« Quelle magnifique petite fille. »
Grand-mère à maman, juin 1983
« Comment est-ce que vous avez décidé de la nommer ? » Demanda Nodoka à sa fille Yoko, qui venait de donner naissance à une jolie petite fille, et à son gendre britannique Xavier. Yoko berça doucement sa fille dans ses bras. La petite dormait confortablement, lovée contre la poitrine de sa mère.
« Si nous avions une fille, nous avions décidé de l’appeler Sakura. » Penché vers sa femme et sa fille, un éclat de bonheur et de fierté se lisait dans les yeux de Xavier. Le père caressa du bout des doigts les petites joues potelées de la petite japonaise. Elle était très belle.
« Ma petite Sakura. » Comme Xavier était d’origine asiatique également, la mixité de Sakura ne se verrait pas au premier coup d’œil, mais ça n’en ferait pas d’elle une fille moins intéressante.
« C’est un magnifique prénom pour une magnifique petite fille. Tu as fait du beau travail ma chérie, je suis fière de toi. » La fierté d’une mère envers sa fille et sa première petite-fille était une belle chose. Yoko versa quelques larmes de bonheur.
« Merci maman. » Un visage s’afficha sur les lèvres du nourrisson. Sakura signifiait en japonais cerisier. C’était un très bel arbre qui prenait de splendides couleurs roses fin mars. La floraison était dépassée depuis quelques mois, mais ça avait toujours été la saison préférée de Yoko et de ses parents. Quand elle était petite, Yoko avait le souvenir de se retrouver chaque année avec sa famille sous les cerisiers en fleurs, une tradition qu’elle comptait bien conserver avec son enfant et son mari.
Quelques jours plus tard, Yoko put quitter la clinique tokyoïte et ramener Sakura chez eux, dans un joli et grand appartement de Ginza, quartier chic de Tokyo. Sa chambre était parée de très belles fleurs de cerisier. Son mari avait travaillé jour et nuit pour que la chambre soit prête au retour de sa femme.
« Je n’ai jamais vu une chambre aussi rose. » Dit-elle en voyant le résultat. Mais elle aimait le résultat et elle aimait son mari pour tous les efforts qu’il faisait. La petite Sakura n’allait manquer de rien, et surtout pas de l’amour de ses deux parents.
« Tu es une sorcière, comme moi. »
Papa à Sakura, juillet 1987
Un peu moins de quatre ans après la naissance de Sakura, Yoko donna naissance à une autre petite fille. Cette fois, ils décidèrent de l’appeler
Kirara (prononcé environ
Kilala), un prénom que tout le monde trouvait adorable. Si au début Sakura adorait sa petite sœur et voulait toujours lui faire des câlins, bien vite, elle devint très jalouse d’elle. Kirara accaparait toujours l’attention de ses parents. Elle ne faisait que pleurer et dormir. Et Yoko ne jouait plus autant avec Sakura. Elle était plus fatiguée. Sakura arrêta vite de vouloir câliner sa petite sœur. Elle commença à vouloir la faire souffrir. Un jour, vexée parce que sa mère n’avait pas encore eu le temps de regarder son dessin, Sakura s’est mis à penser très fort à quel point elle détestait avoir une petite sœur et qu’elle aimerait la voir pleurer. Sans qu’ils ne comprennent pourquoi, Kirara se mit à pleurer alors qu’elle était en train de boire un biberon. Deux secondes plus tard, Yoko jeta le biberon de lait par terre. Le lait était brûlant. La jeune mère s’en voulu d’avoir fait une telle erreur et tenta de calmer le nourrisson. Sakura fut très troublée, à quatre ans, d’avoir réussi à faire pleurer sa sœur par la pensée. Elle essaya de nombreuses fois de recommencer, sans succès. Mais quelques jours plus tard, après une crise de colère, elle réussit à faire pleurer Kirara en mettant le feu à son doudou. Heureusement, Xavier était là et il vit toute la scène. Il éloigna vite le bébé et put éteindre le feu très vite.
« Sakura, viens-là. » Dit-il après avoir couché le bébé dans son berceau. Il essaya sa fille sur le canapé et s’assit à ses côtés. Son visage était grave et inquiet. Il aurait dû en parler avant à sa fille, mais il ne savait pas quand elle développerait ses pouvoirs. Il lui devait quelques explications, mais surtout, il devait lui poser des limites maintenant. Il avait aussi caché un lourd secret à sa femme : elle ignorait tout du monde de la magie.
« Ma puce, dis-moi, est-ce que c’est la première fois qu’une chose bizarre comme aujourd’hui arrive ? » Sakura secoua la tête à la négative.
