Si le fou regarde le doigt quand le sage montre la lune, le philosophe aussi . Professeur Ackerfeld

Magnifique, impressionnant, modeste jeune homme encore dans la fleur de l’âge qui travaille comme professeur de botanique depuis maintenant près de un an et demi . Il est né à Eupatoria en ce beau jour qu'était le 20 décembre 1915 en tant que sang-mêlé ; à présent il vit à Poudlard (La sortie l’été dernier n’était pas tout à fait d’actualité) . Sang-mêlé, il n’a pu intégrer Durmstrang, son niveau scolaire était donc difficilement jugeable. Il est plutôt respectueux, travailleur, obstiné, courageux, volontaire et relativement sociable quand il le décide, avide de savoir (et de gloire) mais aussi susceptible, rancunier, mystérieux, manipulateur, a souvent été extrême dans ses actions, peut souvent paraître rustre dans ses manières et ses paroles quand il a envie d’être seul, ou d’autres fois simplement fou quand il a une crise. Lorsque les dinosaures vivaient encore (et c’est le cas de le dire), il s'est procuré une baguette faite en bois d’amandier, mesurant trente centimètres tout rond et contenant une paire d’aile de fée. Avec cette baguette, il lui est possible de créer un patronus - le sien prend la forme d'un loup. La vision qu'il a eu face au miroir du risèd : Annelies et les jumeaux à ses côtés. Il est à noter qu’il est à nouveau jeune dans le miroir. Mais la vie n'est jamais entièrement rose, la preuve avec les épouvantards. La marque des ténèbres, dans son cas.

ϟ Quelle est votre opinion sur l'épidémie ? C’est la chose la plus intéressante depuis bien longtemps. C’est même la seule chose qui a su me faire sortir de ma torpeur eupatorienne. Faut bien avouer que percer un mystère magique et scientifique aussi grand, ce s’rait un bon moyen de rajouter une belle pierre sur le mur de ma carrière. Après : est-ce que c’est pas bien ? est-ce que c’est bien ? La morale n’est finalement qu’une question de point de vue à un moment précis de l’Histoire après tout.

ϟ Que pensez-vous du nouveau directeur de Poudlard ? Je n’ai rien à en penser : C’est mon nouveau chef, je suivrais ses ordres, point.

ϟ Le partenariat magique entre les écoles est-il une bonne chose ? Tout ce qui participe à de la coopération internationale me plaît assez. C’est c’qui m’a permis d’affirmer mon statut de chercheur au début de ma carrière, donc jpeux pas cracher dessus. Surtout quand ça permet à des élèves de mettre leurs savoirs en commun. (Même si bon, jsuis pas sûr que ce soit dans leurs priorités hein…) Quant à la vraie raison qui a entraîné ce partenariat, c’est encore ce qui m’intéresse le plus dans l’affaire.

ϟ Quel était votre camp lors de la Grande Bataille ? Je n’ai pas participé à la Grande Bataille de Poudlard, non pas par manque de courage sinon par choix délibéré de m’éloigner de ces choses-là. Ptet bien que la première ascension de Vous-Savez-Qui et la suite des évènements m’ont largement suffi. Maintenant, si vous voulez à tout prix connaître mon camp, c’est évident que je me serais battu aux côtés du jeune Potter. Et puis… Approcher enfin le Lord… J’en ai combattu dans ma carrière d’auror des petits toutous travaillant pour lui, alors bon, je dois avouer que je trouve relativement attirant l’idée de m’approcher enfin du chef. Tenter de choper la substantifique moelle dans les noirs tréfonds : ça a quelque chose d’excitant, non ?

Rien n’est plus intéressant qu’un mystère. Et en entrant dans le bureau du directeur, le jour de mon entretien, j’avais bien compris que même lui allait me plaire ici. Non parce que, clairement, j’avais toujours su composer avec mes chefs. Chercheur déjà, j’avais su à quel Département du Ministère passer de la pommade pour continuer gentiment mes petites expériences jouant avec le fil de la morale. Alors un mec qui se cachait le visage pour x ou y raison, ‘suffisait de rien lui demander et le tour était joué ! Ce qui n’empêchait en aucun cas d’émettre des suppositions d’temps à autres, sans les dire, juste les penser. Bref, mouvement de la tête, pas de sourire de complaisance (c’est un entretien pas un date ou une promesse de vente), serrage de main en règle et on s’assoie à son invitation. Le respect de la hiérarchie, c’était tout d’même rien important pour poser des bases solides.

