ette journée à Pré-au-lard était vraiment divertissante, Lou ne passait pas beaucoup de temps hors du château, de plus pour les vacances cette année les élèves ne pouvaient pas retourner dans leur famille... Sa mère lui manquait terriblement et elle lui avait tout de même écrit. Sa mère adoptive savait qu'elle avait changé d'école, bien sûr elle en ignorait les raisons, mais Lou faisait toujours en sorte de lui dire les choses aussi proche de la vérité qu'elle le pouvait. Elle lui avait alors écrit ses premières impressions sur cette nouvelle école, elle lui avait parlé aussi de ses professeurs, de ses notes et que finalement, elle se plaisait plutôt bien ici, même si c'était vraiment différent de Durmstrang, Lou ce demandait si ce n'était pas même un peu mieux, dans le sens où ils étaient plus ouvert par ici... A Durmstrang jamais ils n'auraient accepté quelqu'un dont le sang n'était pas pur... C'était quelque chose que Lou avait du mal à comprendre même si elle n'avait jamais rien avoué bien entendu. Mais, elle avait été élevée par une... Moldue, même si elle n'aimait pas du tout ce mot. Pour elle, les gens sans pouvoir étaient normaux, elle avait vécu au milieu d'eux et elle ne voyait pas ce qu'ils avaient de moins qu'eux, à part leur pouvoirs bien entendu, mais Lou ne s'est jamais sentie supérieur à sa propre mère à cause de cela, bien au contraire, sa mère adoptive est sans doute l'une des femmes les plus fortes et les plus aimantes qu'elle connaisse!
Lou avait très vite appris à ne pas parler de sa mère adoptive à Durmstrang, cela lui avait valu quelques regards de travers et si personne n'avait osé venir l'emmerder réellement, elle savait que c'était à cause de ce qu'ils avaient vu le jour où elle avait été répartie. Par contre sa famille de sang... Ca, tout le monde en parlait, tout lui en avait parlé, ne s'inquiétant pas une seule seconde de la peine que ça pouvait lui faire de revivre sans cesses les souvenirs douloureux de son enfance... Elle ne les connaissait même pas et ne les connaîtrait jamais, ce n'était pas d'eux dont elle avait envie de parler... C'était pour cela que Poudlard était en réalité une vraie bouffée d'air frais. Lou ne se sentait plus désolée d'avoir pour mère une femme formidable qui n'avait pas de pouvoir magique! Elle avait même des gens né-moldu dans sa propre classe et encore une fois, même si elle ne l'avouerait pas à voix haute, elle adorait tous ces changements. Le plus génial? C'était qu'elle n'était pas venue seule et que les gens qui comptaient plus pour elle se trouvait aussi dans cette école et alors que ses pensées se dirigeait de nouveau vers Kamen, sa silhouette se dessinait pas loin d'elle sur le côté, elle tournait alors la tête surprise de le trouver-là tandis qu'il se trouvait de dos et ne l'avait donc pas encore vue... Un petit sourire se dessina aux coins des lèvres de la jeune fille tandis qu'elle se dirigeait vers lui a pas de loup... Elle faisait au mieux pour ne pas faire de bruit, espérant ne pas se faire surprendre à cause de sa respiration ou encore un pas mal placé... Plus elle avançait et plus son cœur se mettait à battre de plus en plus fort, elle mordillait sa lèvre en essayant de se contrôler, il ne fallait pas qu'elle se lance trop tôt ou elle raterait son coup... Lorsqu'elle fut à deux ou trois pas de lui, alors son sourire s'agrandit, c'était trop tard, même s'il l'apercevait maintenant il ne pourrait pas l'arrêter! Elle lui fonçait alors droit dessus!
"Je t'ai eu!" Lançait-elle à plein poumon tandis qu'avec son poids elles les faisaient tous deux tomber dans la neige toute blanche à leur pied. La rire de Lou résonnait autour d'eux tandis qu'elle avait bien du mal à reprendre son souffle. "Je ne savais pas à quoi tu pouvais bien pensée, mais tu aurais dû voir ta tête!" Disait-elle avant de rire de plus belle, bien contente de son coup, se disant qu'elle allait probablement le payé et d'ailleurs un petit air de défis se baladait dans son regard se tenant prête au cas où il tenterait un jolie retour de bâton!
Une voix parvint au loin, dans son sommeil, une voix douce, qu’il pouvait reconnaître entre mille. Les mots résonnèrent à son oreille, mais il n’en saisit pas tout le sens sur le coup. Il se contenta d’émettre une sorte de grognement en guise de réponse. Il sentait un poids sur son torse, devinant que Lou se trouvait là. Doucement, il s’extirpa de ses songes encore flous. Puis, il sentit des lèvres se poser délicatement sur sa joue, comme une caresse légère, à peine détectable. Le jeune bulgare ouvrit les paupières, découvrant le visage de la brunette face au sien. Elle était si près, qu’il loucha une demi-seconde. Il la fixait, silencieusement, ne sachant pas comment réagir. Cela faisait si longtemps qu’ils n’avaient plus eu ce genre de contact, que cela lui sembla étrange. Familier, mais étrange. Cela remontait à bien trop longtemps dans ses souvenirs, qu’il avait oublié. Pour le jeune homme, elle était là, à ses côtés, et c’était ce qui était le plus important à ses yeux. Elle était là. Et plus rien ne le séparerait d’elle, il se l’était promis en la retrouvant il y a quelques semaines. Quand Durmstrang avait fermé, quelques moins plus tôt, Kamen s'était senti simplement vider. Il ignorait ce qu'ils pourraient faire pour pouvoir se voir. Lou était la fille d'une moldue, dépourvue de pouvoir. Ce n'était pas pour rien si elle n'avait jamais rencontré le patriarche Yordanov, il détestait les moldus. Mais pour Kamen, peu importait, Lou était un véritable petit soleil. Dès le moment où ils s'étaient rencontrés à Durmstrang, il avait vu en elle quelque chose d'unique. Ils étaient devenus très proches. Mais c'était la première fois que Kamen rêvait d'elle.
