Celle qu'on ne pensait pas revoir [CASSARI]

Cassandre éclata en sanglots. Les larmes salées pleines de rage, d'incompréhension et de désespoir coulèrent le long de ses joues, alors qu'elle se passait un peu d'eau sur les mains pour essuyer les marques invisibles de son acharnement à déclencher l'impossible. Elle avait passé toute la soirée à tenter de lancer ce foutu sort de protection, ce minable patronus qui pourrait la protéger, mais qui n'apparaissait pas. Elle n'avait plus rien pour la protéger. Pas de hyène, pas de visions. Elle était nue face au monde, et celui-ci lui était aigre et menaçant. Non, la guerre n'avait pas laissé place au bonheur. Depuis plusieurs heures, elle s'évertuait à lancer le sortilège, à s'entrainer pour qu'il revienne et priant que d'autres choses reviennent avec lui. Mais il n'y avait rien, et il n'y aurait plus jamais rien. La jeune femme devait se résigner, rien ne reviendrait. Elle était seule. L'irlandaise se regarda dans le miroir. Elle remarqua que ses cheveux n'étaient plus aussi bien coiffés. L'entraînement l'avait épuisé, elle était vide de toutes ses forces, et plus encore. Elle passa ses mains sous ses yeux, pour essuyer les gouttes éphémères pleines de chagrin. Il ne servait à rien de pleurer, cela ne la mènerait nulle part. Revenir à Poudlard l'avait bouleversé. Elle voyait dans chaque coins de couloirs ses amis qui n'étaient plus là. Parfois, elle avait l'impression qu'ils essayaient de lui parler, de communiquer avec elle. Était-ce un signe qu'enfin ses dons se dévoileraient ? Elle n'en savait rien. Mais, elle aimait le croire. Alors, quand Fred Weasley lui apparaissait, elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir envie de pleurer. Elle se souviendrait toute sa vie des jumeaux Weasley et de leurs frasques incessantes dans le château. Elle avait souvent fait les quatre cent coups avec eux. Et maintenant, Fred était mort. Elle avait gardé contact avec Georges, heureusement, mais son double lui manquait beaucoup.

Elle entendit un bruit et décida de sortir des toilettes. La plupart des élèves remontaient les escaliers pour rentrer dans leur dortoir. Elle n'avait pas mangé. Elle en avait oublié qu'elle avait besoin de manger. Elle avait simplement voulu s'entraîner et persévérer. Épuisée et vidée de toute énergie, Cassandre pensa qu'il valait mieux qu'elle aille se coucher. Il était rare qu'elle rentre si tôt dans la salle commune de Gryffondor, et pourtant en ce samedi soir, la rouquine n'avait pas la tête à faire la fête. Après tout, la rentrée avait bien commencée à ce niveau là. Dès le premier soir, après le banquet, elle avait fait la fête jusqu'au petit matin. « Bah alors Cassie, t'es malade ?, lui demanda un rouge et or alors qu'elle venait de passer le tableau de la Grosse Dame. » Cassandre ne répondit pas et s'éloigna aussitôt dans le dortoir. Elle s'endormit très vite, dans un sommeil sans rêve.

