Il te faut être honnête, tu n’as pas résisté bien longtemps. Tu ne pourrais pas même dire si tu as réellement essayé de te fermer à l’appel du jeu. Probablement pas. Tu ignores ce qui continue de t’attirer tous les soirs. Si dans les premières semaines où tu as mis les pieds aux Trois Balais pour te joindre aux habitués de la table du fond tu as ressenti une légère excitation, cette flamme n’est aujourd’hui plus que des braises mourantes lentement. Néanmoins elles continuent de t’apporter une certaine chaleur. C’est sûrement dans l’espoir de l’entretenir, d’avoir quelque chose à quoi t’occuper durant tes soirées plutôt que de rester à lire dans le silence du logement de fonction que tu partages avec ta femme que tu ne cesses de pousser la porte d’entrée de chez Rosmerta avec une ponctualité dérangeante. En faisant fi des bonnes manières tu t’installes entre tes compagnons habituels de soirées et sors de ta poche une bourse emplie de gallions. Hier tu as été chanceux et tu as remporté la table. D’aucun te crierait de t’arrêter, de ne plus venir jouer pour une fois que tes gains sont supérieurs à tes pertes mais c’est qu’ils n’ont rien compris. Tu ne fais pas ça pour l’argent. De toute manière tu aurais bien de la peine à savoir dans quoi le dépenser. Tu n’as jamais été quelqu’un de matérialiste. Poppy non plus. Bien sûr, tu pourrais lui offrir un collier, des boucles d’oreilles, de nouveaux livres pour compléter la maigre bibliothèque que vous avez amenée avec vous dans l’enceinte de l’école mais tu doutes que cela lui apporte une si grande satisfaction. Tu te rappelles du temps où tu revenais régulièrement avec un petit présent à lui offrir, qu’elle te faisait les gros yeux car vos économies n’étaient pas mirobolantes mais l’acceptait avec plaisir, l’exhibait devant votre fils qui faisait la moue jusqu’à que tu lui offres sa propre surprise. Des temps heureux, des temps bénis qui se sont envolés en fumée. Pour toi, lui donner à nouveau quelque chose serait comme lui faire l’insulte de croire qu’elle pourrait être heureuse avec une babiole sans importance. Peut-être te trompes-tu, peut-être est-ce un tort. Peut-être.
Après les trois premiers tours tu ne te tiens pas trop mal. Certainement moins bien que la veille mais tu sens cette petite nervosité te saisir, celle que tu viens chercher quotidiennement pour te prouver que tu n’es pas entièrement mort. Tu te proposes immédiatement lorsqu’il s’agit d’aller commander une nouvelle tournée ne sachant que trop que si l’un d’entre eux s’y rend il reviendra une fois de plus avec un pur-feu pour toi et tenter de te faire boire. Le puritain qu’ils t’appellent. Un surnom qui réussit de temps à autre à t’arracher un sourire. Alors que tu te rends au comptoir tu te stoppes net reconnaissant immédiatement la silhouette d’une des sorcières qui y est assise.Et merde, qu’est-ce qu’elle fout encore là elle ? Les jurons se bousculent par milliers à l’intérieur de ton crâne sachant pertinemment que ça n’est pas une bonne idée que vos chemins se croisent, à nouveau, en dehors de Poudlard. Depuis que tu as remis les pieds à Poudlard tu l’as dans ton collimateur. Les habitudes d’ancien préfet-en-chef certainement. Jamais tu n’as rencontré quelqu’un qui faisait aussi fi des règles et pour être honnête ça te tape sur le système de voir un esprit aussi insubordonné mener sa petite vie. La jalousie ? Tu ne penses pas. Ou du moins tu ne veux pas te l’avouer, mais il s’agit certainement de ça. Tu n’as pas de réelle raison pour t’acharner sur la française. Ou tu n’en avais pas avant qu’elle ne découvre ce à quoi tu passais tes soirées. En soit tu ne fais rien de mal. Si ce n’est le cacher à ta femme. Depuis votre rencontre fortuite au Pré-Au-Lard tu as une épée de Damoclès au-dessus de toi et tu penses qu’elle s’en est bien rendu compte. Le problème avec ce genre de personne complètement je-m’en-foutiste est qu’il n’y a pas grand-chose que tu puisses faire en contrepartie pour leur faire une sorte de chantage. Et pourtant Merlin sait que tu en rêves. Son petit sourire quand elle t’aperçoit dans les couloirs, sa façon de te regarder avachie sur sa place dans la grande salle… Tu as simplement envie que ça s’arrête. Pire, elle éveille chez toi des émotions que tu n’avais pour le moment pas réellement ressenti, pas envers quelqu’un de précis du moins. La colère, la rage… C’est tout simple, quand tu la vois, tu as la baguette qui te démange. Et là… en dehors de Poudlard, sans aucun autre membre de l’école aux alentours… C’est plus que tentant. Un petit oubliette ni vu ni connu et tu serais tranquille. « Oh ! Thomas ! Ça vient ce plateau ! On commence à avoir la gorge sèche ici ! ». Une occasion en or raté puisqu’à l’acclamation de tes partenaires de jeu, elle pivote et remarque ta présence.