Lorsqu'il se leva, le Serpentard sentit tout de suite que ce rêve l'avait déboussolé. Un songe qui semblait venir de loin. Peut-être était-ce parce qu'il n'avait pas vu la jeune femme depuis quelques jours, enfin, ils s'étaient croisés, mais Kamen était beaucoup occupé ces derniers temps. Après tout, entre ses fiançailles, ses poisons, et les problèmes familiaux qu'il traversait, il ne savait plus où donner de la tête. Le jeune homme se leva et s'habilla, il descendit prendre un jus de citrouille dans la Très Grande Salle mais ne s'attarda pas. Aujourd'hui, il avait prévu de se rendre à Pré-au-Lard. Les vacances commençaient bientôt, et il avait bien l'intention d'en profiter pour observer les environs et faire quelques trouvailles. Il se fichait pas mal de ne pas rentrer au manoir. Après tout, il n'avait pas envie de voir les yeux de son père posés sur lui, et ceux de sa mère perdus dans le vague. Il préférait rester à Poudlard, loin des problèmes. Même si il s'en voulait pour cela. Le jeune homme marcha le long du sentier plein de neige, et enfin arriva à l'entrée du village. C'était un village magnifique, vraiment différent de ceux de Bulgarie. Ici, les maisons en pierre dégageaient une impression de chaleur et de bienveillance. Les boutiques, les pubs, les passants, tout semblait agréable. Le jeune homme avait déjà eu le temps de fréquenter Les Trois Balais, mais il avait eu une préférence pour La Tête de Sanglier. L'ambiance lui rappelait un peu son pays. Il avait décidé de se rendre dans la Taverne pour s'y détendre un petit peu, et boire une bièraubeurre. Il était encore tôt, mais en quelques temps il était devenu accroc à cette boisson. Alors qu'il marchait à travers les rues enneigées du village, il sentit tout à coup quelque chose sur son dos. Un poids qui le fit pencher en avant. Il s'écrasa dans la neige et jura des tas d'insanités. Puis, il entendit une voix. « Je t'ai eu ! » Kamen soupira. Il la reconnaîtrait entre mille. La belle Lou était face à lui, un sourire innocent, et des yeux rusés le fixant. Il lui rendit son sourire, et ils éclatèrent de rire tous les deux en même temps. « Je ne savais pas à quoi tu pouvais bien pensée, mais tu aurais dû voir ta tête ! » Kamen lui tira la langue. Évidemment, il était perdu dans ses souvenirs, dans ses pensées, il ne l'avait pas entendu arriver. Et il fallait dire qu'il n'avait pas une très bonne ouïe. Alors qu'elle le défiait du regard, il fut plus rapide qu'elle et l'attrapa par la taille pour qu'elle s'allonge près de lui. Il porta sa main contre sa tête et commença à lui ébouriffer les cheveux dans tous les sens. Ils avaient l'air de deux enfants dans la neige, s'éclaboussant, se taquinant, et cette innocence leur faisait du bien à tous les deux. Ils n'avaient peut-être pas connu la guerre comme les anglais l'avaient connus, mais ils avaient vécus de terribles choses eux aussi. Kamen, lui, n'avait pas eu une enfance malheureuse, mais ses épaules portaient le poids de la culpabilité et de la honte. Il se sentait mal par rapport à sa mère, par rapport à son père. Il avait parfois honte de lui-même, et pour compenser cela, il se fabriquait des poisons. Pour endurer la souffrance, la supporter. Lou, elle, avait eu une enfance bien particulière, et les souffrances de sa famille étaient encore plus grande que celles de Kamen. Ils s'étaient bien trouvés tous les deux.
« Tu es complètement folle Loushka ! » C'était le petit surnom qu'il lui donnait. Un surnom affectueux et en même temps qu'il savait qu'elle détestait. Il adorait énerver Lou, c'était l'un de ses passes-temps favoris. Il lui attrapa la main avant qu'elle ne réplique et qu'elle ne lance une nouvelle attaque, et la tira pour la soulever. Elle était légère comme une plume. Il commença à frotter ses vêtements pour enlever la neige. « Heureusement qu'on est habitué au froid, n'est-ce pas ? » À Durmstrang, l'hiver arrivait beaucoup plus tôt qu'à Poudlard, et durait beaucoup plus longtemps. Pour Kamen, les températures du jour étaient presque des températures de fin d'hiver, alors qu'il commençait tout juste. Le jeune homme s'était néanmoins couvert d'une cape, et il avait investi dans des gants. Ils lui permettaient de couvrir ses mains pleines de cloques. Ces derniers temps, les poisons étaient beaucoup plus compliqués à réaliser, c'était peut-être la fatigue, mais Kamen sentait qu'il avait du mal à les préparer aussi facilement qu'avant. Il mettait ça sur le dos des ingrédients qui n'étaient pas les mêmes que dans son pays d'origine, mais il sentait que quelque chose se passait. Pour l'instant, il ne voulait pas s'en préoccuper, mais en attendant, il cachait ses mains comme il pouvait. Il avait toujours été marqué, même à Durmstrang, mais les cloques étaient plus grosses qu'avant, et il ne voulait pas être vu comme un fou à Poudlard. Soudain, il remarqua que la baguette de Lou était tombée. Il pouvait sentir la sienne dans sa poche, il se baissa pour la ramasser, et la tendit à celle avec qui il partageait tout. Il vit alors que son gant de la main qu'il tendait était un peu descendu et laissait entrevoir le dessus de sa main, pleine de brûlures. Il pria pour que Lou ne remarque rien et décida de relancer la conversation. « Alors mademoiselle Dashkova, qu'est-ce que vous faites par ici, de si bon matin ? » Il repensa alors à son rêve. Était-ce une coïncidence qu'il la croise aujourd'hui ?