Elle sentit une brise glaciale dans sa nuque. Elle tremblait et ne pouvait pas s'empêcher de chercher une issue. Mais il n'y avait aucun moyen de sortir. Elle était prise au piège et il lui serait impossible de s'en aller. Pourtant, elle avait encore espoir que tout cela n'était pas réel. Elle aurait aimé ouvrir les yeux pour se réveiller et se retrouver dans son lit, ou bien dans le parc du château. Elle faisait rarement des rêves lorsqu'elle dormait, et ça l'angoissait de savoir qu'elle n'était pas éveillée. Mais était-elle réellement endormie ? Peut-être était-elle simplement en cours de divination ? Oui c'était certainement un simple exercice qui servait à faire ressortir les sentiments refoulés. Il n'y avait aucune inquiétude à avoir. Alors pourquoi Cassandre se sentait-elle aussi oppressée ? Pourquoi avait-elle les jambes en coton et les bras aussi mous que du caoutchouc ? Trop de questions habitaient ses pensées, si bien qu'elle crut explosée. Mais, lorsqu'elle ouvrit la bouche pour respirer, ce n'est pas de l'air qui rentra, mais quelque chose de solide. Une mouche. La jeune irlandaise cracha aussitôt la chose qui venait de toucher sa langue et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle voulait partir et retrouver la réalité. C'était de la torture, et elle n'aimait pas cela. Même si elle avait toujours été casse-cou, intrépide et effrontée, la jeune femme ne voulait pas qu'on lui inflige pareille souffrance sans son accord. Elle poussa un cri, mais le son était bien différent de celui de sa voix. Au lieu d'un bruit aiguë et strident sortit un espèce de croassement surprenant. Cassandre s'arrêta aussitôt de crier, surprise d'entendre cette chose étrange. Et lorsqu'elle essaya de parler, le même phénomène se réalisa. À la fois amusée et inquiète, la jeune femme en oublia sa panique d'avant. Elle ouvrit les yeux et fut surprise de remarquer qu'elle était agenouillée sur... une feuille de nénuphar. La petite princesse maudite s'était transformée en grenouille, et elle éclata de rire en repensant à ce qu'elle croyait être un cauchemar. Alors qu'elle allait profiter de cette nouvelle  vie de grenouille, en essayant de sauter de nénuphars en nénuphars, elle fut soudain tirée de son imagination. Apparemment, Cassie avait oublier quelle était la limite entre le rêve et la réalité, si bien qu'elle venait de tomber de son lit. 

La jolie rousse se releva, essayant de faire le moins de bruit possible. Elle avait déjà réveillée une de ses camarades de chambre qui ronchonnait et elle ne tenait pas à ameuter tout le dortoir. Elle regarda son lit, désespérée. Il était tout défait, et elle n'avait aucune envie de s’endormir à nouveau. Cette histoire de grenouille lui avait donné une pêche d'enfer et elle avait envie de sortir du château. Elle jeta un coup d'oeil à son armoire, et remarqua son balai qui dépassait. Sans réfléchir plus longtemps, Cassandre s'habilla et s'en alla dans le parc du château. À cette heure-ci, Poudlard était très calme. Quand elle passa devant la fontaine aux morts, celle-ci semblait in-animée, c'était comme si le temps s'était arrêtée. Dehors, le soleil se levait à peine. Un temps parfait pour faire quelques acrobaties. Après quelques allers et retours, Cassandre s'essaya à des tours et des saltos dans les airs. Elle aimait la sensation du vent contre son visage, et surtout elle aimait l'impression de puissance qu'elle avait sur son balai. Son éclair de feu était très puissant, et parfois, elle s'amusait à monter très haut dans le ciel, et piquer en direction du sol, pour relever son manche au dernier moment. Alors qu'elle s'amusait à voler la tête en bas, elle fut surprise de distinguer une silhouette près d'elle. Un sorcier était en train de la suivre et de tourner autour d'elle. Cassandre avait horreur de cela, après tout, elle était là avant, elle allait lui expliquer qu'il devrait attendre son tour ! Le sorcier retourna au sol. Cassandre soupira, il voulait sans doute lui expliquer qu'il avait besoin de s'entraîner pour les premiers essais de l'équipe de Quidditch de sa maison. Elle décida de lui faire peur, et prit de l'altitude. Quand enfin, elle sentit qu'elle était assez haut, elle piqua et plongea vers le sol. Elle riait tellement, qu'elle eut presque du mal à se rééquilibrer pour atterrir. Mais finalement, elle arriva au sol sans encombre. Et c'est là qu'elle le reconnut. Le sorcier face à elle n'était pas un inconnu. Enfin, elle ignorait son nom, mais elle aurait pu décrire son anatomie avec précision. Elle se souvenait de ses cheveux noirs en bataille, de ce sourire charmeur. Et elle savait qu'il était impossible qu'il se trouve face à elle en cet instant, à Poudlard. Elle croyait à une hallucination, encore un tour de son esprit farfelu, et des restes de drogue de l'avant-veille peut-être.

« Tu viens souvent ici ? »

Cassandre n'en crut pas ses oreilles. Il parlait ! Son imagination était décidément débordante ! La rouquine décida de l'ignorer, elle n'avait pas envie qu'on l'observe en train de parler toute seule à un fantôme. Mais, d'un autre côté, sa langue lui brûlait : elle mourrait d'envie de l'insulter de bêtises. Qu'est-ce qu'il venait donc faire à Poudlard ? Pourquoi venait-il la tourmenter ? Elle était complètement perdue. Elle passa devant lui, sans le regarder. Elle se retourna après quelques pas, pour vérifier si il était toujours là, et c'était bien le cas. Elle soupira d'agacement.