Pando
Spoiler:
Une bien piètre ouverture mais je n'ai pas osé aller plus loin comme c'est la première fois qu'on rp ensemble. Sache que tu peux manier Thomas à ta guise, le faire agir si ça t'aide dans ta réponse, ça ne me dérange pas du tout du tout. J'espère que ça va quand même
Invité
Consumed by the shadows
Jeu 19 Jan - 4:05
The fall of Damocles' sword
Adèle&Thomas
C’était facile.
Tellement facile … trop facile. L’adrénaline ne parvenait presque plus à se frayer un chemin dans les veines de la françaises. La première fois, elle avait failli se faire pincer, alors quelques émotions s’étaient fait sentir. Mais maintenant … sortir du château sans se faire voir et se rendre à Pré-au-Lard était devenu un vrai jeu d’enfant. Adèle connaissait les endroits les moins fréquentés, les passages dans l’ombre et les personnes à qui faire les yeux doux pour pouvoir fuguer en toute tranquillité. Alors vraiment, le frisson n’y était plus. Elle n’aurait jamais cru penser ça un jour, mais il y avait bien un aspect de Beauxbâtons qui lui manquait … là-bas, les règles étaient tellement strictes que les outrepasser demandait un réel risque et les conséquences étaient si sévères que le jeu en valait vraiment la chandelle.
À Poudlard, enfreindre les règles était trop facile.
Adèle se rendait donc souvent à Pré-au-Lard, tentant par tous les moyens de retrouver un semblant d’adrénaline ailleurs. Elle allait parfois passer la soirée à la Tête de Sanglier, le bar le plus malfamé du village, espérant presque s’attirer des problèmes, pour ressentir enfin quelque chose de plus fort … Mais il se passait rarement grand-chose. Alors elle buvait un peu, parfois beaucoup. Elle se disait que, bourrée, le risque serait peut-être plus grand, la sensation de chute libre plus intense … Mais jusqu’à présent, rien ne l’avait vraiment satisfaite.
Sauf peut-être un évènement en apparence anodin … une rencontre fortuite avec un membre du personnel de Poudlard. Ce type, elle pouvait difficilement le sentir. Il était sur son cas depuis son arrivée : il n’avait pas l’air d’apprécier ses habitudes de rebelle.
Thomas Miller. Ancien préfet-en-chef, de ce qu’elle avait compris. Un homme canon, mais coincé. Taciturne. Silencieux. Strict. Bref, l’opposé de ce qu’Adèle appréciait. Et pour se donner un semblant de « thrill », Adèle avait décidé de le pousser à bout. Dès qu’elle le voyait entrer quelque part, elle accentuait ses airs je-m’en-foutistes, elle s’avachissait davantage, elle lui lançait ses regards ennuyés, elle faisait des bêtises.
Et une fois … une fois elle l’avait rencontré, aux Trois-Balais. Et il faisait quoi, Monsieur-Parfait ? Il jouait. En cachette, en plus !
Adèle n’était pas une fille méchante, loin de là. Mais parfois, pour se sortir de l’ennui qui menaçait régulièrement de l’abrutir, elle faisait comme si. Elle jouait.
Et avec Thomas, jouer était trop facile.
En vérité, elle ne ferait sans doute jamais rien avec l’information. Mais voir l’homme se raidir en la voyant, savoir qu’elle détenait sur lui un quasi pouvoir … ça lui donnait un frisson qu’elle recherchait comme une drogue.
Alors, dès qu’elle le voyait, elle lui lançait des sourires entendus, lui faisait des clins d’œil du genre « je sais ce que tu caches à ta femme » et faisait encore plus de bêtises, espérant presque qu’il finisse par péter un plomb.
Ce soir-là, accoudée au bar des Trois-Balais, pensive, Adèle savourait un verre de Whisky pur-feu. Elle songeait à son rêve de devenir mannequin, à ses rencontres à Poudlard, à la France … bref, ses pensées tourbillonnaient sans fil conducteur quand elle entendit, soudainement, presque comme un chant d’espoir, le nom de son souffre-douleur.
« Oh ! Thomas ! Ça vient ce plateau ! On commence à avoir la gorge sèche, ici ! »
Tiens, tiens … Elle pivota sur son tabouret, une flamme dansant dans son regard. Elle posa les yeux sur lui et un fin sourire étira lentement ses lèvres.
« Thomas ! Quelle délicieuse surprise … »
Elle se pencha vers lui, conspiratrice.
« J’imagine que Madame Miller ne sait pas que tu es là … je ferai un effort pour ne pas m’échapper sur ta présence ici ! »
Elle lui fit un clin d’œil avant de se lever.
« Alors, c’est quoi le jeu, ce soir ? »
Elle leva le doigt pour attirer le barman. Elle venait de décider qu’elle aussi, ce soir, elle allait jouer.
« Elle n’aurait jamais cru penser ça un jour, mais il y avait bien un aspect de Beauxbâtons qui lui manquait … là-bas, les règles étaient tellement strictes que les outrepasser demandait un réel risque et les conséquences étaient si sévères que le jeu en valait vraiment la chandelle. »
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