es passants avaient tendances à leur jeter des regards, parfois de désapprobation, parfois, juste un regard d'un adulte regardant des enfants joués, mais Lou s'en fichait. Peu importe le regard des autres, ce qui était important c'était celui de Kamen et elle avait eu besoin de ce moment, jouer comme avant, sans arrière-pensée, juste ce laisser aller... A Durmstrang, ce n'était pas pareil, ils étaient jugés sans cesse, il ne fallait pas paraitre faible et un tel comportement venant de deux élèves de sixième année aurait sans doute était mal vue... Mais Poudlard lui faisait du bien, elle pouvait se permettre d'être un peu plus elle-même, d'être la Lou que Kamen avait connu au tout début de leur amitié, la vrai, la partie d'elle qu'elle préservait en secret... Lou passait une main dans ses cheveux en tentant de les recoiffer avec ses doigts, Kamen savait qu'elle n'aimait pas lorsqu'elle était décoiffée ainsi et il s'en était donné à cœur joie, comme le fait de l'appeler comme il aimait le faire... Elle faisait mine de boudé chaque fois qu'il utilisait le surnom, en réalité c'était une façon de cacher à quel point elle aimait qu'il l'appelle ainsi, comme si elle était unique, comme si pendant cette fraction de seconde il n'y avait plus qu'elle qui comptait à ses yeux et parfois dans le noir, lorsqu'elle fermait les yeux, elle imaginait alors qu'il venait le lui chuchoter à l'oreille... Elle sortait de sa rêverie lorsqu'il lui présentait sa propre baguette qui était apparemment tombée, elle ne s'en était même pas rendu compte, elle allait alors le remercier au même moment ou quelque chose attirait son attention sur la main de Kamen... Elle levait alors vers lui un regard plein de reproche...
"Tu continues..." Lâchait-elle d'un ton las... "J'avais espéré qu'être à Poudlard t'aiderais à combattre cette... Addiction..." Elle avait murmuré ce dernier mot pour qu'il ne soit entendu que de lui, son regard bleu vert accrocha celui azur du garçon tandis qu'il pouvait y lire soudain toute l'inquiétude qu'elle pouvait ressentir pour lui. Toute l'innocence du dernier moment venait de s'évanouir pour laisser place à la réalité... A leur réalité... Les souvenirs remontaient à la surface... Les souvenirs de toutes ces fois où elle l'avait retrouvé dans des états encore pire qu'aujourd'hui, des souvenirs où c'était elle qui venait soigner ses plaies... Pourquoi avait-elle pensée que Poudlard pourrait changer cela? Il était vrai que cette école lui faisait un bien fou, mais il fallait croire que ce n'était pas assez, pas pour lui en tout cas... Il savait qu'elle désapprouvait bien entendu, comment pourrait-il en être autrement? Comment pourrait-elle supporter l'idée qu'il se fasse volontairement du mal? C'était une chose qui malgré depuis le temps qu'ils se connaissaient elle ne comprenait toujours pas... Par contre si une chose n'avait pas changé c'était qu'il avait toujours pu compter sur elle... "Pourquoi tu n'es pas venue me voir?" Demandait-elle d'une voix qu'elle avait de la peine à maitriser tellement elle était chevrotante. "J'aurais pu... Atténuer les effets sur ta peau, tu le sais..." Elle parlait toujours aussi bas et d'ailleurs elle s'était éloignée des passants qu'il pouvait y avoir. Elle rangeait sa baguette dans sa poche tous en se détournant de lui, elle regardait alors le paysage qui se trouvait devant elle, si semblable à sa Russie parce que la neige régnait en mettre mais aussi tellement différent... Elle était si loin de chez elle... Sauf quand elle se trouvait aux côtés de Kamen, c'était lui son chez en ce moment...
"J'étais venue profiter de la vue..." Lâchait-elle un peu plus haut pour répondre à sa dernière question. "J'adore la Russie, mais ici... C'est différent, je n'ai jamais vue un endroit semblable, la magie se ressent, surtout dans cette période de l'année... Et il est vrai que d'aussi douce température ne sont pas désagréable..." Elle finissait par lui offrir un léger sourire, parce qu'il lui était impossible de rester longtemps en colère contre lui et elle était certaine qu'il le savait. "Et toi?" Demandait-elle tout en se tournant de nouveau vers lui. "Tu pensais à quoi avant que je ne te tombe dessus?" Un autre petit sourire, le mot était très bien choisi bien sûr puisqu'elle lui avait littéralement fondu dessus, elle se rappelait déjà ce moment, comment il avait été parfait et comment elle avait si facilement perdu son sourire par la suite... L'ombre au tableau, celle qu'il y avait toujours quoiqu'elle fasse...