« Et toi ? Ça t'arrive souvent de veni hanter les esprits des filles avec qui tu as couché ? »

Si elle voulait qu'il s'en aille et la laisse tranquille, autant être directe.

Cassandre se promenait dans les rayons de la boutique de son ami Georges Weasley. Avant, il n'était pas seul aux commandes, il y avait aussi Fred, mais depuis plus d'un an il avait repris le flambeau sans son jumeau. Et ce que Cassie trouvait de formidable dans cette boutique, c'était qu'elle avait l'impression que Fred était toujours là. Il faisait partie de l'âme du magasin. Elle errait en observant les vitrines, se prenant d'affection pour les Boursouflets qu'elle croisait. Parfois, elle riait quand elle tombait sur des inventions dont elle connaissait les secrets, comme le Pousse-Rikiki. Fred et Georges avaient eu l'idée de ce produit quand Dolores Ombrage les avait puni lors de son passage à Poudlard. Les souvenirs remontaient doucement et les images réapparaissaient aux yeux de Cassandre. Elle avait l'impression que cette année là était à des années lumières. Aujourd'hui, tout avait changé. Même si ils avaient vaincu le plus grand mage noir de l'histoire, Cassandre avait toujours ce goût amer dans la bouche. Elle retournerait à Poudlard sans ceux qu'elle aimait. Elle retournerait à Poudlard, là où elle avait perdu Fred. Un soupir vint troubler le calme de la jeune femme. Il fallait qu'elle passe à autre chose, qu'elle retourne à la fête. Georges l'avait invité parce que tous les deux étaient réputés pour être de sacrés fêtards à Poudlard. Ils étaient le trio d'or, le trio qui ne cessait jamais de faire des bêtises et qui s'attirait les ennuis les plus improbables. Elle avait passé un excellent début de soirée, à plaisanter avec Georges, à boire, à danser, à rire, à faire des blagues, à tester ses limites encore et encore. Puis, elle avait eu besoin de s'éclipser, pour sentir la présence de Fred, et parce qu'elle avait besoin de rêver un peu. Elle passa tout près des Rêves Eveillé, des pastilles qui permettaient  de rêver et s'évader provisoirement du quotidien et des tracas de la vie. Elle était heureuse de pouvoir dire que ce produit était une idée d'elle. Ça faisait longtemps qu'elle n'en avait pas pris, elle s'autorisa une main baladeuse pour en piquer une et posa à côté une pièce pour payer son emprunt. Une fois qu'elle eut la pastille en bouche, elle la suça, et aussitôt elle sentit les effets se développer dans son corps. Ses muscles se détendirent, ses paupières se firent plus lourdes, mais d'un autre côté, elle sentait son sang accélérer dans ses veines. Elle adorait ce produit, mais ce qu'elle aimait encore plus c'était le mélanger avec un autre. Alors, elle sortit sa drogue préférée, cette cigarette spéciale qu'elle aimait ensorceler. Elle l'alluma et commença à tirer dessus. Quand elle expira la fumée, celle-ci sortait tantôt rouge, tantôt bleue. Cassandre était au top de sa forme.

Elle ne l'entendit pas arriver, mais elle sentit sa présence immédiatement. Elle avait déjà perçue en lui une aura bien particulière. Il dégageait quelque chose qu'elle était incapable de définir. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il la rejoigne, mais elle le reconnut quand il vint s'assoir près d'elle. Elle lui proposa le remède miracle qu'elle avait préparé, et il l'accepta sans sourciller. Il semblait différent. Droguée, elle ne prenait plus en compte les principes de base que ses parents lui avaient inculqués. Il fallait simplement qu'elle fasse ce qu'elle avait envie de faire. Alors, elle s'était penchée pour l'embrasser, elle avait casser les limites et franchit les barrières de ses lèvres pour venir faire danser sa langue avec la sienne. Le baiser était à la fois doux, fougueux et hypnotique. Il aurait pu durer éternellement.

