Cela faisait déjà un mois qu’elle était animagus. Un mois. Que le temps passe vite… Et dire qu’à la base, elle ne comptait pas quitter le domaine de la théorie, et qu’elle n’était passée à la pratique qu’à cause d’un crétin qui lui avait dit qu’elle n’y arriverait jamais. L’animagie, c’est quelque chose d’extrêmement compliqué. Pour qui se prenait-elle, à penser pouvoir réussir ? Alors elle s’était accroché. Et, au final, avait réussi. Presque toutes les nuits maintenant, elle se transformait en renard roux pour déambuler librement dans le parc de Poudlard, où elle avait fini par rencontrer Tom, une panthère des neiges, animagus tout comme elle, et une nuit animale dans la forêt interdite les avait rapprochés plus qu’une vie humaine où que ce soit. Ils avaient vu des licornes, et affronté un chien à trois têtes qui avait failli les tuer tous les deux. Mais aucun n’avait abandonné l’autre, même si, l’espace d’un instant, la renarde en elle avait pris le contrôle pour s’enfuir. Ils avaient finalement réussi à jeter le chien à trois têtes dans les pattes d’un jeune géant, avant de s’enfuir à toute allure vers le château rassurant. Cette aventure les avait liés, car ni l’un ni l’autre n’avait songé à abandonner son camarade, et ils étaient même revenus en arrière, s’exposant au danger, pour s’assurer que l’autre survive. Ils s’étaient revus, après ça, mais ils n’avaient plus pris le risque de s’enfoncer dans la forêt, restant à sa lisière pour se mettre à l’abri en cas de danger trop important. A chacune de ses nuits de transformation, la renarde filait vers leur lieu de rendez-vous, un arbre un peu excentré des autres où la terre était meuble. Ils avaient leur code : chacun avait laissé son empreinte dans la terre meuble, et quand ils arrivaient, ils la mettaient à jour pour la rendre plus nette, indiquant à l’autre qu’ils étaient là. Parfois, Katarina n’y allait pas, épuisée par sa journée et le manque de sommeil. Parfois, c’était Tom qui n’était pas là. Parfois, ils se croisaient quand l’un ou l’autre rafraîchissait son empreinte. Ça les faisait rire. Et ils restaient ensemble pour la nuit.
Mais plus le temps passait, plus elle s’inquiétait. Non pas de savoir qui était l’humain sous la panthère ; elle passait de bons moments avec lui et avait décidé de ne pas s’en préoccuper, puisque de toute manière, elle ne saurait probablement jamais qui était son camarade de la nuit. Elle s’inquiétait, parce que ça faisait un mois qu’elle était animagus, et qu’elle n’était toujours pas déclarée. Or, être animagus non déclaré, c’est illégal, donc elle était une hors-la-loi. Le souci, c’est qu’elle ne savait absolument pas comment faire. Avec les nouvelles règles en vigueur, il lui était impossible de se rendre seule au ministère de la magie. Peut-être pouvait-elle leur envoyer un hibou ? Mais à qui, alors ? Surtout que de plus en plus de gens commençaient à être au courant. La professeure d’Occlumancie, bien sûr, qui l’avait lu dans sa tête mais qui n’intervenait pas, lui offrant tout de même silencieusement son aide. La professeure d’astronomie, qui était sa directrice de maison, à qui elle s’était confiée dans un moment de faiblesse en pensant qu’elle pourrait l’aider. Elle regrettait, maintenant, mais le mal était fait. Et bien sûr, il y avait cet Auror, Aldous Koch. Elle ne savait pas s’il avait vraiment compris, ou s’il la suspectait, mais il ne la lâchait pas, et ça lui mettait les nerfs en pelote. Alors, bien décidée à se déclarer, la jeune russe avait de nouveau emprunté des livres à la bibliothèque, en plus du registre des animagus déclarés mis en libre service par le ministère. Pas stupide cependant, elle avait attendu que tous montent se coucher pour se plonger dans ses recherches. Tous les Gryffondor n’étaient pas des personnes bienveillantes, et elle ne tenait pas à s’attirer plus d’ennuis qu’elle n’en avait déjà.
Emprunter la liste des animagus déclarés s’était avéré être une perte de temps. Mis à part les noms des animagus, elle n’apprenait rien. Que lui importait d’apprendre qu’un type du nom de William Sayre se transformait en corbeau, ou qu’une Lisette de Lapin se transformait en lapin blanc ? Elle la parcourut cependant, souriant en reconnaissant le nom de certains de ses professeurs. Celui de métamorphoses, cobra royal, ou de défense contre les forces du mal, chat. Elle passa rapidement sur les autres animagis, pas vraiment intéressée par ce qu’elle lisait, découragée en se disant qu’elle ne trouverait jamais de réponse là-dedans. Qui faucon, qui once, qui gerbille, qui – stop. Son regard chocolat remonta frénétiquement d’une ligne pour s’arrêter sur le mot qu’elle avait survolé avec indifférence. Once. Once, soit panthère des neiges. Soit Tom qui jouait toutes les nuits avec elle. Avait-elle trouvé son camarade nocturne ? Ou s’agissait-il d’un autre ? Son regard vola jusqu’au début de la ligne pour saisir le nom humain de l’once. Et son coeur rata un battement tandis que ses yeux s’ouvraient en grand et que le souffle lui manquait. Non… C’était impossible. Ca ne pouvait pas être lui. Et pourtant… Et pourtant, n’était-ce pas son nom qu’elle lisait, noir sur blanc, sur le registre officiel des animagus déclarés que tous les pays se partageaient ?
Skye Mikaïlovich Krushnic (once). Première transformation à quinze ans, à Beauxbâtons.
Sous le choc, elle s’était levée de son fauteuil, comme un diable surgi hors de sa boîte. Mais il n’y avait personne dans la salle commune. Elle était seule. Elle se laissa tomber dans le fauteuil, ne pouvant détacher son regard de ce qu’elle lisait. C’était Tom. C’était Skye. Skye était la panthère avec laquelle elle passait ses nuits, qui lui avait sauvé la vie, et pour qui elle avait risqué sa vie afin de sauver la sienne. Elle n’avait plus les mots. Elle ne trouvait rien à dire. Le hasard était formidable, et l’avait un peu plus rapprochée de son camarade de maison. Camarade de maison, qui, d’ailleurs, venait de franchir la porte de la salle commune, semblant se ficher pas mal du règlement imposé par le directeur et du couvre-feu qu’il n’avait pas respecté. Leurs regards se croisèrent, et comme une voleuse, la russe replongea la tête dans sa feuille, où ses yeux accrochèrent à nouveau le nom du Gryffondor qui lui faisait face. Gryffondor qui, à présent, s’avançait vers elle, et pas pour lui demander de ne parler de sa sortie nocturne à personne. Ca aurait été insultant. Bien entendu qu’elle ne dirait rien. Il voulait lui parler d’autre chose, même si elle ne savait pas de quoi.
Mais il ne faudrait pas longtemps avant que son regard ne tombe sur la liste officielle des animagus.
Il n’était pas bien difficile de s’éclipser dans les dédales du château. Skye avait quitté en silence la cohorte de Gryffondors raccompagnés par un unique professeur débordé. L’idée de devoir retourner dans une salle commune bruyante et comble lui donnait la nausée. Il avait besoin d’être seul, de réfléchir. Le griffon avait erré pendant un certain temps avant de se laisser glisser contre le mur d’un escalier en colimaçon si étroit que ses épaules effleuraient les pierres des deux côtés. Il ne se rappelait pas avoir jamais mis les pieds ici mais ça lui importait peu. Il avait besoin d’être seul. Un endroit minuscule comme celui-ci le calmait. Il avait l’impression de pouvoir s'y terrer à jamais, se blottir contre les pierres glacées. Ça avait quelque chose de réconfortant. Dans sa tête, les émotions se bousculaient. Il y avait tant de choses qui n’allaient pas. Ariel, en premier lieu. Elle souffrait. Skye pouvait le voir dans son regard. Elle tentait de le lui cacher mais il n’était pas dupe. Le griffon tentait tant bien que mal de trouver une solution à la condition de sa sœur mais, jusqu’ici, chaque essai de potion pour amoindrir la douleur se soldait par un échec. De plus en plus, Skye entendait parler de solutions de facilité. De magie noire. Cette simple idée le révulsait. Mais elle ne cessait de tournoyer dans son esprit. La fin ne justifie-t-elle pas les moyens ? Non, non. Mais si cela pouvait soulager Ariel, l’apaiser… Skye donna un coup de poing dans le mur qui lui faisait face. La douleur remonta jusqu’à son épaule. Il s’en moquait. Son esprit était légèrement plus clair. Skye s’efforça de penser à autre chose. Quelque chose d’heureux. Mais son esprit s’envola vers le sourire de Katarina. Et un nom. Kamen. Kamen Yordanov. Skye n’avait mis un visage sur ce nom que très récemment. Il devait bien l’avouer, le serpent était très beau. En l’occurrence, il lui aurait paru bien plus sympathique avec un poing dans la gueule. Au début, sidéré d’entendre dans les couloirs deux pipelettes parler des fiançailles de Katarina avec un mec trooooop sexxyyyy, il n’avait pas cherché plus loin. Avant de retourner vers ces filles, quelques jours plus tard, pour leur demander plus de précision. Elles ne savaient rien, juste que Kata était trop jolie et qu’un certain Kamen, trop canon, était son fiancé. Depuis, le griffon l’avait vu et détesté instantanément. Cela le surprenait lui-même. Bien sûr, il savait qu’il appréciait Katarina. Il ne s’attendait cependant pas à une telle déception, ni à autant de jalousie. Ses sentiments semblaient de plus en plus incontrôlables. Frustré, il tentait de s’intéresser à d’autres personnes. Et si quelques filles attiraient immanquablement son regard, quelques garçons aussi. Il ne comprenait plus rien. Ses émotions n’avaient plus de sens. Il avait l’impression de subir tout ce qu’il ressentait plutôt que de réussir à les gérer. Le seul point positif de ces dernières semaines, c’était Vixy. Une petite renarde, une animagus. Ils s’étaient rencontrés il y a quelques semaines dans la Forêt Interdite. Leurs âmes s’étaient liées irrémédiablement. Ils avaient chacun risqué leur vie pour l’autre. Et chaque nuit passé en sa compagnie permettait à Skye d’oublier le tourbillon de sentiments qui ravageait son esprit.