Bonjour et bienvenue à Poudlard Professeur Ackerfeld. Il était beaucoup plus respectueux en russe d’utiliser prénom et patronyme que la fonction et le nom de famille, type ‘Bonjour Zev Amramovitch’ mais bon, ces occidentaux ne savaient pas grand-chose en dehors de leurs traditions. Je m’y étais fait depuis bien longtemps… Alors dites-moi Monsieur Ackerfeld, pourquoi vouloir venir maintenant ? Simple. Parce que vous m’avez dit de venir. Pas besoin d’épiloguer non ? Parce que vous souhaitiez venir, me trompé-je ? Touché. Bien joué ptit gars. En même temps, lui aussi devait avoir de bonnes connaissances au Ministère, sinon pourquoi aurait-il fini à cette place ? Et comment aurait-il fait pour se débarrasser de professeurs en place depuis tellement d’années ? A moins que ce ne soit pas tout à fait lui qui tire les ficelles… Mais bon, pas de question, on se laisse faire, c’est la loi du marché mon pote. Vous n’avez pas tort, j’ai pensé qu’il était peut-être temps pour moi de mettre à profit le savoir accumulé pendant tellement d’années en le transmettant aux générations futures. Encore une fois, ce n’était pas totalement faux. Et pour l’instant aucune crise en vue… J’ose quand même un regard vers le portrait endormi de Dumbledore et jdois avouer avoir un petit pincement, presque imperceptible. Quoique… Le directeur actuel semble l’avoir remarqué vu son regard mais il a la délicatesse de ne rien dire, en tout cas. Bien. Rien à redire sur votre carrière : ethnobotaniste réputé dans l’utilisation nuisible des plantes magiques, ancien auror brillant dans la même spécialité, Commandeur du Grand-Ordre de Merlin… Il lisait bien sa fiche le petit… Heureusement d’ailleurs vu qu’on ne voyait que ses yeux dans le lot, ‘fallait bien que ça lui serve. Je me redressais un peu. Jdevais avouer que je n’étais jamais contre quelques rappels… Votre réputation est cependant aussi controversée qu’éclatante… C’est qu’il me ferait plisser des yeux. Je lève légèrement un sourcil et m’avance un peu. A temps difficiles, sévères remèdes. Il sourit. A moi de toucher donc apparemment. Bien. Vous êtes toujours sujet à ces … crises chroniques, n’est-ce pas ? J’adorais ce jeu. Il faut croire qu’un passé tel que le mien suppose quelques séquelles, n’en vous déplaise ? Son regard semblait un sondeur. S’il attendait un déballage en règle, ça pouvait être long. Monsieur Ackerfeld, pas du tout, un tel profil ne peut qu’être une bonne chose pour cette école. Acceptez-vous donc d’intégrer l’équipe enseignante et auriez-vous des conditions que je n’aurais pas su capter ? Très jolie subtilité sur le fait qu’on lui avait chuchoté que je voulais venir à Poudlard. Un sourire. Seulement de la tranquillité. Haussement de sourcil de sa part cette fois-ci. Je ne suis pas bien sûr que c’est exactement ce que vous trouverez en venant ici, mais soit, nous tenterons de vous accorder cela autant que faire se peut. Bienvenue à Poudlard, Professeur Ackerfeld. Que de sourires peuvent être échangés durant un échange… Et en parlant de sourire, c’est bien Annelies que je vois au détour d’un couloir en sortant de cet entretien. Pour une fois, la crise avait attendu le bon moment pour débarquer.

ϟ Ton pseudo : Manu ϟ Ton âge : Mystère et boule de gomme ϟ Ton avis sur mumblemumps : Je reviens te chercher. Je savais que tu m’attendais. ϟ Le mot de la fin : Couscous