***

Il la regardait comme si elle parlait chinois. Pourtant, elle avait eu l'impression qu'il parlait la même langue quand ils s'étaient rencontrés à la fête de Georges. Elle détestait qu'on la prenne pour une idiote et c'était exactement ce que le jeune brun était en train de faire actuellement. Elle soupira. « Je ne comprends pas. Hanter les esprits ? »  Elle détestait son accent scandinave qui lui donnait mal à la tête et que pourtant elle avait trouvé charmant la première fois. Il se fichait d'elle. « Tu n'as rien à faire à Poudlard ! Alors, au lieu de venir me tourmenter, veux-tu bien me laisser tranquille ?! » Elle fit demi-tour pour avancer vers lui, déterminée. Elle s'arrêta juste sous son nez. Il faisait une bonne tête de plus qu'elle, mais cela ne l'empêchait pas de le foudroyer du regard. Il avait intérêt à avoir une bonne excuse pour se trouver à Poudlard. Qu'il soit réel ou non, elle voulait des explications.

Un long silence s'installa après le baiser, où Cassie le dévisageait avec curiosité, comme si elle semblait chercher des réponses à travers les prunelles noirs du garçon, mais en vain. Celui-ci la regardait sous le même œil, avide de savoir qui était réellement cette sorcière, même si la fougue commençait à le dévorer cupidement, tout comme le désir pour elle semblait s'accroitre au fil des minutes qui passaient. Puis, sans rien contrôler, laissant une pulsion agir, il entrelaça vivement leurs doigts entre eux et se rapprocha avec brutalité de la bouche de Cassandre. Et là, les portes du paradis s'ouvrirent par le toucher de leurs lèvres, sous la forme d'un simple baiser. Elle était prête quand il rapprocha brutalement sa bouche de la sienne. Préparée à tout se disait-elle, mais peut-être pas à vouloir mourir de plaisir dès que ses lèvres vinrent frôler celles du beau brun. Soudainement, elle ne vivait plus que pour embrasser les lèvres du garçon. Plus rien d'autre n'avait de valeur tant qu'elle touchait sa bouche. Elle aimait qu'il la touche, qu'il l'embrasse partout, qu'il parcourt toutes les parcelles de sa peau, qu'il examine son corps sous ses moindres détails. Elle aimait ses baisers doux et sauvages à la fois. Elle ne savait pas si c'était la drogue qui lui brouillait l'esprit, mais elle ne s'était jamais autant sentie désirée.

Cassandre s'allongea sur lui et appuya fortement ses lèvres sur les siennes. Rapidement, elle en voulut plus. Se rapprochant davantage au garçon, elle desserra ses lèvres pour laisser sa langue rencontrer celle de l'étranger. Ils s'embrassèrent longuement, Cassandre ne se lassait pas des lèvres de l'homme. Leurs langues se rencontraient, se repoussaient, s'attiraient inexorablement. Une main se posa sur sa hanche nue, laissant un frisson électrique parcourir l'entièreté du corps de la rousse. Ce contact sembla réveiller la brune. La main était plus qu'agréable, bien trop agréable. 

Elle s'offrait à lui trop rapidement bien qu'elle ne sache pas comment elle pourrait lui résister après ce baiser. La main glissa lentement jusqu'à ses fesses. Cassandre se redressa rapidement, séparant ses lèvres des siennes. Aussitôt un manque s'installa : il lui fallait ce garçon. Cependant une partie d'elle-même voulait le faire languir, ne pas lui faire crier victoire trop tôt. La jeune femme n'avait pas à être dépendante de quelqu'un, du moins de son corps. Particulièrement de ses lèvres. Redressée sur l'homme qui la regardait, légèrement absent, les lèvres joliment rosées par le baiser, Cassandre remarqua que la main du jeune homme se tenait toujours sur son fessier et avec une certaine lenteur elle la retira :

« Chaque chose en son temps, je ne connais même pas ton prénom, ou je l'ai oublié...» murmura t-elle langoureusement.