Skye se leva. Il était trop fatigué ce soir pour rejoindre Vixy. Il fallait qu’il aille se reposer. Afin d’enfin calmer son esprit bouillonnant. Se dirigeant vers la salle commune, le griffon se promit cependant de sortir le lendemain pour voir la renarde. Il se promit aussi de confronter Katarina au sujet de ses fiançailles. Tant pis s’il avait l’air désespéré. Il ne pouvait plus supporter cette situation. Il voulait entendre la version de son amie, il voulait savoir s’il s’était inventé un intérêt réciproque. Skye n’avait plus peur de dévoiler ses sentiments. Ils le rongeaient de l’intérieur, il fallait qu’ils s’échappent enfin pour qu’il puisse à nouveau respirer. La Grosse Dame lui jeta un regard sévère. Il lui sourit d’un air faussement piteux et elle lui lança un clin d’œil. Elle avait vu des générations de Gryffondors passer devant elle, le non-respect d’un couvre-feu ne l’impressionnait guère. Skye entra dans la salle commune et jeta un coup d’œil à l’unique personne assise dans un des larges fauteuils rouge et or. Katarina. Bien sûr. Leurs regards se croisèrent. Il sourit. Katarina baissa précipitamment les yeux dans ses feuilles. Son cœur manqua un battement. Son cœur humain manqua un battement. Son cœur d’once accéléra, furieux. Elle ne l’avait même pas salué. Elle n’en avait rien à faire de lui. Comment avait-il pu imaginer qu'il y avait quelque chose entre eux ? Se mordant les lèvres, il dut faire un effort surhumain pour ne pas fuir dans son dortoir. D’un pas qui se voulait décidé, il s’approcha de Katarina et tenta de prendre un ton léger.
« Hey, Kat ! Tu n’as pas entendu parler du couvre-feu ? Il est interdit d’être debout à cette heure-ci. »
S’asseyant à ses côtés, il prit un air plus sérieux. Il fallait qu’il lui parle. Maintenant. Tant pis si ça brisait leur amitié. De son côté, il était prêt à faire un effort, à passer au dessus de ses sentiments. Mais il ne pouvait plus les cacher.
« Dis, je sais pas comment j’en avais jamais entendu parler, vu qu’apparemment tout le monde le sait, mais j’ai entendu … »
Sa voix mourut. Son regard fuyant avait accroché le titre de ce qu’elle lisait. Registre des animagus déclarés. Il avait cru qu’elle étudiait. Il s’était trompé. Son cerveau refusait de fonctionner, son corps se glaça soudain. Il savait que ce registre était à la libre disposition de qui veut. Il savait que son état d’animagus était loin d’être un secret bien gardé. Il avait délibérément pris cette décision en se déclarant. Pourtant, sans savoir pourquoi, il se sentait en danger.
« Qu’est-ce que… Pourquoi tu lis ça ? »
Sa voix s’était étranglée. Il était incapable de cacher le moindre de ses sentiments. Pourquoi s’intéressait-elle à ce registre ? Et surtout, avait-elle déjà lu son nom ?
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Consumed by the shadows
Sam 8 Avr - 18:00
En quelques pas, Skye fut à ses côtés, et la russe, figée, ne pouvait que garder les yeux sur son parchemin, ne réussissant pas à lever les yeux vers lui. Plus il s’approchait, et plus elle sentait ses doigts se serrer autour du parchemin, et son cœur s’accélérer progressivement. Bientôt, il fut là, à ses côtés, et elle eut l’impression que son palpitant allait bondir hors de sa cage thoracique. Il fallait qu’elle se calme. Surtout qu’il venait de prendre la parole d’un ton léger, la taquinant en lui disant qu’avec cette histoire de couvre-feu, elle n’avait pas vraiment le droit d’être ici. C’était un peu l’hôpital qui se fichait de la charité, mais étrangement, cela lui tira un rire aussi involontaire que nerveux. Il semblait ne pas avoir remarqué son trouble, heureusement pour elle.
« Je ne pense pas que tu sois le mieux placé pour me dire ça. »
Elle esquissa un léger sourire amusé. Il rentrait dans la salle commune au moins une heure après la tombée du couvre-feu, et il osait lui dire une chose pareille ? Skye ne changerait jamais. Redevenant sérieux, il s’assit à côté d’elle, et elle tourna la tête vers lui, tentant de rester naturelle. Il était beau. C’était étrange de penser à ça maintenant, mais il était beau. Il dégageait quelque chose de magnétique, presque animal, qui poussait les gens à le regarder et à le considérer avant de s’en prendre à lui. Il reprit la parole, et l’espace d’un instant, Katarina oublia ce qu’elle tenait dans les mains pour se focaliser sur lui. Il avait l’air soucieux, et mal à l’aise. Avait-il des problèmes ? Il commença à parler, mais il s’arrêta, et pâlit. Son regard venait de tomber sur la liste des animagus, et cela le figea. La russe se fit violence pour ne pas brusquement cacher le parchemin ou pour se mordre la lèvre, ce qu’elle faisait quand elle était gênée. La liste des animagus était mise à disposition de tous, elle avait donc le droit de la lire. Aurait-il été si gêné, si horrifié, si le Skye Krushnic de la liste n’avait pas été lui ?
« Alors… Alors c’est toi ? »
Les deux sorciers se regardèrent, et dans ses yeux sombres, elle lut la réponse à sa question. C’était lui. Il était le Skye Krushnic de la liste des animagus. Il aurait pu s’agir de quelqu’un d’autre : dans les grandes familles, il n’était pas rare que les noms reviennent. Chez les Azarov, elle était la quatrième à porter le prénom Katarina. Il aurait pu en être de même chez les Krushnic. Mais tout, dans son attitude, indiquait que c’était lui. C’était donc aussi lui, dans la forêt interdite ? Katarina avait du mal à y croire. C’était… Impossible. Quelles étaient les probabilités pour que le destin les mette à plusieurs reprises sur la route de l’un et de l’autre ? Et pourtant ! Skye était la seule once du registre officiel. Il pouvait s’agir d’un autre sorcier, animagus non déclaré, mais les chances pour qu’il y ait deux onces à Poudlard étaient quasiment faibles, voire même nulles.
« Mais… Attends… Si c’est toi… Ça veut dire que, depuis tout ce temps… En fait, c’était toi ? »
Incompréhensible pour le commun des mortels, cette phrase prenait tout son sens dans l’esprit de la Gryffondor. Skye était l’once. L’once était Skye. La panthère des neiges qui lui avait sauvé la vie, et dont elle avait sauvé la vie, c’était le garçon dont elle était amoureuse. Si elle n’avait pas été aussi choquée, elle aurait sans nul doute rougi, mais pour le moment, son esprit peinait à remettre en ordre tout ce qu’il avait appris. Avec lenteur, elle posa le listing des animagus sur la table, et elle se leva de son siège sans quitter le Gryffondor des yeux.
« J’arrive pas à y croire… J’ai passé plusieurs jours à me demander qui ça pouvait bien être, si on pouvait aussi devenir amis dans la vraie vie, et pas seulement dans le silence de la nuit, à quoi il ressemblait, ce qu’il aimait, et en fait… L’once, c’était toi ! »
Katarina éclata de rire, et la renarde joignit son rire au sien tandis que la métamorphose commençait. En l’espace de quelques secondes, la sorcière avait disparu, remplacée par une renarde rousse surexcitée, qui sautillait sur place en jappant de bonheur. D’un bond, elle fut sur la table, un bond encore, elle atterrit souplement sur le canapé, tendant la tête pour plonger son regard chocolat dans celui de son ami. Maintenant, elle le reconnaissait. C’était lui. Çà avait toujours été lui, et au fond d’elle, elle l’avait toujours su. Le regard, surtout : il y avait dans le regard de l’once la même douceur que dans celui de Skye quand il posait les yeux sur elle. Elle avait juste posé un voile sur cette information, que la renarde savait mais que l’humaine n’avait su comprendre. La renarde jappa une nouvelle fois, et se retransforma en sorcière. Mais dans les yeux de Katarina brillaient le même bonheur, celui d’avoir découvert l’identité de son ami félin.
« Quand je pense que je cherchais sur la liste pour trouver quelqu’un qui pourrait m’aider ! Je ne suis pas déclarée, je ne sais pas comment faire mais je veux le faire, alors, tu vois, j’ai emprunté plein de bouquins et la liste des animagus… Et je t’ai retrouvé ! Je suis tellement contente ! »
Sans réfléchir, elle s’élança vers lui, et ses bras se refermèrent autour du Gryffondor. Il sentait bon. La renarde reconnaissait son odeur, maintenant. C’était bien l’odeur de l’once qui collait à la peau de Skye. Se rendant compte de ce qu’elle venait de faire, elle recula en rougissant, et en toussotant, elle se rassit convenablement, très gênée de sa perte involontaire de contrôle.
