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Trapped into Ourselves [Heathcliff & Willa]

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Trapped into Ourselves
Heathcliff A. Lovecraft & Willa Lundgren

ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  
Il fait nuit. Une nuit sombre et pleine d'une douce terreur qui enveloppe l'alchimiste et le drape comme dans un manteau de fourrure glaciale. Le vent souffle par bourrasques et ébouriffe ses cheveux à la coupe asymétrique. Il sent chaque trait de son visage mordu par la bise froide, chaque veine voir son sang glacé par ses assauts. Il a l'air plus pâle que jamais, alors qu'il ne porte aucun artifice. Ses lèvres sont étrangement blanches, libres du pourpre gras qui les recouvre sans cesse, ses yeux encore plus inquiétant lorsque le khôl n'en souligne pas les contours. Il se tient debout sur le parapet, tout en haut de la Tour d'Astronomie et de sa posture dominante, il peut voir tout le parc. Bientôt, il ne sent plus l'extrémité de ses doigts pourtant recouvert du velours chaud de ses gants, ni le bout de son nez long. Chaque souffle s'échappe d'une bouche désincarnée par volutes blanchâtres, opalescentes, allant mourir dans un rayon de lune.

Il est perdu dans ses pensées. Et il attend. Il attend que vienne celle qu'il a convoqué d'une lettre cordiale et plutôt mystérieuse. Des jours avaient passés avant qu'il ne se décide à intervenir, de longs moments de réflexions où il s'interrogeait avec lui-même sur son droit à s'immiscer ainsi dans sa vie. Il avait beaucoup observé ses élèves avant de reprendre sa décision, essentiellement Yordanov. Le nœud de tout le problème. Ses agissements depuis cette fameuse après-midi à Pré-au-Lard où il n'aurait sans doute pas du être présent, cet instant suspendu qu'il n'aurait pas du surprendre, n'avaient jamais vraiment quitté l'esprit d'Heathcliff. Il le surveillait, sans intervenir, mordant sa langue à chaque fois qu'il soupçonnait une nouvelle déchéance, griffant l'intérieur de ses paumes en serrant les poings à chaque insolence de plus en plus déplacée. Si Yordanov avait été seul, si ce que le Directeur de Serpentard avait remarqué, n'avait inquiété que sa seule santé, sans doute n'y aurait-il pas prêté davantage d'attention. Seulement, il n'y avait pas que Yordanov. Et surtout, il y avait Willa.

Willa Lundgren, qui n'avait jamais été son élève. Willa Lundgren qui avec son nez droit, sa stature inébranlable dissimulant la frêle jeune femme tout juste sortie de l'enfance, sa peau d'albâtre et ses cheveux blancs, lui rappelait tellement Gowan. Il l'avait remarqué durant le banquet, l'avait suivi des yeux entrer dans le dortoir, et souvent, il l'observait. Parce qu'il avait remarqué chez elle une étrangeté, une bizarrerie qu'il ne s'expliquait pas. La jeune fille paraissait hors du temps, presque de l'espace, comme une apparition, un spectre arpentant un monde parallèle à celui que tous foulait à Poudlard. Comme si le moteur de son existence propre se situait ailleurs qu'au fond de son coeur, comme si la solitude qui l'entourait, l'enlaçait assez fort pour qu'elle en oublie sa détresse. Il ne savait rien d'elle, mais il connaissait cette lueur dans le regard de ceux qui souffrent de ne pas avoir été aimé, de continuer à ne pas l'être, et qui erre dans la vie sans le repère, le soutien d'un être cher à l'amour indéfectible et sans borne. L'expression de son visage faisait écho à ce qu'Heathcliff voyait dans le miroir des années auparavant, lorsqu'il songeait à son père.

Et Willa qu'il suivait d'un oeil attentif et pourtant distant, s'était rapproché de Yordanov. Le fauteur de trouble, le tourbillon auto-destructeur qui entraînait irrémédiablement dans sa chute tout ceux qui l'approchait. Le jour où Heathcliff comprit que l'affection de la jeune femme avait éclot pour le slave, il s'était retrouvé témoin par hasard d'une scène atypique au dehors du village de sorciers. Ses pas l'avaient mené là où leurs voix avaient été perceptibles et où il avait pu suivre par bribes leur conversation, leur étreinte, leurs larmes. Et le morceau de parchemin plusieurs fois froissé qui semblait à l'origine de tout. Il s'était retenu d'agir par impulsion, d'intervenir car après tout, de quel droit le pourrait-il ? Heathcliff se sentait proche de Willa comme de la fille qu'il n'aurait jamais, comme de son fils qu'il venait à peine de retrouver, comme d'une fleure fragile et blanche au milieu d'un marécage boueux et fétide qui cherchait à ternir l'éclat de ses pétales. Son instinct le poussait à la protéger et finalement, c'était ce soir qu'il s'était décidé.

Il pousse un soupire qui meurt étouffé par le vent qui n'en peut plus de tourbillonner. Il espère qu'elle viendra. Et pourtant il n'a pas la moindre idée de ce qu'il va lui dire. La mettre en garde sans autres explications serait au mieux inutile, au pire dangereux, l'incitant à poursuivre par simple esprit de contradiction. Lui expliquer ce qu'il ressentait pour elle, ce qu'elle lui évoquait, ce qu'il devinait en elle, pourrait l'effrayer, la terrifier, la révulser et il n'était pas prêt à endurer cela dans son regard farouche. Il faut qu'il l'apprivoise, lentement, pas à pas, parce qu'il semble pouvoir être le seul à le faire. Parce qu'il imagine le lui devoir à elle et se le devoir à lui-même. Alors dans le silence seulement dérangé par la puissance des éléments, il attend. Il attend qu'elle vienne.
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Willa Lundgren
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Willa Lundgren
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Maison/Métier : Première année de GISIS, en Sciences Occultes. Anciennement en Médecine Magique.
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TRAPPED INTO OURSELVES
lovecraft & lundgren

Willa pensait. Comme chaque jour qui passe, comme chaque minute, comme chaque seconde. Tout le temps.

Les élèves étaient tous réunis dans la salle commune des Serpentard, en ce soir de février. La jeune blonde, elle, était restée seule, à son habitude. Le dortoir des filles était désert et elle s’y sentait mieux ainsi. Affalée sur son lit, elle réfléchissait. Ces derniers mois n’avaient pas été simples pour la jeune fille. Sa sensibilité à fleur de peau se révélait un peu plus au grand jour. Puis, il y avait Kamen et l’amour qu’elle éprouvait pour lui, pour son regard, pour sa personnalité. Elle y pensait de plus en plus, comme une obsession. Pourtant, il semblait si inaccessible. Elle en souffrait.

Willa se leva, et s’approcha de la fenêtre, où la lune laissait passer un éclat de lumière. Elle soupira, comme toujours. Rien allait. Elle avait eu de mauvais résultats dans certaines matières. Elle pensait beaucoup trop. Elle n’avait plus de nouvelles de sa famille (quoi que ça lui importait peu). Elle ne dormait plus. C’était devenu insoutenable. La Serpentard vivait des moments difficiles, et elle n’avait personne avec qui partager ses souffrances, avec qui parler. Il y avait Kamen, mais elle n’oserait jamais lui raconter encore sa pauvre vie. Elle trouvait qu’elle se lamentait beaucoup et refusait de donner cette image d’elle au garçon pour qui son cœur battait la chamade. La Suédoise avait été convoquée par le directeur de Serpentard. Elle devait se rendre à la tour d’Astronomie dans peu de temps mais elle ignorait encore si elle allait finalement s’y rendre. Pour quelle raison l’avait-il convoquée ? La jeune fille avait eu le droit à une lettre, des plus mystérieuses et des plus bizarres. Elle ne savait pas et craignait qu’il ne s’agisse de ses mauvaises notes ou d’un mauvais comportement, voir une mauvaise nouvelle simplement. Il fallait tout de même avouer qu’elle n’y allait pas de main morte, avec certains élèves, ces derniers temps. Il lui arrivait d’être une vraie vipère. Un sourire narquois aux lèvres à cette pensée, elle se leva. Même si elle était souvent odieuse, elle espérait juste que rien n’allait venir empirer son quotidien, qui était déjà bien mauvais. Il était temps qu’elle se rende à cette mystérieuse convocation.

Le suspense était à son comble et Willa angoissait de plus en plus. C’était inhabituel qu’on la convoque ainsi. Elle n’était pas vraiment rassurée, pour le coup. Elle s’imaginait des raisons possibles. Alors, elle se mit en route vers la tour d’Astronomie. Les couloirs se vidaient, peu à peu. Au vu des récents événements, les élèves évitaient de traîner dans les couloirs. Tout cela importait peu pour la blonde. En vérité, elle avait un peu peur de l’avenir ici, surtout pour elle. Celle-ci appréhendait les événements futurs, parce qu’ils arrivaient tous de façon imprévue et elle détestait cela. Seule, devant la nuit qui battait son plein, Willa se sentait complètement faible. Souvent, lorsqu’une situation similaire arrivait, ses pires démons revenaient la hanter. Alors, elle préférait regarder devant elle, et ne jamais se retourner. D’ailleurs, la Serpentard manqua une brutale collision avec un professeur. Elle s’excusa et expliqua pourquoi elle allait à la tour d’Astronomie à cette heure-là. Évidemment, elle n’enfreignait aucune règle, vu qu’elle avait été demandée par le professeur Lovecraft, lettre à l'appui. Willa continua son périple dans les escaliers de la bâtisse, tout en lançant quelques regards par la fenêtre. La nuit noire s’était déjà installée, laissant la reine lumineuse prendre place dans cette noirceur. On pouvait entendre le vent à travers les fenêtres.

Willa arriva, très peu de temps après son départ, à la tour d’Astronomie. Endroit complètement étrange, qu’elle adorait pourtant. Elle y allait lorsqu’elle se rendait au club d’Astronomie. Les astres fascinaient la jeune fille, elle les trouvait magnifiques, mystérieuses. C’était intéressant et elle excellait dans ce club, contrairement à d’autres. Arrivée en haut de la tour, la blonde mit un petit moment avant d’entrer. Elle ne connaissait pas très bien le directeur de la maison verte et argent, en y pensant. Elle l’avait peut-être aperçu, quelques fois et elle avait été marquée par son allure imposante. Elle n’était pas du genre à s’intéresser aux professeurs ou même au personnel de l’école de magie. Elle restait de son côté, faisait ce qu’elle avait à faire (ou à ne pas faire) et puis c’était tout. A quoi bon interagir avec des gens qui allaient vous oublier ? Respirant un peu trop fort à son goût, elle s’engagea dans la tour. Le vent soufflait, il faisait froid. La Suédoise eut très vite la chair de poule et regretta de n’avoir sur elle qu’une simple robe longue et son écharpe aux couleurs de sa maison. « Bonsoir. » Sa voix était vacillante, hésitante. La gêne s’entendait et Willa frissonna. « Lundgren, Willa Lundgren. J’ai bien reçu votre lettre. » Tremblante,  sa voix aiguë trahissait son angoisse et sa fragilité. La jeune fille n'était pas à son aise et on pouvait deviner à des kilomètres qu'elle regrettait d'être venue. Frottant ses bras frêles, elle baissa la tête et tentait, en vain, d'arrêter de penser. Elle souffla sur ses doigts fins et rougis par le froid. Elle mit ses mains dans les poches de sa robe et y sentit ce parchemin maudit qui passait son temps avec elle, depuis plusieurs mois. La jeune fille appréhendait.


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Heathcliff A. Lovecraft & Willa Lundgren

ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  
C'est un souffle erratique qui sort Heathcliff de sa torpeur. Il ne l'a pas entendu approcher, seulement respirer un peu trop fort, comme si elle manquait d'air. Il se retourne et la voit, frêle et fine dans sa robe de sorcier, portant seulement une écharpe autour de sa gorge pâle. Sa voix est aiguë, chevrotante quand elle se présente. Il lui offre un sourire qui doit ressembler davantage à une grimace, surtout qu'il ne porte aucun maquillage. Ce soir, il est venu à elle avec une simplicité qu'il n'assume que très rarement, sans ces artifices qui lui donnent une impression unique de puissance mêlée d'assurance et qui, depuis très jeune, le font se sentir différent. Mais il décide parfois de tomber le masque et de se montrer nu dans les ténèbres. Et c'est ce qu'il a trouvé de mieux pour mériter la confiance de Willa. Montrer sa propre vulnérabilité pour lui enjoindre à partager la sienne.

