Entre méfiance et paranoïa (Maddox & Dimka)

Désespoir. Assis dans sa cellule, Maddox regardait les briques au sol. Une. Deux. Trois. Son cerveau se mettait machinalement à compter les pierres, mais son âme semblait avoir disparu. Il faisait froid. Zut. Une. Deux. Trois… Soudain, la porte de la cellule s’ouvra. On n’y jeta un autre prisonnier. Maddox leva les yeux, plus par réflexe que par curiosité. C’était lui. Quoi ? Il s’observa un instant. Oui, c’était bien lui. Une autre version de lui-même. C’était le jour où il était arrivé à Azkaban. Ça n’avait aucun sens. Ce Maddox ne lui ressemblait en rien, et il savait que quelques jours plus tard, il ne lui resterait plus aucun espoir. C’est trop tard pour toi. Changement de scène. Maddox se trouvait dans son lit chez ses parents. Il était étrangement serein quand tout à coup, il sentit une lettre à côté de lui. Il la prit, la lut. C’était une lettre du ministère. Il était convoqué. Maddox jeta la lettre sur un tas d’enveloppes au sol. Il devait y en avoir des dizaines. Allez vous faire foutre. La porte de la chambre de Maddox éclata en mille morceaux. Des agents moldus armés jusqu’au cou entrèrent dans la pièce, ils pointèrent leurs armes sur lui. « C’est lui ! » La voix de son père émergea du cadre de la porte. Changement de scène. « Vous avez volé cette baguette, vous méritez la peine de mort. » Le juge, qui avait étrangement la même voix que son père tapa de son marteau pour l’effet dramatique. Un garçon au visage familier, assis parmi les témoins, se leva et pointa sa baguette vers Maddox. « Il suffisait de le demander. Avada K… » Non ! Maddox se réveilla en sursaut et en sueurs, avec un mal de tête surprise. Il avait failli mourir. Ses yeux s’habituèrent difficilement à la pénombre, quand une ombre proche le fit sursauter à nouveau. D’un geste vif, il se saisit de sa baguette. Elle était glissée sous son oreiller, il ne s’en séparait plus depuis qu’on lui avait confisqué sa première baguette magique. « Stupéfix ! » lança-t-il vers sa cible. Mais toujours à moitié endormi, il la rata et le sort s’évapora dans le vide. Habitué à présent à la faible lumière de la nuit qui suffisait à éclairer la pièce, Maddox reconnut Dimka. Il ne baissa pas sa baguette pour autant, au contraire, il prit une position plus défensive. Un mélange de sentiments l’empêcha à présent de jeter le moindre sort. La peur, l’incompréhension, la colère.

C’était un cauchemar, un simple cauchemar. Un cauchemar dans lequel il avait failli mourir. Ce n’était pas le premier qu’il faisait, la prison le hantait presque toutes les nuits, et parfois, d’autres scènes se mélangeaient dans sa tête. C’était stupide, car la plupart de ces scènes n’avait jamais existé. Peu à peu, Maddox baissa son arme. Pourquoi ? Pourquoi Dimka avait essayé de le tuer dans son rêve ? Pourquoi lui ? C’était bien la première fois qu’il rêvait du garçon, pour être honnête. Mais surtout, pourquoi se trouvait-il juste à côté de son lit ? L’évidence ne lui traversa même pas l’esprit dans cet instant de panique. « Qu’est-ce que tu fais ? » dit-il sur un ton légèrement accusateur et méfiant. Depuis la rentrée, Maddox n’avait cessé de se méfier de ces nouvelles têtes qui l’entouraient. Mais avec le temps, il avait fini par faire au moins confiance à ceux avec qui il partageait un dortoir. Il fallait bien qu’il arrive à dormir la nuit. Et il n’avait jamais vraiment eu à se plaindre de Dimka. Certes, ce dernier emmena parfois des filles dans la chambre, mais Maddox ne s’en était jamais mêlé. Il y avait une fille, en particulier, qui ne cessait de revenir. Alcyone. Si Maddox se souvenait de son prénom, c’était uniquement parce qu’ils partageaient le même cours d’Alchimie. Elle aussi, elle avait des terreurs nocturnes. Le Serdaigle n’avait pas l’intention d’espionner, mais il entendait parfois des bouts de leurs conversations quand il ne dormait pas. Maddox avait du mal à comprendre ce qu’il y avait de rassurant en Dimka. Tout ce qu’il connaissait de lui, c’était sa réputation de séducteur, mais il avait aussi compris qu’il n’aimait pas les nés moldus. Il l’avait ressenti dès leur première rencontre. Et ça lui rappelait plus ou moins consciemment son passé. Appelez ça de la paranoïa, mais Maddox était persuadé qu’il était encore possible que les sangs purs complotent dans leurs dos malgré la disparition de Voldemort. Avant que Dimka le prenne pour un fou, il la posa complètement sur la couverture, mais toujours à distance raisonnable. Il n’avait jamais encore été si paniqué devant le russe. De la main où il ne tenait pas sa baguette, il serrait fortement sa couverture dans son poing depuis le début.