« Hrrrm… Désolée. C’est juste que… Enfin bon. Tu… Tu voulais me dire quelque chose ? »
Skye n’avait pas pu s’empêcher de se sentir amusé à la réponse de Kata. Effectivement, il n’était pas bien placé pour parler du couvre-feu. À tant de niveaux. Il aurait bien continué à plaisanter mais il savait qu’il fallait se jeter à l’eau. Mettre les choses à plat avec Katarina. C’était la seule manière de conserver leur amitié, de pouvoir continuer à rire ensemble et se taquiner. Car pour l’instant son cœur se brisait à la simple vue du sourire de la jolie rousse. S’asseyant à ses côté, il avait donc commencé à parler. Jusqu’à ce qu’il le voie. Le registre d’animagi déclarés. Skye s’était embrouillé, ses cœurs s’étaient emballés. Il n’arrivait pas à cacher sa confusion. Dépité, il réalisa que même si elle n’avait pas encore lu son nom, Katarina ne tarderait pas à comprendre la raison de son trouble. Mais elle avait déjà lu son nom. Elle lui demanda si c’était lui. Skye soupira et s’enfonça dans le fauteuil, les bras croisé. Il soutint son regard sans ciller. Le giffon tenta de se calmer. Ce n’était que Katarina, ce n’est pas comme si c’était grave qu’elle apprenne son état d’animagus. Il acquiesça donc, une petite moue boudeuse sur les lèvres. Il ne lui fit pas l’offense de lui faire promettre le silence. Il savait que Kat lui serait loyale. Ce qui n’améliorait pas forcément son humeur, se sentant inexplicablement vulnérable devant la personne qu’il aimait et qui en aimait un autre. Il ne savait pas quoi dire, trop déconcerté par la tournure qu’avait prise leur conversation. Et ça n’allait pas s’arrêter là. Katarina le regardait d’un air visiblement choqué. Il haussa un sourcil, un petit sourire au bord des lèvres. Trouvait-elle choquant qu'il puisse réussir l’exploit de devenir animagus ? Mais la griffonne ne réagit pas à sa moue moqueuse, elle s’étranglait de surprise dans une phrase qui n’avait aucun sens. Depuis tout ce temps ?
« De quoi tu parles … ? Qu'est-ce que j'étais depuis le...»
Il s’arrêta au milieu de sa phrase. Son regard venait de capter l’éclat chocolat des prunelles de Kat. Skye se redressa sur son fauteuil, sidéré. Kat se leva avec lenteur, le fixant de ces yeux reconnaissables entre mille. Les yeux de Vixy. Skye n’arrivait pas à détourner le regard. C’était impossible. Il s’imaginait des choses. La griffonne le contredit, se lançant dans une tirade qui ne laissait que très peu de doute. Ainsi, Vixy avait partagé ses questionnements ? Ainsi, Vixy avait voulu savoir ce qu’il aimait, ce qu’il faisait ? Ainsi, Vixy… c’était Katarina. Katarina éclata de rire qui termina en un glapissement aigu tandis que Vixy se mit à sauter dans la Salle Commune.
« Putain… »
Skye se tenait sur le bord du fauteuil. Il en tombait presque de surprise. Il avait l’impression que son cerveau tournait dans le vide. Il ne pouvait s’empêcher de sourire et un rire nerveux le secouait. Comment n’avait-il pas reconnu les prunelles de Kat ? C’était pourtant si évident ! Il se sentait à la fois joyeux et incroyablement triste. Katarina était officiellement parfaite. En plus d’être gentille, ouverte d’esprit et géniale de manière générale, voilà qu’elle était assez tenace pour devenir animagus et qu’en plus de ça elle était assez courageuse pour affronter un Cerbère pour sauver un inconnu. Pour le sauver, lui. Elle était parfaite. Et en aimait un autre. Putain. Skye inspira un grand coup et décida de ne pas se focaliser là-dessus pour l’instant. Il rencontrait Vixy, il l’avait voulu dès leur première rencontre. C’était ce qui importait pour l’instant. Katarina se métamorphosa à nouveau. Elle semblait comblée, plus heureuse que jamais. Skye ne put s’empêcher de sourire. Elle lui expliqua d’un air surexcité pourquoi elle regardait la liste des animagi déclarés avant de se jeter dans ses bras. Le griffon cru mourir un peu. Skye ne comprenait pas grand chose à ce qui se passait. Il savait Katarina trop honnête pour jouer avec ses sentiments mais pourtant il avait l'impression d'être balotté dans tous les sens. Ce n'était pas une raison pour cracher sur ce calin surprise. Les cheveux roux de la jeune fille lui caressèrent la nuque, son odeur –si semblable à celle de Vixy, c’était désormais évident- lui remua le ventre. La serrant doucement contre lui, il se demanda s’il pouvait décemment la garder contre lui pour toujours et ne plus jamais la laisser partir. Mais elle se dégagea, en toussotant, visiblement un peu gênée. Skye lui servit un sourire un peu moqueur devant son malaise. Elle lui demanda maladroitement ce dont il avait voulu lui parler.
« Ça peut attendre cinq minutes, j’ai trop de questions à te poser ! J’arrive pas à le croire ! Je suis aussi super content ! J’étais sûr que Vixy était quelqu’un de bien… ahah, je t’avais surnommé Vixy, c’est une renarde dans un dessin animé moldu. Tu as les mêmes yeux que sous ta forme animale, j’aurais dû le deviner de suite ! C’est incroyable ! »
Skye gigotait sur le fauteuil, incapable de rester en place. Il tentait d’organiser ses pensées. Il lui parlerait de Kamen après, il savait désormais que Kat et lui resteraient amis quoiqu’il arrive et il désirait parler de Vixy pour l’instant. Il fallait commencer par les questions les plus simples.
« Depuis combien de temps t’es animagus ? »
Le cœur de la panthère battait rapidement dans sa poitrine humaine, heureuse d’avoir retrouvé son amie.
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Consumed by the shadows
Lun 10 Avr - 17:40
Quoi qu’il ait eu envie de lui dire, Skye venait de décréter que ça pouvait attendre. Leur animagie commune semblait le secouer plus qu’elle ne l’aurait cru. Il était heureux, et cela se voyait. Lui aussi avait sans doute cherché qui était la renarde avec qui il passait ses nuits, et apprendre que c’était elle devait lui faire un choc, comme elle-même était choquée de voir que la panthère des neiges était son beau français. D’un ton joyeux, il lui affirma qu’il était persuadé, depuis le début, que Vixy était quelqu’un de bien. La jeune russe leva les sourcils, surprise. Vixy ? La réponse lui fut fournie assez vite : apparemment, Vixy était une renarde dans un dessin animé moldu. Ca ne l’avançait gère, mais son assiduité en étude des moldus lui permit de comprendre ce qu’il disait. Chez les moldus, les dessins animés, c’étaient les images qui bougeaient que les enfants regardaient, et ça racontait une histoire. Un peu comme un livre, mais sans mots, et avec des images projetées sur un écran. Elle n’avait jamais vu de dessin animé, et quelque part, elle était surprise que Skye, qui appartenait tout de même à la dure famille des Krushnic, ait pu en regarder quand il était petit. Cependant, bien qu’elle n’ait pas l’entière référence, elle ne put s’empêcher de sourire, amusée.
« Depuis un mois ! Franchement, j’ai commencé complètement par hasard. On avait parlé d’animagie en métamorphoses, on avait un devoir sur ça, donc j’ai commencé à étudier le sujet, puis je me suis demandée comment les animagus passaient d’un stade à l’autre et quelle magie ils employaient pour ça... »
Elle parlait comme une Serdaigle, mais elle s’en fichait. De toute manière, Skye était aussi travailleur qu’elle. Pas le choix, quand on veut devenir Auror ! Et puis, l’intérêt de la russe pour la magie n’était pas un secret pour ses amis. Peu, cependant, savaient qu’elle aspirait à devenir langue-de-plomb. Skye n’en faisait pas partie, cela étant, puisque, autour d’un verre, ils avaient parlé de leurs projets futurs.
« Un crétin a sous-entendu que je n’y arriverai jamais, parce que c’est extrêmement compliqué et que ce n’est pas à la portée de n’importe qui… Ou plutôt d’une gonzesse, en fait. Du coup ça m’a piqué au vif et je suis passée de la théorie à la pratique. Et… J’ai fini par réussir, malgré quelques erreurs de parcours. »
Elle sourit à nouveau sans entrer dans les détails. Préciser que ça avait été extrêmement douloureux, qu’elle s’était transformée en monstre anthropomorphe, mi-sorcière mi-animal, ne servirait à rien. Lui aussi était passé par là. Lui aussi avait vu son physique se dégrader pendant ses essais, les nuits où l’orage claquait dans les cieux. Lui aussi avait senti un deuxième coeur naître dans sa poitrine et battre en décalé du vrai, si bien qu’en quelques mois il était impossible de savoir lequel était le vrai et lequel était le faux. Ils entendraient toujours les deux coeurs, à présent, et ce jusqu’à leur mort. Mais si eux entendaient les deux coeurs, qu’entendaient les autres ?