Elle semble avoir si froid, soufflant sur ses doigts rougis pour les réchauffer. Heathcliff fait un pas dans sa direction et matérialise sans un mot, un feu bleu qui enveloppe leurs deux silhouettes d'ombres et d'une douce chaleur. Tirant à eux les fauteuils permettant l'observation des astres qui ressemblaient à des couches romaines, il s'assoit en prenant garde à ne pas plier sa cape, essaye de glisser ses jambes le mieux possible sans avoir à se recroqueviller mais sans occuper trop d'espace pour ne pas intimider son élève. Les flammes qui dansent entre eux amènent ce silence nécessaire au professeur pour trouver les mots. Il sait ce qu'il veut dire, il ne sait juste pas comment. Sa hantise est surtout que Willa se braque, se bloque et en vienne à le considérer comme un fou dangereux qu'elle doit fuir indubitablement. Il soupire lentement en faisant signe à la jeune femme de prendre place à son tour sur le sofa.

"Je sais parfaitement qui vous êtes, Miss Lundgren."

Il marque une pause en observant un moment Willa, ses joues rougies par le froid qui s'apaise peu à peu grâce au feu magique, ses cheveux blancs prenant les reflets bleutés des flammes lui donnant un air presque mystique.

"Ou plutôt, je sais qui vous semblez être ..."

Il garde ses pupilles asymétriques longtemps posé sur le feu magique comme s'il cherchait dans le brasier le courage pour commencer à parler. C'était tellement compliqué, tellement surréaliste comme situation. Ils étaient de parfaits inconnus l'un pour l'autre, et pourtant il se sentait proche d'elle, proche de sa souffrance, proche de sa solitude. Pour l'avoir vécu avant elle. Pour continuer à le vivre à travers elle.

"Je venais souvent ici, quand j'étais élève. Pourtant, j'ai toujours eu le vertige et j'évitais les tours autant que possible. Mais ici, je me sentais bien. J'ai mis longtemps à comprendre pourquoi."

Il parle par énigme, pensant qu'évoquer ce qui est à l'origine de son trouble et de son sentiment envers Willa serait un bon moyen de gagner sa confiance. Pour autant, cela se révèle particulièrement compliqué. Il réalise qu'il n'a jamais vraiment raconté son histoire à quiconque. Du moins seulement par bribes évasives. Se livrer pour lui apprendre à le faire à son tour ? Ou prend-t-il seulement un risque inutile en avouant son passé le plus difficile à une inconnue ? Il ne veut pas y réfléchir, pas avant d'avoir au moins essayé. Il inspire profondément avant de parler à nouveau, la voix tremblant d'une émotion palpable.

"Mon père ... Mon père s'est suicidé dans l'une des tours de notre maison. C'est moi qui l'ait trouvé. Je n'avais que huit ans. Son corps pendait à une corde, faisant face à la porte. Une dernière lettre d'adieu gravée magiquement de sa baguette qui gisait au sol brisée en deux morceaux, dans les pierres."

Il relève les yeux, quitte le feu qui lui brûle les rétines pour se plonger dans les prunelles claires de Willa. Il préfère se concentrer sur l'expression de son visage pour poursuivre alors que sa propre détresse déforme ses traits ravagés par le chagrin qu'il contient sans cesse.

"Je suis resté là plusieurs heures, assis à le regarder se balancer. Je n'ai rien dit. J'ai juste récupéré les morceaux de sa baguette. Quand ma mère qui me cherchait, a fini par me retrouver, elle s'est effondrée et on m'a emmené loin de là. Moi, je voulais rester avec mon père, parce que je ne comprenais pas et que je cherchais à savoir pourquoi. Pourquoi il avait fait cela. Aujourd'hui encore, même si ma mère a fini par m'avouer ce qui s'est réellement passé, je me le demande encore."

Il ouvre sa cape, détache les attaches une à une avant de glisser une paume gantée dans sa poche intérieure. Doucement, avec une précaution presque sacrale, il sort deux morceaux de baguette brisée qu'il regarde un moment avant de les déposer à côté de lui.
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Willa Lundgren
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Willa avait froid. Genre, littéralement.

Elle était totalement frigorifiée. Lorsqu’elle venait ici, elle savait pourtant qu’il fallait se couvrir un minimum. Le vent soufflait. C’était un temps lugubre. Un peu comme le professeur, qui se tenait, dos à elle. Il était imposant, vraiment. Elle avait porté son regard sur lui. Puis, il se retourna. Elle le connaissait à peine, l'ayant seulement vu de temps en temps car il était directeur de sa maison. La jeune femme se souvenait alors d'un visage, un visage peut commun, maquillé à outrance, ce qu'il l'avait étonnée. Pourtant, là, il n’y avait rien. Elle se demandait pour quelle raison était-il venu, ainsi, se dévoilant au grand jour (enfin à la nuit). Regardant l’élève, tremblante, il fit apparaître, au grand étonnement de Willa, un feu. Elle le remercia, d’un hochement de la tête, tout en se posant sur l’un des fauteuils. La Serpentard se réchauffait, cela lui faisait du bien. Elle se taisait, attentive. « Je sais parfaitement qui vous êtes, Miss Lundgren. » La jeune femme haussa un sourcil, étonnée. Elle se retint de répondre « Hé bien, moi, je ne sais rien de vous. » parce qu’elle était un minimum respectueux envers les professeurs. « Ou plutôt, je sais qui vous semblez être. »

Willa détestait cette ambiance. Elle ignorait pourquoi elle était là. Elle était dans un quasi noir total, avec un professeur dont elle connaissait à peine le nom et qu'elle avait à peine aperçu. La Suédoise était angoissée, littéralement, et hésitait à partir, loin, en courant, en sautant en haut de la tour d’Astronomie, qu’importe. Elle s’impatientait. « Je venais souvent ici, quand j’étais élève. Pourtant, j’ai toujours eu le vertige et j’évitais les tours autant que possible. Mais ici, je me sentais bien. J’ai mis du temps à comprendre pourquoi. » Lovecraft venait littéralement de perdre la jeune femme. Où voulait-il en venir ? Evidemment, elle n’avait pas la réponse. Ses mains de nouveau dans ses poches, elle baladait le parchemin entre ses doigts. Elle l’écrasait, le tournait, le froissait, encore et toujours. Quand elle avait jeté un coup d’œil au papier l’autre soir, il était à peine lisible. La magie était là pour le remettre en place, c’est pour cela qu’elle s’acharnait quand elle le pouvait. Les crépitements du feu cachaient ce bruit immonde de parchemin froissé. « Mon père… Mon père s’est suicidé dans l’une des tours de notre maison. C’est moi qui l’ai trouvé. Je n’avais que huit ans. Son corps pendait à une corde, faisant face à la porte. Une dernière lettre d’adieu gravée magiquement de sa baguette qui gisait au sol brisée en deux morceaux, dans les pierres. »

L’envie de s’enfuir s’amplifiait chez Willa, qui ne comprenait plus rien. Elle savait que cette soirée allait être longue, très longue, et le fait de ne rien savoir l’horripilait. C’était une attente insoutenable. Il parlait par énigmes, ne disait rien de concret. Cela énervait la Suédoise, qui commençait réellement à perdre patience. Elle s’apprêtait à s’excuser, donnant une excuse puérile pour partir, quand il tourna son regard vers elle. Le professeur la fixait, d’un regard qui profond, si mélancolique, si meurtri. La jeune femme ne savait plus quoi penser. Pourquoi racontait-il tout cela, puis pourquoi à elle en particulier ? Beaucoup de questions mais si peu de réponses. Elle ne savait plus si elle voulait partir ou en savoir plus.

« Je suis resté là plusieurs heures, assis à le regarder se balancer. Je n’ai rien dit. J’ai juste récupéré les morceaux de sa baguette. Quand ma mère qui me cherchait, a fini par me retrouver, elle s’est effondrée et on m’a emmené loin de là. Moi, je voulais rester avec mon père, parce que je ne comprenais pas et que je cherchais à savoir pourquoi. Pourquoi il avait fait cela. Aujourd’hui encore, même si ma mère a fini par m’avouer ce qui s’est réellement passé, je me le demande encore. » Willa aurait, en fin de compte, préféré ne rien savoir d’autre. Cela lui faisait froid dans le dos, d’imaginer un bambin de huit ans regarder son père pendu se balancer à l’appel de la Faucheuse. Elle tentait de ne pas paraître peureuse, ou même dégoûtée. Elle aimerait vraiment comprendre, pourquoi tout cela, pourquoi cette rencontre, pour quelles raisons il avait pris le temps de lui parler de sa propre vie. La Serpentard se demandait alors s’il connaissait des choses, sur elle. Si le professeur, qui se montrait si confiant, savait quelque chose sur sa vie personnelle. Mais comment ? Par quels moyens ? Ils ne s’étaient jamais adressé la parole. La jeune femme était vraiment perdue, comme jamais elle ne l’avait été. Elle remit sur le tapis cette envie soudaine de partir, de s’enfuir. C’était tellement soudain. Elle ne s’était pas attendue à de telles révélations en venant à ce rendez-vous des plus douteux. Tout cela l’angoissait. Elle détestait ne pas savoir, elle détestait quand quelqu'un n’allait pas droit au but. Il posa alors la baguette qu’il avait cité précédemment, fendue en deux, près de lui. « Je suis désolée, monsieur. » Parce que oui, elle l’était. C’était horrible, comme histoire, et qu’elle avait un cœur et une sensibilité à fleur de peau. Le récit l’avait émue, secrètement. Elle décida d'être sincère avec lui, de poser la question qui pendait au bout de sa langue depuis quelques minutes maintenant. « Excusez-moi de vous poser la question mais… Je me doute que ma venue ici n’a rien à voir avec tout cela, n’est-ce pas ? » Il fallait qu’elle sache, qu’elle soit fixée. Willa n’en pouvait plus, elle avait besoin de savoir. De ses mains, elle se frotta machinalement les bras, puis elle remit ses mains dans ses poches pour retrouver son repère.



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ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  

Il avait senti son malaise croître à mesure qu'il parlait, la voyant triturer quelque chose dans sa poche dont le bruit était étouffé par les crépitements du feu. Il ne dit rien pourtant, c'est elle qui finit par briser le silence qui s'est installé entre eux. Oppressée sans doute, elle a néanmoins l'air sincère lorsqu'elle lui dit qu'elle est désolée. Il esquisse un petit sourire qui se révèle encore plus angoissant que d'ordinaire, sa bouche large semblable à une plaie béante qui fend son visage. Parce que Willa ne mit que quelques instants avant de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Il se doute qu'elle se demande ce qu'il veut, il comprend son incompréhension, mais comment le lui expliquer ? Heathcliff soupire profondément et se lève soudain. La position est trop inconfortable, aussi a-t-il besoin de déplier un peu ses longues jambes en faisant quelques pas. Quelques pas qui lui permettre de réfléchir à ce qu'il va répondre. Il a a conscience de la faire languir, d'instiller surement de l'appréhension si ce n'est pire, en son élève. Mais il ne peut pas mieux faire.

Finalement, il revient à sa hauteur. Il s'assoit à nouveau et regarde longuement Willa. Comme s'il cherchait, avec ses yeux asymétriques dénués d'artifice, à lui montrer son âme. A lui montrer ce que lui voyait quand il la regardait. Qu'elle comprenne par elle-même ce qu'ils partageaient, qu'elle devine pourquoi il lui avait fait toutes ses confessions. Ce regard dure trop et trop peu à la fois car il n'a pas l'impression de lire en Willa une quelconque forme de soulagement ou d'illumination. Non, seulement l'angoisse croissante et le malaise qui refuse de se dissiper. Alors il décide de mettre fin à tout cela. Il déglutit en se pinçant l'arrête du nez et se replonge un moment dans la contemplation du feu, les restes de la baguette de son père attirant son regard sans qu'il n'ose pour autant se concentrer dessus. Cette latence est aussi insoutenable pour lui, mais elle lui semble nécessaire. Finalement, il brise enfin le silence.

