pas sur la même longueur d'onde que toi. Mais par exemple quand vous vous embrassez, essaye de lui transmettre ton désir par des caresses, par un jeu de regards ou en la titillant aussi. Le langage du corps s'apprend et chacun a ses préférences tu sais, il suffit de les découvrir par soi-même. » Il en savait quelque chose puisque lui aussi été passé par là il y a pas si longtemps. Sa première fois n'avait pas été source de nervosité face à cet acte inconnu, il y était plutôt allé dans l'esprit d'y aller et de ne pas réfléchir. « Cela doit te parait abstrait mais une fois le moment venu tu seras sûrement moins perdu que tu ne le penses, ton instinct te guidera tout seul. » L'aiglon fit un clin d'oeil à Ezechiel puis de cette main qu'il avait sur son épaule, celle-ci vint se poser gentiment sur le dessus de tête. « Oh et...Ne panique pas si ta première fois ne dure pas longtemps. Il arrive souvent qu'on ne soit pas très endurant au début, on se laisse porter par l'euphorie du moment et résultat... » La suite de ses propos n'étaient pas difficile à deviner même pour quelqu'un qui n'avait jamais expérimenté la chose. Tous les hommes passent au moins une fois par la case précoce ou accident, ce n'était pas un drame, juste embêtant. Et gênant.
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Un soleil timide pointé le bout de son nez, mais les températures hivernales avez du mal à laisser venir les douceurs du printemps. Aujourd’hui j’étais particulièrement heureux, car nous allons à Pré-au-Lard. Comme à chaque sortie, je vais en profiter pour faire le stock de mes friandises préférées ainsi que flâner dans les ruelles de cette si petite ville. Je ne tenais plus en place, aucun moyen de me concentrer sur mes révisions, à chaque fois mon esprit revenait toujours à cette sortie, et au fait de dévorer autant de chocogrenouilles que mon estomac peut supporter. Et puis sortir, m’aérer l’esprit pour mieux étudier par la suite, oui cette sortie m’est vitale. En général, je ne sors que rarement de la bibliothèque ou je passe le plus clair de mon temps hors des cours, changer la poussière contre de l’air pur ne peut être que bénéfique sur ma personne.