« Tu… Tu permets ? Je voudrais vérifier quelque chose… »
Presque avec timidité, elle leva une main, et la posa sur le torse du Gryffondor, tentant de ne pas rougir de son geste. Certes, le tee-shirt séparait ses doigts de la peau de Skye, mais étrangement, cette fine barrière lui semblait trop fragile pour être prise en compte. Tentant de ne pas se laisser déconcentrer, elle appuya doucement sa main, et sentit vite le coeur du Gryffondo pulser sous ses doigts. Un seul coeur. La deuxième main rejoignit la première, du côté droit cette fois. Peut-être avait-il réellement deux coeurs ? Peut-être qu’elle aussi ? Mais non. Sa main gauche ressentait les soubresauts du coeur de Skye, et la main droite son faible écho. Presque à regret, elle ôta ses mains du torse de son ami, et se rassit comme elle le pouvait, ne réussissant pas à cacher complètement son trouble.
« Un seul coeur… Je voulais juste m’en assurer. »
C’était extrêmement gênant. D’un geste nerveux, elle replaça une mèche derrière son oreille, et leva à nouveau la tête vers Skye. Elle n’arrivait pas à croire que la panthère, c’était lui. Ils savaient maintenant que leur amitié allait au-delà des mots, puisqu’ils s’étaient mutuellement sauvés la vie sans même savoir qui était l’autre. Ils n’auraient plus besoin d’empreintes de pattes pour se retrouver à présent, un simple regard partagé leur suffirait à comprendre que l’un ou l’autre comptait se promener cette nuit.
« Et toi, tu l’es depuis quand ? Non, ne réponds pas, j’ai déjà ma réponse… »
Elle eut un nouveau sourire. Quinze ans. C’était extrêmement jeune pour un animagus. Elle doutait qu’il ait attendu avant de se déclarer, sachant que son respect de la Loi avait dû le pousser à se manifester le lendemain de sa première transformation, si ce n’était pas le jour même.
« Quinze ans, ça fait plutôt jeune pour un animagus. Qu’est-ce qui a pu te pousser à tenter l’expérience aussi tôt ? Est-ce que c’est… A cause de la prétendue malédiction des Krushnic ? »
Elle allait trop loin. C’était une question indiscrète, et elle ne s’en rendit compte qu’après l’avoir posée. Mais s’il lui répondait oui, cela signifiait que la malédiction était réelle. Zoya était-elle maudite, elle aussi ?
Un mois. Katarina était donc une toute jeune animagus. Leur rencontre dans la forêt interdite datait d’à peu près cette période et devait donc être l’une des premières sorties de la renarde. Des licornes, un géant et une attaque par un Cerbère, c’est ce qu’on appelle un baptême par le feu. Skye était d’autant plus impressionné qu’elle ait réussi à garder le contrôle de la renarde dans cette situation catastrophique et ce malgré son manque d’expérience. Mais comme elle le prouvait à l’instant en lui expliquant ce qui l’avait motivé à devenir animagus, Katarina avait un caractère bien trempé. Skye rigola doucement en imaginant Kat se plonger dans la pratique de la métamorphose dans le simple but d’avoir raison. En même temps, il trouvait très triste qu’on lui ait dit qu’elle n’arriverait pas à accomplir cette magie parce qu’elle était une femme. À quelle époque vivait-on ? Avait-elle réellement besoin de prouver quoique ce soit ?
« Eh bien toutes mes félicitations ! Je sais que tu adores la théorie derrière la magie et que tu aimes toujours tout comprendre mais j’espère que l’animagie t’as aussi donné le goût de la pratique. »
Skye lui sourit tendrement. Il comprenait l’amour de la théorie, il était lui-même l’un des meilleurs élèves de sa classe depuis sa première année et ça tenait de son obsession pour les détails et la compréhension. C’était cette assiduité à comprendre la conception d’un sortilège qui lui permettait aujourd’hui de tenter d’aider Ariel. La théorie, il l’appréciait. Mais la pratique, c’était ce qui le poussait vers l’avant. S’il devait choisir entre comprendre le principe de l’animagie et pouvoir se métamorphoser en panthère, voir ses sens décuplés, ses muscles renforcés, il savait déjà que son choix se porterait sur la transformation plutôt que la compréhension. Bien sûr, Skye envisageait que ce ne soit pas le goût de tout le monde. Il était dans l’action, dans l’efficace. Il serait Auror, Kata serait Langue-de-Plomb.
La griffonne lui sourit avec une certaine timidité, lui demandant si elle pouvait poser sa main sur sa poitrine. Skye ne répondit pas. Bien sûr qu’elle pouvait. Il n’avait pas besoin de mots pour comprendre les raisons qui la poussaient à vouloir ressentir les pulsations de son coeur. Était-il possible que quelqu’un d’autre que lui puisse sentir les palpitations de la panthère ? Sous la main de Kata, Skye sentait ses deux cœurs battre la mesure. Son cœur humain était un peu trop rapide au contact de la fille qu’il aimait. Celui de la panthère, serein, pulsait plus lentement. Katarina fronça des sourcils, posa une deuxième main sur sa poitrine. Skye inspira avec difficulté. Elle semblait n'avoir aucune idée de l’effet qu’elle lui faisait. Le griffon devait se concentrer pour que son esprit ne s’égare pas. Finalement, Kat retira ses mains. Elle semblait gênée mais Skye n’arrivait pas à déterminer si c'était parce qu’elle trouvait étrange un contact intime avec lui ou, qu’au contraire, c'était parce que ça lui plaisait. Apparemment, elle n’avait pas ressenti le cœur de la panthère. C’était plutôt décevant. Comme si une partie de son âme n’était pas reconnue.
« C’est si bizarre. Ce deuxième cœur semble si réel pour moi… je le sentais clairement battre sous tes doigts. »
Skye sourit. Il voulait lui faire comprendre que ce contact avait été loin de le déranger. Au contraire. Kat semblait toujours un peu embarrassée par la situation mais finit par retrouver de la contenance pour lui demander depuis quand il était animagus. Avant de se reprendre. Elle le savait déjà. Bien sûr, ça devait être écrit dans le registre. Un futur Auror ne prend pas le risque de se retrouver dans une si grande infraction que celle d’être un animagus non déclaré. La suite de la conversation prit un tournant que Skye aurait préféré éviter. Il croisa les bras et se cala à nouveau profondément dans le fauteuil. Prétendue malédiction. Elle lui semblait bien réelle, à lui. Un Mage Noir qui a tué sa propre mère, un loup-garou dépressif qui finit par mourir mystérieusement, une jeune sirène dont la peau se transforme en plaies béantes à chaque pleine lune et… Zoya et Skye. Zoya était-elle déjà victime de cette malédiction ? Si oui, Skye ignorait ce qui avait bien pu lui arriver. De son côté, Skye n’avait pour l’instant rien à déplorer. Sauf si sa malédiction consistait à supporter un mariage entre Katarina et un serpent. Ariel risquait d’être jalouse. Le griffon soupira.
« Plus ou moins, oui… »
Il n’avait pas envie de parler de ce côté sombre de la famille Krushnic. Il n’avait pas non plus envie de cacher quoique ce soit à Katarina. Et il n’avait surtout pas envie de donner l’impression qu’il avait honte de son père. À l’époque de son père la potion Tue-Loup n’existait pas et sa condition de lycan était tout aussi difficile que celle de sirène pour Ariel. Mais dans les deux cas, ils restaient des êtres humains formidables. La malédiction attaquait leur chair mais avait du mal à s'en prendre à leur âme. Ce qui n’était pas le cas de Mischa Krushnic. Skye était fier de son père et de sa sœur, il ne désirait en aucun cas qu’on puisse penser le contraire.
« Mon père était un loup-garou et il craignait qu’Ariel et moi soyons un jour… confronté au problème. Dès qu’il a pu, il nous a acheté une baguette, nous entrainé à la magie et nous a fait l'étudier. Je devais avoir quoi… ? Huit ans ? Vers douze ans, j’ai commencé avec lui les essais de métamorphose. Il est mort deux ans plus tard et à partir de ce moment-là j’ai vraiment tout donné. Je suppose que j'avais envie de lui faire honneur et, surtout, de pouvoir me défendre si je croise un jour un loup-garou. »
Skye regardait un point fixe devant lui. Il se demandait ce que Katarina penserait d’une malédiction. Aurait-elle pitié ? Serait-elle effrayée ? Il en doutait. Mais après tout, jusqu’à il y a quelques jours, il n’aurait jamais envisagé qu’elle prévoie un mariage si jeune. Il soupira une nouvelle fois.
« Tu y crois, toi ? Aux malédictions, je veux dire. J’ai lu cette interview de Potter, il disait que la Prophétie à son sujet n’avait été réalisée que parce que Voldemort y avait cru… Tu crois que c’est la même chose avec les malédictions ? Parce que j’ai du mal à accepter qu’une magie noire condamne mon futur … »
Il leva enfin à nouveau les yeux vers Kat. Ses prunelles chocolat, si douces, le rassuraient inexplicablement. Il aimait imaginer que si Katarina continuait à le regarder ainsi, rien de mal ne pourrait jamais lui arriver.