"Et bien il se trouve que si. Votre venue a tout à voir avec ce que je viens de vous raconter, Miss Lundgren."

C'est si difficile. Comme si une force en lui le freinait à chaque fois qu'il voulait parler, avec la conviction profonde qu'il allait droit à l'échec. Que tout ceci finirait comme un fiasco dont il devrait essuyer les plâtres avec le peu de dignité qu'il lui reste.

"Depuis ce jour de mes huit ans, je vois quelque chose quand je me regarde dans le miroir. Quelque chose dans mes yeux. Quelque chose qui n'y était pas avant."

Il inspire profondément, relevant la tête pour poser à nouveau son regard torturé qui dissimulait mal son angoisse, à la fille aux cheveux blancs. Son sourire lui donne l'air d'un clown triste, tâchant de garder la tête haute face au public.

"Je vois la même chose quand je vous regarde, Miss Lundgren ..."

Il laisse à ses mots le temps de pénétrer l'esprit de son élève, le temps de se frayer un chemin jusqu'à son subconscient pour qu'elle en saisisse toute la teneur. Même s'il ne savait pas ce qu'elle avait vécu, il sentait qu'elle partageait avec lui cette souffrance viscérale, celle qui freine autant qu'elle motive à se surpasse, celle qui empoisonne et guérit tout à la fois.

"Je ne sais rien de ce qu'il vous est arrivé, je n'ai pas la prétention de le savoir ni de vous le demander. Je voulais juste vous dire, que je le vois. Je vois votre souffrance, je vois votre solitude. Je les vois comme je les voyais dans mes yeux à cette époque. Je les vois comme je le vois parfois encore dans ceux de ma mère. Et ..."

La suite coule spontanément alors que tout son raisonnement avait été si laborieux à mettre en place. Il s'étonne de voir un sourire presque tendre déformer à nouveau ses traits, penchant gentiment la tête sur le côté.

"Et je voudrais que vous sachiez que vous n'êtes pas seule. Personne ne mérite de souffrir et de n'avoir personne auprès de qui s'épancher. Personne ne mérite de n'avoir que son seul reflet dans le miroir pour trouver un semblant de compassion. Je l'ai vécu, et je refuse que vous le viviez davantage."

Il hoche doucement la tête en rangeant précautionneusement les morceaux de baguette dans sa poche intérieure, reboutonnant ensuite sa cape. Il ne sent plus la morsure du vent, seulement le regard de Willa posé sur lui.

"Alors, même si vous ne me connaissez pas et ne me devez rien, je voudrais que vous sachiez, que si vous avez besoin de moi, je serais là pour vous, Miss Lundgren. Parce que peu importe ce que vous pouvez ressentir, vous n'êtes pas la seule. Non, et vous ne serez plus seule."
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Cette scène rendait Willa complètement dingue. Les questions fusaient dans sa tête mais plus rien ne sortait de sa bouche.

Elle attendait une réponse. Une réponse claire, nette et précise. Tout le contraire de ce que le directeur de Serpentard avait fait jusqu’à présent. La jeune femme avait déjà l’impression d’être là depuis des heures alors que seulement quelques minutes s’étaient écoulées. C’était long. Jamais elle n’avait pensé se retrouver ici et passer une telle soirée. Cette situation lui était étrangère, mais bizarrement, elle était intéressée par ce que Lovecraft avait à lui dire. Ce dernier se leva subitement et la Serpentard recula, subitement, prise au dépourvu. Elle se sentait tellement petite à côté. Petite, et insignifiante. Ce sentiment de faiblesse ne lui plaisait guère. Pourtant, tous les adultes de Poudlard étaient beaucoup plus habiles qu’elle. Il lui arrivait de se dénigrer, constamment, pour n’importe qu’elle raison. Devant les autres, elle montrait tout le contraire. Elle montrait une confiance sûre et certaine en ses capacités, une image faussée de sa personne. La blonde avait pris l’habitude et tentait souvent de se persuader qu’elle était ce qu’elle paraissait. Le professeur reste debout un moment, et au fond d’elle-même, Willa se demandait si elle ne pouvait pas en profiter pour partir. Elle ne bougea point. Soudain, il se rassit, et fixa de son regard perçant les yeux azurs de la jeune femme. Celle-ci ne détourna point le regard, et insistait. Elle voulait jouer, elle aussi. Elle voulait comprendre. « Et bien il se trouve que si. Votre venue a tout à voir avec ce que je viens de vous raconter, Miss Lundgren. » La miss Lundgren, comme il le disait si bien, avait un mal de fou à relire tous les points. Son histoire, son récit, semblait avoir eu un but précis mais elle ignorait lequel. « Depuis ce jour de mes huit ans, je vois quelque chose quand je me regarde dans le miroir. Quelque chose dans mes yeux. Quelque chose qui n’y était pas avant. »

Willa baissa la tête. Elle se sentait épiée, scrutée. C’était une sensation désagréable. Mais que pouvait-elle faire ? Absolument rien. Elle se taisait. Elle ne disait plus rien et son visage affichait un déconcertement palpable. Le professeur, qui parlait calmement, était impressionnant, de par sa stature mais aussi de courage. Évidemment, elle se garda bien de dire ce qu’elle pensait réellement. Ce n’était pas toujours utile de faire part de ses pensées. « Je vois la même chose quand je vous regarde, Miss Lundgren… » Elle releva subitement la tête, les mains entremêlées et moites de l’angoisse passée. De nouveau, ses yeux bleus plongèrent dans les yeux de Lovecraft, et encore, elle ne détourna pas le regard. C’était un signe, un signe pour qu’il comprenne, pour qu’il aille droit au but. Elle gardait très peu son sang-froid, et appréhendait la suite de la soirée en sa compagnie. « Je ne sais rien de ce qu’il vous est arrivé, je n’ai pas la prétention de le savoir ni de vous le demander. Je voulais juste vous dire, que je le vois. Je vois votre souffrance, je vois votre solitude. Je les vois comme je les voyais dans mes yeux à cette époque. Je les vois comme je le vois parfois encore dans ceux de ma mère. Et… » Tout allait très vite pour la Suédoise, qui ne savait que répondre. Elle ne comprenait pas comment il pouvait l’avoir cernée aussi rapidement. Comment il pouvait comprendre. Comment il en était arrivé à de telles conclusions sur une élève à qui il avait à peine adresser la parole. La jeune femme était consternée. Elle était aussi étonnée, par tant de capacités chez le professeur à analyser les élèves. C’était admirable. « Et je voudrais que vous sachiez que vous n’êtes pas seule. Personne ne mérite de souffrir et de n’avoir personne auprès de qui s’épancher. Personne ne mérite de n’avoir que son seul reflet dans le miroir pour trouver un semblant de compassion. Je l’ai vécu, et je refuse que vous le viviez davantage. »

Willa peina à ne pas rire jaune. Cette solitude, elle s’y était habituée. Cette solitude, elle se battait pour la garder, pour des raisons inconnues, mais elle se battait pour qu’on la laisse tranquille. Elle croisa les bras, fixant toujours celui qui pensait connaître ses envies et ses intentions. Elle ignorait si elle se sentait vexée ou non, par tant de suppositions. « Alors, même si vous ne me connaissez pas et ne me devez rien, je voudrais que vous sachiez, que si vous avez besoin de moi, je serais là pour vous Miss Lundgren. Parce que peu importe ce que vous pouvez ressentir, vous n’êtes pas la seule. Non, et vous ne serez plus seule. » La jeune femme fixait le directeur de sa maison, non plus de ce regard triste mais d’un regard durcit par les mots qui étaient sorti de la bouche du professeur. Elle détestait être prise pour acquise, alors qu’il y avait tant de choses qui n’avaient pas éclaté au grand jour. Elle détestait quand quelqu’un pensait tout savoir de sa personne.

La Suédoise se leva alors, et se rapprocha du feu, étendant ses mains tout en effleurant presque les flammes. Après quelques minutes, elle se retourna et ses yeux retournèrent là où ils avaient précédemment été. Elle tentait, d’une voix la plus calme possible, d’expliquer son point de vue. « Je suis très touchée que vous vous souciez de moi, monsieur. » Elle le fit attendre, elle aussi. Petite vengeance discrète, pas méchante pour un sou. Elle détourna le regard. « Sauf votre respect, vous l’avez dit vous-même. Vous ne me connaissez pas, vous ne me connaissez en rien. Je ne suis pas seule. » Son ton s’était fait plus dur, moins hésitant. Willa savait ce qu’elle avait à dire et voulait se faire entendre et comprendre. Pourtant, elle savait qu’elle se mentait à elle-même. Il y avait Kamen. Elle se leva et regarda de nouveau le directeur de Serpentard. « J’apprécie, mais je ne pense pas que vous puissiez régler un mal-être cultivé depuis tant de temps. Depuis que je suis arrivée à Londres, il y a maintenant plus de quinze ans. » Elle recula, s’éloignant des fauteuils. « Savez-vous qu’est-ce l’amour maternel ? Paternel, monsieur ? » Elle lui lança un regard froid, imposant, plein de reproches. « Eh bien, moi, non. » La Serpentard était désormais dos à lui, hésitante à s'enfuir. Elle avait perdu son sang-froid, elle avait perdu patience. Susceptible, beaucoup trop. La jeune femme avait réagit vivement, sans doute de façon exagérée. Au fond d'elle, elle regrettait et le regard qu'il ne pouvait pas voir était celui du chagrin.



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Heathcliff A. Lovecraft & Willa Lundgren

ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  

Il a perdu. Il le sait à l'instant où il croise son regard après ses dernières paroles. Elle est irritée, agacée et il le sent. Il soupire intérieurement, se morigénant d'être incapable de la subtilité suffisante pour se faire comprendre sans provoquer la réaction inverse à celle qu'il escomptait. Il la regarde se lever et se rapprocher du feu, comme si les flammes bleues avaient le pouvoir de la canaliser. Le temps s'étire et Heathcliff attend que le couperet tombe car il imagine sans mal que Willa ne va pas se contenter d'un hochement de tête polie et d'une demande cordiale de se retirer. Alors il patiente, se demandant s'il avait pu au moins provoquer en elle une réaction positive, derrière l'énervement manifeste. Son regard joue à se poser sur lui et se détourner, plusieurs fois alors qu'elle semble à son tour chercher les mots.

Finalement, elle est plus mesurée qu'il ne l'imaginait. Mais sa mauvaise foi était bien trop palpable, surtout lorsqu'elle affirme avec aplomb ne pas être seule. C'est le changement de son ton et puis le fait qu'elle finisse par se lever, comme si au fond d'elle-même, quelque chose l'empêchait de tenir en place. Sans doute pense-t-elle à Yordanov. Heathcliff serre les dents. Parce qu'il la sent s'échapper. Elle fuit. A chaque nouvelle phrase prononcée plus incisive que la précédente, elle s'éloigne davantage, reculant pas à pas comme si tout ce qui pouvaient les rapprocher devait être tenu à distance. La dichotomie triste des paroles et des actes. Le professeur comprend que c'est son seul moyen de défense, que c'est ainsi, en mettant une farouche distance entre elle et le monde qu'elle se protège de la souffrance. Mais ce n'est pas la solution. Il avait essayé, cela n'avait amené que le chaos et la douleur dans son existence. Il comprend sa révolte, mais il sait aussi qu'elle ne lui est pas adressée. Pas réellement en tous les cas.

