I'd rather rage than sit around - Clemens

Clemens & Delilah.

Même si une journée se passe bien dès le départ, ça ne veut jamais dire qu'elle va bien se dérouler du début à la fin. Généralement, j'essaie toujours de positiver, me disant que tout arrive pour une raison, qu'il faut de tout pour faire un monde...un paquet de trucs qui ne veulent pas dire grand chose en bout de ligne, mais qui m'aide à rester fidèle à moi-même, c'est-à-dire souriante et joyeuse. Par contre, un ciel ne reste jamais parfaitement bleu. Depuis mon arrivée au château, il n'y avait que peu de nuage dans mon ciel. Il y avait bien sûr la maladie de mon père, certains élèves récalcitrants, le professeur Wargrave qui me regardait d'un mauvais oeil, Zephyr qui ne faisait jamais quoi que ce soit pour m'aider et surtout le professeur Brown qui semblait une haine sans borne pour une raison inconnue. Pour ma défense, je pouvais me dire qu'il semblait détester à peu près tout le monde dans le château. Il semblait toujours à rebrousse poils comme si chacune des journées qu'il vivait était pénible. Considérant que je ne lui avais jamais parlé, je considérais qu'il n'avait aucune raison pour me faire la gueule comme il le faisait. Je le laissais parler, déverser son venin quand il en avait envie de l'ignorais royalement. Il n'y avait rien de mieux pour revroidir quelqu'un. Il pouvait tout aussi bien parler à un mur, son avis m'importait peu. Ça m'énervait, c'est évident, je ne suis pas faite de glace après tout. Par contre, je savais très bien que ça ne servait à rien de répondre à quelqu'un comme ça, je n'aurais probablement jamais raison. C'était mieux pour lui et surtout pour moi. Me fatiguer sur un truc du genre était une perte de temps.

Je faisais donc toujours comme à l'habitude, je m'occupais de mes créatures le matin en me levant tôt, j'allais ensuite me laver, je mangeais et j'allais enseigner. Rien de bien extraordinaire dans tout ça. Je m'étais enracinée au château, me laissant imprégner par la routine qui m'insuportait autant avant. Maintenant, je l'appréciais. Ma routine n'était pas si routinière, c'était ça le truc je crois. Je ne voyais jamais les mêmes élèves, je ne présentais jamais les mêmes créatures et les cohortes d'élèves changeaient à chaque année. Le contact avec les élèves aussi me permettait de tenir. J'aimais voir les éclats dans leurs yeux quand ils voyaient les créatures, comprenaient leur vie et leur comportement. Je me sentais utile et vivante à travers leurs yeux. Il y avait bien des pépins de temps à autres en classe, mais je savais y faire face, j'avais de l'expérience avec les imprévus. C'était l'un des risques d'enseigner en plein air après tout. La température pouvait se révéler problématique et, franchement, les créatures aussis pouvaient se révéler récalcitrantes. Elles sont comme nous après tout, elles ont des bons jours et de moins bons. Elles ne veulent pas toujours parader et servir de bête de foire. Je devais donc les gérer autant que les élèves.

Ce jour-là, une créature s'est bel et bien rebellée. Par contre, ce n'était pas ma faute, ce n'était pas celle des élèves et ce n'était pas celle de la température. Il y avait un autre enseignant qui travaillait à l'extérieur et, avec tout ma chance, c'était le professeur Brown et son terrain était relativement près du mien. Cet après-midi là, alors que je présentais Herbet, mon hippogriffe, à un groupe de troisièmes année, un souaffle est atteri tout près de nous et a fait peur à ma créature. Tout le monde étant au courant que les hippogriffes sont plutôt farouches, personne ne sera surpris d'apprendre qu'Herbert n'a pas très bien réagi à l'intrusion. Il s'est cambré et s'est mis à s'agiter dans tous les sens, déployant ses ailes et manquant de peu d'assomer quelques élèves. Je me suis agrippée au harnais qu'il avait autour du cou pour le retenir et qu'il ne blesse personne. « Le cours est terminé, nous reprendrons la prochaine fois. » Je n'ai même pas regardé mes élèves s'agiter et partir derrière moi. Je tenais à maitriser Herbert et qu'il se calme avant de le ramener dans son enclos. Ce foutu souaffle avait gâché mon cours et ça me foutait en rogne. C'était probablement un élève qui l'avait envoyé et ici et il n'avait sûrement pas fait exprès, mais quand même. J'allais devoir me calmer autant que mon hippogriffe. Je lui parlais doucement à l'oreille et lui caressais la nuque alors qu'il se calmait. Franchement, j'allais méritée mon repos du soir.