Effrayé par la situation dans laquelle il se trouvait, Maddox avait saisi sa baguette dans une impulsion et lancé un sort. Ce sort était bien sûr destiné à Dimka, mais encore à moitié endormi, les petites étincelles légèrement flavescentes sorties de sa baguette s’étaient dissipées dans le vide, quelques mètres derrière son camarade de dortoir. « Impressionnant... » Le sarcasme de Dimka l’énerva légèrement. Mais il ne tenta pas sa chance pour un deuxième sort. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’il se souvint qu’il était interdit de pratiquer la magie en dehors des cours depuis la marche blanche. Son énervement devint bien vite de l’inquiétude. Est-ce qu’il allait avoir des ennuis ? Ce n’était pas vraiment de sa faute. Est-ce que les professeurs allaient savoir qu’il avait lancé un sort ? Avoir des ennuis avec le corps professoral était la dernière chose qu’il souhaitait. Mais dans l’immédiat, la seule chose qui devait vraiment l’inquiéter se tenait devant lui. Qu’est-ce que Dimka venait faire à côté de son lit ? C’était suspect. L’appréhension lui pesa tellement qu’il avait l’impression d’être ballonné comme le jour où il avait mangé trois sachets entiers de cacahuètes en révisant. C’était la première fois qu’une telle situation arrivait depuis qu’il partageait son dortoir avec des élèves venus de différents pays, prouvant que le semblant de confiance qu’il leur accordait pouvait se dissiper à tout moment. « Tu gémissais comme une fillette dans ton lit, ça m'empêchait de dormir ! » Maddox aurait pu immédiatement se vexer après cette réflexion, mais jugeant que c’était tout à fait possible avec les nombreux cauchemars qu’il faisait, il se sentit plutôt mal à l’aise. Bien que ce fût la première fois qu’il empêchait un camarade de dortoir de dormir avec ses terreurs nocturnes, il ne se douta pas un instant que Dimka aurait pu lui mentir ou extrapoler un peu la vérité. Certes, Maddox était sans doute le plus méfiant de son dortoir, il était aussi celui qui essayait de se faire le plus discret. Il ne s’excuserait pas pour autant, on ne contrôle pas les bruits que l’on peut faire la nuit.

Contre toute attente, Dimka ne retourna pas dormir. Le regard du Serdaigle suivit Dimka quand il posa son royal postérieur au pied de son lit. Un mélange de surprise, d’incompréhension et d’appréhension pouvaient se lire dans les yeux de Maddox. Jamais Dimka ne s’était approché de lui ainsi. Maddox avait toujours l’impression d’être un répugnant né moldu aux yeux de son camarade, un peu comme on regarde une personne avec un herpès qui s’approche un peu trop de vous. Durant ses années à Poudlard, Maddox avait souvent l’impression qu’être né moldu était comme souffrir d’une maladie incurable. Ils se regardèrent en silence pour ce qui sembla être une éternité dans l’esprit de Maddox, avant que Dimka ne brise le silence. « Ça aide Alcyone parfois de se confier... Est-ce que tu veux en parler ? » Si c’était une comédie, c’est à ce moment-là que Maddox serait tombé de son lit. Il ne s’était pas attendu à cette proposition. Il se demanda un instant si Dimka n’était pas en train de se moquer de lui, mais il avait l’air très sérieux. Est-ce que Maddox voulait en parler ? C’était une bonne question. A vrai dire, oui, il aimerait en parler, mais plutôt à Jude. Il jeta d’ailleurs à cet instant un regard vers son camarade endormi. C’est maintenant que tu choisis de dormir ? Les yeux de Madd se posèrent à nouveau sur Dimka. « Tu t’es découvert une passion en psychologie ? » Le ton qu'avait utilisé Maddox n’était pas agressif, plutôt inconsidérément moqueur. C’est parce qu’il n’était pas encore très bien réveillé que ces mots lui avaient échappés. Il n’aurait pas osé autrement. Il quitta Dimka des yeux pour scruter les quelques trombones moldus qui trainaient sur sa table de nuit, à côté de ses parchemins. En réalité, il trouvait la proposition de Dimka très intéressante. Il avait souvent, malgré lui, écouté le Serdaigle calmer Alcyone. Maddox se redressa un peu mieux pour se mettre dans une position assise plus confortable. Peu à peu, il se calmait et le fait que Dimka soit assis et ne bougeait plus était moins menaçant. « J’ai… j’ai rêvé que tu essayais de me tuer. » Puisqu’ils étaient là, autant en discuter. Maddox ne voyait pas ce qui pourrait arriver de mal. Au pire, Dimka savait qu’il faisait des cauchemars où il était enfermé et mourrait, et pourrait le menacer de l’y renvoyer. Au mieux, Maddox n’associerait plus Dimka aux personnes qui l’ont jeté à Azkaban comme le père de Lyra.

Soudain, Maddox réalisa qu’il venait d’avouer avoir rêvé de Dimka. Et il n’avait pas envie qu’il se fasse des idées. Bien vite, il essaya de se rattraper un peu maladroitement. « Oui, j’ai rêvé de toi, mais c’était la première fois – et j’espère la dernière. N’associe pas ça à mes gémissements… » Il est vrai que Maddox trouvait Dimka à son goût, mais jamais il ne le lui aurait fait remarquer. D’ailleurs, bien souvent, le Serdaigle essayait d’éviter de croiser le regard de son camarade. Puisque Dimka ne s’intéressait pas à lui en temps normal, c’était assez facile.