Ce qu'il n'imaginait pas en revanche, c'est que la révolte qu'elle ressent soit si peu contrôlable qu'elle en vienne à l'échapper. Il n'aurait jamais cru qu'elle se livre à lui, même à demi. Aussi, même si c'est avec une colère émotionnelle palpable qu'elle lui crache ses dernières paroles, comme un reproche, Heathcliff sent qu'une brèche s'est ouverte dans la carapace de Willa. Une brèche dans laquelle il va s'introduire. Elle a fait volt-face, sans doute pour reprendre une contenance, surement en se flagellant mentalement d'avoir céder à une impulsion en lui répondant ainsi. Il ne bouge pas. Il sait que s'il vient à sa rencontre, elle s'en fuira et il ne pourra pas la retenir. Alors, il laisse encore le silence s'installer. Le temps qu'elle se calme. Le temps qu'il trouve les mots.

Elle vient de lui donner une information sur sa souffrance, la clef de cette solitude. Des bribes mais suffisamment pour qu'Heathcliff déduise plusieurs choses. Elle n'avait jamais connu ses parents et surement avait-elle grandi dans une autre famille que la sienne. Orpheline ... ou abandonnée. Quoi qu'il en soit, dans les deux cas, sa petite histoire avec le suicide de son père avait du faire écho à cette perte bien différente. Perdre quelque chose que l'on a aimé est atroce, une torture de l'âme qui en déchiquette tous les recoins. Mais n'avoir jamais connu l'amour est encore pire, l'amputation d'un morceau de soi faisant qu'on ne se sentira jamais complet, jamais entier. Mais il ne s'agit pas là d'un concours de souffrance, non, il s'agit de prouver à Willa qu'on peut s'en sortir. Qu'il faut essayer. Que cela en vaut la peine. Heathcliff est-il suffisamment habile pour parvenir à lui faire entendre cela, il en doute à cet instant. Mais il essaye. Encore. Car les regrets sont pires encore que les remords.

"Je ne prétends pas pouvoir imaginer ce que vous avez vécu. Mais ne me mentez pas. Ou plutôt, ne vous mentez pas à vous-même en disant que vous n'êtes pas seule. Vous pensez surement que c'est la seule solution. Que l'attachement prend le risque d'être rompu, que tout ceux qu'on aime, on finit par les perdre. Alors à quoi bon ? A quoi bon aimer pour souffrir inexorablement et vivre avec la certitude que cela se terminera mal ? A quoi bon essayer de s'ouvrir, de se reconstruire, si l'avenir menace à chaque instant de s'effondrer comme un château de cartes ?"

Il soupire, maîtrisant le timbre de sa voix rauque pour ne pas qu'elle s'éraille et que Willa comprenne qu'il s'emballe. Il veut rester calme, prouver ce qu'il avance non par l'émotion débordante qui bouillonne en lui, mais par un discours rationnel. Car l'impulsion a moins de poids contre la souffrance que la réflexion, même si elle est plus facile à relâcher, à exprimer. Il hoche pensivement la tête, regardant le dos de Willa comme s'il attendait le moment où elle s'en retournerait vers lui. Ou qu'elle finirait par dévaler les marches de la tour.

"Comment vous pourriez penser autrement ? Si vous avez été privée depuis toujours de ce qui permet de se développer, de se construire, de grandir. Si vous n'avez connu ni l'amour de vos parents, ni la confiance, ni l'apaisement d'un foyer. La famille est quelque chose de tellement précieux, tellement essentiel. Comment pourriez vous faire confiance à autrui dans ces conditions ?

Il se lève à son tour et va s'accouder au rebord du muret, tout proche du vide qui s'étend au pied de la tour. Une bouffée d'angoisse le traverse. Le vertige. Mais il s'écarte volontairement de son élève. Si elle veut revenir, elle devra non seulement se retourner mais aussi faire un pas vers lui. Si elle veut s'en aller, il ne la retiendra pas. Il n'a aucune autorité pour le faire. Et aucune envie de la retenir contre son gré.

"Je ne suis pas dupe, Willa. Je sais très bien que je ne peux pas guérir vos blessures bien que je le voudrais. On ne rattrape pas quinze années de souffrance en quelques phrases. Mais s'il est quoi que ce soit que je puisse faire pour vous. Quoi que ce soit qui puisse panser vos plaies, les compresser le temps que le saignement tarisse, même s'il doit finir par reprendre à tout instant, vous pourrez compter sur moi. Vous ne me croyez sans doute pas, je me peux vous en blâmer. Tout ce que je peux faire, c'est essayer de vous en convaincre. De vous le prouver."
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TRAPPED INTO OURSELVES
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De dos, Willa ne pouvait plus regarder le professeur Lovecraft dans les yeux.

C’était tellement dur pour la jeune femme de calmer ses émotions, de calmer toute la rancœur qu’elle avait pu accumuler au fil des années. Elle avait tout contenu, pendant trop de temps. On ne lui avait jamais appris le tact. On ne lui avait qu’appris à se taire et à taire ses sentiments. Maintenant qu’elle n’allait que très peu chez sa famille, elle commençait peu à peu à ouvrir ses sentiments aux autres. Ce n’était pas très concluant. En dehors de la colère, on ne voyait rien chez Willa. Une façade, construite pour éloigner le plus de monde possible. Parfois, elle se brisait, mais c’était rare et peu de gens pouvaient se vanter d’avoir vu la vraie personne qui se cachait. Ce masque était pesant, et il le devenait encore plus en grandissant. Ses yeux, cachés par la nuit, brillaient dans la pénombre. Elle se détestait, encore une fois, d’avoir craqué, de n’avoir rien contrôlé. Alors, elle restait là, stoïque, impassible, immobile. « Je ne prétends pas pouvoir imaginer ce que vous avez vécu. Mais ne me mentez pas. Ou plutôt, ne mentez pas à vous-même en disant que vous n’êtes pas seule. Vous pensez sûrement que c’est la seule solution. Que l’attachement prend le risque d’être rompu que tout ceux qu’on aime, on finit par les perdre. Alors à quoi bon ? A quoi bon aimer pour souffrir inexorablement et vivre avec la certitude que cela se terminera mal ? A quoi essayer de s’ouvrir, de se reconstruire, si l’avenir menace à chaque instant de s’effondrer comme un château de cartes ? » Willa fermait les yeux, avec force, se contenant de réagir. Le corps mince de la jeune femme faisait mouche dans la tour sombre. Elle en avait trop dit, elle avait trop parlé. Ses bras le long de son corps, elle fixait la sortie avec insistance. Elle ne pouvait plus s’enfuir. Elle n’aurait même pas dû venir. C’était trop tard, trop tard pour regretter. Le professeur parlait, beaucoup, beaucoup trop à son goût. Il faisait des allusions que la Serpentard ne comprenait pas. Que savait-il de la réelle solitude ? Celle contre laquelle il faut constamment lutter, celle qui nous enfonce peu à peu dans une remise en question sans fin. « Comment vous pourriez penser autrement ? Si vous avez été privée depuis toujours de ce qui permet de se développer, de se construire, de grandir. Si vous n’avez connu ni l’amour de vos parents, ni la confiance, ni l’apaisement d’un foyer. La famille est quelque chose de tellement précieux, tellement essentiel. Comment pourriez-vous faire confiance à autrui dans ces conditions ? »

Willa baissa la tête, fronçant les sourcils avec force. Le directeur de Serpentard ne se rendait peut-être pas compte, mais elle prenait les choses beaucoup trop à cœur. Il énumérait tout ce qu’elle avait refusé d’entendre depuis des années. Elle se sentait profondément attaquée, alors qu’elle savait que ce n’était pas le cas, qu’il n’avait jamais voulu la blesser. Pourtant, les mots blessaient la jeune femme, qui avait du mal à cacher sa peine. Les larmes perlaient au bout de ses cils, puis coulèrent sur ses joues rougies. Elle ne faisait aucun bruit, aucun gémissement. Elle ignorait ce qu’était l’amour. Elle ignorait tant de choses, on ne lui avait jamais appris les choses basiques de la vie. Peu de gens avaient osé lui dire les choses ainsi. Peu de gens avaient osé lui parler d’un sujet qu’elle considérait comme tabou, sauf avec Kamen à qui elle en avait parlé il y a peu. Faire confiance aux gens était compliqué pour Willa, qui se méfiait sans cesse. Avec le jeune homme, c’était différent. Involontairement, elle s’était attachée à lui, sans même pouvoir faire abstraction de ses sentiments qui devenaient de plus en plus forts de jour en jour. Elle entendit alors un bruit, et savait que le professeur s’était levé. Elle espérait qu’il ne vienne pas la voir, avec son visage rouge et luisant de larmes. « Je ne suis pas dupe, Willa. Je sais très bien que je ne peux pas guérir vos blessures bien que je le voudrais. On ne rattrape pas quinze ans de souffrance en quelques phrases. Mais s’il est quoi que ce soit que je puisse faire pour vous. Quoi que ce soit qui puisse panser vos plaies, les compresser le temps que le saignement tarisse, même s’il doit finir par reprendre à tout moment, vous pourrez compter sur moi. Vous ne me croyez sans doute pas, je me peux vous en blâmer. Tout ce que je peux faire, c’est essayer de vous en convaincre. De vous le prouver. » Tout allait trop vite dans l’esprit de la jeune femme. Elle devait faire des choix, ce soir, des choix qui pour elle, étaient importants. Devait-elle choisir de parler, ou devrait-elle s'enfuir, comme elle le faisait depuis tant de temps ? Jamais elle n’avait évoqué tout ce qu’elle avait pu ressentir face à sa situation. Jamais elle n’avait parlé ouvertement ce tout cela. Elle hésitait.

Pourtant, Willa se retourna, laissant la lueur du feu passer dans ses yeux rougis et humides. Le professeur était à son tour, dos à elle, devant le muret de la tour d’Astronomie. Sans un mot, elle marcha en contournant les fauteuils, et rejoignit le professeur. Elle s’accrocha au muret, s’enroula sa tête dans ses bras. Puis, elle releva la tête et regardait alors l’étendue du parc où elle passait tant de temps… seule. Affalée sur le sol, sans personne avec qui parler. Avait-il raison, finalement ? Elle ne le savait pas. Jamais elle n’avait pris le temps d’y réfléchir. La Suédoise soupira. Elle s’était calmée, heureusement pour le professeur, sinon elle serait déjà partie. La tête haute, ses cheveux volaient dans le vent. Elle regardait devant elle. « Il y a tant de choses que je ne comprends pas. Tant de choses inexpliquées. Et vous n'y pouvez rien. » Des larmes coulaient de ses yeux bleus, et tombaient en bas de la tour, emportées par le vent. Son regard était dur, ferme, mais seuls les arbres au loin pouvaient le voir. « Il n’y a pas de solutions. » Willa se retourna vers le professeur, main sur le muret. « Pour quelles raisons me pensez-vous seule ? Comment pouvez-vous être certain que je suis ? » Il avait parlé de sa solitude, sans qu’elle n’ait eu à dire quoi que ce soit. Elle se retourna de nouveau vers le parc. « Vous semblez penser savoir tellement de choses, alors que nous n’avons pas eu l’occasion de parler, avant aujourd’hui. » Ses larmes séchées, la jeune femme se posait des questions. Elle ne pensait plus à partir. Elle resterait là, tout le temps qu’il faudra.



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Heathcliff A. Lovecraft & Willa Lundgren

ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  

Il a attendu. Attendu sans savoir si elle allait le rejoindre ou s'en fuir. Il se doute qu'elle est bouleversé, même s'il ne le voit pas. Il en a l'intuition. Parce qu'il a mis des mots sur ce qu'elle cache au plus profond d'elle-même, sur ce qu'elle dissimule si profond que chaque nouvelle évidence est un coup de pioche dans sa carapace épaisse. Il attend avant qu'un déplacement d'air lui laisse deviner qu'elle était venue. Il regarde à l'horizon, fuyant le sol qui appelle son angoisse. Il l'imagine accouder auprès de lui, contemplant la même étendue verdoyante dans les lueurs opalescentes de la nuit. Il y a quelque chose de tendre et de mélancolique dans cet instant. Presque une communion alors qu'elle baisse les armes. Il ne la regarde toujours pas. Il veut la laisser faire le premier pas, la laisser s'exprimer à son tour. Il n'a que trop parler.