« Papa, j’ai réussi à faire ça avec ma tête ! C’est magique ! » La petite fille était très fière d’elle. Elle plissa les yeux en se demandant si elle avait fait comme ça pour réussir. Peut-être qu’elle pouvait recommencer, c’était si merveilleux cette sensation de pouvoir et de réussite.
« Ma chérie, ce que tu viens de faire à Kirara, c’est mal. Tu ne dois plus recommencer. » Et la question que pose tous les enfants curieux arriva :
« Pourquoi ? » Il avait préparé des millions de fois ce discours dans sa tête, cette discussion sur la magie, mais quand elle arriva enfin, il eut du mal à trouver les mots.
« Kirara est un bébé et c’est ta petite sœur, tu dois la protéger et être une grande sœur sur qui elle peut compter. Plus tard, elle voudra jouer avec toi et te faire des câlins, tu sais. » Sakura fit une belle grimace. Elle ne voulait pas jouer avec Kirara et elle voulait encore moins de ses câlins. Ce qu’elle voulait, c’était faire encore plus de trucs magiques. Elle se leva et commença à sautiller quand son père la réinstalla à sa place, sur le canapé.
« Je n’ai pas fini. Sakura, tu es comme papa, tu as des pouvoirs. Tu es une sorcière. Mais la magie ne sert pas à faire du mal aux autres, elle sert à faire de jolies choses. » Un bruit sourd se fit entendre derrière. Yoko venait d’entrer dans la pièce et de lâcher le sac de courses. La pastèque qu’elle venait d’acheter s’écraser et se brisa avec le choc.
« Maman !!! » Cria Sakura en se dirigeant vers elle et en glissant sur le jus de pastèque. Etalée sur le sol, elle regarda sa mère avec un grand sourire.
« Même pas mal ! Maman !!! Maman, je suis une sorcière ! Et papa aussi c’est une sorcière !! » Yoko était figée sur place. Elle regardait le doudou carbonisé de sa petite dernière sur la table non loin.
« Pas exactement. J’ai quelques explications à te donner. » « C'est la baguette qui choisit son sorcier. »
Vendeur aux Swanson-Okada, août 1993
Sakura étant à présent âgée de dix ans, il était temps de lui procurer une baguette magique. Xavier, qui avait eu la sienne chez Ollivander, allait découvrir en même temps que sa fille la version japonaise. Xavier et Yoko avaient repoussé ce moment. Sakura ne cessait de faire des bêtises, ne connaissant pas encore réellement la différence entre le bien et le mal malgré son âge, et lui mettre une baguette entre les mains n’était pas forcément l’idée la plus alléchante. Mais dans un an, elle allait faire son entrée à Durmstrang alors il fallait bien qu’elle s’habitue un peu à la manipuler, sous la surveillance de son père. Au moins à l’école, elle apprendrait à s’en servir correctement et à jeter ses premiers sorts sans risque de catastrophe. Ils étaient habitués à éduquer les jeunes sorciers de tous les milieux. En arrivant à la boutique avec leurs deux filles, Yoko et Xavier transformèrent vite l’endroit en salle de jeux avec les éclats de rires des enfants. En effet, en grandissant, une chose avait au moins changé : Sakura ne quittait plus sa petite sœur. Kirara avait six ans et demi et Sakura dix. Elles jouaient ensemble, elles se faisaient des câlins, elles s’aimaient. Et si on entendait parfois Kirara pleurer, ce n’était pas de la faute de Sakura.
« Eh bien, ça ressemble à une boutique de baguette que j’ai bien connu. » Dit Xavier au vendeur. Cette boutique était bien sûr un peu moins poussiéreuse et plus moderne que sa cousine britannique. Mais dans le fond, les étagères remplies de baguettes lui rappelaient des souvenirs.
« Chez Ollivander ? Enchanté, je suis Makoto Yamagawa, j’ai passé quelques temps auprès d’Ollivander, il m’a beaucoup inspiré, autant dans ma boutique que mon travail. J’ai tout de suite reconnu votre accent. » Sakura commença à sortir des boites de leurs étagères. Yoko alla l’arrêter et lui dire de reposer les baguettes à leur place. Elle prit ses filles, la plus jeune par la main, l’autre par l’épaule, et s’approcha du comptoir.
« C’est pour cette princesse qu’il faut une baguette magique ? » Sakura eut le sourire jusqu’aux oreilles. Elle n’était pas sauvage avec les étrangers, au contraire, elle allait facilement vers les personnes qu’elle ne connaissait pas, peut-être trop facilement. Monsieur Yamagawa la fit essayer plusieurs baguettes jusqu’à ce qu’il y en ait une qui la choisisse.
« Je savais qu’il fallait persister avec ce bois et chercher un peu. C’est le destin. Tiens ma petite, voici ta baguette en bois de cerisier. » Le cerisier, un signe du destin pour une petite fille du nom de Sakura. En son cœur, la baguette contenait un poil de kitsune, renard légendaire japonais, qui n’était en réalité pas une légende dans les contrées reculées de l’île.