Dans les environs d’Eupatoria, nommée Yevpatoria en russe, parmi la multitude de champs qui entourent cette ville criméenne au nom grec, se trouve un grand domaine composé de terres agricoles, d’élevages et d’habitations, pour chaque branche d’une même famille, nommée Le Hameau d’Irion. Ce n’est pas une fortune familiale immense sinon son installation depuis bien des générations qui a tant participé à son étendue. Une vieille légende uniquement connue des proches parents et des autres sorciers des environs raconte qu’Irion Ackerfeld, premier à avoir mis les pieds dans le coin, et celui qui donnera ensuite son nom à ces terres, aurait fui l’antisémitisme et le suprématisme sang-pur de pays plus au nord par une traversée de la Mer Noire. A son arrivée, il aurait été guidé par des fées jusqu’aux collines où commence le Hameau. Amenant dans ses bagages les techniques plus avancées de labourage des champs - qui lui donnèrent son nom de famille hébreu, il acheta l’exploitation qui y était laissée à l’abandon et l’aventure débuta. A l’heure du commencement de l’histoire de Zev, la propriété s’étendait des pâturages bordant un bois à l’est aux collines de Micolombe, à l’ouest. Ces dernières se trouvant être le foyer des fées de la région, elles sont impossibles à trouver pour les moldus, car protégées par les autorités compétentes. C’est le 20 décembre 1915, à l’aube d’une révolution, que Zev Amramovitch Ackerfeld, petit loup de la famille, pointe le bout de son museau. On peut de suite noter que pour les sémites de la région, le patronyme avait plutôt tendance à se transformer en Amramson, pour mieux coller à la tradition ashkénaze, mais les papiers officiels ayant un peu plus de valeur, ce fut une habitude fermée à un cercle assez restreint. Minuscule canin que cet enfant en tout cas, tellement petit qu’il semblait pouvoir tenir tout entier dans les géantes mains de son père. Celui-ci s’en moquait gentiment, arguant que jamais ce freluquet n’aurait la taille nécessaire pour mener à bien le dur travail de la terre. Et fils donc d’Amram et de Meira, le petit Zev dut composer avec une multitude de coutumes : sorcières, paysannes, juives ashkénazes et criméennes. Pour autant, ces dernières regroupaient à elles-seule une forme de melting-pot incluant des us slaves, turcs, grecs, tatars, karaimes, arméniens et évidemment juifs. Difficile de ne pas se perdre pour quelqu’un qui y débarquerait sans guide, donc…

Cependant, l’enfance du jeune Eupatorien n’eut rien de contraignante. Passant des activités viticoles aux maraîchères, de l’écurie au clapier, d’une maison d’un oncle à celle de ses parents, Zev grandissait dans un climat serein. La collectivisation soviétique et ses grands sabots avaient tout de même obligé la famille à demander aux autorités magiques de ne protéger plus seulement les collines où vivaient les fées mais tout le domaine, disparaissant ainsi de toute carte, perdant ainsi tout marcheur moldu s’aventurant dans le coin. Pas d’entrée possible à Durmstrang pour notre jeune loup au sang-mêlé. Sa formation se fit donc à domicile et fortement orientée, pour ce qui est magique, vers tout ce qui peut, de près ou de loin, participer au travail agricole. Au fil des années, Zev se rapproche de plus en plus de la flore, délaissant les Hommes : il passe le plus clair de son temps dans les serres abritant les plantes magiques et seule sa cousine Annelies trouve grâce à ses yeux. Elle est de dix an sa cadette, il a un caractère rustre, peu bavard et travailleur, mais, malgré cela, la fillette ne le lâche que très rarement. Sa passion le pousse à étudier avidement, par tous les moyens possibles, empirisme autodidacte et livres dans les différentes maisons de la famille. Très vite, ses ‘jeux’ avec les plantes améliorèrent des pans entiers des activités maraîchères du Hameau. De quoi faire passer, auprès de la famille, ses occupations du statut de hobby à celui de pratiques lucratives. Tout de suite, il fut bien plus encouragé et ce qui paraissait de la paresse pour certains yeux devint gymnastique gagnante.

En 1938, à l’âge de 22 ans, c’est à travers le regard embué de larmes de la jeune Annelies que l’on peut voir Zev partir pour un long voyage qui le mènera aux îles britanniques afin de tenter d’y intégrer des programmes de recherche institués par le département de Coopération Magique Internationale et celui des Mystères. Les années précédentes virent à la fois l’ascension d’une carrière de botaniste naissante peu à peu reconnue pour Zev qu’une réputation de plus en plus violente et qui faisait trembler toute l’Europe de l’Est pour Grindelwald. Mais pas le temps de s’y attarder pour notre héros. Accepté dans le fameux programme, sa vie s’articula autour de voyages, de recherches de nouvelles propriétés et usages, mais aussi et surtout d’expériences. Souvent celles-ci s’avéraient dangereuses, jouant avec les limites des conventions. La soif de connaissances de Zev ne s’arrêtait en effet guère à l’utilisation médicinale, ou autres bénéfices, et une certaine exaltation, une forme de fascination délétère, le poussait à en tester les usages nuisibles et pernicieux. Ce n’était pas tant une volonté de faire mal avec sinon de tout savoir. Tout, sans exceptions. Si la Coopération Magique Internationale désapprouvait ce type de choix scientifiques, cela n’était pas pour déplaire au Département des Mystères et il ne fut pas écarté du programme. Cette relative notoriété dans le monde scientifique l’amène à rencontrer et sympathiser avec Horace Slughorn, maître de potions à Poudlard et habitué à faire entrer dans son cercle de connaissances toute personne pouvant faire rejaillir sur lui une certaine forme d’honneur. Les deux hommes ont en commun un bagage intellectuel sonnant et des notions de magie que la morale réprouve. Anecdote truculente si l’en est : au cours d’un entretien, Horace parle de l’un de ses brillants élèves, un certain Tom Jedusor, à Zev.