Elle finit par briser le silence. Quand les prunelles asymétriques du professeur s'égare furtivement dans sa direction, il voit les larmes perler sur ses joues rougies par le vent qui entremêle ses cheveux blancs. Il partage la même peine qu'elle à cet instant, le même pincement au coeur qui fait chavirer la raison vers la terreur et pousse à la catatonie. Elle pense que tout cela lui échappe, qu'elle ne peut rien faire, impuissante face à cette souffrance démesurée qui la dépasse. Plus forte qu'elle. Plus forte que lui. Plus forte que tout. Comme si la douleur et la solitude étaient les seules à se frayer un chemin jusqu'à elle, l'entourant d'une chape de plomb qu'elle se sentait incapable de briser. Heathcliff capte son regard quand elle vient chercher le sien en lui faisant face.

Comment savait-il ? C'était compliqué à expliquer. Compliqué à décrire. Cette sensation, il l'avait depuis la rentrée, depuis la première fois qu'il avait aperçu la blanche dans la salle commune de Serpentard. Mais la dernière escapade à Pré-au-Lard qu'il avait surpris, avait confirmé ses soupçons. Il ne voulait pourtant pas aborder le sujet. Pas maintenant. Pas alors qu'elle commençait à se livrer, peut être une ébauche de confiance naissant dans ses questions et son renoncement à la fuite. Il hoche doucement la tête. Comment savait-il ? La réponse coule de ses lèvres avec une spontanéité déconcertante, sans doute parce que la sincérité a pris le pas sur la mesure et la prudence. Tant pis. Tant mieux. Il verrait bien.

"Parce que j'ai été le même que vous, parce que je me vois en vous. Parce que, avec l'âge, on apprend à reconnaître en autrui ce qu'il y a de commun avec soi-même. Parce qu'il y a des stigmates que nous laisse la solitude que seul le temps et l'expérience permettent de déchiffrer."

Le discours du vieux sage qui a appris de ses erreurs, s'en est presque écoeurant venant de lui. Mais Heathcliff ne peut se leurrer, il y a de cela dans ce qu'il a identifié chez Willa. S'il avait eu son âge, sans doute n'aurait-il pas vu, n'aurait-il pas compris. Il en était certain. C'était parce qu'il avait traversé sa propre existence de tourments qu'il pouvait à présent essayer d'aider ceux qui vivaient la même chose que lui.

"Alors parlons. Parlons aujourd'hui si vous le voulez bien. Si cela ne peut rien résoudre, si comme vous dites, il n'y a aucune solution, que craignez-vous qu'il advienne si nous parlons ?"

Il se tourne à nouveau vers elle pour capter son regard.

"Vous en savez davantage sur moi à présent que l'inverse. C'est vous qui avez toutes les cartes en main, Miss Lundgren. C'est à vous de décider ce que vous devez faire. Ce que vous voulez faire. Ce qui vous apporterait du soulagement, même le plus infime. Ce qui vous ferait du bien."
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Willa hésitait à se confier, de façon plus approfondie.

Elle avait du mal à faire confiance au professeur. Pourtant, ce dernier s’était confié, sans hésiter une seconde, alors qu’elle n’avait rien demandé. Elle était désemparée par cette situation. Tout s’était passé tellement vite. Il avait raconté sa vie personnelle à Willa comme si cette dernière était digne de le savoir. Mais pourquoi ? Pour quelles raisons s’intéressait-il à elle ? A sa vie ? A ce passé, qu’elle ressassait, tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, toutes les secondes. Est-ce que c’était le bon moment, d’en parler à quelqu’un, de s’ouvrir ? Oh, elle en avait parlé oui. Mais jamais dans ces conditions, jamais par une sorte d’obligation qui se faisait chez elle. Jamais à un professeur, ou à une personne extérieure à son cercle d’amis. Enfin, son cercle. La jeune femme soupira, silencieusement cette fois-ci. « Parce que j’ai été le même que vous, parce que je me vois en vous. Parce que, avec l’âge, on apprend à reconnaître en autrui ce qu’il y a de commun avec soi-même. Parce qu’il y a des stigmates que nous laisse la solitude que seul le temps et l’expérience permettent de déchiffrer. » La Suédoise haussa un sourcil, étonnée. En le regardant, elle réfléchissait. Comment pouvait-il lire en elle comme dans un livre ouvert ? Pourtant, elle avait tout fait pour que personne ne comprenne que dans son regard, se cachait la peine et la solitude. Son masque avait été travaillé, il avait peaufiné. Tout était réduit à néant ce soir, parce que Lovecraft avait décidé qu’il avait compris toute sa vie en quelques regards. La blonde était un peu troublée par cette conversation. Jamais elle n’aurait attendu ça de cette soirée. Jamais, elle ne pensait qu’en venant ici, ils aboutiraient à parler d’elle. Tout d’abord de lui, certes, mais d’elle aussi. Mais en avait-elle vraiment envie ?

« Alors parlons. Parlons aujourd’hui si vous le voulez bien. Si cela ne peut rien résoudre, si comme vous dites, il n’y aucune solution, que craignez-vous qu’il advienne si nous parlons ? » Le directeur de Serpentard regarda alors l’élève de sa maison. Il fixait la jeune femme, sans montrer d’inquiétude particulière. Comme si elle avait déjà parlé. Comme si elle avait déjà tout dit. Willa fronça les sourcils, détestant qu’on lui force la main. Pourtant, elle devait admettre. Admettre qu’il n’avait pas tort. Elle pouvait parler. Elle pouvait parler car elle savait que jamais rien ne serait résolu ainsi, et que donc, elle ne perdait rien au final, à part son masque. Son cher masque, quelle adore tellement pour sa puissance, mais qu’elle déteste pour sa fausseté. « Vous en savez davantage sur moi à présent que l’inverse. C’est vous qui avez toutes les cartes en main, Miss Lundgren. C’est à vous de décider ce que vous devez faire. Ce que vous voulez faire. Ce qui vous apporterait du soulagement, même le plus infime. Ce qui vous ferait du bien. » Il avait marqué un second point. Elle le regardait. Pourquoi faisait-il tout ça, pour elle ? Pour se donner bonne conscience ? Elle se garda bien de le demander. Soudainement, elle retourna s’asseoir sur l’un des fauteuils, sans un mot. Elle soupira, comme à chaque fois qu’elle était agacée ou exténuée. La jeune femme n’avait pas vraiment le choix. Peut-être ne se rendait-il pas compte mais il insistait. Elle aurait voulu pouvoir hurler « Non ! » et partir en courant mais elle n’avait pas le courage de se battre, encore et encore. Le masque tomba, et s’envola dans le vent. « Je suis née en Suède. » Elle se trouvait complètement stupide à dire cela. Son nom était typiquement suédois, et cela s’entendait. « A mes deux ans, j’ai été adoptée, par les Blossom. Peut-être en avez-vous déjà entendu parler, ils sont réputés pour des histoires dans le coin. » Elle pensait notamment à cette histoire de Mangemorts. Ils avaient été acquittés. Ses mains tremblaient, tandis qu’elle parlait, tête baissée. « Encore aujourd’hui, j’ignore pour quelle raison ils ont fait ce choix de me prendre avec eux. Aucun amour. Aucune marque d’affection. Une éducation stricte. L’isolement. La solitude. Toujours. » Reprenant sa respiration, elle tentait de ne pas laisser couler ses larmes sur ses joues roses. Elle passa sa main dans ses cheveux, fixant le sol. « Je ne fréquentais personne. Pas d’enfants. Pas d’amis. Des gens mondains. Et encore. Je devais me taire, être une poupée de chiffon. » La jeune femme était déconcertée par ses propres dires. Elle parlait enfin, mais sans donner de détails précis. Elle ne le voulait pas. « Puis, je suis arrivée ici, emportant avec moi cette phobie d’impulsion qui me pourrie la vie. Ne me demandez pas ce qu’est mon épouvantard. » Elle leva la tête et le regarda, debout, toujours aussi imposant. « Il y a tant de choses enfouies. » Elle se l'était avoué. Elle ne savait pas quoi dire de plus. A son goût, elle en avait déjà dit beaucoup. Beaucoup trop. Parler de sa phobie d’impulsion était un miracle. Jamais cela n’était arrivé. A personne. Son adoption, encore elle l’avait parfois évoqué. Le professeur Lovecraft l’ignorait peut-être mais il était privilégié.

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Heathcliff A. Lovecraft & Willa Lundgren

ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  

Elle soupire. D'un de ces soupirs qui scellent un destin. Elle soutient son regard avec un mélange de colère et de reddition, comme si le poids des arguments du professeur avait fini par la faire ployer. Non sans mal, non sans peine. Non sans que sa fierté n'en soit incisée avec la douleur d'une lacération lente et profonde dans la chair tendre. Heathcliff la regarde reprendre sa place sur le fauteuil et commencer à parler. Sans un bruit, marchant comme sur des morceaux de nuage, il la rejoint et prend place non pas en face mais à côté d'elle, prenant soin de ne pas la toucher. Il veut lui montrer qu'il est de son côté. Qu'il n'est pas rien qu'un observateur, un juge hermétique qui la regarde déballer les déboires de son existence et qui analyse chaque mimique de son visage et chaque différence d'intonation dans sa voix. Non, il est à côté d'elle parce qu'il veut cheminer à travers ce tortueux marécage avec elle, lui tendre la main si elle s'embourbe, et parfois la soutenir si elle flanche. Il se montre des plus silencieux alors qu'elle se livre, prouvant par ce mutisme respectueux combien il salue son courage.

Elle parle lentement, ses yeux figés sur le feu qui brûle devant elle d'une chaleur qui se veut réconfortante mais qu'Heathcliff devine inefficace au vue des tremblements de ses mains. Blossom. Le nom des parents adoptifs de Willa lui semble tristement familier, résonant en lui comme seuls sonnent les noms maudits des serviteurs du Lord Noir. Le regard du professeur s'assombrit alors qu'elle continue son récit. Elle énonçait des faits, éparses, sans détails, sans substance, comme si elle les expulsait de ses entrailles en se saignant les boyaux et en retirant chaque souvenir à pleine main. Sa voix est contrôlée, il sent qu'elle se concentre pour ne pas flancher. Instinctivement, il voudrait poser une main sur son épaule, pour la soutenir, pour l'aider à arpenter ce chemin si harassant. Pour qu'elle ne se sente pas seule. Mais craignant qu'elle ne se sente agressée, il préfère garder ses distances. Son histoire pourtant, l'émeut plus qu'il ne le montre. Elle se dévoile, partiellement mais avec une sincérité poignante de celle qui a plus de valeur car elle ne survient que rarement. Heathcliff a conscience de l'effort de son élève pour se livrer, et de la difficulté que cela représente pour elle.

Il la trouve admirable, courageuse et digne quand elle expose factuellement, d'une voix qu'elle voudrait sans affecte, le calvaire que fut son enfance. Elle expose tout, la solitude, l'affection qu'elle n'a jamais reçu, le manque de ses véritables parents, l'absence de repères pour se construire, la pression de l'illusion sociale dans la société sorcière aristocratique. Tout ce qui est très familier à Heathcliff, bien amoindri chez lui par la mère aimante qui ne l'a jamais abandonné. Il se sent soudainement coupable de sa propre histoire. Coupable d'avoir eu une mère. Coupable de ce qu'il a raconté et qui est finalement beaucoup moins pire que ce que Willa a vécu. Il hoche péniblement la tête alors qu'elle fait une pause, comme pour parvenir à contrôler davantage sa voix qui tremble de plus en plus. Le reste s'enchaîne et termine d'anéantir le professeur qui prend la pleine ampleur de la souffrance qu'il a deviné chez son élève. La phobie d'impulsion est une maladie si affreuse, si envahissante, qu'il imagine sans mal ce qu'elle doit endurer au quotidien. L'union de son passé et de son présent, du manque d'amour et de l'omniprésente du danger qu'elle ressent. Il ne peut imaginer pleinement son calvaire, sa douleur.

Il y a tant de choses enfouies.