« Prends-en bien soin, tu verras, tu vas en mettre plein les yeux avec elle. » Il fit un clin d’œil à la petite fille en lui tendant le sac qui contenait l’écrin, l’objet et de quoi en prendre justement bien soin. En effet, Sakura apprendra plus tard qu’il était particulièrement bien vu pour les japonais d’avoir une baguette en bois de cerisier. Une sorte de prestige était attaché à ceux et celles qui en possédaient une.
« Sakura, qu’est-ce qu’on dit au monsieur ? » Insista la jeune maman avant que sa fille n'oublie les bonnes manières et s'en aille.
« Merci monsieur. Maman, je n’ai plus cinq ans. » Sakura quitta la boutique avec des étoiles plein les yeux. Plus jamais elle ne quitterait sa baguette et elle se promit d’y faire très attention… enfin d’essayer.
« Bienvenue à Durmstrang. »
Directeur aux nouveaux élèves, septembre 1994
A présent âgée de onze ans, Sakura allait entrer dans l’école de sorcellerie la plus proche de chez elle : Durmstrang. Elle allait enfin apprendre à devenir une vraie sorcière. Elle allait vivre loin de ses parents pour la première fois, mais aussi loin de Kirara. Il y avait tant de choses qu’elle avait hâte de découvrir et de faire. Pour la première fois, elle allait faire un long voyage en bateau. Ce fut non seulement le voyage le plus long de sa vie, mais aussi le plus excitant. Quand elle aperçut son île s’éloigner, elle eut une petite larme. Jusqu’à ce qu’elle parte à la découverte du bateau. Sakura avait beau être parfois émotive, elle changeait très vite d’humeur. Une fois sur le pont, elle s’approcha près du bord et leva les bras pour profiter de l’air. L’air marin lui souleva ses cheveux. Elle respira un bon coup. La mer. Elle était si impressionnée par cet étendu infini. La mer imposait le respect, la mer était forte, mystérieuse, imprévisible. Elle voulait devenir la mer. Insouciante, le vent la faisait pencher vers la mer.
« Attention, tu vas tomber. » Prononça une voix masculine dans son dos avant de la rattraper quand elle vacilla. Elle se retourna et vit un jeune garçon japonais. Il avait l’air de déjà connaître le bateau.
« Tu sais, l’année dernière, un élève est tombé à l’eau. Il ne s’est jamais montré à la cérémonie de répartition et on ne l’a jamais revu. » Le garçon lui fit un clin d’œil. Ayant une forte envie de rougir, elle préféra lui tirer la langue avant de se dégager de l’emprise du garçon sur elle.
« N’importe quoi. » Rétorqua-t-elle vivement avant de se mettre à rire aux éclats en s’éloignant. C’était n’importe quoi, cette histoire, n'est-ce pas ? Toutefois, après avoir entendu ce qui lui semblait être une rumeur, la japonaise évita de s’approcher du bord.
Sakura n’avait jamais rien vu de comparable à l’école de magie Durmstrang où elle mit les pieds pour la première fois cette année-là. Ça ne ressemblait pas du tout à ce que son père lui avait raconté de Poudlard. A première vue, ça semblait bien plus triste. Mais Sakura trouva à ce petit château fort un certain charme. La japonaise n’avait jamais rien vu de tel au Japon et ça l’impressionnait. A l’intérieur, c’était bien moins impressionnant. Rien de luxueux et quand elle repensa au magnifique appartement où elle vivait à Tokyo, elle avait du mal à s’imaginer la vie qu’elle allait vivre à Durmstrang. L’uniforme n’était pas non plus à son goût. Ses vêtements à la mode allaient lui manquer. La cérémonie de répartition lui fit également un peu peur, si bien qu’elle s’accrocha fort à sa baguette qu’elle savait à peine manipuler. Elle observa les autres se faire répartir, puis enfin vint son tour. Placée devant un mannequin en bois animé par la magie du directeur, elle jeta un sort que son père lui avait enseigné pour se défendre si elle avait des ennuis. C’était la première fois qu’elle jetait un sort, d’ailleurs. Elle n’en avait jamais eu le droit avant et la magie qui sortit de sa baguette la fit vibrer des pieds à la tête. Sakura avait mis du temps avant de se lancer, mais quand elle se lança, le mannequin fut pulvérisé. Elle entendit quelques applaudissements avant qu’on ne lui annonce le verdict :
la Fratrie des Trolls. Quel drôle de nom. Mais sa puissance n’avait laissé aucun doute.