Les regards peuvent changer en une fraction de seconde. Comme si les émotions, les pensées étaient éphémères, et que d'un moment à l'autre, les sentiments qu'on éprouvait pour quelqu'un pouvaient s'inverser. C'est l'impression que Kamen avait en voyant le regard de Lou passer de l'objet qu'il lui tendait à sa main. Elle fronça les sourcils, sans doute énervée par ce qu'elle venait de voir. La trace du poison qu'il ne pouvait pas s'empêcher de prendre chaque jour. Jusqu'à maintenant, elle avait toléré les penchants bizarres de Kamen pour les breuvages interdits, mais pendant combien de temps ? Kamen avait l'impression d'avoir gâché un moment précieux qui n'avait appartenu qu'à eux. Il se mordit la lèvre alors qu'elle le réprimandait. « Tu continues... J'avais espéré qu'être à Poudlard t'aiderais à combattre cette... Addiction... » Mais si elle savait, si elle se doutait de tout ce qui le tourmentait, peut-être qu'elle ne lui en voudrait pas autant ? Kamen ne pouvait pas vivre sans ses poisons. La douleur lui procurait un bien que rien d'autre ne pourrait lui donner. Il était devenu accroc à ce mal qui le rongeait de l'intérieur. Son organisme était maintenant résistant comme de la pierre à ces mélanges douteux qu'il confectionnait. Parfois, c'était vrai, le jeune homme était à la limite de la mort, et dans ces cas là, le destin décidait pour lui. La plupart du temps, il se retrouvait à l'infirmerie, il ignorait comment, mais d'autres fois, il survivait grâce à des anges gardiens qui veillaient sur lui. Comme Lou. « Pourquoi tu n'es pas venu me voir ? » Le regard inquiet qu'elle posait sur lui le traversa de plein fouet. La jeune fille devenait une femme, peu à peu, il s'en rendait compte seulement aujourd'hui. Jusqu'à maintenant, Lou avait été son amie, celle qui lui ressemblait et en qui il se retrouvait. Mais maintenant, il ne la voyait plus comme l'enfant qu'il avait toujours voulu protéger. Il ne la voyait plus comme la petite fille qui avait tout détruit sur son passage à Durmstrang. Il la voyait resplendissante et responsable. Son regard lui faisait mal, mais il ne tourna pas la tête, il n'était pas un lâche. Et pourtant, elle le voyait ainsi. Elle pensait qu'il allait s'arrêter de s'empoisonner, à Poudlard, mais il en était incapable. Pour tout avouer, il n'avait même pas essayé d'arrêter, à quoi bon ? Le poison faisait partie de lui désormais. « J'aurais pu... Atténuer les effets sur ta peau, tu le sais... » Elle chuchotait maintenant, et ce murmure donna à Kamen la force de ne pas se mettre en colère. Il savait qu'elle détestait qu'il se fasse du mal, mais elle était toujours là pour lui. À Durmstrang, c'était souvent elle qui masquait ses plaies et lançait des sorts pour apaiser les effets trop douloureux. Elle le soignait alors qu'elle ne pouvait pas supporter ce qu'il se faisait. Kamen savait qu'en se faisait du mal, il lui faisait du mal à elle aussi, et il ne le supportait pas. Il en était rendu à un point de non retour, et rien n'aurait pu arranger les choses.
Comme si elle se doutait que ses propres paroles avaient bouleversé le jeune slave, elle changea de sujet. Le nuage passa. « J'étais venue profiter de la vue... J'adore la Russie, mais ici... C'est différent, je n'ai jamais vue un endroit semblable, la magie se ressent, surtout dans cette période de l'année... Et il est vrai que d'aussi douce température ne sont pas désagréable... » Kamen buvait littéralement ses paroles. Il la sentait lui aussi, la magie qui émanait de ce lieu. Ils étaient sur la même longueur d'onde, et cela le rassura un peu. Lou ne serait pas en colère longtemps contre lui, le sourire qu'elle lui adressa le prouvait. Elle avait un sourire malicieux et doux à la fois, plein d'innocence et de charme. C'était un sourire qui avait vu des choses passées, des choses pas si belles que ça. C'était un sourire plein de force. « Et toi ? Tu pensais à quoi avant que je ne te tombe dessus? » Kamen hésita avant de répondre. À toi... pensa-t-il. Mais évidemment, il ne pouvait pas se livrer autant à Lou. Même si elle savait beaucoup de choses sur lui, elle ne savait pas tout, parce qu'il voulait la préserver. Il ne pouvait pas non plus lui dire qu'il allait sans doute se saouler à la Tête de Sanglier. Mais il ne voulait pas lui mentir non plus. Un dilemme auquel il devait trouver une solution. Il s'approcha de Lou, et lui prit doucement les épaules pour la guider devant lui, qu'ils regardent tous les deux le même point. Il était un plus grand qu'elle, et elle se laissa faire, comme si elle avait entièrement confiance en lui. Peu de gens avaient confiance en lui pourtant. « Comme toi... je voulais voir la vue. » Ce n'était pas totalement faux. Il laissa passer quelques secondes, hésitant à reprendre une nouvelle conversation. « Tu sais Lou... tu ne pourras pas me changer. » Il était très sérieux en prononçant ses mots. Le moment d'innocence était bel et bien terminé. Ils étaient des slaves, ils ne pouvaient pas perdre leur temps à s'amuser. La voix d'Andreï Yordanov résonna aux oreilles de Kamen : ne perds pas ton temps mon fils... Kamen voulut fermer les yeux et se réfugier dans les bras de Lou, la serrer contre lui, mais il n'en fit rien. Il n'était pas un lâche.