Si la peur régnait sur l’Europe par la seule évocation du nom de Grindelwald, ce fut la campagne de Crimée débutant en 1941 et amenant l’Allemagne nazie à envahir la péninsule qui amena le véritable danger. Plus question pour aucun Ackerfeld de sortir de la relative tranquillité du Hameau d’Irion. La population juive se réduisit comme peau de chagrin et Zev ne put que constater de loin les ignominies qu’on lui rapportait par hibou. Profondément affecté par les évènements, s’ajoutant aux exactions du mage noir déjà en place, le botaniste développa en plus d’une germanophobie qui ne le quittera jamais totalement une haine pour tout suprématisme. En mai 1944, la Crimée est totalement libérée et Zev, âgé alors de 28 ans, se décide enfin à y remettre les pieds. Il y retrouve une famille profondément meurtrie qui ne semble pas totalement identifier leur petit loup dans cette âme devenue sombre. Seule la plus si petite Annelies l’accueille aussi joyeusement que par le passé. Et comment repartir après cela ? Impossible de laisser cette jeune fille de 19 ans qui occupait maintenant ses pensées, qui mangeait son regard. Il décida de continuer ses recherches à distance, de rester quelques temps. Quelques temps qui s’éternisèrent, et au bout de quelques mois, Anna n’hésita plus à lui demander frontalement ce qu’il attendait pour l’épouser. C’était tellement évident pour tout le monde que seul Zev en fut surpris – et charmé.

Maintenant mariés, ils pouvaient tous les deux s’envoler pour le Royaume-Uni. Le renom de Zev en tant que botaniste était à son apogée, le fabuleux Dumbledore avait vaincu Grindelwald, et pourtant la seule idée que sa femme, et le reste de sa famille, puissent à nouveau être en danger, le hantait. C’est cette peur et la volonté de combattre toute forme d’actes contre une communauté qui le poussèrent à entamer une formation tardive d’auror. Et c’est à la trentaine qu’il intégra la célèbre élite avec comme spécialité l’utilisation néfaste des plantes magiques, ce qui lui permettait une relative liberté dans ses recherches. L’arrivée de Bartemius Croupton Sr en tant que directeur du Département de la Justice Magique, peu avant les évènements qui marquèrent à jamais le monde magique, ne fit qu’accroître les usages contestables du Ministère.

Les évènements s’enchaînant, difficile de fonder une famille, mais en 1966, Anna tomba enfin enceinte. Les époux de 50 et 41 ans vieillissant ne s’attendaient guère plus à une telle nouvelle ! Et pourtant, en 1967, coïncidant avec le premier jour du Monterey Pop Festival, qui verrait fleurir le mouvement hippie aux Etats-Unis, naquirent Khoma et Nafanail, les jumeaux cadeaux du ciel. Rien ne pouvait plus décider Zev à se battre plus fort encore pour protéger à tout prix ceux qu’il aimait.