En classe, Sakura se révéla très bonne en sorcellerie, mais surtout très puissante. Elle ne faisait qu’un avec sa baguette et ses sorts étaient souvent bien plus forts qu’on ne pouvait l’imaginer venant d’une jeune fille comme elle. Elle avait pour ambition d’essayer tous les sorts existants. Elle voulait tous les connaître. Elle voulait tous les lancer. Elle voulait devenir la plus forte de toutes les sorcières de son école. Mais Sakura avait encore beaucoup d’années de travail et d’entraînement devant elle pour atteindre le niveau qu’elle souhaitait. C’est avec sa détermination et son perfectionniste qu’elle deviendrait sans aucun doute la meilleure.
« Meilleurs amis pour la vie. »
Sakura à Daisuke, novembre 1995
« Promets-moi qu’on sera meilleurs amis pour la vie. » Serrant avec son petit doigt celui de Daisuke avec le sien, Sakura lui fit un grand sourire. Daisuke avait un an de plus qu’elle et était lui aussi dans la même Fratrie. Qui aurait cru qu’ils deviendraient des amis proches après leur première rencontre sur le bateau un an plus tôt ? Et pourtant, ils étaient devenus inséparables.
« T’as quel âge Sakura pour faire ce genre de promesse, avec le petit doigt ? » La jeune fille fit une moue boudeuse.
« Il n’y a pas d’âge. » Elle lui donna un petit coup d’épaule.
« Allez. » Daisuke se pencha alors vers elle et répéta ses mots en secouant légèrement la main sans briser l’étreinte des petits doigts.
« Pour la vie. » Une promesse sacrée qu’ils ne devraient jamais briser. Le sourire sur les lèvres de Sakura s’agrandit, laissant à Daisuke le loisir d’admirer toutes ses dents.
« SASUKE ! » Ils rigolèrent en prononçant leurs noms combinés : le nom de leur amitié. Un petit nom qu’ils avaient inventé avant les grandes vacances. Depuis que Sakura avait été répartie dans la Fratrie de Daisuke, ces deux-là ne s’étaient plus quittés. On trouvait rarement l’un sans l’autre et ils s’amusaient bien. Ils s’amusaient ensemble, étudiaient ensemble, s’entraînaient ensemble, mangeaient ensemble. Bref, ils faisaient presque tout à deux. Une jolie amitié fille-garçon entre deux préadolescents, tout ce qu’il y avait de plus innocent et fort. Tous les matins, Sakura n’avait qu’une hâte, retrouver Daisuke pour une nouvelle journée à ses côtés.
« Tu vas réussir, je croise les doigts. »
Maman à Sakura, juillet 1996
« Maman !!!!!!!!!!!! Maman ! Maman !!!!!!! » Yoko n’avait jamais accouru aussi vite jusqu’au salon. Quand Sakura était à la maison, c’était une toute autre ambiance. L’appartement devait soudain bien plus bruyant et plein de vie.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es folle de me faire une peur pareille ! » Sakura pointa la télévision du doigt, une publicité était affichée.
Vite lis. Vite lis. Vite lis. « T’as lu ? » L’écran diffusa à présent autre chose.
« Dis-moi que t’as lu ???? Maman !!!!!!!!! » Yoko mit ses mains sur ses hanches et reprit son souffle. Ou plutôt, fit semblant de reprendre son souffle tout en réfléchissant à ce qu’elle venait de lire.
« Je ne sais pas, Sakura. Il faut que j’en parle à ton père. » Sakura se leva et se mit à courir dans toute la maison d’excitation. Elle rentra dans sa sœur, qui se cogna, tomba et se mit à pleurer. Elle s’arrêta et la ramassa, puis lui tapota gentiment sur la tête pour qu’elle arrête de chouiner comme quand elle était petite.
« Pleure pas Kirara, ta sœur va bientôt passer à la télévision et devenir célèbre ! Sois fière de moi. » Kirara arrêta de pleurer. En effet, ce qui avait fait réagir Sakura avant tant d’enthousiasme, c’était l’annonce d’une audition pour intégrer son groupe préféré. Ils recherchaient de jeunes idoles entre douze ans et dix-sept ans pour rejoindre le groupe Midnight Motion déjà composé de huit filles qu’elle adorait. L'adolescente connaissait toutes leurs chansons par cœur et leurs chorégraphies. Elle était persuadée qu’elle avait sa place dans le groupe. A treize ans, elle avait l’âge parfait pour auditionner.
« Non. » Au début, Sakura se heurta au
non catégorique de son père.