ou avait laisser son dos se coller au torse de Kamen, tandis que le haut de sa tête arrivait près de son menton. Elle regardait l'horizon alors qu'elle ressentait la respiration de Kamen et calait la sienne dessus, elle ne disait rien pour le moment, savourant cet instant. Elle aimerait se retourner dans ses bras mais elle ne le faisait pas... Elle pouvait sentir dans son dos les battements du cœur du garçon, à vrai dire en cet instant, la vue... Elle n'en avait plus rien à faire... Son corps était en éveil de chaque partie collé au sien. Tandis qu'elle cherchait ses mots, comment lui expliquer qu'elle ne voulait pas le changer, mais que ce faire du mal ainsi ce n'était pas lui... Ce n'était pas le fond de ce qu'il était... Ces cicatrices sur sa peau ne faisaient pas tout! Lou le connaissait depuis tellement d'année... Elle le connaissait par cœur, comme lui la connaissait par cœur il le savait bien... Elle ne savait pas depuis combien de temps le silence c'était installé, il n'était pas pesant, cependant elle pouvait sentir que chacun aurait sans doute voulu dire quelque chose mais se retenait... Ce fut la jeune fille cependant qui finissait par briser le silence dans un doux murmure qui se trouvait non loin de l'oreille du jeune homme.
"Je ne veux pas te changer." Assurait-elle, non pourquoi le voudrait-elle? Ils s'entendaient si bien depuis tellement longtemps, c'est ainsi qu'elle avait appris à l'apprécier, il était venue vers elle et depuis ce jour ils étaient presque comme les deux doigts d'une main. "Je ne voudrais pas changer un seul cheveux de ce que tu es." Ajoutait-elle sur le même ton... "Je voudrais juste..." Commençait-elle avant de faire une légère pause et de rependre. "Je voudrais juste que tu ne sois pas obliger de t'infliger cela, je voudrais juste que tu cesses de te faire du mal..." Cette dernière phrase sonnait comme une supplique, il ne s'imaginait sans doute pas combien cela lui faisait mal de le voir ainsi... Lou ne souhaitait que son bien et son bonheur et avec cela il ne pourrait pas y parvenir, c'était comme si... Comme s'il avait peur d'être heureux, peur de se sentir bien dans son corps... Et quel corps... Lou sentait sa chaleur à travers leur cape de sorcier, elle aimerait tellement se nicher dans ses bras pour ne plus en sortir mais, elle n'en faisait rien, elle restait immobile... Etre contre lui, c'était la seule chose qu'elle s'accordait... Il ne la voyait que comme une amie, elle en était consciente et de toute façon elle avait trop peur de gâcher quoique ce soit entre eux deux... Avec ce qu'elle avait en elle, elle n'avait jamais imaginé qu'il puisse poser les yeux sur elle autrement que comme il le fait déjà... Pourtant elle en rêvait tellement...
"Est-ce que... Ça te dis qu'on aille se réchauffer?" Le rouge lui montait aux joues très vite et elle n'attendait pas plus de deux secondes avant de se reprendre. "Je, je veux dire allez se prendre ce qu'ils appellent du vin chaud aux épices, ou un chocolat?" Proposait-elle en soupirant légèrement de soulagement en se disant qu'en étant dos ainsi à lui il n'avait pas pu voir la peau de son visage changé de couleur en à peine quelques secondes, il lui en faudrait encore quelques-unes afin de revenir à son état normal... Avec un peu de chance lui n'aurait même pas saisi le double sens qu'aurait pu avoir cette phrase... Lou ne bougeait toujours pas attendant de savoir si cette proposition lui allait ou non, ils pouvaient restés là aussi sans bouger, elle pouvait profiter de son contact ainsi pendant des heures...