Et c’est dans les années 1970 qu’il se démarqua le plus parmi les aurors, après la montée de Vous-Savez-Qui. Envoyé, parmi d’autres, combattre les géants qui s’étaient alliés à Voldemort, il fit notamment montre de grande cruauté et sa réputation augmenta au gré du nombre de ses victimes. De sortilèges que la morale réprouve à l’usage de plantes destructrices ou empoisonnantes, son originalité dans l’abattage de l’emploi qui leur incombait impressionna beaucoup Bartemius Croupton. De tueur de géant à chasseur de mages noirs, il n’y a qu’un pas, et l’ascension toujours plus forte de Voldemort accéléra le processus. Certains virent en lui une certaine forme de folie furieuse mais les faits exceptionnels, ne manquant guère de bravoure, étaient là. Et qui dit bravoure dit danger, et pas seulement pour lui. Les sbires du Lord, quand ce n’était pas lui-même qui s’en chargeait, avaient une nette tendance à s’occuper autant de ceux qui leur barraient la route que de leur famille au complet. Pas question pour Zev qu’Annelies et les jumeaux ne restent dans le coin. Décision est prise en toute hâte de les réfugier au Hameau d’Irion, dans le secret le plus total. Zev devient le Gardien du secret par Fidelitas et, maintenant que toute sa famille, femme, enfants et parents, sont à l’abri, il peut s’opposer aux mages noirs dans toute sa virulence.

Ce n’était pas tant ses aptitudes sinon l’ardeur qu’il mettait dans les missions qu’on lui accordait, ne lésinant pas sur le risque, alignant les blessures, qui poussa les autorités compétentes du Magenmagot à proposer son nom pour le prestigieux Grand-Ordre de Merlin. C’est aussi à cette période qu’il a l’honneur de rencontrer Dumbledore. Jamais membre à part entière de l’Ordre du Phénix, car pas assez proche de celui-ci, et alignant des actions certainement trop contestables pour eux, il les aidera souvent, notamment par sa proximité et son amitié pour les Londubat, aurors aussi à l’époque. C’est également là que sa jambe droite sera à jamais partiellement handicapée par magie noire l’obligeant pour toujours à user d’une canne pour marcher. Le 31 octobre 1981, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est déclaré mort, Harry Potter devient célèbre et d’une bataille contre les mages noirs, on passe à une épuration complète pour retrouver tous ceux qui se seraient alliés au fameux Seigneur des Ténèbres durant ces années sombres. Sa connaissance accrue des plantes, qu’elles soient magiques ou non, pousse le Bureau des Aurors à envoyer Zev au cœur de la Forêt Noire à la recherche d’un sorcier caché a priori là-bas. En effet, ce dernier semblait avoir été affilié aux mangemorts, et la folle volonté de purge ne trouvant guère de repos, le moindre soupçon était une occasion de plus de juger l’un des monstres qui pouvait avoir participé à instaurer ce climat obscur des dernières années.

Merlin seul sait ce qui a bien pu se passer là-bas, Zev lui-même n’ayant que des bribes de souvenirs dans sa mémoire, mais cet évènement est clairement identifié comme celui où il commença à tenir aléatoirement des propos absurdes. Ce n’était que par périodes, comme des crises chroniques, parfois très présentes, à d’autres moments assez rares. D’aucuns disaient qu’elles s’avéraient être des messages de l’au-delà. D’autres prétendirent qu’il était devenu voyant du jour au lendemain, voire qu’il le fût depuis toujours mais que personne ne s’en était rendu compte jusqu’alors. Pour certains encore, une forme de lucidité se cachaient dans ces tirades surréalistes. Dans tous les cas, le mage noir recherché était attrapé, jugé et emprisonné, et la fameuse distinction de Commandeur du Grand-Ordre de Merlin attribuée dans la foulée. Depuis, en plus d’une canne, son accoutrement quotidien se dota d’un ornement en la présence d’une médaille en or sur un ruban de couleur verte. Alors le scandale Bartemius Croupton Junior éclata. Le fils même du chef du département était un mangemort.

Ajoutant aux nouvelles élucubrations dont il faisait preuve de temps à autres, ce scandale ébranla Zev et une certaine lassitude du métier d’auror vint à se faire sentir chez lui. La distance qui le séparait d’Annelies et des jumeaux n’y était pas pour rien. Dumbledore devenu directeur de Poudlard depuis un moment déjà, Zev tenta de profiter de leur amitié grandissante pour essayer d’intégrer l’équipe enseignante en tant que professeur de botanique. Il espèrait ainsi faire revenir sa famille maintenant que le climat était plus serein et pouvoir à nouveau se consacrer exclusivement aux plantes, comme lorsqu’il était un jeune chercheur, et calmer le jeu des années défilant. C’était sans compter sur le fait que le poste n’était pas à pourvoir et qu’Albus lui fit gentiment comprendre que ses actes contre les géants et les mages noirs étaient peut-être un peu trop extrêmes pour une conversion si rapide à l’enseignement avec des élèves encore touchés par la guerre, et pour qui l’apaisement le plus total était la plus souhaitable des choses. Son avis était que ce même apaisement était sans doute requis pour Zev lui-même vu ses nombreuses blessures et ses crises chroniques. Il l’invita gentiment à prendre du recul, repartir pourquoi pas en Crimée auprès de sa famille et récupérer ce statut de chercheur qu’il semblait tant chérir. Vexé d’un tel affront, la relation entre les deux hommes se refroidit nettement les mois et années suivantes, et notre héros décida, par esprit de contradiction, de continuer sa carrière d’auror, du moins, pour le moment.