« Tu fais des études, tu n’as pas de temps à perdre avec ce genre de futilité. Admettons que tu sois acceptée dans le groupe, parmi les milliers de filles qui vont présenter leur candidature, comment tu comptes faire ? » Sakura pleura si fort et si longtemps ce soir-là que Xavier révisa son jugement et la laissa au moins auditionner. Il était persuadé qu’elle ne passerait pas les premiers résultats de l’audition. Pour lui, sa petite Sakura était douée, mais il ne la voyait pas chanter sur scène et devant un public ou se concentrer pour apprendre de nouvelles chansons et danses. Le jour de l’audition, Sakura fit de son mieux. Et quand elle reçut le coup de téléphone tant attendu en août, elle apprit qu’elle fut prise. La jeune fille explosa de joie.
« JE SUIS PRISE ! JE SUIS PRISE ! JE VAIS FAIRE PARTIE DES MIDNIGHT MOTION. JE FAIS PARTIE DES MIDNIGHT MOTION. » Jamais Sakura n’avait été si heureuse. Les jours suivants, Xavier, Yoko et Sakura réfléchirent à leurs possibilités et Xavier prit rendez-vous avec la direction de Durmstrang. Après des heures de discussion, ils arrivèrent à un compromis. Durmstrang laissait à Sakura une année pour faire ses preuves. Si elle excellait dans toutes ses matières, ils lui laisseraient un jour de libre, en plus du week-end, pour ses activités avec le groupe. Elle devait bien sûr ne jamais faire mention du monde des sorciers et de ses activités en sorcellerie. Si ses notes baissaient, elle serait obligée de quitter le groupe. Durmstrang ne pouvait pas tolérer le moindre maillon faible dans ses rangs.
C’est ainsi que Sakura commença sa double vie d’étudiante en magie et d’idole. Quand elle rejoint les Midnight Motion, on lui attribua la couleur rose. La première fois qu’elle monta sur scène, elle fut si stressée qu’elle oublia la moitié de son texte.
« Je suis Sakura Okada. J’ai treize ans. Je viens de Tokyo. Mes paroles préférées sont… euh… ma chanson préférée est… Midnight Paradise. Merci de me soutenir à l'avenir. » Les répétitions la fatiguèrent, mais elle faisait ce qu’elle aimait. Elle redoubla d’efforts dans ses devoirs pour ne pas faire baisser ses résultats. La première fois que Sakura rencontra ses fans, elle se sentit si importante et heureuse. A l’école, elle envisagea d’intégrer l’équipe de Quidditch, mais elle n’avait pas assez de temps à consacrer aux entraînements, alors elle dût y renoncer. Mais elle oublia toute cette histoire quand elle eut l’occasion de participer à son premier vrai concert. Quand elle vit toutes les lumières roses éclairer le public pour elle, elle rêva d’un public encore plus vaste, plus grand. Elle avait de grandes ambitions pour sa carrière. En plus de devenir la meilleure des sorcières, elle souhaitait devenir la plus aimée des idoles.
« Tu te rends compte de ce que t'as fait ? »
Papa à Sakura, avril 1998
« Endoloris ! » Les cris d’une jeune fille retentirent dans une des salles du château fort. Quand Daisuke entra dans cette salle où il savait qu’il trouverait sa meilleure amie, il était déjà trop tard. Il se précipita vers Sakura et plaça ses mains sur ses bras pour l’empêcher de recommencer. Sa main tremblait. Elle venait de lancer un sortilège impardonnable. Une lueur de rage, et non de regret, brillait dans son regard.
« Sakura, qu’est-ce que tu fais ? Arrête !! Je t’en supplie. » Des larmes ruisselaient sur les joues de la jeune fille de quatorze ans tout comme sur le visage de son meilleur ami qui réalisait peu à peu ce qu’il venait de se passer et ce que cela signifiait sans doute. D’un coup des épaules, Sakura se dégagea de l’emprise du garçon, l’ignora, et avança d’un pas vers la jeune fille au sol. Elle pointa à nouveau sa baguette sur elle. Ses larmes avaient cessé. Elle était très en colère, mais aussi quelque peu libérée par ses actions.
« Endoloris ! » La jeune fille, nommée Aiko, était en train de se tordre de douleur au sol. Depuis plusieurs jours, Aiko faisait du chantage à Sakura et Sakura ne l’avait pas supporté. Elle voulait lui faire payer, la faire souffrir. Elle aimait entendre ses cris de douleurs qui lui rappelaient un peu ceux de Kirara quand elle était bébé. En réalité, elle exultait.
« Arrête… je t’en supplie… tu peux les détruire… » Sakura se baissa et mit sa main dans la poche d’Aiko. Elle en sortit des photos auxquelles elle mit feu d’un nouveau coup de baguette magique. Elle les jeta par terre sur les briques. Adieu les photos de Sakura et Daisuke dans les bras l’un de l’autre. Daisuke se mit peu à peu à comprendre.