« Ben, disons que si ensuite je peux dormir tranquille je suis prêt à tout essayer. » Maddox allait devoir se faire à l’idée qu’il allait devoir parler de ses cauchemars à Dimka. Bien sûr, il y avait toujours deux solutions : il pouvait aussi l’envoyer balader. Mais le brun ne pouvait pas risquer de créer une mauvaise ambiance dans le dortoir. Après tout, ils s’entendaient tous plus ou moins bien jusque-là et Maddox était tranquille. Même si le cauchemar du Serdaigle était horrible, il avait déjà eu pire. Au moins, cette fois, il s’était réveillé avant de mourir. Alors Maddox se mit prudemment à parler, à révéler le contenu de son rêve concernant en partie Dimka. Gêné par la révélation qu’il venait de faire, celle d’avoir rêvé de son camarade de dortoir, il rata presque la réaction de ce dernier : la surprise, l’incompréhension. Le jeune Berkeley n’était pas habitué à voir de telles expressions sur le visage du sang-pur.

Toutefois, son expression faciale changea rapidement dès l’instant où Maddox se défendit d’avoir rêvé de Dimka plus d’une fois. « Ce n'était pas ce genre de gémissement dont je parlais mais... Ça pourrait s'arranger, ça ne serait plus des cauchemars que tu ferais par la suite... » Maddox, qui regardait Dimka dans les yeux jusque-là, histoire de le surveiller, détourna soudain le regard. Il vit Zackery dormir profondément un peu plus loin. Heureusement, il faisait sombre dans la pièce et Dimka ne verrait pas qu’il était gêné par cette remarque. Du moins, il l’espérait. Le Serdaigle aurait dû savoir que Dimka ne manquerait pas une occasion de le taquiner. Et Maddox n’était pas entièrement indifférent aux charmes du russe, mais il n’avait encore jamais eu le genre de relations qu’impliquaient les mots de son camarade. Le brun avait presque honte de quasiment rougir à l’idée d’être touché ainsi par une autre personne. Il mentirait en disant que l’occasion ne s’était jamais présentée, certaines personnes s’étaient déjà intéressées à lui, et il s’était déjà intéressé à certaines femmes, et même certains hommes, mais il n’avait jamais eu le courage de franchir le pas. Il arrivait à un âge où il se ferait sérieusement chambrer s’il avouait qu’il n’avait jamais connu les plaisirs de la chair. Malheureusement, c’était ce que semblait avouer son détournement de regard et son manque de réponse cynique. Il espérait que Dimka pense qu’il n’était simplement pas intéressé par les hommes, s’il n’avait jamais perçu la lueur d’attraction qui pouvait parfois se lire dans les yeux de Maddox.

Heureusement, le Dimitrov finit par reprendre la parole sur un tout autre ton. « J'ai sûrement un bon nombre de pêchers... » Je n’en doute pas. S’il y avait un stéréotype du type plein de pêchers, Dimka en serait le parfait exemple dans l’esprit de Maddox. C’était juste ce qu’il dégageait pour lui dès qu’il entrait dans une pièce. Et Dimka semblait aimer avoir cette réputation. « Mais le meurtre n'en fait pas encore parti. » Pas encore. Là était toute la nuance. Maddox, qui le regardait à nouveau, se demanda si Dimka était capable d’en arriver là un jour. Il était difficile de juger un livre à sa couverture. Et ils n’avaient jamais réellement pris le temps de parler. Dimka était assez énigmatique. Assez mystérieux pour que Maddox se dise qu’il n’était pas en danger immédiat et arrive plus ou moins à s’endormir la nuit. « Je ne pensais pas être si dur avec toi... » Et il ne l’était pas, c’était ça le pire. On ne pouvait pas contrôler un rêve ou un cauchemar. Que signifiaient réellement les rêves ? Peut-être que le professeur de divination pourrait l’aider sur ce point. Maddox ne suivait plus cette classe et n’avait que de vagues souvenirs de cette matière optionnelle. « Si ça peut te rassurer, si je devais tuer quelqu'un, tu ne serais certainement pas au début de ma liste. » Le brun eut un léger rire nerveux en même temps que celui de Dimka, mais au moins, c’était un rire. Il essaya de se détendre face à Dimka. Et Dimka faisait de son mieux pour ne pas paraitre menaçant. Un effort que Maddox appréciait.