Cette phrase n'était pas nécessaire pour que Heathcliff le devine aisément. Il ne sait quoi lui dire car le silence dans lequel elle sombre à la fin de son récit est aussi criant qu'un hurlent viscéral. Il lève le regard sur le feu et se met à imaginer sa propre jeunesse à Poudlard. Il avait ses propres démons, ses propres hantises et les propres tourments de sa psyché. Il avait cédé à ses pulsions de rebellions auto-destructrices, il avait mutilé son corps pour asservir son esprit. Et ça avait fonctionné. Le temps que d'autres erreurs s'accumulent, et que le cercle vicieux du serpent se mordant la queue s'instille dans son existence pour en prendre pleinement le contrôle. Si le sujet était différent, il connaissait comme elle cette possession de l'âme qui se laisse manipuler par une force intérieure destructrice, plus forte que la conscience, plus puissante que la volonté. Et affaiblis par la souffrance du passé, par la perte et l'amour absent, ces pulsions s'épanouissaient, grandissaient dans l'ombre avant d'éclater dans la lumière pour finir par prendre toute la place. Et envahir chaque parcelle de vie en y anéantissant tout espoir.

Après un long silence, Heathcliff ne retient plus son inquiétude. Il se tourne vers son élève et ancre ses prunelles aussi sombres et blessées dans celles de son élève.

"Willa ... Personne ne mérite d'endurer ce que vous vivez. Encore moins de ne connaître que cela. Je ne puis qu'imaginer votre calvaire et compatir à votre tourment. Chacun de nous est hanté par ses propres démons, je ne fais pas exception. Mais de ce que vous êtes parvenue à me confier, j'ai néanmoins une interrogation. Votre ... votre phobie vous a-t-elle déjà mené au passage à l'acte ? Ou parvenez-vous à vous canaliser jusqu'à présent ?"

Car par expérience, ce ne sont les pulsions contenues les plus destructrices. Non ce sont celles qui s'extériorisent et qui s'expriment dans la violence impossible à canaliser, celles qui s'impriment dans la réalité de l'existence et qui y laissent à jamais des stigmates sanglantes et mortifères qui mutilent le corps et l'âme à jamais. Et celles là, Heathcliff le sait, on ne peut s'échapper de leurs griffes.
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Willa Lundgren
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TRAPPED INTO OURSELVES
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Willa en avait beaucoup dit.

Elle ne se confiait que rarement, par peur, par crainte. Puis, elle avait appris à ne jamais rien dire, à se taire et surtout, à taire ses sentiments. Elle avait également appris à vivre avec. Mais avait-elle eu vraiment le choix ? Quand la vie nous impose des choses, il est difficile de lutter contre. Quand la vie nous impose des choix, il est difficile de passer outre. Cette soirée était dure pour la jeune femme. Elle avait parlé de sa vie. Elle avait parlé d’elle. C’était inhabituel. Elle évitait. Le professeur Lovecraft s'était assis à côté d'elle. Elle ne broncha pas. De toute façon, elle ne ferait plus rien. Elle ne pensait même plus à partir, elle en avait trop dit pour partir lâchement. Les larmes menaçaient de couler de nouveau mais elle lutta, et aucune larme ne perla de ses yeux bleus. La jeune femme réfléchissait. Elle réfléchissait à ces dernières années. Sa phobie d'impulsion. La lettre. Tout. Elle pouvait soupirer, continuellement, tous les jours, tout le temps rien que d'y penser.

Sa phobie d'impulsion est une plaie. Une plaie qui vous ronge, petit à petit, en prenant soin de vous filer les pires angoisses possibles. Chez Willa, elle est venue réveiller de vieux démons. La première fois qu'elle s'était manifestée, c'était en pleine réunion, pendant les vacances d'été. La Suédoise avait été invitée à rejoindre ses parents adoptifs, pour une raison qu'elle ignore toujours aujourd'hui. Dans tous les cas, c'est ce jour là qu'elle a compris qu'ils étaient dans des affaires plus que sombres. Ils n'avaient pas une seule fois évoqué la chose, mais elle n'était pas idiote. Elle avait compris qu'ils manigançaient quelque chose avec des partisans de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Ils lui avaient dit qu'il était temps qu'elle aussi, honore la famille Blossom et participe activement à leurs activités. Elle avait tenté, gentiment, de refuser, prétextant beaucoup de travail à l'école de magie, mais cela n'avait pas fonctionné. On lui avait ordonné de s'asseoir. Elle s'était assise. Elle n'aurait pas dû. Ils planifiaient un meurtre. Un meurtre, de sang-froid, prémédité. Sur une famille de moldus, n'habitant pas très loin de la demeure des Blossom. Ils avaient donné des détails. Des horribles détails. Visiblement, le subconscient de Willa n'avait pas supporté. En sortant de la réunion, elle était secouée. Complètement secouée. Des pensées affreuses virent la hanter. Elle s'imaginait, tuant un nombre incalculable de personnes, du sang sur ses mains et partout autour d'elle. Les crises d'angoisses commencèrent. Elle ne rentrait plus chez elle pour les vacances, en dehors de celles d'été, et faisait tout pour éviter les réunions. Pourtant, Willa ne pourrait pas toujours s'enfuir, et elle le savait.

Perdue dans ses pensées, elle sentit alors le regard du professeur sur elle. Elle se tourna vers lui. « Willa... Personne ne mérite d'endurer ce que vous vivez. Encore moins de ne connaître que cela. Je ne puis qu'imaginer votre calvaire et compatir à votre tourment. Chacun de nous est hanté par ses propres démons, je ne fais pas exception. Mais de ce que vous êtes parvenue à me confier, j'ai néanmoins une interrogation. Votre... Votre phobie vous a-t-elle déjà mené au passage à l'acte ? Ou parvenez-vous à canaliser jusqu'à présent ? » La Serpentard détestait cette question, alors que la réponse était claire et nette. Et surtout, qu'elle était négative. Pourtant, il lui arrivait souvent de confondre ses cauchemars et la réalité. Souvent, elle s'était réveillée, complètement en sueur, après avoir cauchemardé d'un meurtre. Elle paniquait, et vérifiait si elle n'avait pas commis quoi que ce soit, lançant ses affaires partout, en ayant peur de trouver une tâche de sang.

C'était littéralement devenue une obsession. Une phobie, dans le vrai sens du terme. Jamais elle n'avait pensé pouvoir en parler. Jamais elle n'avait pensé pouvoir converser dessus. Même aux médicomages présents à l'école, elle n'en avait jamais parlé. Par peur, et parce qu'elle n'en avait jamais éprouvé le besoin, jusqu'à aujourd'hui. La Suédoise ne l'aurait jamais avoué à voix haute, mais elle ne sentait un peu mieux, un peu plus libérée d'un poids qui pesait des tonnes sur ses épaules. « Non. Je n'ai jamais rien fait. » Elle avait évité d'ajouter le "heureusement" qui lui brûlait les lèvres, parce qu'elle espérait de tout son coeur que jamais, que jamais elle en vienne à faire quelque chose de si terrible. « Plusieurs fois, plusieurs nuits, je me suis réveillée avec l'impression que j'avais commis un meurtre. » C'était l'une de ses plus grandes craintes, l'une des choses dont elle avait le plus peur au monde. « Jamais je n'ai évoqué cela avec quelqu'un. » Elle fixait Lovecraft comme une idiote. Il fallait qu'il comprenne qu'il fallait qu'il se taise à propos de tout ça. La réputation de Willa était désastreuse dans l'enceinte du château. Il ne faudrait pas que ces informations tombent entre de mauvaises mains. Les mains dans les poches, la jeune femme fit une chose inattendue. Elle posa la lettre chiffonnée sur la table devant elle. « C'est comme ça que j'ai appris mon adoption. » Cette lettre ne la quittait jamais. Elle avait décidé de tout déballer, après réflexion. Au point où elle en était, il serait celui qui la connaîtrait le mieux. Elle se leva et retourna regarder les étoiles, affalée sur le muret, parce que c'était la seule chose qui l'émerveillait un peu dans ce monde.


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ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  


Elle se tourne vers lui. Il y a tant dans ses prunelles qu'Heathcliff se laisse un instant submergé. La souffrance, la solitude, le contrôle sans cesse plus puissant qu'elle doit maintenir, cette pression qu'elle s'inflige à ne rien paraître, à tout intérioriser, la hantise tapie dans l'ombre de cette phobie qui la ronge. Tout ce maelström qui bataille dans un battement des paupières et il déglutit avec amertume. L'injustice de ce monde le révulse plus à cet instant que jamais auparavant. Il soupire comme si c'était la seule façon d'extérioriser quelque chose, imitant l'attitude qu'il avait déjà prêté à la plus jeune lorsqu'il l'observait. Cette fois, elle mit quelques secondes avant de répondre, une ombre dans le regard. Heathcliff ne peut dire si elle lui en veut d'avoir poser la question, si elle doute de la réponse et qu'elle enrage de ne pas être sûre d'elle. Il n'en sait rien. Il l'observe toujours depuis qu'elle a croisé son regard. C'est beaucoup plus simple à présent, comme si sa parole c'était libéré et que leur conversation n'était plus une joute dans lequel chacun se battait pour obtenir ce qu'il voulait. Une confiance s'était instaurée, ténue mais suffisante pour que Willa se confie. Et pour le professeur, c'était une victoire immense.

Elle finit par répondre par la négative. Mais il sent dans sa phrase combien cette affirmation est fluctuante dans son esprit et combien elle espérait ne jamais devoir lui dire oui. Ce combat contre elle même était titanesque, et n'aurait sans doute jamais de vainqueur car il lui faudrait affronter ses démons jusqu'à son dernier souffle. Ce genre d'obsession ne disparaît pas dans le néant avec du temps et de la patiente, il est impossible de simplement la refouler ou l'oublier un moment. Non, elle est omniprésente, omnisciente, semblant à la fois tout savoir, tout contrôler et tout manipuler depuis son perchoir doré où la conscience ne peut l'attendre. En sécurité derrière les douves profondes de son inconscient, elle empêchera toujours la suédoise de se sentir libre et lui refuserait la sérénité de l'âme à laquelle elle aspire tant. Et Heathcliff ne peut en être qu'extrêmement peiné, ne sachant que trop bien combien cette lutte est harassante. La seule rédemption possible passait par l'acception pleine et entière, la soumission à cette force non pas pour y céder mais pour enfin admettre son existence et guérir de la certitude révoltante qu'elle serait toujours là.

Les cauchemars. Expression parfaite et si prévisible du tourment intérieur. Seule possibilité du subconscient de s'épanouir et de réaliser ses plus sombres desseins tant que la volonté de l'hôte persiste à lui résister. L'insomnie croit de la peur de s'endormir et d'être livré en pâture à ces démons de la nuit, déchiquetant consciencieusement chaque lambeau de rêve pour n'en ressortir que l'horrifique, le terrifiant. Transformant chaque songe de félicité en torture de l'âme, chaque instant de repos en combat sans fin contre la peur. Il soupire à nouveau. Et le réalisme de ces images, l'impact qu'elles laissent au réveil sont tels qu'il est impossible de se convaincre seules qu'elles n'existent pas. Car la puissance de leur véracité chimérique a cette emprise qui détruit à petit feu en grignotant lentement la volonté. Ils voulaient l'avoir à leur merci, qu'elle cède à leurs impulsions, mais Willa était forte, et elle continuerait à se battre jusqu'à s'épuiser. Jusqu'à en mourir sans doute. Il n'est pas étonné qu'elle n'en ait jamais parlé, il le ressent au timbre particulier de sa voix. Il hoche doucement la tête.

