Samedi, jour providentiel pour tout étudiant qui se respecte. Pour les autres, une occasion parfaite de se retrouver entre amis, de chevaucher un balais en quête de sensation ou tout simplement de s'organiser pour l'une des nombreuses soirées clandestines s'orchestrant au sein de l'école anglaise. Oui, le samedi était vraiment le jour que tout bon étudiant qui se respecte attendait avec impatience. Un jour que la petite bâtarde Dimitrov avait en horreur. Le week-end, rien ne se passe, tout n'est qu'ennui. Les cours meublant les autres jours de la semaines n'ayant pas lieu, elle erre sans but, se force à rendre les meilleurs devoirs possibles sans jamais parvenir à obtenir la pleine satisfaction de ses professeurs. Du silence, encore et toujours. Un manque à gagner qu'elle compense dans l'ambiance paisible d'une bibliothèque pratiquement laissée à l'abandon, se noyant dans les mille récits qui lui étaient autrefois défendus en Russie. Ouvrage trop encombrant pour l'éducation d'une fille comme elle, trop peu moraux, trop éprouvant pour son mince esprit qui ne devait à aucun prix se trouver galvanisé. Poudard lui offre au moins ce luxe, ce pâle semblant de liberté. Ici, en ces murs, ses yeux dévorent l'ouvrage de leur choix, ses mains s'affairent à transcrire sur papier des mondes divers, des réalités alternatives où le cercle infernal des Dimitrov n'aurait plus le moindre sens. En cela elle se complaît, appréciant le silence réservé au temple du savoir.
Entre ses mains, l'histoire du monde magique anglais lui délivre ses secrets. Y porte-t-elle véritablement tant d'intérêt qu'elle veut bien l'admettre ? Si la chose ne semble pas si certaine, elle n'a pourtant rien de plus à faire et s'en contente à son aise. Du moins, le vit-elle ainsi jusqu'à l'arrivée d'une silhouette non-méconnue dans sa bulle de confort. Jeremy De Feuardent dans toute sa splendeur et dans son sillage, l'éclat naturel de sa présence provoquant nombre de gloussements sur son passage. Insupportable. Ce type l'agace, tellement lisse, trop parfait pour être vrai. Si d'habitude, les jolies gueules dans son genre ont au moins le mérite de n'avoir rien dans le crâne, le précieux hériter venu tout droit de France peut se farder d'être également une tête de classe, doublé d'une personnalité charismatique ne laissant personne indifférent. Alors, elle se recroqueville, se terre derrière son ouvrage. Ce type lui donne le sentiment insupportable de n'être rien, de manquer de tout, quand déjà sa voix s'élève auprès d'un petit groupe d'étudiants de son âge brisant les lois du silences établie dans toute bibliothèque qui se respecte.
Aussitôt, des rires éclates, des taquineries fusent. Cela paraît si faciles pour eux de se montrer si avenants, si naturels. Elle les envies. Elle les déteste. Qu'ils aillent au Diable avec leur maudite bonne humeur et leurs grands airs insouciants, elle sait ignorer autant qu'elle sait fuir. Du moins le savait-elle jusqu'à sentir une présence attablée auprès d'elle. Elle regard levé en direction de l'importun : le voilà. Encore, à croire qu'il s'est donné pour but de toujours s'en venir la rabaisser de toute sa splendeur avec ses grands sourires trop lumineux et ses regards en biais. Voilà plusieurs semaines déjà que ce jeu s'est établi : à chaque moment de calme, toujours, il surgit pour quelques joutes verbales à laquelle la rouge et or ne sait résister et, déjà, les hostilités commencent.
Faut-il faire la guerre pour se plaire ? — S'il y avait bien une chose que j'aimais dans ma vie à Poudlard, c'était le samedi. Soit la journée parfaite pour faire tout ce que je n'avais jamais le temps de faire. Et bien évidemment, je ne parlais pas de la montagne de devoir qui m'attendait sagement sur mon lit. En attendant la soirée clandestine qui se profilait pour un peu plus tard avec mon stock de substances illicites que j'allais certainement pouvoir écouler, j'étais allé rejoindre une amie à Pré-au-Lard, enfin une amie... une fille que j'appréciai disons plutôt, et qui semblait m'accorder de plus en plus d'intérêt. Et vu qu'elle était assez mignonne, l'intérêt était partagé. Si elle comptait venir ce soir comme elle me l'avait dit avec son petit sourire qui en disait long, je pensais même avoir des chances de conclure. Je me rendais à la bibliothèque un peu plus tard en pensant à tout ça, dans le but de trouver un bouquin qui pourrait m'aider à la réalisation de ma dissertation sur le droit des Gobelins dans les interactions économiques magiques. Ouais, parce que même si j'étais loin d'avoir envie de bosser, si je ne commençai pas à me bouger un peu, j'allais y passer une nuit blanche la semaine prochaine. En arrivant sur place, mon regard croisait immédiatement celui d'un groupe de filles de septième année que j'avais déjà croisé quelques fois et qui semblaient bien m'apprécier. Je leur fis un léger clin d’œil pour les saluer, sachant exactement comment les mettre dans ma poche. Ah les filles.. En plus sur le lot, yen avait une qui était vraiment pas mal du tout. Je m'arrêtais quelques minutes auprès d'elles, lançant quelques taquineries bien placées, faisant le malin, déclenchant les rires et tout le reste. Puis je finissais pas m'excuser pour aller en quête de mon fameux bouquin parce que bon, j'avais pas non plus envie de passer le reste de ma journée dans la bibliothèque quoi. Et puis si je continuais ainsi, la bibliothécaire allait probablement finir par me mettre dehors. Je me mettais donc en quête d'un bouquin qui pourrait m'aider en soupirant, mes yeux glissant sur les tranches des livres pour finalement attraper « Les Gobelins et les sorciers, livre VI » et me diriger vers l'une des tables en bois... où je reconnaissais immédiatement Ielena. C'était tellement facile de provoquer cette gamine coincée que c'en était presque devenu un jeu. Un sourire amusé venait étirer mes lèvres alors que je ne pouvais m'empêcher de venir m'asseoir à la même table qu'elle, ouvrant nonchalamment mon livre pour commencer à la feuilleter. Ah Ielena, si ça continue je vais vraiment penser que tu es la définition même du rat de bibliothèque. T'as jamais pensé à planter une tente ici genre ? Histoire de vraiment coller à ton milieu naturel ? dis-je en relevant les yeux vers elle, faisant semblant de réellement réfléchir à cette opportunité.
Faut-il faire la guerre pour se plaire ? | Jeremy & Ielena
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