« Tu fais souvent ce genre de rêve ? » Voilà, on arrivait au point où Maddox allait devoir parler de ses angoisses. Il se crispa à nouveau malgré lui. « Oui je sais, soi-disant tu ne rêves pas toutes les nuits de moi... Mais, ce même genre de rêve... ? » Un petit sourire s’afficha quelques instants sur le visage du né moldu. Si à sa sortie d’Azkaban, il faisait ce genre de rêves chaque nuit, les cauchemars avaient fini par devenir plus rares. Son retour à Poudlard les avait fait revivre. En partie parce qu’il était à présent entouré d’inconnus. « Depuis la rentrée, oui. Mais ces dernières semaines, ça s’est un peu calmé… » Notamment grâce au support de Jude le bavard, mais aussi au fait qu’il fasse de plus en plus confiance à ses camarades de dortoir. Pas à tous, apparemment. Maddox aurait voulu sincèrement penser qu’il n’avait rien à craindre de Dimka, mais ses peurs étaient incrustées jusqu’au fond de ses entrailles. Les cauchemars de Maddox s’étaient réduit en nombre, mais pas en intensité. « Ce n’est pas de ta faute, si c’est ce que tu te demandes. Je ne t’accuse pas. » Dimka ne se demandait probablement pas ça, mais le brun préférait s’expliquer, pour qu’il n’y ait pas de malentendu entre eux par la suite. Maddox ramena ses jambes vers lui, s’éloignant un peu du bras qu’avait posé son camarade sur son lit pour s’appuyer et être plus à l’aise. « Tu l’as peut-être lu ou entendu, mais les sorciers de ton statut n’ont pas été très justes avec les nés-moldus comme moi il y a deux ans. » Tous les sangs-purs n’étaient pas à blâmer et à placer dans le même sac, bien entendu, mais la majorité des mangemorts et autres bourreaux de cette époque sombre pensait que leur sang était supérieur à celui des nés-moldus. Aujourd’hui encore, ils devaient toujours le penser, sans oser l’assurer à voix haute. Il n’était pas bon d’être né-moldu au Royaume-Uni à cette époque.

« Azkaban… ça laisse des traces. » Maddox n’aimait pas en parler, même si ce n’était un secret pour personne et qu’il n’était pas le seul élève né-moldu à s’y être malheureusement retrouvé. Il y avait passé environ neuf mois. Neuf mois sous le contrôle des détraqueurs. Neuf mois sans aucune émotion, sans aucun espoir, aucune pensée positive. Un cauchemar éveillé. A sa sortie, toutes ses émotions se sont rebellées, lui donnant des terreurs nocturnes, une paranoïa constante. Il était conscient qu’il avait un problème, mais il espérait qu’il aurait déjà mis cette histoire derrière lui avec le temps. « Une part de moi… » Le né moldu allait dire à voix haute qu’une part de lui avait peur de Dimka. Il ne savait pas ce qu’il pensait réellement. Il avait été élevé dans un autre pays. Maddox avait entendu des rumeurs folles sur Durmstrang. Certains élèves d’autres pays le faisaient encore changer de couloir quand ils les voyaient. Mais peut-être qu’il ne devrait pas trop en révéler. Peut-être qu’il en avait déjà trop dit. Il décida donc de ne pas en dire plus pour l’instant.

Les sorciers de ton statut n’ont pas été très justes avec les nés-moldus comme moi il y a deux ans. Et quand Maddox disait qu’ils n’avaient pas été très justes, c’était le moins que l’on puisse dire. Attaquer les sorciers sur l’origine de leurs pouvoirs, c’était comme attaquer quelqu’un sur la couleur de sa peau. Ce n’était pas juste, ni logique, ni justifié. Les nés moldus n’avaient rien demandé. Ils ignoraient tout du monde de la magie. Ils ne voulaient pas être sorciers à la base. La magie leur était tombée dessus. Ou plutôt un gène dormant chez les moldus. De toute évidence, Dimka sembla quelque peu troublé par les paroles de son camarade. Il fut assez interpellé pour réagir presque immédiatement. « Comment peux-tu savoir ce qui est juste ou pas ? » Maddox se braqua. Comment Dimka pouvait-il lui dire ça si sereinement ? Pensait-il qu’il était juste que Maddox ait été à Azkaban ? Qu’on l’ait accusé d’avoir volé sa baguette alors qu’elle l’avait choisi comme n’importe quel sorcier qu’il soit de sang-pur ou non ? Il attendit que Dimka continue de parler, peut-être qu’il avait mal compris. « Comment arrives-tu à juger ? Tu crois qu'il est juste de naître dans ce genre de famille ? » Dimka parlait-il de sa propre famille ? Aurait-il souhaité ne pas être élevé comme il l’avait été ? Il ne s’était certes jamais mis à la place d’une personne née dans une famille aux idées arrêtés, mais il ne voyait pas toujours très bien où Dimka voulait en venir. « On ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas son éducation... Je ne peux pas m'excuser d'être quelqu'un qu'on a voulu que je sois. » Je n’attends pas d’excuses. Je ne veux pas d’excuses. Des excuses ne lui feraient pas oublier ce qu’il lui était arrivé, n’effaceraient ni ses peines, ni ses cicatrices psychiques. Il regarda Dimka continuer à s’expliquer à voix basse pour ne pas réveiller les autres. Jamais Maddox ne pensait avoir une si longue conversation avec le Dimitrov. « Tu ne peux pas en vouloir à des gens comme moi, d'avoir eu des parents comme les miens. De répondre à leurs idéaux alors que c'est ainsi qu'on a appris à voir le monde... » Le brun n’était pas complètement d’accord avec cette déclaration. Les personnes comme Dimka, qui avaient été élevés par des parents aux valeurs extrêmes, pouvaient aussi se détacher des valeurs apprises par leurs parents et se faire leur propre opinion. Rien qu’en côtoyant des élèves de différentes origines à l’école dès leur première année, ils auraient pu réaliser qu’au fond, ils étaient pareil. Mais non, ils continuaient à traiter les nés-moldus comme de la vermine.