Il n'a besoin de rien ajouter à son aveu, son regard a parlé pour lui. Et cet échange muet avec la blanche est plus riche qu'un million de paroles articulées. Elle a compris qu'il la comprenait, et c'était tout. La compassion avec des mots mille fois usées dans des centaines de bouches ne pourrait jamais refléter l'intensité et la profondeur de ce que les reflets asymétriques des iris d'Heathcliff avouait à Willa en cet instant. Lorsqu'elle extirpe une relique de sa poche, il comprend. Il comprend le bruissement imperceptible qui se muait dans le crépitement du feu, et sa frénésie retenue de triturer sa poche. Elle ne la lui donne pas, non. Elle la dépose sur la table où trône le feu, devant eux. Et elle se lève pour s'appuyer à nouveau contre le muret, regardant les étoiles avec cette posture mélancolique qui ceignait le coeur du professeur. Il s'empare du parchemin avec un respect presque sacré et le lit en silence. Il forme les mots sur ses lèvres gigantesques sans un mot mais Willa pourrait sans doute les répéter à sa place tant le papier semble usé d'avoir été lu, lu et relu jusqu'à s'en brouiller les yeux de larmes, les poings de rage, se mordant furieusement la langue pour réprimer un hurlement de désespoir.

Il finit par la replier précautionneusement et se lever de toute sa carrure pour retrouver son élève. Il pose une paume sur son épaule, dans une pression fugace, forte mais éphémère, avant de glisser la lettre entre ses doigts. Comme un parchemin maudit dont on veut se séparer sitôt l'avoir décrypté. Il se plonge un moment dans la contemplation des astres sans dire mot. Et puis, sa voix rauque résonne sous le haut-vent qui siffle à chaque bourrasque nocturne.

"Avez-vous déjà essayé de les retrouver ? Je veux dire, sont-ils ... toujours en vie ?"
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Les étoiles.

Les étoiles l’émerveillaient. Toujours. Cela avait toujours été le cas. Mais chez les Blossom, on n’étudiait pas l’Astronomie. C’était mauvais, c’était inintéressant. C’était inutile. Durant son enfance, Willa avait passé des soirées entières à contempler les étoiles et les constellations par la fenêtre de sa chambre, jusqu’à ce qu’il condamne cette fameuse fenêtre qui donnait sur le ciel. Ce n’était pas convenable, qu’ils disaient. C’était des idioties. Les étoiles n’étaient là que pour faire joli dans le ciel, elles n’avaient rien de particulier. Alors, arrivée à Poudlard, la jeune fille qu’elle était avait foncé dans le club d’Astronomie, pour en savoir toujours plus. Une vraie passionnée. Les étoiles cachaient des secrets. Elles cachaient des secrets, comme les êtres humains. Des secrets enfouis, cachés à jamais et parfois même, emportés par la mort. Les secrets tuaient, les secrets étaient les plaies qui coûtaient à se refermer.

Alors, avachie sur le muret de la Tour d’Astronomie, elle profitait d’un des rares moments calmes de cette soirée. Cette soirée incompréhensible, inattendue. Pleine de révélations. Du courage, des aveux. Des aveux à soi-même. La jeune femme soupira. Elle était fatiguée. Fatiguée de sa journée, et d'une vie de secrets, une vie de on-dit. La Serpentard se trouvait trop jeune pour ces conneries. A dix-huit ans, elle avait déjà enfoui tellement de choses qu'elle-même perdait le fil. Le fil conducteur, celui qui vous guide vers un avenir brillant et meilleur. Celui qui vous dit quoi faire, et correctement, pour être heureux dans la vie. Elle était complètement perdue. Le professeur Lovecraft savait désormais pas mal de choses sur elle. Pas tout, évidemment. Elle ne comptait pas se dévoiler, elle ne comptait pas tout dire. Ce n’était pas au programme, et à ses yeux, il était trop tôt pour parler de détails. De détails qui mériteraient une plus grande réflexion. Willa réprima un sursaut en sentant une main sur son épaule, et en sentant le bout de papier précédemment donné, dans la paume de sa main. Elle lança un regard au professeur, et rangea le parchemin dans sa poche. La Suédoise aurait pu le lancer. Elle aurait pu le lancer, de la Tour d’Astronomie, en oubliant son existence.

Mais elle ne pouvait pas. Elle ne le pouvait pas, et ne le voulait pas. C’était la seule trace, la seule trace qu’elle possédait d’eux. Il eut un silence, un silence que la Suédoise n’avait pas remarqué, perdue dans ses pensées. « Avez-vous déjà essayé de les retrouver ? Je veux dire, sont-ils toujours en vie ? » La jeune femme avait redouté cette question. Elle l’avait redouté, car elle n’avait jamais eu de réponses. Le temps lui avait manqué, pour les recherches, même si elle avait tenté quelques trucs. Portant le même nom de famille que son père, elle avait entrepris quelques recherches pour trouver des informations sur les Lundgren. En vain, ce nom de famille était beaucoup trop porté en Suède. C’était l’unique chose qu’elle avait tenté de faire pour les chercher. Puis, pour la deuxième question, elle n’en avait fichtrement aucune idée. Elle ne s’était jamais posé la question, et inconsciemment, le directeur de Serpentard venait d’éveiller en elle une angoisse qu’elle ne soupçonnait pas. Ses pensées se tournèrent vers cette phobie, de nouveau présente en elle comme un poison. Un poison destructeur, et qui avançait, petit à petit, pour s’amplifier à chaque moment propice. Willa luttait, pour ne pas défiler les pensées morbides qui voulaient m’immiscer dans son esprit. Des corps, sans cesse des corps, et puis, elle. La coupable ? Toujours. C’était toujours elle, toujours elle qui avait les mains pleines de sang, pleines de culpabilité. Le silence avait fait place, de nouveau. Elle traînait pour répondre, elle traînait pour dire des mots simples. La jeune femme se retourna, lâchant ses pensées, et plongea ses yeux dans ceux du professeur. « Non, je n’ai jamais cherché. » Elle avait baissé la tête, massant ses mains, fixant le sol brillant où se reflétait la lune. Elle était stressée. Stressée et angoissée, car elle se rendait compte qu’elle aurait pu faire plus que chercher un vulgaire nom de famille, que chercher des informations telles. Souvent, elle s’était demandée si elle était seule, si elle était la seule enfant de ses parents biologiques. Mais la Suédoise évitait de trop évoquer le sujet dans son esprit, elle s’emplissait de jalousie à chaque fois. « Il y a beaucoup de choses que j’aurais pu tenter de faire. Mais je ne l’ai pas fait. »

Willa s’avouait beaucoup de choses, ce soir. D’un côté, elle était fière de mettre des mots sur ses angoisses, sur sa vie, sur son passé. Elle était fière de pouvoir parler librement, même si cela avait été dur. Très dur. La jeune femme mettait du temps à faire confiance, mais le professeur avait été prudent, et s’y était visiblement pris avec des pincettes, comme disaient les moldus. Elle appréciait. Elle appréciait qu’on fasse attention à ce genre de détails. « J’ignore si ils sont vivants. J’ignore si ils sont morts. Mais vous savez, je n’en ai rien à foutre. » Elle le regardait dans les yeux, et son ton s’était durci. Bien sûr, c’était faux, mais elle était en colère. Elle était en colère contre eux, pour l’avoir laissée avec cette famille de dingues. « Répondez-moi sincèrement. A ma place, vous auriez réagi comment ? De la joie, de la colère, de la tristesse ? J’ai tout ressenti. Je ne veux plus de réponses. C’était ainsi que les choses étaient faites. C’était ainsi qu’elle avait choisi de vivre son adoption, pour le moment. Comme une fatalité.


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ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  


Il y avait un lien qui était né entre eux. Ténu et discret mais présent. Car elle cherche son regard maintenant lorsque sa bouche blanche s'ouvre pour lui répondre de sa voix plate. Elle cherche les pupilles du professeur même si elle les fuit aussitôt, retrouvant le confort de la contemplation du sol à ses pieds ou à ceux de la tour d'Astronomie. L'appel du vide fait écho au vertige d'Heathcliff qui a l'impression que son élève penche et menace presque de tomber. Leurs deux faiblesses exposées, mises à nue après les révélations qu'ils ont partagés. Elle qui craint sans cesse de s'abandonner à ses démons et qui résiste à la force qui l'attire vers le bas. Lui connaissant la douleur de la chute, fuyant un rebord qui le ferait tomber. Mais la peur n'évite pas le danger, l'alchimiste en a déjà fait l'amère expérience. Willa est trop jeune pour l'avoir compris, trop prisonnière de ces marécages aux lianes viles qui s'enroulent à ses chevilles et l'empêchent d'avancer, trop immobile à se battre dans bouger dans des sables mouvants qui engloutissent peu à peu son corps tout entier. Il soupire un peu à la faveur de la lune. Non, elle ne les a pas cherché.

Un silence s'installe alors que le professeur est perdu dans ses pensées. Il a toujours cherché son père, n'abandonnant pas alors même que sa quête n'a plus rien de censé. Il a cherché Daire ensuite, et même l'avatar de cet enfant qu'il pensait avorté. Sa vie entière semble une vaste quête vaine jusqu'à ce que la mort qui lui avait pris son père, prenne aussi son unique amour d'alors pour lui rendre un fils. Gowan. Il pense un moment à lui. L'avait-il cherché, lui aussi, enfant abandonné de son père, n'ayant connu que son absence pour se construire seul avec sa mère ? Avait-il voulu le retrouver ou s'était-il plié au discours sage et frustrant de Daire qui avait su trouver les mots pour justifier héroïquement sa défection ? Ce sont des questions qu'il n'a jamais osé lui poser. Mais le simple fait que Gowan soit venu à lui au décès de sa mère signifiant beaucoup. Ce père inconnu à la personnalité tue mais aux louanges souvent psalmodiées à demi-mots, il avait voulu le trouver dès qu'il l'a pu. Dès que le silence de sa mère vivante à libérer la parole de sa mère défunte. Heathcliff voit un moment le visage de Daire se dessiner dans la forme familière de l'une des constellations que Gowan avait découverte et qui portait à présent son nom.

Il n'arrivait pas à savoir comme Willa parvenait à gérer cette inconnue, cette absence de réponse, en suspens au dessus de son existence comme un potentiel bonheur ou une désillusion funeste, que la vie pouvait faire basculer vers l'un ou l'autre à tout instant. Il comprenait dans un sens, cette crainte de savoir, car la vérité toute crue ne laisse plus la possibilité de reculer. Vaut-il mieux savoir et prendre le risque de la déception ? Vaut-il mieux tutoyer l'ignorance, vieille amie loyale éternellement insatisfait, au risque de passer à côté du bonheur ? Heathcliff n'est pas l'homme qui peut le dire. Ni pour lui même, ni pour Gowan, ni pour Willa. Tout ce qui s'imposait à lui, c'est l'envie d'en savoir davantage sur son élève, de pouvoir la connaître, la comprendre et l'accompagner quelque soit son choix. Il hoche pensivement la tête quand elle lui explique. Elle semble consciente des possibilités qui s'offrent à elle, consciente des conséquences de son inaction. Le professeur n'est pas la pour juger ses convictions, seulement pour l'aider à vivre avec sa souffrance. Les retrouver ou ne rien faire ne changerait son mal être que si elle prenait sa décision en harmonie avec son désir intérieur, avec sa volonté profonde et avec les peurs qu'elle devait sans cesse apprivoiser.

Sa voix devient plus dure, son ton plus cassant. Il sent l'énervement, la colère, la rage qui monte en elle comme un volcan entrant en éruption. Incapable de gérer le magma bouillonnant qui la consume, impossible de se libérer de la brûlure amère et mortifère qui déferle comme de la lave en fusion dans ses veines. Elle semble s'ébrécher, se fissurer devant les yeux impuissants du professeur qui voit la porcelaine de sa peau tordre d'un rictus douloureux. Pourtant, elle retrouve ses yeux et le lien entre eux quand elle exhorte sa frustration en une phrase. Heathcliff lui répond d'un sourire mélancolique. Nulle pitié dans son regard torve, seulement la compassion d'un être qui comprend sans adhérer, qui ne juge pas, se refusant à lui faire subir une quelconque forme de pression. Ce n'est d'ailleurs pas l'élève qui demande à son professeur son avis d'autorité, non. C'est une âme écorchée, reconnaissant une consœur dans les limbes qu'elle arpente à tâtons, lui demandant son propre chemin pour ne plus se perdre dans la fange et s'enfoncer dans les ténèbres dévorantes.