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Jeu 20 Avr - 15:47
Sur ses doigts fins, elle ressentait encore la chaleur de la peau de Skye. C’était extrêmement perturbant, bien plus perturbant que d’apprendre qu’elle n’entendrait jamais son cœur animal. A l’écouter, pourtant, il avait clairement senti ce deuxième cœur battre sous ses doigts, bien qu’elle ne l’ait pas entendu. Elle-même entendait son propre cœur de renarde pulser dans un rythme lent et serein, au contraire de son cœur humain qui battait la chamade sous l’émotion. Entendrait-il, s’il essayait, son cœur d’animagus en plus du cœur humain ? Un instant, elle fut tentée de lui proposer d’essayer, mais elle se retint. Ça ne servirait à rien, sinon les mettre encore plus mal à l’aise. Ils venaient tous deux de découvrir que seuls eux pouvaient entendre leurs cœurs d’animagus, même si une personne dans la confidence tentait l’expérience. D’ordinaire, elle se serait hâtée de le noter quelque part pour ne pas l’oublier, mais elle savait, cette fois, qu’elle ne l’oublierait pas. La douce chaleur sur ses mains était réelle, et elle mettrait sans doute un petit moment à partir.
« C’est peut-être mieux ainsi. Tu imagines ? Quelqu’un qui pose sa main sur ta poitrine et qui entend deux cœurs battre en décalé ? Ce serait tellement étrange… »
Elle esquissa un léger sourire. Elle aurait détesté ça, et d’un côté, même si elle aurait aimé que Skye puisse entendre ses deux cœurs, elle était soulagée qu’il ne le puisse pas. Au final, c’était quelque chose d’intime, quelque chose qu’elle avait pu faire naître à force de travail, et elle savait que si quelqu’un le découvrait, elle aurait alors de gros problèmes. Elle était heureuse, alors, de savoir que même les gens dans la confidence de son don puissent accéder à ses secrets simplement en posant une main sur sa poitrine. Son cœur de renarde resterait cachée de tous. Même de Skye, ou de son frère. Et, une fois encore, c’était beaucoup mieux ainsi. D’un ton léger, les deux Gryffondor reprirent leur conversation. Si elle était animagus depuis seulement un mois, Skye l’était depuis des années. Qu’est-ce qui pouvait pousser un enfant à tenter l’aventure, et à persévérer malgré la douleur, le danger et les échecs consécutifs ? Il fallait beaucoup de volonté pour poursuivre malgré tout ça. Katarina, c’était pour se prouver qu’elle pouvait le faire. Si elle pouvait faire quelque chose de réputé impossible aux jeunes sorciers, car relevant des hautes spires de la magie, alors elle pourrait faire n’importe quoi. Et Skye, alors ? Pourquoi s’était-il lancé là-dedans ? Avait-il, lui aussi, des choses à se prouver ? Ou était-ce pour contrecarrer la prétendue malédiction des Krushnic ?
La question posée, Katarina se traita mentalement d’imbécile. Ça ne la regardait pas, et elle aurait pu choisir de meilleurs mots pour lui demander ça. Skye s’était refermé sur lui-même. Sombre, il avait croisé les bras pour se renfoncer dans le fauteuil, et la Gryffondor s’en voulut. Elle aurait aimé lui dire que ça ne la regardait pas, changer de sujet pour parler d’autre chose… Rien ne vint. Et il reprit la parole pour tout lui expliquer, la faisant se sentir un peu plus coupable de sa question maladroite qui passait pour de la curiosité déplacée. Son père, un loup-garou, avait commencé à leur faire pratiquer la magie, à sa sœur et lui, pour parer à toute éventualité. Sans trop réfléchir, Katarina tendit la main pour la poser sur celle de son camarade, lui faisant passer son soutien d'un simple contact. Elle ne s'effraierait pas d'apprendre qu'il était fils de loup-garou, et elle le trouvait très courageux d'avoir persisté malgré le danger que cela représentait. Il y avait mis du cœur, surtout quand son père était mort deux ans après les débuts de leurs essais infructueux. Elle se demanda comment il était mort. Avait-il été pris dans un combat de loups-garous ? C’était fréquent, parmi les lycanthropes ne prenant pas de tue-loup, ou oubliant de la prendre dans les temps impartis, une semaine avant et une semaine après la pleine lune. Pour lui faire honneur, Skye avait persévéré, malgré la douleur et les doutes, jusqu’à réussir, un an plus tard, à ses quinze ans donc, à se transformer en panthère des neiges. Puis, sans crier gare, il lui demanda son avis. Y croyait-elle, à ces histoires de malédictions ? Choisissant ses mots avec soin, la Gryffondor tenta une réponse.
« Je ne sais pas trop… Malédictions et prophéties, ce n’est pas trop la même chose. Les malédictions viennent de la magie noire, les prophéties des arts divinatoires. C’est parce que Voldemort a cru à la prophétie qu’il a aidé à sa réalisation, en tuant les parents d’Harry Potter et en le marquant comme son égal. Mais s’il n’en avait pas tenu compte ? Aurait-il eu un égal pour le vaincre, ou serait-il encore là à l’heure actuelle ? »
Cette simple idée la fit frémir. Ses parents n’avaient pas pris part à la guerre, mais ce n’était pas bien dur de connaître leurs opinions. Pro sangs-purs, ils se seraient ralliés aux mangemorts dès que ces derniers auraient atteint les frontières de la Russie. Des fois, Katarina se sentait mouton noir dans sa famille, mais elle le faisait de manière tellement subtile que personne ne la tançait pour ça. Avec Voldemort au pouvoir, serait-elle allée à Poudlard ? Aurait-elle rencontré Skye ? Elle préférait l’ignorer, et se concentrer sur cette histoire de prophéties. Elle aussi avait lu l’interview, parce qu’il y parlait du département des mystères, et d’une pièce remplie de milliers de prophéties sous globes de verre, dont certaines ne se réaliseraient probablement jamais puisque les concernés étaient morts depuis des siècles. Les prophéties pouvaient ne pas se réaliser. Mais les malédictions ? C’était un tout autre terrain de jeu.
« Puisqu’on parle de Voldemort… Il paraît qu’il avait lancé une malédiction sur Poudlard. Puisqu’il n’avait pas pu avoir le poste de prof de défense contre les forces du mal, alors personne ne l’aurait. Et depuis, aucun prof n’est resté plus d’un an à ce poste. Ils se sont tous succédé, les uns après les autres, sans jamais rester plus longtemps. Personne, même pas Dumbledore, n’a pu lever cette malédiction. Jusqu’à ce que… »
La Gryffondor se tut, plissant les yeux. Quelque chose lui échappait. S’asseyant en tailleurs sur le fauteuil, elle posa son coude sur son genou et son menton sur sa main pliée. Quelques mèches rousses tombèrent devant ses yeux, mais elle les ignora. Dumbledore n’avait jamais pu lever la malédiction, mais pourtant, tout le monde savait qu’elle n’était plus là. Ça se ressentait dans l’air. Mais qu’est-ce qui avait causé la fin de la malédiction ? La réponse lui sauta aux yeux : la mort du Seigneur des Ténèbres. A sa mort, sa malédiction avait cessé. Elle garda le silence quelques secondes de plus, avant de reprendre la parole, concentrée.
« Jusqu’à ce qu’il meure. Quand il est mort, la malédiction a cessé, de même que le contrôle mental qu’il avait sur les gens soumis à l’Imperium. Ça prouve bien que, magie noire ou pas, une malédiction n’est pas éternelle. »
La solution sous-jacente était donc que pour s’en sortir, il devait tuer Kirill Krushnic. Ni l’un ni l’autre ne l’abordèrent, cependant, comprenant ce que cela signifiait : faire de Skye un meurtrier. Est-ce que ça marcherait, au moins ? La malédiction de Voldemort avait pris fin parce qu’Harry Potter l’avait tué, mais une prophétie les liait l’un à l’autre. Sans prophétie, ne risquait-il pas d’aggraver les choses, en plus de devenir un tueur ? Ils ne savaient même pas si Kirill était toujours en vie. Il était enfermé à Nurmengard, et ça, tous les sorciers russes le savaient, mais depuis, plus de nouvelles. De toute manière, cette solution n’était pas la bonne, et un regard partagé leur suffit à décider que tant qu’ils n’en parleraient pas, elle n’existerait jamais, aussi tentante et facile soit-elle. Finalement, la Gryffondor se redressa et se força à esquisser un sourire joyeux.
« Tu sais quoi ? On va chercher. Il doit bien exister un moyen, et en plus, ça fait partie des mystères magiques qui m’intéressent. Je t’aide à trouver une solution pour lever la malédiction, et en échange, tu m’aides à me déclarer auprès du ministère de la magie. Deal ? »
Agrandissant son sourire, la rousse tendit une main vers son camarade. Le marché était clairement inéquitable, mais elle s’en fichait. Si ça lui permettait de se plonger dans les mystères de la magie tout en passant plus de temps avec Skye… Alors elle était prête à tout.
De l’endroit où Katarina avait apposé ses mains irradiait une douce chaleur dans le corps du griffon. C’était si intense. Presqu'une brûlure, si une brûlure avait jamais été aussi agréable. Elle avait osé le contact dans le but de sentir un deuxième cœur battre sous le torse de son ami. Skye aurait voulu pouvoir faire de même, lui effleurer la poitrine pour un instant seulement. Mais ce contact était bien trop intime pour lui être permis. De toute façon, la renarde n’avait pas senti le cœur de l’once. Cette présence, si évidente pour Skye, était cachée à celle à qui il dévoilerait tout. Skye trouvait ça triste, d’une certaine manière. De son côté, Katarina semblait penser que c’était pour le mieux. Il pouvait la comprendre. L’once était son compagnon d’une vie, son cœur battant au rythme du sien s’arrêterait au même instant. Cependant, bien que comprenant son amie, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle aurait mérité de sentir le cœur de l’once. Elle qui l’avait côtoyée, marché dans ses pas. Elle qui aurait pu être sa compagne d’une vie si seulement elle le voulait. Skye haussa des épaules.