C’est alors que Maddox aborda un sujet qui le touchait énormément et qu’il considérait être la pire période de sa vie : son enfermement à Azkaban. N’ayant pas eu une enfance ou adolescence très facile avec son père, il aurait mille fois souhaité continuer à se faire humilier que de passer un jour de plus dans cette prison. « Mes parents sont enfermés à Azkaban à cause de sorcier de ton statut... » Dimka haussa les épaules. Maddox ne savait pas que les parents de son camarade de dortoir étaient enfermés à Azkaban. Il se demanda pourquoi. Et se répondit lui-même : s’ils étaient mangemorts, bien fait pour eux. Mais il ne dit rien à voix haute. Maddox ne souhaiterait à personne de vivre ce qu’il avait vécu quand Azkaban était encore sous le contrôle des détraqueurs, mais à présent, c’était différent. Sous le nouveau gouvernement, le ministre de la magie avait mis les détraqueurs à la retraite. Maintenant, la prison était surveillée par des aurors. C’était beaucoup plus humain. Maddox n’ayant pas apprécié être appelé sorcier de son statut, il nota qu’à l’avenir, il éviterait d’utiliser ce terme pour parler d’un sang-pur. « Une part de toi... ? » Une part de moi à peur de toi et ne te fera jamais entièrement confiance. C’était ce que le Serdaigle avait voulu dire, mais avait fini par ne pas le révéler. S’arrêter au milieu d’une phrase pouvait être frustrant, mais ce n’était pas le but recherché. Le brun n’était pas non plus d’humeur à inventer une suite différente. Maddox laissa alors Dimka imaginer lui-même ce qu’il avait voulu dire. « Je ne sais pas trop quoi te dire... Mais dans cette chambre... Je ne suis pas un danger. » Ils échangèrent un regard. Même s’il n’avait pas exprimé à voix haute ses peurs, Dimka avait compris. Du moins, il semblait avoir compris ce que Maddox n’avait pas voulu dire. Et le né moldu apprécia la précision. « Dans cette chambre seulement ? » Dit-il avec un léger sourire qui serait perceptible même dans la pénombre. Le né moldu commençait à se détendre. Cette conversation lui permettrait peut-être de mieux cerner Dimka et de ne plus rêver de lui à l’avenir.

« Je sais qu’on ne partage pas le même point de vue, mais est-ce que j’ai l’air d’un voleur ? Parce que les neuf mois de prison que j’ai fait, c’est pour avoir volé ma baguette à un sorcier. Ma baguette, je l’ai eue comme toi. Enfin j’imagine. » A moins qu’on fasse les choses différemment d’où Dimka venait. En théorie, la baguette de Dimka l’avait choisie comme celle de Maddox. Maintenant, le Serdaigle utilisait une nouvelle baguette car celle qu’il avait possédé pendant toute une partie de sa scolarité avait été détruite devant ses yeux par le père de Lyra lors de son jugement. Celle qu’il avait maintenant n’était qu’un pâle remplacement. Maddox trouvait qu’elle ne répondait pas comme l’ancienne. Peut-être que c’était simplement à cause du détraquage de la magie dans le monde des sorciers, peut-être qu’on ne pouvait avoir qu’une baguette âme-sœur. « Si tu trouves ça juste, je ne comprends pas. » Commençant à avoir un peu chaud, Maddox sortit de sous sa couverture et se leva, se frottant le visage au passage car il était encore fatigué. Comme signe de confiance, le jeune Berkeley posa sa baguette sur la table de nuit. Il ne pensait pas devoir l’utiliser cette nuit. Puis, il vint s’asseoir à côté de Dimka, ni trop près, ni trop loin. « Je suis désolé pour tes parents à Azkaban. Ça ne doit pas être facile pour toi, même si j’ignore quelle est ta relation avec eux… ou ce qu’ils ont fait… ou combien de temps ils vont y rester… » Je vais me taire. Maddox espérait se montrer compatissant, même s’il y avait toujours une petite partie de son esprit qui se demandait si les parents de Dimka n’avaient pas tués d’innocents nés moldus ou pire. Il n’allait pas le demander clairement non plus. Et il n’était pas certain de vouloir le savoir.