***

Maintenant qu'elle le voyait tout près, son regard changeait. Il n'avait rien avoir avec le regard sombre et mystérieux qu'elle avait trouvé craquant lors de leur rencontre. Non, là il avait un regard noir, inquiétant, menaçant. Mais Cassandre n'avait pas peur, il n'était pas le premier à essayer de la faire plier et il ne serait certainement pas le dernier. Seulement, la jeune femme avait plus d'un tour dans sa manche. « Ma venue ici n’a rien avoir avec toi. Je viens de Durmstrang, je suis les cours du GISIS. » Cassandre ne sut quoi répondre. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui parle d'un ton aussi sec. Elle avait entendu parler des GISIS, le diplôme universitaire de Poudlard qui venait d'ouvrir, et qu'elle aurait pu suivre, si elle avait eu ses ASPIC comme tout le monde lors de l'année où Rogue était directeur. Certains avaient eu des dérogations, mais Cassandre était trop dissipée en cours et avait des résultats trop moyens pour pouvoir en bénéficier. Elle savait aussi que certains étrangers étaient à Poudlard, elle ignorait pourquoi, mais à vrai dire elle s'en fichait un peu. Mais, revoir ce garçon, avec qui elle avait partagé des moments très intimes à Poudlard lui fit un choc. Enfin, elle comprenait qu'il était réel. « Tu... tu es vraiment là? » Elle se parlait plus à elle-même qu'à lui, afin de réaliser ce qu'il se passait. Elle se sentit rougir, et lui, restait là à la regarder, comme si il était prêt à exploser de rire. « Qu'est-ce que tu regardes ? » lâcha-t-elle sur un ton cassant. Elle s'en voulait d'avoir cru qu'il n'était qu'une hallucination, il allait la prendre pour une folle et se moquer d'elle. Il allait dire à tout le monde ce qu'il s'était passé entre eux, pas qu'elle en avait quelque chose à faire, mais elle n'avait pas envie d'avoir l'étiquette de « la première fille à avoir couché avec un étranger avant même la rentrée à Poudlard ! ». Elle en avait déjà assez comme cela.

Le baiser qu'ils échangeaient, ce premier baiser avait un mélange de plaisir incorporent passion interdite et profonde amertume. Ce contact fripant et terriblement délicieux lui donnait la suspicieuse impression que cette nuit ne serait pas la dernière d'un jeu cruellement trop obscène. Elle le sentait petit-à-petit prendre possession de lui, l'emmenant dans les profondeurs des limbes, jouant avec ses blessures antérieures, presque oubliés. Ce baiser était la clé d'un début de question sans réponses, des questions rhétoriques à en faire perdre la tête, laissant naître en elle des sentiments contradictoires, opposés et terriblement plaisant. Elle aurait dû comprendre, là tout de suite qu'il fallait qu'elle fuit, qu'elle parte en courant et qu'elle le laisse en plan. Mais pourtant, elle restait, intensifiant le baiser lorsque l'étranger s'appuya d'avantage sur elle, comme si elle voulait prendre position, lui montrer qu'elle commandait. Vainement. Ils étaient tous les deux les pions d'un divertissement que les Dieux avaient battit, il y a de ça, bien longtemps. Certains appelaient ça le destin, d'autre la fatalité ou le karma. Tout ceci n'était qu'un jeu, où personne n'avait le dessus, juste un jeu. Aucuns des deux, aussi puissants qu'ils étaient ne voyaient la réelle nature de cette profonde hypocrisie. Ce sentiment si aléatoire, puissant et détruisant. Tout ce que Cassandre savait, c'est qu'elle le désirait, qu'elle avait envie de lui, là, tout de suite. Et c'est tout ce qui comptait. Mais elle s'était écartée, pour reprendre son souffle, pour ne pas se laisser avoir aussi facilement. Un moment de lucidité dans une tempête de folie. Et il n'était pas du même avis. « Tu l’as oublié… » 