« Je ne veux pas te changer. » Les mots de Lou résonnent à ses oreilles comme une berceuse. Il a l'impression que rien ne pourrait venir les interrompre, qu'ils pourraient rester là des heures, à presque se toucher, presque s'aimer. Mais évidemment, le silence se brise. Elle ne veut pas le changer, mais elle voudrait qu'il ne soit pas comme il est. Kamen le sait bien, elle ne supporte pas ce qu'il se fait, et pourtant ça fait partie de lui. Il a rencontré les poisons avant de rencontrer Lou. Il frissonne en l'entendant lui dire qu'elle ne voudrait pas changer un seul cheveu de ce qu'il est. Il frisonne parce qu'il ignore si elle dit vrai et en même temps cela lui fait plaisir. Lou l'aime comme il est. Elle l'apprécie pour ce qu'il est. Et pourtant, elle lui répète qu'il ne devrait pas s'infliger cela. Et pourtant, il est convaincu que c'est bon pour lui de s'empoisonner, qu'il ne mérite que cela. Pour sa mère. Pour sa famille, il se doit de se faire du mal. Parce qu'il n'est qu'un pauvre petit prince, né pour satisfaire les désirs de son père. Il se crispe. Le silence prend sa place à nouveau. Il imagine Lou, qui se mord la lèvre inférieure, parce qu'elle s'en veut, et en même temps elle voudrait l'aider. Il la connait par cœur. Il a toujours su comment elle fonctionnait. Elle est comme une cocotte-minute Lou, elle garde toutes ses frustrations cachées, et au bout d'un moment, il y a trop de pression. Elle éclate parfois Lou, c'est d'ailleurs comme cela qu'ils se sont rencontrés. Beaucoup aurait eu peur, mais pas Kamen. Il a su voir en elle la douceur, la sincérité, la personne unique qu'elle était. Il aimerait lui dire tout cela, mais évidemment, les marques d'affection, ce n'est pas son truc au bulgare. Alors il se contente de rester derrière elle, de faire attention au moindre de ses mouvements. Il sait que son cœur bat plus vite, il le sent dans sa façon de respirer. Il s'en veut parce qu'il croit qu'elle est énervée, qu'il l'a énervé. Ils ne s'étaient pas vu depuis quelque temps, et voilà qu'il gâche tout. Le moment d'innocence qu'il y avait quelques instants, comme si ils étaient de nouveau des enfants, il l'avait fait disparaître en un claquement de doigt. Quand il se sent coupable, Kamen a envie de boire à nouveau, de s'empoisonner. Mais il se retient. La main tremblante, il tente de la ranger dans l'une de ses poches, pour ne pas qu'elle aille chercher sa précieuse fiole.
« Est-ce que... Ça te dis qu'on aille se réchauffer ? » Encore une fois, la voix douce de Lou lui caresse les oreilles, le calme. Évidemment, son esprit divague quand il l'entend prononcer le mot « réchauffer ». Comme il rêverait de se blottir contre le corps de Lou, de lui caresser chaque millimètres de sa peau, de l'embrasser, de lui procurer de la chaleur. Il ferme les yeux et secoue la tête. Il n'a pas le droit de penser à cela. Il ne peut pas. Et comme pour le conforter dans l'idée qu'il ne devrait pas imaginer ce genre de choses, Lou ajoute : « Je, je veux dire allez se prendre ce qu'ils appellent du vin chaud aux épices, ou un chocolat ? » Kamen hoche la tête. Il glisse une main dans celle de Lou, puis la tire vers lui. « Nous en avons besoin oui. » Il chuchote, parce que ce moment n'appartient qu'à eux, puis, aussi vite que la magie est apparue, il s'éloigne et marche dans la neige, se doutant que Lou le suit. Alors qu'ils avancent vers le marché de noël, où il y a déjà eu plusieurs sorties organisées, il se retourne, continue de marcher à reculons, et décide de discuter avec la fille de ses rêves. « Alors, pas trop triste de ne pas rentrer pour les vacances ? » demanda-t-il. Il sait qu'elle est très proche de sa mère, qu'elle a partagé beaucoup de choses avec elle, des bonnes comme des mauvaises. Elle, au moins, a une mère. Lui a l'impression de n'avoir jamais connue la sienne. Il pense à Zahari, rentrer en Bulgarie pour être au chevet de celle-ci. Il sait que Zahari ne reviendra pas, au fond de lui, mais il n'en a encore parlé à personne. Yassen et Oxana semblent complètement avoir oubliés leur demi-frère, et Kamen n'a pas eu de nouvelles d'Ilia depuis quelques temps. Il se sent seul. Un Yordanov isolé. Mais heureusement, il y a Lou. Ils approchent d'un stand, et Kamen décide de prendre deux chocolats chaud aux épices. Il paye et tend un verre vers Lou. Elle le remercie d'un regard, un de ceux qui a le don de le faire fondre. « Ça te dit, qu'on aille s'assoir près de cette fontaine ? » Il montre une fontaine gelée plutôt féérique. Il a l'impression que les tensions ont disparues, qu'ils sont désormais tous les deux apaisés. Il va donc s'assoir, et attend que Lou le rejoigne. Une fois qu'elle est à ses côtés, il la regarde boire son chocolat. Quand elle baisse son verre, il remarque que deux petites moustaches se sont dessinées à la commissure de ses lèvres. Il avance doucement sa main, et effleure la peau de la jeune femme de ses doigts. « Tu avais des moustaches ! » dit-il en riant. L'innocence les reprend à nouveau. Parce que c'est ce qu'ils sont ensemble. Mais la tempête n'est jamais bien loin. Un hibou vole au dessus d'eux, en repérage. Il vient se poser sur le haut de la fontaine, et laisse tomber l'enveloppe qu'il portait depuis de nombreux kilomètres. Le hibou vient de Bulgarie, et repartira bientôt pour faire le voyage inverse. Le hibou apporte de mauvaises nouvelles, mais Kamen ne le sait pas encore. Et ce hibou, c'est le hibou des Yordanov.