« La chambre me semble être un bon début. » Rétorqua Dimka quand le né moldu lui demanda s’il n’était pas un danger pour lui que dans cette chambre seulement. Le Serdaigle répondit par un léger sourire à peine perceptible dans la pénombre, avant de poursuivre avec ce qu’il avait à dire à son camarade. Il parla alors de l’injustice qu’il avait subi. A vrai dire, il n’avait pas encore vraiment eu l’occasion d’en parler avec un sang pur. Bien sûr, il ne rejetait pas la faute sur Dimka. Ce dernier n’était même pas dans ce pays quand Maddox avait été mis devant un tribunal. Maddox ne savait pas vraiment pourquoi il racontait tout cela. Peut-être qu’il voulait juste que Dimka comprenne que des gens de sang pur ne pensaient pas tous que les nés moldus étaient humains aussi. « Je ne dis pas que c'est juste… » Dimka le rassura un peu. Heureusement qu’il ne trouvait pas cela juste, le contraire aurait jeté un froid dans la pièce. Et Dimka, qui était à Serdaigle, était intelligent. Il pouvait comprendre que Maddox était un sorcier comme lui. « Mais je… Tu attends quoi de moi ? » Ajouta le russe. Le brun fut surpris par la question. Il ne s’y attendait pas. Qu’attendait-il de Dimka ? Lui-même ne le savait pas vraiment. Juste apprendre à lui faire confiance, apprendre à le connaître un peu mieux malgré ses appréhensions. « Je n’attends rien en particulier… » Dit Maddox doucement en réponse à la question du Serdaigle. Ils ne faisaient qu’exposer leurs points de vue. Dimka ne pourrait jamais effacer ce qu’on avait fait à Maddox et ce n’était pas du jour au lendemain qu’il allait arrêter de faire des mauvais rêves. Mais au moins, il était rassuré de savoir qu’il n’avait pas de pensées extrêmes comme certains autres sangs purs. Sauf s’il le lui cachait, mais il avait l’air honnête. D’habitude très méfiant, si Maddox arrivait à se dire que ce que Dimka lui disait était sincère, c’était que la confiance commençait à s’installer entre eux. Le brun se leva et alla s’asseoir à côté de Dimka. Le né moldu lui dit alors qu’il était désolé de savoir que ses parents se trouvaient à Azkaban. Le silence qui suivit lui fit se demander s’il n’aurait pas mieux fait de se taire.

Heureusement, Dimka finit par reprendre la parole : « La vie n'est pas juste… » Maddox hocha la tête. Jusque-là, ils étaient d’accord. Si la vie était juste, Maddox ne serait pas né dans une famille avec un père comme le sien, pour commencer. « Ne soit pas désolé pour mes parents, ils étaient sans doute comme ceux qui t'ont mis dans cette prison. » Alors ils méritent d’être à Azkaban. Maddox garda pour lui ses pensées tout comme il garda le silence en cet instant. Il eut une pensée pour les nombreuses victimes de la guerre. Pendant la quasi-totalité de cette guerre, Maddox se trouvait en prison alors il avait parfois du mal à imaginer ce qui s’était passé dans le monde des sorciers pendant ce temps-là. En sortant de prison, il avait un peu échangé à ce sujet par lettres avec certaines personnes, comme Flynn, Mila et Hope. Eux aussi avaient vécus des atrocités. Le Serdaigle essaya de penser à autre chose, sans succès. C’est Dimka qui le sauva de ses pensées. « Je ne suis pas parfait mais, je sais que je ne suis pas totalement comme eux alors… Essaie quand même de dormir tranquille d'accord ? » Les mots de Dimka se voulaient rassurants, et ils l’étaient. Après cette petite conversation, Maddox commençait à cerner un peu mieux son camarade. Il ne savait pas encore parfaitement qui il était, mais personne ne sait jamais totalement qui est l’autre. Mais ce qu’il avait entendu semblait suffisant pour améliorer la qualité de son sommeil. « Je vais essayer. » Répondit Maddox sans vraiment faire de promesses. Parce qu’il savait bien qu’on ne contrôlait pas ses rêves. A ce moment-là, le brun aurait pu libérer Dimka et lui dire qu’il pouvait retourner dormir, mais sans trop savoir pourquoi, il avait envie de continuer à lui parler. Peut-être que Jude et ses discussions nocturnes déteignaient sur lui.

« Je sais ce que c’est de grandir en essayant de ne pas ressembler à ses parents. » Parce que Maddox avait eu l’impression d’entendre Dimka lui dire qu’il ne voulait pas devenir comme ses parents. Alors peut-être que le brun l’avait imaginé et que ce n’était pas ce que le sang pur voulait dire, mais Maddox compatissait. « Mon père… n’est pas un exemple à suivre. » Le Serdaigle parlait très rarement de sa famille quand il était à Poudlard. D’ailleurs, moins il pensait à eux, moins il les voyait, mieux il se portait. Mais sa conversation avec Dimka lui donna le courage d’en parler un peu, de se confier. Il avait besoin d’en parler pour diviser son fardeau, et que Dimka le veuille ou non, c’était tombé sur lui. « On pourrait croire que sans magie, sans armes, un moldu est assez inoffensif… mon père, c’est… enfin mon père… cet homme ne mériterait même pas d’être père. Ni mari, d’ailleurs. » Maddox ne disait pas clairement ce que son père faisait à sa mère ou à lui, mais Dimka pouvait peut-être le déduire. Le père de Maddox était un homme violent, qui se mettait facilement en colère et blessait autant avec ses mains qu’avec ses mots. Il rabaissait son fils comme s’il était un moins que rien. Son père, c’était le sang pur des moldus. C’était l’homme injuste qui se sentait supérieur en tout point à son fils. Et Maddox le craignait même s’il faisait une tête de plus que lui. Il l’avait toujours crain. « Pardon, je m’égare… Bref, une de mes plus grandes peurs… c’est de devenir un jour comme lui. » Maddox regarda ses mains en se demandant s’il était lui aussi capable de frapper un jour ses enfants ou sa femme, si la rage prendrait un jour le dessus sur la peur. Et son histoire expliquait sans doute pourquoi il ne réagissait pas beaucoup quand il se faisait attaquer à l’école, pourquoi il restait silencieux face aux insultes qu’il entendait parfois, et pourquoi il était si discret. « Tu peux aller dormir, si tu veux. » Dit-il pour terminer. Il était certain qu’il était en train d’ennuyer le pauvre Dimka avec ses histoires trop personnelles. Dimka n’avait peut-être qu’une envie : aller dormir.