« Sakura… » Mais Sakura ne le regarda pas. Elle était aussi en colère contre lui. Parce qu’elle tenait beaucoup à lui. Parce qu’ils étaient trop proches. Parce qu’elle n’avait pas le droit. Elle ne le pouvait pas. Elle avait mis en danger la chose qui comptait le plus à ses yeux en ce moment : sa carrière.
« La ferme Daisuke ! C’est de ta faute aussi ! » Sakura se pencha à nouveau sur Aiko et plaça sa baguette sur son petit corps frêle. Encore une fois.
« Endoloris ! » Plus elle jetait le sort, plus elle le maîtrisait et plus elle ressentait cette euphorie au fond d’elle. Sakura ne se contrôlait plus. Dans le monde des moldus, une simple photo d’une idole assise à côté d’un garçon pouvait créer un scandale et détruire une carrière : dans son contrat, elle avait le devoir de ne pas avoir de petit-ami. Daisuke n’était pas son petit-ami, mais si quelqu’un voyait ces photos où elle était blottie dans ses bras, sa carrière serait terminée. Ses fans la détesteraient. Les autres filles du groupe seraient déçues d’elle. Le manager la gronderait. Ses parents critiqueraient le monde de la chanson. Aiko avait été trop loin en la menaçant d’envoyer ces photos à la presse si Sakura ne faisait pas tout ce qu’elle voulait en échange. Mais Sakura n’était pas du genre à se laisser faire. Elle était rancunière, avait autant de caractère que de puissance magique, et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Aiko avait joué avec la mauvaise personne.
Quand le directeur entra dans la salle du château, la scène qu’il vit le mit hors de lui. Il sépara tout de suite Aiko et Sakura, chargea Daisuke d’emmener Aiko à l’infirmerie et emmena Sakura avec lui dans son bureau. Assise sur la chaise, Sakura bouillonnait toujours. A la fois satisfaite et frustrée, elle resta silencieuse. Elle entendit le directeur dire à sa secrétaire :
« Contactez tout de suite ses parents, faites-les venir dès que possible. Faites aussi venir les parents d’Aiko Hasegawa. » Puis, le directeur revint dans la pièce et s’installa face à Sakura, qui n’osa pas le regarder dans les yeux. Il était assez effrayant et elle l’avait mise de très mauvaise humeur.
« Jeune fille, vous avez enfreint le règlement de notre école en faisant usage à plusieurs reprises d’un sortilège impardonnable. » Sakura ouvrit la bouche pour se défendre, car comme d’habitude, elle n’avait pas la langue dans sa poche. Mais avant qu’elle ne prononce le moindre son, le directeur aux yeux noirs la fit se taire d’un geste sec de la main.
« Dès que vos parents seront là, je les informerai que vous êtes renvoyée sur le champ. Je ne peux pas tolérer un tel comportement dans mon école. Ce sont des élèves comme vous qui entretiennent la réputation que nous avons déjà dans le monde. Vous êtes un déshonneur non seulement pour notre école, mais aussi pour votre Fratrie. Vous pouvez avoir honte de vous. » Sakura baissa légèrement les yeux. Pour sauver sa carrière, elle venait de sacrifier son éducation magique, et probablement son amitié avec Daisuke, ainsi que le respect de ses parents. Elle allait être renvoyée de Durmstrang. Et peut-être pire.
Une fois ses parents arrivés, Sakura craqua dans leurs bras.
« Papa, maman, je suis désolée. Je n’ai pas réfléchi. Je… j’étais tellement en colère. Ne me détestez pas, je ne suis pas une mauvaise fille. S’il vous plait. Je ne veux pas aller en prison. » Après des heures de conversation, les parents de Sakura finirent par convaincre le directeur et les parents d’Aiko de ne pas porter cette affaire devant le tribunal, où il y aurait de trop graves conséquences pour une jeune fille de quatorze ans. Mais en échange, Sakura ne devait plus jamais remettre les pieds à Durmstrang, revoir ou contacter Aiko. Les parents de Sakura ont également dû verser une certaine somme en compensation aux parents de la victime et Sakura dû écrire une lettre d’excuses à Aiko sous la supervision de l’intolérant directeur. Parce que c’était une erreur. Parce que Sakura était encore jeune. Parce que sans éducation magique, sa vie dans le monde des sorciers était terminée. Sur le chemin du retour, les parents de Sakura restèrent silencieux. Ils ne savaient pas ce qu’ils allaient faire de leur fille.