« Je ne sais pas... ce qui me semble étrange, à moi c’est que quelque chose d’aussi vrai pour moi ne puisse pas l’être pour toi. »
Skye lui sourit doucement. Il n’était pas vexé qu’elle veuille garder son cœur de renarde un secret. La relation avec l’animal était trop intime pour qu’on puisse la juger. Ils reprirent leur conversation. Katarina était devenue animagus par défi. Skye n’était pas surpris, plutôt amusé. Son sourire disparu cependant à la question de Kat. Qu’est-ce qui l’avait poussé, lui, à affronter les douleurs et surmonter les exigences de l’animagie ? Était-ce lié à la malédiction des Krushnic ? Skye se referma instinctivement. Il connaissait ce sentiment qui le prenait à la gorge lors de ses épisodes antisociaux mais s’efforça de le contenir. Katarina méritait mieux que la pire version de lui-même. Sa question était légitime et il ne voulait pas lui cacher quoique ce soit. Il ne voulait pas qu’on croie qu’il avait honte de ses raisons, honte de son père. Alors, il raconta. Un père loup-garou et l’animagie, seule solution pour donner une chance d’éviter la malédiction en cas de confrontation avec un lycan. Des années d’entrainement et un père mort. Skye inspira douloureusement. Aborder le sujet était toujours difficile, tant d’années après. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’il constata que la griffonne avait posé sa main sur la sienne. Pourtant, une douce chaleur l’enveloppait au niveau de ce contact. Elle était si gentille. Il aurait voulu se caller contre elle, la prendre dans ses bras. Il ne réussit pas à faire le moindre mouvement. Il était pétrifié par le tournant qu’avait pris la discussion, incapable de ressentir autre chose que de la peur, de la rage et de l’injustice. Il espérait que Katarina ne ressente pas ces émotions en apprenant qu’il était maudit. Skye lui demanda ce qu’elle pensait des malédictions, si elle y croyait. Il vrilla ses pupilles dans celles couleur chocolat de Katarina. De Vixy. Il pouvait y lire la compassion et le désir de le faire se sentir mieux. Soigneusement, elle évoqua la question de savoir si, en imaginant que Voldemort n’ait pas tenu compte de la prophétie, il serait encore en vie puisqu’il n’aurait marqué personne comme son égal. C’était précisément la question qui taraudait Skye. La prophétie s’était-elle réalisée parce que tel était la définition même d'une prophétie ou parce qu’on lui avait accordé de l’importance ? Était-il possible de changer son destin en décidant de l’écrire soi-même sans écouter ce que les arts divinatoires ont à raconter ? Quel intérêt, alors, à la divination ? Et si c’était le cas, en était-il de même pour les malédictions ?
« C’est bien là ma question. Est-ce que nos vies sont dirigées par nos choix ou, quoiqu’on fasse, notre destin est écrit ? Est-ce que la divination n’est capable de lire qu’un seul des possible ou est-ce qu’on est condamné à vivre ce qui nous a été promis ? »
Skye grimaça et serra un peu plus fort la main que Katarina lui avait offert en support. Il savait bien que les malédictions n’étaient pas entièrement comparables aux prophéties mais il y avait cette même notion de destin. Le destin l’avait-il conduit aux côtés de Katarina ? Si oui, peut-être n’était-il pas si mauvais, après tout. Katarina embraya sur la malédiction lancée par Voldemort sur le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal. Plus aucun professeur n'était resté à ce poste plus d’un an... jusqu’à ce que… Katarina plissa des yeux. Skye frissonna. Il avait déjà compris mais n’osait rien dire, son sang se glaçant. Kat changea de position, pensive tandis que le griffon, pétrifié, tentait de trouver une échappatoire. Seule la mort met-elle fin à la malédiction ? Katarina le regarda avec sérieux. Elle était arrivée à la même conclusion. La malédiction s’arrêtait avec la mort de celui qui l’avait lancé. Skye s’agita sur le fauteuil, silencieux. Son esprit ne fonctionnait plus bien, incapable d’aligner les faits. À la mort de quel Krushnic la malédiction s’arrêterait-elle ? Kirill ? Après tout, c’est lui qui avait forcé, à l’aide d’un Impérium, Misha à tuer sa propre mère. Mais la malédiction n’avait été créée qu’au moment où l’amour de Misha pour sa mère avait été vaincu par la haine de Kirill. La mort de Misha était-elle donc aussi requise ? Quoiqu’il en soit, Skye ne pouvait décemment pas penser à les tuer. S’il accomplissait un tel geste, il ne ferait que jouer le jeu de la malédiction qui l'avait condamné à devenir un monstre haineux. De plus, un geste si odieux risquait probablement de prolonger la malédiction aux générations futures. Tuer n’avait jamais été une solution et ne le devenait pas plus aujourd’hui. Skye leva les yeux vers son amie. En silence, ils décidèrent de ne pas aborder la question, tous deux conscients que faire de Skye un meurtrier n’était pas une option viable. Katarina se redressa et sourit. Malicieuse, elle lui offrit un marché ; s’il l’aidait à se déclarer auprès du ministère, elle l’aiderait à trouver une solution au sujet de la malédiction. Skye sourit. Le marché n’était là que pour la forme, ce qu’elle lui offrait là, c’était la promesse d’être à ses côtés pour l’aider à trouver une solution. Il saisit la main qu’elle lui tendait.
« Deal ! »
Skye ne savait pas quoi dire de plus, il débordait de gratitude mais n’arrivait pas à formuler quoique ce soit, trop ébranlé par la conversation qu’ils venaient d’avoir. Tentant de penser à autre chose, il se saisit du registre d’animagi et des livres que Katarina avait emprunté. Il ne voyait rien qui pouvait l’aider.
« J’ai encore des exemplaires des parchemins à remplir, pour que tu saches ce qu’il te faudra déclarer. À mon avis, ça ne doit pas être bien difficile de trouver le nom de la personne à contacter pour se déclarer en angleterre, c’est pas comme si ils voulaient nous empêcher d’entrer dans la légalité. On pourra chercher ça ensemble sur une liste des départements du ministère, si tu veux. Et, Katarina… ? »
Il leva les yeux vers elle. Il lui était si reconnaissant d’être là malgré cette malédiction qui planait au-dessus de lui. Il murmura, incapable de parler plus fort sans que sa gorge ne se noue.
« Merci…pour tout. »
Il lui prit la main et la serra doucement. Peut-être était-il temps de parler d’autre chose ? D’avoir le cœur net sur ses fiancailles, par exemple… Skye se lança dans le bain sans réfléchir, sachant que s’il y pensait trop il n’oserait pas prendre la parole.
« Pour changer de sujet, ce dont je voulais te parler tout à l’heure… J’ai entendu dire que tu étais fiancée, c’est vrai ? Tu ne m’en as jamais parlé donc j’en avais aucune idée. »
Il tenta un sourire amusé, comme si la situation lui importait peu et qu’au final, ce n’était qu’un anecdote de plus sur son amie. Mais son cœur humain s’emballait et il savait bien qu’il avait parlé trop vite pour feindre efficacement l’indifférence.
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Dim 30 Avr - 17:04
Skye lui avait ouvert son cœur, et à le voir, en parler lui faisait un bien fou. Il se sentait moins seul, parce qu’elle l’écoutait, et qu’elle ne le fuyait pas. Elle le comprenait, parce qu’elle s’intéressait aux mystères de la magie, et qu’elle avait fait de ce genre de choses sa passion et la raison de ses études. Septième année, les ASPIC. Ensuite, le GISIS de Sécurité Magique. Enfin, postuler au département des mystères pour y devenir langue-de-plomb. Et alors qu’elle s’y intéressait, lui le vivait, ou plutôt le subissait, victime bien malgré lui de la malédiction des Krushnic qui lui pourrissait la vie. Cette malédiction, le comprenait-elle enfin, était réelle. Son père était un loup-garou, et il l’avait poussé à l’animagie pour qu’il contre la malédiction avant qu’elle ne lui tombe dessus. Et Ariel, alors ? Etait-elle aussi animagie ? Ou la malédiction l’avait-elle rattrapée ? Elle ne posa pas la question. Ça ne la regardait pas. Et s’il avait accepté de se confier quant à ses problèmes, Skye avait tendance à se braquer d’un seul coup quand il s’agissait de sa sœur.
La sortant de ses pensées, il lui posa une autre question qui lui arracha une légère moue. Étaient-ils contrôlés par la divination ou le destin, ou avaient-ils un minimum de contrôle sur leurs vies ? Elle n’en savait trop rien, et ça faisait partie des trop nombreux mystères magiques qui l’intéressaient. Mais « Je n’en ai aucune idée » n’était pas la réponse que Skye attendait, aussi réfléchit-elle quelques secondes, consciente qu’il attendait sa réponse avec espoir. Comme si ses mots pouvaient lever le voile de la malédiction et lui sauver la vie. Avait-elle ce pouvoir ? A quel point la confiance qu’il plaçait en elle était-elle forte et aveugle ? C’était une lourde responsabilité, et elle ne pouvait pas répondre n’importe quoi. Le français ne le lui aurait sans doute pas pardonné un tel affront.