Clemens & Delilah.

J’essayais de calmer Herbert, mais franchement il n’avait vraiment pas apprécié l’intrusion du souafle dans sa bulle. Les hippogriffes étaient des créatures très farouches et ils n’aimaient pas se faire surprendre. Là, il se sentait coincé et je devais le calmer. Les élèves avaient quitté mon cours avec un peu d’avance, mais je préférais ça que de devoir gérer un bras cassé par un coup de sabot. J’aurais beau avoir dit aux jeunes de ne pas s’approcher de me laisser gérer, il y aurait toujours un clown qui se dirait qu’il pouvait m’aider, mais qui, en fait, en est incapable et qui se retrouve dans mes jambes plus qu’autre chose. Ils veulent bien faire, mais ça n’aide jamais. Alors, pour moi, terminer mon cours plus tôt était plus efficace et sécuritaire pour moi, pour les élèves et pour ma créature énervée. Je savais très bien d’où venait cette balle et son propriétaire allait entendre parler de moi. Je n’allais pas lui faire une crise, ça ne servait à rien, surtout avec lui. Par contre, il fallait que je lui dise d’être plus prudent parce que franchement il aurait pu y avoir des blessés s’il y avait eu un élève près de ma créature. Des enseignants avaient été mis à la porte pour moins que ça. Je devais être très prudente avec ce que je faisais en classe si je voulais garder mon emploi. Je commençais à peine à me dire que je pouvais franchement faire ma vie ici, ce n’était pas pour me faire indiquer la sortie le lendemain. Je tenais donc mon hippogriffe par la lanière de cuir qu’il avait autour du cou et je le laissais un peu crier avant de me rapprocher et le caresser pour le calmer. Ce n’était qu’un stupide ballon, il devait comprendre que tout allait bien.

Herbert semblait commencer à se calmer un peu, il avait refermé ses ailes sur lui et criait un peu moins. Il restait tout de même agité, mais j’allais devoir lui laisser le temps de prendre sur lui. Ce semblant de calme ne dura pas longtemps parce que l’hippogriffe a relâché un cri strident alors qu’en même temps j’entends l’air siffler derrière moi. Le propriétaire du souafle devenait revenir chercher son jouet. Des pieds se sont déposés au sol pas trop loin, mais je ne me suis pas retourné pour confirmer qui c’était. J’avais clairement d’autres chats à fouetter et un hippogriffe à calmer grâce à lui. J’allais devoir recommencer une partie du travail que je venais d’accomplir. Je me suis donc remise à parler à voix basse pour calmer la bête. Elle avait beau peut-être ne pas tout comprendre ce que je lui disais, juste le timbre de ma voix pouvait la rassurer. Elle avait l’habitude de m’avoir près d’elle et c’était le mieux que je pouvais faire. Déjà, je voyais l’effet de mes paroles sur la créature. Au même moment, j’ai entendu la voix de mon collègue qui semblait prendre un malin plaisir à rire de moi et de ce que je faisais. Il avait toujours le bon moment pour me piquer et se foutre de moi. J’ai pris une grande inspiration en caressant l’encolure de mon hippogriffe avant de répondre. Franchement, il ne semblait pas se lasser de ce petit jeu, comme un enfant qui voulait montrer qu’il était le roi du bac à sable. J’ai répondu à mon collègue, mais sans me retourner tout de suite. Je préférais passer mes mains sur le bac de la créature qui devenait de plus en plus calme.

« C'est difficile de garder un hippogriffe calme quand il se fait lancer des souafles dessus, professeur Brown. »

J'ai senti Herbert bouger un peu et il est allé se coucher un peu plus loin, près d'une meule de foins sur laquelle il s'est appuyé. N'ayant plus de raison pour l'éviter, je me suis retourner vers l'enseignant et l'ai regardé en haussant un sourcil.