« Ta voix me remonte toujours le moral. »
Fan à Sakura, juin 1998
Renvoyée de Durmstrang depuis le mois d’avril, Sakura s’était investie à fond dans son travail d’idole. Si elle ne réussissait pas en tant que sorcière, elle comptait bien réussir dans sa carrière et devenir la plus célèbre des Midnight Motion. Pour devenir plus populaire, elle écrivait sur son blog tous les jours, prenait de jolies photos et les postait, lisait les commentaires des fans et leur répondait parfois. Elle allait tous les jours à la salle de danse et prenait des cours de chant supplémentaires. Elle courait pour gagner de l’endurance et pouvoir chanter et danser en même temps sans être à bout de souffle. Il ne lui restait plus que sa carrière, c’était très important pour elle. Elle ne voulait plus penser à rien d’autre. Et son investissement finit par payer.
« Sakura, tu as entendu ? » Lui dit Kaho, l’amie dont elle était la plus proche dans son groupe. C'était aussi sa meilleure amie moldue. Sakura hocha la tête négativement. Kaho était arrivée en même temps que Sakura dans les Midnight Motion, c’était une jeune fille un peu garçon manqué, très apprécié des fans filles du groupe. Elles trainaient souvent ensemble et les fans les appelaient
« KARA » de
KAho et Saku
RA. Beaucoup de fans aimaient voir grandir leur amitié.
« Tous tes tickets de handshake ont été vendus en premier. Félicitations. » Un sourire sincère illumina les lèvres de la jolie Sakura. La prochaine séance de
handshake (séance où les fans ont l’occasion de serrer la main de leur idole pendant quelques secondes et peuvent leur dire quelques mots) était en juin, pile pour l’anniversaire de Sakura. Ce soir-là, elle remercia les fans sur son blog de lui être fidèle. Elle se sentait très chanceuse, mais c’était en réalité le résultat de beaucoup de travail.
Jour J. « Ta voix est adorable, quand je l’entends, elle me remonte le moral. » « Joyeux anniversaire ! Tu es ma préférée dans le groupe. » « Comment tu fais pour être si jolie ? J’aimerais bien tes conseils. » « J’ai très hâte d’entendre le prochain single, j’espère que tu seras l’une des chanteuses principales. » « Je t’aime tellement ! Joyeux anniversaire. Tu as eu des cadeaux ? » « J’ai acheté toutes tes photos. Continue à sourire. » « J’aurais tellement aimé que tu sois ma petite sœur. Je te soutiendrai pour toujours. » « Je suis super fan de KARA !! Vous devriez prendre plus de photos toutes les deux. » « Quand sera votre prochain concert sur Tokyo ? C’est sûr, je vais y aller ! » « Midnight Motion, c’est mon groupe préféré. » Des mots encourageants et plein d’amour de la part de ses fans, Sakura en eut des centaines. Elle vit certaines personnes repasser plusieurs fois devant elle et elle les remercia chaleureusement à chaque fois. Sans ses fans, une idole n’était rien. Grâce à eux, elle aura tellement plus d’opportunités et d’offres de travail. D’ailleurs, elle devait bientôt tourner dans une publicité et un gros concert était prévu pour Octobre. Mais ça, c’était encore un secret.
« Nous nous reverrons ! »
Sakura à ses fans, octobre 1998
« Quoi ? Tu ne peux pas me faire ça papa ! Je ne veux pas aller en Angleterre ! Je veux rester ici, avec maman et Kirara. Je vais rester dans mon groupe. Tu ne peux pas m’obliger à partir. Je te déteste !! » Dans tous ses états, Sakura alla pleurer dans sa chambre. Son père venait de lui annoncer qu’il allait retourner en Angleterre et qu’elle venait avec lui. Yoko allait rester au Japon pour s’occuper de sa mère qui venait de tomber malade. Et Kirara, âgée de onze ans, venait tout juste d’entrer à Durmstrang malgré les rumeurs qui s’étaient répandues sur sa sœur. Elle avait encore besoin de Sakura. D’ailleurs, Kirara lui avait dit dans une lettre que Daisuke lui demandait de ses nouvelles et qu’elle lui manquait. Au fond d’elle, Daisuke lui manquait aussi, énormément, mais elle ne l’avait pas revu depuis le fameux jour où elle s’était faite renvoyée. C’était mieux ainsi. Quelques heures plus tard, quand Sakura retourna voir ses parents après s’être calmée, elle leur implora :
« J’irai en Angleterre, mais j’ai plusieurs conditions. Je ne veux pas quitter le groupe. Je vais demander à faire une pause. Je veux le réintégrer si… si ça ne fonctionne pas à Poudlard. Et laissez-moi au moins participer au grand concert d’octobre avant de partir. » Xavier et Yoko acceptèrent. Poudlard était toujours en ruines et ils avaient encore besoin de discuter de l’intégration de leur fille à l’école britannique avec le prochain directeur.