« Je pense que ça doit être un mélange des deux. On a un contrôle total de notre vie, sauf en ce qui concerne les grands événements que les prophéties dévoilent, car elles ne concernent pas que nous, mais le monde entier. Cependant, toutes les prophéties ne se réalisent pas, alors je dirais que c’est du cinquante-cinquante. La prophétie ne voit qu’un seul des possibles, libre à nous d’en tenir compte ou pas. Mais si on en tient compte… Je suppose qu’on perd temporairement le contrôle de son avenir, jusqu’à la réalisation de la prophétie. »
Le sujet était difficile à développer. Après tout, ils en savaient très peu, trop peu, et ceux qui pouvaient en parler étaient tenus par serment à la plus grande des discrétions. On ne les appelait pas les langues de plomb pour rien, et si elle doutait que leurs langues se transforment vraiment en plomb ou ne se collent à leur palais, trahir la parole donnée pouvait s’avérer très dangereux pour eux, elle n’en doutait pas. La conversation, cependant, glissa sur des pentes dangereuses. Comment, dans ce cas, briser une malédiction ? La réponse était assez facile à trouver. Il s’agissait de la magie noire, donc seul un acte de magie noire pouvait la détruire. Ou la mort de celui qui avait lancé la malédiction. Mais qui l’avait lancée ? Kirill, qui pourrissait à Azkaban, ou son fils, le père de Zoya ? En tuant l’un ou l’autre, ne prenaient-ils pas le risque de renforcer la malédiction, de lui donner plus de poids, plus de valeur ? Un regard leur suffit à comprendre qu’il valait mieux ne pas en parler. Jamais. Tant qu’ils n’en parleraient pas, cette solution n’existait pas.
L’ambiance était morose. Aussi se força-t-elle à sourire en changeant de sujet, proposant un deal à son ami. Elle l’aidait avec la malédiction, il l’aidait à se régulariser. Retrouvant le sourire, Skye lui serra la main, acceptant le deal avec une gratitude qu’il ne pouvait réussir à cacher. Se saisissant du registre des animagus, il marmonna qu’il devait lui rester, quelque part, des exemplaires de papiers du ministère. Après tout, il était dans l’intérêt du ministère qu’ils se régularisent et entrent dans la légalité, aussi les démarches ne devraient pas être bien compliquées. Katarina hocha la tête, l’écoutant religieusement. Lui l’avait déjà fait, et elle lui faisait confiance pour l’aider à démêler le vrai du faux. Elle avait trouvé trop d’informations, et ne savait plus quoi croire. Il fallait se déplacer en personne, disait un livre, un simple courrier suffisait, disait un autre. Se régulariser dès la première transformation suffisait, disait un document, un envoyé du ministère devait contrôler chaque essai de transformation et suivre l’animagus du début à la fin, disait un autre. Elle avait une chose et son contraire, et elle avait tellement peur d’aller en prison qu’elle n’avait pas pu sauter le pas de la régularisation.
« Je t’en prie. » Elle esquissa un léger sourire en coin. « Du coup, comment ça se passe ? Je dois juste envoyer un courrier ou me déplacer en personne ? J’ai lu beaucoup trop de trucs contradictoires et je ne sais plus vraiment quoi croire, je suis complètement perdue. »
Elle allait lui sourire, détendre l’ambiance, mais Skye reprit la parole pour lui dire ce dont il voulait lui parler à la base. Avec tout ça, elle avait complètement oublié, aussi tendit-elle l’oreille, curieuse de savoir. Elle ne fut pas déçue… Et ne put s’empêcher de lever les yeux aux ciel en grognant doucement. Son mariage. Kamen. La foutue décision de sa famille, qui ne lui avait nullement laissé le choix. Au moins avaient-ils fait l’effort de choisir le moins pourri des deux. Elle ne pouvait souffrir de se savoir fiancée sans son accord à Kamen Yordanov, mais elle aurait tapé un véritable scandale s’il s’était agi de cet enfoiré de Yassen. Si l’un comme l’autre ne lui inspiraient qu’un vague mépris, Kamen était beaucoup moins dangereux que ce fou furieux de Yassen. Généralement, elle se fichait que les gens sachent qu’elle était fiancée, puisqu’elle comptait bien dynamiter ce foutu mariage, quitte à dire non à Kamen le jour J, mais étrangement, le fait que ce soit Skye qui jette le sujet sur la table lui faisait mal au cœur. Est-ce que ça lui faisait quelque chose ? Est-ce qu’il s’en fichait ? Elle préférait encore ne pas savoir.
« Bon sang. Toi aussi, tu es au courant ? » Elle eut un nouveau soupir agacé. « Ouais, je suis fiancée à Kamen Yordanov. J’ai eu de la chance ; j’aurai pu tomber sur Yassen ou Andreï. Heureusement, mes parents ont eu le bon goût de choisir l’héritier russe le moins pourri du groupe. »
Un grognement de renard s’échappa entre ses dents, tandis que ses doigts tambourinaient l’accoudoir en un rythme à quatre coups que Skye reconnaîtrait à coup sûr, puisqu’il s’agissait d’un battement de cœur d’animagus. Le cœur humain, le cœur animal, battant ensemble en décalé, dans un rythme à quatre coups qui ne les quitterait qu’à leur mort.
« Et je n’en ai pas parlé parce que… Ma foi, je n’ai pas jugé ça important. Ce n’est pas comme si je l’aimais à la folie, ou que j’avais voulu de ce mariage, entre nous. L’ambition de ma vie n’est pas de me faire passer la bague au doigt pour pondre des héritiers à ces psychopathes de Yordanov, et je compte bien dynamiter mon mariage avant ma sortie de l’école. »
Elle haussa négligemment les épaules, essayant de rester naturelle. Mais elle était agacée, et tendue. Elle détestait parler de ça. Elle détestait qu’on lui rappelle qu’en tant que femme, là était sa place, et qu’en tant que sang-pure, elle ne choisirait jamais sa vie.
« Tu sais, quand je te disais qu’on a un total contrôle de notre vie ? C’est en partie vrai, sauf pour les sangs-purs tels que moi. Notre vie est dessinée du berceau à la tombe, et c’est très dur de faire dévier le chemin choisi par nos parents, ne serait-ce que de quelques millimètres. »
Elle esquissa un sourire triste, et son regard chocolat se perdit dans le vague. Pas difficile, pour Skye, de comprendre que c'était pour ça qu'elle ne parlait jamais des fiançailles. Parce que ça la rendait immensément triste. Elle détestait vraiment être une sang-pure ; ça ne lui apportait que des emmerdes.
C’était une question complexe à laquelle probablement personne n’aurait jamais une réponse complète. Sommes-nous libres de nos choix ou subissons-nous le destin ? Notre vie étant liée de près à celles des autres, à quel point pouvons-nous réellement la contrôler ? Les choix des autres ne limitent-ils pas les nôtres ? Skye avait longtemps cherché une réponse. Il avait passé des nuits entières les yeux fixés sur le plafond à tenter de déterminer s’il pouvait se battre ou non contre la malédiction. Il avait appris à ne plus y penser et à se contenter de faire du mieux qu’il pouvait, en espérant que ce serait suffisant. Mais la conversation avec Katarina avait réveillé ses questionnements. Kata était réfléchie, prudente. Elle parlait avec douceur, veillant à ne pas le blesser. Rien que pour ça, Skye lui en était reconnaissant. Elle lui exposa son avis avec sérieux, pensant visiblement que la prophétie prenait plus de pouvoir lorsque l’on y croyait, nous faisant perdre le contrôle de notre avenir jusqu’à ce qu’elle se réalise. Ce n’était pas forcément joyeux. Skye n’était cependant pas soumis à une prophétie. Avec un peu de chance, cela se passait différemment pour les malédictions. Les malédictions… en quelques mots murmurés, Katarina suggéra que seule la mort de la personne ayant lancé la malédiction pouvait permettre de lui mettre un terme. Ils savaient tous les deux ce que cela voulait dire. Tuer Kirill ou Mischa. Aucun n’était envisageable, la mort n’étant certainement pas un acte capable de briser la Magie Noire. Selon Skye une telle noirceur ne pouvait que renforcer la malédiction. Aussi, aucun des deux ne commenta leur conclusion.
Skye était toujours enfoncé dans le fauteuil, les bras croisés dans une attitude fermée. La joie de l’annonce de l’animagie de Katarina avait été écrasée par cette conversation pesante. Kata se rendrait visiblement compte de la mauvaise humeur du rouge et or. Skye s’en voulait de ne pas réussir à passer au-dessus et de paraître si maussade face à la fille qu’il tentait tant bien que mal de séduire. C’est avec plaisir qu’il saisit l’opportunité de changer de conversation lorsqu’elle lui proposa un deal. Elle l’aiderait à trouver une solution contre la malédiction s’il l’aidait à se régulariser. Se redressant sur le fauteuil, le griffon se saisit des parchemins que Katarina avait accumulés. Ils ne lui semblaient pas très utiles dans un premier temps. Déjà plus souriante, son amie lui demanda comment cela se passait. À vrai dire, il ne savait pas si les procédures étaient les mêmes en France et en Angleterre. Mais ça ne pouvait pas être bien différent.
« Je ne sais pas trop comment ça se passe ici, mais en France tu prends contact par lettre avec la personne responsable du Ministère. Ensuite, vous prenez rendez-vous pour parler des aspects légaux, signer des papiers et se transformer devant lui pour que tu ne caches pas ta véritable forme animale. On cherchera à deux comment cela se passe ici. »
À bien y repenser, la procédure n’était pas si simple que ça. Elle impliquait une volonté et une prise de décision de la part du nouvel animagus. D’un autre côté, ces paperasseries n’étaient rien comparées aux efforts accomplis pour se transformer.