es tentions étaient tombées, même si le problème en lui même n'était pas réglé... Lou avait simplement préféré changer de sujet parce qu'elle savait qu'il ne mènerait à rien, parce qu'elle savait que Kamen ne s'arrêterait pas et qu'elle n'avait pas la force de se disputer avec lui... Son cœur ne le supporterait pas... Elle avait besoin de sa présence, de l'avoir à ses côtés... Que se passerait-il si elle insistait un peu? L'écouterait-il au moins un peu? Comprendrait-il son point de vue? Est-ce qu'ils resteraient dans l'impasse dans laquelle ils avaient l'air d'être? Est-ce qu'un jour il oserait lui parler? Lui dire pourquoi il se fait autant de mal? Lou se disait que c'était cela qu'elle devait chercher à comprendre avant de tenter de le faire changer d'avis et qu'il n'essaie plus ses propres poisons sur lui... A sa grande surprise il n'avait jamais essayé de l'initier, jamais il ne l'avait tentée, il avait toujours respecté ce qu'elle était, chacun aimant l'autre comme il était malgré tout... Lui avec sa façon de se faire du mal et elle avec le monstre qu'elle portait en elle mais que personne à Poudlard ne soupçonnait. Lou avait suivi Kamen jusqu'à la fontaine, son chocolat à la main, la légèreté était doucement revenue entre eux et la petite brune préférait de loin cette atmosphère à celle qu'il y avait entre eux quelques instants auparavant... Elle sourit au moment où il vient effacer les traces de chocolat sur son visage, elle frissonne même à son contact, se retenant de fermer les yeux pour en profiter d'avantage. Elle ne put s'empêcher de rire avec lui lorsqu'elle entendit le sien si communicatif, il était rare de l'entendre ainsi rire et Lou chérissait chaque moment où cela arrivait.
"Merci." Murmurait-elle de façon tout de même audible pour le bulgare. "Ma mère me manque." Avouait-elle avant de reprendre une gorgée de son chocolat, elle voulait ajouter autre chose et se mordillait la lèvre se demandant si elle devait se lancer ou non... Elle savait que cela devait être maintenant avant que lui reprenne la parole ou alors jamais elle ne se laisserait aller à dire ce qu'elle pensait... "Mais je..." Commençait-elle avant d'hésité, elle baissait le regard, regardant la neige un instant essayant de prendre du courage partout où elle pouvait en trouver, l'une de ses mains venait de poser sur sa cuisse tandis qu'elle jouait avec sa robe de sorcier. "Mais je t'ai toi..." Lâchait-elle finalement doucement entre ses lèvres sans oser le regarder, son regard restait fixer sur la neige sans trop savoir comment le garçon à ses côtés allait réagir. "C'est comme si... J'avais tout de même ma famille avec moi..." Avouait-elle, oui lui, leurs amis de Durmstrang ou encore le professeur Romanov, ils étaient tous sa famille et cela l'aidait à combattre le manque qu'elle ressentait de ne pas être après de celle qu'elle avait appris à aimer comme sa mère.
Mais c'était surtout lui. Lui qui avait été là dès le début, lui qui l'avait acceptée comme elle était, lui qui était venue vers elle, qui était tellement complice avec elle... Ce monde dans lequel elle ne pouvait plus s'imaginer vivre sans lui... Et pourtant elle n'osait pas lui dire tout ce qu'elle pouvait avoir sur le cœur... Elle ne pouvait pas lui dire que la première fois qu'elle l'avait vue embrasser une autre fille qu'elle, son cour c'était brisé... Et qu'à chaque fois qu'elle avait pu le voir avec une autre, d'autres fissures étaient venues s'ajouter... Elle ne se livrait jamais, trop peur de ce qu'il pourrait penser, trop peur de le perdre et pourtant aujourd'hui elle en avait dit beaucoup plus que ce qu'elle avait pu dire depuis qu'elle s'était rendu compte qu'il était bien plus qu'un ami pour elle... Elle tentait de rebondir sur autre chose, de relancer la conversation peut-être même lui retourner la question, sauf qu'un hibou venait se poser non loin d'eux avec une lettre dans son bec, Lou reconnu de qui il s'agissait puisque ce n'était pas la première fois que Kamen recevait du courrier, Lou le désignait alors de la main.
"Je crois que tu as reçu une lettre." Disait-elle simplement, elle se demandait ce qu'elle pouvait contenir, est-ce que sa famille lui avait envoyé leur vœux? Elle n'était pas sûr qu'ils étaient de ce genre là... Elle était curieuse sans savoir pourquoi... Kamen lui parlait tellement peu de sa famille, elle ne connaissait que ses frères et sœur puisqu'ils côtoient la même école, ils étaient d'ailleurs tous là ou presque à Poudlard... Lou se mordillait la lèvre un instant se disant que quelque part... Kamen ne devait pas ressentir la même chose qu'elle, lui avait une famille, des frères, des sœurs, même si leurs relations étaient parfois étrange... Lou n'en faisait pas partie, elle n'était pas sa famille, seulement son amie, elle en venait même à ce dire qu'elle n'aurait pas dû se livrer ainsi, baisser son masque à ce point, c'était dangereux... Dangereux pour elle car elle ne supporterait pas de se sentir rejetée, pas par lui... "Est-ce qu'il y a quelque chose de grave?" Demandait-elle sans savoir ce que cette lettre pouvait contenir, mais elle ne savait pas pourquoi, elle avait un mauvais pressentiment qui venait la tordre de l'intérieur... Son cœur battait plus fort tandis que son regard cherchait celui du jeune bulgare...