Elle ignorait si elle devait le croire, mais il lui laissa pas le temps de réfléchir. Soudain, son ton se fit plus dur, plus froid, plus autoritaire.  « Avec moi, c’est maintenant, ou jamais. C’est ton corps, ton choix. »  Il ne lui laissait pas le choix, elle n'avait pas le choix. Il savait très bien qu'il la mettait dans une situation atroce, mais il était trop tard pour Cassandre de faire marche arrière.  C'était le moment pour elle, de devenir enfin une vraie femme. Devait-elle lui dire ? Devait-elle s'imposer et lui demander d'être doux avec elle ? Hors de question, elle avait une fierté et elle y tenait. Elle ne dirait rien. Ce fut à cette instant que l'irlandaise s'aperçut de l'injustice de la situation. Depuis le début, il profitait d'elle, de son corps et elle ne pouvait que se laisser faire sous l'ardeur de ses baisers et caresses. Un doute s'imposa alors chez la jeune femme. Un court instant, où elle se vit partir en courant, laisser l'étranger derrière elle. Mais cela ne se passa pas ainsi, elle retourna dans les bras du beau brun, et s'y noya. Puis, soudainement elle se colla à lui et l'embrassa avec passion. Si ce n'était qu'un jeu comme il le disait, alors elle voulait jouer. Pourquoi se poser autant de questions ? Il fallait seulement qu'elle s'amuse ! Cassandre laissa ses mains parcourir le corps du russe. Elle voulait le connaître, le découvrir. Une de ses mains vint attraper le cou du jeune homme pour l'amener un peu plus entre ses griffes. La deuxième passa sous le tee-shirt du garçon et parcourut son torse musclé à l'aveuglette. Ses doigts fins se glissèrent dans son dos et descendirent le long de celui-ci. Finalement, elle retira sa main du tee-shirt pour attraper le bout de tissu et l'arracher brusquement. Il était hors de question qu'elle stoppe le baiser pour se débarrasser du haut du sorcier. Elle se resserra un peu plus contre lui, le collant contre le mur. Le léger tissu de sa robe qui la séparait encore de la peau du garçon devenait gênant. Tout ce qui l'empêchait encore d'atteindre le garçon la dérangeait. Elle s'en fichait bien de se trouver dans une boutique, d'entendre la musique en bas, d'être dépendante du garçon, d'avoir le tournis, elle se fichait de tout tant qu'il était dans ses bras, tant que ses lèvres étaient collées aux siennes. Il fallait qu'elle retire sa robe, elle avait trop chaud, elle était trop loin de lui.  Paradoxalement, elle se recula. La jeune femme observa son partenaire, chercha ce qui était différent chez lui. Etait-ce ses yeux plus sombres que les autres ? Non ! Plutôt la lueur quasi inexistante dans ses iris qu'elle voulait raviver. Elle voulait être différente à ses yeux alors elle reprit ses lèvres, encore. Quel mal y avait-il à échanger les rôles, à ne pas dominer la situation ? Elle se sentit légèrement désappointée de savoir qu'elle ne contrôlait plus rien mais si ça valait le coup elle voulait bien tenter. Alors elle murmura entre deux baisers : « Déshabille-moi ! »

***

C'était désormais à elle de le regarder. Elle le vit s'appuyer contre l'un des poteaux du terrain tandis qu'il sortait de sa poche une cigarette plutôt spéciale. Quand il l'alluma, elle eut un espèce de flash back en sentant l'odeur de la fumée. Elle était de retour dans la boutique Weasley, en compagnie de cet étranger à qui elle avait proposé de goûter ses substances. « T’en veux ? »

Cassandre ne répondit pas. Elle avait cette impression de déjà-vu qui l'inquiétait, et un mal de crâne était en train d’apparaître. Elle aurait aimé pouvoir oublier cette histoire, pouvoir oublier cet homme qui lui avait pris sa virginité, ou plutôt à qui elle l'avait donné. Mais il restait là, elle ne savait pas pourquoi. Elle donna des petits coups dans son balai, avec l'espoir de remonter dessus pour se détendre. « On peut recommencer à zéro, si tu veux. » Elle releva la tête et le vit s'avancer vers elle. Elle ne pouvait pas recommencer à zéro, pas après ce qu'il s'était passé entre eux. Elle devrait vivre à Poudlard en sachant que le premier homme avec qui elle avait fait l'amour était dans le même château. Cassandre ignorait pourquoi ça l'atteignait autant, après tout ce n'était que du sexe. Elle secoua la tête et se concentra sur les paroles du jeune homme. « Zahari. Zahari Yordanov. » Elle tendit la main à son tour, et serra celle du jeune homme. Elle croyait qu'un espèce de courant électrique passerait entre eux, mais pas du tout, rien du tout. Le charme était rompu. Alors pourquoi persistait-elle à se rappeler de la sensation des lèvres du jeune homme contre les siennes ? Pourquoi ne pouvait-elle pas s'empêcher d'imaginer ses mains sur son corps ? Elle soupira et attrapa la cigarette dans la bouche de Zahari. Il fallait qu'elle se détende. « Cassandre Blackwood. Enchantée. » Puis, elle se retourna, la cigarette en bouche, et attrapa à nouveau son balai. Elle avait besoin de s'envoler, maintenant.