Le jour du dernier concert de Sakura arriva plus vite qu’elle ne l’aurait voulu. Personne ne le savait encore parmi les fans. Les managers et les autres membres du groupe étaient au courant. Après la première chanson, les membres s’alignèrent sur scène. C’était la plus grande salle qu’elles avaient pu remplir jusqu’à présent. Des milliers de lumières éclairaient le public aux couleurs des différentes membres du groupe. Le rose, couleur de Sakura, était très présent, contrairement à ses débuts. Elle fit un pas en avant et s’avança. Le silence se fit.
« J’ai une annonce à vous faire. » De l’agitation se fit sentir dans la salle. Cette phrase n’était jamais bonne. Le pire cauchemar d’un fan est de voir son idole quitter le groupe. Dans ce genre de groupe, c’était fréquent.
« Rassurez-vous, je ne vais pas quitter les Midnight Motion, mais… dès demain, je serai en pause. » Les larmes commençaient à lui monter aux yeux. La scène, les fans, les membres, l’amour de tout le monde allaient lui manquer.
« C’est soudain, mais je pars faire des études à l’étranger. Je vais apprendre l’anglais. Quand je reviendrai, je ferai de mon mieux pour que le groupe soit non seulement le plus connu du Japon, mais aussi à l’étranger. » Bien sûr, Sakura parlait déjà anglais, avec un léger accent japonais, mais ça, les fans ne le savaient pas. C’était une bonne excuse pour pouvoir garder un pied dans le groupe. Non loin d’elle, Kaho était effondrée. Et les fans aussi. Le public s’était paré de rose et un océan de lumières couleur cerisier envahit la salle. Elle ne réussit plus à retenir ses larmes.
« Ne m’oubliez pas, d’accord ? Kaho, je te confie mes fans adorés. » Le reste du concert fut fort en émotions. Sakura profita de chaque minute, de chaque chanson. Elle échangea des moments de complicité avec ses amies en se demandant si elles seraient toujours là quand elle reviendrait. Kaho allait beaucoup lui manquer. A Poudlard, Sakura ne pourrait pas garder le contact avec le monde des moldus, sauf pendant les vacances.
« Nous nous reverrons ! » Prononça-t-elle avant de quitter la scène.
« Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle, Serpentard. »
Choixpeau aux élèves, septembre 1999
Là où à Durmstrang il avait des Fratries, à Poudlard il y avait des maisons. Elles étaient au nombre de quatre : Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle. Le jour de la cérémonie de répartition des nouveaux élèves dans ces maisons, Sakura sentit l’excitation dans l’air ambiante. Non seulement de ces élèves, mais aussi des anciens. Ils se demandaient qui ils allaient accueillir dans leurs rangs. Sakura quant à elle était toujours en colère d’avoir été obligée de déménager et d’aller à Poudlard, mais d’un autre côté, elle ressentait une sorte d’admiration pour cet enthousiasme et cette ambiance festive. A Durmstrang, la cérémonie de répartition se déroulait face au directeur et à un mannequin en bois qu’ils devaient détruire pour savoir dans quelle Fratrie ils atterriraient. Tout ce dont elle se souvenait, c’était la peur qui l’avait envahi au début de cette cérémonie quand les regards s’étaient tournés vers elle et l’euphorie qu’elle avait ressenti en jetant son premier sort d’une puissant incroyable. L’ambiance à Poudlard en rien comparable. L’atmosphère qu’il y avait dans la grande salle ce jour-là à Poudlard l’intrigua. Pour Sakura, peu importe la maison où elle allait atterrir, elle ne comptait pas rester ici de toute façon. Son père était celui qui avait insisté et elle avait fini par accepté à condition qu’elle puisse réintégrer les Midnight Motion si ça ne se passait pas bien à Poudlard. Plutôt maline, elle comptait bien réussir à ce que ça ne se passe pas bien à l’école de sorcellerie britannique pour retourner au plus vite dans son pays. Son plan se déroulait en plusieurs étapes : devenir la plus nulle des élèves en cours, énerver les professeurs, énerver certains camarades, finir par se faire renvoyer ou gentiment mettre à la porte. A Durmstrang, on ne se gênait pas pour se disposer des maillons faibles pour une simple petite erreur comme on s’était disposé d’elle. Alors peut-être qu’à Poudlard, on ne voudrait plus d’elle non plus sans qu’elle ait à jeter un autre sortilège impardonnable. Elle allait devenir la plus insupportable des élèves pour ses professeurs. Enfin, ça c’était le plan qu’elle s’était imaginée dans l’avion qui l’avait emmenée de Tokyo à Londres. Est-ce qu’elle allait le mettre à exécution ? Est-ce qu’elle finirait par s’intégrer et finalement par vouloir rester à Poudlard ? Est-ce qu’elle mettrait un jour sa carrière au second plan et oublierait ses ambitions et ses rêves de célébrité ? Réponse au prochain épisode… En attendant, elle allait commencer sa sixième année au château.