Maintenant que la conversation avait à nouveau pris un ton plus léger, Skye se sentait plus en confiance pour aborder le sujet des fiançailles de Katarina. Ça n’allait probablement pas le réjouir mais il fallait bien qu’ils en parlent à un moment donné. Lorsqu’il posa la question, il ne s’attendait pas à ce qu’elle lève les yeux au ciel en grognant. Ce n’était pas exactement l’attitude attendue pour une fiancée heureuse de son mariage… Soudain l'évidence le frappa et Skye faillit se gifler. Katarina était sang pure, bien sûr. Ces foutus traditions qui voulaient qu’on marie de force les enfants pour assurer la pureté dans la descendance. Malgré son propre nom de famille, Skye avait été élevé dans un monde tout à fait différent. De sang-mêlé avec une mère ouverte, il avait côtoyé des moldus et nés-moldus depuis sa plus tendre enfance. Bien sûr, il savait que ce n’était pas le cas des sang-purs, il avait déjà entendu de nombreuses histoires de mariages forcés. L’un de ses meilleurs amis, Jules, avait d’ailleurs été marié à cette arrogante de La Rivière qui avait pris la décision de révéler son homosexualité à ses parents. Un autre monde. Un monde remplis de personnes odieuses. Katarina confirma que Kamen était le choix de ses parents. Skye acquiesça avec lenteur. Il n’arrivait pas à déterminer s’il devait se réjouir de cette information ou si cette horrible tradition devait l'épouvanter. Car il fallait l’avouer, le fait que Katarina ne soit pas amoureuse de Kamen était probablement une meilleure nouvelle encore que le fait qu’elle soit Vixy. D’un autre côté, être promis à quelqu’un était tellement malsain. D’autant plus que briser le mariage mettrait probablement Kata dans de sérieux problèmes. Elle avait d’ailleurs l’air énervée. Ses doigts battaient nerveusement la mesure sur l’accoudoir du fauteuil. Tendue, elle lui expliqua qu’elle ne lui en avait pas parlé parce qu’elle comptait bien faire annuler ce mariage, peu désireuse d’entrer dans cette famille de psychopathe. Skye lui sourit doucement et posa sa main sur les doigts nerveux de Katarina pour lui monter silencieusement son soutient. Il était prêt à tout pour l’aider à annuler ses fiançailles. Pas seulement parce que la griffonne lui plaisait mais parce que la voir dans un tel état lui faisait de la peine. Imaginer la courageuse et tendre Katarina forcée de vivre avec un Yordanov le rendait malade. Skye se promit de ne pas laisser cet événement arriver quand bien même Katarina ne serait pas intéressée par lui. Tristement, elle fit écho à leur discussion précédente. Elle ne contrôlait pas sa vie, ses parents choisissant pour elle le chemin qu’elle devrait suivre. Encore une fois, Skye ne pouvait pas accepter l'idée que quelqu'un dessiner votre destin.
« C’est peut-être ta malédiction à toi. Et je t’aiderai à la lever aussi, si tu veux bien de mon aide. Personne n’aura jamais le pouvoir de décider pour nous ce qu’on veut faire de notre vie. »
Serrant la main de son amie dans la sienne, Skye lui sourit avec tendresse. Quoique l’avenir leur réserve, ils l’affronteraient à deux.
Invité
Consumed by the shadows
Ven 12 Mai - 23:07
Ses fiançailles. Son mariage. Elle aurait préféré qu’il n’aborde jamais le sujet. Elle lui en voulait d’avoir osé mettre ça sur la table alors qu’ils allaient si bien, quelques secondes plus tôt. Mais elle était injuste envers lui. Ce n’était pas de sa faute si les Azarov avaient de l’ambition, et que cette ambition passait par les Yordanov. Même s’il n’avait pas exposé le sujet ce soir-là, le problème existait toujours, et sa volonté inexpugnable de se battre contre le choix de ses aînés ne le ferait pas disparaître pour autant. En tant que femme, ses libertés n’étaient pas très étendues ; mais fiancée, elles disparaissaient totalement. Elle avait l’impression de n’être qu’une monnaie d’échange, un joli bibelot qui passe d’une main à une autre pour sceller un contrat. Ce serait à elle de changer de nom, de changer de maison, de bouleverser sa vie tandis que Kamen resterait un Yordanov confortablement installé au manoir Yordanov. Ses repères n’en seraient en rien changé, et il devrait juste apprendre à composer avec une femme, tandis que Katarina, elle, devrait apprendre à composer avec toute une nouvelle famille qui ne voulait pas d’elle et dont elle ne voulait pas.
Avec douceur, la main de Skye se posa sur la sienne, interrompant la danse nerveuse de ses doigts fins sur l’accoudoir. Elle se sentit rougir, mais n’enleva pas sa main, la mettant, au contraire, à plat sur le canapé pour s’empêcher de recommencer. Tambouriner était chez elle un tic nerveux dont elle ne parvenait pas à se débarrasser, mais plus elle tambourinait, plus elle s’agaçait, et moins elle parvenait à reprendre son calme. C’était un cercle vicieux, qu’il avait pourtant réussi à rompre d’un contact silencieux qui lui transmettait sa compassion et son soutien. Était-il soulagé qu’elle ne l’épouse pas par amour ? L’espace de quelques secondes, elle osa se persuader que oui, avant de revenir à la raison. Il n’avait posé cette question que par curiosité, et non pas parce qu’il avait une idée derrière la tête. Lui, amoureux d’elle, et jaloux de la savoir promise à un autre que lui ? L’idée était plaisante, mais irrationnelle. Ce n’était pas demain la veille qu’un garçon aussi formidable que lui s’intéresserait à une fille aussi banale qu’elle. Son soutien, cependant, était le bienvenu, elle devait bien l’avouer. Ce simple contact et les quelques mots qui l’accompagnaient lui suffisaient à retrouver le sourire, et sa combativité à peine émoussée par l’ampleur de la tâche. Elle était une sang-pure ; c’était sa malédiction à elle. Mais Skye venait de lui offrir son aide sans la moindre arrière-pensée, comme elle-même lui avait offert la sienne pour le libérer de la malédiction des Krushnic.
« Une malédiction contre une malédiction. Ma foi, tout ceci me semble très honnête. On a un deal. »
Son sourire triste devint un sourire taquin. Elle ne devait pas se laisser abattre. Elle avait l’habitude, à force, que ses convictions et sa façon d’être gênent les sangs-purs autour d’elle, et que tout un chacun tente de lui opposer une vision différente des choses. Mais elle était têtue, et elle ne se marierait pas avant de l’avoir décidé. Et quand elle le ferait, ce serait avec la personne qu’elle aurait choisi, qu’importe la couleur de son sang. Et même si elle décidait d’épouser un moldu, ses parents devraient s’y faire. L’éducation arriérée et rétrograde qu’elle avait reçue ne l’empêcherait pas de faire ce que bon lui semblait, dut-elle pour cela se mettre les Azarov à dos et être définitivement rayée du testament et de l’arbre chronologique de la famille. Elle savait que Teodor ne lui tournerait jamais le dos, et, au final, c’était tout ce qui lui importait.
Le silence retomba doucement, troublé par le crépitement des flammes dans la cheminée. Ni l’un ni l’autre n’avaient retiré leurs mains, leurs doigts toujours entrelacés à ceux de l’autre. On aurait presque dit un petit couple. Un vieux couple qui n’a plus besoin de parler pour communiquer, et qui, d’un regard, a dit tout ce qu’il avait à dire. La rousse aurait pu passer des heures, comme ça, à regarder le feu en tenant la main à Skye. C’était horriblement niais et mièvre, mais qu’importe. Après tant de révélations, ils avaient bien le droit à un moment de calme. Cependant, son regard ne cessait de dévier vers la fenêtre. Elle avait pleine vue sur le parc et sur la forêt interdite, et elle sentait, dans son esprit, la conscience silencieuse et patiente de la renarde assise sur son séant, qui attendait tranquillement qu’elle comprenne l’évidence. Elle et Skye étaient animagus, et ils avaient passé plus d’un mois à vadrouiller ensemble sans savoir qui était l’autre. Un coup d’œil vers son camarade lui arracha un sourire ; lui aussi ne pouvait s’empêcher de regarder par la fenêtre avec un air d’envie. Comme elle. Comme à regret, elle se leva, récupérant sa main, sentant toujours, comme un écho, la pression des doigts de Skye sur les siens.
« Ça te dirait, une petite promenade ? »
Le Gryffondor se leva en souriant. Ils s’étaient compris. Tous deux crevaient d’envie de sortir, de laisser libre cours à leurs instincts d’animagus, de sentir le vent dans leur pelage et d’entendre le chant des étoiles dans la nuit noire. Mais aucun d’eux n’avait osé… A cause de l’autre. Parce qu’ils n’étaient pas habitués. Mais Katarina était la renarde, et Skye était la panthère. Ils n’avaient plus besoin de se cacher pour atteindre le point de rendez-vous, maintenant ; un regard partagé leur suffirait. Complices, les deux animagus se rejoignirent devant la fenêtre, savourant ensemble leur nouvelle réalité. Ils n’étaient plus seuls, désormais, et la nuit leur appartenait.
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