Après s’être confié à Dimka, le silence s’installa sur le dortoir. Silence perturbé par la seule respiration de ses camarades Jude, Zackery et Loris. Et comme le russe restait muet, Maddox en avait déduit qu’il devait être fatigué, voire même qu’il était peut-être ennuyé par ce que le né moldu lui racontait. Il comprenait. Ils ne se connaissaient pas très bien et il se permettait de se confier en plein milieu de la nuit après l’avoir accusé de vouloir le tuer, un véritable paradoxe. Soudain, la main de Dimka se posa sur les siennes. Le Serdaigle ne s’y attendait pas, et n’aimant pas vraiment être touché, il aurait déjà esquivé ce geste en plein jour. Seulement, dans la pénombre, il ne l’avait pas vu venir. Maddox se figea en se demandant ce qui était en train d’arriver. Il ne retira pas ses mains pour autant. La main de Dimka était plus chaude que les siennes. Il ne saurait dire si c’était agréable ou pas et se demanda pourquoi il était en train de se poser cette question. Il ignorait que Dimka pouvait se montrer aussi compatissant, si c’était bien ainsi qu’il devait interpréter le geste. « Ça ne t'arrivera pas. » Assura Dimka à Maddox en revenant sur ce qu’il lui avait dit quelques instants plus tôt, prouvant aussi qu’il l’écoutait. Leurs regards se croisèrent. Ils étaient proches, plus proches que Maddox ne l’avait visualisé. Il était reconnaissant envers Dimka de lui dire qu’il ne deviendrait pas comme son père. C’était tout ce que Maddox voulait en ce moment, il voulait être rassuré. Et Dimka remplissait très bien ce rôle. Le brun comprenait mieux à présent pourquoi Alcyone venait souvent le rejoindre. A ce moment-là, Dimka se mit à bouger et le Serdaigle l’observa. Il ne faisait pas de gestes brusques, ce que Maddox apprécia. Il avait toujours un peu l’impression d’avoir le cœur battant à cent à l’heure à cause de son cauchemar. A moins que ce ne soit dû au contact des mains de Dimka avec les siennes.

A l’aide du sort le plus basique de l’histoire du monde des sorciers, l’ancien élève de Durmstrang fit apparaître un peu plus de lumière au bout de la baguette qu’il venait juste d’utiliser. Il éclaira son poignet où Maddox découvrit une cicatrice. S’il lui montrait cette ancienne blessure, ce n’était sans doute pas sans relation avec ce que le brun venait de lui raconter. Jamais Maddox ne l’avait remarqué avant qu’il ne la lui montre. Il l’observa un peu plus longuement en se demandant ce qui lui était arrivé et n’arrivait pas à s’empêcher d’éprouver une certaine douleur pour lui. Des souvenirs peu agréables lui revinrent en tête. Il fut alors parcouru d’un frisson en repensant aux blessures que son père avait pu lui infliger. « Tu es en sécurité ici à Poudlard, il ne peut rien te faire, il ne peut pas t'atteindre... » Il ne pouvait pas dire plus vrai, puisque son père était un moldu. Jamais il n’oserait mettre les pieds dans ce monde de fous, même s’il le pouvait. Et même si c’était rassurant de le savoir, une petite part en Maddox se demandait toujours ce que cela serait d’avoir des parents intéressés par celui qu’il était et curieux d’en savoir plus sur ses activités à l’école. Jamais ses parents ne seraient fiers de lui. « Tout comme mes parents ne peuvent pas m'atteindre non plus... » Maddox leva les yeux vers le Serpentard. Alors il avait deviné juste. La cicatrice de Dimka venait bien de ses parents, voire peut-être de son père comme Maddox. Dimka n’avait pas besoin d’en dire plus. Il comprenait. Ils échangèrent à nouveau un regard. Ils se comprenaient. Jamais Maddox n’aurait cru que deux personnes aux origines si différentes pouvaient avoir ce passé en commun. Le Serdaigle était peut-être en train de mal lire le moment, avec la main de Dimka toujours sur les siennes, mais instinctivement, il se pencha vers Dimka et captura ses lèvres. Maddox n’avait pas réfléchi, il avait simplement lu l’atmosphère.

Puis, quelques secondes plus tard, Maddox s’éloigna. Parce que son cerveau commença à s’actionner. Il retira ses mains de celle de Dimka et se leva pour mettre un peu de distance entre eux. Pourquoi venait-il de faire cela ? Il avait peur de Dimka. Il n’avait pas totalement confiance en Dimka. Et puis, il était l’un des mieux placés pour savoir qu’il ne fallait pas commencer à jouer avec le Serdaigle. Ce n’était même pas un jeu pour Maddox, qui généralement gardait ses impulsions pour lui. Dimka était le deuxième garçon qu’il avait embrassé dans sa vie, après Gabriel. « Désolé. » Dit Maddox en posant ses mains sur sa table de nuit, dos à Dimka, là où sa baguette était posée. Il avait simplement été momentanément attiré par la douceur qu’avait utilisé Dimka pour le rassurer. C’était la raison qu’il essaya de défendre dans son esprit torturé. Et le brun mentirait s’il disait qu’il n’avait pas toujours trouvé un certain charme au russe malgré son caractère mystérieux, ses multiples aventures et ses origines sorcières.