Le parchemin était ancien, venant tout droit de la réserve personnelle des Yordanov. Il sentait le jasmin, la menthe, et le feu de bois. En fermant les yeux, Kamen pouvait se croire dans le salon du manoir. Ce salon, il y avait passé une grande partie de son enfance. D'abord avec son père, avec ses précepteurs, mais surtout avec son jumeau et sa sœur, Oxana. Ils avaient la possibilité d'occuper le manoir entièrement, alors que Zahari, Ilia et leur mère étaient cloitrés dans une autre partie du manoir, et il était rare qu'ils viennent dans le salon. Il reconnut pourtant l'écriture ronde de sa mère. Elle devait avoir dérobé le papier dans la grande armoire du salon, risquant les réprimandes d'Andreï. Pour avoir fait cela, il fallait que quelque chose de grave soit arrivé. Kamen essaye de ne pas trop se laisser aller aux émotions. Il redoute ce qu'il va lire, mais il ne veut pas le montrer, surtout pas à Lou. Il retarde le moment de lire, répétant dans sa tête les mots de Lou. Elle l'a lui. Elle le considère comme sa famille. Il doit être fort pour elle. Après tout, même si il a une famille, il n'a pas l'impression que celle-ci soit si soudée. Alors qu'avec Lou, il ne fait qu'un. Un peu comme avec Yassen, et pourtant c'est encore différent. Il essaye de penser à autre chose, alors que ses mains le brûlent. Le papier le brûle, lui donne envie de vomir. L'odeur de sa maison en Bulgarie lui donne la nausée. Il tremble, et il entend la voix de Lou derrière lui. « Est-ce qu'il y a quelque chose de grave? » Il n'a pas encore lu, et pourtant elle aussi le sent. Elle sent comme lui cette menace qui plane. Kamen aimerait la regarder à cet instant, s'accrocher à son regard, son sourire, comme on s'accroche à une bouée de sauvetage. Mais elle ne peut pas toujours la sauver. Il doit la protéger aussi. Alors il ne lui répond pas, et il lit les mots de sa mère. Sa mère qui s'adresse à lui, et à lui seul, alors qu'il n'a jamais pu être vraiment proche d'elle. Il a du mal à assimiler les mots. Il a du mal à les comprendre, ils paraissent irréels. L'écriture de Madame Yordanov est parsemée de ratures à quelques endroits, pourtant elle est soignée. Elle n'a pas su comment annoncer la nouvelle, comment annoncer que son premier fils est mort. Kamen retient ses larmes, il ne peut pas pleurer devant Lou, il n'est pas du genre à pleurer. La colère le gagne peu à peu. Il sait que sa mère est en danger maintenant, et qu'il ne peut rien y faire. Petit à petit il a grandi en croyant que son père était un modèle, mais finalement ce n'est qu'un meurtrier. Kamen est déçu, déboussolé. « Rien. » murmure-t-il. Parce qu'il n'a pas oublié Lou à ses côtés. Il essaie de boire dans son chocolat chaud, mais la boisson est amer, lui brûle la gorge. Il ne peut rien avaler, il doit déjà avaler cette nouvelle horrible. Le meurtre de Zahari par son propre père. Une atrocité, un acte abominable. Quelque chose qui le hantera toute sa vie. Quelque chose pour laquelle il se sent responsable. Encore un poids sur ses épaules. Kamen ignore si Oxana, Yassen et Ilia sont au courant. Ilia doit forcément l'être, elle a toujours été proche de leur mère, et de Zahari. Mais Oxana et Yassen ?
Des flocons tombent du ciel et viennent s'échouer sur la neige qui couvre déjà le sol. Kamen ne fait pas attention à eux. Il ne veut plus rester ici, et pourtant il n'arrive pas à partir. Il ne peut pas laisser Lou. Le temps se fige, il ferme les yeux et prie pour que tout cela soit un mauvais rêve. Jamais il n'aurait pensé que Zahari mourrait un jour. Il l'a souhaité de nombreuses fois pourtant, poussé par Oxana à le détester. Mais Zahari était un allié secret à Durmstrang après le départ d'Ilia. Il l'avait soigné lorsqu'il s'était pour la première fois empoisonné. Un lien s'était créé entre eux. Pas un lien fort et fraternel, quelque chose d'infime, mais c'était déjà ça. En arrivant à Poudlard, Kamen avait fait le choix de ne plus le torturer avec le trio d'or. Il avait compris que Zahari eséprait trouver dans cette nouvelle école un havre de paix, et il ne voulait pas lui gâcher sa chance. Loin d'Andreï, Kamen était soulagé de ses obligations d'héritier, et il était indifférent à Zahari. Il faisait sa vie. Mais maintenant qu'il était mort, Kamen se demandait si il aurait pu changer quelque chose en se rapprochant de lui. Ce n'était pas son genre d'être loquace, sociable, attentionné, en tout cas, pas avec sa famille. Mais il avait pu l'être avec Lou, ou Nina. Si il l'avait été avec Zahari, peut-être ne serait-il pas mort... ? L’énervement pris le dessus sur l'incertitude et le jeune Yordanov laissa tomber la lettre par terre, qui se faisait peu à peu recouvrir par les flocons de neige. Il serra son gobelet si fort que celui-ci explosa et tâcha le sol et sa cape. Il s'en fichait totalement. Il ne jeta pas un regard à Lou, pourtant il pensait à elle. Il aurait aimé lui parler, mais il n'en avait pas la force. Il savait que si il la regardait, il aurait craqué, et il ne voulait pas craquer devant elle. Alors il se leva, et sans qu'elle ne puisse le retenir, il s'éloigna en courant. Une fois qu'il fut derrière quelques maisons, à l'abri des regards, il sortit la fiole qu'il y avait dans sa poche, et il avala quelques gorgées de poison. Elles ne seraient pas suffisantes pour le soulager, pour soigner cette boule de feu qui lui tordait le ventre. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. La devise des Yordanov lui déchirait les entrailles.
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