« Ce serait possible pour vous d'être un peu plus prudent avec vos balles ? Ça pourrait franchement blesser quelqu'un. Si un élève avait été près de mon hippogriffe, il aurait pu se faire casser un membre. »

Clemens & Delilah.

Mon hippogriffe maintenant allongé un peu plus loin près de son foin, je ne pouvais plus éviter la confrontation avec le professeur Brown. J’essayais toujours d’éviter ces moments qui étaient franchement désagréables. En bout de ligne, ce qu’il me disait pouvait se révéler fâchant, même insultant, mais son avis ne me faisait rien du tout. Qu’un sorcier frustré considère que je suis une folle ou bien que je n’ai rien à faire dans cette école ne me faisait pas friser les cheveux. Il pouvait penser ce qu’il voulait de moi et qu’il me verbalise le tout comme ça me montrait seulement qu’il n’avait aucun contrôle sur lui-même et qu’il devait être fondamentalement malheureux. Il faut vraiment se traîner dans les bas fonds, dans la boue pour se débattre autant pour rien. Il ressemblait à une créature malade ou blessée qui se débat pour échapper à la mort. Il était agressif et crachait son venin qui coulait sur moi comme de l’eau sur le plumage d’un canard... ça n’avait aucun effet mis à part une tension de me sentir brusqué pour rien alors que j’essayais de travailler. Je passais une bonne journée jusqu’à présent, mais elle semblait vouloir prendre une tangente plus désagréable que je n’allais pas pouvoir éviter cette fois. Le sorcier et son balai ne semblaient pas prêts à repartir d’où ils venaient, loin de ma vue et où je n’aurais pas besoin d’entendre la voix méprisante du professeur Brown qui semblait prendre beaucoup de plaisir à me coincer comme ça.

J’ai entendu le rire sournois de mon collègue et je n’ai pas pu retenir un roulement d’yeux alors que j’étais toujours dos à lui. Franchement, son insulte était digne de celle d’un enfant de huit ans. J’aurais pu pousser la réflexion en lui disant qu’au moins je fréquentais des créatures vivantes ayant un quotient intellectuel et non pas seulement un paquet de balles ensorcelées. Cependant, lui répondre comme ça ne l’aurait que provoqué encore plus et je n’avais pas du tout envie de rester sur place à me faire cracher dessus comme ça. J’avais assez d’estime pour moi-même pour savoir que je méritais franchement mieux qu’un coup de gueule pareil en plein milieu de la journée. Maintenant face au professeur de vol, je lui ai fait une demande tout à fait raisonnable, selon moi. Juste être prudent avec ses balles, je ne lui demandais pas la lune quand même. Et puis, je ne lui demandais pas pour moi, mais pour les élèves. S’il ne voulait pas perdre de joueurs de Quidditch en les laissant se faire blesser par sa faute, c’était à son avantage d’ensorceler les limites de son secteur d’entrainement pour que les balles ne puissent en sortir. En voyant le sourire moqueur se planter sur les lèvres de l’enseignant, j’ai rapidement su qu’il ne coopérerait pas facilement. Il était à la limite du carnassier, il en était presque effrayant. Il s’est mis à remettre en question mes compétences dans mon travail et ça, c’était poussé la note un peu trop. Il semblait presque jouir de ce qu’il disait, il voulait franchement me blesser et je ne comprenais pas ce qui le motivait à ce point. Il voulait mordre, qu’il s’amuse, mais je pouvais retourner le jeu de côté si je le voulais aussi.

« Je présume que c'est ce qui explique votre manque de contrôle sur vos balles, c'est ça ? Un manque de compétence ? Souciez-vous de votre travail et je vais m'occuper du mien. Je sais m'occuper de mes bêtes.  »

Je n’avais pas levé le ton, j’étais restée bien calme en commençant à ramasser mon matériel, ne donnant que très peu d’attention à l’enseignant frustré. Mon hippogriffe était à ce moment un modèle d’animal calme et bien dressé. Je n’aurais pas pu demander mieux de sa part pour prouver mon point. J’ai lancé une carcasse de furet à Herbert, mon hippogriffe, pour le récompenser se son bon comportement et pour que le professeur Brown puisse voir qu’effectivement, je contrôlais ma bête. En plus, je souhaitais lui donner le moins d'attention possible pour ne pas attiser sa fureur.