Que venait-il de faire ? Maddox ne comprenait pas pourquoi il avait embrassé Dimka. Plusieurs raisons lui venaient déjà à l’esprit : ils avaient une conversation ouverte, ils étaient physiquement proches, Maddox se sentait plus ou moins en sécurité, plus qu’au début de la nuit en tout cas, ils semblaient partager un passé commun et puis Dimka était un garçon très attirant. De plus, avec la main de Dimka posée sur la sienne et sa baguette éclairant faiblement leurs échanges de regards, toutes les conditions étaient réunies pour que le baiser arrive. Même si Maddox savait déjà que Dimka aimait les femmes comme les hommes, il n’avait jamais fait comprendre à son camarade que c’était aussi le cas pour lui. Maddox était bien plus discret quand quelqu’un l’intéressait. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il n’avait jamais eu de petite amie. Quand quelqu’un lui plaisait, il ne faisait jamais le premier pas. Et s’il se passait quelque chose, comme il venait de se passer avec Dimka, Maddox ne tardait pas à fuir. Dans les relations aussi, c’était un lâche. Il n’osait même pas imaginer ce que son père lui dirait s’il était au courant de son absence de vie sentimentale. « Pas besoin de t'excuser. » Tenta de le rassurer Dimka. Ce qui ne fonctionna pas vraiment. Maddox ne savait pas du tout quoi faire. Face à la table de nuit, il entendit Dimka se lever et venir à ses côtés. Il fut à nouveau stressé par la présence du russe, pourtant pour des raisons bien différentes cette fois. Dimka s’approcha un peu de son oreille et lui souffla : « Tu peux même recommencer quand tu veux... » Maddox ne tourna pas la tête vers Dimka. Les joues du brun prirent une légère teinte rosée et il ne voulait pas vraiment le montrer au russe. Il préféra donc ne pas lui répondre non plus. Voulait-il recommencer ? Voilà qu’il semblait rougir à nouveau. La main de Dimka entoura la sienne. Maddox ne retira pas sa main et se laissa entraîner vers le lit sans trop y réfléchir. « Je ne te sauterais pas dessus, si tu n'en as pas envie... » Dimka retournait vers le lit et peut-être naïvement, Maddox ne comprit pas tout de suite ce qu’il était en train de faire. Alors si Maddox avait envie de Dimka, il ne lui suffisait que d’un mot ou d’un geste pour avoir le Serdaigle ? N’étant pas habitué des relations, il était surpris de constater qu’il était si facile de se rapprocher de Dimka.

Le brun regarda le russe s’installer sur son lit et commencer à prendre ses aises. Maddox commençait à se douter d’où il voulait en venir quand il le vit tirer un peu la couverture. « Ça apaise Alcyone en générale, je serais curieux de savoir si ça ne fonctionne qu'avec elle ou non... » Dimka lui proposait de venir dormir avec lui. Il lui avait dit qu’il ne lui sauterait pas dessus s’il n’en avait pas envie, alors si le né moldu avait bien compris, il ne s’agissait là que d’une proposition pour dormir plus paisiblement. Pourquoi Maddox avait l’impression d’entendre son cœur battre plus fort et plus vite alors ? Il n’avait tout simplement encore jamais dormi avec quelqu’un d’autre. Et lui aussi était curieux de s’avoir s’il dormirait mieux ou non. Dormir avec Dimka ou pas ? Il ne s’agissait que de dormir, une simple action qu’il ferait avec ou sans le russe. Maddox finit par s’asseoir au bord de son lit. « Qui me dit que tu ne vas pas essayer de me tuer dans mon sommeil ? » Bien sûr, il plaisantait, essayant de se détendre lui-même cette fois-ci. Dimka lui avait dit qu’il était en sécurité dans cette chambre. L’était-il dans ce lit aussi ? Son propre lit. A sa connaissance, personne n’avait jamais dormi dans son lit à part lui, jusqu’à Dimka s’il acceptait sa proposition. « Je veux bien essayer… de dormir… » Affirma Maddox grimpant à son tour sur le lit et en allant s’installer à côté de Dimka. Maddox n’avait jamais réalisé à quel point son lit pouvait être petit. Et pourtant, Maddox était très grand. Sa proximité avec Dimka lui permettait de ressentir la chaleur de son corps. Il avait du mal à éviter de le toucher sans tomber du lit et il se demanda un instant si Dimka ne faisait pas exprès de ne pas trop lui laisser de place pour que Maddox se rapproche, ce qu’il finit par faire, n’ayant pas envie de se retrouver par terre. Ce soir-là, le brun eut du mal à s’endormir parce qu’il se posait des tas de questions sur Dimka, sur ce qui se passerait le jour suivant. Il se demanda même ce qu’allaient penser Jude, Zackery et Loris s’ils les voyaient ensemble. Mais la fatigue finit par l’emporter et il trouva sommeil contre celui qui lui faisait encore peur une heure plus tôt.