"J'ai un fils."

Cette phrase sonne comme un aveu entre les lippes d'Heathcliff qui prend une longue inspiration qui meurtrie un instant son thorax, avant de laisser l'air s'échapper de sa gorge, et la culpabilité de son esprit.

"Sa maman a décidé de me cacher son existence et de l'élever seule. Je n'ai eu connaissance de lui qu'il y a quatre ans, quand sa mère est décédée. Je n'ai jamais revu cette fille dont j'avais été fou amoureux et quand j'ai rencontré mon fils, il m'a appris ce qu'elle avait fait. Et pourquoi elle l'avait fait. Il m'a dit qu'elle me l'avait caché par amour et pour me protéger, pour ne pas m'imposer de faire face à des responsabilités qui me dépassaient ... Nous étions jeunes, j'avais à peine dix sept ans, elle tout juste quinze. Mais elle n'a jamais cédé. Elle a fait son choix et s'y est tenu. Il n'y a qu'à sa mort que nous, mon fils et moi, avons appris la vérité."

Il soupire. Les mots sortent douloureusement de sa poitrine, de sa mémoire, de son coeur.

"Je me suis demandé des centaines, des milliers de fois, si j'aurais préféré le savoir et vivre cette vie dont elle m'a privé par son choix, ou si l'ignorance m'aura davantage épanoui. Je sais que la culpabilité de n'avoir pu être un père pour cet enfant me dévore plus que l'idée d'avoir voué ma vie à m'occuper de lui. Mais peut être que ma réaction aurait été différente si le postulat de base l'avait été. Peut être en aurais-je voulu à cette femme, à ce bébé, d'avoir dicté ma vie."

Sa conclusion est triste et morose mais pourtant révélatrice. On ne peut dominer le monde par l'omniscience. On ne peut savoir en connaissant toutes les options. On ne peut revenir en arrière. Tout ce qui est en son pouvoir est de choisir, aujourd'hui et jour après jour, en accord avec elle-même, en symbiose avec ses convictions, non pas parce que c'est la bonne décision, mais parce que c'est celle qui lui correspond le plus à ce moment précis de son existence.

"Tout ce que je veux dire, c'est que nous ne pouvons faire notre propre choix en se demandant à regret ou à remord, ce qui aurait mieux valu. Le choix que cette femme a fait ne m'appartenait pas, ne m'aurait jamais appartenu. Rien ne sert de refaire et défaire le passé pour essayer de l'imaginer différemment. Il faut accepter ce qui a été fait. Mais aujourd'hui, Miss Lundgren, je suis le plus heureux des hommes d'avoir un fils et de l'avoir retrouvé. Même si cela n'a nullement dépendu de moi."
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Willa Lundgren
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Willa Lundgren
Élève de Serpentard
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TRAPPED INTO OURSELVES
lovecraft & lundgren

Willa sentait la fatigue arriver.

Elle ignorait quelle heure il était, elle ignorait si elle allait être en forme demain, et elle n’y avait pas pensé avant maintenant. Les choses se passaient lentement. Peut-être que si elle avait pris confiance plus tôt, elle serait déjà dans le dortoir. Peut-être entrain de dormir. Peut-être entrain de pleurer. De toute façon, c'était un peu tard pour y penser. La jeune femme était là, et pour le moment, elle ne savait pas si elle devait continuer d'étaler ses récits sur sa vie, ses plaintes, ses peurs. Son passé. Souvent, elle s'en voulait. Elle s'en voulait d'être l'égoïste de service, d'être aussi bloquée par les passages de son histoire et de ne pas voir la lumière au bout du tunnel. Cette lumière, elle l'attend, mais elle ne fait rien pour l'appeler. La Serpentard reste de marbre, ne fait plus d'efforts, comme si elle abandonnait tout, toute possibilité de se reconstruire. Un jour, peut-être, elle se réveillerait.

Lunatique comme elle était, elle savait qu'elle n'était pas une personne simple, avec qui la conversation était limpide et claire. Peu de gens pouvaient supporter son caractère borné, méfiant et parfois vicieux. Pourtant, peu de gens connaissaient l'existence de ce côté sensible, réfléchi et attentionné. Il était là, enfoui, caché de tous, par une volonté de fer qui aveuglait tout le monde. Sauf le professeur Lovecraft, visiblement. L'étonnement était toujours présent, pourtant. Elle avait sous-estimé cette carapace qu'elle entretenait, par protection. Quand elle le voit sourire, elle frissonne. Il n'a pas l'allure de ce qu'il est réellement. « J'ai un fils. » Willa restait impassible. Au fond, elle était étonnée, étonnée de ce second aveux. La jeune fille n'attendait pas qu'il parle autant de sa vie, de son expérience. « Sa maman a décidé de me cacher son existence et de l'élever seule. Je n'ai eu connaissance de lui qu'il y a quatre ans, quand sa mère est décédée. Je n'ai jamais revu cette fille dont j'avais été fou amoureux et quand j'ai rencontré mon fils, il m'a appris ce qu'elle avait fait. Et pourquoi elle l'avait fait. Il m'a dit qu'elle me l'avait caché par amour et pour me protéger, pour ne pas m'imposer de faire face à des responsabilités qui me dépassaient ... Nous étions jeunes, j'avais à peine dix sept ans, elle tout juste quinze. Mais elle n'a jamais cédé. Elle a fait son choix et s'y est tenu. Il n'y a qu'à sa mort que nous, mon fils et moi, avons appris la vérité. » La Suédoise regardait le professeur. Il semblait, lui aussi, avoir tant de choses enfouies. Quand elle l'entend soupirer, la jeune femme se vit à sa place, faire la même chose. Peut-être qu'il était le seul à pouvoir comprendre ses souffrances, finalement.

« Je me suis demandé des centaines, des milliers de fois, si j'aurais préféré le savoir et vivre cette vie dont elle m'a privé par son choix, ou si l'ignorance m'aura davantage épanoui. Je sais que la culpabilité de n'avoir pu être un père pour cet enfant me dévore plus que l'idée d'avoir voué ma vie à m'occuper de lui. Mais peut être que ma réaction aurait été différente si le postulat de base l'avait été. Peut être en aurais-je voulu à cette femme, à ce bébé, d'avoir dicté ma vie. » Willa le regardait, de ses yeux bleus, et commençait peu à peu à s'imaginer retrouver ses parents. Quelle réaction aurait-elle ? Serait-elle en colère, comme maintenant, ou serait-elle si heureuse qu'elle en pleurerai de joie ? C'était dur, mais elle n'avait pas la réponse, pas aujourd'hui. La jeune femme de dix-huit ans ressentait tellement de choses en même temps. De la colère. De l'envie. De la peur. Ce sujet restera le plus compliqué pour elle. Elle n'avait pas de réponses. « Tout ce que je veux dire, c'est que nous ne pouvons faire notre propre choix en se demandant à regret ou à remord, ce qui aurait mieux valu. Le choix que cette femme a fait ne m'appartenait pas, ne m'aurait jamais appartenu. Rien ne sert de refaire et défaire le passé pour essayer de l'imaginer différemment. Il faut accepter ce qui a été fait. Mais aujourd'hui, Miss Lundgren, je suis le plus heureux des hommes d'avoir un fils et de l'avoir retrouvé. Même si cela n'a nullement dépendu de moi. »

Willa détestait prendre des décisions. Elle détestait cela, parce que ce qui en résultait était loin d'être positif, à chaque fois. Alors, elle n'en prenait plus et se laisser mourir comme une vraie loque. Comme si les réponses étaient le poison dans son corps. Le bonheur, elle l'avait connu, dans de rares moments. Les seuls moments étaient ceux passés avec Kamen. A Pré-Au-Lard. Puis par dessus tout, le baiser échangé dans la salle commune. Ce baiser était le seul qu'elle avait jamais eu dans sa vie, le seul qui avait frôlé son visage, ses lèvres. Une marque d'affection, d'amour. Elle aimerait tellement revenir à ce jour, et le revivre, dans ses moindres détails. Souvent, la Serpentard se disait que si elle arrivait à bout de ses problèmes, de ses démons, tout irait mieux. Elle n'avait juste pas le courage. Pas la force. En regardant le professeur dans les yeux. « Parfois, les fins heureuses ne le sont qu'à moitié. Je suis désolée, et ravie pour vous. » La jeune femme avait du mal à formuler ses phrases, à s'exprimer. Sa tête était douloureuse, soudainement et réfléchir devenait compliqué. Elle n'osait pas encore partir, hésitante. Pourtant, elle s'approcha de la porte de la Tour d'Astronomie, se demandant si il était temps de la franchir. Elle savait qu'elle allait ressasser les choses dites ce soir, elle savait que cette conversation n'avait servie qu'à moitié, mais au moins elle avait parlé. « Merci, pour tout, professeur. » Willa le fixait, inlassablement. Elle se doutait que cette conversation ne serait sans doute pas la dernière avec cet homme, avec qui elle ne pensait pas se rapprocher de cette manière. La confiance grandissait entre eux, ils avaient parlé, c'était positif. La jeune femme n'avait même pas pris la peine de lui répondre, pensante, fatiguée, un peu perdue. Au seuil de la porte, son pas était hésitant. Était-ce réellement le moment de partir ? « J'imagine que nous nous reverrons ? » Son ton ne donnait aucune invitation, c'était une interrogation pure et simple. Elle ne pu contenir un bâillement. Il se faisait tard, visiblement.


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Trapped into Ourselves
Heathcliff A. Lovecraft & Willa Lundgren

ϟ 28 Février 2000 - Tour d'Astronomie  


La nuit se fait plus crue, comme si l'ombre froide de leurs souvenirs venaient se mêler pour les hanter du même tourment à glacer le sang. Heathcliff reste silencieux un moment à contempler le ciel. Ces astres qui lui évoquent avec émotion son fils, la chair de sa chair, et son plus immense remord. Il a un sourire triste en penchant la tête pour capter à nouveau le regard que son élève pose sur lui. Elle avait saisi avec sa logique mélancolique la dichotomie impossible à résoudre de ces sentiments qui ne devaient pas lui être totalement étrangers. Le professeur hoche doucement la tête, remerciement muet qu'il n'a pas besoin de formuler pour qu'elle le comprenne. Lentement, presque comme si elle n'osait rompre le calme sépulcrale de cette nuit profonde et sombre qui les engloutissaient, Willa s'éloigne. Il y a un soupçon de nuage sous ses semelles, ou la brume dans l'esprit nébuleux d'Heathcliff endormi ses sens. Il l'entend à peine. Elle dépose sa petite main pâle sur la poignée de la porte qui mène à l'escalier en colimaçon pour descendre de la plus haute tour de Poudlard.

Finalement, elle brise le silence. Et les mots qu'elle prononce font physiquement du bien à l'alchimiste. Il se retourne avec cette façon particulière qu'il a de bouger sa stature gigantesque et lui offre un sourire d'une sincérité presque touchante. Il penche tendrement la tête et plonge à nouveau ses iris étranges dans ceux de la suédoise. Il se sent bien. Avec l'impression intense qu'il est parvenu à fendre sa carapace, créant une brèche suffisante pour s'y insinuer avec douceur et lenteur, captant l'essence volatile et tourmentée de son élève la plus fragile. Point effarouchée, elle ose une question qui n'a rien d'une supplique mais non plus d'une obligation. Une simple interrogation qui maintient son geste en suspend alors que l'appel du sommeil entrouvre ses lèvres blanches dans un bâillement communicatif. Heathcliff l'imite, sans le vouloir, son immense bouche dévoilant sans doute le fond de sa gorge.

"Si vous le souhaitez, vous saurez toujours où me trouver. Dormez bien, Miss Lundgren. Que vos songes ne soient pas si sombres ce soir, c'est là tout ce que j'espère. Prenez soin de vous."

Il se replonge à la contemplation des étoiles, attendant que le battement de la porte grince, que le pas aérien de la verte et argent dévale l'escalier et que le claquement du bois lui assure qu'il était seul pour extirper de la poche de sa cape, une flasque de gin.
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