Khoma et Nafanail grandissaient au Hameau d’Irion comme leur mère et leur père avant eux. Ce dernier ne manquait pas une occasion de passer du temps avec sa famille, et chaque fois, c’est le cœur déchiré qu’il repartait à Londres. En 1983, les garçons atteignirent leur seizième année et cela faisait déjà deux ans que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom avait disparu. C’était le temps de la paix. Une paix toute relative, qui semblait sonner faux, puisque tout le monde craignait encore un simple patronyme, que le corps du fameux « Seigneur des Ténèbres » n’avait pas été retrouvé et que pas un mois ne passait sans que se joue encore un procès pour déterminer si les actions d’Untel ou d’Unetelle, pendant la période sombre qui venait de s’achever, ne devaient pas être jugées réprouvables. Point ici, comme dans l’Histoire moldue, de grand général décidant un pays neuf de tout soupçon, effaçant les erreurs d’hier pour embrasser un futur commun. Malgré tout cela, il était peut-être temps de rapatrier la chère famille. Une maison est donc achetée près de Pitshanger Park, dans le borough d’Ealing, situé dans l’ouest du Grand Londres, à une douzaine de kilomètres du centre. Si le changement allait être rude pour les jumeaux, autant éviter le vacarme lourd de la ville et garder une proximité avec la nature, favorable à leur épanouissement et amortissant le choc d’un dépaysement. En effet, d’Eupatoria à la capitale britannique, surtout pour des adolescents criméens, le bouleversement s’annonçait violent.

Et de violent, ce fut rapide, furieux et brutal. Une semaine après leur arrivée seulement, un hibou débarque en pleine nuit, sommant Zev de se rendre en urgence au Ministère. Quelques secondes seulement après son départ, un incendie se déclare. Annelies, Khoma et Nafanail meurent d’asphyxie dans leur sommeil bien avant de disparaître dans les flammes rongeant la demeure. Quand il arrive au Ministère, Zev se rend compte de la supercherie, mais le temps de se douter de quelque chose et il est déjà trop tard. Dès le lendemain, il est admis au quatrième étage de l’Hôpital Sainte-Mangouste, au Service de pathologie des sortilèges : de crises chroniques ses élucubrations deviennent constantes et de violentes hallucinations viennent accompagner ses délires. Il y retrouva Frank et Alice Londubat pour un séjour plus que long. Ce n’est qu’en 1989, six ans après, son état s’étant amélioré de petits pas en bonds sommaires, qu’il sort enfin du service. Et c’est pour à nouveau disparaître des radars dans le Hameau d’Irion d’où il effectuera de brillantes recherches, redorant son blason, mais ne se décidant jamais à revenir, même après le retour de Voldemort, même après la mort de Dumbledore, même durant la Grande Bataille. Rien ne pouvait à nouveau le décider à reprendre la baguette.

Par une connaissance haut-placée, il apprit la fermeture, dans le plus grand secret de Durmstrang, et l’existence possible de quelque chose, on-ne-sait-quoi, qui toucherait les pouvoirs des sorciers. Si l’idée de combattre n’avait pu le faire sortir de sa retraire, celle de savoir le remua. Il apprit alors ‘l’échange inter-écoles’ qui avait lieu et la volonté de renouveler le corps professoral d’un nouveau directeur à Poudlard. Toutes les étoiles étaient alignées. Pour se faire désirer, il fit courir le bruit, par ses connaissances du Ministère, qu’il se verrait bien enseigner le savoir accumulé pendant de nombreuses années de recherche. Un hibou arriva et Zev entra comme professeur de botanique, poste qu’il avait, ironie du sort, tant convoité il fut un temps. Les évènements qui se déroulèrent ensuite amenant à l’annonce de l’épidémie et la quarantaine en septembre 2000 le confortèrent dans ses suspicions et participèrent à une avidité se réveillant à nouveau : Comprendre et pénétrer les mystères du savoir.